L’interview avec Magnus Sorensen s’était déroulé sans encombre et si Blake critiquait ouvertement les compétences professionnelles de très nombreux sorciers au ministère, elle ne pouvait nier que l’Oubliator s’était montré des plus habiles. Enfin un peu de compétence dans l’imperfection! Sans parler qu’il était de sang-mêlé, chose encore plus perturbante en considérant que de nombreux sangs purs travaillaient dans le même département, sans en avoir l’éloquence. Alors que la brune entrait dans l’ascenseur pour rejoindre le rez-de-chaussée, elle replaçait sa plume et son carnet de notre dans son sac à main, inattentive à la conversation d’un duo à ses côtés, jusqu’à ce qu’un nom familier ne soit énoncé.

-Vous avez vu le nouveau directeur du département de la justice magique ?
- Hm... Oh ! Amadeus Avery ?!
- Ouiiii, ce pauvre homme qui a perdu sa femme. Il est veuf avec trois enfants parait-il !
- Oh... le pauvre ! SI beau, il retrouvera aisément une épouse !
- N'est-ce pas ? J'ai entendu dire qu'il ressortait d'une grande réunion, on pourra peut-être le croiser, qui sait...
- Ce serait une chance !

Si Blake n’aimait pas écouter aux portes, enfin si, elle adorait même… Elle se montrait alors des plus attentives. Ce nom faisait alors surgir de sa mémoire des souvenirs de peine, de haine et de douleur… Serrant très fortement la mâchoire, elle se rappelait encore très bien des traits de son ex-amant, de sa voix, de ses caresses. Elles n’avaient pas besoin de parler de sa beauté, Blake s’en rappelait très bien! Ce petit enfoiré avait toujours tout eu pour lui. L’élégance, l’éloquence et surtout, l’ambition… La brune lui en voulait-il de l’avoir abandonné, alors qu’elle était enceinte de Ivy, pour une sang pure plus fortunée et influente? Oui, la sorcière n’avait qu’une seule envie à ce moment présent, le faire brûler dans les décombres de sa colère et de sa rancune. Hypocrite? Totalement, parce que à en avoir eu l’occasion par le passé, elle aurait eu le même raisonnement que ce dernier. Si un homme plus fortuné et influent l’avait approché, elle aurait aussi pris le large pour quitter Amadeus. La seule différence entre eux à ce moment était qu’elle portait leur enfant en son être et n’aurait jamais eu cette opportunité. Enfoiré.

Pourquoi devaient-ils sortir au département de la justice magique? Blake maudissait le destin à ce moment, croisant ses doigts pour ne pas le croiser, espérant que ce rat d’Amadeus travaillerait dans un bureau cloîtré… Mais non, encore une fois, le Destin choisissait de s’opposer à sa volonté.

-C’est notre jour de chance! Je ne croyais pas le croiser aussi tôt!
-Allons nous présenter, cela fera bonne figure!

Le duo marchait alors vers ce sorcier qu’elle avait tant aimé, Amadeus. Cet homme qui lui avait brisé le cœur, qu’elle avait alors reconstruit sur des valeurs féministes pour se créer une armure d’indifférence au sexe masculin… Des années de préparations, des années à se protéger! Des années qui tombaient presque en cendre lorsque leurs regards se croisaient. Il n’avait pas changé et les années ne l’avaient qu’embelli… Ses poings se serraient le long de son corps, alors qu’elle baissait soudainement la tête et contractait la mâchoire. Elle s’était toujours demandé comment qu’elle réagirait s’ils devaient se revoir, s’était préparé plusieurs répliques cinglantes en prévision… Et voilà qu’elle n’avait que l’envie de le consumer avec ses flammes et de partir loin de lui. Pathétique! Redressant la tête avec confiance et arrogance, elle reprenait alors sa marche vers l’une des cheminées, sans toutefois le quitter du regard. Non, elle voulait qu’ils perçoivent sa colère à travers son indifférence. Mais pourquoi diable replaçait-elle ses cheveux quand même?! Comme si elle en avait quelque chose à faire de son image face à ce dernier.

Son regard dans celui d’Amadeus, elle eut le temps de le voir formuler à voix très basse un mot sur ces lèvres, le temps d’en comprendre la signification, son corps cessait alors tout mouvement. Si elle n’avait pas été immobilisée, la réaction de la sorcière aurait alors été à la hauteur de sa colère. Comment avait-il osé?! Elle avait tenté d’éviter la confrontation et voilà qu’il usait de magie pour la retenir… Peut-être aurait-elle du le transformer en feu de joie lorsqu’elle en avait la chance finalement, au risque de terminer à Azkaban avec les autres Nott. Son regard tentait de l’incendier sur place lorsqu’il s’immobilisait près de la sorcière. La formule pour la libérer était murmurée, puis ils transplanaient ailleurs.

Un léger grognement plaisant lui échappait lorsque son dos heurtait ce mur frais. Fermant brièvement les yeux, elle se mordait la lèvre inférieure sous les mains qui maintenait ses hanches en place. Puis sa voix résonnait… Un timbre qu’elle n’avait pas entendu depuis bien longtemps et qui résonnait en elle dans une douloureuse mélancolie. Ouvrant les yeux, elle posait de nouveau son regard sur ces traits, toujours aussi agréable à regarder. Alors qu’elle avait toujours pensé qu’elle tenterait l’assassinat en se retrouvant près de lui, au contraire, la sorcière se retrouvait alors à lui adresser un sourire malicieux en retour.  

-J’ai naïvement cru que tu serais obnubilé par des poules pondeuses de bas étage… Il faut croire que les années t’ont offert un soupçon de jugement.

L’idée de lui envoyer un coup de genou sur ce lieu qu’elle avait tant visité par le passé avait traversé son esprit, mais le sorcier avait agi en prévision. Les doigts venant caresser sa taille, leurs nez se frôlant dangereusement… La distance entre leurs lèvres devenait minime, au point qu’elle ressentait le souffle chaud sur son visage avec une certaine appréciation. Les mots qu’il prononçait arrivaient tout de même à la faire sourire, alors qu’elle en était flattée sans l’avouer ouvertement. Non! Elle ne devait pas pactiser avec l’ennemi! Mais ce regard… Cette lueur… Elle avait tant apprécié en être recouverte par le passé. Les doigts qui caressaient sa taille étaient un encrage à la réalité, alors que la sorcière se retrouvait submergée par les émotions et les souvenirs. Un flot de nostalgie, des souvenirs envahissant son être en masse et un manque… Un vide qu’elle avait rempli avec toute sa haine, qu’elle avait compensé en devenant une féministe de premier ordre… Défiant l’éducation qu’elle avait reçue en devenant chef de sa famille, alors qu’elle avait clamé haut et fort ne pas avoir besoin d’homme dans sa vie. Des années à jouer de son arrogance et de son caractère pour se frayer un chemin dans la vie… Et voilà qu’un simple regard, un minime toucher et une légère brise la déstabilisaient complètement. Elle en avait envie, juste quelques secondes… En souvenir du bon vieux temps… Et c’est ainsi que ses lèvres rencontraient celle d’Amadeus. Si le contact était chaste la première seconde, il s’enflammait rapidement. De nature passionnée, le corps reprenait ses droits, alors qu’elle enroulait ses bras autour du cou du sorcier. Approfondissant le baiser comme si elle y cherchait un trésor, perpétuant le contact comme s’il était son oxygène. Et ce n’est qu’une fois à bout de souffle, qu’elle reculait doucement son visage en inspirant longuement, les yeux fermés et la tête appuyée contre le mur derrière elle. Venant se lécher la lèvre, la brune posait de nouveau son regard sur le sorcier, confrontant son regard, alors qu’elle murmurait en retour,

-Tu as toujours eu un petit quelque chose de magique… Je remarque que tu as toujours une aussi belle verve.

Quelque chose de magique, de physique… Il y avait toujours eu une sorte de charme ésotérique entre eux, quelque chose qui s’expliquait difficilement et se ressentait uniquement. Mais la réalité revenait à la charge. Ce baiser avait beau avoir été des plus agréables, tout comme le contact de l’homme contre elle… Il l’avait abandonné pour une femme plus riche et influente! Il ne pouvait pas revenir comme ça, aussi facilement et s’en sortir indemne. Approchant de nouveau son visage, comme pour déposer un second baiser… Elle venait alors mordre sa lèvre inférieure plutôt fortement, presque au point de verser du sang et grondait alors d’un ton colérique, les sourcils froncés,

-Tu crois que j’ai oublié? Tu es parti, me laissant seule et enceinte avec notre fille. Fille que tu n’as jamais cherché à rencontrer d’ailleurs! Fort heureusement, elle a hérité de mon caractère et à su se hisser vers les cieux sans une aide paternelle.

S’il y avait eu des flammes dans la pièce, elles auraient facilement doublé de taille.

Oui, il était décidément encore plus charmant qu’à l’époque… Aussi venimeux que les pensées impures qui traversaient son esprit corruptible, alors que leurs corps étaient si près l’un de l’autre. Mais cela avait toujours été un jeu passion entre eux… Elle avait toujours été les flammes et lui, le combustible. Amadeus avait toujours eu les mots pour la faire flancher, les sourires pour la faire rire et les toucher pour la faire fondre. Cela, la sorcière en était consciente, il était sa Némésis et son équilibre à la fois. Ho, elle avait su faire sa vie sans lui! Profiter de son existence, faire grandir sa famille et avoir une carrière non négligeable… Mais elle n’avait jamais réellement pu l’oublier, même si elle le haïssait en même temps. L’amour était après tout, bien près de la haine.

La sorcière l’avait mordu et en avait tiré une certaine satisfaction, mais ce n’était pas assez. Cet acte était loin d’être à la hauteur de la souffrance qu’elle avait ressentie durant des années. Le brûler vif restait peut-être réellement la seule solution? Son grognement de douleur avait éveillé une partie d’elle… Oui, elle se donnait le droit de le blesser, mais pensait qu’elle le méritait. Après tout, il revenait comme si rien ne s’était passé et voilà qu’il la provoquait en prime! Elle répondait alors d’un ton malicieux avec un sourire en coin,

-Ho…Amadeus… Mes flammes sont à la hauteur de mon élégance. J’aurais bien désiré t’en montrer l’ampleur après autant d’années, mais il faut croire que tu as préservé ton esprit de conservation.

Ses doigts venaient tracer la courbe de sa mâchoire, faisant échapper un soupire très discret à la sorcière. Non, elle ne fermerait pas les yeux en se laissant aller aussi facilement. Oui, ses hormones criaient justice et lui guidait de se laisser aller dans ses bras… Mais sa raison et sa rancœur restaient bien présentes. De quoi aurait-elle l’air? Que penserait sa fille si cette dernière la voyait ainsi faiblir, face à l’homme qu’elle avait tant injurié durant de nombreuses années? Qu’elle avait refusé de lui nommer? Mais voilà que Blake se retrouvait sans mot durant quelques secondes. Il n’avait jamais cherché à la rencontrer, mais effectivement, elle remarquait que l’homme avait tout de même gardé un œil sur sa progéniture. Il connaissait plusieurs informations sur Ivy et cela, Blake en était surprise. Elle n’aurait pas du, connaissant ce dernier, elle aurait du prévoir que son sens de la famille était plus fort que leur séparation. Parce qu’après tout… Il avait toujours été des plus dévoués aux siens et protecteurs. Il perdait un peu en médiocrité, alors que ses épaules se détendaient un brin. Et même si cette arrogance aurait dû l’énerver, non, elle l’appréciait au contraire et répondait alors d’un ton taquin,

-Je devrais te féliciter d’avoir agi un minimum comme un père? J’imagine que tu as gardé un œil sur moi également, dans l’ombre? Ivy a jusqu’à ses 21 ans pour se trouver un partenaire qui sera à la hauteur de ses attentes.

La cuisse relevée, le dos légèrement arqué et leurs bassins l’un contre l’autre… Elle retenait tout soupire, alors que le souffle chaud d’Amadeus venait caresser la courbe de son cou. Ce lieu bien sensible de son être et il le savait! Un long frisson parcourait son épiderme, alors qu’elle fermait doucement les yeux en se mordant la lèvre inférieure. Ses doigts s’enfonçaient alors plus fortement dans la chair de ses épaules, alors qu’elle se concentrait à retenir toute réaction. Hors de question de lui offrir cette satisfaction, même si son corps mentait de par lui-même… Un nouveau frisson lui échappait, suivi d’un rire franchement amusé aux mots de ce dernier… Redressant la tête, elle posait une main dans la chevelure du sorcier pour garder son visage sur son cou, source de plaisir et signe de possession, avant de murmurer en retour d’une lueur passionnée,

-Ho… Si nos places avaient été inversées… Je t’aurais brûlé les ailes et peut-être t’aurais-je laissé avec une seule patte pour pouvoir continuer de ramper…

Relâchant la chevelure du sorcier, elle posait de nouveau cette main sur ses épaules, croisant ses mains derrière son cou. Posant son regard dans le sien, elle demandait alors d’un air mesquin, témoignant de sa colère encore bien présente,

-Ces dernières années ont été plaisantes au moins? Où t’es-tu servi de ce qui t’a servi de femme comme volaille uniquement pour avoir une descendance?

Son bassin toujours contre le sien, elle en accentuait la pression, enroulant alors sa jambe relevée autour de ses reins, comme pour le retenir. L’insulter tout en lui témoignant du désir… Mais quelle idée tordue lui traversait alors l’esprit! Fuir avant de succomber était le choix le plus intelligent, choix qu’elle n’envisageait pas pour le moment.

La sorcière offrait un sourire des plus malicieux aux mots de l’homme… Prenait-elle beaucoup trop de plaisir à entendre son malheur durant trop d’années? Peut-être… Son sadisme étant stimulé par de la rancœur et de la douleur, alors qu’elle continuait de l’écouter avec une attention presque malsaine. Savoir que sa remplaçante n’avait su le rendre heureux venait pallier légèrement à son égo meurtri, qui était réconforté face à un simple fait… Il ne l’avait pas oublié malgré tout. Fière, elle connaissait sa valeur. Blake n’était pas du genre à manquer de confiance en soi et encore moins, à douter de ses décisions. Toutefois, lorsqu’il s’agissait d’Amadeus, elle s’était toujours sentie plus détendue, comme si elle pouvait se permettre de détourner le regard quelques instants, sans se faire poignarder dans le dos.

Puis venait le doux murmure à son oreille. Un nouveau souffle chaud qui la faisait frissonner, alors qu’elle fermait les yeux pour se concentrer uniquement sur le son de sa voix. Les insultes allaient et c’est avec une certaine appréciation qu’elle souriait face à cette méchanceté. Puis venaient les compliments… Pendant qu’il ne pouvait la voir, placé de la sorte… Elle se mordait doucement la lèvre inférieure, laissant sa rancœur rentrer peu à peu dans sa coquille. La sorcière était si faible à son charme… Cela avait toujours été le cas! Il avait toujours eu le don d’apaiser ses colères, de jouer avec ses flammes sans se brûler et il le devait à son charisme épatant. Alors qu’il se redressait, elle retrouvait un air des plus fiers, fixe et capturait son regard du sien.  Parce que cela restait après tout un jeu de pouvoir, cela avait toujours été le cas! Et même si elle avait souvent perdu par le passé, cela n’avait jamais été sans livrer bataille.

-Hm… Les compliments aident à apaiser ma rancœur. Continue.

Et elle n’était pas déçue. Ce même brasier qui ne s’est jamais éteint… Elle en était tellement surprise, que les sourcils de la sorcière se haussèrent, avant de se froncer doucement. Venait-il de lui avouer qu’il ressentait toujours des émotions à son égard? Autre qu’avec son membre? Blake l’interprétait ainsi, Amadeus n’ayant jamais été quelqu’un de réellement tendre ou mielleux… Et c’est exactement cette franchise, cette relation sans masque ou camouflage qui l’est avait rapproché. La possibilité d’être des monstres, d’être cru, soi-même et ce? Sans être jugé par l’être aimé. Ils se retrouvaient dans cette complicité, sachant très bien qui ils étaient derrière leurs sourires hypocrites en public. Voilà comment elle avait appris à décoder le langage de ses émotions et comment il avait appris le sien. Et connaissant sa fierté, elle ne le forçait pas à répéter. Cela venait déjà d’être un bon pas exécuté de sa part, un coup de maître dans la psyché de la sorcière. Elle retrouvait alors un sourire malicieux, avant de murmurer en déposant un baiser sur ses lèvres,

-Et si on continuait chez moi, plutôt…

Sans réellement lui demander son consentement… Blake kidnappait alors le Directeur du Département de la Justice Magique, l’amenant hors de ses fonctions ou de son champ de prédilection. Transplanant jusqu’à son domicile, le manoir Nott. Luxueuse demeure, qu’il avait de nombreuses fois visité par le passé. Le tout avait changé depuis, les décorations devenant plus modernes… Mais tout était toujours aussi propre, rangé et impeccable. Apparaissant sur le lit de la sorcière, elle-dessus… La brune prenait alors un air faussement innocent, alors qu’elle demandait,

-J’espère que tu n’avais pas de rencontres dans les prochaines heures? Je ne voudrais être accusée d’avoir séquestré contre son gré un représentant du Ministère de la Magie.

Dégainant sa baguette de sous son veston, Blake pointait alors le foyer et envoyait une petite flamme sans prononcer l’incantation. Posant son regard vers Amadeus, une lueur apparaissait dans son regard… Menaçante pour n’importe qui ne la connaissant pas… Pourquoi ne pas le brûler vif maintenant qu’elle en avait la chance? Tout simplement parce qu’elle avait envie d’être consumée par ce dernier. Être de pulsion, être de passion… L’envie de rattraper les années était forte, tout comme le besoin de chair. Elle n’avait eu d’autres hommes dans sa vie après le sorcier, n’avait eu que ses mains pour se satisfaire… Elle ne laisserait pas passer cette occasion. D’un petit mouvement de la main, comme si elle élevait cette dernière vers les cieux, elle augmentait l’intensité du feu, de façon à en ressentir la douce chaleur, avant d’abaisser cette dernière pour la poser près de la tête du sorcier, sa baguette se retrouvant perdue quelque part dans les oreillers. Assise sur Amadeus, la brune se penchait alors vers ses lèvres, frottant son bassin contre le sien, alors qu’elle lui dérobait un nouveau baiser. Puis un second. Puis un troisième! De moins en moins chaste, jusqu’à devenir langoureux, ardant comme le fond de son désir.  

Seize années à rattraper… 192 Mois… Oui, une simple nuit n’allait pas réussir à éteindre l’incendie qui s’était créé en son être. Comme un manque, un craving, alors qu’elle rampait la queue entre les jambes d’avoir succombé aussi finalement. L’orgueil piqué avait manifesté son mécontentement par un faux dégoût. Puis de la colère, colère envers Amadeus, douce réflexion de la haine de sa propre faiblesse. Elle était une Nott, une femme de caractère, directrices d’un journal populaire… Femme forte, puissante, elle avait élevé une fille merveilleuse, seule… Sœur attentionnée, elle veillait sur Christopher malgré ses tendances masochistes. Oui, pourquoi s’infliger d’endurer des enfants à longueur de journée et plus particulièrement… Que pouvait-il bien trouver aux moldus?! Enfin, cette question serait pour une autre fois. Chaque fois qu’elle avait revu Amadeus, elle était retombée dans ses patterns. Chaque fois qu’elle s’était préparée mentalement à lui annoncer qu’ils ne pouvaient plus se voir, ou qu’elle voulait le brûler… Et bien, elle s’était retrouvée dans une danse fulgurante. Maudite qu’elle était, maudit qu’était son charme, tout comme le début de leurs relations, lorsqu’il l’avait abandonné.

Mais les jours passaient, les semaines… Ivy posait des questions, sa fille étant des plus intelligente et perspicace. Blake savait qu’elle ne pourrait lui cacher la cruelle vérité éternellement : Maman est désolée, elle est guidée par son vagin brûlant d’hormone. Avouer sa réelle affection pour l’homme? Hors de question de lui offrir autant de pouvoir sur elle… Alors, elle continuait de le voir en cachette, à l’abri de l’opinion de sa famille, même si cette dernière devait bien s’en douter. Elle ne savait pas comment ils en avaient pu en arriver là, mais commençait à comprendre certaines choses. Ils se comprenaient, s’acceptaient pour qui ils étaient réellement. Amadeus ne questionnait jamais ses sorties nocturnes malgré son allégeance au ministère, il jouait dangereusement sous la table de certains bureaucrates…  Ils s’acceptaient malgré leurs vices, leurs perfidies et leur malice… Trouverait-elle un homme qui l’aimerait de cette façon un jour? Non… Voilà ce qu’était l’amour, une relation authentique entre deux êtres, s’acceptant pour qui ils étaient. Pourquoi culpabilisait-elle autant alors? La peur, la crainte de le voir de nouveau partir. La peur de l’attachement, de le voir se marier de nouveau à une femme plus fortunée et influente. Pourtant, cela ne serait aucunement stratégique présentement! Mais elle ne pouvait empêcher ses pensées en accéléré de parfois y songer.

Son mois de Février était chargé et elle avait peu de temps pour elle. Depuis quelques jours, elle avait des nausées le matin. Cela ne devait qu’être la fatigue. Puis une deuxième semaine s’entamait, démarrant avec des vomissements. Miam. Elle devait couver quelque chose. Loin d’être hypocondriaque, Blake attendait encore quelques jours, avant de consulter un Médicomage chez elle. Puis venait une hypothèse, était-elle enceinte? Pour dire vrai, cela n’avait même pas effleuré son esprit, tant la possibilité était peu crédible. Elle faisait alors une batterie de tests et le verdict retombait… Enceinte d’environ un mois et demi. Cela la surprenait tant, qu’elle n’eut comme réaction que de hocher la tête en échappant un petit ‘’ Hmm… ‘’. Oui, elle avait besoin d’un verre… Ha non, pas de Whisky quand on est enceinte! Blake restait bien discret quant au père et payait grassement le sorcier pour ses services, question d’acheter son silence. Bon venait le temps de l’annoncer au seul et possible père, Amadeus. Comment s’y prendre? Allait-il encore fuir ses responsabilités? Non, il avait pris ses responsabilités d’héritier par le passé… Il n’avait pas répondu à son devoir de père auprès d’Ivy toutefois. La sorcière envoyait donc un Hibou à l’homme, l’invitant à souper.

La salle à manger des Nott était plutôt luxueuse, comme bien des domaines de sang pur. Ils étaient seuls, Blake ayant demandé aux elfes de maison de se tenir à l’écart pour la soirée. Ivy était à Poudlard et le repas était sur la table. Se servant une portion de bœuf avec de la salade, la sorcière relevait son regard sur le sorcier, un petit sourire amusé sur les lèvres. Ils conversaient de tout et de rien depuis le début de la soirée… Comment amener ce sujet bien délicat… Elle trouvait finalement une opportunité, lorsqu’il se relevait pour remplir sa coupe de vin. Posant délicatement une main sur la coupe, la brune lui souriait alors en soufflant doucement,

-Pas de vin pour moi ce soir, mais merci de la délicate attention.

Cela semblait avoir fait mouche. Non, la brune n’avait jamais été reconnue comme alcoolique, mais elle n’avait jamais refusé une coupe d’un bon vin, hormis lorsqu’elle était malade ou enceinte. Soupirant doucement, elle se redressait dans le fond de son siège et soufflait avec une certaine confiance,

-Oui, tu as bien compris. J’ai grassement payé le médicomage qui m’a examinée et je n’ai pas mentionné ton nom, comme étant le père. Je ne sais pas si je dois considérer cette situation comme une chance inouïe, ou une malchance. À peine deux mois de retrouvailles et je suis enceinte… Comme si mon utérus n’avait attendu que ce moment. Toutefois, Amadeus, je ne me fais pas de scénario. Je ne compte pas avorter et j’aurais ces enfants, que tu ne le veuilles ou non.

La fierté était bien présente dans son regard, alors qu’elle conservait la peur de son départ bien profondément en elle. Pourquoi avoir peur? Elle avait déjà surmonté cette épreuve une fois et dans la mesure qu’elle serait de nouveau seule, elle pourrait y arriver. Mais si il osait partir... Elle comptait bien le réduire en tas de cendre!

S’attendait-elle à le voir partir la queue entre les jambes? Oui, cela ne lui avait pas échappé dans les possibles réactions de ce dernier. Mais elle avait au fond cette petite lueur d’espoir, l’entrain qu’ils pourraient former cette famille qu’elle avait entrevue du regard il y a 16 ans. Elle était toutefois bien trop fière pour le lui démontrer, pour exprimer son besoin. Non, elle devait représenter son sang, sa famille. Ses parents lui avaient enseigné les rudiments des sangs purs, soit de ne jamais démontrer un seul signe de faiblesse et c’est ce qu’elle faisait depuis. Affrontant son regard, dans l’attente d’un refus ou d’un accord.

C’est dans ce moment de tension que l’homme sortait de son veston un écrin noir corbeau. Haussant les sourcils, la sorcière observait la petite boîte venir effleurer ses mains sur la table et relevait un regard interrogateur sur le directeur. Alors qu’il l’encourageait à l’ouvrir, son regard rencontrait une bague valant une petite fortune. Goût de luxe et dispendieux, elle savait reconnaître un bijou de qualité lorsqu’elle en regardait un… Puis venait la proposition, une demande en mariage sans être nommé directement ainsi. Un petit sourire s’installait alors sur ses lèvres, légèrement amusé, un brin audacieux, alors qu’elle soufflait avec humour,

-Tu aurais au moins pu poser le genou au sol…

Mais cela n’aurait pas été Amadeus. Non, cela n’aurait pas été représentatif de l’homme qu’elle aimait et qui était devant elle. Cette demande était digne du Directeur du département de la justice magique. Toute en simplicité, élégance et contrôle. En était-elle honorée? Oui, même plutôt émotif! Les flammes dans le foyer entamaient alors une douce danse, augmentant en intensité, tout en restant agréables à regarder, réconfortantes. La suite faisait hausser de nouveau un sourcil à la brune, avant de lui arracher un sourire chaleureux, plus que ce qu’elle aurait désiré démontrer. Rêvait-elle? Une demande en mariage et un père qui décidait d’accepter pleinement son rôle dans le même échange? Blake n’aurait rien pu demander de mieux, car c’était ce qu’elle avait toujours désiré au final! Digne fille de la famille Nott, elle ferait enfin cesser les conversations au sujet de son célibat dans la communauté des sangs purs et remplissait son devoir de fille. Fiançant un homme, sang pur, influant et riche! Ho, elle savait qu’ils ne seraient pas à l’abri de quelques drames… Que cela soit d’Ivy, Christopher ou leurs familles… Mais un certain poids se retirait de ses épaules, alors qu’elle redressait la main pour tendre son l’annulaire gauche au sorcier. Femme de pouvoir et de contrôle, voilà qu’elle ne porterait plus les charges seules.

-J’accepte de porter ton nom et de t’épauler dans les épreuves que nous affronterons.

Le plus dure serait de l’annoncer à Ivy et sa famille. Après tout… Amadeus avait été diabolisé au gré des années, même si elle n’avait jamais nommé son nom à sa fille. Elle avait grandi sans père et devait au fond avoir une certaine rancœur. Son orgueil en serait touché également, alors qu’elle devrait avouer à sa famille avoir fréquenté depuis quelques semaines l’homme qu’elle avait tant détesté… Pour l’épouser aussi rapidement qu’il était revenu en Angleterre… Aïe… Comment expliquer cet élan de faiblesse? Par le pouvoir de l’amour? Non, hors de question, même si c’était véridique… Mentionner accomplir son devoir avec un partenaire de choix? Cela semblait mieux, surtout en considérant sa richesse et sa position au sein du ministère. Alors que la bague rejoignait son doigt, la sorcière échappait une simple larme, unique et douce… Aucune tristesse n’était visible sur ses traits, mais un certain soulagement se percevait dans ses épaules plus détendues… Une certaine joie se percevait dans la danse des flammes… Alors qu’elle rajoutait d’une voix amusée,

-J’avais une poussière dans l’œil… Je propose de terminer le repas et de rejoindre ma chambre à coucher pour la suite… Nous pourrons discuter des dispositions pour le mariage demain.