time to wake up

Il était assez évident que j’avais besoin d’aide pour mieux vivre cette situation, pour mieux vivre à l’école. Une évidence qui me pousserait à devoir faire face à quelqu’un. Fort heureusement l’école avait une personne compétente qui pourrait peut-être m’aider, qui pourrait peut-être me faire avancer et être un peu plus en mesure de faire face. Je ne me faisais pas d’illusion dans le sens ou je resterais quelqu’un de discret, en retrait des autres et peu sociable, mais si je pouvais cesser d’avoir peur de tout le monde, de mon ombre et des interactions humaines, peut-être cela pourrait me faire devenir meilleur, ou peut-être pourrais-je ne pas avoir perdu mes années à étudier quelque chose que je ne pourrais enseigner.

Ainsi donc en journée, n’ayant pas toujours quelque chose à faire en rapport avec mon métier, j’avais prit mon courage pour me rendre face à un bureau, celui de Miss Carter si je ne me trompais pas. J’étais toujours pas bien convaincu que me retrouver seul avec un adulte que j’avais fui comme les autres pendant des jours soit facile, utile, mais tout de même. Je devais montrer que j’en voulais, que je pouvais changer, ou essayer de changer.

Toquant alors, j’avais attendu qu’on me réponde pour rentrer tout en m’inclinant, franchement, un peu trop sans doute avant de me redresser, tête toujours baissée pour me cacher derrière mes cheveux et souffler d’une voix tremblante. « Bonjour Madame Carter… », fermant la porte, je repris, « Park Min-Hwan… Je suis désolé de vous déranger… Je… J’aurais voulu vous consulter pour… Quelques problèmes. » autant dire les choses comme elles étaient, impossible même de mentir, je n’en voyais pas l’utilité. Je devais juste avouer, assumer que j’étais inapte, même si ça revenait à accepter que j’échouais, que je n’étais pas bon. Si je ne réagissant pas maintenant, je ferais perdre son temps à mon professeur et à l’école. Je menacerais la formation d’étudiant et je serais sans rien. Je… Je devais me reprendre.

ft. Venus

Les jours se ressemblaient à Poudlard mais sa liste de patients ne faiblissait pas. Certains prenaient rendez-vous, d’autres passaient leur tête au travers de sa porte lors des permanences, en tout cas elle prévenait toujours par un écriteau lorsque son bureau était déjà occupé. Ce n’était pas le cas cette fois mais quelqu’un ne tarda pas à toquer et elle mit de côté sa tasse de café afin de donner la permission d’entrer. Quelle ne fut pas sa surprise en découvrant Min-Hwan Park, celui qui fuyait ses collègues. C’était sûrement pour cela qu’il venait ici d’ailleurs…

Même si la jeune femme ne l’avait pas beaucoup croisé, elle avait bien remarqué qu’il n’était pas à l’aise socialement et son nom ne manqua à être prononcé dans la salle des professeurs lorsqu’il n’y était pas. Certains y voyaient là un rejet ou une désinvolture mais il n’en était rien pour Venus qui avait le recul nécessaire pour comprendre.

“Bonjour Monsieur Park, bien sûr, asseyez-vous.” Répondit-elle avec le sourire et en montrant le fauteuil confortable. “Je n’ai pas eu l’occasion de vous souhaiter la bienvenue, j’espère que le cadre vous plaît.” Elle connaissait déjà plus ou moins la réponse mais c’était une manière de le questionner sans que ce soit invasif.

“C’est la première fois que vous venez voir une psychomage ? Sachez que tout ce qu’il sera dit ici restera entre nous et vous êtes libre de faire part de vos impressions ou alors de les garder pour vous… C’est comme vous le sentez.” La brune avait tenu à poser les bases comme elle le faisait avec chaque personne qui passait par ici, cela permettait aussi de mettre en confiance car certaines personnes avaient des aprioris sur sa profession. “Alors de quoi aimeriez-vous discuter ?”

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Pando

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Dès qu’elle avait parlé, l’angoisse était montée, d’un coup, brutalement avant de regarder le siège pour m’avancer vers lui sans oser m’asseoir. Ajoutant alors qu’elle n’avait pas eu l’occasion de me souhaiter la bienvenue, elle s’enquérit de mon impression de l’école avant que je m’assois, la jambe battant le sol, nerveusement. « C’est… C’est différent. » soufflais-je, la voix nouée, le regard baissé, fixant le sol.

Est-ce que c’était la première fois que je voyais un psychomage ? Sans doute les choses auraient été différentes si j’avais consulté, si j’avais déjà été voir quelqu’un. Mais elle me rassurait sur le fait que tout ce qui serait dit ici, resterait ici, entre nous. J’étais libre de parler, libre de garder les choses pour moi. C’était comme je le sentais. « Ce… Ce n’est pas… Contre productif de… Ne rien dire ? » demandais-je alors, de plus en plus nerveux alors qu’elle essayait d’ouvrir la conversation.

Je ne savais pas quoi dire, je ne savais pas quoi faire. J’en avais besoin, je devais le faire, mais… Quoi dire ? Par quoi commencer ? Par quoi engager la conversation ? Je n’en savais rien, j’étais… Pétrifié pour le moment. Absolument pétrifié. Je ne savais vraiment pas, je ne savais définitivement pas comment faire, quoi faire, où aller et… Ce fut le silence, un long silence que je finis par briser, la tête un peu plus basse, « J’ai… J’ai… Les gens… Je… Je… J’ai peur des gens… », ce qui était stupide, définitivement car ça prouvait presque mon incompétence à avoir choisi cette matière, ce métier alors que j’étais exposé. Les élèves l’avaient déjà compris, c’était dangereux dans le sens où s’ils abusaient, je pourrais ne pas valider mon année, je… Je serais sans rien et… Je ne savais pas comment faire, je ne savais pas comment m’en sortir et… C’était ridicule, tellement que je voulais fuir.

ft. Venus

Certains cas étaient toujours plus difficiles que d’autres et Venus s’adaptait à chaque patient, les laissant s’exprimer comme ils le souhaitaient et surtout sans jugement. Min-Hwan était particulier car il lui était difficile de parler à quelqu’un et le fait d’avoir une inconnue en face de lui n’arrangeait rien. Elle y avait donc été doucement et puis la remarque du professeur fut surprenante. S’était-elle mal exprimée ? Ou alors n’avait-il réellement rien à dire ? Il avait avoué avoir des problèmes pourtant. Non quelque chose clochait et elle reformula.

“Je voulais dire qu’il y a des choses dont vous aurez envie de parler et d’autres non, du moins à l’instant T et je ne forcerai donc pas.”

Et puis le silence s’installa et la jeune femme comprit que Min-Hwan était en train de lutter contre lui-même pour ne pas s’enfuir alors elle attendit un instant. C’était perturbant mais elle lui laissait simplement le temps de trouver ses mots.

“Prenez votre temps.” Dit-elle d’un ton calme et bienveillant, montrant qu’elle n’était pas incommodée. “N’hésitez pas à respirer calmement.” La brune espérait ainsi le mettre en confiance.

Le jeune homme lui avoua finalement son problème, un problème de taille mais Venus savait déjà comment elle pouvait faire du tri dans ses émotions.

“De quoi avez-vous peur exactement ? Qu’est-ce que vous ressentez quand vous êtes en face de quelqu’un ?” Le but était en effet de comprendre l’origine du problème en cernant la peur elle-même.

Si un ou plusieurs effets étaient produits par l’esprit jusque dans le corps c’est qu’il avait dû vivre des choses traumatisantes au point de fuir ses semblables mais il était encore trop tôt de le questionner là-dessus. Il allait y venir naturellement de toute façon puisque Venus lui demandait qu’est-ce qui manifestait ses craintes.

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Ce n’était pas ne pas parler, c’était surtout ne pas dire des choses que je n’avais pas envie d’exprimer, c’était différent, elle ne me forcerait pas. Mais je devais parler et… Le silence retomba dans son bureau, juste entre coupé par les bruits que mon stress pouvait produire. Je devais prendre mon temps, respirer calmement. Pourtant j’étais là de mon propre chef, on ne m’avait pas poussé, mais j’étais tellement mal à l’aise que j’avais presque envie de disparaitre. Mais voila, j’avais peur des gens, peur de ce qu’ils impliquaient après ma déclaration, j’avais presque attendu à avoir un mouvement, une trace de jugement, mais rien. Elle voulait juste savoir de quoi j’avais peur, ce que je ressentais quand j’étais face à quelqu’un. Vaste question sans doute. J’avais jamais cherché à être remarqué, j’avais… Fais une connerie en m’exposant. « J’ai… J’ai l’impression de suffoquer. Je pense… Je pense à ce qu’il faut faire et… Le jugement. », même si je savais que c’était normal dans notre monde, j’avais toujours l’impression de ne correspondre à rien, de me noyer, irrémédiablement.

« J’ai… J’ai été longtemps harcelé et j’appréhende toujours le fait que ça recommence… » car au final j’étais encore étudiant, car rien n’avait changé et que j’étais toujours un enfant perdu dans ce monde. J’étais toujours incapable de voir le monde, de le saisir entièrement. Je n’étais pas sortie de l’école et je n’en sortirais jamais. Je serais toujours soumis aux évaluations des autres, à leurs attentes. « J’ai envie d’être invisible. », alors que tout le monde se battait toujours pour être visible, pour être quelqu’un, mais c’était loin d’être mon cas, j’avais besoin d’être personne, juste le professeur, mais c’est tout. Je n’avais pas d’ambition car je ne pouvais pas en avoir, je ne pouvais pas lutter à l’époque, pas plus que je pourrais lutter après. Et pourtant je devais assez m’imposer pour avoir le respect et l’attention des élèves. Un équilibre impossible à recréer.

ft. Venus

Min-Hwan avait finalement réussi à exprimer ses ressentis et il avait même conscience de ce qui l’effrayait réellement, ce qui facilitait le travail, avouons-le. Les bases étaient donc posées, le jeune homme craignait d’être harcelé et souhaitait donc être invisible mais était-ce si simple ? N’y avait-il que cette raison-là ? Venus s’y connaissait bien en harcèlement pour l’avoir subi et il est vrai que cela laissait des cicatrices mais le professeur d’astronomie en avait créée une phobie sociale, ce n'était pas anodin.

“Je comprends, en disparaissant vous évitez d’être jugé, voir harcelé… J’ai une question qui me vient alors à l’esprit et n’y voyez aucun jugement, pourquoi souhaitez-vous devenir professeur ? Vous êtes non seulement face à des élèves qui vont scruter vos moindres faits et gestes, commenter vos enseignements mais il y a aussi la direction qui attend de vous une certaine compétence et qui souhaite que les élèves réussissent. Sans compter les collègues que vous croisez tous les jours.” Beaucoup de pression en somme.

C’était sûrement pour cela qu’il consultait, il avait bien dû se rendre compte à quel point son problème était difficile à gérer pour mener à bien sa fonction.

“Quel type d’élève étiez-vous à l’époque ? Plutôt timide, en retrait ou au contraire extraverti ? Prenez votre temps, je sais qu’il est difficile de se rappeler de certaines choses.”

Venus ciblait plutôt le passé, avant le harcèlement et comment Min-Hwan se sentait par rapport à ça. Évidemment il n’y avait rien qui le justifiait mais les victimes avaient tendance à penser qu’elles le méritaient ou qu’elles n’étaient pas assez bien tant les railleries et les mauvais traitements étaient impactants. Après tout, le sorcier craignait d’être maltraité peu importe ses paroles ou ses actions au point de ne même plus savoir quoi dire ni faire. Ce qui était triste puisque la psychomage ne doutait pas qu’il possédait plein de qualités, ce qu’elle allait essayer de lui faire comprendre par la suite.

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Comprendre qu’en disparaissant, j’évitais d’être jugé, ou harcelé, mais elle avait une question. Pourquoi devenir professeur ? Pourquoi le devenir alors que j’allais être observé par les élèves… Jugé par la direction qui attendrait de moi une certaine compétence… Mes collègues… Je… J’avais conscience de devoir faire face aux gens, d’aider des élèves, mais… Je n’avais pas tout réalisé et à cet instant je venais de me décomposer. Réellement. La panique envahissant mon regard, mon coeur commençant à battre de plus en plus fort, cédant à la panique de ce jugement perpétuel, de l’échec que j’allais représenter et que je représentais déjà. «C’était… C’était le plus loin et le plus poussé en… En Astronomie… J’ai… J’ai pas réfléchit quand j’ai commencé et… », me levant alors, subitement mort de chaud, j’avais commencé à marcher en long, en large et en travers de la pièce, retirant même ma veste, trahissant l’hyperthermie qui agitait mon coeur et mon coeur. J’allais mourir, mourir de honte, mourir de chaud. J’allais mourir.

Je n’avais pas pensé à ça, au jugement, aux critiques.

Pourtant sa question et le respect que j’avais malgré mon agitation me fit lui répondre. « J’ai techniquement pas fini mes études… C’est pas si difficile… » soufflais-je donc, stressé, tendu, « J’ai… J’ai toujours beaucoup travaillé… J’ai jamais eu d’amis… Personnes voulaient être amis avec un raté, ou un né moldu étrange… » assurais-je en me frottant l’arrière du crâne alors que je n’avais de cesse de m’agiter, de marcher, pensant encore et encore aux choses désastreuses qui allaient me tomber dessus. « J’ai… J’ai jamais été autre chose que… Que ça… », qu’angoissé, calme, en retrait, le genre de gosse à qui il arrivait toujours les pires choses, qui voyaient ses angoisses prendre vie sans jamais pouvoir lutter ou s’en sortir. Oui. J’étais condamné dans ce schéma destructeur.

ft. Venus

Venus avait mis le doigt sur plusieurs problèmes dont Min-Hwan n’avait pas encore conscience puisqu’il se mit à paniquer au point de devoir retirer sa veste et de marcher dans son bureau. Il devait sûrement s'être focalisé sur autre chose pour ne pas s’en être rendu compte. Est-ce que c’était grave ? Non, il fallait bien qu’il le sache à un moment ou à un autre, cela faisait partie du métier et ils étaient là pour parler de ce qui n'allait pas.

“Hum… Respirez doucement… Vous êtes en sécurité ici.” Dit-elle en mimant le geste. “Voulez-vous que j’ouvre une fenêtre ?” Si bien sûr il ne menaçait pas de sauter.

Le jeune homme se reprit et apporta davantage d’informations sur sa jeunesse. Encore un Né-Moldu rejeté… Elle en savait quelque chose. Voilà le résultat, les élèves étaient si cruels parfois. Il n’y avait pas que cela, Min-Hwan était un naturel introverti et cela n’aidait pas à se faire des amis. Non pas que c’était de sa faute mais les harceleurs s’en prenaient souvent aux plus faibles.

“Est-ce que vos parents étaient au courant ? Est-ce qu’ils vous soutenaient ou vous apportaient des conseils ?” Elle avait aussi besoin de connaître l’environnement familial dans lequel il avait grandi afin de mieux comprendre sa situation. "Ou alors, est-ce que vous en avez parlé à quelqu'un d'autre ?"

Voyant qu’il ne se calmait pas, Venus attendit quelques secondes et pencha la tête sur le côté avant de s’exprimer d’un voix plus douce.

“Je vous connais très peu mais je peux dire que vous êtes loin d’être un raté Monsieur Park, malgré vos peurs vous avez poursuivi votre but et vous avez obtenu un poste ici. Vous êtes encore étudiant mais vous êtes en bonne voie pour devenir officiellement professeur parce que vous en avez les compétences et vous avez travaillé dur pour. Vous avez beaucoup plus de ressources au fond de vous que vous ne le pensez et personne n’a le droit de remettre ça en question. Vous méritez autant d’être là que n’importe qui d’autre, Né-Moldu ou non, d’accord ?”

C’était un sujet sensible pour elle aussi et même si elle devait prendre du recul, elle connaissait cette douleur et elle s’en servait pour trouver les bons mots. De manière générale, il était totalement injuste d'harceler quelqu'un et elle n'allait pas laisser passer ça.

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Respirer, j’aimerais, mais pour le moment, je voyais les réalités s’enchainer, et je n’étais pas en sécurité, pas si je devais être scruter après, dès que je sortirais… Quant à la fenêtre, je levais les yeux vers cette dernière, vers la lumière qu’elle dégageait et une évidence s’imposa à moi. « Noir… La nuit… Je… Vous pouvez faire apparaitre la voute céleste… S’il vous plait… » gémissais-je sans pour autant réussir à me calmer. J’étais paniqué, perdu et j’essayais de lui répondre, mais la montagne semblait grandir de plus en plus alors que je réalisais. Enfin non, j’avais toujours su, mais… J’avais ignoré, complètement ignoré.

Quant à mes parents ? Ce qu’ils pouvaient faire… Ou d’autres personnes… Commençant à me ronger les doigts, je me sentais compressé, de plus en plus, « Ils… Ils m’ont retiré de l’école Moldu au début… Quand j’étais harcelé… Mais… Ils… Ils sont comme moi… On… On étudie, on… On fait surtout ça… Quand… Quand ça allait pas, on travaillait… », ils n’étaient pas plus à l’aise que moi. Vraiment. « Et… J’ai jamais eu d’amis… », donc impossible d’en parler et puis pourquoi dire ? « L’Asie… On ne parle pas de nos problèmes… », car on en avait pas.

Et puis elle assura que sans me connaitre, elle ne pensait pas que je sois un raté. J’avais poursuivi mes études malgré mes peurs, j’avais obtenu un poste ici, j’avais les compétences, j’avais travaillé pour ça. C’était rationnel. J’aimais ce qui était rationnel. Mais le fait que personne n’avait à remettre en question mes ressources ? Non. Pas si c’était un problème. Et… « Si je suis un problème, il faut me remettre en question… Je dois être remis en question. », je ne devais pas être encerclé d’une attitude pouvant nuire aux autres, surtout si j’étais un problème.

« Mais les élèves… Comment ne pas les pénaliser ? Je… J’ai pas su me défendre… Alors eux ?! », demandais-je en la regardant. Je ne voulais pas avoir à leur parler, pour autant j’étais conscient de ça, du fait qu’il faille être là pour eux, pour les aider, pour les soutenir et pour effacer les doutes. « Je… Je sais comment transmettre des connaissances, mais je… Je ne peux pas leur transmettre mes insécurités… », je ne pouvais pas les condamner à la même angoisse.

ft. Venus

Min-Hwan n’était pas un patient comme les autres et Venus allait devoir peser ses mots si elle ne voulait pas voir son coeur s’arrêter. Ce dernier lui demanda de faire apparaître la nuit, ce qui semblait l’apaiser. Ce n’était pas pour rien s’il avait choisi l’astronomie, il devait apprécier observer les étoiles pendant des heures. Il y avait quelque chose de poétique à cela. Venus s’exécuta donc et enchanta la fenêtre afin qu’elle n’affiche pas le soleil mais une nuit étoilée.

La psychomage avait ensuite demandé au professeur comment ses parents avaient géré la situation et ils n’avaient finalement pas fait grand chose, hélas. Peut-être espéraient-ils que les problèmes de leur fils passent et qu’il s’endurcisse au fil des années. Min-Hwan n’avait donc pas vraiment eu de soutien, ni d’amis sur qui compter et il avait plongé. Son estime pour lui-même s’était fondée sur des moqueries, il était donc difficile aujourd’hui pour lui de connaître sa réelle valeur. Venus avait tenu à le rassurer sur ce point mais cela ne fonctionna pas. Ce n’était pas grave, c'était à prévoir car le travail allait être long.

“Se remettre en question est important oui mais ça ne signifie pas pour autant que vous êtes un problème, à vrai dire c’est vous qui souffrez le plus de cette situation. C’est pour vous-même que vous devez avancer, pas simplement pour être bien vu ni pour satisfaire quelqu’un.”

Le jeune homme s’inquiétait tout de même de ne pas pouvoir protéger les élèves mais était-ce son rôle ? C’était une grande responsabilité pour lui et la brune pensait qu’il n'était pas capable pour l’instant d’affronter les problèmes que les jeunes sorciers pouvaient rencontrer.

“Je comprends votre désarroi mais pour le moment, il vaut mieux conseiller aux élèves d’aller voir leur directeur de maison plutôt que de gérer des situations qui pourraient vous angoisser. Ce n’est pas seulement à vous de porter sur vos épaules les problèmes qu’ils pourraient rencontrer et ce ne sera pas de votre faute si ça arrive. Ce n’est pas de la faiblesse ni de l'égoïsme, c’est juste qu’il faut y aller pas à pas le temps que vous alliez mieux. Ce n’est pas Min-Hwan Park qui leur fait cours mais le professeur d’astronomie, il y a tout de même une barrière à poser entre eux et vous.”

Tout comme ce qu’elle faisait avec ses patients, aucun d’eux ne connaissait la vraie Venus et pourtant elle avait aussi ses problèmes.

“Ce n’est pas facile, c’est certain mais des élèves pourraient justement profiter de votre faiblesse pour chahuter.”

C'était d'ailleurs parce qu'il était fragile que des imbéciles en avaient profité pour lui faire du mal et Venus allait devoir lui apprendre à se blinder.

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Je voyais les étoiles, c’était déjà une bonne chose, car je pouvais me concentrer dessus, sur ce que je voyais, sur les étoiles et leurs sens. Mais je ne pouvais pas aussi me bercer d’illusion, je devais faire face, me remettre en question pour évoluer et apprendre. Chose qu’elle confirmait avant de me contredire. Se remettre en question n’impliquait pas que je sois un problème. C’est moi qui souffrais le plus dans la situation. C’était pour moi que je devais avancer, pour moi que je devais changer. Et non pour satisfaire quelqu’un d’autre. Pour autant, penser à moi serait une bonne chose ? L’individualisme n’était pas dans ma culture, « J’ai déjà fait un choix égoïste en suivant ces études, je ne peux pas en plus me reposer sur des acquis faibles et qui font de moi un piètre humain. », je ne pouvais pas tout imposer à tout le monde.

Comme je ne pouvais pas rester ainsi, comme je devais évoluer pour aider d’autres, les élèves. Je devais être un bon professeur. Mais je ne pouvais pas. Je devais les renvoyer à leur directeur plutôt que gérer la situation qui pourrait m’angoisser. Je ne serais pas responsable, je ne serais pas faible, ni égoïste. Je devais simplement y aller pas-à-pas, le temps d’aller mieux. Ce n’était pas moi qui faisais cours, mais le professeur d’Astronomie. Je devais donc mettre une barrière, poser une limite, pour moi.

Quand au fait que les élèves profite de ma faiblesse… « Je crois qu’ils le font déjà… Certains… » soufflais-je la tête baissée. « Je n’ai pas changé en 25 ans… Pas pour moi. Pourquoi ça serait différent aujourd’hui si je ne le fais pas dans l’optique d’être un meilleur enseignant et digne de cette école ? », demandais-je en pinçant un doigt entre mes dents. « Je n’ai pas vraiment l’impression d’avoir quelque chose à offrir à titre personnel… Je… Je ne suis que moi… », alors avancer pour moi, en mon nom… Pourquoi ?

ft. Venus

On pouvait dire que Min-Hwan partait de rien, sa confiance en lui frolait le néant. Le travail allait être long, voilà ce que la psychomage se disait en écoutant le professeur. Pourtant, une lueur d’espoir persistait dans l’obscurité, telle une étoile qui illumine le ciel. Le big bang ne s’était pas fait en un jour, Venus était confiante pour lui.

“Je vois là plutôt une forme de détermination et de courage là où vous voyez de l’égoïsme…” Répondit-elle avec bienveillance.

Le jeune homme s’était calmé et une vraie conversation sincère avait pu s’enclencher. Il faisait par de ses doutes et posait des questions, c’était très positif. On était passé du garçon timide qui avait à peine su lui dire bonjour à celui qui parlait avec le coeur, c’était déjà une grande avancée. Malheureusement il ne le voyait pas comme cela et c’était normal. Certains élèves profitaient déjà de sa faiblesse et ce n’était pas étonnant non plus, il fallait de la poigne pour les tenir.

“Vous l’êtes déjà, vous êtes un bon enseignant mais vous manquez juste d’estime et de confiance en vous. Vous avez toutes les cartes en main, elles ne demandent qu’à être jouées maintenant. Alors que voulez-vous réellement ? Etre un meilleur enseignant ou simplement réussir à vous ouvrir et à parler aux autres ? Regardez, vous vous débrouillez très bien actuellement. Vous en êtes capable Min-Hwan.”

Venus ne tarissait pas d’éloge et pour cause, l’asiatique possédait la passion de l’enseignement et il se souciait des autres. Il était exactement à la bonne place mais l’angoisse qu’il ressentait le poussait à fuir et à croire qu’il était mauvais. Ce n’était donc pas des paroles en l’air.

“Et qui êtes-vous selon vous ?” Question difficile, sommes-nous les meilleurs juges quand il s’agit de nous décrire ?"

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« Je ne suis pas certain que le courage puisse-t-être une réalité. J’ai choisi une matière, un monde, mais je n’ai pas su assumer les conséquences. », j’avais reculé, comme je le faisais ici. Il me fallait un temps conséquent pour me calmer, pour me rassurer, pour m’ouvrir aussi. Je voulais travailler sur moi car je savais que cela serait nécéssaire pour devenir meilleur enseignant, car je ne voyais pas comment les choses pourraient en être autrement. Sauf que j’étais déjà un bon enseignant pour elle.

Je manquais juste de confiance et d’estime de moi. Mais j’avais ce qu’il fallait pour m’ouvrir aux autres, je devais juste savoir les utiliser. Alors qu’est-ce que je voulais ? Être un meilleur enseignant ou m’ouvrir aux autres ? Car je me débrouillais bien avec elle, donc j’en étais capable et… M’inclinant légèrement, j’avouais, « C’est car vous êtes calme et que vous ne bougez pas… Miss Wheeler est… Une véritable épreuve pour moi… » avouais-je d’une voix nouée.

Mais je ne me pensais pas capable d’offrir quoi que ce soit, je me sentais… Je n’étais que moi en fait. Mais j’étais qui ? « Un imposteur… Quelqu’un sans grand intérêt en fait… », quelqu’un qui était ici, qui n’avait pas grand chose à prouver, qui devait juste… Essayer. Même si je me sentais bien incapable d’être quelque chose d’intéressant. « J’aime mes étoiles, je veux blesser personne, mais je sais pas vraiment ce que je suis. », j’étais déjà ça, et ca me semblait souvent tellement impossible à dépasser que je n’étais pas bien sûr que ce soit suffisant. D’où cette impression d’usurper, d’être pas à ma place. J’avais certes étudié pour ça, mais à quel point c’était un vol ? À quel point d’autres auraient pu être meilleurs ? À quel point mes notes avaient pu influencer sur mon dossier ?

ft. Venus

Min-Hwan n’arrivait pas à voir en quoi il avait pu être courageux à cause de l’échec bien que pour Venus ce n’en était pas vraiment un. Il se concentrait donc sur le négatif plutôt que le positif, c’était souvent plus simple à faire mais pas que, il avait sûrement été élevé de cette façon. C’est-à-dire à se flageller dès lors qu’il ne correspondait pas aux attentes de ses parents. Ainsi, il lui était impossible de réaliser qu’il avait fait le bon choix en suivant son coeur.

“Vous ne pouviez pas le savoir, c’est justement en vivant cette épreuve que vous vous rendez compte de ce que ça implique réellement. Vous auriez pu en effet choisir une autre voie tout en restant dans votre zone de confort mais vous seriez toujours dans la même configuration.”

La psychomage ne put ensuite s’empêcher de sourire à sa remarque sur Erin. Elle était en effet extravertie et démonstrative, tout l’inverse de son patient.

“Oui c’est sûrement encore trop tôt pour tenter une approche avec elle… Essayez d’abord les personnes plus calmes pour vous entraîner.”

Et ce n’était pas une blague, Erin allait devenir une échelle où 0 était une personne face à laquelle Min-Hwan se sentait à l’aise, 10 étant une personne qu’il avait envie de fuir. La brune lui avait ensuite demandé qui il était et la réponse ne s’était pas faite attendre. Elle l’avait anticipé et elle continua donc sur sa lancée.

“Et qui vous aimeriez être ? Est-ce qu’il vous est déjà arrivé de rencontrer quelqu’un et penser “qu’est-ce que j’aimerais être comme lui ou elle” ?"

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Pando

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Ne pas savoir avant de le faire, pourtant j’avais été égoïste, à plus d’un titre et je continuais à l’être, j’étais resté dans ma zone de confort, sans penser à rien d’autre. Baissant la tête, j’avouais aussi que c’était plus facile de lui parler à elle qu’à d’autre, dont la directrice de Serdaigle qui me semblait bien agité. Elle, elle était calme. Et elle confirma, me conseillant les personnes calmes. « J’ai… J’ai déjà échangé avec Miss Greaux aussi… Elle… Elle est gentille et intéressante… J’ai apprécié ma discussion avec elle. », mais pas plus loin, vraiment pas loin.

Mais me concernant, je ne savais pas voir ce qu’elle voulait que je trouve. Je me sentais comme un imposteur, j’aimais simplement les étoiles, je ne voulais faire de mal à personne, mais j’avais aucune idée de qui j’étais. J’étais juste moi. Alors qui j’aimerais être ? Avais-je déjà rencontré quelqu’un de plus assuré en pensant que j’aimerais être comme eux ? « J’ai toujours admiré les grands esprits… », car ils apportaient tellement de part leurs connaissances que ça ne pouvait-être qu’intéressant… « Mais vouloir êtres une autre personne… Je n’ai jamais été à l’aise avec cette idée… », car je ne savais déjà pas être moi, alors un autre…

« J’aimerais simplement être moins… Dans la crainte de chaque chose, comprendre ce qui semble naturel à tout le monde, sauf à moi… », mais je n’avais aucune idée du sens qu’il fallait prendre ça, aucune idée de comment avancer, comment faire ce qu’on attendait de moi. « Je vous fais perdre votre temps… » soupirais-je finalement, la tête plus basse, conscient que je n’aurais rien, que je ne pourrais rien faire ainsi, avec cette mentalité. J’étais une perte de temps, je sais même pas pourquoi j’étais ici.

ft. Venus

Venus avait souri lorsque Min-Hwan lui apprit qu’il avait réussi à sympathiser avec une professeure, il en était donc capable à condition que la personne soit calme. C’était déjà un bon début et cela prouvait qu’il pouvait s’améliorer, d’autant plus qu’il en avait la motivation. Le jeune homme répondit donc à ses questions mais finit par se dénigrer. C’était comme faire un pas en avant puis reculer. C’était compréhensible dans le sens où parler de soi-même n’était pas simple et cela demandait à sortir de ses habitudes. Il risquait donc d’avoir des moments de doute et d’avoir l’impression de ne pas avancer.

Min-Hwan savait au moins ce qu’il voulait, sans que cela implique d’être quelqu’un d’autre mais il ne savait toujours pas qui il était. Les prochaines séances allaient donc être orientées là-dessus et sur sa confiance en lui, s’il le souhaitait. En effet, la psychomage n’obligeait personne à venir la voir.

“Non pas du tout, non seulement mon temps est disponible pour vous mais en plus nous avons déjà bien avancé.” Répondit-elle avec le sourire avant de griffonner sur son cahier. “L’objectif est donc fixé, ça prendra sûrement du temps, celui qu’il faudra.” La jeune femme reporta ensuite son regard sur lui.

“Il n’y a pas de cas perdu, ne vous en faites pas, vous aurez même sûrement déjà un peu changé d’ici notre prochain rendez-vous, si vous souhaitez continuer bien sûr.” Venus était certaine que Min-Hwan allait garder en tête les quelques mots qu’ils avaient échangés mais ce n'était pas fini, elle avait encore quelques conseils à lui donner.

“Allez à votre rythme et entamez des conversations que si vous vous sentez capable de le faire. Ce n’est pas grave de reculer au dernier moment, ça ne voudra pas dire que vous êtes nul, votre cerveau est tellement habitué à fonctionner de cette façon qu’il ne comprendra pas si vous faites un virage à 180 degrés, ça ne fera que créer de l’angoisse. Cependant, il arrive à comprendre les petites actions. Fixez vous des petits objectifs dans la journée comme “aujourd’hui je dis bonjour à un collègue en le regardant dans les yeux”, plus vous êtes à l’aise et plus l’objectif peut augmenter, comme “aujourd’hui je serre la main d’un collègue”. Ça vous donnera un sentiment de satisfaction, le cerveau adore les récompenses mais si vous n’y arrivez pas et bien c’est que l’objectif est encore hors de portée et il faut en choisir un autre plus facile d’accès.”

Dans tous les cas, Min-Hwan n'allait pas régler ses problèmes en un jour mais chaque petit pas était une victoire et pouvait le rapprocher de son idéal.

Remember that sometimes the brightest light comes from the darkest place

Pando

time to wake up

Je ne lui faisais pas perdre son temps, elle en avait pour moi et elle jugeait que j’avais déjà progresser. Il faudrait du temps, mais elle en aurait pour moi. Je devais juste avancer à mon rythme, accepter de reculer au besoin, mais tout irait bien. Je devais y aller doucement, pas me précipiter et me fixer des petits objectifs. Des choses réalisables, comme dire bonjour à un collègue en le regardant dans les yeux, et puis essayer de serrer une main. Des choses qui puissent me donner le sentiment de réussir, d’avancer. Et si quelque chose semblait impossible à atteindre, je devais en choisir un autre, plus accessible, pour récompenser mon cerveau avant de passer à la suite. Me récompenser… Même si tout ça me semblait déjà assez… Difficile à imaginer, je suppose qu’elle avait raison, qu’elle savait mieux que moi ce qu’il en était. Elle… Elle avait raison.

M’inclinant alors nerveux, je relevais les yeux vers elle, comprenant que j’allais avoir besoin de processe tout ça tranquillement, de prendre mon temps pour assimiler les éléments. « J’essayerais. », mais là, ça me demandait trop d’énergie. J’avais déjà fait la démarche et le fait que j’avais déjà voulu fuir n’était pas pour rien. J’avais besoin de solitude à cet instant, car c’était la plus grande alliée. « Je… Je vous remercie pour tout Madame Carter… » assurais-je, en me baissant bien plus bas avant de me redresser pour reculer et sortir.

J’allais essayer, même si c’était grandement basé sur une énergie qui me manquait aujourd’hui. Mais j’allais essayer de soutenir les regards, de faire de mon mieux, même si ça impliquait une apnée, un épuisement. Mais un café pouvait se faire aussi non ? Ou corriger aux côtés de Miss Greaux aussi devait être possible. C’était qu’une question de volonté et d’investissement. Et je pouvais le faire à cette échelle. Je devais le faire.

ft. Venus