Aardbei

Comme des soeurs

Si le lieu de rendez-vous a d'abord surpris Sienna, elle a vite fini par comprendre que sa cousine avait déployé ses ailes et décidé d'enfin prendre les rênes de sa vie. Et Sienna ne peut qu'être admirative de cette décision. Parce que si la plus jeune l'a fait il y a bien longtemps, dans l'adolescence et vit sa vie depuis, sans se préoccuper de sa famille laissée en Italie, elle n'a pas eu à se défaire d'un mari dangereux et possessif. Amara, après toutes ces années de mariage à cet odieux personnage, a pris la décision de s'élever contre lui, d'affirmer son désir de divorcer. Qu'elle ai donné rendez-vous à sa cousine chez son amant est un symbole fort de ce besoin d'indépendance. Et Sienna est sincèrement heureuse pour elle. Ces dernières semaines n'ont pas été faciles. Quand Amara se démenait pour s'enfuir de sa prison dorée, Sienna se battait avec ce puissant sentiment d'abandon qui ne la lâche pas depuis la défection de son cousin, son frère, son protecteur... Il était tout pour elle et jamais elle n'aurait pensé pouvoir être déçue par lui. Trahie. Elle n'est pas la seule à en avoir souffert cependant et elle ne peut se plaindre quand Merindah s'est retrouvée autant embrigadée dans ses secrets et ses manigances. Pourtant... La petite fille en elle pleure encore, au creux de la nuit, un trou béant dans la poitrine, qu'elle essaie de remplir en passant du temps avec Marcus et avec ses amis. Mais lui aussi a été touché durement, le deuil de sa sœur l'éprouvant naturellement. Dans tout ce miasme, Sienna s'est débattue pour ne pas couler, tout simplement.

La douleur est toujours là, mais reflue doucement. Clairement, la jeune femme ne veut plus entendre parler de sa famille en Italie. Il ne ressort rien de bon de là bas. Pile à l'heure, la Mancini se présente au Manoir Nott, qu'elle ne connaît pas, et sonne à la porte. Qu'elle n'est pas sa surprise de voir sa cousine en personne lui ouvrir la porte. « Amara ? » Surprise, elle la détaille. Il n'y a pas d'elfe de maison ici ? Ou bien sont ils congédiés le temps de leur entrevue ? Encore plus surprise, elle voit sa cousine fondre sur elle pour la prendre dans ses bras pour la saluer. Bien loin de l'image plutôt froide d'Amara Yaxley, Sienna préfère infiniment cette femme qui se tient contre elle et semble s'affranchir de toutes les contraintes imposées au fil des années. Elle lui rend alors son étreinte avec chaleur, avant de s'écarter pour la détailler. Magnifique. Mais fatiguée. Un peu inquiète, la cadette ne peut s'empêcher de demander : « Tu as l'air fatigué... Tout va bien ? » Elle souligne du pouce une cerne de sa cousine, très légèrement pour ne pas gâcher son maquillage. Elle suppose que toutes ces démarches et cette bataille contre Corban l'épuisent.

Mais il n'y a pas que ça. La grossesse fatigue, c'est bien connu. Quelle surprise qu'un enfant se développe ainsi en son sein. Le regard de Sienna accroche le ventre légèrement plus enflé que d'ordinaire de sa cousine. Cela demeure très discret pour le moment. Et la jeune femme ressent une bouffée d'envie soudainement, alors que la maternité la travaille toujours, sans qu'elle ne cherche à devenir mère pour le moment. Comment ? Elle enchaîne les amants et si sa relation est stable avec Marcus, il n’est nullement question de tomber enceinte de lui. Ni de qui que ce soit. Son seul regret. « Tu es radieuse. » C'est vrai. Malgré la fatigue, elle la sent bien plus sereine. Entrant à la suite d'Amara, elle détaille alors l'intérieur du manoir. « C'est plus chaleureux que le manoir Yaxley. Il n'y a pas d'elfe de maison ? » Elle sourit légèrement ? « Je suis contente que tu ai pu trouver refuge ici. » La porte de l'appartement de Sienna lui était bien sûr ouverte, mais elle n'avait pas pu lui proposer, étant emmêlée dans ses propres problèmes et Amara les siens. Elle se rend compte que cela fait bien longtemps qu'elles ne se sont pas vues. « Les semaines ont défilé trop vite... Je suis désolée, j'aurais du prendre contact avec toi bien avant, surtout en sachant que tu traverses une période compliquée de transition. » Sa cousine lui propose alors de boire quelque chose et elle acquiesce, avant d'ajouter rapidement : « Dis moi juste où cela se trouve et je vis me débrouiller. » Elle ne veut pas ajouter à la fatigue de sa cousine.

ft. Amara

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