Amara Yaxley avait toujours eu une certaine place au sein de la famille Gaunt. A vrai dire, elle avait une relation particulière avec chacun de ses membres. Tout avait commencé avec Bill. Bill était ce qui se rapprochait le plus d’un meilleur ami pour son époux, Corban. Les deux hommes se vouaient une certaine confiance depuis toujours et partageaient une philosophie de vie extrêmement proche. Naturellement, dès son mariage avec Corban, Amara avait fait la connaissance de Christina, épouse de Bill. Christina avait tout de suite vue cette toute jeune épouse comme une petite sœur. Issues du même cercle, elles se voyaient souvent, se comprenaient. Du haut de son âge très très jeune, sous l’influence de l’impero, Amara avait beaucoup observé Christina, dans son rôle d’épouse, mais aussi de mère du très jeune Thomas. Puis elle tomba enceinte de Heather, et demanda à Amara d’être la marraine. Si le sortilège a largement altéré sa mémoire, elle se souvient sans mal de la joie d’endosser ce rôle. Puis Amara tomba enceinte, et l’impero fut levé. Entièrement en possession de ses pensées, Amara se souvient encore de combien son regard sur Christina avait changé, combien elle vit combien elle était soumise à Bill. Bill. Cet être nauséabond. Bill, qui appréciait un peu trop les formes de son jeune corps. Des formes dont il fini par profiter. D’abord via des regards, puis des gestes, et enfin… d’autres choses. Des choses qu’on lui avait imposées, que Corban lui avait imposées. Des choses que Bill lui avait fait faire, d’autres qu’il avait fait faire au jeune Thomas pour lui faire “découvrir le corps d’une vraie femme”. Mais la karma n’était jamais loin. Amara avait vite comprit comment obtenir ce qu’elle voulait de Bill et, quand Corban fut emprisonné, Amara fut la seule femme qui pouvait obtenir un tant soit peu de respect du Gaunt et surtout, obtenir ce qu’elle voulait. Pour elle, pour sa propre famille, et parfois même pour Heather. Soyons honnêtes, Christina était soumise. Trop soumise pour défendre ses filles, pour veiller sur elle, et ça n’était pas si surprenant qu’Heather ait déjà avoué à Amara qu’elle l’aurait préféré pour mère. Mais les tables avaient tourné. Thomas et Amara s’étaient alliés contre Bill, planifiant avec délice la mort de cet homme pour lequel ils n’avaient plus la moindre compassion.
Mais Heather et Thomas n’étaient pas les deux seuls enfants Gaunt sur lesquels Amara veillait. Non. Il y avait bien-sûr Lheina. Lheina. Trop jeune pour être mêlée à tout cela. Mais trop intelligente pour ne pas voir ce qu’il se passait. Christina était à des années lumières de ce qu’il se passait. Thomas n'était pas l'homme le plus… délicat, et Heather avait déjà beaucoup sur les épaules. Alors, Amara s’en doutait, Lheina devait probablement être quelque peu… perdue par tous ces changements. Pour cette raison, Amara avait pris l’initiative de l'inviter pour une petite après-midi en tête à tête à Pré-Au-Lard. Elle lui avait donné rendez-vous au salon de thé de Madame Pieddodu à 14 heures, où elles pourraient discuter tranquillement avant de se lancer dans une petite virée shopping. Vu le choix de boutiques, leur balade serait très limitée, mais ce n’était pas vraiment ce qui importait à Amara. Aux yeux de la Yaxley, l’important était de prendre des nouvelles de sa petite nièce de coeur.
Ainsi, en ce beau samedi de printemps, Amara s’était déjà installée à l’une des tables, pour la première fois depuis longtemps, capable de décider de ses propres virées sans l’approbation de son époux. En attendant Lheina, elle avait commandé un café pour elle même, qu’elle sirotait, ses infinies jambes au galbe parfait, croisées, révélant le teint hâlé de sa peau. Elle portait une robe rouge, printanière, qui mêlait comme toujours classe et séduction parfaite. Voyant la plus jeune des Gaunt approcher, Amara se leva et prit la jeune Lheina dans ses bras, heureuse de la revoir après ses derniers mois d’absence.
- Leïna, ma douce, salua-t-elle avec tendresse alors que son accent italien faisait danser la moindre de ses syllabes. Je suis si heureuse de te revoir.