Cela faisait maintenant quatre heures que je tournais dans mon lit, fixant le plafond de ce dernier, les rideaux tirés d’un côté, puis de l’autre. Non. Décidément. Je n’arrivais pas à dormir. Il était pourtant deux heures du matin passé et les cours du lendemain risqués d’être compliqués, je le savais. Mais que faire ?... Savais-je au moins pourquoi je ne dormais pas ? Bien évidemment. Je le savais. Et cela allait devoir sortir.

Me redressant dans mon lit, je soupirai ainsi profondément. Bien. Puisque visiblement mon corps désirait me faire passer le message de mettre mes idées au clair… Je n’allais pas avoir le choix. Ainsi descendis-je jusqu’à la salle commune, couverte de mon déshabillé, couvrant ainsi la nuisette peut être trop provoquante pour être montrée en dehors du dortoir des Queens. Assise sur le canapé réservé à notre groupe, je soupirai alors, profitant de la solitude pour me permettre une position moins stricte qu’à la normale. Mes genoux repliés sous mon menton, je me mis alors à réfléchir. Difficilement, je devais l’admettre. Beaucoup de choses avaient changée cette année et des choses qui, pourtant, me rendaient particulièrement heureuse commençaient réellement à m’inquiéter. Et si cela se savait ? Et si… Je ne savais pas… Si quelqu’un nous avait vu ? Si je me trompais dans une date de sortie ? Si ma sœur ou mon frère m’attrapaient en flagrant délit ? Tellement de si et pourtant trop peu de réponse pour me satisfaire. D’autant que personne n’était encore dans la moindre confidence, ayant préféré garder cela pour moi. Evidemment…

- T’as l’air soucieuse.

Sursautant au son de la voix que je n’avais pas entendu arriver, je me redressai presque immédiatement fronçant les sourcils.

- Et ? Ca te donne le droit de me surprendre ?
- Pardon ! J’voulais pas te déranger. T’as qu’à rester dans ta chambre auss…

Mon regard suffit à faire taire l’étudiant alors que je me relevai, soupirant de dépit en lissant les pans de mon déshabillé.

- Tu m’as effectivement dérangé. Et la réflexion peut t’être retournée. Alors sois gentil. Ferme-la.

J’étais de mauvaise humeur, nul ne pouvait en douter. Mais plus que ça… J’avais besoin de parler à quelqu’un. Ainsi retournai-je effectivement dans la chambre qui m’avait été allouée, ouvrant avec un certain fracas les rideaux du seul lit aujourd’hui occuper du dortoir : celui d’Alix.
M’asseyant dessus en tailleur, je donnai un léger coup à cette dernière afin de la réveiller en soufflant.

- C’est le matin. Grouille.

Faux. Je voulais juste, au moins, qu’elle se redresse histoire d’être un peu plus attentive qu’à moitié endormie.

- Il faut qu’on parle. Soufflai-je dès lors que ses yeux furent ouverts. Il faut que je parle à quelqu’un parce que je vais devenir folle Alix. Alors réveille-toi tout de suite. J’ai besoin de toi là.

Attendant, très peu patiemment, que l’étudiante soit entièrement réveillée, je soupirai ainsi de nouveau, l’air plus grave et peut être même plus affecté que je n’avais jamais été jusque-là, observant mon amie avec dépit.

- D’après toi. Commençai-je. Est-ce que tu penses que mes parents iraient jusqu’au meurtre si je me mettais à sortir avec un mec qu’ils n’approuveraient pas, à savoir, je sais pas… Continuai-je faussement innocemment. Pas complètement anglais, plus jeune que moi, de Gryffondor et lié aux Potter, Weasley et à des moldus et autres sang mêlé de mes deux ?

Pas d’introduction. Pas d’explication plus que ça. Juste une question qu’Alix allait très certainement comprendre. Cette dernière me connaissait depuis maintenant bien assez longtemps pour savoir que ce genre de question ne poussait pas sur des arbres lorsqu’elles venaient de moi. Aussi soucieuse que je l’étais, sûrement, d’ailleurs, avait-elle-même dû entrapercevoir quelques regards lancés à Matt au détour d’un couloir. Je n’en savais rien à vrai dire, espérant être assez discrète pour ne pas être repérée jusque-là. Mais… Au diable la discrétion cette fois. J’avais réellement besoin de parler.

Alix n’avait pas envie de se réveiller. Est-ce que cela m’important ? Absolument pas. J’avais besoin de lui parler. Là. Maintenant. Il FALLAIT qu’elle se réveille. Elle n’aurait, de toutes les manières pas le choix, alors bête de sexe ou non… Et puis pourquoi fallait-il toujours qu’elle ramène tout au sexe ?! Je ne savais même pas ce que pouvait être, pour elle, une « bête de sexe ». Levant les yeux au ciel, je lui arrachai l’oreiller de sous la tête pour la frapper avec dans un grondement de mécontentement. Non, non, hors de question qu’elle se rendorme !

Et enfin ! Elle se redressa. Elle n’avait l’air de rien, certes, mais elle était réveillée et c’était le plus important pour moi. Ainsi en vins-je, enfin, par expliciter ce qui n’allait pas de manière totalement détournée. Il était tout à fait hors de question que je dise expressément que je m’étais mise à sortir avec Matthew. Nous étions censés être discret et ce n’était pas en le clamant à Alix que cela allait se faire, non pas que je n’ai pas confiance en elle, bien au contraire, nous avions fait les quatre cent coups toutes les deux, mais quand même. Et… Mais… Pourquoi riait-elle ?! Fronçant les sourcils l’air légèrement vexé malgré tout, je ne pus m’empêcher de laisser échapper un soupir profond à ses mots. Alix connaissait mes parents pour les avoir côtoyés de très nombreuses fois. Elle connaissait leur réaction à la moindre remarquer de notre part, au moindre comportement jugé déplacé et à tout autre chose qui n’était pas à leur goût et… Effectivement. Ils n’approuveraient rien. Quoique cela soit. Même si c’était la chose la plus intelligente du monde et que… Quoi ?

- Q… Qui t’a parlé de Mat… De Gimhae ? Me rattrapai-je avant de soupirer profondément contre ma bêtise.

En un sens, Alix n’avait pas tort. Matt et sa famille étaient plus que riches et bien plus influents que ne l’étaient mes parents. Et certainement que jamais ils ne s’en prendraient à lui… Juste à moi. Evidemment.

- Oui bon… Je t’accorde que son style laisse un peu à désirer. Soupirai-je avec un léger sourire sur mon visage, bien malgré moi lorsque je parlais de lui. Mais… Je sais pas. Il a tout pour plaire en fait. Il est parfait. Il parle bien, il est intelligent, passionné, gentil, doux, il embrasse beaucoup trop bien pour que ça soit réel aussi. Et… Et je sais pas… C’est bizarre. Soufflai-je en ramenant mes genoux sous mon menton.

Sûrement Alix ne m’avait-elle pas vu aussi enthousiaste depuis longtemps… Voire jamais. Ou peut être seulement depuis la fois où je m’étais extasiée devant un nouveau chaudron incrusté de diamants. Et encore. Non. Même là, ce n’était pas comparable. Ce qui était comparable, par contre, c’était l’anxiété que ma meilleure amie pouvait malgré tout lire en moi et que je ne lui cachais pas. Transparente avec elle, je soupirai doucement.

- Je ne sais pas ce que j’ai. Expliquai-je en grimaçant. J’ai envie de le voir, d’être avec lui et en même temps je suis morte de peur que Père et Mère l’apprennent… Tu ne diras rien, hein ?

Je lui faisais confiance, mais j’avais évidemment besoin de me rassurer. J’avais besoin d’être sûre qu’elle serait de notre côté et pas de celui de mes parents ni de mon frère.

- Et toi alors ? Repris-je en plissant les yeux. Maintenant que tu es réveillée et puisque j’ai vraiment besoin de parler de n’importe quoi pour me calmer. Raconte-moi tout. Ca fait un temps que tu m’as pas fait l’état des lieux de ta vie débridée.

Plissant les yeux, je soufflai profondément de dépit en levant les yeux au ciel. Bien sûr que je savais qu’Alix n’allait pas hurler mes faux pas à mes parents. C’était d’ailleurs en partie pour cela qu’elle était devenue ma meilleure amie au fil du temps. En attendant… Elle avait aussi raison. Tant que je serais discrète, tout irait bien. Mes parents ne pourraient se douter de rien. Encore fallait-il que nous les restions…

- S’ils l’apprennent, je mettrais ma main au feu qu’ils voudront m’enfermer dans une tour ou j’en sais rien… Me marier de force avec le premier débile venu. Plaisantai-je en soupirant.

Le mariage était une chose à laquelle j’étais préparée, effectivement. Mon éducation même avait été basée sur le fait qu’un jour je serais mariée, que je permettrais à mes parents d’obtenir plus de reconnaissance et que je devrais faire la fierté autant de mes parents que de mon mari. Mais… Je devais avouer que depuis que Matt et moi avions décidé de commencer ce bout de chemin ensemble… Tout me semblait désormais… Fade. Comme si ce mariage arrangé qui arriverait un jour n’avait même plus lieu d’être. Oui. C’était cela. Je n’en avais plus aucune envie.

- Est-ce que tu crois que mes parents accepteraient que je refuse un mariage ? Soufflai-je alors à Alix connaissant parfaitement la réponse. Je sais ce que tu vas me dire. Père me retournerait une gifle et m’interdirait même de revenir à Poudlard, c’est ça ?

Alix connaissait mes parents, par cœur devrais-je dire à force de les côtoyer. Une chance car cela me permettait de me confier et de souffler à en sa présence. Mais d’ailleurs… En parlant de mariage… Avait-elle un nouveau plan ? Pas que je l’envie. Quoique peut être un peu certaines fois. Mais… Je n’imaginais même plus le mariage avec Alix au vu de ce dont nous pouvions parler. Et pourtant… Ce fut avec surprise que j’appris la nouvelle.

- Attend… Soufflai-je. Attend, attend. Tu vas te marier ? A un vieux ?

Quoi ? Dix ans de plus c’était énorme après tout. Et son parrain… Franchement… Quelle idée était passée par la tête de sa famille ? Enfin… Je supposai de toutes les manières que c’était aussi ce qui m’attendait, en fin de compte… Pourtant… La réaction d’Alix me fit plisser les yeux. Trop… Lui ? Mmh. Elle qui trouvait facilement de quoi critiquer les autres…

- Tu es donc en train de me dire qu’il n’a pas d’autres défauts que celui d’être lui ? Et que tu ne veux pas de lui parce que c’est le meilleur ami de ton frère ? Vu la tête de ton frère en plus… Je suppose qu’il doit s’entourer que d’hommes aussi sexy que lui alors…

Je n’avais jamais caché à Alix le fait de trouver son frère plutôt pas mal, cela n’allait pas commencer. Et si je devais me faire une idée de son fiancé… Je l’imaginais de la même trempe. De toutes façons, personne de moins sexy que ça ne pouvait être digne de mon amie.

- Il y a deux solutions, là. Soit tu me dis pas toute la vérité en essayant de masque je sais pas quoi par un mensonge grossier vu comme je te connais. Soit… Il n’a aucun défaut et tu n’as juste aucune envie de coucher avec ce qui m’étonnerait te connaissant et vu ta capacité de chaudière. Plaisantai-je alors. Donc quelle est le bon choix ?

Au vu du pouffement d’Alix, il était réellement inutile qu’elle parle. Vraiment. Je connaissais déjà la réponse. Mais elle parla. Malgré tout. Fronçant les sourcils, je soupirai alors.

- Un gifle me suffit, qu’on soit d’accord.

J’avais eu l’habitude depuis toute petite de sentir la main violente de mon père sur ma joue dès lors que j’avais un mot de trop. Sûrement, d’ailleurs, cela avait-il servi à me forger une obéissance – presque – sans faille à son égard, me rendant plus difficile lorsque j’étais loin de ce carcan. Mais malgré cette habitude, je devais avouer que l’idée même de sentir cette douleur ne me plaisait pas. Loin de là. Enfin…

- Tu m’accueilleras chez toi quand il me mettra à la porte ? Plaisantai-je en riant bien malgré la situation. Je crois que j’aurais besoin d’une chambre, d’une bièraubeurre-vanille et de ma meilleure amie ce jour-là.

Et je ne serais moi-même pas une meilleure amie si je ne creusai pas d’avantage l’histoire qu’elle venait de me livrer. Et je me félicitai même de cette décision alors que la main qu’elle se passait sur son visage m’indiquait qu’elle n’avait effectivement pas tout dit. Fus-je surprise de sa révélation ? Mmh. Non. « Etrangement » pas. Son plan par contre… Mmh. Il laissait effectivement largement à désirer. Arquant un sourcil en la laissant s’exprimer avec toute la liberté qu’elle désirait, je finis par me laisser tomber, dos sur son lit, en me mettant à rire de la manière la plus sincère qu’il soit. A vrai dire… J’étais même prise d’un fou rire sur ce coup tant la réaction d’Alix m’amusait.

- J’ai même pas besoin de te dire ce que je pense, je suis sûre que tu le sais déjà. Continuai-je à rire.

Oui, Alix savait certainement que je la jugeais intérieurement. Céder aussi facilement… Il n’y avait qu’elle pour faire cela. Vraiment. D’un point de vue tout à fait personnel, je ne m’imaginais absolument pas rompre ma chasteté pour le premier homme venu. C’était là une chose bien trop précieuse pour le faire de manière si désintéressée. Pour moi, cela ne serait qu’après mon mariage. Assurément. L’image de Matthew me vint néanmoins en tête comme un flash alors que mon rire se stoppai, remplacé par un froncement de sourcils bien choisi avant que je ne secoue vigoureusement la tête pour me redresser.

- Hum. Bref. Donc… Donc tu as couché avec ton parrain… Et tu as aimé ça… C’est ça le résumé ?

Laissant Alix réfléchir à ce résumé aussi court que réel, je soufflai alors en plissant les yeux pour l’observer avec une attention certaine, plus sérieuse cette fois-ci, concentrée, même.

- Franchement Alix ? Tu réfléchis à ce que tu dis ? Soufflai-je finalement. Bon… Ok. J’admet que c’est vraiment bizarre de dire que tu couches avec ton parrain et que tu vas te marier avec mais… En soi… Vaut mieux ça qu’un vieux mec moche et con. Et puis au moins… Je suppose que tu peux lui faire confiance si c’est ton parrain… Donc… En un sens… Voyons le bon côté des choses… Tu aurais plus mal tomber…

Pouffant malgré tout, je soufflai alors, cette fois moins sérieuse, un sourire aux lèvres.

- En vrai… Je dois te souhaiter toutes mes félicitations ? Non parce que depuis le temps, je pensais que ta mère et ton frère ne te trouveraient plus personne avec ton vocabulaire de charretière.

Esquissant un sourire mutin j’attrapa son oreiller pour le lui balancer à la tête en riant plus sereinement.

- Sérieusement, Alix ! Pour une fois que tu as une relation sérieuse et digne. Profite !

Comme quoi… Je pouvais être plus ouverte que ce qu’on pouvait penser de moi… Au moins un peu.

Elle doutait que mon père ne me mette un jour à la porte et… A raison à vrai dire. Mon père ferait tout. Sauf. Me mettre à la porte. Evidemment. Cela serait bien trop simple de me renier. Trop simple et, des fois, trop plaisant pour moi. Non. J’étais presque persuadée qu’il trouverait le meilleur moyen de me faire souffrir ou de… Je n’en savais strictement rien en fait. Je n’avais juste aucune confiance en mon père. Triste fait, à vrai dire, lorsque l’on faisait partie d’une famille. Enfin… C’était là une chose dont j’avais l’habitude quoique… Pas tant que ça. J’avais toujours été particulièrement obéissante. Bien dressée, comme certains pourraient le dire, c’était la première fois que je venais à m’opposer aux désirs de mes parents et, pour dire toute la vérité, c’était particulièrement effrayant.

- Merci… Soufflai-je alors pour toute réponse.

Lorsque l’on avait pas ou peu de famille, au moins avait-on toujours des amis et Alix était peut être même plus ma famille que la véritable. Elle était la personne en qui je pouvais toujours avoir confiance, qui avait toujours été là depuis que nous nous connaissions et qui me laissait me plaindre de ma famille dès lors que je le pouvais, en silence, sans m’interrompre autrement que pour me consoler. Autant dire que j’aimais ma meilleure amie et qu’elle savait aussi comment me faire rire… Même si cela n’était pas voulu comme à cet instant.

- Une fille comme moi ? M’étonnai-je à sa remarque alors que mon rire avait cessé. Je doute que le moindre homme trouve agréable « une fille comme moi ». Plaisantai-je. Tu sais ce qu’on pense de moi et de ma famille ici.

Et à raison. Je n’étais ni la plus aimable, ni la plus douce, ni même la plus patiente des élèves de Poudlard et cela ne me dérangeait absolument pas. La plupart des élèves ne valaient absolument pas le détour et de toutes les manières tu n’en avais même pas le droit alors… Comme précédemment, le visage de Matthew s’imposa à moi avant que je ne le chasse d’un mouvement de tête et d’un froncement de sourcils pour me concentrer davantage sur Alix.

Il n’était pas vraiment difficile de comprendre ce qu’elle ressentait. Ca finirait par m’arriver aussi et j’étais, pour dire toute la vérité, effrayée de ce jour. Ainsi ne pouvais-je que la comprendre. Un sourire désolé aux lèvres, je vins alors me mettre à genoux sur son lit pour la serrer contre moi. Comment la rassurer ? Je n’en savais trop rien, à vrai dire. Mais je savais aussi qu’Alix était un esprit beaucoup plus libéré que je ne l’étais, moins à même de se plier aux désis de son futur mari. La relâchant au bout de quelques instants, je soufflai doucement.

- Si ça se trouve tu vas super bien t’entendre avec. Comment tu peux le savoir si tu veux même pas essayer ? Demandai-je en tentant d’être la plus positive possible pour elle. Et… De toutes façons, on donnera des enfants à nos maris. Mais ça veut pas dire que c’est la fin de tout. Surtout avec toi. Soufflai-je dans un sourire en lui prenant la main. Et puis je serais toujours là si t'as besoin de te défouler, de râler ou de l'insulter. Et en plus... Vu comment je te connais, je suis sûre d’une chose. Ca va bien se passer. Surtout si tu t’es déjà amusée. Au moins tu auras toujours ça. Plaisantai-je avant de froncer les sourcils.

Il y avait d’ailleurs une chose que je désirais lui poser comme question mais qui me semblait affreusement gênante et intrusive. Mais… Comment faire pour savoir si je ne lui posais pas la question, à elle, à celle qui ne me jugerait pas. Toussotant et relâchant sa main, je soupirai alors.

- Dis… Je peux te poser une question ? T’es pas obligée de répondre mais… Enfin… Je… Je me demande juste si… Enfin non pas si mais…

La belle preuve de ma gêne ! Je n’arrivais plus à aligner deux mots correctement. Grondant contre moi-même, je fis une moue mécontente en reprenant une longue inspiration. Ok. C’était Alix. Je pouvais tout lui demander.

- Qu’est-ce que ça fait ?

Tout lui demander, oui, mais il allait peut-être falloir que je sois plus explicite. Peu de chance qu’elle me comprenne avec ces simples mots.

- Je veux dire… Qu’est-ce que ça fait de partager son lit avec un homme ?

- Deux fiancées avant toi ? Oh… Je comprends mieux. Tu es sa dernière chance donc. Plaisantai-je sur un ton bien plus léger. Et promis, je t’accueillerais chez moi quand ils te mettront dehors alors… Enfin… Sauf si on se retrouve toutes les deux à la rue. Dans ce cas… Je propose d’aller chez Bella !

Dans un rire sincère, je trouvai ainsi la force de continuer la conversation vers quelque chose de plus… Mmh… Disons-le. De moins habituel pour moi. Je n’avais jamais eu ce genre de conversation. Avec qui que ce fut. Enfin… J’entendais beaucoup de choses évidemment. Mais… Rien de plus que des « on dit », sans jamais réellement poser la question. Et ce fut difficile, bien plus que toute autre question mais après deux essais, j’y parvins… Ce qui provoqua un rire de la part d’Alix. Evidemment ! J’aurais dû m’en douter ! Elle n’allait pas me prendre au sérieux ! Grimaçant je fus d’autant plus dépitée en entendant sa réponse. Tirer la couette… Sérieusement… Alors qu’elle savait pertinemment la raison de ma question ! Et j’allais d’ailleurs lui faire collet un taquet lorsqu’elle se protégea l’arrière de la tête. Ah. Elle me connaissait visiblement un peu trop. Soit.

- Tu sais très bien ce que je voulais dire. Grommelai-je dans une moue mécontente.

Déjà que cette question me gênait, il fallait en plus qu’elle prenne ça à la rigolade… J’allais de nouveau râler, et bien plus fortement, lorsqu’elle sembla vouloir être plus sincère. Fort heureusement. La fusillant malgré tout du regard, je me concentrai de nouveau sur sa parole avant de virer au rouge. Oh pas le rouge pâle du blush, non… Un rouge pivoine bien trop prononcé pour que je puisse le masquer même en baissant la tête. Et pour agrémenter cette couleur qui venait teinter ma peau, mes yeux s’étaient écarquillés à sa question.

- Heu… C’est que… Je…

Par tous les mages ! Comment pouvais-je décemment répondre à cette question ? C’était… Enfin… Personnel ! Et elle en parlait comme si tout était parfaitement normal… Toussant fortement, je quittai alors son lit pour le mien le temps d’attraper ma gourde et boire une très, très longue gorgée d’eau dans l’espoir de faire baisser le rouge de mes joues. Tentative infructueuse, évidemment. Soit. Bien. Si elle me posait la question… C’est que c’était important ou tout du moins rattaché au sujet… Avalant ma salive pour revenir m’asseoir sur son lit, je n’osais même pas la regarder…

- Hé bien… Je… Heu… C’est que… Oui… Enfin… Oui j’ai déjà fait ça… Répondis-je enfin à mi-voix. Mais… En quoi c’est important ? Enfin… C’est pas avec un homme et… C’est pas exactement ce que je sais de faire l’amour. Grimaçai-je.

Après tout, oui. Je savais ce qu’il fallait pour faire des enfants et donc, logiquement pour partager son lit avec un homme. Ce dernier étant doté d’un membre externe à celui de la femme, il lui suffisait de la pénétrer pour que l’affaire soit faite. Quelques mouvements afin de stimuler la production de spermatozoïde et l’enfant pourrait venir au monde 9 mois plus tard. Voilà ce qu’étaient mes connaissances en la matière. Peut nombreuses, je l’accordais, mais j’avais tout de même une petite base… Non ?

C’est là où je me trompais… Non. Non vraiment je ne voyais pas pourquoi je me trompais. Enfin oui je savais ce que j’aimais parce que je savais m’écouter, au moins à ce niveau là si ce n’était pas aux autres niveaux de ma personnalité mais… Un homme ne touchait pas comme ça. Non pas que c’était indécent, enfin, si on prenait cette façon de penser, tout était indécent. Mais ce n’était pas du tout le but des hommes.

- Ce que j’ai ressenti ?... Soufflai-je sans vraiment trop comprendre comment répondre à cette question. Heu… C’était… Agréable ?

Par tous les mages… Pourquoi avais-je posé cette foutue question ? Je ne savais même pas commet répondre aux siennes en retour et je me trouvais plus gênée que je ne l’avais jamais été… Sérieusement… Qu’est-ce qu’il m’avait pris de lui poser, à elle, cette question ?! D’autant plus qu’évidemment, Alix insista. Ce sourire qui s’affichait sur son visage… Elle prenait du plaisir à me torturer la garce. Plissant les yeux alors que l’envie de me cacher était particulièrement forte je grimaçai doucement. A l’intérieur… Je ne l’avais jamais fait à vrai dire alors…

- C’est super gênant. Grognai-je malgré tout les joues rouges avant de souffler. Je… Je sais pas l’intérieur… Ma mère m’a toujours dit que c’était réservé au mari alors…

Alors je me sentais réellement hors de toutes les réalités dont elle pouvait me parler. Je n’avais réellement aucune idée de ce qu’il était possible de ressentir. Mais autre chose venait à me questionner… Maintenant que j’en étais là… Autant s’enfoncer encore et encore dans les méandres d’une conversation plus que gênante hein…

- Et heu… Ca fait… Ca fait mal quand ça « cède » ? Et après est-ce que… Enfin… C’est toujours un peu douloureux ? Demandai-je légèrement inquiète.

La douleur, j’en avais entendu parler une ou deux fois, sans plus. Ma mère m’avait, de toutes les façons, dit que la douleur était l’apanage des femmes. Mais elle… Si elle avait continué à faire tout ce dont elle n’avait pas le droit, c’est qu’elle devait réellement aimer ça. Connaissant Alix, elle ne ferait certainement jamais quelque chose qu’elle n’apprécierait pas et je devais bien avouer ne pas l’imaginer comme une masochiste alors… Par la force des choses…

- Et…

Par Morgane, j’avais beaucoup trop de questions… Et j’avais définitivement choisi la pire des personnes pour ce faire…

- Imaginons que… Que j’ai envie de… Enfin… Que j’ai envie de faire ça avec… Quelqu’un. Est-ce que… Enfin… Grimaçant je soufflai. Comment je… Comment je dois lui montrer par exemple ? Enfin c’est… C’est pas la réalité, hein, pas du tout ! Me défendis-je peut être trop ardemment alors que ce même visage me revenait en tête, la sensation de ses lèvres contre les miennes m'arrachant un frisson que je tentai de maîtriser. Mais… Comment il faudrait pour que je lui fasse du… Enfin plaisir ?

Si elle comprenait ce que je disais tant je bégayais, autant avouer qu’Alix était forte, très forte. Mais j’avais confiance en elle pour savoir de quoi je parlais. Après tout… C’était actuellement elle l’experte et certainement pas moi.

Si ma mère avait déjà eu un orgasme ? Hé ? Non… Non, non, non ! Je refusais de penser à ce genre de chose. Grimaçant fortement, j’observais Alix sans comprendre. Cela lui semblait réellement aussi… Choquant de ne pas faire ce genre de choses ?

- J’ai le droit de… De me… De faire « ça »… Mais… Enfin… C’est pas une interdiction c’est que… C’est… Réservé enfin…

Enfin j’étais surtout en train de me perdre dans des explications qui n’avaient ni queue ni tête. En l’occurrence, d’ailleurs, de qu… BREF. Tentant de reprendre contenance, sachant pertinemment que je n’arriverais pas à m’expliquer clairement et que dans tous les cas Alix trouvera ça outrageusement vieux jeu, choquant ou que savais-je, j’eus une préférence pour un changement de sujet pur et simple, tendant sur une question qui me semblait on ne pouvait plus importante : la douleur.
S’en suivit une réponse qui… Ne me satisfît qu’à moitié, à vrai dire. « Ca dépendait du partenaire ». Ok. Oui. Très bien. Mais du coup… Comment pouvais-je savoir ? Comment pouvais-je me préparer à une éventuelle douleur ou au contraire à pas grand-chose ? Impossible, visiblement, autrement qu’en « passant à autre chose ». Oubliant sa vulgarité qu’elle me prouvait à nouveau, je soufflai doucement. Par tous les mages que ça me semblait une chose absolument… Enfin pas que je n’en avais pas envie, évidemment. Si je devais me réserver pour mon époux, l’idée m’avait déjà traversé la tête… Ou plutôt le bas ventre mais dis comme ça… Concrètement… Ca en devenait presque plus effrayant, à vrai dire.

Est-ce cela venait à me dégouter ou à me rebuter au point de ne plus y penser ? Pas vraiment… Au contraire ça m’intriguait. Vraiment. Preuve en était la question que je posai par la suite. J’avais effectivement une idée derrière la tête. Une idée que je n’allais certainement pas assumer de la sorte. Non, je préférais parler de potentialité relative plutôt que de fait avéré… Même si au vu du sourire d’Alix, ça ne la trompait absolument pas. Et à nouveau… Elle partit dans ses explications me faisant plisser les yeux. Les préliminaires… Ca, je ne connaissais pas.

- Les préliminaires… Répétai-je pendant qu’elle se penchait sur sa table de chevet pour sortir…

Des bananes ? Clignant des yeux, j’observai les deux fruits, en récupérant une sans rien comprendre.

- Pas que je ne veux pas de salade de fruit, Alix, mais… Heu… Enfin… Pourquoi est-ce que tu me donnes ça ?

Ha ! Quelle question ! Evidemment ! J’aurais dû y penser ! A sa réponse, mes joues se teintèrent de rouge, à nouveau, presque plus violemment. Imaginer que c’était la… Le… Le… Oh par tous les botrucs de la terre… Observant le fruit avec gêne – alors que ce n’était là qu’une simple banane ! – je fus obligée de lever les yeux vers elle pour le moment travaux pratiques. Observant ses gestes, je fus ainsi une élève particulièrement attentive. Ultra gênée – et encore plus lorsque les mots clairs de cette… Baguette… vinrent à mes oreilles – mais très attentive.

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Me concentrer… Vraiment… J’entendais qu’il fallait que je sois au courant d’un minimum de choses, d’accord, mais de là à faire des travaux pratiques… Vraiment ?! Enfin avec une banane ? Plus que gênant ça en devenait presqu’honteux. Alix ou pas. Meilleure amie ou non. J’avais envie de me cacher dans un trou pour ne plus jamais en sortir. Enfin… Elle semblait tellement décidée… Et je n’avais pas de trou à disposition. Enfin de trou… Pour me cacher pas pour… Par tous les mages… Il fallait que je me concentre, elle avait raison. Ainsi me mis-je à suivre son mouvement, détaillant ce dernier sous les moindre détails pour tenter de le reproduire à la perfection, ou presque. Si j’avais assez de dextérité, de doigté pour observer une pression constante, je trouvais ce mouvement particulièrement étrange malgré tout. De haut en bas… D’accord… Pourquoi pas après tout…

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