D’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours été heureux et proche de mon frère. Maman aurait pu avoir d’autres enfants après nous, mais il faut croire que devoir élever des jumeaux l’a guérie de l’envie de retenter l’expérience. Je ne me souviens pas que nous ayons été très turbulents avec Keith, mais je suppose que je ne suis pas objectif et que même deux jumeaux sages restent difficiles à élever et canaliser. Deux fois plus de bêtises et nous  étions assez inventifs, l’un entraînant l’autre. Je ne saurais dire lequel de nous était le leader à cette époque là… C’était tellement naturel entre nous… Keith et moi étions, et sommes toujours, fusionnels.

On a manqué de rien. Nés dans une famille de Sangs-Purs, on nous a inculqué très vite la valeur de notre nom et le prestige de notre héritage. Cela nous était naturel et ce n’est que plus tard que j’ai compris que nous étions des privilégiés alors que j’évoquais nos précepteurs à mon frère et moi à des camarades de classe bien moins aisés que nous. Nos parents ne nous ont sans doute pas suffisamment prévenus à ce sujet. Que nous allions côtoyer des élèves de tout horizon plus tard, même si nous avions des notions, bien sûr. Mais dans mon enfance, je n’ai connu que des gamins Sang-Purs ou de familles sorcières assez prestigieuses.

J’avais 8 ans quand je me suis intéressé davantage à notre famille, suite à un cours de notre professeur particulier. Il y a bien un tabou dans notre famille. Un membre qui se trouve à Azkaban, pour avoir suivi les idées du Maître des Ténèbres, Thorfinn Rowle. Un pan important de l’histoire d’ailleurs qui m’a fasciné, de par les enjeux et les idéologies. Par la suite, je n’ai jamais cessé vraiment d’y penser, menant mes propres recherches et regrettant de ne pouvoir m’entretenir avec Thorfinn. Nos parents n’ont jamais adhéré à ces idées, ils n’ont jamais été Mangemorts, mais cela demeure une tâche sur notre nom. Ce n’est que plus tard que j’y réfléchirais vraiment en me disant que l’histoire est écrite par les vainqueurs. Et que si Voldemort avait gagné, le monde aurait été différent aujourd’hui et notre éducation aussi. Je ne pense pas mes parents assez téméraires pour s’y opposer… Peut-être ai-je tort.

Je me souviens d’un changement assez conséquent chez ma mère quand j’ai été blessé, sévèrement, suite à ma chute du balai de mon frère. Je ne voulais pas monter là-dessus, je n’ai jamais aimé le vide. Mais il a insisté et je me suis laissé entraîner. Sauf que la peur a pris le dessus et que je me suis senti attiré par ce foutu vide… Et Keith a été trop présomptueux sur ses talents en vol.  J’en suis ressorti avec un bras et une jambe cassés. Maman nous a sermonné, surtout mon frère, parce que moi, j’étais trop mal en point. Mais après ça, elle a été assez étouffante avec moi. Et moi, j’ai développé une véritable phobie du vide… Keith s’en est voulu après ça. Même si j’ai souffert le martyre je ne lui en ai jamais réellement tenu rigueur, même si je me suis amusé à jouer sur sa culpabilité de temps en temps, je le reconnais.

La lettre pour intégrer Poudlard a été accueillie avec soulagement de ma part. J’adore nos parents, mais ils ont été étouffants parfois. Encore plus après ma chute. C’était l’occasion de quitter le foyer, de voler de nos propres ailes. Si j’avais été seul, j’aurais sans doute été angoissé. Mais j’étais avec Keith, alors, c’était juste le début d’une nouvelle aventure. Je me souviens encore très bien de nos achats, de tous ces sorciers croisés ce jour là. Des élèves plus âgés, mais aussi des jeunes de notre page, aussi cherchais-je à repérer certains visages, que je retrouverais à la rentrée. Le choc a été assez important quand nous avons choisi nos baguettes. Quand celle de Keith n’a pas été identique à la mienne… Cela a bouleversé mon frère, tandis que ça m’a surtout étonné.  Mais j’ai été encore plus surpris quand nous sommes passés à l’animalerie et que j’ai croisé un serpent. Quand le serpent m’a parlé et que je lui ai répondu, sous les regards ahuris de mes parents. Je n’ai pas compris tout de suite pourquoi ils avaient cet air presque apeuré en réalité. Inquiet. Ils m’ont demandé de ne pas en parler avant de m’expliquer en détail ma particularité une fois rentrés chez nous. Sans le serpent, hélas. Ce jour là, j’ai appris que je parlais Fourchelang , comme certains sorciers célèbres. Et même si cela était mal vu, associé à Voldemort, cela m’emplit de fierté. D’être particulier. Et dans le même temps, cela m’a perturbé d’être différent de Keith. De marquer notre individualité.

Cela n’a fait que s’accentuer au fil des années et de nos expériences à Poudlard. Nous n’étions pas doués dans les mêmes matières. Nous n’avions pas le même caractère.  Ni les mêmes goûts. Les disputes enfantines d’autrefois se muèrent en désaccords d’adolescents qui se cherchent et se différencient. Keith changeait, se laissait aller. Et moi, ça me perturbait. Je me suis sans doute montré trop moqueur avec lui. Peut-être cruel. Notre première bagarre a été assez violente, à coups de sorts et nous avons été punis pour ça. Une sorte de rivalité et de jalousie s’est installée entre nous. Pendant un temps. J’avais l’impression qu’il demeurait une chenille alors que je prenais mon envol comme un papillon. Durant la 3e année, j’ai commencé à découvrir les filles. Certaines étaient vraiment mignonnes et j’avais mon petit succès. Qui s’est accentué après les vacances d’été. J’ai pris facilement 10cm en deux mois. Et cela a continué, me rendant plus sec qu’auparavant, alors que mon poids ne suivait pas ma croissance. Keith aussi a grandi. Cela lui a fait du bien, l’aidant à perdre le surpoids qu’il avait accumulé. En revanche, nous nous somme de nouveau ressemblé davantage quand l’acné nous a constellé le visage. Et si mon frère s’en fichait, moi, ça m’a beaucoup complexé, même si cela n’a pas terni mon succès auprès des filles. On dirait que cela n’a jamais intéressé mon frère d’ailleurs. Il s’amusait de mes histoires de cœur. Et éconduisait certaines filles quand j’avais la flemme.

Finalement, ces années sont passées bien trop vite. La dernière est en cours et après… il me faudra trouver ma voie. Keith a trouvé la sienne. Moi… J’hésite encore.  J’ai l’attention de  profiter de cette 7e année, d’en ressortir avec les honneurs, afin de satisfaire l’ambition familiale.

Âge : 38 ans
Pseudo : Nymphide
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