Le monde est composé d’idiots. Sirotant un café, Blake échappait un lourd soupire, alors qu’elle consultait les écrits de quelqu’un de ses employés avant la publication de sa gazette. Et si ce n’était l’orthographe déficiente de certains, c’était le contenu de leurs écrits qui lui arrachait des grincements des dents. Parfois, c’était vide, sans intérêt et aussi plat que leurs personnalités… D’autres fois? Le contenu était excellent, mais lui arrachait des spasmes de colère en observant les actions du ministère de la magie. Il ne fallait pas oublier la raison pour laquelle la sorcière avait créé l’Aube Écarlate, dénoncée, s’opposer et affirmer la position des marginaux. Parce que oui, les marginaux étaient maintenant les sangs purs, ceux qui devaient pourtant être au pouvoir, ceux qui croyaient en la justice du sang et respect de la hiérarchie. Comment avaient-ils fait pour en arriver là se demandait-elle?

Convoquant quelques personnes dans son bureau, certains ressortaient avec un sourire, d’autres des larmes… Certains articles étaient conservés, d’autres brûlés… Et les pauvres journalistes qui venaient de faire face à un échec devaient se rattraper avant 16h, Blake les attendant de pied ferme dans son bureau à cette heure. Quand 16h arrivait, certains arrivaient à se rattraper, d’autres étaient renvoyés… Et c’est en se laissant tourner sur sa chaise pour faire face à la ville, à travers sa fenêtre, que la sorcière fronçait les sourcils. Que faire en cette soirée ennuyante et alors que sa patience avait été mise à rude épreuve… La réponse fut claire comme de l’eau de roche dans son esprit, alors qu’elle pensait aussitôt à Alexeï.

C’est en soirée, peu après la fermeture de la boutique du sorcier que Blake apparaissait devant la porte. Elle était passée chez elle pour se préparer avant, avait mangé et parlée avec sa fille. Entrant dans la boutique, tout en laissant la délicieuse odeur de café ambiante allécher ses pupilles gustatives, elle offrait alors un sourire amical à son ami, alors qu’elle soufflait d’un ton mielleux,

-Alexeï, mon chéri… Un café au lait, s’il vous plaît…

Prenant place à l’endroit qu’il lui désignait, elle s’installait alors confortablement, croisant sa jambe droite sur la gauche et soupirait doucement. Qu’est-ce qui l’amenait ici? La déchéance du sang, le besoin de ventiler, de se changer les idée… Claquant sa langue doucement d’irritation, le feu dans le foyer près d’elle commençait à s’animer plus fortement, alors qu’elle répondait avec franchise,

-La frustration et la déception… J’ai contemplé les échecs de mes employés une grande majorité de la journée, tout comme la déchéance de la domination par le sang à travers les discours du ministère de la magie…

Les flammes devenaient maintenant plus fortes, plus chaudes encore… Comme si du papier bien sec venait d’être ajouté soudainement en bonne quantité,

-Comment nous avons fait pour en arriver là? Comment nous avons pu laisser les évènements nous échapper aussi longtemps?

Et c’est à ce moment que l’homme s’installait face à elle, tout en lui donnant son café. Un petit sourire revenait sur ses traits, puis les flammes reprenaient leurs rythmes d’origine lorsqu’un chat achevait sa mauvaise humeur. Sautant sur ses genoux, elle posait une main sur ce dernier pour caresser sa fourrure et se détendait alors peu à peu. La zoothérapie avait toujours été des plus efficace sur cette dernière pour apaiser ses états d’âme. Elle laissait le brun lui répondre et haussait alors les sourcils, tout en sirotant son café, lorsqu’il mentionnait devoir lui avouer quelque chose. Alienor? Se révéler sur son passé? Elle posait alors sa tasse de café prudemment sur la table et commençait à doucement caresser le chat, alors qu’elle soufflait avec un sourire en coin,

-Alienor? Non, elle ne m’a pas parlé, mais je dois aller la visiter la semaine prochaine. Quant aux Moldus… Je n’ai besoin que d’une liste et des noms. Je m’en occuperais personnellement. Ne me dis pas que ton nom n’est pas Alexeï… Ou pire… Que tu as déjà soutenu notre cher ministère de la magie par le passé?

Des scénarios se créaient dans son esprit, alors que l’image d’Alexeï lui venait en tête. Habillé en costume cravate, travaillant derrière un bureau… Non! Elle refusait cette possibilité.  

Était-elle encore surprise de l’idiotie du ministère de la magie? Parfois oui… Parce qu’au fond, Blake était une idéaliste. Son utopie n’était juste pas celle de tous les sorciers et pas partagé par le commun des mortels. Être confronté à une réalité qu’elle n’acceptait pas la frustrait quotidiennement, et ce, depuis de très nombreuses années. Mais heureusement, une flamme brillait encore dans la pénombre… Abbadone… Suivi par de nombreux partisans, qui amenait un vent d’espoir pour la communauté des sorciers. Son journal était son outil pour manifester pacifiquement, pour créer un jugement moins aliéné dans la population et développer des esprits critiques… Un jour ils auraient la réalité qu’ils espéraient tous tant dans l’obscurité. Et heureusement, certaines, personne ne partageait son opinion, rendant la pénombre moins difficile à supporter. Souriant à Alexeï, elle se détendait finalement, profitant de la présence de ce dernier pour être elle-même en sirotant ce café des plus délicieux.

Il avait après tout attiré son attention et elle attendait avec une certaine impatience sa réponse. Des choses à savoir, Aliénor, Edith… Tous des sujets qui intéressaient grandement la brune, qui malgré ses airs frigides et froids… Aimait sa fille et comptaient bien continuer de la protéger des malheurs de ce monde. Une bande de moldu s’était permis de critique une Nott? Pourriture inférieure qui ne méritait rien de mieux que d’agoniser sous la terre avec les vers… Le feu du foyer s’animait de nouveau, plus vivement, alors que la brune répondait d’un ton lugubre,

-Hm… Je veux des descriptions ou les noms de ce groupe de moldu… Il est temps de leur rappeler leurs rangs.

Le changement de sujet lui faisait toutefois hausser les sourcils. Le moment que Alexeï avec rencontré Edith? Elle s’en rappelait un peu et hochait alors la tête positivement, tout en buvant une gorgée de café. Il y a 27 ans? Un dérapage? Et bien, cela ne la surprenait pas, provenant de sa sœur et c’est sans jugement qu’elle continuait d’écouter. Jusqu’à ce que les liens se fassent dans son esprit, avant même que le sorcier n’ait le temps de lui avouer son secret. Alienor, il avait abordé ce prénom en premier, elle avait elle-même 27 ans et quelques mois… Puis l’aveu tombait finalement et la réponse de Blake fut rapide, seulement joyeuse en fait!

-Je savais que son sang était pur, qu’elle ne pouvait pas autrement que faire partie de l’élite. Maintenant, nous avons un fait pour le prouver! C’est une très bonne chose, Alexeï.

Mais une question se posait dans son esprit, comment sa nièce avait-elle réagi? C’est donc avec calme qu’elle relevait sa tasse pour en prendre une gorgée, avant de rajouter,

-Tu voulais uniquement la protéger, rien qui ne peut pas être pardonné… Comment a-t’elle réagit lorsque tu lui as annoncé la vérité sur ses origines?

Blake était sur un petit nuage, sa nièce était dans la pureté du sang, réellement! Elle l’avait toujours traité comme sa propre fille, comme une femme aux origines intactes… Même si ce n’était la vérité, elle en avait fait abstraction pour mouler ses propres ambitions à cette réalité et voilà qu’elle n’avait même plus besoin de faire semblant! Magnifique!

-Et toi, comment te sens-tu en tant que père? Qu’espères-tu de la relation avec Aliénor dans le futur?