타는 냄새가 난다
Ft Ayden Gimhae et Kim Hye-Soon
05 Mai 2023, Bureau du Professeur
Le soleil se levait tout juste lorsque le professeur Kim regagna son bureau.
Si la journée commençait pour certains, pour elle, elle s’étirait déjà depuis la veille. La nuit précédente avait vu se produire l’incident le plus discutable de ces dernières années et nul ne se serait permis le moindre repos en ces heures sombres. Tout s’était enchaîné sans leur laisser le moindre répit : Les quelques élèves rendus fous se jetant sur leurs camarades, l’ensemble de l’école évacuant dans la grande salle, l’inutile concertation au sein du corps professoral, et la splendide intervention du département de la justice magique.
Considérant la multiplicité des informations à relever, Hye-Soon s’accorda un temps de réflexion afin de retracer les évènements :
En début de soirée, elle avait reçu une note urgente de la direction l’avisant que plusieurs élèves hybrides avaient perdu le contrôle. Requise au sein des dortoirs de sa propre maison, elle s’était précipitée dans la salle commune des Gryffondors afin de prendre en compte l’incident. Deux de ses élèves s’étaient révélés être victimes de cette étrangeté : Victoire Weasley, et Jessalyn Brennan . Si la seconde avait été contenue par ses camarades au sein même du dortoir, la première elle, avait d’ores et déjà gagné le salon principal lorsque la Coréenne les avait rejoint. Les signes extérieurs avaient été criants de vérité : Le regard fou, l’absence de propos cohérents, le charme vélane poussé à son paroxysme, l’agressivité sans bornes.. tout leur avait suggéré que la demoiselle n’était plus maître de sa raison. Tiraillée entre son envie d’efficacité, et sa considération pour le bien être de la jeune femme, Hye-Soon s’était abstenue d’assommer la pauvre enfant d’un coup de baguette trop vif.
S’accompagnant de deux de ses étudiants, Matthew Gimhae et Diego Diaz-Wright, elle avait tenté de percer les secrets de ce maléfice. Se précipiter en contention, ou même à la maîtrise de la demoiselle en l’assommant sans sommation… voilà qui n’était pas du style de la coréenne. Et en cela, ses alliés l’avaient gênée. Elle se remémora un court instant l’emportement inutile du Préfet, ses répliques à la limite de l’insolence et son dédain pour la seconde victime. Le paradoxe avec ce qu’il avait montré de son caractère jusqu’alors avait été si frappant qu’il avait déstabilisé Hye-Soon. Elle s’était alors promis à elle même qu'une telle immaturité ne se produirait plus sans conséquences.
Pas de la part d’un préfet de sa maison.
Diaz-Wirght lui, avait d’abord fait preuve d’un excès de zèle en se montrant offensif - quoi qu’efficace puisque cela lui avait permis d’éviter que son professeur se retrouve défiguré – puis il s’était rendu coupable d’un petit moment d’égarement : Se faire arracher la baguette des mains par une Vélane furieuse n’avait rien de bien fameux.
Et parlons-en, de miss Weasley. Nul sortilège de révélation n’avait fonctionné. Pas plus que le bézoard enfoncé dans sa gorge. Le second avait écarté les empoisonnements, mais le premier n’avait pas même révélé la moindre trace de magie.
Pas une seule.
La dame avait étudié bien des maléfices et autres objets de magie, noire ou non, et si elle savait le Revelio basique, jamais il n’avait trahi. Loin d’afficher une fiche descriptive de la cible, il avait toujours eu cette capacité à révéler les moindres traces, aussi subtiles et légères soient elles.
Elle ne s’était certes pas attendu à résoudre le mystère à l’aide de ce dernier, mais constater l’absence de signes la navrait.
La coréenne avait songé un instant à faire usage du sort Legilimens puis s’était ravisée. Il y avait des limites à ne pas franchir, et le respect de la vie privée de son étudiante en faisait partie. N’étant pas en capacité d’obtenir son consentement, il fallait admettre que la démarche aurait été fort déplaisante.
Oui, une fois la tempête passée, milles et unes solutions s’offraient désormais à elle. Le temps ne jouait plus contre eux et il aurait été aisé de débusquer l’origine de ce foutoir.
Ça avait été sans compter sur l’intervention du ministère et de sa justice.
Se remémorer cette partie de la soirée lui donna mal au crâne et elle dû se passer un main fraîche sur le visage pour tenter de se débarrasser de sa lassitude. Quelque chose clochait depuis lors.
Si les élèves concernés avaient été transportés à l’infirmerie, le soucis de leur bien être n’avait pas duré. Bien vite confrontés par des agents de la justice magique et leurs responsables, il avait été impossible de les approcher.
Impossible d’organiser leur transfert à Ste Mangouste.
Amère, la coréenne laissa échapper un rire goguenard. Même la Directrice avait perdu de sa superbe en cédant du terrain à ces derniers. L’époque prestigieuse d’Albus Dumbledore était bien loin derrière eux, et c’en était fort regrettable.
Il était désormais logique de se questionner sur les motivations de chacun. En ce qui concernait le Professeur Mcgonagall, des raisons, elle n’en trouvait aucune. La femme avait toujours eu ce panache héroïque à défendre les adolescents envers et contre tout. Grande de l’expérience acquise auprès du précédent directeur, elle avait été rendue célèbre pour sa conduite « anti-intervention du ministère », agissant éternellement pour le plus grand bien des jeunes sorciers, n’hésitant pas à friser l’insolence et le mépris envers qui osait lui donner tord. Que cela change aujourd’hui était ahurissant : Il y avait des trahisons encore fraîches qui n’auraient pas dû la défaire de sa méfiance envers eux.
Plus encore, elle la savait suffisamment intelligente pour comprendre qu’il y avait là une insulte aux principes mis en place par Albus Dumbledore. L’histoire avait suffisamment de pages dans ses ouvrages pour prouver que la moindre intervention du ministère avait trahi une malversation, et que chacune d’elle s’était vue offrir une résistance farouche de l’école.
Élèves,
Et équipe pédagogique confondus.
Il y avait ensuite cette implication du ministère. Il était déjà communément admis que tout ce qui se passait à Poudlard, ne concernait que Poudlard. L’école avait toujours jouit d’une indépendance certaine et appliqué ses mesures disciplinaires et ses enquêtes internes à la lettre. Si elle avait toujours su calmer les foules en montrant son efficacité et le fruit de sa gérance en interne, personne ne s’était réellement osé à prendre définitivement la main sur « les affaires de Poudlard »
Il y avait eu cette effrayante chronique relative à la chambre des secrets.
Ou un garde-chasse avait été enfermé à tord sur de simples soupçons. Ce même garde-chasse qui, mis en cause lors du décès d’une élève plusieurs années auparavant, avait enduré expulsion et destruction de baguette.
Le ministère n’apprenait guère de ses erreurs.
Et l’école avait défendu son garde-chasse contre vents et marées.
Que ce soit en faisant éclater la vérité, où en le maintenant en poste au sein même de l’école. Cette fois encore, Poudlard avait fait fie du Ministère et de ses lubies.
A cette idée, Hye-Soon tenta de retracer l’ensemble des décès survenus dans l’école. Sang-purs ou non, familles influentes ou non, il y en avait tant qui avait été pris en charge par la direction de l’école… La scolarité magique était truffée de dangers et d’accidents.
Que tout ceci s’emballe sans pondération trahissait un problème sous-jacent. D’autant plus sous la main experte de la ministre Granger, connue pour sa justesse et son intelligence certaine.
Et… il y avait cet incident. Enragée par tant d’injustice, le professeur avait envoyé un hibou dans l’heure au responsable du département de la justice afin de solliciter une entrevue. Si la direction et le corps professoral comptait digérer les ingérences sans moufter, elle n’était pas femme à laisser de jeunes victimes être traitées comme des criminels. Les motifs de sa venue à Poudlard étaient clairs et la protection des jeunes sorciers avaient toujours été sa seule priorité. Attendre d’elle qu’elle reste passive face à cette énormité relevait du miracle.
Pourtant….
Le hibou n’avait pas tardé à revenir.
La missive, toujours accrochée à sa serre délicate, n’était pas parvenue jusqu’à son destinataire. La situation devenait ainsi de plus en plus clair : Quelqu’un lui refusait ce droit. Là était la preuve que la démarche d’Hye-Soon pouvait être problématique et, en un sens, cela se révélait satisfaisant. Qui que ce soit, il était bien mal informé sur son entêtement. Prendre attache avec ce représentant devait déranger quelqu'un, et son instinct lui soufflait que ce n'était pas sans lien avec l'incident.
Enfin, qu’en était-il du département de la justice ? A ce jour, il semblait bien plus opportun de mener les investigations que de se préoccuper de la santé des concernés. Il était clair que ces derniers n’étaient pas uniquement motivés par la manifestation de la vérité. Qui pouvait bien faire pression au point de les pousser à bafouer sans vergogne les droits octroyés par la Charte de la justice magique ? Il ne manquait plus que ces derniers soient enfermés dans une quelconque geôle du ministère et ils auraient atteint le seuil critique du ridicule.
A cette pensée, la Coréenne se saisit d’une plume et d’un morceau de parchemin. Elle y griffonna quelques mots à l’intention de la bibliothèque de l’école, a qui elle l’expédia sans attendre d’un coup de baguette impatient. Il serait de bon ton de rassembler de précieuses informations aux fins de justifications de ses arguments. Vu la tournure que prenait les choses, elle se doutait que les rôles de chacun deviendraient chaotiques, voir indus. La main gantée qui avait si habilement dévié son hibou en route pour le ministère n’hésiterait pas à réitérer ses manigances et il fallait rester prudent.
Ses élèves passeraient avant tout. Si elle devait reculer pour mieux les protéger, elle saurait dissimuler habilement ses propres plans.
Dans tous ce chaos, voilà qu’un énième problème surgissait : Ayden Gimhae. Cette famille sonnait pour la seconde fois à ses oreilles en terme de … « problématique » et ce en moins de 24h. L’agacement de la coréenne était à la hauteur de son impatience en ces heures de frustration, ainsi l’avait-elle convoqué sans même lui laisser le plaisir du petit-déjeuner.
L’intéressé avait tout bonnement disparu depuis la veille. D’abord passée inaperçue, son absence s’était faite ressentir lors du comptage à la grande salle. Il était vite apparu qu’Ayden Gimhae leur avait faussé compagnie et ne se cachait pas dans un recoin de la salle commune. Les multiples tableaux du château avait été missionnés afin d’avertir la coréenne du moindre pan de robe du fuyard. Même les plus discrets, si soucieux de ne jamais trahir les écarts de conduite des élèves, avaient consenti à se lancer à sa recherche…. Après tout, les circonstances appelaient à garantir la sécurité de tout à chacun.
Ce fut avec la plus grande des surprises que, deux heures plus tard, une fermière dodue à la chevelure dressée était apparue depuis l’un des tableaux suspendus à l’entrée de la grande salle. Ce dernier, bien trop étroit pour sa magistrale stature, peinait à contenir son visage rougi par, à n’en pas douter, sa course folle à travers les divers paysages du château.
J’l’ai trouvé avait-elle crachée, effectivement essouflée. *Dans l’un d’mes tableaux à Pré-au-Lard* Puis elle avait reniflé avec mépris *M’parait évident que vous z’êtes inquiétée pour rien. L’bougre profite de sa bièraubeurre sans se préoccuper des Doxys qui lui rongent l’arrière train *
Le professeur avait étouffé un juron odieux, auquel la campagnarde avait répondu d’un haussement d’épaules. L’impertinent avait fait le mur tel un adolescent. Rajouter ce problème supplémentaire à sa longue liste de préoccupations l’avait submergée de colère.
Son enquêtrice avait clos son rapport en reniflant bruyamment, attendant sûrement un quelconque dédommagement.
Et Hye-Soon l’avait remerciée d’un hochement de tête agacé
Le bon point de cette escapade… ah….certes… L’intéressé n’avait pas eu à subir les mésaventures de la soirée. Loin des tumultes du château, il était resté sain et sauf. Au moins un qui n’irait pas minauder à l’infirmerie pour se plaindre des retombées psychologiques.
L’élève allait ainsi être le premier à se confronter aux mesures disciplinaires de la Coréenne, et en cela, elle ne comptait pas le ménager. Frapper un grand coup dès le départ éviterait aux petits malins de se motiver à… réitérer les réjouissances. Elle n’était pas née de la dernière potion, le fait que les élèves bravent le couvre-feu était presque une tradition, surtout chez les Gryffondors téméraires.
Se faire attraper était en soi bien plus honteux que d’enfreindre le règlement.* Pas de chance* reconnut-elle en s’installant confortablement derrière son bureau, prête à le recevoir. Le timing n’avait pas joué en sa faveur.
Les premiers rayons du soleil inondaient déjà la pièce d’une lumière claire et vivifiante. Celle-ci n’aurait aucun mal à mettre en valeur leurs cernes respectives, qu’elles soient héritées de fêtes ou de péripéties.
Après avoir tremblé de quelques coup secs, la porte s’ouvrit sur le jeune Coréen qui avait été invité à entrer. Bien loin de la contrition d’Ollivander, ou de l’humilité de Lewis, c’est un minois assumé et volontaire qui franchit le seuil. Elle reconnut derechef l’allure presque narquoise du Gimhae, empreinte d’un manteau de velours aux allures de respect moqueur. Il y avait chez ce jeune homme une malice qui aurait pu le rendre sympathique, mais qui en ce jour, aurait tôt fait d’avoir raison de la patience du professeur Kim.
Entre l’arrogance de Matthew et la discrète provocation d’Ayden, elle trouvait la seconde bien plus redoutable et c’est avec méfiance qu’elle en guetta les signes avant coureur.
Il fallait lui reconnaître une chose.
Alors qu’il la saluait selon leurs traditions, il avait pris soin de ne pas paraître impertinent. Ses mots avaient ce quelque chose que l’on prête aux fortes têtes : Nulle dérobade.
Il était donc de circonstances d’en faire autant.
- Commençons par retirer 50 points à Gryffondor en guise d’introduction – tança la Coréenne d’un trait sifflant – Asseyez-vous.
Ses sourcils n’avaient jamais été si arqués, et si elle avait été dotée d’une frange, ils auraient probablement intégralement disparus. Nulle trace de Coréen dans son langage, coupant court à toute notion susceptible de lui faire croire qu’ils auraient quelque chose en commun lors de cet entretien.
Sans même s’assurer qu’il s’était exécuté elle poursuivit d’un ton froid :
- Mesurez bien chacune de vos paroles, je n’hésiterai pas à augmenter le compte si elles ne sont pas de circonstances.
Il y avait là l’un des plus gros défauts susceptible de porter préjudice à sa maison : Hye-Soon n’aurait aucun scrupule à vider le sablier si elle estimait un élève hors des clous. Peu importait leur quatrième place, et le peu d’élèves s’impliquant au gain de rubis. Elle avait, par ailleurs, une bien grande envie d’occuper chacune de ses soirées restantes jusqu’à la fin de l’année scolaire… Quitte à se punir elle-même en s’infligeant sa présence. Son exigence avait la fibre coréenne et son mépris de l’irresponsabilité avait traversé les frontières avec elle. Les lubies de tous ces jeunes gens commençaient à bien faire. Elle avait été suffisamment claire lors de sa prise de poste et comptait bien rester fidèle à son annonce.
- J’écoute donc vos justifications – conclut-elle d’un ton lourd de sens, laissant planer la menace des limites qu’elle venait de fixer... Des éclairs dans les yeux, elle fixait son interlocuteur en sachant pertinemment qu’aucune d’elle ne serait convaincante.
Son absence avait été arrangeante en un sens, elle devait le reconnaître. Elle ne le pensait pas capable de contenir les humeurs de Matthew... mais tout à fait disposé à l'envoyer sur les roses. Et le coup de main supplémentaire... Non il n'aurait pas été si indispensable que cela. Utile oui.
Mais pas indispensable.
En réalité, il y avait dans la sévérité du professeur les échos de la crainte qu’elle avait eu en constatant son absence. Il y avait aussi les vestiges de tous les efforts déployés pour le retrouver, et le temps perdu pour ce faire. Les caprices d’un adolescent s’adonnant à la boisson étaient tellement dérisoires face à l’incident de la veille…
Que la Dame fulminait de ne pouvoir occuper ce précieux instant en des activités plus productives.