Vous ne pouvez pas imaginer la sensation de liberté que c’est de se transformer quand on est un Animagus, ce plaisir d’erreur dans la nature sauvage, de pouvoir observer les créatures bien moins méfiantes que face à un être humain. Bien entendu, n’étant point recensé, je ne peux pas me transformer trop à Poudlard ou aux alentours, m’enfonçant d’abord dans la forêt interdite. Mes pas me guident dans cette forêt, je m’enfonce petit à petit en vérifiant que personne ne me suit ou qu’aucun élève ne traine dans les environs. Ce ne serait pas la première fois qu’un de ces petits idiots vient enfreindre les règles de Poudlard et se baladeraient seuls dans cet environnement, ou en groupe, pour faire des conneries ou simplement boire entre amis. En tout cas, je me montre prudent car il y a aussi le garde-chasse qui pourrait me voir et qui ignore cette nature à mon sujet. Bref vous avez compris je veille à ce que je sois seul et que personne ne puisse être témoin. Quoi que seul n’est pas réellement juste car comme souvent dans ce genre de balade extérieure j’ai une compagnie qui apprécie les sorties dans la forêt… Aurora qui pour l’instant est posée sur mon épaule à bourdonner car elle apprécie l’air frais de la forêt, l’humidité qui y règne.

Je peux fermer un instant les yeux, appréciant juste l’air qui vient effleurer ma peau, passant dans mes cheveux. Aurora s’envole pour commencer à admirer les environs alors que l’homme disparait, le sorcier laissant place à un animal imposant et majestueux, un animal qu’il m’a fallut le temps d’accepter et comprendre. Un Animagus ne choisit pas sa forme, il est sa forme tout simplement, devenant l’animal le plus proche de ce qu’il est. Ainsi me voici en Original (ou si vous préférez un élan d’Amérique du Nord), marchant au cœur de cette forêt sur mes quatre pattes, je peux sentir l’air frais me caresser en me procurant une toute autre sensation que quand j’étais un homme. Mon regard se porte sur l’horizon, avançant et profitant du contact si unique avec la terre, savourant le moment où il n’y a plus les défauts humains. En plus, même si certains animaux peuvent être menacés dans cette forêt, je ne risque pas grand-chose… Animal imposant, puissant en force, il y a que peu de prédateurs adaptés en ces lieux et je sais exactement où ils se trouvent.

Mon odorat m’offre le plaisir d’autres parfums, mon ouïe de capter les sons différents dont certains imperceptibles à l’oreille humaine, et même le chant bourdonnant d’Aurora n’est pas le même dans ce genre de moment. Alors que j’avance en la forêt elle vient d’ailleurs me rejoindre et s’installer sur un de mes bois imposant, venant juste secouer ses petites jambes dans le vide et jouer comme si elle était maitresse du navire. Je profite d’ailleurs de ce moment, venant m’enfoncer dans un des points d’eau… C’est fou mais ça a un effet très relaxant et apaisant, juste ce qu’il mel fallait. Je dois dire que ces jours-ci… La colère est présente en mon être, l’affaire touchant Amara me tracasse et me donne l’envie de devenir plus agressif. Cette femme précieuse dans mal vie souffre, est menacée, par celui qui est censé partager sa couche… Je savais que cela se passait mal entre eux mais maintenant que je sais qu’il allait jusqu’à la « prostituer » envers certains êtres que Corban voulait manipuler. Là j’avoue que je commençais à sentir l’envie d’arracher des tripes pour faire des guirlandes. Elle m’avait confessé tant de choses et interdit de m’occuper de cet être… C’est un sentiment qui reste en moi, éveillant ce que je déteste.

Mais si ça s’arrêtait là ? Non, ce serait trop facile, y avait Aylin… Une autre source de douleur actuellement, d’inquiétude. Non pas à cause de notre situation récente qui pourrait au contraire être un soulagement. Après tout elle me sauve d’un mariage vide de sens et qui aurait pu me faire commettre un geste trahissant ma nature en m’offrant à la place un mariage qui sera passionnant… Mais le fait qu’elle est aussi menacée, que des êtres voulaient la violenter, c’est… Et bien je veux accepter son silence sur les noms mais je vous assure que chaque jour qui passe je me contiens de ne pas enquêter et chercher à en savoir plus. Je chasse mes pensées, sentant que mon souffle animal s’accélère comme si je devenais furieux et voulait charger un ennemi non présent. D’ailleurs Aurora avait dû le sentir, cherchant à me distraire et attirer mon attention en venant se mettre sur mon museau et briller.

Me calmant, je sors de l’eau et commence à reprendre ma route jusqu’à… Un chat ? Non pas juste un chat… ce chat. Qu’est ce que fait la Flint en ces lieux ? Si j’avais été un professeur digne de ce nom, j’aurais pris immédiatement ma forme humaine pour lui coller des heures de colles et lui retirer des points à sa maison… Après tout, elle n’a rien à faire ici. Mais je suis plus du genre à fermer les yeux quand je vois une effraction qui n’est pas de mon cours, sans parler que je ne suis pas recensé comme Animagus, donc ce serait dommage de dévoiler ce fait. Du coup, je me mets juste à suivre le chat, simplement un mélange de curiosité sur les raisons de sa présence et de veiller à sa sécurité.
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La curiosité m’emporte et je commence à suivre le chat, Adelai, regardant cette dernière se balader ici comme si elle connaissait déjà bien le terrain donc me dévoilant ouvertement qu’elle est une habituée de sortir dans la forêt interdite, ou en tout cas que c’est loin d’être sa première fois. Ah je suis sur que certains professeurs adoreraient ça, savoir qu’une élève se permet ainsi de passer outre les règles. Je ne dis rien, venant juste sentir de temps en temps là où elle a marché, réflexe naturel pour ne pas perdre sa piste si elle disparait soudainement. Aurora d’ailleurs se met à nous accompagner, toujours à rôder dans mes bois avec une grande curiosité face au chat. C’est uniquement quand nous arrivons sur le terrain des sombrals que la fée se cache à nouveau derrière un des bois plus imposant, n’aimant pas ces créatures proches de la mort.

Amusant, les sombrals ne sont pas dérangés par la présence du chat, mais surtout Adelai les voit, ainsi elle a connu la mort… Un détail que j’ignorai, n’ayant pas encore pu faire participer cette élève dans un cours avec ces chevaux particuliers et sinistres. Je me rapproche encore, passant à coté du chat pour vérifier malgré tous les alentours, les sombrals ne venant pas réagir à ma présence, ne s’éloignant pas. Après tout ils me connaissent depuis bien longtemps, même avant mon don d’animagus. D’ailleurs, le sombral fut la première créature à entrer dans ma vie, le présent de mon père.

La petite tête d’Aurora dépasse un peu d’un bois pour regarder de temps en temps les créatures vues comme sinistres aux yeux de bien des êtres. Pour l’instant je garde malgré tout mes distances avec Adelai, premièrement pour ne pas trop lui mettre la puce à l’oreille sur ma nature mais aussi car je préfère veiller sur ce qu’il se passe que de rentrer en contact directement. Puis il faut dire qu’un Orignal n’est pas une créature réellement sociable hors de la famille. Ma respiration reste forte, un peu bruyante mais sans plus alors que ma tête est dressée, regardant souvent un peu sur les côtés. Les sombrals semblaient parfaitement calme ce qui indiquait qu’il n’y avait ni la présence de prédateurs, ni de braconniers, donc un moment de paisibilité. D’ailleurs je remarque un Sombral particulier que je ne connais que trop bien. Il est vieux, faible et rachitique mais il me reconnait venant se rapprocher de moi et taper doucement sa tête contre la mienne. Un sombral pâle, comme albinos et fatigué par le temps.

Je ne repousse pas cet ami de longue date, juste surpris qu’il me reconnaisse encore depuis le temps que nous nous sommes point vu. Ainsi même sous cette forme, une créature telle que lui n’est pas dupe. Ce serait un sujet intéressant à travailler en cours en temps normal. D’ailleurs concentré sur ce Sombral, je n’ai pas remarqué qu’Aurora s’en est allé pour approcher discrètement du chat, cherchant à venir lui attraper la queue.

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Mon regard se reporte sur ce chat qui prend forme humaine devant moi, me surprenant sur le coup. Non point que je ne savais pas qui était le chat mais qu’elle prenne ainsi la décision de se dévoiler pour m’approcher. Au début je fais un léger geste de la tête pour remuer les bois, tel un avertissement. N’y voyez point une menace contre Adelai mais plus le réflexe instinctif d’un Original envers une humaine trop proche déjà. Disons que c’est la présence du vieux sombral blanc qui m’évite de chercher à la faire reculer. Je crois que d’ailleurs la partie Original renforce mon instinct de méfiance envers les êtres humains, cette méfiance qui mel fait dire que tout les êtres sont des potentiels traitres. Alors ajoutez ça à un animal qui évite la présence humaine, ça fait comprendre le besoin de distance.

Bien en tout cas la jeune élève fait preuve d’une certaine observation et c’est une chose assez intéressante sur le coup. Si elle fait preuve de cette capacité avec les créatures magiques pour mon cours, elle pourrait facilement gagner quelques points. Mon visage se tourne vers le sombral en question, cet ami d’un temps passé mais malgré tout toujours lié par nos échanges. Il fut un temps c’était lui mon plus grand confident, celui à qui je parlais, à qui je pouvais tout dire… Une époque où je n’avais que les créatures comme êtres de confiance. Je me déplace légèrement en contournant l’humaine, le sombral me suivant et c’est Aurora qui va finalement de la tournure que les évènements vont prendre. Elle quitte mon bois pour se rapprocher du sol prendre une branche, venant ensuite rejoindre Adelai et poser la branche dans sa chevelure. Bien si Aurora agit ainsi, c’est qu’Adelai ne dégage surement rien de belliqueux.

Bien de toute façon je suppose que rester sous cette forme ne va servir à rien, elle a compris que je suis un Animagus donc au pire pourrait créer des ennuis à chercher qui je suis en parlant d’un Original à Poudlard. Je tourne encore un peu autour d’elle, hésitant et réfléchissant, calculant le pour et le contre. Y a-t-il plus de risques qu’elle parle de m’avoir perçu ainsi ou qu’elle parle de qui je suis ? Bah vous savez quoi, au pire y a toujours une oubliette à portée de main… Et alors que je continue à faire quelques pas, je prends finalement forme humaine à mon tour pour apparaitre dans toute ma grandeur et légère froideur. « Mademoiselle Flint… vous avez raison, ce sombral appartenait à ma famille avant de trouver sa liberté. Un compagnon de longue date... »


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