Une demande d'une rencontre obligatoire n'est jamais un bon moyen de commencer une journée, mais je ne suis à ce point pas véritablement surpris que cette demande tombe. L'an dernier avec mademoiselle Carter n'avait pas été productif en grande partie de ma part. Laisser un adulte me parler de manière souvent condescendante. Cela dit, j'avais eu le temps de l'été pour réfléchir sur ce que la demoiselle voulait. Elle voulait aider mais personne ne pouvait vraiment y faire quoi que ce soit, n'est-ce pas? Ma mère est morte, elle est enterrée et je vais vivre les prochaines années dans un orphelinat. La douleur est encore bien présente mais assourdie par les choses que j'ai trouvé pour les engourdir. Cela dit, après le fiasco des corps échangés j'avais pu trouver un peu de réconfort dans mon amitié avec Shae et ce qu'elle me permet de fumer mais le fait est que dans tout ce fiasco, je n'avais guère eu le temps de trouver mon amie.

De ce fait, j'étais salement amoché mentalement pour ce bien charmant rendez-vous et malgré toute la bravade que j'avais, tout ce que je ne voulais, je savais ce dont j'avais besoin. Un besoin bien tristement peu comblé alors que j'entre dans le bureau de la psychomage après avoir prit soin de toquer, bien entendu. La pièce était encore très semblable à ce que j'avais vu, de ces décorations aux friandises offertes que j'allais une fois encore bouder. Mademoiselle Carter était là, debout... Elle voulait m'aider, certes, mais est-ce qu'elle en accepte les conséquences?

"Bonjour miss Carter"

J'approche de la psychomage avant de faire ce qui est interdit dans la profession de la demoiselle. Je m'approche et me fond sur elle dans un câlin alors qu'elle est stupéfaite, troublée... Mais elle ne me rend ce que j'avais vraiment besoin. Elle est douce mais elle me repousse alors que je soupire et vais prendre place dans le siège qui est à l'opposé d'elle.

"Pardon.. Je n'aurais pas dût..."

Codage par Libella sur Graphiorum

L’été s’était écoulé, il était maintenant temps de reprendre les séances. L’année avait été particulièrement riche en émotions et un peu de repos avait permis de recharger les batteries. C’est donc motivée que la psychomage reprit place à son bureau, gonflée de bonne volonté. Il en fallait pour ces âmes en peine et elle avait fini par s’attacher à ses petits étudiants. Néanmoins, la distance était de mise et elle ne pouvait réellement sympathiser avec eux que lorsque les séances étaient terminées afin de ne pas compliquer le travail. Elle n’était pas une amie mais simplement quelqu’un qui était là pour aider.

Ce fut au tour d’Erik qu’elle avait suivi sur plusieurs mois. Malheureusement il parlait peu et ils n’avaient pas vraiment avancé ensemble. Cela arrivait parfois, ce n’était pas anormal puisqu’il n’en avait pas envie. Cependant, l’école lui imposait les séances, ànjuste titre mais elle ne baissait pas les bras. Elle ignorait dans quel état elle allait le trouver, après tout elle ne l’avait pas vu pendant un certain temps. C’était l’occasion de faire un point et il ne fallait pas désespérer. Le jeune élève arriva dans son bureau et elle le salua avec le sourire comme à l’accoutumée. Un sourire qu’elle perdit lorsqu’il se retrouva entre ses bras. Pauvre enfant, c’était un crève-coeur à chaque fois mais elle ne pouvait pas le réconforter de cette façon. Elle tapota tout de même son dos et l’éloigna avec douceur en posant ses mains sur ses épaules. Elle chercha ensuite son regard pour lui expliquer pourquoi elle devait faire cela.

“Je suis désolée Erik mais ce ne serait pas vraiment éthique.”

La jeune femme le laissa ensuite prendre place et elle secoua la tête à ses excuses, elle comprenait tout à fait qu’il soit en demande mais elle ne pouvait pas s’y résoudre.

“Moi aussi j’aimerais câliner mes patients parfois mais je n’ai malheureusement pas le droit.” Il fallait toujours garder une distance avec eux. Elle s’installa ensuite à son siège et observa le Poufsouffle. “Comment s’est passé ton été ? Y a-t-il des points que tu aimerais aborder ?”

“Quoi de neuf” en somme mais exprimé de manière bateau, cela faisait partie de la séance. Elle savait bien qu’il souffrait toujours de la perte de sa mère mais c’était à lui de choisir d’en parler ou non.

Come and take my hand, you’re safe now

Pando

Certains pourraient penser que je tente de manipuler ou de jouer des émotions de la psychomage en bravant un interdit, en m'imposant ainsi dans une étreinte qu'elle ne souhaite pas donner mais le fait est que je venais simplement de me laisser emporter dans un bref moment de ce qui avait été ma personne avant que tout ne parte en couille. J'étais heureux de voir la psychomage malgré que la relation entre moi et elle était tendue par le fait que je n'avais envie de parler mais que sa simple présence, un lieu où je peux arrêter de tenter de me défendre m'a poussé à faire ces pas et tendre les bras... Mais est-ce que c'est mal qu'elle me rejette? Je ne vais mentir... les contacts physiques me manquent et elle veut croiser mon regard pour m'expliquer qu'elle ne doit pas faire cela avec ses patients et la honte viendra avec un pan de douleur. Certes, j'aurais dut comprendre que je ne suis que cela, un patient n'est-ce pas? Je m'installe en tentant de retrouver un peu mon centre, de me calmer et ne pas prendre personnellement ce rejet mais ironiquement, il me fait un peu mal.

Et la session pourra commencer alors que je ne regarde la demoiselle qu'en coin. Elle me demande comment je me porte, désire que je parle de mon été... Eh bien... Voilà qui n'est pas pour me faire plaisir et je sens la douleur, la culpabilité et la jalousie déferler un peu sur moi de cette question mais, pour une rare fois, je vais tenter de parler. Oui, je vais oser. Mine de rien, la psychomage n'ira nulle part et je n'ai pas toujours envie de me garder... Je veux parler mais mes amis me fuyaient un peu depuis que je m'étais renfermé et je ne pouvais leur en vouloir.

"Mon premier été orphelin s'est bien porté. L'orphelinat pour les jeunes mages est un lieu qui n'est pas chaud ni froid, simplement un lieu d'attente. J'ai vu des enfants plus jeunes se faire adopter et un des plus vieux là-bas m'a dit que j'étais trop vieux et que personne ne voudrait de moi, que je n'avais qu'à me faire d'être là jusqu'à mes dix-sept ans" Je fais un effort de hausser les épaules comme si j'étais désinteressé mais j'avais mal de savoir que j'allais voir encore et encore des gens partir et moi devoir rester. L'adolescent qui m'avait dit ça allait lui-même partir de l'orphelinat pendant cette année.

"Si personne ne m'adopte, alors on m'a dit qu'on allait me mettre dehors simplement et que j'allais devoir gérer ce que je peux avec ce que j'ai. Autant dire, ma vie semble aller de mieux en mieux. Je n'ai pas d'amis vraiment sinon quelques-uns et je m'ennuie de ma mère."

Encore une fois, on peut penser une technique de manipulation mais les larmes qui me montent vont être silencieuses, point de spectacle de cette douleur qui continue de me briser le coeur de façon bien atroce. Je vais passer le bras et écraser ces larmes avant de prendre une inspiration un peu tremblante.

"Et vous? Vous avez eue un bon été?"

La fuite? Oui, bien entendu... Autant demander plutôt que de continuer de pousser sur une blessure à vif qui cicatrise bien mal...

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Le jeune Erik brisa enfin le silence après plusieurs séances à le questionner ou à déceler une quelconque émotion ou information pouvant être utile, ce qui était très positif. Venus le laissa donc s'exprimer et elle se demanda s'il n'y avait pas eu du changement ou si un événement ne s'était pas produit que le Poufsouffle ait envie de dire ce qu'il avait sur le coeur. Ou alors il commençait à lui faire confiance. En tout cas, elle en était ravie, pas pour elle mais pour lui.

Evidemment, cette histoire d'orphelinat était dure à entendre mais c'était une réalité, il n'avait plus de famille et c'était le gouvernement magique qui avait pris le relais. C'était en effet pré-ado, il y avait donc moins de chance qu'il soit adopté mais la jeune femme ne pouvait pas le laisser embourbé dans ce tourment. Même s'il semblait détaché, elle savait bien que cela le travaillait, qui ne le serait pas ? Il prétendait néanmoins aller mieux et s'être fait des amis mais l'avenir était toujours incertain pour lui. D'ailleurs, les larmes finirent par monter rapidement, ce qui invalidait ses paroles précédentes. Il n'allait pas mieux, non...

"Cet enfant pensait peut-être qu'il ne faut pas te donner de faux espoirs mais en réalité, nous n'en savons rien, il est possible que l'on adopte malgré ton âge. En effet, si ça n'arrive pas, tu seras responsable de toi-même à ta majorité. Est-ce que ça te fait peur ? Qu'est-ce que tu penses de tout ça ?"

Si la sorcière pouvait, cela ne lui aurait pas dérangé d'adopter un enfant de 12 ans alors elle imaginait bien que des futurs parents pouvaient daigner poser leurs yeux sur Erik. Pour l'heure, il était important de mettre des mots sur ses émotions afin de faire le tri.

"Est-ce que tu as des amis dont tu es assez proche pour discuter ? Qui peuvent te soutenir ?" Venus souhaitait maintenant faire un état des lieux de son entourage. La première fois qu'elle l'avait rencontré il était seul et désœuvré, avoir des relations sociales étaient bénéfiques pour son développement personnel, à condition d'être bien entouré. D'autant plus que sa mère lui manquait, ce qui était normal mais c'est lorsqu'on est seul que les pensées négatives sont plus destructrices.

Le brun tenta encore une fois de changer de sujet, signe que le peu qu'il avait pu dire était déjà pénible à endurer et pour cause. La psychomage ne pouvait pas parler d'elle et faire comme si elle était l'amie de ses patients, cependant elle dérogea à cette règle en comprenant qu'il avait simplement besoin d'une présence.

"Plutôt oui, je ne suis pas partie en vacances mais ce n'est pas pour ça que c'est moins bien."

Come and take my hand, you’re safe now

Pando

Le fait est que mademoiselle Carter ne fait que son travail, mais est-ce que ce rend plaisant de devoir toujours parler de moi? Non. J'écoute ce que celle-ci me dit quant à ce qui en est de ce que l'autre adolescent me disait et j'avais pu voir dans ses yeux que ce n'était une tentative malicieuse de me faire réagir, non... C'était quelque chose de vécu qui l'avait tué un peu en-dedans et je pouvais le comprendre après avoir vu quelques enfants partir. La population magique reste une minorité bien invisible dans ce sens, n'est-ce pas? Un sorcier n'adoptera un moldu pour devoir se cacher ensuite d'être un sorcier. Ajouter que je ne suis guère d'une lignée ou même de sang-mêlé et mes options étaient bien réduites. Mais de ce fait, je n'ai contrôle de mon propre destin sur ce point, l'agence trouvera ou non un parent pour moi.

Je peux bien comprendre que la psychomage ne veut que mon bien mais est-il plaisant de tordre le couteau dans une plaie encore vive? Elle ne me juge pas, mais elle ne peut véritablement me donner ce qu'il me faut. Des conseils? J'en entends à longueur de temps de ces aînés qui semblent savoir ce qui est de ma vie. La question de la demoiselle par contre aura le mérite de me faire glousser, un son sinistre démontrant bien que ce n'est le cas.

"Je suis trop déprimant depuis la mort de ma mère alors non, je n'ai d'amis de mon âge... Surtout que les rares que j'avais qui voulaient encore bien me parler semblaient le faire par pitié et non parce que j'étais un ami pour eux..."

De nouveau de l'amertume... Je voudrais bien aller voir une des personnes qui me posent moins de questions et m'aident à anasthésier la douleur par un truc fumé... La dame va ensuite boucler par un sujet clos, me laissant voir un peu de sa vie, ce qui me fera avoir un sourire en coin.

"Ce doit avoir été plaisant malgré tout. Juste... Avoir un endroit où aller doit être merveilleux. Peut-être pris pour acquis pour les gens..."

Je soupire et secoue la tête. Celle-ci me tournait et la douleur revenait de plus en plus vive mais je refuse de me mettre à pleurer. Je baisse les yeux sur le poing que je serre avant de prendre une inspiration légèrement tremblante.

"Vous voulez mon bien.. Je sais, mais la question est de savoir.. Qui peut quoi que ce soit pour moi, vraiment, miss Carter? Vous pouvez me faire parler, je peux vous dire que je rêve encore de ces nuits que je pouvais voir ma mère. Je pourrais vous dire que je me souviens que les derniers mots qu'elle m'a dit ont été qu'elle ne comprennait ce que je vivais mais qu'elle est fière de moi. Elle était..." Je réprime un sanglot. "J'ai toujours tout fait... Je ne veux qu'entendre encore sa voix. Elle me manque et j'ai cette impression... Juste l'impression que.. que personne ne saura jamais m'aimer comme elle. Que je suis lâche d'être parti. Que je devrais peut-être..."

Je me tais, car certaines choses gagnent en puissance lorsqu'elles sont dites, mais clairement j'ai la honte d'avoir survécu à ma mère. Que celle-ci n'ait eue personne dans ses derniers instants. Je lève vers miss Carter un regard hanté, blessé... Elle voulait que je déverse le tout? Soit. De toute façon, je n'ai guère contrôle sur ce qui m'arrivera, n'est-ce pas?

"J'aurais dut être là. Je n'ai ma place ici, et je l'ai abandonnée. Et maintenant je suis seul, dans un monde qui me déteste parce que je ne suis pas sorcier d'une souche sorcier. Je dois vous parler, vous, qui ne pouvez même me parler de vous. Vous êtes gentille, mais... j'ai besoin d'une personne qui m'aime et... Et celle-ci est morte."

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Le jeune Erik était donc seul, abandonné par ses amis qui ne savaient sûrement pas comment l'approcher ou trouver les bons mots. D'un autre côté, c'était à prévoir et c'était justement ce que Venus souhaitait éviter car s'isoler n'était jamais bon. Que pouvait-il y faire ? Il ne suffisait pas juste d'arrêter de déprimer, non. Il était tout de même inutile de lui rabâcher quoi faire, à savoir s'inscrire à un club ou faire des activités de groupe car on lui avait sûrement déjà dit de le faire et il n'en avait peut-être pas envie. La thérapie était donc intéressante dans le sens où il pouvait au moins exprimer ce qu'il ressentait ici. La psychomage comprenait qu'il en attendait plus et elle essaya un autre moyen de l'atteindre.

"Nous avons en effet tous besoin d'un endroit où se retrouver, pas forcément avec quelqu'un mais un endroit où l'on se sent bien. Certains mettent des années à le trouver."

Erik faisait sûrement mention de chez-lui, de cette maison où il n'habitait plus mais ce concept allait bien plus loin pour Venus. Elle vivait à Poudlard et rentrait chez ses parents pendant les vacances mais que ce soit l'un ou l'autre, ce n'était pas vraiment chez elle alors cette dernière savait où aller pour se vider la tête. Elle ne doutait pas du fait qu'Erik allait trouver cet endroit un jour mais ce n'était encore qu'un adolescent et il ne pouvait pas encore réellement profiter de ses pouvoirs qui pouvaient l'amener n'importe où.

La tentative ne fut pas vaine puisque le jeune garçon cracha ce qu'il avait sur le coeur avec le peu de résilience qu'il lui restait et Venus resta stoïque, l'écoutant simplement afin de dégainer non pas ce qu'il voulait entendre mais ce qu'il devait entendre. Tel un animal blessé que l'on ramasse et que l'on tente de sauver, la jeune femme prit finalement la parole avec calme. Il y avait beaucoup de choses à trier, comme si elle avait un sac de noeuds devant elle qu'il fallait remettre en ordre en commençant par tirer sur une corde, puis une autre.

"Personne ne t'aimera comme ta mère, c'est un fait parce que l'amour d'une mère est indéfectible et unique, ça signifie que tu chercheras désespérément chez une personne quelque chose qu'il ne pourra pas t'offrir, est-ce que ça veut dire qu'on ne t'aimera plus jamais ? Non pas du tout, ce sera juste différent et tu seras toujours triste de ne pas avoir ta mère près de toi mais d'un autre côté tu seras heureux d'être entouré d'amour provenant d'autres personnes, que ce soit des parents adoptifs ou d'une compagne. De ce que je comprends, tu te sens coupable et peut-être même responsable de ce qu'il lui est arrivé, parce que tu étais ici, dans un monde auquel tu penses ne pas appartenir mais même si tu avais été avec elle, est-ce que tu ne serais pas senti impuissant à l'idée de ne pas avoir pu la sauver ? J'essaye simplement de t'expliquer qu'on a beau imaginer un millier de scénarios, ça ne changera pas ce qu'il s'est produit et ce n'est pas de ta faute. Tu n'as pas choisi d'être sorcier non plus mais tu étais loin d'imaginer qu'en allant à Poudlard tu allais vivre un tel drame."

Est-ce que ses paroles allaient être dures à entendre ? Oui mais Venus était là pour cette raison, ce n'était pas l'amie dont il avait besoin parce qu'elle était une professionnelle. Néanmoins, il y avait bien quelque chose qu'elle pouvait lui dire pour garder son attention.

"Je peux tout à fait comprendre ce sentiment de ne pas être à sa place et de devoir prouver qu'on a tout aussi le droit d'être là autant que les autres parce que je suis comme toi, une Née-Moldue." Libre à son patient de la questionner sur ce point, en tout cas il savait maintenant qu'il pouvait demander des conseils pour s'intégrer.

Come and take my hand, you’re safe now

Pando

J'ouvre enfin un peu la plaie, un pas dans la bonne direction, n'est-ce pas? Oui, j'ai mal et je sens encore cette douleur sourde puiser dans le plus profond de moi alors que j'expose ce que je sens et la demoiselle m'écoute, veut mon bien certes mais est-ce vraiment ce dont j'ai besoin? Je ne saurais dire, mais il est de plus en plus clair que je n'ai guère de place dans ce monde et les propos de la demoiselle me font comprendre que ce sentiment n'est pas anormal mais qu'il me faudra des années avant de retrouver un semblant de sentiment d'appartenance. Certes, je suis la mascotte de l'équipe de quidditch et on me fait sentir comme étant de l'équipe mais... Le suis-je vraiment? Je suis là, en bas, à faire les cabrioles et réagir à des exploits que j'aurais voulu faire moi-même. Donc niveau appartenance, ce n'est pas ce que je veux... Je l'écoute et baisse les yeux avant de soupirer, regardant mes mains alors que je ne veux pleurer encore... Assez de larmes.

J'ai fini de parler et vient mon tour d'écouter mais... Ce n'est pas du tout des dires plaisants. La douleur que je sens se fait plus sourde, vive... Je ne retrouverai donc jamais l'amour comme j'avais avec ma mère et de ce fait, je serais injuste de tenter de le trouver de quelqu'un d'autre? "Ce qui est juste..." je parle doucement, bien plus pour moi que pour la psychomage mais je ne vais continuer sur ce courant de pensée... Ce n'était juste d'être détesté simplement pour être un sorcier né d'une souche moldue. Ce n'était juste de me retrouver seul au monde. Ce n'était juste et pourtant nous en étions là alors que je vais joindre les mains devant moi et m'absorber dans celles-ci pour tenter de réprimer mon sentiment de douleur.

Ce me brûlait de l'intérieur et je ferme les yeux, laissant mon silence revenir. Injustice. Voilà le mot qui est le plus douloureux pour moi alors que je me retiens de prendre ce bol de friandises que la demoiselle avait mise à disposition. Ma mère ne serait heureuse que je me montre ingrat de cette bonté qu'elle veut me donner mais je sens alors quelque chose... Un froid. Alors que la douleur continue de pomper dans mes veines, celle-ci devient froide et je peux enfin poser les mains sur mes genoux. Je lève alors vers la demoiselle un regard vide et... je lui souris. Un sourire qui d'habitude aurait été bien plus joyeux mais qui n'est pas sans une certaine sincérité.

"Je comprends. On va m'aimer mais le fait est que c'est injuste. Ma mère est morte. Avoir été là, j'aurais au moins pu tenter de la sauver mais je n'étais là. Je n'ai rien trouvé pour remonter le temps pour aller corriger ce qui est une erreur alors... Quoi? Dois-je simplement continuer d'avancer et espérer qu'un jour on m'accepte? Parce que je n'ai envie de celà. Si c'est pour faire aussi mal... Peut-être est-ce que je devrais rester seul."

Je sens la douleur continuer de glacer quelque chose en moi, une partie de moi vient tranquillement de rendre les armes alors qu'elle me parle qu'elle-même est née moldue mais... je vais secouer la tête. Est-ce qu'elle voulait que je demande conseil alors qu'elle ne peut parler d'elle-même? Je vais tendre la main et prendre un bonbon pour l'enfourner dans ma bouche et m'adosser dans le siège, faisant face à... Quoi, exactement? L'espoir? L'espoir de quoi? Qu'on cesse de rire de moi? Qu'on arrête de me prendre de haut? La glace continue de gagner sa place dans mon être entier alors que je déglutis pour avaler la friandise puis.. Eh bien, je vais poser une question.

"Vous avez aussi connue la haine parce que vous n'êtes pas digne d'être sorcière, mais au final, je ne peux rien faire de plus que tenter d'être au-dessus de tout cela, n'est-ce pas? Encore à moi d'être plus grand, parce que ce n'est pas que les étudiants mais tout le monde qui va continuer de dire que je n'ai de place. Mais depuis la mort de ma mère, ce n'est que plus vrai. Ma mère n'est plus, et je dois faire ma place. Est-ce que je devrais faire plus d'efforts et commencer à lancer des sorts à ceux qui me font du mal? Ma mère disait que d'aller oeil pour oeil laissera le monde aveugle, mais peut-être devrais-je aveugler les gens que d'encaisser encore et encore..."

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Erik se contenait mais Venus voyait bien que ses propos l’avaient blessé. Enfin, ce n’était pas ses paroles en elles-mêmes mais plutôt la réalité de la situation. Il continuait de lutter contre et elle n’y pouvait rien, il ne suffisait pas de lui dire d’arrêter après tout. Le fait de tout garder en soit n’était pas bon mais l’adolescent n’avait peut-être pas envie de faire étalage de sa souffrance. Ce n’était pas un exercice facile, il fallait vraiment être en confiance pour cela.

“C’est injuste, oui… Si être seul c'est ce dont tu as besoin ce n’est pas une mauvaise chose mais est-ce réellement le cas ? Les liens se tissent et se cassent ou durent, cela fait partie de la vie mais si on ne tente plus rien, on se retrouve seul, ce qui n’est pas moins douloureux.”

Le Poufsouffle fit part ensuite de ses interrogations sur le harcèlement qu’il subissait, un point qui n’avait pas été remonté. Venus se reconnaissait bien là et si au début elle se laissait faire, elle avait fini par répondre à ses détracteurs. Néanmoins, elle avait reçu l’aide d’une de ses professeures, elle n’aurait pas réussi seule et elle n’aurait fait que sombrer dans la haine.

“Non il ne suffit pas de te dire d’être plus grand ou d’ignorer et c’est d’ailleurs aussi la responsabilité de l’école de faire en sorte que cette guerre entre sorciers cesse mais la direction ne voit pas tout. J’ai dû travailler plus que les autres pour prouver que j’avais ma place, c’est vrai mais aussi pour avoir mon diplôme, j’étais en retard par rapport aux autres et je ne voulais pas gâcher ma scolarité pour des idiots. Il y en a certains sur qui j’ai lancé des sorts, je l’avoue… Rien de bien méchant mais ça suffisait à montrer que ma baguette n’était pas inutile. Je ne dis pas qu’il faut le faire mais qu’est-ce qui compte le plus dans ta propre vie ? Réussir tes ASPICs ou blesser les harceleurs qui essaieront de te faire renvoyer ? Tu n’as pas à te laisser faire non plus, tu as le droit de te défendre que ce soit en leur donnant une leçon ou en les dénonçant à tes professeurs.”

Come and take my hand, you’re safe now

Pando

J'écoute de nouveau la demoiselle qui est bienveillante mais qui n'est pourtant pas une aide sinon à me faire réaliser combien le monde est impotent face à la douleur, face à la perte de ceux qui nous sont chers. Elle parle de liens qui se tissent, de liens qui se brisent mais est-ce qu'elle mesure exactement ce qui en est de moi? J'ai eu la chance de voir ma mère une dernière fois avant qu'elle ne soit réduite en cendres puis mis en terre froide. J'ai vu les gens commencer à fuir ma présence lorsque mon sourire n'était plus aussi radieux, aussi gentil et bienveillant. On m'a retiré une partie de moi, mon insouciance, ma confiance que tout finirait par bien aller puisque je savais mieux ce que le monde était.

Injuste.

Elle me parle de solitude et je la regarde en silence, laissant le poids de mon regard sur elle dans un silence, la laissant élaborer sur le fait que nous finirons sans doutes par être seul si nous ne pourchassons pas les autres mais est-ce que c'est un effort que je veux vraiment faire? Je songe à Shae, mon "amie" mais j'apprécie sa présence pour son silence et la capacité de ne pas être seul mais ne pas me faire non plus harceler ou regarder comme une bête de foire. Je suis seul, même dans une foule puisque je suis isolé mais est-ce que c'est véritablement de mon propre fait? J'en doute... Les gens me fuient et je fuis les gens comme je refuse de voir la réalité pour ce qu'elle est.

Je sens encore sous la surface la colère mais celle-ci continue de me brûler de l'intérieur alors que je ferme les yeux. Les larmes vont venir puisque je sens que cette femme ne comprend pas réellement, qu'elle veut bien faire mais son attitude est si... Froide. Pratique. Elle est dans la logique alors que je subis les pires instants de ma vie. Je sens cette envie de crier mais je sens aussi ma gorge se serrer de penser le faire, mes émotions dans le plus grand chaos que j'ais connu. Aider les autres est si facile alors que s'aider ne l'est.

Je parle ensuite de rendre coup pour coup, mais visiblement ce n'est ce que la demoiselle avait voulu dire, m'expliquant son propre vécu mais de nouveau nous sommes dans une impasse, elle avait un lieu pour se réfugier, elle savait qu'elle serait entourée d'amis et visiblement même un enseignant alors que pour ma part je subis ces répliques encore et encore, et je vois bien la haine dans les yeux de certains enseignants qui semblent penser que je ne vaux pas plus que la terre sous la semelle de leurs souliers.

"dénoncer semble ne rien faire, puisque ce tombe dans ma parole contre la leur. Personne ne va défendre un sang-de-bourbe et j'ai même eu le plaisir de me le faire dire par ceux-ci après que j'ais tenté. J'ai même tenté d'enregistrer mais la machine ne fonctionne dans Poudlard, alors je crois bien que je vais devoir commencer à répondre aux répliques par des sorts. Vous en auriez un de vicieux qui assurerait qu'on arrête?"

Je secoue la tête négativement, je sais bien qu'elle ne me donnera un sort à lancer sur qui que ce soit. Elle veut m'aider, après tout, à mieux gérer mes propres émotions. Mais le fait est que j'ai besoin de temps... puisque personne ne semble avoir un grand intérêt pour moi.

"J'en ai marre... Je n'ai rien demandé à personne et je m'applique au point de ne dormir la nuit pour avoir les meilleures notes possibles mais tout ce que ce fait semble être qu'on se moque encore plus. J'en ai marre d'être vu comme moins... J'en ai marre de toutes ces injustices..."

Codage par Libella sur Graphiorum

La conversation avait dévié sur le harcèlement que subissait Erik à cause de son sang, en plus de devoir gérer le deuil de sa mère. Cela faisait beaucoup pour un jeune adolescent en pleine construction. Quel adulte allait-il devenir ? Venus essayait de l’aider comme elle le pouvait, jusqu’à avoir parlé de son propre passé mais la situation n’allait pas changer en un claquement de doigt.

“Ça ne peut tout de même pas durer, avec ou sans preuve et si effectivement tu en venais à utiliser des sorts, c’est toi que l’on chassera et il en est hors de question. Je peux t’accompagner jusqu’au bureau de la directrice s’il faut, je ne pense pas que l’on doutera des paroles d’un membre du personnel.”

Ce n’était pas normal de laisser cet orphelin sans surveillance, un préfet pouvait l’accompagner en cours s’il le fallait. Comment se faisait-il que la direction l’avait abandonné ? Attendait-elle un drame ? Les élèves étaient nombreux, c’est vrai mais certains cas étaient plus urgents que d’autres. Le fait d’être soutenu par des adultes ou des élèves plus âgés pouvait même améliorer son état plutôt que de lui faire ressentir qu’il n’était rien. C'était rageant.

“Je te comprends…” Souffla-t-elle en réponse au cri de douleur du jeune garçon. Elle ne connaissait que trop bien ce sentiment. Néanmoins, elle avait toujours sa famille qui la soutenait. Elle chercha son regard et garda son attitude bienveillante.

“Je peux aussi aller voir tes professeurs si tu le souhaites pour qu’ils gardent un oeil sur toi et comprennent la situation dans laquelle tu es.” Ils ne pouvaient pas le noter ou le traiter comme n’importe qui tout en sachant ce qu’il vivait mais Erik souhaitait peut-être faire profil bas.

“C’est très courageux à toi de m’avoir parlé de tout ce que tu ressens mais je ne t’imposerai pas d’en parler à qui que ce soit si tu ne le souhaites pas.”

Les séances étaient normalement confidentielles mais qui serait-elle si elle laissait le Poufsouffle partir et simplement passer à un autre patient comme si elle ne savait rien ? Non, la situation pouvait vraiment dégénérer. La jeune femme lui donna ensuite un mouchoir pour éponger les larmes qui avaient coulé. Elle voyait bien qu’il se retenait.

“Tu as le droit de pleurer, de crier, de casser quelque chose… Personne ne te jugera ici, ça peut même te faire du bien.”

Come and take my hand, you’re safe now

Pando

Est-ce que ce me réconforte de savoir que j'avais raison sur le fait que je ne pouvais me défendre de mots sinon qu'en les ignorant ou tentant de jouer à rapporter quoi que ce soit. Je me souviens bien de ce qui arrive aux étudiants qui rapportent aux enseignants de mes années dans les écoles moldues et les bannissements sociaux de ceux qui le faisaient. Je regarde la dame qui me fait face qui disait savoir ce qui en est puisqu'elle est aussi d'origines modestes comme les miennes mais est-ce que ce fait trop longtemps qu'elle a été à l'école pour s'en souvenir? "Snitches get stitches..." Un dicton très bien pour résumer quoi que ce soit quant à l'éducation moldue et je suis déjà assez isolé et les rares personnes que j'apprécie autour de moi sont des gens qui n'aimeraient que je rapporte quoi que ce soit au corps enseignant... Et je n'ai envie de perdre ces rares personnes. Bon, est-ce que ces relations sont les meilleures? Je m'en moque, J'aime bien rire avec ces personnes plus vieilles et fumer avec Shae me permet de ne rien sentir... ou du moins amoindrir le tout au point que ce ne me fasse plus mal.

Cela dit, ces mots vont aussi bien faire comprendre à la psychomage que je n'ai parlé à personne. Peut-être que cela est tout dans ma tête, peut-être suis-je simplement en train de perdre l'esprit et que rien ni personne ne pourra me sauver de moi-même. Cela sera sans doutes de quoi me faire devoir venir la voir mais dans le fond, est-ce que j'ai véritablement la moindre importance? Peut-être au fond que le monde parlent entre eux et que j'entends des trucs. Peut-être que je pourrais disparaître et que rien ne changerait.

Oui, mon moral peut tomber bas et je sens une nouvelle salve de larmes commencer à monter et je ne vais même pas prendre la peine de feindre qu'elles ne sont là, laissant celles-ci couler alors que je préfère tranquillement remonter mes talons contre mes fesses et passer mes bras autour de mes genoux, trouvant un certain réconfort là en me sentant mieux protégé, comme si je pouvais disparaître du monde. Je regarde la dame qui me propose de parler aux enseignants et je secoue la tête négativement. Non... Je n'ai envie d'impliquer davantage d'enseignants dans le tout. Je ne veux être pris en pitié. Je ne veux d'excuses, je veux passer et tout faire de mon propre mérite.

Ensuite vient ce que demande la dame qui me fait sourciller. Elle parle de crier et casser quelque chose et l'image me fait frissonner. Je ne vais cependant refuser de ce signe de la tête qu'elle connait maintenant du fait que je ne suis pas au mieux et le refus qui indique souvent le début de la fin de nos sessions, lorsqu'elle me laisse enfin partir. Je vais avec prudence déplier mes bras et m'assoir convenablement, regardant celle-ci et tendant la main vers la tasse qui contenait encore un fond de liquide chaud.

L'image vient dans ma tête, claire comme si elle était déjà réalisée. La tasse volant vers le mur, éclatant, éclaboussant tout. Une marque de mon passage, aussi temporaire soit-elle. Mais ce qui vient avec sera ce qui fige ma main et me fera me reculer comme si la tasse venait de se transformer en un animal venimeux de la pire espèce, mon regard allant vers ma main avant que je ne parle d'une voix douce et tremblante.

"Je... Si je commence, je... Je ne sais ce qui va arriver."

Je sens cette porte sur la colère qu'elle m'offre mais... Je la regarde, implorant. La peur pure et dure de quelqu'un qui sait que la perte de contrôle serait totale... et pourrait blesser quelqu'un. J'en suis à ce point mais à peine assez en contrôle pour ne pas craquer. J'ai mal... Et je veux faire mal. Je veux détruire. Je veux hurler. Je veux tout laisser sortir mais... Est-ce que j'arrêterai?

Codage par Libella sur Graphiorum

Venus avait proposé à Erik de parler de son harcèlement à la directrice de l’école et même à ses professeurs mais elle comprit qu’il avait peur des conséquences. C’était normal, c’était d’ailleurs ce qui empêchait les victimes de parler. Pourtant, cela pouvait aider mais elle ne pouvait pas l’y forcer, c’était contre productif.

“Ce n’est pas de la délation, si tes camarades ne sont pas capables de comprendre que le harcèlement est une mauvaise chose alors ils ne sont pas faits pour toi. Quant à ceux qui voudraient te faire du mal, ils suivraient le même chemin que les autres.”

C’était là les paroles d’un adulte rationnel mais les adolescents pensaient souvent différemment et elle le savait. Elle pouvait toujours retenter plus tard. La jeune femme avait ensuite proposé à l'élève de lâcher tout ce qu’il ressentait et elle crut un instant qu’il allait le faire mais il semblait lui-même effrayé par cette colère. C’était vertigineux oui et il était sûrement préférable d’en faire l’exercice ailleurs finalement.

“Je te propose la prochaine fois que la séance ait lieu à l’extérieur, j’ai une idée pour toi. Il n’y aucun risque, je serai là de toute façon.” Dit-elle avec bienveillance.

La psychologie avait ses limites et il existait d’autres méthodes un peu moins conventionnelles pour avancer. Venus n’avait pas peur des moqueries ni du jugement, elle aidait simplement les élèves comme elle le pouvait.

“En attendant, je vais te donner ça.” Dit-elle en se levant. Elle ouvrit son armoire et en sortit une potion qu’elle posa face à Erik. “Ça te calmera un peu, il n’y a que des plantes ne t’en fais pas. Bois en un verre le matin après le petit déjeuner et le soir avant de te coucher.”

Venus n’était pas médecin mais ayant une formation en médicomagie, elle avait appris à fabriquer des potions qui faisaient office de compléments alimentaires chez les moldus, en plus efficaces.

Come and take my hand, you’re safe now

Pando