Mika s’était remis de l’accident. Heureusement, à vrai dire car bien que l’on m’avait assuré que tout irait bien une fois la crise passée, j’avais mis plusieurs jours à l’admettre, à ne pas le surveiller, à ne pas vérifier dès qu’il m’était possible de le faire que tout allait bien. J’en avais raté un jour de cours. Il devait rester couché. Il était resté couché. De gré ou de force, je m’étais donné cette mission et l’avait mené à bien jusqu’au lendemain, comme l’avait dit l’Infirmier Meyer.

Cela faisait maintenant une semaine et mis à part les dix protections que j’avais pu lui offrir – cette fois de force, il n’avait pas réellement eu le choix que de les accepter – j’avais réussi à me détendre, à reprendre une vie normale… Ou presque. Si mes journées étaient normales, si elles se ressemblaient d’ailleurs plus que je ne l’aurais voulu, les soirs… J’admettais être peut-être un peu plus regardant sur comment se sentait le sorcier. Sûrement allait-il falloir un peu plus d’une semaine pour que je souffle. Enfin.
Au moins cet événement m’avait donné un nouveau souffle, une idée de la vie, de ce que je pouvais désormais perdre… Et c’était en partie pourquoi je me trouvais avec ma guitare entre les mains, travaillant sur cette chanson que je lui avais montrée il y avait presqu’un mois maintenant, concentré et en pleine réflexion.
Cela faisait deux heures que je travaillais sans relâche, une fois mes devoirs terminés et notre repas pris. La nuit s’était levée et je sentais la fatigue me prendre. Il allait être temps que j’arrête… Bâillant à nouveau, je déposai l’instrument, m’étirant alors de tout mon long pour me lever du lit inoccupé devenu zone de combat musical tant les parchemins le recouvraient, avant de m’approcher de Mika, l’enlaçant dans son dos avec un sourire, embrassant sa joue.

- Je reviens. Soufflai-je. Je vais me laver et me changer. Ne va pas dans le lit. Il est froid. Je me dépêche.

Voilà une autre habitude que j’avais prise. Je tentais toujours de me coucher avant lui, de réchauffer le lit pour qu’il n’ait jamais froid. Alors… Mieux valait que je me dépêche. Attrapant mes affaires, non sans avoir rassemblé mes partitions, je filai rapidement dans la salle de bain de notre maison pour m’y laver entièrement, ayant même adopté une certaine petite routine de produits spécial Mika avant de remonter. Cela ne m’avait pas pris plus de dix minutes. En pyjama, je retirai mon haut dès que je pénétrai dans notre chambre, en confiance, avant de me stopper.

Cette odeur… Je la connaissais… C’était…

- Oh… Soufflai-je en penchant la tête à la vue d’un élément qui n’était pas là lorsque j’étais arrivé. Tu es de retour, toi ? Esquissant un sourire en m’approchant du fennec, je m’installai en tailleur sur le lit à côté de lui pour lui gratouiller la tête. Hae ? M’enquis-je auprès de Mika. Tu ne sais pas à qui il appartient ? Il ne devrait pas traîner seul la nuit… Et ce n’est quand même pas la première fois qu’il vient… Il a peut-être faim ?... Mais nous n’avons ni œufs ni insectes… Désolé mon beau. Soupirai-je en me stoppant.

Oh. Une idée… Me relevant, je renfilai mon haut de pyjama, indiquant à Mika que je revenais dans une minute pour m’éclipser dans la chambre se trouvant face à la notre et revenir avec une sauterelle pétrifiée par mes soins, offerte par un élève de notre maison dont l’araignée mangeait fort heureusement des insectes.

- Je n’ai que ça à te proposer… Soufflai-je en posant l’insecte devant lui pour le laisser manger, en profitant pour retirer de nouveau mon haut. Tu n’auras qu’à revenir demain, je te garderais des œufs du souper.

Esquissant un sourire serein, bien plus serein que je ne pouvais en avoir à l’extérieur de la chambre, je m’étirais à nouveau, gratouillant une dernière fois le petit animal. Chauffer le lit. Oui… Quittant le lit que nous allions bientôt donner au petit fennec s’il continuait à venir, j’enjambais Rainy qui arrivait pour se coucher contre son nouvel ami, afin de me glisser sous la couette. J’avais tardé… Mmh. Tant pis. Un coup de baguette et je réchauffai le lit d’un sort que j’avais appris pour mon soleil, lui faisant signe qu’il pouvait me rejoindre.

- Cela a été aujourd’hui ? Murmurai-je. Tu as pris tes potions ? L’entourant de mes bras, je soupirai d’aise à son contact, à sa peau contre la mienne, glissant l’une de mes mains dans ses cheveux pour le serrer contre moi quelques instants. Tu as mal quelque part ?

Encore une question. Je savais que je pouvais exagérer alors soufflant un léger rire, je secouai doucement la tête.

- Désolé. Murmurai-je en baissant la tête, levant son menton d’une main pour l’embrasser avec tendresse. Je te promets qu’un jour j’arrêterais de m’inquiéter.

Un jour… Peut-être pas demain.

Pas d’explication sur la provenance de l’animal que nous allions finir par adopter mais un Mika dans mes bras, dans notre lit… Alors… C’était le plus important. Quand bien même le sorcier râlait de ma « prévenance » maladive.

- Je sais… Soupirai-je en secouant la tête doucement.

Mais j’avais eu peur. Je n’arrivais pas à lutter contre cette peur, contre l’angoisse de la vision que j’avais eu de lui. C’était plus fort que moi. Cela partirait mais… J’avais besoin de temps. Du temps pour m’assurer qu’il allait bien. Qu’il ne risquerait rien. Que tout irait bien. C’était frustrant, bien sûr. Je rêvais de le toucher, de l’embrasser et même plus mais… Mais j’avais bien trop peur de le blesser, d’être le responsable d’une nouvelle faiblesse alors j’évitais. Tout.
Surpris par son geste, je m’étais néanmoins laissé faire, ma main bientôt posée sur son torse alors qu’il me faisait remarquer mes fuites…

- Hae… Murmurai-je sans même retirer ma main, comme une plainte alors que la peur m’étreignait de nouveau.

Il n’avait plus mal et surtout…

- Mes potions ? Soufflai-je à mi-voix.

Je n’apportais jamais de potions… C’était les siennes… Mais ce n’était à vrai dire pas le plus import à cet instant… Certaines choses commençaient à lui manquer, disait-il… Fronçant les sourcils, contrastant avec le sourire qu’il m’arracha par ce surnom prononcé en coréen, je n’eus le temps de rétorquer, de refuser. Ses lèvres se posèrent dans mon cou et ma tête, instinctivement, bascula en arrière, ma seconde main venant se poser sur sa taille.

- Hae… Murmurai-je de nouveau dans un souffle alors que je soupirai de bienêtre.

A moi aussi, cela manquait. Bien plus qu’il ne l’imaginait. Son corps me manquait, ses gestes me manquaient, ses lèvres me manquaient et…
Un raclement de gorge nous fit nous stopper, me figeant sur place. Mika me coupait la vue, une vue qui me revint dès lors que l’Australien glissa à côté de moi avant de tomber du lit. Me redressant dans le lit comme fixé à un ressort, je ne bougeai soudain plus, fixé sur les traits de mon cousin, sur son regard noir. Que faisait-il là ? P… Pourquoi était-il là ?

La panique se lisait dans mon regard, une panique peut-être moins importante que celle que Mika m’avait fait vivre mais une panique vive alors que ma respiration s’accélérait, contrastant avec mon immobilité, ma contenance extérieure.

- Je…

Non. Je ne pouvais pas laisser dire cela. Je ne pouvais pas laisser Min-Ho penser un instant que Mika n’était là que pour être un « objet sexuel ». C’était… Je… Et il continua. Je connaissais ma place. Je savais ce que l’on attendait de moi et… Et Mika… Tournant le visage vers lui, j’observai mon petit ami incliné. C’était… Non.

Me relevant, tentant de garder un air calme, froid, quoique tremblant de toute part, incapable de me contrôler réellement, je redressai Mika de force, sourcils froncés, sa main dans la mienne.

- Arrête… Murmurai-je le plus doucement possible. Tu n’as rien fait.

Il n’y était pour rien. Il n’avait rien à se faire pardonner. Mais moi… Baissant les yeux, je relâchai la main de l’australien pour m’approcher de mon cousin, lui faisant face, droit dans les yeux. Ainsi positionné devant Mika, il ne pourrait au moins pas le fusiller du regard. Une maigre consolation. Mais… Je n’avais pas le choix. Plus le choix… Et si je devais être honnête… j’aurais préféré mourir à cet instant tant toutes mes pires peurs prenaient maintenant formes.

- Il est… Hésitai-je avant de déglutir, de tenter désespérément de ne rien laisser paraître de ma panique. Il est hors de question que je te dise que… Qu’il est seulement là pour l’entretien, ou qu’il est un objet sexuel, Min-Ho-ssi… Soufflai-je sans le quitter du regard.

Je me sentais aculé, au pied d’un mur de briques prêt à s’effondrer sur moi. Chaque mot venait faire davantage pencher ce mur, fragilisant ma position mais… Dire le contraire, mentir à cet instant… N’aurait fait que me tuer plus rapidement. Je ne pouvais pas mentir. Pas avec ce que Mika représentait pour moi.

- Alors… Oui. Dis-je plus bas. Nous sommes ensemble…

Là où je pouvais en être heureux, là où Mika m’avait vu plus qu’heureux de le dire, de l’appeler « petit ami », cette fois, les mots semblaient douloureux. Comme des couteaux plantés violemment en moi, n’épargnant que mon cœur que je laissai aux pieds de l’australien par mon honnêteté.

- Je connais ma place… Dis-je alors en baissant cette fois la tête. Je sais ce que l’on attend de moi mais…

Il n’y avait pas de mais. Je n’avais pas d’argument, pas de raison de faire cela autre qu’une raison qui ne serait pas comprise de ma famille. Pas avec un homme. Pas avec un sang mêlé. Pas sans l’accord de mes parents et un mariage à venir.
Alors m’inclinai-je. Bien plus bas que je ne l’avais fait.

- 정말 죄송합니다. 아무 말도 하지 마세요. Je suis désolé. S’il te plait. Ne dis rien. Finis-je par dire, les dents serrées alors qu’il m’était impossible de continuer à cacher ma peur de ce qui allait suivre.

Mes parents n’accepteraient jamais. Pas avec un homme. J’étais… J’étais fini.

Là, inclinai face à Min-Ho, je tentais de réfléchir, rapidement, sans y arriver réellement. Mes peurs se matérialisaient devant moi. Et même si le contact de Mika avait eu le mérite de me rassurer une seconde... Cela n'avait pas suffit. Incliné plus bas que je ne l'avais été face à mon cousin, je l'avais supplié. Il ne devait pas parler. Il ne devait pas me faire renvoyer en Corée. Je n'y arriverais pas. Je ne pourrais pas. Pas maintenant. Pourtant, je connaissais ma place, je savais ce que l'on attendait de moi, ce qu'il me faudrait faire et...
Et Mika connaissait sa place. Sa voix me raidit. La colère que je pouvais entendre me fit serrer les dents. Il n'avait pas à subir cela. Pas à devoir... Faire face à mon cousin, à éteindre sa lumière pour laisser place à l'orage... Et il s'excusa à nouveau. Pas pour moi. Pour ma famille. Non... Non il n'avait pas à faire cela. Poings serrés, je tentai de garder ma contenance, de rester calme alors que ces derniers tremblaient autant de peur que de colère.

Toujours incliné, je ne me redressai que lorsque Min-Ho me dépassa, le regard figé. Je l'avais... Dressé ? Comment pouvait-il imaginer que... Déglutissant, figé sur place, le regard posé droit devant moi, sur le lit qu'avait quitté mon cousin, je l'écoutai parler à Mika, gronder contre la seule personne qui désirait me protéger, qui prenait sur lui pour mon bien, pour moi. C'était...

- Laisse le tranquille. Grondai-je à mon tour avant de faire volte-face à sa question.

Aimais-je uniquement les hommes ? Ce n'était pas la question. Ce n'était même pas ma pensée actuelle. J'aimais Mika. Je l'aimais lui. Pour ce qu'il était entièrement. Mais plus que cela, je ne supportais pas sa façon de s'adresser à lui, cette menace que je pouvais lire dans sa voix. Et ce fut pire lorsque Mika recula face à Min-Ho.

- Ca suffit. Fustigeai-je, pour la première fois de manière virulente face à un membre de ma famille pour me remettre en barrière entre lui et Mika. Je ne... Ne t'en prend pas à lui. Je savais ce que je faisais en... Avec lui. Alors il est hors de question qu'il s'excuse de la moindre chose ou même que tu puisses imaginer que je le "dresse" ou que je le bride. Il est plus libre que nous ne le serons jamais.

Et je tenais à sa liberté, à sa lumière qu'il m'apportait dans cette chambre. Une lumière qu'aucun membre de ma famille, ou presque, ne pouvait et ne m'avait jamais apporté.

- Alors je ferais ce qu'il faut pour le protéger de Hyun-Su et... Et des autres. Déglutis-je difficilement, connaissant bien trop les conséquences de mes mots.

J'étais fini. S'il me dénonçait et je n'avais aucun doute sur le fait qu'il allait le faire, j'allais être renié. Je perdais tout. J'allais tout perdre, je n'avais aucun doute là-dessus. Et... Malgré ça, malgré la peur, la panique que cela générait en moi, que cet avenir inconnu, que l'impossibilité même de faire des études générait en moi... Je venais d'affirmer ma position. Il s'était dit allié. Je ne l'avais même pas noté, pas vraiment. Comment pourrait-il être un allié lorsqu'il m'affirmait que Hyun-Su serait bientôt au courant.

- Que j'aime les hommes ou pas ne change rien. Repris-je le regard et le ton froid mais les poings serrés de colère alors que l'une de mes mains s'étais glissées dans mon dos pour prendre celle de Mika, dans le seul geste encore capable de me rassurer, de me faire garder une fausse contenance. Je l'aime, lui. Et n'importe quelle femme ne changera rien. Je ferais mon devoir. C'est tout ce qui importe. C'est toi qui me l'a dit, Min-Ho-ssi. Répétai-je à l'instar de Mika. Quant à te donner une raison de ne rien dire à Jeon Hyun-Su-ssi... Baissant légèrement les yeux le temps d'un instant, je pesai mes mots.

Si je continuais dans cette voie... Je m'enterrerais. Si je ne le faisais pas... Relevant les yeux vers mon cousin, je repris alors.

- La seule raison que je pourrais trouver valable serait que je refuse que Mika soit mis en lumière face à ton frère. Qu'il risque la moindre chose de notre famille. Je n'avais aucune confiance en ma propre famille. Il était inutile de le cacher, de le nier. Mais puisque cela ne changera rien... Fais ce qu'il te semble bon pour notre famille, Min-Ho. Soufflai-je en le défiant du regard, oubliant de manière consciente la marque de respect que je lui devais.

Je n'avais plus grand chose à perdre et surtout... Je voulais lui montrer ce dont j'étais capable. Pour le protéger. Pour Mika. Ce n'était pas grand chose mais... Min-Ho me connaissait. Jamais je n'avais émis la moindre remarque, la moindre parole à l'encontre de ma famille. Soumis, je n'avais jamais fait que suivre les ordres aveuglément, sans jamais m'opposer. Aujourd'hui... Un élément avait grippé mon obéissance ou tout du moins... Un élément me faisait craindre pour sa sécurité et son bien-être. Une crainte qui me faisait me rebeller.

- Tu sais que j'obéirais et que je ferais ce qu'il faut pour notre famille. Mika le sait tout autant. Alors... Que veux-tu ? Soufflai-je. Ne me demande pas de quitter Mika. C'est la seule chose. Je ne le ferais pas. Il en est hors de question.

Quand bien même je perdais tout... Je ne pouvais pas perdre mon soleil, la seule lumière qu'il me semblait avoir dans ma vie alors... A m'obliger à un choix... Je prendrais Mika. Quand bien même cette décision me tétanisait.

Sentir la peau de Mika m'aidait à rester calme, au moins en apparence. Sa présence, son contact, me permettait de garder un pied dans la réalité alors que je m'opposais pour la première fois frontalement à un membre de ma famille.

- Ce n'est pas "un gosse". Répliquai-je froidement sans bouger alors même que ses doigts avaient attrapé mon menton.

Sans bouger, sans reculer, je ne faisais que l'observer, avec froideur, avec hargne. Qu'il s'en prenne à moi était une chose. Qu'il menace Mika, cela... Il en était hors de question.

- Je ne lui ai rien appris. Repris-je malgré tout, toujours aussi constant.

Je n'allais pas lui donner le plaisir de reculer. Je ne le voulais pas. Comme si le moindre pas, le moindre geste de ma part pouvait apporter une part de contentement chez mon cousin, je voulais, à cet instant, paraître comme un roc. Pour Mika.
Mais la surprise se lit pourtant rapidement sur mon visage alors qu'il relâchait mon menton pour prononcer un nom. Celui d'une femme... Du tiers monde ? Sans nom ? Une sang mêlée ?...
Baissant la tête en comprenant ce qu'il voulait dire, mes mains se serrèrent dans celles de Mika. Avoir une descendance... Je savais que c'était évidemment ce que l'on attendait de moi. Bien plus, presque, qu'un mariage, d'ailleurs. Mais... J'avais, jusque là, préféré ne pas me poser de question. Par peur de connaître la réponse, sûrement. Allais-je être capable de faire ce qu'il faudrait avec une femme ?... Cela faisait-il vraiment de moi un... Un moins que rien ? Un paria... Un poids inutile dont ma famille préférerait sûrement se débarrasser ?... A cette idée, mes mains se serrèrent encore un peu plus, tremblant légèrement.

- Je ne menacerais jamais une innocente. Articulai-je malgré tout. Sauf si tu en viens à menacer Mika.

Le ton était clair. Ni l'un ni l'autre n'avions intérêt à menacer les autres. Mon regard, relevé dans le sien, le prouvait. Je serais prêt à tout pour protéger l'australien. Quoiqu'il puisse dire, faire ou penser. Je refusais que Mika souffre davantage de cette situation. Il en faisait déjà bien trop pour moi.

- Je sais ce que je représente. Et je sais le cacher. Murmurai-je, conscient du peu de poids que j'avais chez les Jeon, conscient que je n'étais rien. Je ne m'en offusque pas.

Il ne faisait, après tout, que répéter une chose que j'avais déjà dit à Mika. J'étais... Contre-nature. Contre leur nature. Contre leurs souhaits. Une tare, un poids. Je n'étais rien de plus.

Mais fronçant les sourcils, je quittai néanmoins les mains de Mika pour m'approcher de Min-Ho, le fusillant du regard.

- Il n'est pas mon jouet. Grondai-je fermement.

Au moins personne ne s'en prendrait-il à lui. C'était... C'était tout ce que je désirais. J'étais prêt à tout, à n'importe quoi pour le protéger alors... Baissant de nouveau la tête, je serrai les points.

- Tu sais que je saurais donner le change. Repris-je plus bas. Nous pourrons faire croire aux familles désireuses de liens avec les Jeon que je suis... Quelque chose.

Mais sa question... Me retournant, j'observai Mika un instant. J'avais mal. Mon regard était douloureux car je savais ce que cette réponse apporterait. Je savais que si je n'étais rien aujourd'hui, je serais encore plus bas que terre une fois que je l'aurais dit, avoué. "Je suis désolé..." articulai-je sans un son avant de me retourner vers mon cousin.

- Je suis gay. Lâchai-je finalement en osant regarder Min-Ho dans les yeux. Depuis... Toujours. Je suppose... Mais... Nous sommes ensemble seulement depuis un mois, depuis... Depuis l'événement des hybrides en mai et il est... Il est le premier. Le seul.

Mais j'étais gay. Cela ne changeait rien. Et sûrement cela lui expliquerait les réactions de mes parents dépités des divers rendez-vous familiaux que nous avions pu avoir.

- Il doit exister des potions pour me permettre de... De faire mon devoir. Je ferais ce qu'il faut. Cela ne changera rien. Murmurai-je. Je sais qu'il faudra que je touche une... Une femme. Je ferais ce qu'il faut. Répétai-je. La seule chose que je demande est qu'il aille bien. Qu'il soit... Heureux. Admis-je, la mine à nouveau basse.

Arrêter ? Relevant la tête, j’observai face à moi, surpris de l’interruption de Mika. Un connard ?... Me tournant cette fois je l’observai, surpris.

- Hae, c’est… Murmurai-je alors qu’il continuait.

Cette voix, les sentiments qui émanaient de lui étaient presque plus douloureux que mes propres sentiments à cet instant. Mais Mika ne semblait pas vouloir s’arrêter, s’en prenant directement à Min-Ho sans que je ne puisse ni parler ni même le quitter des yeux. Et… Malgré le fait que le voir ainsi ne me plaisait pas… Je me sentis… Protégé. Je me sentais important à ses yeux. Et un instant, ce fut le plus important. Je pouvais ne rien valoir pour ma famille, lui, me voyait. Et cela était le plus important. Vraiment, le plus important. Désormais positionné à mes côtés, mon regard était resté fixé sur lui alors qu’il était évident que sa prise de position me touchait malgré tout. Elle était brute, trop brute, bien peu politique, et même en quelque point bancale face à la façon de faire de ma famille mais… Elle me touchait. Et ma main, d’ailleurs, se glissa dans la sienne avant qu’il ne finisse. Je sentais sa colère, je sentais chacun de ses sentiments négatifs. Mais j’étais là. Je resterais là. Quoique mon cousin puisse dire, j’étais là. Avec lui.

Si les mots de Mika n’avaient pas forcément toucher Min-Ho, au moins avaient-ils eu un effet sur moi. Je me sentais plus fort. Certainement pas irréductible. Blessé, douloureux à cette réalité à laquelle je faisais face, à cette tare que j’étais aux yeux de ma famille, de mon cousin. Mais… Quand bien même je pouvais être une déception… Celle-ci me semblait légèrement moins grande, moins douloureuse. Grâce à Mika.

- Je dois obéissance à ceux qui peuvent être au-dessus dans l’ordre de succession. Résumai-je à Mika, observant mon cousin.

Ce qui signifiait… Toute ma famille. Les femmes exclues. Quand bien même cela pouvait paraître injuste. Je devais obéissance à Min-Ho. Quand bien même il n’aurait jamais le pouvoir. Et je le savais. Je le montrais. Tout comme je me figeai à ses paroles. Il avait aussi bien… Avais-je… Avais-je bien entendu ?

- Tu as… Répétai-je en l’observant presque plus surpris qu’avant avant de baisser les yeux. Je suppose que Jeon Hyun-Su-ssi n’est pas au courant. Murmurai-je.

Un prêté pour un rendu. L’homosexualité ne serait jamais acceptée chez nous. Nous le savions l’un comme l’autre. La bisexualité ne le serait pas plus, évidemment. Si Hyun-Su apprenait pour moi, ma valeur serait diminuée d’autant. Cela en serait de même pour son frère. Les sentiments familiaux n’entraient pas en compte dans ce genre de calcul. Mais plus que cela… Min-Ho m’assurait que cela changeait beaucoup de chose. Quant à où nous étions ?...

- Je… Jetant un regard à Mika, fronçant les sourcils, je relevai la tête. Nous n’avons pas… Enfin…

Je n’aimais pas parler de cela. Encore moins face à mon cousin. Quoiqu’un inconnu n’aurait pas eu une gêne différente à vrai dire. Les joues plus rouges, je secouai la tête alors qu’il reprenait parole.

Les potions m’aideraient à tromper mon cerveau mais je saurais. Je saurais qu’il ne s’agirait pas de Mika mais d’une femme que je n’aimerais pas, pour qui, même en me forçant, je n’aurais jamais de désir.

- Je sais. Répétai-je, en toute conscience. Je sais que cela posera problème depuis que j’ai compris que je n’arriverais pas à avoir de désir pour les femmes. Soufflai-je sans le regarder. Mais je n’ai pas le choix. Mon rôle n’est pas de satisfaire ma femme. Seulement de lui faire des enfants. Je préfère passer pour un égoïste, pour un salopard que ne fait que prendre ce qui lui appartient et qui ne se soucie pas du sort de sa femme et lui permettre d’avoir des amants que…

Que d’admettre que je n’étais pas attiré par elle. Que d’admettre que je ne pourrais pas offrir de descendance à ma famille sans user de subterfuge, sans me forcer, sans être un homme égoïste et le pire des maris pour une femme qui n’aurait rien demandé.

- Je ne prend rien à la légère. Je craignais même le jour où cela devrait arriver. Mais je sais que je n’ai pas le choix. Tu sais que je le ferais pour notre famille.

Ma main s’était serrée dans celle de Mika. M’imaginer coucher avec une femme, ou d’ailleurs avec toute autre personne que lui me blessait, allait le blesser et… Je n’en avais pas envie. Vraiment pas. Mais ce n’était pas ma décision, pas un choix que l’on me laissait.

- Alors tu peux te rassurer. Quoiqu’il puisse se passer… Je tiendrais mon rôle dans notre famille. Pour elle. Sauf si ton frère en décide autrement.

Car dans ce cas, je ne pourrais rien faire, je ne pourrais pas lutter. Il l’avait dit. Je n’étais rien.

Relevant la tête lorsqu’il s’adressa à Mika, je fronçai néanmoins les sourcils.

- S’il te plait, Min-Ho-ssi. Soufflai-je, conscient qu’il était désormais notre seule porte de sortie. Il n’a fait que me défendre. Et sa présence ne sera jamais un problème. Au contraire… Il est la seule façon que je puisse avoir le moindre… Le moindre désir.

Il était le seul qui savait m’attirait, qui savait m’éveiller. C’était égoïste, pire que cela même, c'était horrible. Mais c’était la seule façon qui m’apparaissait pour faire ce que ma famille désirait.

- J’ai besoin de lui. Et je sais que j’aurais des comptes à te rendre. Repris-je finalement. Mais s’il te plait. M’inclinant en avant sans quitter la main de l’australien, je fronçai les sourcils. Je ne te supplierais pas, je l'ai déjà assez fait. Et aux côtés de Mika, j'avais l'impression de valoir quelque chose. Mais considère sa présence à mes côtés. Et trouvons un terrain d’entente sans menace d’une part ou de l’autre.

Je ferais ce qu’il faudrait pour notre famille. Mais il me fallait Mika à mes côtés. Définitivement.

Répondre à mes questions ? Je… J’avais déjà du mal à m’exprimer… A lui dire ce qu’il en était pour nous sans même réellement comprendre la raison de cette question alors… Lui poser des questions… Quand bien même Min-Ho acceptait d’y répondre… Non. Définitivement, je ne pourrais pas. Pas avant de… Je n’en savais rien mais. Non. Pas maintenant. Pas comme ça. Au moins comprit-il ce que j’avais voulu dire, du moins je le supposai puisqu’il n’insista pas.
Notant un point auquel je n’avais pas réfléchi, je me contentai d’hocher la tête, comprenant ce qu’il voulait dire par là.

Dans tous les cas, je ne voulais pas qu’il s’en prenne à Mika. Pas quand j’avais déjà réfléchi à beaucoup de chose, à protéger mes arrières, à accepter, à tenir mon rôle quoiqu’il puisse se passer. Mika n’avait fait que me défendre. Rien d’autre. Et je préférai même ne rien répondre à sa remarque. Je n’empêcherais jamais Mika de parler. J’allais seulement devoir… Lui expliquer notre façon de faire. Lui réexpliquer… Ma place. Quand bien même elle ne lui semblerait pas normale, injuste même…
Surpris de sentir la main de Mika quitter la mienne alors que je venais de demander l’aide de Min-Ho, je me redressai, observant l’australien s’asseoir sur le lit, l’air absent.

- Hae ?... Soufflai-je, le ton inquiet.

Je ne mis pas longtemps à comprendre, ou tout du moins à deviner la raison de cette absence… Baissant les yeux au sol alors que mon cœur se serrait, je laissai mon cousin répondre avant de pouvoir le faire, de pouvoir le rassurer. Ses inquiétudes n’avaient pas lieu d’être. Jamais. Au contraire. Bien au contraire.
Et Min-Ho avait juste. Sur chaque point. Quand bien même le fait qu’il parle de mes réactions… N’étaient pas des plus agréables. Je devais l’admettre. Les yeux rapidement remontés sur Mika, je fronçai alors les sourcils, me fustigeant pour lui imposer ce genre de sentiments, de réflexions, de soirée…

Me retournant vers Min-Ho lorsqu’il annonça son départ, mon regard se fit presqu’automatiquement plus froid alors que j’hochai la tête.

- Je ne comptais pas faire étalage de notre relation. Répliquai-je avant de m’incliner légèrement en avant. Comme je ne compte pas te faire défaut, Min-Ho-ssi.

Relever la tête et pas uniquement pour Mika… A eux deux, peut-être allais-je finir par le comprendre. J’allais alors me retourner vers Mika quand il m’arrêta à nouveau, me figeant légèrement, l’air surpris et… Légèrement plus doux à ses mots. Il comprenait. Malgré tout. Il comprenait et… Relevant les yeux vers lui, j’esquissai malgré tout un léger sourire lorsqu’il eut terminé.

- Merci. Soufflai-je en m’inclinant de nouveau.

Cela pouvait ne pas paraître grand-chose, mais… A part son frère aujourd’hui décédé, personne n’avait jamais exprimé la moindre compréhension à mon égard. Alors… Cela faisait du bien. En un sens.

-  Je ferais ce qu’il faut. Soulignai-je finalement avant que je n’observe les potions qui étaient apparu sur la table de nuit et…

Il était le fennec ?... Clignant un instant des yeux, je me sentis idiot de ne pas avoir rapproché son odeur de celle du fennec… Mais… Comment aurais-je pu ne serait-ce qu’en avoir une idée… Le laissant quitter la pièce, je refermai la porte derrière lui, appuyant mon front contre cette dernière en fermant les yeux, sans un bruit.
Ce qu’il venait de se passer… Faisait partie de mes plus grandes peurs mais… Au moins avions-nous encore un espoir… Reprenant contact avec la réalité, je finis par me séparer de mon appui pour me diriger vers Mika, m’agenouillant devant lui, sur le sol.

- 내 사랑... Lui soufflai-je en prenant ses mains. 해… S’il te plait, écoute moi. Murmurai-je en passant ma main jusqu’à son menton pour qu’il me regarde. Ce qu’à dit Min-Ho est vrai. Nous avons le temps. Et jamais rien ne se passera à cause de toi. Jamais. Au contraire. Tout est possible grâce à toi. Même si cela pouvait paraître étrange, je l’entendais. Me relevant, je glissai ma main sur sa joue, levant son visage pour venir l’embrasser avec tendresse. Je t’aime Mika. Repris-je dans un murmure, contre ses lèvres. Je sais que… C’est difficile. Mais je n’ai pas besoin de… D’aller plus loin si tu n’en as pas envie pour savoir, pour être sûr que tu es le seul à pouvoir m’apporter ce… Ce genre de choses. Même sans aller… Au bout. Alors… Enlève toi cette idée de la tête. S’il te plait. Je n’ai pas besoin de plus pour t’aimer. Même si tu n’es pas prêt le jour où je me marie, et nous avons le temps. Répétai-je. Même si tu n’es jamais prêt, ça ne changera rien. Je t’aime. Plus que tout. Et tu représentes tout mon désir. Pour ce que tu es en entier, pas seulement parce qu’il y a la possibilité qu’un jour nous fassions… Nous fassions l’amour. D’accord ?

L’embrassant de nouveau, je posai un genou sur le lit pour l’attirer à moi, pour le serrer dans mes bras, ma main et mon nez dans ses cheveux, respirant son odeur, cette odeur qui m’apaisait, qui m’aidait à me sentir plus fort.

- Je suis désolé. Soufflai-je à mi-voix. Je suis désolé de te faire subir ça… J’aimerais tellement pouvoir te rendre heureux. Je suis désolé…

Il n’y avait pas vraiment de tristesse dans ma voix, seulement… Une colère contre moi, contre mon égoïsme. Je n’arriverais pas à le quitter. Je l’avais dit à mon cousin, j’avais dit la vérité. Mais malgré tout, je lui faisais subir tout cela… J’étais aussi lâche qu’égoïste, finalement.

C'était du... Viol ? Clignant un instant des paupières, j'avais fait retomber mon regard sur lui. Je ne l'avais pas vu de la sorte. Mais...

- Je serais consentant. Tentai-je de rappeler.

Je ne devrais sûrement pas avoir conscience pour cela, je devrais prendre des potions, sans aucun doute mais... Je serais consentant. Alors... En était-ce vraiment ? Je ne ferais que faire ce que l'on attendait de moi et...

- Hae... Murmurai-je à la vue de cette larme que j'effaçai de mon pouce.

Je ne devais pas le faire ou me laisser faire... Sa réaction ne m'étonnait pas, il m'avait déjà parlé de cela, de ce contre quoi on l'avait toujours formé depuis son entrée dans le monde du Quidditch professionnel. Mais... C'était différent. Je serais consentant ou tout du moins... J'accepterais ce qu'il se passerait, je ferais en sorte de le faire. De faire ce l'on attendait de moi. Juste. Ce que l'on attendait de moi. Cela ne durerait pas longtemps, de toutes façons. Juste ce qu'il fallait alors...
Alors je n'avais pas vraiment d'argument à lui contrer, à lui donner. Je me sentais démuni et... Me laissant repousser, le laissant se reculer sur le lit, je l'observai alors. J'avais envie de le prendre contre moi, de le rassurer, de lui dire que tout irait bien, que rien ne se passerait mais... C'était en certains aspects faux. Et je refusais de lui mentir. Pas à lui. Je pouvais mentir à tout le monde, tromper ma famille, ma future épouse, mes futurs enfants, mais lui... Jamais.

- Je n'en sais rien... Admis-je sans le lâcher du regard. Et ce n'est pas moi qui déciderais qui sera la femme que l'on m'attribuera. Que je sois en accord ou non, ça ne changera rien.

Je n'étais qu'une marchandise, qu'une marchandise ratée, qui plus est. Je ne pourrais pas faire la fine bouche, encore moins maintenant que Min-Ho savait, que son frère allait être au courant. J'allais devoir m'adapter, m'incliner et me soumettre. Quand bien même je ressentais, pour la première fois de ma vie, l'envie de me battre...

- J'imagine déjà que ce ne sera pas avec une femme asiatique. Le risque qu'elle l'apprenne, qu'elle se rende compte que je ne suis pas... Hétérosexuel... Serait trop problématique. Trop risqué pour notre famille, pour l'honneur des Jeon. Alors...

Soupirant, je secouai la tête. Cela ne changeait rien. Aucune femme de Sang Pur n'accepterait de se plier à la "mode" Moldue. Aucune femme Sang Pur n'accepterait cela... Je n'en connaissais aucune. Et... Fronçant les sourcils à son hoquet, je serrai les dents, me retenant difficilement de le reprendre dans mes bras.
Reculant d'un pas lorsqu'il se releva, je l'observai alors, sa plume et son parchemin en main, revenir s'asseoir. Il voulait connaître le nom des familles de Sang Pur. Cela ne servirait à rien... Mais je ne pouvais pas lui dire, je ne pouvais pas rester inactif, ne rien faire face à sa détresse.
Je comprenais, bien sûr, sa détresse, je comprenais ce qu'il se passait, ce qu'il me disait et si je restais calme, si je restais droit, je n'en étais pas moins... Touché, durement, de ce fait. Je savais ce que j'allais de voir faire mais depuis toutes ces années... J'avais eu le temps de l'accepter, de me faire une raison.

- Mika... Murmurai-je en m'approchant de lui, à genoux sur le lit pour lui retirer plume et parchemin. S'il te plait, Hae... Caressant sa joue, je l'attirai à moi. 내 사랑... On a le temps... Et...

Il fallait que je fasse quelque chose, que j'agisse. J'acceptais ce qui allait suivre, pour moi. J'acceptais de faire ce que l'on attendait de moi. Mais si cela venait à le toucher lui, à... A le blesser, à lui faire peur ou toute autre chose...

- Nous aviserons. Tous les deux. Quand Hyun-Su se sera prononcé... Murmurai-je en me séparant de lui pour l'observer, glissant ma main dans la sienne. Je... Je ne peux pas te promettre de... Que je ne ferais pas ce qu'il faut pour avoir des... Des enfants mais... Mais... Il fallait que je fasse quelque chose. Je t'attendrais... Avant toute chose, avant que je doive... Je... Je trouverais des excuses, on a le temps. Beaucoup de temps. Il faudra que je finisse mes études d'abord, de toutes les manières... Nous avons le temps et... Et je t'attendrais. Je ne ferais rien sans toi, rien sans que nous ayons... Fronçant les sourcils, je me rendais compte de la pression que cela pouvait lui mettre, sans même que je le veuille, alors, je soupirai, caressant sa joue, tendrement, le plus tendrement que je le pouvais, prenant un instant pour reprendre, plus calmement, plus sereinement. Mika... Soufflai-je en m'asseyant convenablement devant lui. Je sais ce que je devrais faire, ce que l'on attend de moi depuis que je suis enfant. Je sais que... Je n'en ai pas envie. Admis-je. Mais c'est ce que je dois faire. Ce que nous devons tous faire. Je n'en ai pas envie, parce que je t'aime. Je t'aime plus que tout et j'aurais tout donné pour pouvoir... Pour pouvoir vivre avec toi, pour... Soufflant dans un rire nerveux, je secouai la tête. Pour t'épouser si cela pouvait remplacer la femme qui me sera donné. Mais je ne peux pas. Je n'en ai pas la droit... La seule chose que je peux faire, que je veux faire, c'est te protéger... C'est te rendre heureux et... Et faire en sorte d'être à toi. D'être toujours à toi. Quoique je doive faire, ça ne durera pas. Et... Ca ne sera jamais ma première fois. Même si nous ne... Même si nous ne faisons jamais l'amour... Ca ne sera jamais ma première fois. Est-ce que tu comprends ? Alors... Fais moi confiance, Hae... S'il te plait. Fais moi confiance. Répétai-je en me redressant, l'attirant de nouveau à moi, fortement, comme désireux de prendre toute sa détresse. Nous avons le temps. Et nous aviserons ensemble. Tout ira bien... D'accord ?... 사랑합니다. 그 무엇보다도 사랑합니다. 영원히 사랑해. Murmurai-je, difficilement.

- Je suis consentant dans le fait que je dois le faire. Je... Je sépare le désir du devoir. Tentai-je d'expliquer. Mais j'ai besoin du désir pour le faire alors... J'ai besoin de quelque chose pour tromper mon esprit, parce que mon esprit n'acceptera jamais de me donner à quelqu'un d'autre que toi.

C'était un fait dont j'étais certain. Outre le fait que je n'étais pas attiré par le corps féminin, il était le seul à m'avoir assez attiré, à m'avoir rendu assez heureux pour que je puisse en avoir envie, pour que mon corps réclame le sien. Alors... C'était inutile. Il était inutile de chercher des femmes, je n'aurais pas à la choisir. Il était inutile de faire des plans sur une comète lointaine, nous avions le temps, nous verrions les choses petit à petit, lorsque nous saurions.

- Justement... Même si j'étais fiancé demain, et tu as entendu Min-Ho, ça ne sera pas le cas. Alors même je l'étais demain, j'aurais le temps de prévoir, nous aurons le temps de trouver des solutions, que j'apprenne à connaître la femme qui me sera donnée.

Quand bien même je n'avais aucun espoir de trouver un soutien en cette femme qui serait sûrement tout aussi coincée que moi dans un mariage qu'elle n'aurait pas décidé. Mais je n'allais pas continuer sur cette lancée, pas réduire les espoirs de Mika à néant. Mieux valait qu'il puisse imaginer qu'il y avait une chance, même infime, que ma fiancée soit assez... Ouverte.

Bien sûr je m'en voulais. Bien sûr, je déplorais de ne pas pouvoir gérer ma vie, de ne pas pouvoir lui faire vivre l'amour qu'il méritait mais je ferais ce qu'il faudrait pour lui, pour qu'il soit heureux, pour le protéger. C'était certain. Il était déjà tout pour moi, il m'avait permis de vivre, il me permettait d'être bien plus vivant que je ne l'avais été. Et quoiqu'il puisse penser, quoiqu'il puisse imaginer... Il serait toujours ma "première fois".
L'attirant à lui, j'hochai doucement la tête à ses mots alors que je lui répétais que je l'aimais.

- Je sais... Murmurai-je en réponse.

Oui. C'était injuste.Je ne pouvais pas dire le contraire. Mais c'était ainsi. Et j'allais assumer ma place, mon devoir autant que la décision que j'avais prise en tombant amoureux d'un homme, de lui, de mon soleil.
Sa question, néanmoins, me surpris. Pire. Je me figeai sur place. Est-ce que... Fronçant les sourcils, je ne répondis pas immédiatement Est-ce que j'étais prêt ? Est-ce que j'étais prêt à faire l'amour, avec lui ?... Je ne m'étais plus posé la question depuis les premiers jours qui m'avaient seulement prouvés que j'avais besoin de temps, que cela allait trop vite, à son instar d'ailleurs, mais aujourd'hui...
Le laissant se reculer, légèrement, glissant ma main jusqu'à sa cuisse je caressai alors, je posai mon regard sur lui, déglutissant avant de baisser la tête.

- Tu te souviens ma plus grande peur il y a un mois ? Demandai-je. J'avais peur que cela se sache, que cela devienne complètement réel... Et puis... C'est devenu réel. Notre réalité, ici, dans la chambre. Mais je ne voulais pas encore admettre que... Que je ne pourrais rien faire d'autre. Soufflai-je. Mais... En répondant à Min-Ho, en... En assumant devant lui, je me suis rendu compte que sans le vouloir ou... Ou du moins sans y faire attention... Je me préparais au fait que je ne pourrais pas faire mon devoir "normalement". Parce que j'étais... Moi. Parce que j'avais envie de toi. Seulement de toi et que... Que j'avais envie de le faire. Admis-je finalement en redressant mon regard dans celui de Mika sans cesser mes caresses. Je n'ai plus de raison d'avoir vraiment peur ou... Ou de craindre que cela se sache, maintenant. Repris-je en esquissant un léger sourire désolé. Et... Même sans le faire, j'ai déjà emprunté un chemin sans retour possible. J'ai commencé à l'emprunter la première fois que tu m'as embrassé.

Me penchant en avant, je vins l'embrasser, profiter de ses lèvres un instant, avec tendresse, avec passion avant de me reculer, très légèrement.

- J'ai envie de toi. Même si j'ai peur de te faire mal. Admis-je dans un léger rire teinté de la tristesse de ce qu'il venait de se passer. J'ai envie de faire l'amour avec toi et... Je suis prêt. Parce que tu es une évidence, Hae mais... Mais jamais nous ne ferons quoique ce soit tant que tu n'en as pas envie ou si tu n'es pas prêt. Est-ce que tu m'entends ? Que je sois prêt ou pas ne doit rien changer... Et cela n'aurait rien changé si nous n'avions pas du avoir cette discussion. Soufflai-je, conscient que mes paroles étaient dictées par ce qu'il venait de se passer, par le fait que pour la première fois, j'avais assumé. Alors... S'il te plait. Promet moi que tu ne te mettras jamais aucune pression pour ce genre de choses... Nous avons le temps, Hae. Nous prendrons le temps et nous irons jusque là où tu désires aller... Et... Soupirant, je secouai la tête, me reculant plus franchement de lui. Je vais sûrement devoir... Poser des questions à Min-Ho... Grimaçai-je à cette idée, bien peu à l'aise d'imaginer avoir ce genre de discussion avec mon cousin mais bien trop conscient que je ne savais rien, que je ne savais pas comment cela fonctionnait et qu'il allait falloir que j'apprenne... Au moins un minimum.

Je tentais de le rassurer, de lui faire comprendre que nous aurions le temps, que nous pourrions voir les choses venir, nous y habituer, trouver des solutions sans que cela ne soit trop tard mais… Cela pouvait être difficile à comprendre, à admettre. Pour lui, surtout, certainement. J’avais été élevé de la sorte. Depuis toujours j’avais su ce qu’il me faudrait faire, ce que l’on attendrait de moi une fois l’âge adulte venu. Je m’étais seulement… Eloigné du chemin qui m’était dû en tombant amoureux d’un homme, en n’étant attiré que par lui. Et c’était cela que je devrais contrer, avec quoi je devrais… Jouer, en quelque sorte, pour faire mon devoir.
Mais quoiqu’il puisse se passer… Il serait mon premier. Le premier homme, la première personne que j’avais aimé. Le premier à qui je me donnais. Le seul qui m’aurait vraiment. Pourtant, ça non plus, il ne semblait pas convaincu. La preuve m’en fut donnée à sa question. Etais-je prêt à aller plus loin ?... La réponse, même si je mis du temps à la prononcer, était positive. J’étais prêt. Parce que c’était ce que je désirais. Je le désirais, lui, entièrement. Je n’avais plus peur des conséquences. Elles étaient déjà devant nous.
Pour autant, même si j’étais prêt, que je le désirais, cela ne changeait rien. Je ne le forcerais pas. Je ne le pousserais même pas. Il n’avait pas à avoir la moindre pression, quoique j’aie pu dire. Jamais. Pas avec moi.

- Mara ?... Soufflai-je en fronçant les sourcils. Peut-être… Je… J’essaierais de… Enfin… J’essaierais de lui parler.

Tout serait certainement mieux que mon cousin à mon sens. Stoppant les mouvements de ma main sous la sienne, je relevai les yeux, arquant un sourcil. Avancer un peu plus loin ?

- 내 마음… Soufflai-je alors qu’il me demander de le toucher, d’aller plus loin. Tu n’es pas obligé…

Je ne savais même pas quoi faire, comment le faire… Je n’avais aucune idée de ce qu’il faudrait faire, de ce qu’il ne faudrait pas faire et je craignais qu’il ait mal, qu’il puisse regretter. Je ne pouvais pas lui faire subir cela. Il en était hors de question.

- Je ne sais pas ce qu’il faut faire. Admis-je néanmoins en baissant les yeux, presqu’honteux de ma méconnaissance. Je ne sais pas le… les étapes alors… J’irais demander avant à… A Mara, oui. Mais… Hae. S’il te plait… Promet moi que tu ne me demande pas ça parce que j’en ai, moi, envie ou parce que tu as peur que… Que je doive un jour le faire sans t’avoir avant… Enfin… Promet moi que c’est ce dont tu as envie. Vraiment envie… Sans parler de ta peur… Je… Je ferais tout pour que tu n’aies jamais mal que… Que tu… Que tu aimes ça mais… Promet le moi, s’il te plait.

Une peur que je comprenais. Evidemment. Une peur que je partageais. Je voulais bien faire les choses, mais surtout, je voulais les faire parce qu’il le désirait, qu’il le voulait et seulement pour cela. Dans le cas contraire… Je le refuserais. Il en était hors de question. Au moindre doute, s’il hésitait, si je sentais la moindre réticence… Je refuserais. Cela ne m’empêcherait pas d’aller chercher l’aide de Mara mais… Je ne lui ferais rien. Il en était hors de question.

- Nous avons le temps. Répétai-je ainsi. Je veux… S’il te plait Hae… Je veux seulement te rendre heureux…

C’était mon seul réel désir. Le seul que je voulais voir devenir réel. Quelle qu’en soit la finalité.

Sur le coup, je ne compris pas ce qu'il voulait dire. Je le laissais être égoïste... Je ne voyais pas vraiment cela de la sorte. Je ne faisais que ce qui était bien pour lui, ce qui le protégerais. Rien d'autre. Il ne s'agissait pas d'être égoïste juste... Lui permettre de s'écouter et c'était, à mon sens, la chose la plus normale que je puisse faire.
Mais je ne m'écoutais pas, d'après lui. Il ne pensait pas à moi ?... Qu'est-ce que... Qu'était-il en train de raconter ? Des âneries. Vraiment et mon visage trahissait ma désapprobation totale face à ce que j'entendais.

- Je décide. Soufflai-je en fronçant les sourcils. J'ai décidé de t'aimer, d'être avec toi. J'ai décidé de te préserver, de faire tout ce qui serait en mon pouvoir pour te rendre heureux.

N'était-ce pas les choses les plus importantes ? Je n'avais pas besoin de plus, pas besoin de... D'aller plus loin s'il ne le voulait pas. Ce n'était pas essentiel, pas vraiment. Que je puisse en avoir envie ou non n'y changerait rien. Mais il était heureux. Sauf lorsqu'il comprenait que je ne contrôlait rien. Ce n'était pas ma façon de penser. Pas quand j'avais assumé avoir décidé d'être avec lui face à mon cousin. Je contrôlais ce que je désirais. Et je le désirais lui. Entièrement, dans sa personne, pas seulement pour que nous fassions l'amour. Mais il insista. Il voulait que je prenne plus que ce qu'il me donnait. Il me donnait pourtant déjà tant... Au moins était-il entièrement conscient qu'il ne risquerait jamais rien avec moi. Bien au contraire.

Serrant ses doigts entre les miens, répondant à son geste, je l'observai alors. Il ne pouvait pas me promettre tout ce que je lui demandais, seulement de m'arrêter, de dire non, de me freiner s'il en avait besoin... Cela suffirait-il à mon convaincre ? Je n'en savais trop rien. J'avais peur. Vraiment peur de le brusquer, d'aller trop vite pour lui. Mais il ne voulait pas que je redevienne une ombre alors dès que j'aurais parlé à Mara...

- Je ne serais jamais une ombre à tes côtés. Soufflai-je avant qu'il ne m'indique que je l'avais déjà bien assez préservé.

Esquissant un sourire presque désolé pour la semaine que j'avais passé à fuir, je ne pus que rire légèrement à sa remarque, secouant la tête, un air amusé quoique teinté d'un certain retrait.

- Ne me tente pas. Répondis-je. Je vais finir par aimer t'entendre supplier. Une plaisanterie teintée d'une légère vérité dans certaines situations mais nous n'en étions pas là et... Et j'avais des choses à redire. C'est mon rôle de te préserver... Mon rôle de te protéger. Tu ne te rends pas compte de ce que tu m'offres déjà. Ton corps... L’entièreté de ton corps... N'est pas indispensable. Bien sûr que j'en aie envie, que je veux... Que je te veux. Tu... Tu m'attires... Je ne peux pas, je ne veux pas le nier mais... Même si... Même si t'entendre ne vouloir que penser à moi me touche... Ce n'est pas nécessaire. Je n'en ai pas besoin pour être heureux ou pour exister. Alors... Enfin... Bien sûr que j'en ai envie que... Qu'y penser... Mes doigts se resserrèrent sur les siens alors que je soupirai. Tu es en train de demander à un affamé d'accepter une pomme. Soufflai-je dans un rire léger. Je n'ai pas envie d'accepter en en ayant terriblement envie à la fois.

Je devais l'admettre. Je ne voulais pas le lui cacher. J'en avais envie. Vraiment envie mais... Je ne pouvais pas, je n'avais pas le droit de le pousser à faire quelque chose dont il n'était pas sûr d'être près. Cela aurait été, c'était... Irrespectueux. Et je le respectais. Plus que quiconque, je respectais Mika et je ne voulais que son bien.

- Mais même si... Même si j'accepte... Cesse d'imaginer que je ne décide pas avec toi. Tu es la première personne à m'éveiller, à me permettre de faire mes choix, à... à me pousser à vivre. Alors je n'ai rien d'une ombre avec toi... Jamais. Depuis le début. Ne pas choisir, ne pas... Avoir la finalité sur... Sur ce que nous partageons n'est pas important. Pas quand ton bonheur est en jeu... Pas quand un faux pas de ma part pourrait te dégouter ou... Ou te faire du mal. Glissant ma main dans son cou, jusqu'à sa nuque que je caressai, je fermai les yeux un instant, posant mon front contre le sien. J'aimerais que tu puisses un jour avoir une idée de ce que tu m'offres, Hae... De tout ce que tu m'apportes... De la raison pour laquelle je veux continuer à te préserver et pour laquelle je continuerais à le faire et à te protéger... Doucement, mes lèvres se posèrent sur les siennes, tendrement. Je parlerais à Mara... Pour le reste, je ne promettais rien. Pas comme ça. Mais si tu veux me supplier, je ne dis pas non. Soufflait dans un léger rire, capturant de nouveau ses lèvres, tentant de dédramatiser cette situation bien trop complexe pour mes nerfs en un début de nuit. Promet moi une dernière chose FInis-je néanmoins par souffler. Est-ce que tu vas bien ?

Après cette soirée, après tout ce qu'il s'était passé... Allait-il bien ? Que pouvais-je faire pour lui et surtout... Ne regrettait-il pas ?