Retrouvailles

Début septembre 2022, Bureau du Professeur Zaig

Maïwenn Zaig &
Amara Mancini-Yaxley

C’était la toute première rentrée d’Amara Mancini-Yaxley à Poudlard. L’Italienne n’y avait ni enseigné, ni étudié, du moins, à l’exception de son année comme membre de la délégation de BeauxBâtons en 1994. Elle avait gardé un bon souvenir de cette école et ce n’était pas sans une certaine nostalgie qu’Amara arpentait aujourd’hui les couloirs du collège. Elle y était désormais professeur intervenante de musique et musicologie à l'université. Un poste assez léger, au fond puisqu’il ne s’agissait pas vraiment du type d’étude extrêmement prisé. Mais Amara s’en moquait bien. Pour la toute première fois de sa vie, elle avait un emploi. Un vrai. Elle avait enfin une chance de montrer ce qu’elle valait. Enfin une chance de prouver que, non, ce n’est pas parce qu’on est fourchelangue, épouse d’un Mangemort et ancienne Mangemort elle-même qu’elle en était pour autant un monstre. Malheureusement, l’opinion publique en avait jugé autrement. Porter le nom de Yaxley n’était pas chose simple. Ça ne l’avait jamais été et, même si au contraire de son époux, elle n’était pas à Azkaban, elle avait été en prison toute sa vie, bâillonnée par cette vie de manipulation, de violence et d’abus. Aujourd’hui, Amara n’avait plus vraiment d’espoir qu’on la voit autrement. Non, elle s’était faite une raison. Elle savait que la nature humaine avait besoin de haïr. C’était viscéral. Aujourd’hui, elle servirait ses propres intérêts avant tout. Pourquoi continuer à tenter de plaire à une société qui refuse de vous laisser une place ? C’était sans espoir. C’était tout autant pour cette raison qu’elle avait rejoint les rangs d’Abadone. Voyait-elle Abadone comme un sauveur ? Pas vraiment. Abadone n’était probablement pas la solution finale, mais au moins, elle n’était pas aussi écoeurante que ces dits “héros de guerre” à qui on dit Amen à tout. Toujours était-il que, opportuniste qu’elle était, elle comptait tirer profit de la situation. Oui, elle tenait sincèrement à se rapprocher de son cousin, Amos Mancini, qui représentait un affront à la famille. Mais Amos était différent. C’était grâce à lui qu’elle avait obtenu le poste d’intervenante.

Justement, sur les documents de l’école, elle n’avait pas manqué de remarquer un nom qui lui était familier : Maïwenn Zaig. Comment oublier un tel nom ? Impossible. Elle ne s’était pourtant pas imaginé qu’elle deviendrait professeur. Il était vrai qu’elle ne l’avait plus vu au sein des Aurors enquêtant sa famille, mais Amara en avait simplement conclu que Zaig avait changé d’équipe, ou opté pour un poste de bureau et non de terrain. Après tout, la profession d’Auror était un travail à hauts risques. Néanmoins, Amara voulait en avoir le cœur net. Était-ce bien la Maïwenn Zaig qui avait vu en elle autre chose que l’épouse fidèle et modèle, mais la captive ? Ce n'était pas un nom des plus communs, surtout en Angleterre. Ainsi, en ce début d’année scolaire, Amara ne manqua pas de s’orienter vers le bureau du professeur de défense contre les forces du mal (non sans avoir eu besoin de demander son chemin à maintes reprises). Elle se posta à la porte, et frappa doucement. Lorsqu’une voix féminine l’autorisa à entrer, Amara actionna la poignée et poussa le battant de bois. Elle fit un pas à l’intérieur du bureau, reconnaissant la chevelure de feu de l’Auror.

- Inspectrice Zaig, salua-t-elle non sans une certaine surprise teintant sa voix à l’accent encore profondément italien. J’ignore si vous vous souvenez de moi. Je suis Amara Mancini-Yaxley. Nous nous sommes rencontrées il y a quelques années.

Amara doutait fortement d’avoir laissé une forte impression à l’Auror. Corban Yaxley lui avait toujours répété qu’elle n’était rien d’autre qu’un beau visage. A vrai dire, il n’avait pas tord et en dépit des années, Amara n’avait pas changé : toujours aussi élégante, ses longs cheveux bruns ondulant sur ses épaules, son teint hâlé, ses robes distinguées mettant en valeur les courbes très avantageuses de son corps.

By Aardbei

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Maïwenn Zaig &
Amara Mancini-Yaxley

Il sembla néanmoins que l’inspectrice reconnut Amara. Même si elle savourait la liberté et l’indépendance, l’épouse Yaxley se voyait encore parfois avoir quelques difficultés à réaliser qu’elle avait plus de valeur que celle de pondre des enfants. C’était bien triste, mais ce concept qui semblait si désuet de nos jours avait fait partie intégrante de la vie d’Amara pendant de très nombreuses années. Elle eut ainsi donc presque un brin de surprise en entendant l’Auror affirmer se souvenir d’elle. Néanmoins, elle afficha un léger rictus en l’entendant qualifier son acte de “courrageaux”, avant de demander à l’appeler par son prénom et à la tutoyer.

- Mh, pour ce que vendre Corban m’a apporter… souffla-t-elle avec une certaine ironie alors que son accent italien continuait de faire chanter chacun de ses mots.

Maïwenn l’invita alors à s’asseoir et lui proposa un thé. Amara s'approcha de sa démarche toujours aussi élégante. Sa robe épousant le moindre de ses mouvements alors qu’une délicate odeur florale marquait le sillage de ses pas. Une belle magie, féminine et délicate. Le genre de magie qu’on juge utile d’apprendre aux femmes Mancini. Elle s’installa, croisant alors ses jambes à la longue infinie, révélant ses fines cuisses hâlées par l'échancrure de sa robe.

- Nous sommes en effet collègues, oui. J’enseigne la musicologie à l’université. A vrai dire, Minerva vient tout juste de me convoquer pour me proposer de prendre en charge la chorale.

Elle afficha un léger sourire, aussi charmant qu’à son habitude et accepta bien volontier un thé, remerciant son hôtesse par la même occasion.

- Et, naturellement, nous pouvons nous totuoyez…

Elle marqua un légère pause, bloquant quelque peu sur la prononciation de ce prénom.

- Maillouèn.

Elle grimaça légèrement, consciente d’avoir massacré le prénom de l’ancienne Auror. Ainsi, elle changea alors rapidement de sujet :

- Et tu es devenu professeur de défense contre les forces du mal, il semble. Je ne me souviens pas avoir entendu mes filles mentionner ton nom par le passé, est-ce ta première année ?

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Début septembre 2022, Bureau du Professeur Zaig

Maïwenn Zaig &
Amara Mancini-Yaxley

Un sourire s’étendit sur les lèvres beaucoup trop parfaites pour être entièrement naturelles d’Amara en entendant les félicitations de Maïwenn.

- Merci. Je suis arrivée à Poudlard à la rentrée de Septembre. Quant aux filles, elles vont bien. Bella est en première année de droit magique et Diana est entrée en cinquième année. Elle est toujours aussi passionnée par le Quidditch. J’ai une troisième fille, Ottavia qui a maintenant 5 ans. Et toi ?

Difficile à dire en voyant Amara, qu’elle était mère de famille nombreuse. Elle était jeune et… eh bien, avait aussi l’air encore plus jeune. Retournant la question à l’ancienne Auror, alors qu’elle avait pris place en face d’elle, Maïwenn l’informa alors avoir pris le poste de professeur de défense contre les forces du mal, et ce, tout comme elle, depuis la rentrée.

- Ah, nous voilà donc les deux nouvelles de l’école, dit-elle avec un léger sourire amusé. Mes félicitations pour ce poste. Je dois admettre avoir été assez surprise de… eh bien… ne pas te voir parmi les Aurors ces dernières années. Plus particulièrement il y a 6 ans, quand Corban a été libéré. Mais, si tu t’es tourné vers l’enseignement, tout s’explique.

Elle esquissa légèrement un sourire, se demandant bien pourquoi elle avait ainsi changé de carrière, mais après tout, cela ne la regardait pas. Elle ne creusa donc pas la question, sous-entendant simplement qu’elle avait été relativement déçue que son dossier ne soit pas repris par Maïwenn à l’époque.

Les deux femmes continuaient d’échanger, parlant de choses et d’autres, des changements de leur vie, de la fierté d’Amara des accomplissements de ses filles, ou encore mentionnant qu’elle refaisait désormais sa vie avec un homme qu’elle aimait profondément, on frappa à la porte du bureau. Un élève entra, demanda alors l’attention immédiate de son professeur. Amara n’attendit pas d’être congédiée et, en bonne lady ou plutôt donna qu’elle était, décida de prendre congé d'elle-même. Avec bien trop d’élégance, cette dernière se leva et remercia Maïwenn pour cette conversation des plus intéressantes, faisant promettre à sa collègue de renouveler l'expérience. Elle s’en alla alors, retournant à la préparation des auditions de la chorale.

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