L’explication de la jeune femme… Me paraissait largement plausible. Affreusement horrible pour des sorciers, certes, mais plausible. Le secret magique était important, tout le monde le savait et c’était d’ailleurs bien pour cela que je n’avais jamais laissé de trace lorsque les moldus qui m’étaient proches me voyaient faire de la magie par mégarde. Ainsi hochai-je la tête.

- Je comprends. Soufflai-je. Je plains vos pauvres parents dans ce cas. Se retenir de faire de la magie pour les choses les plus simples au niveau domestique doit être frustrant.

En tout cas, moi, cela me frustrerait. Si ce n’était pas leur cas… Je voulais les rencontrer pour en discuter, ils ne devaient pas tourner rond ! Enfin… Au vu du métier de leur fille d’un côté… C’était une chose à prévoir. Psychomage… Sérieusement… Devoir supporter tous ces étudiants – et professionnels, j’en étais persuadé – qui n’allaient pas bien. Franchement, c’était à se lancer un Avada Kedavra sur soi-même… Quoiqu’au vu de la naïveté de la sorcière… Peut être qu’elle ne s’en rendait même pas compte. Plissant les yeux, j’esquissai un sourire qui se voulait amusé.

- Vous. Vous avez pas encore rencontré Amos Mancini, je me trompe ? Soufflai-je. Non parce que pour que vous me demandiez pourquoi vous devez vous méfier de lui… Bah ! Je vous laisserais le rencontrer, vous vous ferez une idée.

Lui dire qu’elle n’avait rien à craindre ? AH ! Non. Jamais. Plutôt l’observer se méfier du vent. C’était bien plus amusant de la sorte. Enfin… Quitte à se méfier, cela dit, autant se méfier de ceux qui pouvaient devenir réellement dangereux ? Les fous qui venaient la consulter, par exemple. Et si la jeune femme ne sembla pas réellement convaincue de ce que je disais, au moins eu-je le plaisir de relancer sur le sujet qui m’avait amené ici : des livres moldus que je n’avais évidemment pas trouvé. Un plaisir qui étira mes lèvres dans un sourire ravi lorsqu’elle m’indiqua qu’elle passerait le message à ses parents contre ma reconnaissance seule. Elle ne croyait pas si bien dire… Esquissant un sourire à la sorcière, je m’inclinai alors légèrement, fort de mon éducation de sang pur respectueux et tout le tintouin, pour quitter les lieux.

Et effectivement… J’avais retenu ce qu’il en était. Le lendemain, mes cours terminés, j’étais déjà adossé devant la porte de la psychomage alors qu’un jeune étudiant de Poufsouffle – ceux ayant certainement le plus besoin d’aide au vu de leur maison pathétique – sortait de la pièce en m’observant avec de grands yeux.

- Les moldus me montent à la tête. Expliquai-je calmement en me décollant du mur. Il faut que je déverse tout sur une âme vierge et pure.

Avais-je la moindre idée des bêtises que je racontais ? Evidemment. Et cela m’amusait d’autant plus. Accentué, d’ailleurs, par ma neutralité physique apparente alors que je fermai la porte du bureau derrière moi.

- Je n’ai pas pris rendez-vous, mais votre prochain étudiant a décidé de prendre ses jambes à son cou.

Ce qui était la totale vérité… Si l’on occultait le fait que s’il n’allait pas immédiatement me chercher l’élève Lowy de Serdaigle, il perdrait cinquante points pour sa maison et aurait deux heures de retenues. La seule chose ?... Il n’y avait pas de Lowy à Serdaigle. Il était à Gryffondor. Alors le temps qu’il s’en aperçoive… J’aurais le temps d’avoir mes livres moldus.
Déposant dix gallions sur le bureau de la sorcière, j’esquissai un sourire en m’installant sur le siège face à elle.

- Ma reconnaissance. Présentai-je. Un Nott paie toujours ses dettes.

Je ne savais plus où j’avais entendu ce truc-là, mais j’avais toujours désiré le ressortir alors… C’était l’occasion.

- Ah oui. Et bonsoir. Comment a été votre journée ?

- Je n’en sais rien. Est-ce que c’est ce que vous êtes ? Demandai-je dans un très léger sourire amusé. Si la réponse est oui, alors oui. Si la réponse est non… Je vous mentirais et vous dirais que ce n’était qu’une plaisanterie.

L’honnêteté dont je pouvais faire preuve était brutale. Mais appréciable. Pour moi. Lorsque je voyais les têtes de six pieds de long que faisaient mes interlocuteurs la plupart du temps. Pour autant, la jeune femme sembla plus sérieuse que je ne l’aurais imaginé. Arquant un sourcil alors que je m’approchai de son bureau, je m’amusai de sa remarque. Effectivement. Je n’avais pas pris rendez-vous. Et j’avais fait fuir son prochain rendez-vous alors…

- Chouette. Une place s’st donc libérée dans votre emploi du temps chargé puisque votre jeune rendez-vous ne s’est pas présenté. Lui fis-je faussement remarqué. Mais je vous remercie de tant de gentillesse. Vous me faites honneur que de me laisser une place à moi, pauvre professeur venu pour vous.

Et surtout pour la payer, comme en témoignèrent les gallions déposés sur son bureau avant que je ne m’asseye. Ce n’était pas nécessaire… Soit. Enfin pour elle. Pas pour moi. Je n’aimais pas les dettes. D’autant que je n’avais aucune idée de la conversion des livres anglaises en gallions… Alors j’avais misé sur le hasard total dans la somme. Au pire, je lui paierais une bièraubeurre si ce n’était pas assez. Au mieux… Ce serait à elle de me la payer. N’est-ce pas ?

- Il y a assez, j’espère ? M’enquis-je ainsi. Parce que je ne partirais pas sans que les comptes soient justes.

J’en avais d’ailleurs oublié la politesse : un bonsoir, ça va. Ainsi me rattrapai-je, sans réellement y faire attention. Tant pis pour l’ordre des choses. Seuls les imbéciles aimaient l’ordre. Je n’en étais pas un. Parfait. Elle allait s’y habituer. Surtout lorsque je me perdais dans le fil de mes pensées, ce qui arrivait, ma foi, assez fréquemment.

- Et vous aimez la routine ? M’étonnai-je ainsi malgré tout. Surprenant…

Je détestais la routine. C’était, pour moi, pire qu’une prison moldue en plein milieu du Nicaragua. J’aimais la nouveauté, l’aventure, la recherche, la découverte. Mais la routine… Par tous les mages, plutôt mourir ! Et c’était bien pour cela que je tentais de changer mes programmes chaque année.

- Oh. Oui. J’ai lu pratiquement tout de votre livre… Comment déjà… Orgueil et… Et un truc. Je ne sais plus trop. Et j’avais une question… Pourquoi Elizabeth est-elle si idiote ? Et pourquoi Darcy est-il aussi impoli ? Enfin… Je ne suis certainement pas l’homme le plus agréable du monde, mais même moi je peux être charmant. Il pourrait faire un effort. Et puis… Les moldus sont-ils donc comme nous, sang-pur ? Ils cherchent absolument à marier leur fille au meilleur parti ? Incompréhensible…

Tant de question pour une seule œuvre que j’avais dévoré en une nuit (autant dire que je n’avais pratiquement pas fermé l’œil. J’en avais raté le premier cours de la journée, prétextant auprès de mes supérieurs un rendez-vous imprévu et important).

- Quant à mes cours… J’ai utilisé votre livre sur l’univers. Les Moldus n’ont pas réellement tout compris à la divination, n’est-ce pas ?...

Oui, car j’avais pris cet ouvrage pour un ouvrage sur la divination… C’était bien ça, non ?

Mmh. Amusant. Elle était plus taquine que je ne l’aurais pensé. D’ailleurs je n’avais pas pensé à grand-chose, je l’accordais. Mais soit. Je prenais note de cela malgré tout. En attendant, j’allais profiter de son rendez-vous « libéré » pour « passer du temps avec elle », puisqu’elle semblait, en plus, en avoir envie. J’allais finir par croire que j’arrivais à intéresser les femmes. Ou pas. Je n’étais peut-être pas assez orgueilleux pour ça.

- Le hasard fait toujours bien les choses avec moi.

Il fallait dire que je lui donnais très généralement un coup de pouce pour que cela aille en ma faveur. Comme aujourd’hui. Quand bien même la psychomage ne connaitrait sûrement jamais – du moins jusqu’au prochain rendez-vous de l’élève – la vérité. Raillant de fait ma présence en ces lieux, lui indiquant « l’honneur » que cela pouvait être de me trouver face à elle, moi, pauvre professeur, j’arquai un sourcil. Oh. Elle ne me prenait pas au sérieux. Tant mieux. Je n’aimais pas les gens sans humour et cela aurait fini par me rendre assez agacé pour que je ne la paie pas. Ce n’était pas le cas. Parfait. Je pouvais donc la payer. Et c’est ce que je fis avant qu’elle ne fasse un commentaire…

- Vous êtes psychomage. Pas philosophe, il me semble. Soufflai-je en croisant les bras.

La gentillesse… Je n’estimais pas que j’étais une personne méchante. Spéciale… Peut-être. Certains me disaient fous. Ma famille, d’ailleurs, le faisait. Etrange, aussi. Mais foncièrement méchant… Pas vraiment. Je vivais simplement selon mes lois et mes lois… Pouvaient être largement évaluée de manière pécuniaire. La preuve, si Poudlard ne me payait pas assez bien, je serais reparti en prison ou en asile moldu. Alors… Pourquoi la gentillesse ne le pourrait-elle pas après tout ?

- Mais puisque vous dites qu’il y en a trop… Il n’y a qu’un moyen de parvenir à un équilibre. Décrétai-je dans un très léger sourire narquois du coin des lèvres. Invitez-moi à boire un coup un soir.

Je n’étais pas un introverti, je n’étais pas un solitaire, quoique je n’ai besoin que de peu de monde pour être bien, et je n’étais pas un ermite alors… Une belle femme, une « dette », c’était parfait pour sortir.

L’invitation lancée à tue-tête, j’étais alors passé à un sujet différent quoique se recoupant : elle. Qu’aimait-elle ? La routine ? Yark. Pauvre d’elle. Quoiqu’elle m’indiquât que cette routine n’en était qu’une demie. Soit. Je n’étais pas convaincue. Mais cela pouvait aussi être le cas pour le métier de professeur alors… Mmh. Soit. Disons que ce serait le cas et que je l’acceptais.

- Des passions, vous dites ? Arquai-je un sourcil. Connaissez-vous le whisky au jus de citrouille de trois mois ? Si non, rappelez-moi de vous en rapporter. Ça vous créera une nouvelle passion… Ou une raison de courir à l’infirmerie. Ça dépend beaucoup des sorciers… Réfléchis-je alors avant de secouer la tête. Dans les deux cas, ça vous apportera quelque chose, croyez-moi ! Et les chewing-gum ? Avez-vous déjà goûté les malabars français moldus ?

Ce n’était pas un secret pour personne. Ma passion était connue de tous Poudlard tant il m’arrivait, en fin de cours, d’en distribuer, alors si je pouvais faire en sorte que la psychomage connaisse bientôt ces merveilleuses friandises faiseuses de bulles… Je n’allais pas me gêner ! Il y en avait tellement et de toutes les marques et goûts !

Mais avant cette passion, la lecture vint sur la table et avec elles, les questions sur ce livre… Orgueil et Bidule. Je n’y comprenais rien du tout. C’était frustrant. Tellement frustrant que je relâchai chaque mot dans un flot continu jusqu’à ce plus rien ne reste. Et… J’admis que son explication éclaira de loin l’ouvrage. Outre son commentaire pour l’amour, il allait sans dire. Commentaire qu’elle vint appuyer avec une autre remarque, me faisant arquer un sourcil.

- Miss Carter, repris-je plus sérieusement en plissant les yeux. Savez-vous à qui vous parler ? Secouant la tête, je repris rapidement. Je suis l’héritier des Nott. Outre ma sœur mais c’est une femme, elle n’a le droit que de pondre. Je dois me trouver une femme digne des Nott. Une femme que mes parents accepteront, évidemment. Je viens d’une famille de Sang Pur. Une famille puissante. Une famille… D’un geste de la main, je vins accentuer drastiquement les flammes des bougies de la pièce, les faisant brûler dangereusement pour le mobilier… Qui maîtrise le feu. Et…

Laissant un instant de silence, le temps d’intégrer la peur de voir tout son bureau brûler son mes flammes, je les calmai dans un sourire amusé.

- Et c’est amusant car je n’en ai strictement rien à faire.

A 36 ans, j’étais célibataire, sans enfant et je m’étais enfilé une sang pure déjà mariée. En plus de ma passion moldesque… Je me demandais presque pourquoi mon nom se trouvait encore sur l’arbre généalogique. Sûrement grâce à Blake, à n’en pas douter.

- Mais ce n’est pas de l’égoïsme pour la plupart des familles. Expliquai-je néanmoins. C’est une question de réputation et la réputation dans leur… mon monde… Cela fait tout. Sans réputation et sans argent… Vous n’êtes rien que la famille Weasley. Alors votre idéal d’amour est bien joli, mais je doute qu’il existe réellement. Le mariage est un partenariat. Au mieux une amitié. Je doute que l’amour ait sa place ici.

Croyais-je en l’amour ? Pas vraiment à vrai dire. Je ne l’avais jamais rencontré. A 36 ans… Cela avait finir par paraître, pour moi, comme un mirage, une légende et cela m’allait très bien, à vrai dire. Je n’étais pas un homme à femme. Enfin si. J’étais un hommes à femmeS. Mais pas un homme à marier. Trop aventureux. Trop téméraire. Trop impulsif et colérique… Mieux valait que ça reste comme ça. Histoire que je ne transforme pas ma future fiancée en torche humaine parce qu’elle m’aurait piqué un chewing-gum. Et j’exagérais à peine.

Je notai, néanmoins, que la sorcière avait des idées claires et précises et qu’elle n’hésitait pas à en faire part de la façon la plus directe possible. Amusant. Pour un petit truc pas effrayant pour deux sous, elle essayait de mordre… Comme un petit chaton, en fin de compte. On aurait presque envie de lui gratouiller le menton. Presque.

Prenant cela en compte, je me permis une nouvelle remarque sur un second livre que j’avais utilisé en cours. Son livre sur l’univers… Du grand n’importe quoi. J’acquiesçai d’ailleurs aux dires de la sorcière.

- Oui, j’ai cru comprendre ça à Bang Kwang en Thaïlande. Dis-je sans taire le nom de la prison – pourtant très connue chez les moldus – prenant son sang de sorcière en compte : elle ne connaîtrait pas. C’était certain. J’ai voulu expliquer à mes… Partenaires de chambres (on allait quand même éviter le mot « codétenu ») l’alchimie… Ils ont dit que j’étais fou et ont appelé les… (Je m’enfonçais dans cette histoire avec le vocabulaire…) les aides de camping (non définitivement, ça en devenait ridicule… Les gardiens, les aides de camping…). J’admet qu’ils n’étaient pas super heureux de me voir dire des choses de la sorte… (J’avais effectivement était « puni » d’une belle torture à la moldue. Amusante… Ou pas. Du moins jusqu’à ce que je récupère ma baguette et que je leur fasse subir le même sort sous impero. Là c’était vraiment plus amusant). Enfin ! Repris-je en secouant la tête pour cesser de m’enfoncer. Les moldus sont impressionnant dans leur méconnaissance, leur bêtise et leur inculture, n’est-ce pas ?

J’étais à mille lieux d’imaginer que je l’insultais directement. C’était une sorcière après tout !

Elle acceptait ? Mmh. Non. Ce n’était pas ainsi, et si un sourire amusé se positionna sur mon visage, je secouai négativement la tête alors qu’elle venait me piquer d’une manière aussi subtile qu’un centaure en pleine course.

- C’est moi qui accepte. C’est après tout vous qui devrez payer. Quant à la confiance en moi, je vous rassure, j’en ai bien assez. Mais puisque vous désirez une preuve, je peux vous inviter de moi-même… Disons… A Londres. Chez les moldus. Et vous me devrez ce verre plus tard.

Un sorcier sang pur buvant chez les moldus… Beaucoup me tueraient. Tant pis. Elle voulait de la confiance ? En voilà. Quoique je me disais à cet instant que ma fierté avait peut-être été un peu plus touchée que je ne l’imaginais. Mmh. Elle marquait un point, soit. Je le rattraperais à notre prochaine bataille, chose qui semblait être plutôt fréquente avec cette jeune sorcière.
Une jeune sorcière visiblement peu aventureuse côté boisson comme en témoigna sa réponse. Fascinant… C’était une réponse de personne très peu intéressée par ma proposition. Plissant les yeux, je croisai doucement les bras en l’observant avec un brin de curiosité.

- Vous vous connaissez définitivement beaucoup en moldus. Lui indiquai-je, malgré tout surpris de ces connaissances. Je suppose que vous étiez la meilleure élève de mon prédécesseur, au cours d’Etudes sur les Moldus. Quoiqu’il ne me semble pas avoir lu dans ses programmes qu’il ait pu parler du jus de citrouille chez les Moldus… Enfin. Je vous félicite pour vos connaissances, cela fait toujours plaisir à voir, admis-je avec un certain plaisir.

Partager ma passion était une chose que j’adorais et le mieux ! Je n’avais pas à le faire avec cette psychomage puisqu’elle savait déjà les choses, elle m’en apprenait même de nouvelles ! C’était parfait ! Enfin… Etrange, certes, mais parfait ! Mieux valait nous concentrer sur le positif. Enchaînant sur les chewing-gum (ma toute première passion), je sortis un malabar de ma poche pour lui en tendre un.

- Promis, vous ne risquez rien avec ça. Lui soufflai-je malgré tout. Et je suis effectivement déjà allé en France. Plusieurs fois. Un pays magnifique mais des moldus assez… Spéciaux. Je n’ai toujours pas compris quelle langue ils pouvaient parler dans le sud du pays. Grimaçai-je.

Et ce n’était pas faute d’avoir tenté de comprendre plusieurs fois ! J’avais même fini, par deux fois, par me demander si je n’étais pas réellement devenu fou à ne rien comprendre alors même que je parlais un français presque parfait. Mais non. Enfin non… Je n’avais de toutes les manières par compris le psychomoldu. Si c’était ainsi qu’ils les appelaient, je ne savais plus et cela n’était pas réellement ma priorité pour le moment.

Mais si la conversation semblait légère jusque-là, cette dernière prit un tournant inattendu lorsque l’œuvre qu’elle m’avait envoyé fut mis sur le tapis. Une œuvre qui la poussa à faire un parallèle avec les Sangs Purs. Pas vraiment faux, mais pas tout à fait vrai non plus, à mon avis. D’ailleurs provoqua-t-elle mon « ire », faussement, évidemment, alors que je la menaçais de mes flammes. Des flammes qui lui firent prendre un ton que j’admettais ne pas avoir imaginé chez elle. Et c’est arquant un sourcil que je fis redescendre les flammes de chaque bougie, un sourire malgré tout amusé aux lèvres.

- Plus heureux que moi ? Repris-je, surpris, suite à sa remarque. Voyons, Miss Carter. Savez-vous au moins si oui ou non je suis heureux ? Vous pourriez dire que mes parents ne le sont pas d’avoir un fils comme moi, certes. Mais moi ? Pensez-vous réellement que je ne sois pas heureux ? Ma famille n’est certainement pas la plus à cheval sur ces vieilles traditions. D’autres le sont bien pires. Prenez… Je ne sais pas… Allons. Prenez la jeune Yaxley. Fiancée à 17 ans au jeune Fawley. Et la petite Gaunt. Elle n’a fait que s’enfuir avec son « amoureux » Gimhae. Elle s’est retrouvée fiancée avec lui, rompant les fiançailles avec Selwyn. Oh. Sans compter la fille Avery, la sœur du Professeur de métamorphose, fiancée à un certain Rosier. Evidemment sang pur. Voyez. Eux peuvent être malheureux. Ce n’est pas le cas de tout le monde. Alors ne faites pas de généralité. Lui intimai-je alors qu’elle éteignait la bougie près d’elle, me faisant étouffer d’un rire.

Intelligente, mais peut être pas réellement au fait de ce que j’étais capable de faire. Ainsi, calmement, dans un sourire entendu, je vins fixer une seconde bougie, allumée un peu plus loin, pour en diriger la flamme directement sur la bougie qui venait d’être éteinte.

- Inutile. Si je désire vous faire brûler vive, je le ferais. Lui soufflai-je aussi sérieusement qu’amusé, paradoxalement.

Était-ce cela qui provoqua sa froideur constante ? Peut-être. Paradoxal pour un maître du feu. Mais soit. Et j’arquai ainsi un sourcil à sa remarque. Se cacher derrière une baguette… Beaucoup le faisaient, je l’admettais, et ainsi haussai-je les épaules, nonchalamment.

- J’admet être assez en accord avec vous sur ce point. Dis-je alors qu’elle venait de se faire quelques « compliments ». Du moins pas en ce qui concerne votre inculture, votre bêtise et votre méconnaissance de la vie. Vous semblez bien plus connaître les moldus que moi et rien qu’en cela, je suis intéressé par tout verre avec vous. Indiquai-je ainsi. Je ne vois d’ailleurs pas ce qui peut vous faire penser ça ? Parce que je suis un Sang Pur et que vous n’en êtes pas une ? Allons. Vous me diriez que vous êtes née moldue que je n’en aurais rien à faire.

Mensonge. Je serais intéressé. Très. Intéressé. Peut être pas comme l’on pouvait l’entendre mais… Soit. Cela restait de l’intérêt. D’ailleurs je risquais aussi de craindre fortement pour mon histoire de Thaïlande. Mais… Une chance. C’était une sorcière puisque ses parents étaient sorciers.

- Ne mettez pas tous les Sangs Purs dans un même panier. La plupart sont affreux, je vous l’accorde, et leur soirée sont aussi pompeuse que les Moldus français quand ils décident de faire une marche pacifique. Mais tout le monde n’est pas comme eux. Loin de là. Maintenant, si c’est une façon de me dire que vous refusez de me payer un verre, rendez-moi mes gallions. Soufflai-je finalement en haussant les épaules.

Ce n’était pas si difficile ? Ah… La petite maline. Bien. Très bien. Je notais la façon de faire. Intelligente mais fourbe. Elle m’avait piqué. Et elle l’avait fait exprès pour obtenir de moi ce qu’elle désirait. Soit. Très bien. Cela n’allait pas rester impuni. Evidemment. Rien ne restait impuni avec moi. Ce que j’allais faire ? Mmh… Je ne le savais pas encore mais bien des possibilités s’ouvraient à moi. L’effrayer était le plus facile. Mais aussi le moins amusant. Non. Je trouverais mieux, beaucoup mieux pour me jouer d’elle comme elle venait de se jouer de moi. Mais avant cela, je devais admettre une chose. Outre sa roublardise qui restait, avouons-le, plutôt amusante… La jeune psychomage s’y connaissait en Moldus et cela… Allait lui éviter une vengeance déplaisante. Elle avait des choses à m’apprendre. Mieux valait que j’en fasse une alliée qu’une ennemie. Je n’avais, de toutes les manières, pas le temps pour les ennemis. Du moins… Autre que ce cher vieux fou de Yaxley qui était certainement l’homme avec le plus de raison de me haïr au monde. Il fallait dire que mettre sa femme enceinte n’était peut-être pas la meilleure solution pour faire de lui un allié. Enfin. Bref. Ce n’était pas là le sujet de toutes les manières. Il brûlerait, de toutes les façons, comme les autres.

- Je vois. Soufflai-je ainsi lorsqu’elle m’expliqua l’origine de ses connaissances. J’admets ne jamais trop avoir été à Londres. Malgré ma nationalité, je suis plus du genre international que national.

Plus précisément… Je fuyais l’Angleterre pour me réfugier loin des mondanités que le Sang pur nous imposait. Je détestais ce genre de chose, absolument. Alors… Il était vrai que je n’étais absolument pas au fait de ce que le Royaume Uni pouvait offrir. Qu’il soit moldu ou sorcier, d’ailleurs.
Et pour preuve de mon internationalité, je venais de lui offrir un chewing-gum français de ma collection, hochant la tête à sa remarque.

- J’en ai au moins une centaine de ceux-là, si vous les appréciez, vous en aurez, rassurez-vous.

C’était d’ailleurs le chewing-gum que je distribuais le plus aux élèves, pour dire.
Mais si tout avait bien commencé, si la conversation semblait légère entre nous, elle vint rapidement s’assombrir par la simple raison d’un livre moldu…. Satanés moldus. Et ainsi nous partîmes en débat sang-pur/autres. Je lui exposai mes arguments, mon avis, clairement et sans détour avant qu’elle n’en vienne à me poser une question.

- La pression qui est imposée devient une norme. Il ne s’agit plus d’être heureux ou malheureux à cause d’elle, mais de vivre avec de toutes les manières. On ne se pose pas la question. On accepte ce qui doit être fait… Ou on se rebelle au risque certain de se faire exclure de la société.

Et nous étions très peu à nous rebeller contre ce système pour cette raison. Je ne comptais plus le nombre de cercles desquels j’avais été exclu pour ma passion pour les moldus ou mon manque de désir de mariage et de paternité.

- Ce n’est pas « triste », malgré tout. C’est le devoir de ceux qui l’acceptent. Tous finissent par tirer leur épingle du jeu. Ou presque, du moins. Il y a bien des malheureux. Je doute que la mère Gaunt soit particulièrement heureuse avec son mari au vu de sa violence et de son comportement. Mais elle est une exception. Rassurez-vous.

Était-ce réellement une façon de la rassurer ? Pas vraiment. Mais je n’avais que cet argument pour cela. Elle devrait donc s’en contenter. Cela mais aussi le fait qu’éteindre sa bougie était tout à fait inutile face à moi. Elle ne savait, visiblement pas, ce que signifiait avoir le don d’un élément. Soit. Je pourrais lui apprendre. En la brûlant vive par exemple, comme je pus la menacer, faussement, bien sûr. Cela ne lui plut évidemment pas. Le contraire aurait été étonnant. Et sa remarque me fit esquisser un sourire amusé.

- Vous ne semblez pas impressionnée par grand-chose. C’est admirable. Soulignai-je alors pour toute réponse. Mais je ne parle de la sorte qu’aux femmes qui se jouent de moi pour que je les invite. Et j’admet que ça n’arrive pas souvent.

Beaucoup fuyaient devant mon comportement… Ceci expliquait ainsi cela. Je n’étais pourtant pas un mauvais bougre… Du moins… Pas en société et sans fondement (quoique ces fondements soient particulièrement propres à ma personne et certainement très peu recommandés par ladite société). Ainsi pris-je la décision de ne pas réagir outre mesure à ses propos. Preuve de ma consilience ? Peut-être. Mais cela n’expliquait malgré tout pas pourquoi la jeune femme avait pensé de la sorte. Avais-je l’air si « Pur » que cela ?

Hé bien non. Non. Ce n’était pas cela. Mais j’aurais préféré, je l’admettais. Resté coi, je l’observai m’avouer son mensonge. Ce n’était pas une sorcière. Ses parents n’étaient pas pâtissiers. Non. Ils étaient pires. Enfin mieux. Enfin non. Pas dans cette situation. Ses parents étaient moldus. Cette psychomage était une née moldue. Et j’étais partagé… Je ne connaissais que très peu de nés moldus et ces derniers connaissaient beaucoup trop de choses pour que je ne sois pas intéressé mais… Merlin… Je lui avais donné des détails… Des détails très… Moldesques… Qui n’étaient pas vraiment à mon avantage…

- Ok… Dis-je. Je…

Merde, merde, merde… Si ça venait à se savoir à Poudlard…

- Une psychomage est soumise au silence, n’est-ce pas ? Demandai-je en plissant les yeux. Quel que soit le secret à avouer ?

J’allais me faire griller, c’était définitif, et je n’avais aucun moyen de m’en sortir.

- Bon. On remet les choses à plat, repris-je avec aplomb en plissant les yeux. Donc vous êtes une née moldue, je garde votre secret et je vous interdis de faire la moindre recherche sur la Thaïlande. Est-ce que ça vous va comme ça ?

Ok. De la sorte, j’allais me griller sans me faire griller. Si elle n’avait pas fait de commentaire quand je le lui avais dit… Elle ne connaissait pas la Thaïlande, DONC, j’avais encore une chance. Fallait-il qu’elle ne cherche pas plus loin.

- Quant au verre… J’aurais énormément de questions à vous poser. Alors vous êtes toute pardonnée à la condition que vous répondiez à chacune de mes questions, à commencer par : à quoi sert un « iphone » ? Demandai-je en forçant un sourire.

Elle m’avait trompé et induit en erreur, provoquant alors une grave erreur de ma part. Je m’étais permis, comme avec d’autres sorciers (et de VRAIS sorciers, n’ayant aucun lien avec les moldus, comme je le croyais chez elle), de faire quelques allusions à ma vie passée en vadrouille… Mauvaise pioche. Si elle était moldue, elle pouvait savoir. Si elle pouvait savoir, elle pouvait me faire renvoyer. Très mauvaise pioche et seulement parce qu’elle m’avait trompé sur son origine. Je n’avais ainsi plus qu’une seule chose à faire : tenter de m’en sortir en sauvant les pots cassés. Elle ne devait JAMAIS faire de recherche. Jamais. Jamais, jamais, jamais. Et ainsi lui proposai-je un marché. Je lui pardonnais ce mensonge éhonté et elle ne recherchait rien sur la Thaïlande. Cela induisait que ce qu’il s’y était passé n'était pas réellement un camps de vacances, certes, mais au moins… ça n’irait pas plus loin, et c’était bien là l’important.

- Je ne mens jamais. Soufflai-je. Sauf quand je dis que je n’ai pas repris trois fois de jus de citrouille et terminé le café de ce matin. Pour le reste, je ne fais qu’arranger la vérité.

Et cela… N’était effectivement pas un mensonge. Pour la plupart de mes voyages, je m’étais arrangé pour ne rien raconter en disant MA vérité. En effet, tous mes séjours en asile, hôpitaux ou prisons étaient faits pour étudier les moldus, ainsi… Mon CV était-il bien rempli « d’étude en immersion des moldus, spécialité psychologie moldue ». Façon de dire que je m’intéressais à leur façon de se traiter, eux, et leurs différences.

Enfin. Au moins avait-elle accepté ma proposition. Ouf. Cela serait un problème de moins à régler, il aurait été dommage que je sois forcé de me débarrasser d’elle pour sauver ma carrière et tout bonnement, ma vie. Après tout, je n’étais pas idiot au point de ne pas savoir que bien de mes agissements pouvaient me valoir un bon séjour à Azkaban.

- Merci. Lui dis-je ainsi dans un léger sourire quelque peu soulagé. Ma vie privée vous en sera reconnaissante.

Ma vie tout court, d’ailleurs, puisque cette dernière dépendait en grande partie de mes secrets et des non-dits. Et puisqu’elle acceptait, j’allais donc faire comme si elle ne m’avait pas induit en erreur. De toutes les manières, j’admettais que même sans cela… Ce mensonge était bien trop intéressant pour que je ne lui « pardonne » pas. J’avais des questions. Beaucoup de questions. Et quoi de mieux qu’une née moldue pour ce faire ?
J’aurais pu trouver un autre né-moldu à Poudlard, évidemment, mais j’admettais ne pas vouloir m’en remettre à un étudiant. Hors… Je ne connaissais que des nés-moldus étudiants. Malheureusement. Pour une fois qu’un membre du personne l’était… J’allais donc sauter sur l’occasion. Et cela commença par l’IPhone. Qu’était-ce cette chose ?

- D'accord. Dis-je en plissant les yeux, prenant note de chacun des paroles de la sorcière. C’est un appareil qui permet d’appeler quelqu’un à distance… un peu comme la poudre de cheminette ? Et on appelle donc ça « télépho » à quelqu’un. Télépho… Je ne connaissais pas ce verbe… On dit « je téléphe », du coup ? Continuai-je, prouvant que j’avais effectivement pris de note de CHAQUE parole de la psychomage. Et… Internet… J’en ai entendu parlé plusieurs fois mais je n’ai jamais trouvé cet objet. Quand je demandais dans les magasin un « internet », on me disait qu’il fallait aller chercher un « smartphone » ou un « ordinateur » alors j’en ai pris un, si vous voulez, je peux vous montrer, il est dans mon bureau, mais c’est une boîte carrée…

J’avais effectivement acheté en argent moldu (enfin… Presque… J’avais… Enfin… Non, mieux valait ne pas penser à ce que j’avais fait pour assouvir cette lubie d’ordinateur) un ordinateur, ou au moins ce qu’on m’avait présenté comme une « tour », quoique je n’en voie pas vraiment la raison. Tour que j’avais ramenée à Poudlard pour l’utiliser… Sans que cela fonctionne. Bien sûr, il fallait de l’électricité et protéger la machine des sortilèges de Poudlard, j’avais donc tenté un mélange magie / moldu pour le faire fonctionner… En vain. Alors… Je l’avais démantelé et je n’avais strictement rien compris. D’ailleurs avais-je bien tenté de le remonter… En vain aussi, évidemment.

Arquant un sourcil à sa question, je me mis à réfléchir le temps de quelques instants afin de faire monter la « pression » avant de finalement soupirer.

- Disons que je préfère les vilaines psychomage mais que vous êtes pardonnée. Annonçai-je alors en esquissant un sourire amusé.

Elle pouvait me faire confiance ? Hé bien. Elle semblait accorder sa confiance rapidement. Tant mieux. J’allais avoir besoin d’elle au vu de toutes les questions que j’avais à lui poser et à cette « tour » que je devais remonter et faire fonctionner.

- Mais pour que vous soyez entièrement pardonnée… Je vous donne rendez-vous samedi à 14h00 devant… Heu…

Que connaissais-je de Londres Moldu ? Pas grand-chose… Bon… Il fallait au moins faire semblant de connaître cette ville qui était pourtant la capitale du pays…

- Buckingham Palace.

Je connaissais ce nom. Ce que j’ignorais c’est que la place était particulièrement grande et touristique et que s’y retrouver était donc mission quasi impossible… Mais ce que j’ignorais ne pouvait pas me faire de mal, alors repris-je avec aplomb :

- Je vous emmènerais boire un café. Et nous discuterons.

Moldu, évidemment. La psychomage allait être utilisée, et elle n’imaginait certainement pas à quel point. C’était le prix à payer pour ne pas m’avoir dit la vérité dès le début… Quoique… Cela aurait certainement été la même chose dans le cas contraire… Pauvre d’elle.