- Alors… Matin et soir ? Soufflai-je pour toute réponse, un air mutin au visage avant que la faim ne vienne contrarier mes plans à rester le reste de l’heure au lit avec lui.

Impossible de le cacher, j’avais faim, trop faim pour l’oublier. Après plus de vingt quatre heures sans manger et un effort conséquent… Mon corps réclamait de quoi le faire tenir. Une obligation qui m’arracha une grimace tandis que Mika me rappelait la raison de cette faim absolue.

- Tu sais très bien que c’est parce que je n’y arrivais pas. Me défendis-je en le laissant, avec regret, quitter mes bras pour me redresser dans le lit, dégageant mon boxer qui me gênait avant que je ne l’observe avec surprise.

Il restait nu ? Cette vérité me fit sourire, tendrement. Cela m’allait, cela allait à mon regard qui l’observait avec attention. Il était beau. Vraiment beau… Et je ne me laissais pas de l’observer ainsi tandis qu’il revenait vers le lit où je l’accueillis d’un baiser, le remerciant muettement d’avoir réussi à nous apporter le petit déjeuner.
Le dos appuyé sur la tête de lit, j’attrapai la tasse tiède et ma baguette pour refroidir cette dernière d’autant plus avant d’ajouter encore de l’eau et d’en boire une gorgée, soupirant d’aise.

- J’avais envie de quelque chose de frais. Admis-je alors avant de croquer dans un croissant français – dont j’ignorais, d’ailleurs, s’il était aussi bon qu’en France.

Et cela faisait du bien. Beaucoup de bien alors que je fermai les yeux, profitant de cette nourriture qui devrait me tenir jusqu’au midi. Yeux que je ne rouvris qu’à la voix de Mika, arquant un sourcil. Poser des questions à Merindah ?... Hochant la tête d’haut en bas, doucement, je répondis à mi-voix.

- Tu n’as pas besoin de me le demander. Cela ne me dérange pas et… Je vais essayer de voir Mara aujourd’hui de toutes les manières… De toutes façons, Merindah est au courant pour nous… J’essaierais juste de… De ne rien faire comprendre à Mara, enfin, de le questionner de manière… Disons… Innocente. Soufflai-je.

Je n’étais pas doué dans la dissimulation de preuve lorsqu’il s’agissait de questions aussi directes et qui allaient, sans nul doute, me gêner mais… J’avais appris à connaître Mara depuis mon arrivée. Les entraînements en duo avaient été, c’était certain, mais de là à lui poser ce genre de questions ? Mmh. Je n’étais pas convaincu de la façon dont je devais l’aborder… Sûrement verrais-je cela sur place.

- Mais quand il s’agit de Merindah… Ne t’en fais pas. Elle… Je lui fais confiance. Enfin… Je ne la connais pas vraiment mais… Tu lui fais confiance et… Elle n’avait pas l’air méchante.

C’était un résumé grossier et sûrement faudrait-il que j’aille lui parler réellement, et pas seulement lors d’événement comme celui qui nous avait réuni la semaine passé mais… Une chose à la fois. C’était mieux ainsi.
Terminant mon croissant, je ne fus pas surpris du coq à l’âne de Mika qui m’arracha un léger rire. J’aimais cette façon qu’il avait de pouvoir parler de tout et de rien en quelques minutes seulement. Si j’avais eu du mal à le suivre au début, lorsque je l’avais rencontré, j’avais rapidement appris à aimer cela, à trouver cela amusant, bien qu’il me faille encore, de temps en temps, réfléchir au vocabulaire utilisé.

- Ce soir si tu as envie. Soufflai-je en souriant doucement. Il y a encore du travail à faire dessus mais… Tu pourrais avoir une idée.

Evidemment qu’il en avait envie, mais je pourrais tout aussi bien le faire le lendemain. Cela m’allait. Tout m’irait tant qu’il choisissait ce dont il avait le plus envie.

- J’ai pensé pendant que je jouais tout à l’heure… Je vais aussi essayer d’aller voir la… La professeur de musique de Poudlard. Pour voir si… Si elle pourrait me donner un avis. De manière officieuse tout du moins. Je préfèrerais que ma famille n’apprenne pas ce que je fais. M’arrêtant un instant au souvenir du fennec, je passai ma main sur mon visage. Quoique c’est sûrement déjà trop tard et qu’ils s’en moquent en comparaison de ce qu’ils savent maintenant. Grimaçai-je. Enfin… Tu penses que c'est une bonne idée ?

Était-ce une bonne idée d’aller voir une tierce personne ? Ne valait-il mieux pas continuer ainsi, doucement, sans forcer alors que je reprenais à peine ? Malgré toute la passion, l’envie que cela avait tendance à me redonner ? Malgré la vie qui semblait me revenir, doucement, tout doucement ?

Matin et soir ce serait donc. Esquissant un sourire amusé, j'admettais que cette idée me plaisait. Bien plus que de raison, d'ailleurs. Son corps m'attirait, son être m'attirait d'autant. Tout en lui n'appelait que ma présence, mon amour et mon respect de toutes les manières qu'il soit. Même les plus intimes... Surtout, les plus intimes. C'était un besoin plus qu'une envie. Un besoin qu'il savait satisfaire de la meilleure des façons qu'il soit, quand bien même, maintenant, la faim venait me tirailler. Une faim qu'il voulut combler, allant chercher notre repas sans même se rhabiller, provoquant mon sourire, mon regard attendri, amoureux posé sur lui.

Rafraîchissant ma boisson non sans lui expliquer mon besoin de fraîcheur, il me demanda une autorisation pour parler à Merindah. Autorisation qu'il n'avait évidemment pas besoin de demander. Pas à moi. Il était libre, de faire tout ce qu'il voudrait, de demander ce qu'il voudrait. D'autant que Merindah était au courant et malgré cela, même si cela n'avait pas été le cas, je lui faisais confiance. Je lui ferais toujours confiance. Quoiqu'il décide de faire. Et puis... Moi même j'allais parler à Mara, essayer de lui parler tout du moins. Sans éveiller les soupçons qu'il pourrait avoir... Une difficulté supplémentaire alors que Mika commençait et avortait une phrase, secouant la tête. Je n'allais donc pas insister. Je ferais, de toutes les manières ce qu'il faudrait pour avoir les réponses à mes questions, même si cela allait terriblement me gêner, nul besoin d'en douter. Alors, dans tous les cas, il pourrait parler à Merindah. Elle semblait être gentille. Et il lui faisait confiance...

- Je sais. Soufflai-je pour toute réponse. C'est ce qu'elle m'a dit quand tu... Quand tu n'allais pas bien. Et c'était peu dire. Et il avait besoin de lui parler alors... Rien que pour cela, rien que pour son bien, son besoin, il devait le faire. Tu lui poseras toutes les questions dont tu as besoin. Murmurai-je en m'approchant de lui, capturant ses lèvres avec tendresse. Et tu n'as pas besoin de me demander la moindre autorisation pour ça, 내 사랑.

Mais Mika était Mika. Et comme d'habitude, il passa à un autre sujet, sans prévenir, sans crier gare pour passer à la musique, à ce que j'avais écrit. Je lui ferais écouter ce soir, après les cours, s'il désirait. Et il le désirait, vraiment à ce que je pus entendre et comprendre. Une compréhension qui m'arracha un sourire avant que je ne vienne lui faire part de mes réflexions nocturnes.

- C'est le but...

Que l'on puisse m'aider à m'améliorer, à m'orienter dans le secret, sans que cela ne soit visible de l'extérieur ou du moins... Trop visible. Car si Hyun-Su n'était pas au courant de ma relation, la musique n'arrangerait rien. Pas assez sérieux, pas assez droit, cela ne ferait qu'aggraver mon cas. Et j'avais bien d'autres choses à gérer avant cela alors... Mieux valait laisser ça pour l'officieux. Mais au moins Mika était-il d'accord avec et moi... Arquant un sourcil, je l'observai avec une certaine surprise.

- Je t'ai déjà dit que tu étais bien trop stratège ? Murmurai-je. J'y ai pensé. Admis-je. Et d'autant plus si je dois devenir le bras droit de Min-Ho-ssi. Je dois réfléchir à des angles d'attaque, à des contacts... Mara et Keith me serviront. Grimaçai-je doucement, à vrai dire peu ravi de devoir utiliser des personnes que je pouvais apprécier. Il y a... A la chorale, il y a au moins quatre familles... Gaunt, Fawley, Selwyn et Ollivander... Ils pourraient être utiles mais... Mais cela signifiait aussi devoir s'afficher devant tout le monde. Et je n'étais pas capable de cela. Il faut d'abord que j'aille voir le Professeur Yaxley. Repris-je sur mon idée initiale, conscient que je devais y aller par étape.

J'étais une bonne raison ? Peut-être. Il en était une pour moi, pour me donner envie de me battre, de vivre alors... Cela restait possible, effectivement. D'autant qu'il faudrait penser à tout désormais, à tout ce qui pourrait me servir, nous servir, même si cela impliquait de se servir d'autres personnes qui n'avaient rien demandé. Une pratique que je n'appréciais pas mais qui était nécessaire. Min-Ho le faisait avec Keith Rowle, il fallait que je continue dans cette lignée, que je me trouve une place, une raison d'être ici et de le servir. Cela passerait donc irrémédiablement par les noms, par les contacts que je pourrais me faire.

- Tu es au courant. Acquiesçai-je en hochant la tête. Les Gimhae sont les cousins de Min-Ho-ssi et Hyun-Su-ssi par leur mère. Et l'aîné des Gimhae, Matthew, va se marier à Heather Gaunt. Une alliance puissante entre une famille historique anglaise et la Corée d'après mes parents. Mais je ne sais pas vraiment comment... Comment aborder Miss Gaunt. Soufflai-je dans une nouvelle grimace en tournant les yeux vers lui. J'admet que... Je ne suis pas très à l'aise avec les femmes... Même les femmes bientôt mariées. Meghan Fawley ce sera pareil... Je ne savais pas comment je pourrais l'aborder... Me restait donc Selwyn et Ollivander. Quant aux deux autres... Je n'ai pas vraiment entendu beaucoup de compliments sur leur comportement. Soufflai-je en grimaçant. J'essaierais de trouver quelqu'un, même un sang impu... M'arrêtant, je secouai la tête face à cette maladresse. Enfin quelqu'un n'étant pas de sang pur pour essayer de m'y intégrer.

Les plans fusaient dans ma tête, il fallait que je calcule mes chances et mes risques en fonction des personnalités, des noms. Mais Mika avait raison. Si ici il y avait autant de nom ici, peut-être était-ce que la musique n'était pas vu de la même façon qu'ailleurs...

- Je doute que cela suffise à mes parents. Précisai-je en secouant la tête de gauche à droite avant que je n'en vienne à l'évidence.

Il faudrait d'abord que j'aille voir le Professeur Yaxley. Au moins était-elle, aussi, Sang Pur. Cela me permettrait un peu plus d'ampleur de mouvement, certainement. Haussant doucement les épaules, je l'espérais aussi, que ma musique lui plaise ou tout du moins qu'elle puisse faire quelque chose pour moi.

- Les deux, je suppose. Réfléchis-je. Autant faire les choses jusqu'au bout et avoir un avis global...

Ma voix se serrait à l'idée de jouer devant quelqu'un, un professeur. Mes chansons n'avaient jamais vraiment été écouté et... J'avais peur que cela ne soit trop mauvais pour en faire quoique ce soit... Il faudrait, malgré tout, que je passe par cette étape alors... Ce serait fait.

Attrapant le brownie qu'il me tendait, je l'entourai bientôt de l'un de mes bras pour le serrer contre moi, caressant doucement le grain de sa peau du bout de mes doigts avant de glisser ma jambe entre les siennes et de nous allonger un peu plus encore sur le lit.

- Si tu n'as personne à aller voir. Murmurai-je en réponse à sa question alors que je me refusais toujours à risque de le couper de ceux qu'il appréciait. De toutes façons il faudra aussi que je reprenne mes cours d'hier. J'en profiterais pour demander ses notes à Mara...

Et en parlant de Mara, l'heure tournait encore, beaucoup trop... Soupirant en jetant un coup d'oeil à l'horloge, il ne restait déjà plus que moins de vingt minutes.

- Il faudrait peut-être que l'on bouge... Grognai-je mécontent de cette réalité. On a juste le temps d'aller prendre une douche et d'aller en cours... Ce qui ne donnait presqu'aucune marge de manoeuvre. Et j'avoue que j'ai vraiment besoin d'une douche. Ajoutai-je dans un léger rire pour me décaler, attrapant le plateau entre mes mains pour le déposer de nouveau sur le bureau.

En quête de mes affaires, je remplis rapidement mon sac des affaires du jour et de parchemins supplémentaires pour réviser à midi avant de me rhabiller dans des vêtements amples, parfaits pour aller jusqu'à la salle de bain.

- Ca te... Me retournant vers Mika je l'observai un instant. Tu veux prendre ta douche avec moi ? Murmurai-je. Vu l'heure, tout le monde doit déjà être prêt alors... Nous serions seuls en bas. Tant mieux...

Réfléchissant, j’hochai doucement la tête à ses paroles. Ce n’était pas de l’approbation mais je comprenais où il voulait en venir.

- Il faudra que je demande la permission à Min-Ho avant de me mettre à disposition. Soufflai-je malgré tout. Ils ne sont malgré tout pas ma famille, pas au sens propre et je dois faire attention avec les Gimhae, leur éducation et surtout « Ayden ». Alors… Il faudra que je lui demande.

Un premier frein. Mais passé celui-ci, c’était une idée intelligente. Une idée à prendre et que je notai. Quant à Meghan Fawley… Meghan Fawley entraîna une lumière dans l’esprit de Mika, ou plutôt ce fut Merindah qui le fit alors qu’il s’emballait clairement sous mon regard amusé. L’observant encore alors qu’il se décrétait comme génie, je me mis à rire, sincèrement.

- J’admet que c’est bien réfléchi, le complimentai-je à nouveau. Je ne sais pas si mes parents accepteront que j’aille visiter une femme cet été mais son frère…

C’était une idée parfaitement plausible. Au contraire, ils me pousseraient à m’occuper dudit frère, à me rapprocher de cette famille avec qui nous pourrions avoir des liens. Bien sûr, il faudrait leur taire la non filiation de Merindah et Mika mais passé cela… Ce serait parfait.

- Il faudrait seulement prévenir Merindah pour cet été. Notai-je en fronçant les sourcils soudainement. Mes parents voudront certainement vérifier mes dires. Et je ne veux pas compter sur Min-Ho pour me couvrir. Je doutais même qu'il accepte de le faire.

Il faudrait donc la même dans la confidence totale… Cela ne me plaisait pas vraiment, je l’admettais mais ce dérangement n’était rien face au fait de pouvoir passer du temps, des jours entiers avec Mika, chez lui, dans son monde…

- Mais d’accord. J’essaierais cette idée. Tu fais une fête et je viens pour des idées…

Au moins voulait-il réellement en faire une car si nous partions là-dessus… Nul doute que cela allait engendrer des conséquences… Festives. Bien sûr. Mais c’était d’accord. Je partirais de cette base. Et tant pis pour les clichés, de toutes les manières je n’avais aucune autre idée pour aborder une femme. J’avais bien plus tendance à les fuir qu’à tenter d’entrer en contact… Cela allait être une première.

De toutes les manières, je prendrais tout ce qu’il me serait possible de prendre, d’approcher, à commencer par les hommes et par les sangs impurs. Sauf que je ne l’avais pas dit, je m’étais arrêté avant. Il était un sang mêlé et… Et loin d’être impur. Grimaçant, je m’excusais malgré tout à mi-voix le laissant souligner des vérités. Je pouvais le dire, oui, mais… Impur n’était pas vraiment le terme approprié. Seulement un terme que j’utilisais trop souvent, à vrai dire, mais un terme que j’avais pourtant oublié à ses côtés. Je n’étais pas raciste, je ne l’avais jamais été, d’ailleurs. Seul ce vocabulaire restait et…

- Désolé. Soufflai-je malgré tout, à nouveau.

Dans tous les cas, plus que les élèves, j’essaierais de rencontrer la professeur de musique afin de lui proposer d’écouter ce que j’avais créé, de les corriger si nécessaire. Cela me conforterait dans ce que je devais faire ou, au contraire, cela ne ferait qu’appuyer le fait que je devais arrêter la musique. Quitte ou double, à vrai dire, mais cela m’aiderait à avancer.

Finissant de manger, j’avais fini par l’attirer à nouveau contre moi pour nous coucher un peu plus dans ce lit que nous partagions, profitant des instants supplémentaires qui nous étaient donnés avant qu’il ne me propose de manger ici. Evidemment, comme à mon habitude, je craignis de l’empêcher de vivre sa vie ce dont il se moqua, me faisant arquer un sourcil.

- Et dans ton planning social, il y a noté « se moquer de Hyun-Ki » ? Soufflai-je dans un léger sourire amusé avant que je n’appuie le fait que j’aurais, de toutes les façons, manger ici. J’avais trop de choses à rattraper et… Bien sûr. Soufflai-je. Je t’ai promis. Je te ferais écouter ce que tu veux ce soir. Je ne revenais jamais sur mes promesses.

Mais pour arriver à ce soir, encore fallait-il passer la journée. Alors, avec un regret, j’avais fini par quitter le lit, par préparer mes affaires, mon uniforme propre avant que je n’ose lui proposer une douche, une idée claire en tête. Idée qu’il ne sembla pas immédiatement partager alors qu’il se rendait dans une cabine seul. Sans un mot, quoique désireux de l’y rejoindre, je n’en fis rien, me contentant de rejoindre ma cabine, laissée ouverte, comme à mon habitude, afin qu’il puisse m’y rejoindre une fois sa douche terminée ou… Ou avant. Clignant les yeux, je l’observai rapidement me rejoindre. Nu. Une nudité qui m’arracha un sourire alors que mes bras l’entourèrent rapidement.

- 너는 참 예뻐… Soufflai-je.

Une phrase que je lui disais souvent. Il était beau. Magnifique. Mais nous n’avions pas assez de temps. Alors, l’imitant rapidement, je refusais de perdre du temps en me lavant. J’avais mieux à faire, beaucoup mieux alors que je m’approchai de nouveau de lui, plus près encore, mes cheveux et mon corps lavé, jusqu’à ce que son dos se colle à la paroi de notre cabine, jusqu’à ce que mes lèvres ne rencontrent les siennes.

- J’en ai encore besoin pour tenir toute la journée. Murmurai-je contre ses lèvres, lui volant à nouveau son souffle, passionnément, amoureusement alors que mes mains parcouraient la moindre parcelle de son corps. Juste encore un peu…

Je me moquais de l’heure, à cet instant. A vrai dire, je ne savais même pas quelle heure il pouvait être et si nous avions le temps de nous retrouver pour la première fois sous cette douche. Mais il pourrait être l’heure précise du début du cours que je ne m’en serais pas inquiété. Une semaine sans le toucher avait été trop long. J’en avais encore besoin, de ses lèvres, de ce corps que je touchai, que je serrai contre moi, la paroi dans son dos l’empêchant de se libérer de mon emprise.

- Je t’aime… Finis-je par murmurer dans un sourire, mon front contre le sien, l’air heureux, vraiment heureux.

- Disons que... Comment expliquer les choses sans être malveillant ? Je ne connaissais pas Ayden Gimhae, je devais seulement m'en méfier, ne pas m'approcher pour des raisons bien plus politiques qu'humaines. Son comportement ne doit pas être assimilé à notre famille. Soufflai-je en résumé. Il s'agit seulement de l'éviter pour ne pas en être assimilé.

C'était aussi simple que cela et pourtant terriblement dégradant à mon sens que de juger une personne que je ne connaissais pas. Dégradant mais obligatoire au vu de ma position, des conseils qu'avait pu me donner Min-Ho à mon arrivée. De toutes les manières, Mika avait eu une autre idée pour me permettre d'approcher les femmes Sang Pur de la chorale me permettant d'éviter les Gimhae. Parfait. D'autant que cela nous donnait une raison aux vacances. Merindah était ainsi la clé. Il lui parlerait donc en même temps de l'aide dont nous aurions besoin... J'allais donc essayer de mon côté, un peu plus tard, bien sûr. Et après une maladresse, au moins la conversation reprit-elle plus légèrement alors que je saisis bien trop sa moquerie, y répondant avec amusement avant d'arquer un sourcil.

- Un planning chargé, effectivement. Soufflai-je en l'embrassant. Mais je tiens à préciser que moi aussi j'étais pur, avant. Enfin... Peut-être un peu moins que lui mais cela se valait tout de même. Dans tout le cas, le planning de ce soir se composait d'un fait immuable : je jouerais pour lui, je le lui avais promis.

Mais avant cela, il nous fallait encore supporter la journée et surtout nous y préparer. Une préparation qui passa par une douche et pour la première fois par une douche partagée entièrement. Mika était venu me rejoindre sans le moindre de ses vêtements et il était...

- Magnifique... Répondis-je dans un souffle avant de l'attirer à moi.

Le relâchant bien rapidement, je l'avais imité, me lavant rapidement pour profiter à nouveau de lui, pour le repousser contre le mur afin de ne le lui laisser aucun échappatoire. J'en avais besoin. J'avais besoin de lui pour tenir toute cette nouvelle journée. Je l'aimais et lui aussi... C'était le plus important, le plus réel alors que je l'attrapai contre moi, le soulevant dans mes bras pour l'exprimer, encore.
Et à nouveau, je ne lui résistai pas, ma passion s'extériorisant dans ses bras bien davantage que je ne l'aurais un jour imaginé. Le laissant redescendre sur le sol, le soutenant autant que je le pouvais malgré mon épuisement évident. Je ris doucement à sa remarque.

- J'essaierais de faire la même chose. Admis-je, me rendant compte de mon état, de ma fatigue avant qu'un gémissement autant d'une légère douleur que de plaisir ne s'échappe de mes lèvres.

Il m'avait repoussé sous l'eau mais surtout... Il m'avait marqué. Et à ma réponses, à mes lèvres sur les siennes, passionnément... Cela me plaisait. Beaucoup trop.

- Comme si je pouvais oublier... Jamais. Murmurai-je.

J'étais à lui. Je lui appartenais. Je n'avais aucun doute là-dessus. Rien. Au contraire. Plus le temps passait, plus cette vérité s'imposait à moi... Mais nous n'avions pas le temps de nous y attarder. Nous étions déjà presqu'en retard. Alors, je quittai la cabine lorsque Mika coupa l'eau, me séchant et me rhabillant rapidement avant de lui sourire.

- Dis lui que tu étais occupé à prendre soin de ton corps après ton accident. Soufflai-je avant que nous ne remontions pour prendre nos sacs.

L'embrassant, je le laissai partir pour prendre sa suite en direction du lieu de cours de Soins aux Créatures Magique en courant. J'étais en retard. Le premier retard de ma vie. Et si je n'avais rien dit face à Mika qui se pressait déjà... J'étais stressé, extrêmement stressé. Et j'avais raison. Le professeur Nott refusa ma présence. Pire. Il me demanda de revenir le soir, au moment du club et... Serrant les dents, j'étais reparti, en colère contre moi plus que toute autre chose. Je cédais bien trop à mes envies... Est-ce que je regrettais ? Bien sûr que non. Comment regretter le contact avec Mika mais... Mieux valait que mes cousins n'apprennent pas cet événement... Surtout après les révélations de l'avant veille...

Au moins eus-je le temps de revoir mes cours de la veille... Assis dans une salle vide, j'attendis la fin du cours pour suivre le prochain, comme si rien ne s'était passé. Réussissant à parler à Mara entre midi, j'avais eu les réponses à mes questions et j'avais pu m'excuser de mon absence du soir... Retenue oblige. Retenue à laquelle je me rendis, tête basse, m'excusant platement par trois fois face au professeur. Je n'avais pas vraiment d'excuse, refusant de mentir, j'acceptais donc la punition...
Une punition qui dura plus longtemps que le club, me faisant rentrer dans la chambre avec plus de quarante minutes de retard, le sujet ayant été plus compliqué - et surtout appelant à bien plus de lignes - que prévu. Laissant mon sac tomber au sol près du bureau, je me laissai tomber sur le lit, soupirant fortement.

- Comment s'est passé ta journée ? Articulai-je avant de me redresser. Je sors d'une retenue avec le Professeur Nott... Continuai-je de but en blanc, mes nerfs encore à vif alors que je n'avais pas pu me défouler au sport. Il n'apprécie pas le retard mais... Au moins ais-je eu le temps de reprendre mes cours d'hier. Ma voix était franche, presque sèche alors que l'envie de frapper un sac m'étreignait.

Me laissant de nouveau tomber sur le lit en grognant légèrement, je passai ma main sur mon visage. Le sport me permettait de faire retomber la pression, de me détendre. Et si les événements de ce matin m'avaient détendus... Je peinais à imaginer pouvoir le refaire à cet instant suffisamment pour me déstresser...

- J'ai le temps de jouer, du coup. Tentai-je malgré tout de plaisanter, de dédramatiser ce qui ne me plaisait pas tant je n'avais jamais eu la moindre heure de retenue de ma vie.

La matinée avait bien commencé. Beaucoup trop bien. Peut être effectivement trop. Cela ne pouvait pas durer et évidemment, cela ne dura pas. J'avais été mis en retenu par le professeur de soins aux créatures magiques pour mon retard. Une retenue qui non seulement me stressa mais m'empêcha, qui plus était, de me détendre, de me défouler en cours de sport.
Revenant enfin dans notre chambre, je ne m'étais pas caché. Me laissant tomber sur le lit, j'avais fini par lui expliquer les choses, non sans lui demander comment avait été sa journée. Question à laquelle il ne répondit pas, s'excusant à la place. S'excusant ? Arquant un sourcil, je me redressai, l'observant avec surprise.

- Pourquoi ? Soufflai-je avant qu'il ne s'inquiète davantage.

Je compris rapidement, à vrai dire, le pourquoi du comment. M'asseyant au bord du lit, je secouai la tête avant de soupirer et me relever.

- Mon coeur... Tu n'y es pour rien. C'est moi qui ai décidé de... Enfin de prendre encore plus de retard, c'est moi qui n'ai pas résisté à l'envie de te... De t'avoir contre moi. Alors tu n'y es pour rien. D'autant qu'il ne va prévenir personne. Il n'a rien dit de tel. Embrassant le haut de sa tête, je forçai un léger sourire alors même que je me sentais malgré tout à vif. Et je t'ai promis. Rappelai-je en allant me réinstaller sur le lit avant d'hocher la tête. J'ai tout compris, ne t'inquiète pas.

Ce n'était pas vraiment le cas mais... Autant ne pas rajouter au négatif maintenant, je m'en voulais déjà bien assez de le lui avoir dit au vu de sa réaction... Laissant un instant de silence, je soupirai de nouveau.

- Tu as besoin d'aide pour tes devoirs ? Demandai-je malgré tout, attrapant ma guitare, seul moyen que je voyais effectivement pour me détendre un minimum, pour lui faire penser à autre chose. Viens.

L'appelant à s'asseoir près de moi, j'attrapai mes partitions pour les poser à côté de moi, réfléchissant un instant. Je le lui avais promis, certes, mais... Je doutais. Je doutais toujours. De moi. De ce que j'avais créé. De tout. Je doutais, mais je fis. Une inspiration plus tard, et je jouai, je chantai, rappai, grattai l'instrument avec passion, me laissant transporté comme à mon habitude, passant ma frustration par la musique. Cela ne calma pas mes nerfs, pas vraiment, mais au moins mon esprit s'apaisa légèrement.
Lorsqu'enfin la chanson fut terminée, je restai un instant silencieux, comme pour redescendre de mon nuage musical, avant de tourner le visage vers Mika.

- Voilà... Murmurai-je. Qu'est-ce que tu en penses ? Enfin... Cela te plait ou...

Ou était-ce mauvais. Toujours cette même question qui revenait sans cesse, preuve de mes doutes et de mon manque de confiance. Déposant l'instrument au sol, je m'approchai de l'australien pour l'attirer contre moi. Voilà... Cela aussi arrivait à me détendre...

- Je ne me trompe pas si j'imagine que tu penses encore à ma retenue ? Demandai-je alors avant de reprendre Tu sais... Je le referais même si je risquais une autre retenue. Soufflai-je dans un léger sourire que je voulais rassurant. Alors tu as le choix... Sourire et je joue à nouveau, ou ne pas sourire et que je boude. Tentai-je alors.

A cause de lui ? Mais... Il ne pouvait pas dire ça, penser ça. Et ainsi tentai-je de le lui expliquer. J'avais décidé, je n'avais pas résisté. S'il fallait blamer quelqu'un, j'étais seul fautif, responsable de mes horaires et de ma vie. Il n'avait fait que me répondre, qu'être là et me faire du bien. Beaucoup de bien. De toutes les manières qu'il était possible de faire. Quant à ses devoirs... Je l'aiderais. Après avoir joué. Je le lui avais promis et j'en avais besoin. Lui aussi semblait-il. Alors, après quelques hésitations, je finis par le faire, par lui faire écouter ce sur quoi j'avais travaillé la veille, cette dernière nuit. Une chanson presque terminée que je lui dédiai, pour lui, toujours.
Sa réaction me fit sourire sincèrement. Il aimait... Non, il adorait. Tant mieux... Soupirant de soulagement, je déposai l'instrument pour l'attirer à moi, lui posant une question simple, la réalité revenant s'imposer à nous, avant que je n'essaie de le faire chanter. Ce qu'il n'apprécia évidemment pas, m'arrachant un léger rire. Ce n'était pas drôle, peut-être, mais cela pouvait fonctionner.

Au moins m'expliqua-t-il le fond de sa pensée... Il était frustré. Je l'avais été tout autant. Quant au caprice... Je soupirai. J'aurais aimé le voir plus insouciant, pouvoir vivre avec lui un amour adolescent comme certains semblaient le vivre lorsqu'on les croisait dans les couloirs... Mais à la place, le voilà obligé de penser à cela, au fait que tout pourrait disparaître pour une "simple" erreur de parcours.

- D'abord, commençai-je, le chantage n'est pas mal s'il fonctionne. D'autant que j'aimerais te faire écouter quelque chose d'autre. Soufflai-je alors que je voyais bien ce que ma musique pouvait faire sur lui. Ensuite... Repris-je plus sérieusement, Je suis frustré à chaque fois que je ne dors pas avec toi. J'étais frustré de ne pas pouvoir te toucher pendant une semaine, de me retenir de le faire alors que j'en mourrais d'envie. Alors non, ce n'était pas un caprice, ou alors pas seulement ton caprice, Mika. Même si j'ai écrit, même si j'ai joué, je n'aime pas être loin de toi. Admis-je alors même que cela me semblait complètement irrationnel. Je n'ai pas envie d'être tout le temps responsable, de tout le temps réfléchir alors... S'il te plait... Je préfère encore qu'on oublie que j'ai été collé et qu'on se rappelle que j'ai adoré ce matin malgré tout. Que je voudrais vivre plein d'autres matins comme ça.

Bien sûr, il ne nous fallait pas faire de vague. Encore moins maintenant. Mais... Je n'avais pas l'envie, pas la force de devoir faire attention à tout, de devoir me battre contre tout. Pas maintenant...

- J'ai envie de passer du temps avec toi. J'ai envie de me sentir bien. Soufflai-je en venant chercher ses lèvres, tendrement. Alors on va dire que c'était une expérience que je me devais de faire avant de passer en études supérieures. Juste une expérience. Comme j'en vivrais plein d'autre avec toi...

A mesure que je parlais, mes mots s'étaient faits plus doux, plus tendres alors que je l'allongeais sur le lit, l'embrassant entre chaque phrase.

- Ne t'en veux pas. Pas pour ça... Je ne suis même pas en colère, pas vraiment, juste... Nerveux. Admis-je. Je n'ai pas pu frapper et mettre d'autres élèves par terre, à commencer par mon cousin. Plaisantai-je dans un léger sourire avant de me reculer pour quitter le lit et m'installer près de son bureau. Alors on va commencer par ça, on finit tes devoirs, ensuite je te ferais écouter quelque chose d'autres. D'accord ?

Je tentais d'être enthousiaste, de lui redonner un peu de joie, de confiance alors que je lui souriais, comme j'avais l'habitude de lui sourire, uniquement à lui. Attrapant ma guitare comme une récompense, je la posai à côté de moi, contre le bureau. Cela pouvait aussi ressembler à du chantage, mais tant pis. Cela lui donnerait peut être un peu plus envie de travailler sa métamorphose dont je lisais rapidement le sujet pour pouvoir l'aiguiller quand il le voudrait.

- Oui. Répondis-je. Une autre chanson, moins travaillée mais... Je voudrais que tu l'écoutes...

Comme toutes les autres, il serait mon premier auditeur. Le premier et pour le moment, le seul. Mais avant cela, je voulais qu'il comprenne qu'il n'était pour rien dans la punition que j'avais eu. J'étais seul responsable de ma vie et ma vie était aujourd'hui davantage tournée vers lui alors qu'avais besoin de lui, de sa présence. Mon absence la nuit m'avait frustré, c'était définitif. Alors, acquiesçant, j'acceptai de revenir la prochaine fois, quitte à le réveiller, je reviendrais.
De toutes les manières, je n'avais pas envie d'être responsable et de faire attention à tout. Pas aujourd'hui. Je voulais seulement penser à ce matin, à ce que nous avions fait, à ce que nous recommencerions sans aucun doute.

- Ca ira. Soufflai-je alors. Ne t'en fais pas. Du moins je l'espérais mais je n'allais pas m'éterniser sur ce sujet. Autant ne plus y penser, autant le lui faire oublier.

Je me sentais trop bien près de lui pour penser à ce genre de choses... Je voulais profiter, je voulais apprendre à ses côtés, même si cela passait par ce genre d'expérience habituelle pour lui.

- Je ne compte pas te rattraper, heureusement. Soufflai-je avant de l’allonger sur le lit.

Dans tous les cas il ne devait pas s’en vouloir et en un sens, par ce geste, je lui prouvais que j’étais capable de prendre mes décisions, de le pousser, moi aussi, à vouloir plus, à me désirer. Autant que je le désirais. Alors, je continuai. J’allais bien, j’étais juste nerveux de ne pas m’être dépensé, de ne pas m’être défoulé notamment sur mon cousin en club de sport. C’était tout. Rien de grave. J’aurais d’autres moyens pour cela un autre jour car avant… Il nous fallait encore finir ses devoirs.
Alors, m’échappant du lit, presque fier de moi, je m’étais installé à son bureau, lui demandant de me rejoindre pour que nous finissions son parchemin. Une fois chose faite, nous passerions à autre chose. A ma musique par exemple.