Discussion défouloire

Nerveux ? Oui totalement. Que lui veut Andrew au juste ? Moins il a à faire à lui, mieux Ted se porte. C’est dommage, parce qu’il a toujours besoin des potions pour terminer son cursus. Il ne pouvait pas être prof d’autre chose de moins utile ? Objectivement, MacKelled n’a jamais été injuste avec le Poufsouffle. Sévère, oui, mais comme avec les autres élèves en fait. Mais il n’en a pas fait un bouc émissaire. Surtout que Ted est un bon élève. Parfois un peu dissipé, certes. Il a déjà perdu des points pour ça. Comme se montrer insolent à certaines occasions. Mais dés qu’il a compris qui était Andrew et où il était quand ses parents sont morts, il a conçu une certaine colère envers cet homme qui a su retourner sa veste au bon moment… Il a embrassé des idées nauséabondes, cautionné des massacres et de la tyrannie, avant de se détourner quand le vent a tourné, afin de reprendre le cours de sa vie comme si de rien n’était… Pour finir professeur à Poudlard, rien que ça. Et pour enseigner à des enfants de sorciers morts pendant cette sombre période…

Dés qu’il a su cela, Ted a lancé un regard assassin à ce professeur, lui faisant bien comprendre ce qu’il en pensait, au cas où il aurait pu avoir des doutes. Et puis, Ted a fini par grandir, mûrir, prendre un peu de recul. Il s’est montré moins haineux, plus… détaché. Il s’est contenté de la politesse minimum avec le professeur et n’a jamais évoqué ce sujet avec lui. Parce qu’il était prof et lui élève et qu’il demeure assez intelligent pour vouloir terminer ses études et réussir sa vie. Pourtant des questions… des accusations, il en a.

Alors… Qu’est-ce qu’il a fait pour gagner un entretien non conventionnel avec Andrew MacKelled ? Parler de choses privées… Parler du passé ? Mais pourquoi maintenant ? Et Ted est-il seulement prêt à entendre la vérité d’Andrew ? Il enfonce ses mains dans ses poches et rentre la tête dans ses épaules pour lutter contre le vent froid. Il est habillé simplement et quand il voit MacKelled sur un banc, il se rend compte qu’ils ont un peu le même style en fait… Jeans, boots… Sauf que Ted a une veste en jean fourrée et un bonnet vissé sur la tête, ne cachant pas ses cheveux d’un rouge profond aujourd’hui. Un bon reflet de la colère latente du jeune sorcier. Cela a toujours été ainsi. Au delà de la fantaisie, les changements inopinés de Lupin trahissent des émotions violentes qu’il ne contrôle pas. C’était bien pire plus jeune d’ailleurs. Et Andrew a souvent eu le droit à la colère ou la frustration.  Trop tard pour faire demi-tour de toute façon. Il prend une ample inspiration. Et se lance. « Bonjour Professeur. Vous vouliez me voir ? » Il essaie de paraître décontracté mais sa posture est tendue. Il avise le gobelet sur la place à côté d’Andrew, mais il reste debout, plantant un regard bleu glace sur le professeur de potions.

ft. Andrew

Discussion défouloire

Le jeune homme observe le gobelet que lui tend le professeur de potion d’un air suspicieux, avant de s’en saisir malgré tout. « Je suppose que si vous vouliez m’empoisonner, ce serait plus subtil. » Il dit cela d’un ton mi-figue, mi-raisin. Il ne doute pas qu’Andrew ne lui veut pas spécialement de mal, surtout alors que le jeune homme n’a jamais été un élément très perturbateur. Ou qu’il s’est calmé plutôt. Mais c’est trop tentant de sortir une vanne alors qu’il est professeur de potions, donc très à même d’empoisonner n’importe qui comme il le veut. Cela annonce aussi la couleur concernant l’état d’esprit de Ted. Mais Andrew n’a jamais du avoir beaucoup de doute là-dessus. Il hausse un sourcil quand le prof attaque sans plus de détour : parler… En dehors de l’école. L’angoisse lui tort le ventre. Mais il ne bronche pas. Il n’est pas venu jusqu’ici pour rien.

Il souffle sur son chocolat, mais ne s’assoit pas à côté du professeur, peut-être parce que debout, il le surplombe et que cela lui donne l’illusion d’être en situation de supériorité. Ou parce qu’être assis va lui demander d’être calme et qu’il ne l’est absolument pas. Il joue avec son gobelet, faisant tourner le liquide à l’intérieur, sans plus regarder McKelled. Il l’écoute pourtant, attentivement. En vérité, Ted ne se souvient évidemment de rien de la mort de ses parents. Il s’est construit sans eux, et par le prisme de ce que lui ont raconté les autres, apprenant à les connaître par le biais d’anecdotes, de récits sur leur courage et leur engagement. Il a grappillé, avec avidité la moindre information. Concernant leur vie.

Mais concernant leur mort… cela a toujours été un sujet difficile, à éviter. Vite éludé. Quelques mots pour résumer un drame. Il n’a manqué de rien, il a été aimé et soutenu. Mais il aurait aimé les connaître. Savoir davantage duquel il tient son tempérament. Il aurait aimé qu’ils le voient grandir et devenir un homme… Plus des regrets qu’un réel manque. « Alléger cette blessure en moi… » Il répète dans un murmure, avant de planter son regard orageux dans celui du professeur : « Ou alléger votre conscience ? » Les mots claquent dans l’air avec froideur. Une colère froide. De mépris aussi. Il est rare de voir Ted ainsi. Lui d’ordinaire enjoué et avenant… Mais pas aujourd’hui. Pas quand ils plongent dans son passé. Ce passé volé. « Des questions, j’en ai beaucoup trop. Pourquoi avoir décidé de rejoindre Voldemort ? Pourquoi avoir changé de camp finalement ? Ce n’est pas juste. Vous n’avez jamais payé pour ce que vous avez fait, alors que des innocents sont morts ! » Sa voix enfle sans qu’il ne s’en rende compte, son ton se faisant plus rageur. Son regard étincelle et il a serré le gobelet trop fort entre ses doigts, renversant du chocolat chaud sur ses doigts, mais il s’en fiche en cet instant. « Vous les avez vu ? Vous les avez vu mourir ? » Si il demande cela d’un ton plus calme, on peut sentir la fêlure d’un orphelin dans sa voix.

ft. Andrew

Discussion défouloire

L’argument se tient. De toute façon, à aucun moment Ted ne peut réellement penser que le professeur a pour intention de le tuer dans ce parc. Il n’y a absolument aucune raison. Lupin ne lui a jamais causé d’histoires, si ce n’est quelques actes de rebellions parfois, plus jeune. Il s’est calmé avec l’âge, demeurant simplement… indifférent. Mais aujourd’hui, MacKelled lui propose de simplement crever l’abcès. Une bonne fois pour toutes. Pourquoi aujourd’hui ? Cela n’a pas vraiment d’importance finalement. Ted se lance, sans vraiment hésiter et les paroles viennent toutes seules. Dans ces accusations, il y a encore l’incompréhension d’un enfant à qui on a arraché les parents. Mais quand il arrive le temps de réponse, il a envie de fuir. Une part de lui n’a pas envie d’entendre… Pourtant, il tient de ses parents le courage… Aussi ne bouge-t-il pas. Il frémit aux premières paroles du professeur… Il les a vu mourir, tous les deux. Il ouvre la bouche, mais la referme sans qu’un son n’en sorte, tandis qu’Andrew continue sur sa lancée. C’est sans doute plus facile pour lui de faire ainsi. De déverser son sac sans être interrompu intempestivement.

Les doigts de Ted se crispent, signe qu’il se retient, que ce qu’il entend ne lui plaît pas forcément. Mais pour être un membre de la famille Black et savoir ce que sa grand-mère a enduré en épousant un moldu, il peut comprendre l’endoctrinement des Sangs-Purs, surtout à cette époque. Même encore maintenant, certains se comportent encore comme si ils étaient supérieurs et ne doivent qu’attendre l’opportunité de voir revenir cette suprématie, ces privilèges, qui se sont estompés avec le temps. Beaucoup doivent aspirer à la gloire d’antan. A la puissance. Alors oui… Il peut comprendre le lavage de cerveau. Que des gens ne soient pas assez intelligents pour se poser les bonnes questions, se rendre compte que tout cela n’est pas normal et agir en conséquence. Tout le monde n’est pas capable de sortir de son confort. MacKelled l’a fait… un peu tard. Ted a un rictus un peu méprisant quand il évoque le sauvetage des premières années. Une façon de se racheter ? Possible.

Alors qu’il écoute en silence, assis près du professeur, bien qu’à distance raisonnable, il ramène ses genoux contre sa poitrine, son gobelet sur eux, le regard vide devant lui. Bien sûr que Voldemort aurait tué sa famille si il avait déserté. A contrecœur, il doit reconnaître comprendre le point de vue de l’homme à ses côtés, de l’ancien Mangemort repenti. Ses parents se sont battus pour la liberté, pour que d’autres orphelins ne voient pas le jour, que des moldus ou des Sang-Mêlés ne soient pas traqués et tués. Pour assurer aux jeunes un avenir… Malgré les risques, malgré leur fils en bas âge, ils ont combattu. Et ont péri, en l’abandonnant derrière eux. Mais en accomplissant leurs rêves. Ted a un goût de bile dans la bouche, l’amertume du gâchis. Pourquoi fallait-il qu’ils meurent, tous les deux ? Quelque part, c’est aussi bien, aucun n’a souffert de la perte de l’autre. Mais lui…

Il épingle Andrew du regard quand il termine sur les tourments qu’il endure chaque jour. Sa culpabilité est la meilleure vengeance. « Je vais pas vous dire que je suis désolé. » Oui, il l’a encouragé à le tutoyer, mais il reste plus âgé et a été son professeur pendant des années, les habitudes ont la vie dure. Et puis cela permet une certaine distance entre eux, confortable pour le jeune homme. « Mais… » Il détourne ne regard. « Je comprends un peu mieux votre position. » Ces mots, il les lâche du bout des lèvres. « Vous avez pourtant cautionné ces actes. Vous n’avez rien fait pour l’empêcher. Ne pas agir activement ne vous dédouane pas de votre implication. » Son regard s’est de nouveau ancré à celui de l’ancien Mangemort. « Rien de ce que vous pourrez dire ne les ramènera… » Il raffermit sa voix, demandant finalement : « Vous vous êtes excusé… Et vous attendez quoi de moi ? Le pardon ? Ca je ne peux pas vous l'offrir. Mais merci de m'avoir parlé. » Le jeune homme incline la tête légèrement en guise de salut, avant de tourner les talons, plus retourné par la discussion qu'il ne l'aurait pensé, plus incertain quant à ce qui est juste également.

ft. Andrew