- Un… Deux… Trois… Je donnais un coup dans la porte. Mince. Fermé. Putain de salles de classe fermées. Quatre… Cinq… Six… ET PAF je recommençai. Encore fermé et en plus je m’étais fait mal à la cheville. Bordel de putain de sa mère l’acromentule ! Grondai-je en clopinant à travers les couloirs du quatrième étage.

Qu’est ce que je foutais là ? Aaaah… Vaste question. Déjà, première chose, je m’emmerdais sévère. Ensuite, deuxième, je cherchais une salle vide. Pourquoi ? Vous devinerez jamais… Je voulais… REVISER ! Oui ! Je voulais réviser putain ! Apprendre mes cours. Et ça faisait un mois que je m’y tenais. Truc de fou. Sauf que j’avais aucune envie ni d’aller dans ma salle commune ni d’aller dans la bibliothèque de ses morts. Et dehors, il faisait trop froid. Et si j’allais dans la Grande Salle, là bas, je risquais de croiser Jayden, et donc me couper l’envie de bosser, ou William et donc… Me couper l’envie de bosser. Mais pas pour la même raison. Ce qui en fin de compte revenait au même. Donc bref. Autant éviter cette salle. Ne restait donc qu’une salle libre. Au cinquième ? Que dalle. J’avais même ouvert violemment la porte d’un cours. Oups. Tant pis. Sans même la refermer, j’étais partie, direction l’étage d’en bas. Et ici, au quatrième… Que dalle. TOUT était fermé putain !

- Dégage douleur de mes d… Plissant les yeux, je me stoppai alors.

Ah. J’étais pas seule. C’était qui ça ? J’en avais aucune idée. Mais elle était carrément installée dans le couloir comme une clodo. M’étirant, je m’approchai de la jeune fille qui était là à réviser en arquant un sourcil.

- T’as pas plutôt envie de chercher une salle ouverte ? Soufflai-je en croisant les bras devant elle. Parce que là t’as plus l’air d’une pauvre fille qu’autre chose, j’te dirais. Après… C’est p’tet ce que tu veux montrer comme image mais franchement… C’est déprimant.

Ah… La douceur à la moi. Un amour de jeune femme que j’étais !

- Tu révises quoi ? Et… Ah ouais. Moi c’est Kathleen. Kathleen Hensley. Saluai-je en lui tendant la main, que ça soit pour qu’elle me la serre ou pour la relever histoire que ça fasse moins pitoyable. J’suis en sixième année à Serpentard. La Reine de la Fête qu’on m’appelle ici.

Le pire ? C’est qu’on me connaissait surtout pour ça, les soirées que j’organisais dans le dos des profs avec alcool et cigarettes à gogo !

- Et toi ? T’as pas l’air d’être une habituée de mes sauteries donc j’avoue que ton visage me revient pas des masses… Soufflai-je en la détaillant des pieds à la tête.

Zoé Moreau… Zoé Moreau… Cours de droit… Putain pourquoi je me souviens jamais de personne moi… Fin d’un côté, pour ma défense, si elle est trop discrète c’est pas mon problème mais le sien si je me souviens plus d’elle alors… Zoé Moreau… Sérieuuuux… Ouais bon. Laissons tomber, autant se concentrer sur le présent hein. On allait faire genre je la connaissais pas hein, comme ça c’était vachement plus simple. Puis bon. Le cours de droit, j’étais pas franchement super attentive à qui il pouvait y avoir, disons que ça m’intéressait pas des masses. Que les gens soient là ou pas, j’étais pas là pour me faire des potes. Les potes c’était en soirée. Les cours… C’était chiant. C’est tout.

- T’dois être trop discrète. Soufflai-je. Parce que franchement j’ai pas souvenir de ta tête mais c’est pas grave.

Au moins, j’étais honnête. Bon en attendant, qui elle était, ça m’expliquait pas ce qu’elle fichait dans un couloir au lieu d’être dans une salle un peu plus confortable – quoique niveau confort, je trouvais pas franchement que les salles de classe de Poudlard étaient tip top mais bon. Cette question ladite Zoe y répondit alors. Elle révisait les potions. Hé ! J’avais plus besoin de réviser les potions ! J’avais eu un Optimal, c’était suffisant, non ? Non. Bon. Ok. Je me fourvoyais. J’avais toujours besoin de réviser tout ce dont je me souvenais pas de mes années précédentes. M’enfin de là à le faire dans un couloir… J’étais pauvre mais je savais au moins sauvegarder ma dignité. Ou pas. Mais c’était pas le problème putain.

- C’est beau la tranquillité mais… Franchement… Tu préfèrerais pas une salle vide ?

Soufflant, moi, en tout cas, je préférais, ainsi m’éloignai-je de quelques mètres de la jeune femme pour poser ma main sur la clanche avant de plisser les yeux. Mmh. Fermé… Mais… Mais putain j’étais débile ! Soupirant, je secouai négativement la tête en sortant ma baguette pour viser la serrure. Merde… Le sort d’ouverture… Ah ouais !

- Alohomora. Soufflai-je alors que la porte se déverrouillait. Allez Zoé Moreau, bouge ton cul de là, on va s’installer ! Continuai-je bien plus fort en pénétrant dans la salle de classe.

A l’intérieur, il y avait visiblement un bon nombre de copies. Un prof qui l’avait oublié là sûrement. Oh bordel… Ca me donnait envie de savoir quel niveau c’était, histoire de donner un coup de main ou un coup de pied aux notes…

Elle aimait pas se faire remarquer ? Bah c’était pas en étant assise au milieu d’un couloir qu’elle allait pas se faire remarquer. Bon. Ok. Y avait pas grand monde, ce qui limitait le fait. Mais quand même ! Là c’était le meilleur moyen que dès que quelqu’un passe, il la fixe ou vienne la voir comme moi. Enfin. Non. Pas comme moi. Moi j’étais un cas, que je le veuille ou non. Je me comportais toujours comme un cas spécial. Haussant les épaules, je lui fis d’ailleurs la remarque : elle était bizarre à pas être dans une salle. Et sa réponse… Ne me convainc pas. Sérieux… Elle révisait et elle savait pas qu’on pouvait ouvrir une salle ? Oui. Bon. C’était peut-être parce que c’était interdit. D’accord. Et j’y pensai ! Evidemment ! L’espace de deux secondes exactement avant que je n’ouvre cette satanée porte en me rappelant de ce sort que je connaissais pourtant par cœur – pour une fois que je connaissais un sort par cœur…

Pénétrant dans la salle enfin ouverte, je ne fus pas surprise de l’entendre me suivre. Je ne l’avais pas ouverte pour rien cette salle après tout. Sauf que… Ah bordel… Une miss « faut respecter le règlement ». Soupirant, je levai les yeux au ciel, secouant la tête de gauche à droite l’air de n’en avoir strictement rien à faire.

- Ils nous auraient pas appris ce sort si c’était pour rester devant des portes fermées. Répondis-je dans une logique implacable… Ou pas.

Bon. C’était ma propre logique, je l’entendais. Mais après tout… C’était un peu vrai ! Pourquoi nous apprendre à ouvrir des portes si c’était pour nous punir ensuite ? Franchement ! Tient… D’ailleurs je le ressortirais un jour si un prof me trouvait dans une pièce qu’il fallait pas… Comme maintenant d’ailleurs. Mais bref. Pour le moment, y avait personne. Alors autant en profiter et… Potentiellement foutre le bordel dans ce petit tas de copie bien rangé là… Ce qui ne fut pas du goût de la Zoé qui vint me barrer plus ou moins la route.
Arquant un sourcil, je soufflai de nouveau. Pourquoi je lui avais parlé, déjà, à celle-là ? Franchement… Fallait que j’arrête de jouer Mère Thérèsa avec les élèves débiles du couloir.

- Tu veux pas t’asseoir ? Demandai-je alors innocemment. Je croyais que tu révisais les potions.

Bon. Elle allait évidemment pas s’asseoir. Mon regard fixé sur le tas de copie, j’avais compris assez vite qu’elle jouait au golem de protection. Soit. Mais j’allais évidemment finir par atteindre ce tas de copie. Hors de question que je laisse cette occasion passer de fouiner un peu !

- Hein ? Répondis-je alors que j’étais plongée dans mes pensées. Ce que je fais par ici ? Heu…

Merde. Je savais même plus pourquoi j’étais à la recherche d’une salle vide. Les idées de foutre le bordel m’avaient prises et m’avaient fait oublier le reste… Pourquoi est-ce que je cherchais une porte ouverte déjà… AH OUI ! Mon regard se posa sur le parchemin plié dans ma poche que je venais de sortir. Evidemment !

- Fallait que je révise. Un truc sur les gobelins pour l’Histoire de la Magie. Ça me casse les ovaires mais bon, j’ai du retard. Faut que je rattrape pour les Aspics l’année prochaine. Donc on révise ensemble ? Ca te dit ? Genre…

L’attrapant par le bras, je la menai plus ou moins de force à une table pour faire mine de m’asseoir avant de me précipiter vers les copies l’air satisfait.

- Alooooors… Qu’est-ce qu’on a là ? M’exclamai-je

Bon. Elle avait pas tort la gamine. On avait pas à utiliser les sorts à tout va. Mais quand même ! Il s’agissait pas de mettre un élève à terre là mais seulement d’ouvrir une toute petite ridicule porte, alors elle allait pas me les briser !

- Certains le mériterait, de se faire entraver par un sort. Soufflai-je néanmoins nonchalamment en haussant les épaules. Après si tu as peur des conséquences, reste en dehors de la salle hein ! Moi j’ai besoin d’un bureau pour bosser, si tes genoux te suffisent, fait c’que tu veux ! Mais pour quelqu’un qui connait le programme de septième année, j’te conseille un bureau quand même, ça fait plus sérieux, ricanai-je en pénétrant dans la salle.

Et évidemment, elle ne me laissa pas le faire seule ! D’autant plus qu’elle s’était mise devant le tas de copie. Ah la saleté ! Bon. M’en débarasser de la manière la plus cool qu’il soit. Et quoi de mieux que la véritable et première raison de ma venue dans le couloir : les révisions, pour ça ? Rien ! Voilà pourquoi je lui proposai de réviser avec moi, de m’aider, même. Vu que c’était visiblement une Miss Je Sais Tout, elle serait pas contre de prendre un peu d’avance sur l’année suivante ! En plus elle connaissait déjà le cours par cœur ! Parfait ! L’entraînant vers une table, je profitai de l’asseoir pour me précipiter sur les cop… Accio ? Hein ? Mais les copies… Celles-ci pme passèrent sous le nez. OH LA CONNASSE ! La bouche ouverte, surprise autant que mécontente, je plissai alors les yeux en les posant sur Zoé.

- Pourquoi toi tu veux absolument les protéger ? Grognai-je. T’as pas envie de t’amuser un peu ?! Tu sais ce que ça veut dire profiter ? Pro-fi-ter. Articulai-je exagérément avant de souffler pour venir m’asseoir sur le bureau. Mais pour répondre à ta question… Pourquoi est-ce que je veux ce tas de copie ? Alors non, y a pas ma copie dedans, je sais même pas quelle année et quelle matière c’est.

Donc dans les faits, il pouvait effectivement y avoir ma copie, mais c’était pas franchement ça qui m’intéressait. De toutes façons, que j’ai T ou A – sachant que j’espérais jamais plus – ça changeait pas grand-chose pour moi.

- Par contre, je peux offrir un O à tous les étudiants ! Genre dans ma plus grande bonté d’âme parce que tu vois, j’suis quelqu’un de super généreux ! Ou alors je leur mets tous un T… J’ai pas encore décidé en fait. Je voulais voir qui il y avait dans la promo avant et quelle matière c’était. Alors tu me rends ces copies ou tu joues les rabat joie ? Comme ça je fais mon truc vite fait et on se met à réviser, on y gagne toutes les deux, t’en dis quoi ?

… Oh putain une chieuse de Serdaigle. J’étais sûre elle était de Serdaigle celle-là avec ses pensées de vierge effarouchée casse ovaire sur la représentation de l’élève bla-bla-bla. Cela dit ! Elle avait pas tort sur une chose ! Mettre la même note à tout le monde n’était pas très subtile. Et si je n’étais pas franchement connue pour ma subtilité… Disons que… Je savais reconnaître mes erreurs. Et celle-là en était une. Bon par contre ça ne me disait pas comment récupérer le paquet de copie…

- J’suppose que crier « oh un éléphant rose qui vole » en pointant derrière toi te feras pas te retourner, soufflai-je en croisant les bras. Franchement… Tu fais quoi pour t’amuser ? Genre… Le soir quand t’as finis ta tonne de révision parce que je suis sûre toi t’es une fille à papa qui veut avoir des O partout, chiante à mourir et toute mignonne avec des nœuds dans les cheveux, tu fais quoi ?

Allez, fallait que j’imagine un peu ce qu’elle pouvait faire… Du scrabble moldu tient ! Ou alors… OH ! MIEUX ! Des mots croisés où à la fin tu dois reconstituer le nom d’un sortilège inconnu de tout le monde ou d’un sorcier célèbre dans l’histoire. Yark. Le truc chiant à MOURIR.

- Profiter c’est se laisser aller et pas penser tout le temps que « oh par Merlin c’est pas gentiiiil », exagérai-je de manière tout à fait consciente.

Non parce que soyons honnête, si je devais réfléchir à tout ce que je faisais et tout ce que j’avais fait jusque-là… Disons que… Autant me lancer un sort impardonnable tout de suite : j’étais irrattrapable, une connasse doublée d’une salope et de tous les petits mots doux que pouvaient me donner Kevin. Mais ! Bon il avait PEUT-ÊTRE raison, d’accord, mais quand même. J’y pensais pas. Du coup ça paraissait moins comme ça. CQFD.

- Alors toi t’y gagnes les révisions qu’on fera après parce que j’crois que les filles dans ton genre vous aimez bien les révisions de groupe. Et moi j’y gagne du plaisir ! Et promis je mettrais pas la même note à tout le monde. J’admet que c’était une idée de merde alors… Tu me rends le paquet de copie ? Au moins qu’on regarde quelle matière et quel niveau c’est ! Juste ça !

Pas juste ça. Mais ça serait déjà un bon début nan ?

Evidemment, aucun putain d’éléphant la ferait se retourner. Pourtant avec certains ça fonctionnait, j’avais déjà piqué deux trois trucs comme ça et c’était franchement drôle de voir leur tête. M’enfin. Là. C’était pas drôle du tout. L’insultant alors limite en l’observant de haut en bas elle me retorqua des trucs… Qui me firent arquer un sourcil. Mouais.

- C’est pas ce que ça veut dire « fille à papa », soufflai-je. Revoies tes expressions. Et franchement… « la connaissance c’est le pouvoir ». Mon cul. Le pouvoir c’est le pouvoir. Tu peux avoir toutes les connaissances que tu veux que si t’as pas le pouvoir, tu resteras au plancher des vaches avec les gens qu’ont compris ça. Alors te faire chier dans la vie pour espérer avoir un semblant de pouvoir que t’auras jamais parce que merde tu es merde tu resteras. C’ballot je trouve.

Haussant les épaules après ces paroles particulièrement dures, je croisai alors les bras. A quoi ça servait de profiter ? Elle était sérieuse ? Mais sa vie était réellement aussi merdique que je le disais ou quoi ?

- Ca sert à être heureux. A oublier les trucs qui vont pas. C’est tout. C’est suffisant j’suppose.

Et c’était certainement pas tout apprendre, tout maîtriser, tout comprendre. Merde à la fin. CA c’était une vie pourrie. Et moi, je refusais d’avoir une vie pourrie. Ricanant malgré tout à son « cassage de stéréotype », j’haussai de nouveau les épaules. Elle était mignonne là.

- Ohlàlà ! Quel cassage de stéréotype ! Même moi j’suis choquée ! Ironisai-je de manière complètement exagérée. T’inquiète ma poule, j’ai pas besoin de toi et de tes « connaissances supérieures » ô grande toute puissante fille à papa !

Me mettant de nouveau à rire dans une révérence de nouveau exagéré, elle eut AU MOINS la décence de me donner la matière et les années. Bah. Histoire de la Magie. C’est pas comme si quelqu’un en avait quelque chose à faire de cette matière après tout. Puis la prof avait qu’à pas les oublier ! Franchement, c’était de sa faute. Entièrement de sa faute. Nous, on faisait que lui rappeler ses responsabilités de toujours laisser les salles vides comme il nous l’était demandé. Non ? Ainsi, attrapant ma baguette rapidement, un sourire qui ne valait rien de bon au visage, je lançai un « Aquamenti » directement sur Zoé. Pas de quoi faire mal. Juste de quoi la tremper elle… Et les copies.

- Oups… Soufflai-je en souriant de toutes mes dents.