21 juin 2005 :

Je suis né 7 minutes avant mon frère. La légende que se plaît a rependre ma mère sur le sujet est que j'ai attendu la naissance de mon jumeau pour pousser mon premier cri. Etait elle vraie ou non, au fond, ça n'a pas vraiment d'importance, mais j'aime y croire. Je suis le fils d'un juge et d'une avocate travaillant tout les deux au Magistère. Je suis né dans la famille Rowle, bénie de richesse et de notoriété. Plus tard, j'allais apprendre que cette notoriété n'était pas si bénie que cela mais laissons moi un peu mon innocence pour l'instant. Je suis né dans une famille aimante aussi sans verser dans le pathos a outrance mais je savais que j'étais aimé. Non vraiment, le destin m'avait offert un beau et bon départ.

31 octobre 2011 :

Je me tiens face a ce qu'il reste de notre famille, tenant la main de mon frère. Nous avons six ans tout les deux et je regarde les adultes s'extasier sur nous. Damian et moi sommes des copies conformes et notre mère adore particulièrement nous exposer habillé de la même manière. Tout était similaire, jusqu'à la moindre mèche de cheveux. Nous sommes encore trop jeune pour imposer nos goûts. Nous échangeons un regard avec Damian, inutile de nous parler, on se comprenait parfaitement bien sans la parole. Il sait que j'aurais préféré m'habiller en jaune et lui, sans doute aurait il préféré du vert. Mais au lieu de cela, nous sommes vêtu de sombre, le cheveux plaqué sur le crâne, écoutant les adultes se pâmer devant notre mignotitude et notre mère glousser de fierté. Ce repas de famille allait être long...Très long...D'autant plus que je ne m'entendais pas avec mes cousins, enfin disons plutôt que je n'avais pas besoin d'eux, j'avais Damian. Inconsciemment, nous avions construit notre propre monde et les frontières en étaient infranchissables pour les autres.

7 juillet 2015 :

Pour notre anniversaire, nos parents nous on offert chacun un balai. Je suis émerveillé devant, je crois même que je n'en ai pas dormit de la nuit, la passant a l'admirer sous toutes les coutures. Contrairement a Damian, j'ai une prédisposition pour le vol et la sensation du vent dans mes cheveux, du sentiment de liberté que cela m'apporte vaut tout l'or de Gringott. Donc, ce matin, j'ai traîné mon jumeau dans les jardins de notre manoir. Lui a du mal a se faire obéir de son balai, fait dont je me suis moqué très largement, tout comme il se moque de mon incapacité a prononcer certains mots du fait de dents manquantes. Voyant qu'il a du mal, je le convint de monter avec moi sur mon propre balai. Je veux qu'il connaisse la sensation libératrice qu'est le vol. je veux partager ça avec lui puisque nous partageons tout. Seulement, tout doué sois je...Je n'ai pas su gérer un courant d'air plus violent que les autres et si moi, je suis bien resté accroché sur mon balai, Damian lui, a glissé et a chuté. Je me souviens de nos cris aussi jumeaux que nous l'étions. Horreur, terreur...Puis le résonnement tonitruant du craquement des os qui se brisent. Je crois que c'est a ce moment là que j'ai compris que la magie pouvait avoir ses limites. Des limites qui avaient causé une incroyable souffrance a mon frère, courte mais effroyable. Depuis Damian souffrait d'un vertige sévère qui lui coupait l'accès au ciel. J'ai longtemps été dévoré de culpabilité, même encore maintenant celle ci me titille de temps a autre le cœur.il ne m'en a jamais voulu mais il n'en avait pas besoin, je m'en voulais moi même assez bien comme ça.

Septembre 2016 :

Elles là, aussi jumelles que nous l'étions, dans les mains de mon père. J'ai encore un souvenir très précis du sourire qu'il arborait. Oui, nous allions aller a Poudlard et le contraire aurait été un cataclysme. Autant pour nous que pour nos parents. Depuis quelques années, j'avais compris ce que mes parents cherchaient a effacer en faisant de nous des enfants aussi parfait que possible, en brillant en société de façon tout aussi parfaite. Ce fichu secret de famille que personne n'osait, ne serait ce qu'évoquer. Notre grand oncle. Cette tache sur notre nom. Cette honte enfermée depuis des années a Azkabahn. Cette réputation qui collait a notre nom. Que nous descendions d'une branche secondaire des Rowle n'entrait pas en ligne de compte. Mes parents s'échinaient a frotter sans répit cette tache honteuse ce qui explique sans doute ma peur de la déchéance, qui a nourrie une ambition presque dévorante de me faire une place de choix au sein de la société magique. Une ambition qui s'est érodée au fil du temps mais qui, sans mon jumeau, aurait pu tourner a l'obsession. Bref, cette année, nous fêterions notre entrée a Poudlard. Je garde un souvenir plutôt excitant et coloré de nos emplettes sur le chemin de Traverse. Pour la seule et unique fois depuis longtemps, Mère n'a pas pu nous imposer la même chose. Mon frère et moi pouvions partager nos traits, notre chambre, nos vêtements, nous ne pouvions partager nos baguettes et elles devinrent le premier jalon de notre personnalité propre. La base même, nous qui avions toujours tout fait ensemble, jusqu'à parfois confondre qui nous étions. Pas très sain n'est ce pas ? Mais a l'époque c'était normal pour nous. D'ailleurs, je crois que j'ai pleuré lorsque la baguette qui me choisit n'eut rien de commun avec celle de mon frère. Un sentiment de trahison qui m'a mordu le cœur avec force sur le moment. Je crois que Damian me charrie encore avec ça.


25 novembre 2017 :

Je renifle encore, le sang a pourtant cessé de couler grâce aux bons soins de l'infirmière de l'école mais c'est plus fort que moi. Mes joues sales sont strillées de traînée de larmes séchées mais mon regard brille de colère. A mes côtés, Damian, pas en meilleur état que moi d'ailleurs. Aujourd'hui, on peut clairement nous différencier.Je devrais en être content mais ce n'est pas vraiment le cas, mon cœur est agité de sentiment contradictoire et j'ai bien du mal a m'y retrouvé. J'ai facilement dix kilos de trop comparé a lui. Pourquoi ? Je ne sais pas vraiment, mais sans le vouloir, je m'étais mis a bien trop manger, a négliger toute forme d’exercice et surtout, depuis quelques temps, l'entente si parfaite entre mon jumeau et moi semblait avoir disparue. Ce n'était pas la première fois que nous étions punis pour nous être battus. Tout était partit d'une réflexion banale, sans grande importance si ce n'est celle que je lui avais donné. Résultat, nous nous étions lancé dans un duel sauvage au beau milieu du dortoir de notre maison. Les sorts avaient fusés, avaient été esquivés, avaient ratés pour certains, victorieux pour d'autre. Il avait fallu l'intervention de notre Préfet pour nous calmer. Une intervention plutôt musclés vu que nous avions fini proprement pétrifié et statufié. Cette fois, nos parents furent convoqués et autant le dire, je n'étais pas pressé de retourner a la maison pour les vacances cette année là. Un psychologue moldus aurait sans doute trouvé notre comportement normal, voir salutaire, mais pour moi, c'était un enfer. J'avais l'impression d'être englué dans quelque chose qui menaçait de me submerger. A cette époque là, j'aimais mon frère, autant que je le haïssais. Je ne supportais plus que l'on nous compare, en bien ou en mal, au fond de moi, j'ai même souhaité être fils unique. C'était des pensées violentes qui finissaient bien souvent par nourrir une culpabilité dont je n'avais jamais vraiment réussit a me défaire. Il m'a fallu quelques années pour m'apaiser. Lui aussi je crois. Et je pense que le calme reviendra assez vite, parce que si nous étions capable de nous affronter de face, nous avions aussi un certain passif de coups en douce. D'ingrédients échangés, de matériels bizarrement défectueux. Oui, il faudrait encore un peu de temps avant que le calme ne revienne définitivement.

Septembre 2019:

J'ai perdu du poids durant l'été, pressé par ma mère et encouragé par mon frère avec lequel mes relations se reconstruisent petit à petit. Mais l'adolescence a ceci de magnifique qu'une fois un défaut effacé, d'autres apparaissent. Adieu le gras, bonjour l'acné. Seule consolation, mon frère arborait la même face constellée de boutons, lui utilisait bon nombre de crème tout droit sorties des chaudrons des meilleurs botanistes, moi je m'en fichais. J'avais la face que j'avais et, a vrai dire, je me fichais comme d'une guigne de mon apparence. Mon frère brillait pour deux si il s'en donnait la peine alors pourquoi me fatiguer et passer trois heures devant mon miroir ? Surtout que nos miroirs magiques étaient pas des tendres alors me faire insulter de face de bulbe dès le matin...très peu pour moi. Peu à peu, Damian et moi avions affirmés nos caractères, différents mais aussi semblables, je crois que nous avions trouvé un équilibre et cela nous allait bien ainsi. Nous avions nos groupes d'amis exclusif mais aussi des amis en commun. Avec l'âge vint aussi l'intérêt pour le sexe opposé et là aussi, j'étais bien différent de mon frère. En même temps, il avait la parole facile et le sourire éclatant. Vous allez me dire que mon sourire ne l'était pas moins, mais il fleurissait sans doute moins souvent. Il était charmeur, moi beaucoup moins, mon intérêt se plaçait ailleurs même si je l'admirais pour mener sa barque aussi facilement auprès de la gente féminine ce n'était pas franchement ma priorité et puis, autant le dire, a lui tout seul, il faisait assez de ravages comme ça. C'était plus dérangeant quand il se servait de moi pour évincer des attentions un peu trop pressantes et qui l'agaçaient mais bon, c'était un échange de bons procédés. Si moi j'étais son paravent auprès des filles qui l'ennuyaient, lui était le mien lorsqu'il s'agissait de représenter notre famille lors de soirées ennuyeuses a souhait. Etant plus calme et plus tranquille, ma mère avait la sale manie de vouloir sans cesse m'emmener avec elle et, franchement, je détestais ça, et vu qu'elle était incapable de nous différencier si nous nous en donnions la peine, elle n'y voyait que du feu. Vu que je passais plus de temps dans les bouquins qu'a conter fleurette, il ne fut pas étonnant de me voir cartonner dans mes études...Sauf en botanique. Je ne sais pas pourquoi, mais les plantes me détestent. Ca n'a rien a voir avec moi et mon ennui terrible en cours hein, c'est vraiment que les plantes ne m'aiment pas et ce, depuis ma première année. J'ai cumulé les options et éviter le Quidditch. Pourquoi ? En soutient de Damian, si il ne pouvait pas en faire, c'était en grande partie a cause de moi alors...Si lui ne le pouvait pas, je n'en ferais pas, tout simplement, et tant pis pour la détermination de mon Préfet a faire de moi un poursuiveur.


Décembre 2022:

Je pousse un soupir agacé. Cette blonde commençait a me courir. Non je ne la mettrais pas en contact avec mon frère, non je ne lui donnerais pas cette Beuglante qu'elle me tendais avec des étoiles plein les yeux et surtout non, je ne lui dirais pas ce que l'on comptait faire de nos vacances d'hiver. Ce genre de scène n'était pas exceptionnelle depuis deux ans mais là, j'avais vraiment envie de la balancer dans un champ de choux mordeurs. Sa voix me hérissait alors, avec un sourire beaucoup trop avenant pour être tranquille, je lui lançais un sort de silence, lui prit la Beuglante et la déchirai devant ses yeux. Je crois qu'un non n'était pas suffisant et j'avais atteint mes limites. Pourtant, j'étais quelqu'un de patient mais là non. J'avais des révisions a faire, des cadeaux a trouver et acheter, une soirée familiale qui, je le sentais, allait taper sur mes nerfs donc, clairement, ce n'était pas le moment de caresser hypocritement dans le sens du poil pour ajouter un jumeau Rowle a son tableau de chasse. J'étais généralement abordable mais comme tout le monde, j'avais des moments où il ne fallait pas trop venir me chatouiller et, contrairement a ce que l'on pensait souvent de moi, je n'étais pas tendre quand il s'agissait de montrer mon agacement, quitte a heurter, parfois, les sentiments des autres. En vérité, j'avais presque de la compassion pour cette fille, mais elle avait été la goutte d'eau qui fait déborder le chaudron bien malgré elle. Tant pis. Je levai le sort avant de quitter la salle de la bibliothèque sous un déluge d'injures qui ne me firent ni chaud, ni froid. Y avait intérêt a ce que mon frère m'offre la dernière multiplette à la mode et sur laquelle je lorgnais depuis un moment. Rien de tel pour suivre les matchs de quidditch, même de loin. Bref. C'était notre quotidien à Poudlard et franchement, la vie ici était parfaite de mon point de vue et l'avenir se profilait comme je l'avais prévu. Enfin, je l'espérais.

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