Albus s'était longuement demandé comment agir avec Zoé. Il ne pensait pas qu'elle puisse faire quelque chose d’aussi monstrueux que d'agresser quelqu'un. Il s'était d'ailleurs porté tout de suite auprès d'elle afin de lui manifester son soutien quand elle avait été accusée. Mais depuis, pour une raison qu'il ne s'expliquait pas, elle avait tendance à rester discrète et à ne plus se montrer en dehors des cours. Ils avaient décidé de vivre une relation ensemble et finalement, ils ne se voyaient jamais parce qu'elle fuyait autant qu'elle le pouvait. Il pouvait comprendre qu'elle soit bouleversée et qu’elle ait le sentiment que quelqu'un lui voulait du mal mais il ne comprenait pas pourquoi elle se tenait loin de lui alors qu'il l'aimait de tout son cœur et la soutenait.

Ce n'était qu'en en parlant avec sa cousine qu'il avait réussi à trouver un semblant de réponse ou au moins, de solution pour débloquer les choses. Elle avait su le persuader que si Zoé était en difficulté, ce qui était compréhensible, il devait tout faire pour lui faire savoir qu'elle n'était pas seule. D’après ce qu'il en avait compris, ce n'était pas une bonne idée d'attendre qu'elle revienne d’elle-même car le message que cela envoyait pouvait être faussé. Albus avait ainsi compris que c'était à lui de faire savoir à sa bien-aimée que rester seule loin de lui n'était pas une bonne idée.

Il avait donc décidé de prendre les choses en main. On lui reprochait souvent de ne pas être assez courageux et de ne pas affronter les problèmes quand ils se présentaient. Il devait reconnaître que cela lui ressemblait bien mais il y avait une différence entre craindre d'affronter un ennemi dangereux, même pour protéger ses amis, et ne pas s'occuper de quelqu'un parce qu'on craignait de se faire rejeter. Ce n'était pas le même courage et s'il était d'accord pour dire qu'il n'avait pas envie de devenir un combattant, il avait tout de même l'intention d'apporter à Zoé son amour et son soutien.

Il avait fait son enquête et découvert quelques endroits où certaines personnes avaient eu l'occasion de la voir. Il fouillerait ses endroits les uns après les autres mais il finirait par la retrouver et lui faire savoir que son comportement ne faisait que la rendre malheureuse. Elle le rendait malheureux lui aussi, bien-sûr, mais ce n'était pas sur ça qu'il avait envie à de se concentrer. Il voulait se centrer sur elle. C’était pour cette raison qu'il était monté à la tour d'astronomie, persuadé que c'était là qu'elle se trouvait. Ce n'était pas la seule option possible, mais à cet instant, la nuit était tombée sur le château, même si ce n'était pas encore l'heure du couvre-feu, et il avait l'intuition qu'elle serait là-bas à regarder les étoiles en souvenir ha de leur soirée pendant la sortie scolaire.

Il avait eu du nez. En arrivant, il lui jeta un regard tendre. Il la regarda un instant sans se montrer et sans qu'elle s'en aperçoive et son cœur se serra en pensant qu'il y avait une personne suffisamment mauvaise pour avoir mis autant de douleur sur le visage de celle qu'il aimait. Pour la première fois, il éprouva l'envie de faire du mal à quelqu'un pour la venger, envie qu'il réprima aussitôt, pour se concentrer sur des questions de réconfort. Il s'avança, les mains dans le dos en essayant d'arborer la mine facétieuse et friponne du Albus qu'elle avait toujours tellement aimé.

« Trouvée ! », lança-t-il d’un ton enthousiasme comme s'il participait un jeu sympa avec elle. « Du coup, c'est à moi de me cacher maintenant ? »

Zoé n’a pas revu Albus depuis qu’elle lui a déclaré sa flamme, qu’ils se sont embrassés et ont décidé de se mettre ensemble. Entretemps, il y a eu la soirée d’Halloween et la découverte de ce qu’elle a fait. Elle se considère comme dangereuse et préfère rester isolée. Quand elle sera plus puissante, elle pourra retourner vers lui. Dans leur couple, c’est elle qui le protège. Elle sait bien qu’il n’arrive pas à le faire et que cela lui revient. Cela ne lui posait pas de soucis mais là, elle est un potentiel danger pour lui. Si elle l’agresse, il ne saura pas se défendre. Alors pour son bien, elle doit rester toute seule. Elle s’isole donc. Elle va toujours en classe mais reste à une table seule. Elle ne parle à personne durant les cours. Elle est la première à partir et la dernière à arriver. Il lui arrive même d’être en retard alors que ce n’était jamais le cas avant. Elle va dans sa salle commune que pour monter directement dans son lit. Elle ne mange que très peu. Ce jour, elle s’est réfugiée dans la tour d’astronomie. C’est le soir et elle observe les étoiles avec mélancolie. Elle pleure un moment puis s’arrête. Elle n’a plus de larmes de toute manière. Elle a fini par s’assécher. Elle regarde le ciel et repense à Albus. Il lui manque terriblement mais c’est mieux pour lui qu’elle reste loin. Elle ne voudrait pas le mettre en danger. Alors elle ne peut que se remémorer les bons souvenirs avec lui. Elle repense au combat contre le dragon puis à leurs baisers. C’était tellement merveilleux et en même temps cela n’a pas duré.

Ils ont été ensemble qu’une après-midi, et depuis elle ne l’a pas revu. Elle se souvient qu’il a été à ses côtés quand ils ont découvert pour le gallion mais elle ne se souvient pas de s’il a dit quelque chose ou pas. Elle était tellement dans le brouillard, totalement sidérée par ce qui se passait. Elle n’en revenait pas et puis après tout s’est enchaîné. Ils ont dû retourner dans leur dortoir et elle a été convoqué. Depuis, elle n’a fait que le croiser même en cours. Elle se demande s’il pense à elle car elle n’a pas l’impression qu’il ait cherché à venir la voir. Mais c’est peut-être mieux. Ainsi, elle ne devra pas le fuir. Elle est perdue dans ses pensées quand soudainement, il surgit devant elle. Mais que fait-il là ? Pourquoi lui parle t’il de se cacher ? Elle ne comprend rien mais surtout elle se met à paniquer. Et si elle l’agressait ? Elle se met à trembler et ramasse ses affaires en catastrophe. Elle met tout dans son sac en en bazar et se lève. Elle doit sortir de là. Il ne doit pas rester près d’elle. Cela pourrait être dangereux. Sa respiration s’accélère et elle sent l’angoisse qui étreint son cœur. Elle doit sortir en urgence. Elle se lève et se dirige vers la porte en jetant juste un regard rempli de douleur à Albus.

Face à sa présence et à son innocente blague, Zoé ramassa toutes ses affaires et fut sur le point de s’enfuir. Alors qu’elle passait à-côté d’elle, Albus l’attrapa doucement pour l’empêcher de fuir. Il ne voulait pas la contraindre à faire quoi que ce soit, mais il savait bien qu’elle allait partir en courant s’il ne parvenait pas à l’en empêcher. C’était justement ce qu’il venait débrouiller, le pourquoi elle faisait ça. Il était convaincu qu’elle avait une très bonne raison pour l’éviter, mais il ne pensait pas qu’elle était justifiée. Et il allait le lui démontrer si elle lui en laissait le temps.

« Hé, c’était une blague. Je vais pas vraiment aller me cacher. »

Il était bien conscient que ce n’était pas ce qu’elle avait essayé de faire, mais ce n’était pas facile de parler des choses importantes. Il s’approcha d’elle doucement, comme s’il approchait d’un animal blessé. Il avait sincèrement l’impression que c’était ce qu’elle était en ce moment. Il redevint sérieux pendant un instant en espérant qu’elle comprendrait qu’il avait vraiment envie de passer du temps avec elle, et que l’idée qu’elle disparaisse loin de lui, il ne le supportait pas. Il ne savait toujours pas vraiment comment aborder le sujet. Il n’était vraiment pas fait pour ces choses-là, mais si lui ne le faisait pas, personne ne le ferait à sa place.

« Pourquoi tu me fuis, Zoé ? On se dit qu’on sort ensemble, et ensuite on ne se voit plus. Je croyais », fit-il avec un zeste de malice, « qu’être ensemble voulait dire passer du temps ensemble. »

Il suffit d’un seul regard de sa part pour admettre que ce n’était que très piètre pour tentative d’humour. Mais elle savait qu’il n’était pas doué pour ces choses-là. Cela dit, vu qu’elle cherchait à le fuir, ce n’était pas vraiment ce qui allait la faire rester. Il devait trouver la force de lui parler sérieusement. Il avait beau être mal à l’aise, Victoire lui avait bien fait comprendre que ce ne serait qu’en étant honnête et sincère avec Zoé qu’il pouvait espérer l’ouvrir un peu à elle. Et c’était à lui de faire l’effort de marcher vers elle. Personne ne pourrait le faire à sa place.

« Ok, c’était pas drôle. Et je suis pas idiot, je sais bien que tu regrettes pas vraiment qu’on se soit mis ensemble… j’espère », son manque de confiance en lui ne put-il s’empêcher d’ajouter. « Mais de toute façon, je pense pas que le problème serait là, parce que tu sais que si on rompait, on serait toujours meilleurs amis, comme avant, donc je pense que tu m’en parlerais. Donc, je sais pas ce qu’il y a mais je pense que tu devrais me le dire. »

Albus ne pouvait même pas envisager qu’elle le fuyait justement parce qu’elle l’aimait. Quand on n’allait pas bien, on ne fuyait pas ses amis, on se reposait sur lui. Pour lui, il ne comprenait pas le comportement de Zoé, mais il était sûr qu’elle n’avait pas cessé d’être la Zoé qui lui était chère au cœur. Elle était là quelque part, et il devait la retrouver avant que Zoé ne perde complètement pied et ne se retrouve le dos au mur. Il avait accepté d’être son amour, ce n’était pas pour renoncer à la première difficulté.

« Ecoute, si tu as un souci, on peut en parler, je suis là pour ça. C’est le rôle d’un petit-ami, et même celui d’un ami, si c’est ce que nous devrions être, alors dans tous les cas, tu devrais m’en parler pour que je puisse t’aider. »

La présence d’Albus lui est juste insupportable. Elle ne veut pas être près de lui. Elle doit s’éloigner à tout prix. Elle a envie de le serrer contre elle et de l’embrasser. Les souvenirs du 31 octobre remontent à la surface. Le jour où ils se sont déclarés leur amour et finalement le seul jour de la relation. Après tout s’est enchaîné. Elle a agressé un élève et depuis, elle ne veut plus parler à personne. Elle s’isole et va juste en cours. Enfin jusqu’à ce que Mara la surprenne ce fameux soir dans la bibliothèque. Mais là n’est pas question. Voir Albus d’aussi près lui rappelle tout ce qu’elle rate en restant loin de lui. Elle voudrait le serrer dans ses bras mais immédiatement, elle pense qu’elle risque de le blesser. Et si elle était à nouveau ensorcelée ? Et que cette fois c’est Albus qu’elle cherche à agresser. Elle ne peut pas risquer cela. Même si elle commence à se dire qu’elle va devoir vivre avec cette potentialité. Elle ne peut pas rechercher la puissance mais doit accepter ses faiblesses. Elle l’a entendu et cela parcourt son chemin dans sa tête. Elle a repris les entraînements avec Mara. Le seul qu’elle accepte de revoir. Aussi parce qu’elle sait qu’il saura se défendre si elle l’agresse. Mais Albus, elle n’est pas prête. Elle tente de fuir, de partir loin d’Albus mais il tente de la retenir. Elle a envie de se dégager, de partir en courant mais elle ne sait pas pourquoi, elle ne le fait pas. Peut-être parce qu’il résonne dans sa tête les paroles de Mara : elle doit accepter de l’aide. Alors, elle ne part pas pour l’instant mais tout son corps est tendu vers la sortie. Sa blague sur le fait d’aller se cacher l’agace. En temps normal, elle adore ce côté d’Albus mais aujourd’hui cela ne la fait pas sourire. Elle est très sérieuse et n’a pas besoin d’avoir un gamin en face d’elle. Elle ne le regarde pas et lui dit :

-Tu comptes grandir un jour ?

Elle culpabilise de lui dire cela mais c’est une manière de le protéger d’elle. Elle ne veut pas lui faire du mal et peut-être que ses mots vont suffire à le faire partir. Même si au fond de son cœur, elle n’en pense pas un mot. Mais il doit grandir en cet instant et il doit le comprendre. Elle ne peut pas le protéger comme avant. Pourtant, il ne part pas et reste. Il semble être bien décidé à rester. Il lui demande même pourquoi elle le fuit. Elle aimerait qu’il comprenne sans qu’elle ait besoin d’expliquer, qu’il montre qu’il la connaisse. Au lieu de lui faire une pseudo morale sur le couple. Elle lui dit d’un ton glacial

-En même temps tu ne m’as pas vraiment cherché.

Elle est clairement injuste et elle en a parfaitement consciente. Elle a les larmes aux yeux rien qu’à dire cela. Elle tourne la tête pour qu’il ne puisse pas s’apercevoir. Il doit comprendre qu’il serait mieux loin de lui. Elle préfère lui dire des choses horriblement injustes que d’admettre ce qu’elle ressent réellement. Elle connaît Albus et a très peur de risquer de le blesser. Elle le sait rêveur et pas toujours à même de se défendre. Il compte sur Zoé et Anne pour cela. Elle ne peut plus le protéger, c’est elle qui a besoin d’être protégé là. Elle se sent tellement faible et impuissante. Oui, elle ne doit pas raisonner en faible ou fort mais cela trotte encore dans sa petite tête. Elle n’arrive pas à se l’enlever encore totalement. Il enchaîne en disant des inepties sur être ensemble ou être ami. Cela fait monter l’agacement en elle. Il compte encore parler longtemps de choses sans intérêt ? Il compte la faire parler ainsi ? Elle se plante devant la fenêtre et serre les dents pour ne pas lui balancer d’autres horreurs. Elle a envie de le réveiller, de le secouer au lieu qu’il continue à parler ainsi pour rien. Il n’a toujours pas compris que le problème est lié à Halloween. Pourtant il est venu la rejoindre après la chute de la pièce. Il était à côté d’elle, il devrait comprendre. Elle ne devrait même pas avoir à lui expliquer. Mara lui a compris sans qu’elle ait besoin d’expliquer pourquoi elle va mal. Elle voudrait qu’il percute pour une fois tout seul. S’il veut être un soutien, qu’il le soit vraiment. Elle lui dit d’une voix dure

-Tu ne sais vraiment pas ? Réfléchis pour une fois.

Elle est en colère contre elle-même. Elle voudrait tellement s’en aller pour retrouver sa semi solitude mais elle ne peut pas rester ainsi. Elle ne peut pas passer sa vie à éviter tout le monde. Elle commence doucement à le comprendre mais c’est difficile. Tant d’émotions qui se mêlent en elle. Et la présence d’Albus est vraiment complexe. Elle l’aime tellement et c’est bien pour cela qu’il doit rester loin d’elle ou comprendre par lui-même. Elle a besoin d’un autre Albus en cet instant. Elle ne le regarde même sinon il verrait le mélange de rage et de désespoir dans ses yeux. Elle se contient encore de lui répondre quoi que ce soit. Elle sait qu’elle ne serait pas tendre dans ses propos. Elle ne peut pas lui dire des gentillesses, lui dire à quel point elle l’aime sinon elle va s’effondrer. Et il enchaîne avec le rôle du petit ami. Il n’a vraiment rien compris car il semble bien décidé à lui expliquer à quoi sert un petit ami ou un ami. Elle respire un grand coup pour éviter de lui déballer toute sa pensée. Elle se plante les ongles dans sa paume pour juguler les émotions. Cela lui permet de retrouver un minimum de calme.

-Le rôle d’un petit ami c’est aussi de savoir lire entre les lignes.

Qu’il se débrouille avec cela, qu’il comprenne un peu tout seul. Elle ne va pas quand même devoir tout lui expliquer en détail. Elle regarde vers l’extérieur. Elle se perd dans la contemplation du ciel étoilé alors que les larmes lui montent aux yeux. Elle se rappellera toujours de cette soirée sous les étoiles. Leur première infraction au règlement. Elle se rappelle de toutes les histoires qu’elle a pu lui raconter.

L’hostilité qui émanait de Zoé n’était peut-être qu’un mécanisme de défense contre quelque chose que Albus n’identifiait pas vraiment et il était quasiment certain qu’elle n’était pas réellement dirigée contre lui, mais cela n’empêcha qu’il prît mal sa remarque. Il parvenait à conserver son calme et à ne pas trop montrer sa peine, seulement parce qu’il se rappelait les paroles de Victoire et qu’il était déterminé à aider Zoé. Si elle ne voulait pas de son aide, alors, c’était qu’elle ne voulait pas qu’ils restent ensemble, ni même amis. C’était la conviction profonde de Albus et il n’y croyait absolument pas.

Quand elle lui demanda s’il arrêterait un jour de se conduire comme un enfant, il pinça les lèvres et retint l’envie qu’il avait de lui donner une bonne fessée. Albus était gentil, mais il n’appréciait pas l’injustice et la déloyauté. Et si quelqu’un se comportait vraiment de façon puérile, il était encore capable de s’en rendre compte et de le traiter selon son attitude. En l’occurrence, Zoé le cherchait et elle allait le trouver si elle continuer à s’entêter dans son comportement. Il tenait à l’aider, mais il voulait surtout qu’elle cesse de se comporter de façon à détruire elle-même et ce qui l’entourait.

« Moi, au moins, je ne me comporte pas comme un enfant capricieux », lança-t-il d’un ton sévère, mais sans animosité.

Elle le provoquait. Il avait beau être lunaire et rêveur, il était quand-même capable de voir quand les piques étaient là pour créer la discorde. Zoé n’était pas juste et elle le savait. Sans-doute espérait-elle qu’il allait cesser de vouloir l’aider si elle se montrait assez odieuse. Qu’elle ne compte pas là-dessus. Il avait décidé qu’il aurait le fin mot de l’histoire et ne s’en irait pas avant d’avoir les réponses. Elle l’accusait de ne pas l’avoir cherchée, elle savait pourtant que ce n’était pas dans sa nature de forcer comme il le faisait maintenant et qu’il ne s’y était résolu qu’en désespoir de cause.

« Je ne suis pas comme ça et tu le sais. Cela dit, je me suis assez inquiété pour toi pour forcer ma nature, ici, aujourd’hui. Tu aurais peut-être eu envie que je le fasse avant, mais voilà, je ne pouvais pas deviner que tu le voulais. Et ne me dis pas que je dois changer. Je ne changerai pas, Zoé, Je peux seulement m’efforcer de changer ma vision de certaines choses pour ton bien-être. Ce que je fais en ce moment. Alors, ne retourne pas la culpabilité sur moi. C’est toi qui a fui. »

Elle se fâcha parce qu’il n’avait pas compris. Il ne savait même pas de quoi on parlait exactement. Elle ne lui avait partagé aucun de ses secrets depuis le fameux soir où il y avait eu cette pièce bizarre. Quand il avait essayé de la questionner sur ce que les professeurs avaient dit, elle s’était éloignée sans écouter. Il avait beau réfléchir, il ne pouvait pas deviner ce qu’elle avait refusé de lui dire. Il devait y avoir quelque chose qu’elle ne lui avait pas partagé, et foi d’Albus, il ne la lâcherait pas sans savoir de quoi il retournait.

« Et comment pourrais-je lire entre des lignes que je n’ai pas. Tu ne m’as absolument pas parlé depuis ce fameux soir d’Halloween… attends… ça a un rapport avec ça ? Tu as appris des choses ? Les profs ont dis un truc ? Explique-moi, sinon je ne peux pas deviner ! »

Il est là près d’elle et elle veut juste fuir. Il ne peut pas rester ainsi à ses côtés. C’est bien trop insupportable de le savoir là alors qu’elle veut juste le prendre dans ses bras. Mais elle doit le protéger et le garder loin de lui quoiqu’il en coûte. Il a tenté de l’empêcher de partir alors elle est encore là. Elle lui reporte toute son agressivité en le comparant à un gamin. Une manière de se protéger et de lui donner une raison de partir. Si elle est horrible avec lui, il voudra sûrement s’en aller et ne plus être près d’elle. Elle va leur faciliter la vie à tous les deux même si au fond d’elle, elle en souffre. Elle l’aime vraiment mais c’est bien pour cela qu’elle doit être forte. Il compare son comportement à une gamine capricieuse. Elle lui tourne le dos dans un mouvement qui pourrait paraître celui d’un enfant boudeur mais c’est surtout pour qu’il ne voit pas la douleur dans son regard. Cela la blesse qu’il la traite ainsi et elle est blessée aussi par la manière dont elle le traite. Elle s’en veut d’être aussi horrible avec lui. Mais elle continue en lui reprochant même de ne pas être venu le chercher avant. Elle est surprise de l’entendre répliquer. Il ne s’enfuit pas et l’affronter. C’est étrange car cela ne ressemble pas du tout à son comportement habitueL « Oh pauvre petit ». Elle ne peut pas s’empêcher d’être condescendante avec lui alors qu’en réalité, elle est touchée qu’il se batte ainsi pour elle. Mais elle ne peut pas lui montrer. C’est pour son bien à lui-même si pour l’instant il ne le comprend pas. Il finira par comprendre et elle reviendra vers lui plus forte et apte à le protéger.

Elle est en colère ou en tout cas fais comme si elle l’est car il n’a pas compris pourquoi elle se comporte ainsi. En même temps, elle ne lui a donné aucune explication pour qu’il puisse comprendre son comportement. Mais il est plus facile de l’accuser que de devoir expliquer. Elle aimerait qu’il fasse le lien tout seul. Elle lève les sourcils quand il semble enfin comprendre qu’il y a un rapport avec Halloween. « Tu comprends enfin, il t’en aura fallu du temps. Evidemment que c’est en lien avec Halloween. Tu crois quoi ? Ce n’est pas anodin, une pièce ensorcelée est tombée de ma poche. Bien sûr que j’étais la coupable toute désignée. Mais non je ne suis pas une coupable, juste une victime, une incapable trop faible qui s’est laissée manipulée par un sortilège !" Zoé est limite en train de crier en disant cela. Elle a les larmes aux yeux mais lui tourne toujours le dos. Il doit rester loin d’elle et ne surtout pas s’approcher d’elle. « Ne t’approche surtout pas de moi ». Elle s’est tournée vers lui la baguette en main. Elle ne lui fera jamais de mal mais veut le dissuader de venir trop près d’elle. Elle est complétement envahie par la peur de le blesser sans le vouloir.

Zoé pourrait être aussi cruelle, méprisante et agressive qu'elle le voudrait, cela ne changerait rien pour Albus. Il avait conscience qu'elle cherchait à le faire fuir pour une raison qu'il ne parvenait pas encore complètement à comprendre. Malheureusement pour elle, il était plus que décidé à ne pas lui en laisser la possibilité. Quelque chose était en train de se passer, quelque chose de suffisamment grave pour que Zoé tourne le dos à tout ceux qui lui étaient proches. Il n'était pas question que le Poufsouffle s'éloigne avant d'avoir compris ce qui emplissait d'angoisse le cœur de celle qu'il aimait. La douleur et la peine que lui procuraient ses mots était plus supportable en sachant qu'elle ne le pensait pas vraiment.

Il regrettait de ne pas pouvoir comprendre instantanément tout ce qui pouvait troubler son cœur, mais les secrets des autres êtres humains étaient encore un mystère pour le jeune homme. Il avait progressé dans de nombreux domaines, mais il y avait des choses sur lesquels il continuait d'être impuissant. Il ne pouvait pas changer sa nature profonde et même s'il avait l'impression que c'était ce qu'elle voulait, il se souvenait encore qu'elle lui avait dit le contraire peu de temps auparavant. Il se pouvait qu'elle ait changé mais autant et en si peu de temps, cela lui paraissait douteux.

Elle voulait peut-être sincèrement qu'il s'éloigne d'elle pour des raisons tout à fait valables, mais il était prêt à parier que cela n'aurait rien à voir avec les propos qu'elle pouvait tenir en ce moment. Elle voulait simplement le faire fuir et tous les moyens étaient bons, mais il ne s'y laisserait pas prendre. Il n'avait pas l'intention de s'enfuir tant qu'il n'avait pas eu de réponse à ses questions. Il était là pour elle et pour comprendre ce qui lui arrivait. Si elle ne lui répondait pas, il ne pourrait pas trouver un moyen de lui venir en aide. Elle était trop précieuse pour lui pour qu'il renonce.

Il avait quand même réussi à comprendre qu'il s'agissait d’Halloween. Ce n'était pas si compliqué quand on y réfléchissait puisque c'était la dernière fois où ils avaient eu une conversation normale, mais ça ne répondait à aucune de ses questions. La seule chose dont Albus avait pu se rendre compte, c'était qu’une pièce avait été glissée dans la poche de Zoé. Mais il ne savait pas de quoi elle était faite ni les conséquences que cela pourrait avoir sur elle. Alors il était difficile de pouvoir évaluer les impacts sur la Serdaigle. Mais quand elle lui expliqua de quoi il s'agissait, il comprit alors qu’elle s'était fait manipuler et que c'était pour cette raison qu'elle n’osait plus approcher ceux qu'elle aimait.

« Ne m'en veux pas, Chérie, mais pour une Serdaigle, tu te laisses un peu trop influencer par tes émotions et cela t'empêche de raisonner avec la logique qui s'impose. Parce que là tu as vraiment fait n'importe quoi. Si quelqu'un te manipule, et qu’il t'ordonne de faire du mal à quelqu'un, tu crois vraiment que te tenir éloigné de lui va suffire ? Quand tu seras sous l'influence de cette personne, tu n'auras aucun mal à retrouver ceux que tu évites si habilement en temps normal. Et en restant seule, tu offres toute latitude à cette personne pour t'approcher et te manipuler à nouveau. Si tu veux être sûre que ça ne se reproduise pas, le meilleur moyen est encore de t'entourer en permanence de gens en qui tu auras confiance. Et si tu ne veux vraiment pas que ce soit moi parce que je ne sais pas me battre, il y a d'autres personnes qui savent. Anne par exemple. »