Il y a quelques temps j’avais rencontré Abadone en Ukraine, échangé avec cette dernière, partagé des opinions et à ma grande surprise elle avait su me toucher ainsi que me surprendre. Il est rare qu’un être soit capable de me « convaincre » à une cause ou une opinion, mais j’avais perçu en elle ce qui manquait cruellement à Voldemort lors de mon enfance. A l’époque, m’occupant d’un Dragon qui souffrait de difficultés d’intégrations avec ceux de son espèce car tenu à l’écart bien trop longtemps par de stupides gobelins, je n’avais pu répondre favorablement à Abandone… Enfin pas complètement. J’avais simplement dit à cette dernière que si un jour mes pieds revinrent toucher le sol d’Angleterre, elle pourrait me considérer comme un de ses fidèles. Venant de moi, ce ne sont point des paroles en l’air car je n’accorde pas ma confiance, alors accorder une forme de loyauté ou fidélité était quelque chose de réellement précieux comme rare.

Ainsi j’étais revenu en Angleterre et bien entendu ma parole n’avait pas été oubliée, rejoignant cette assemblée d’êtres qu’elle avait réuni sous son étendard. Et alors que j’étais occupé à faire glisser ma plume sur un parchemin pour écrire quelques verbes pour un futur ouvrage, j’avais reçu ma première convocation à une assemblée de cette sombre organisation. D’un geste simple, comprenant l’urgence de cette convocation, j’avais posé la plume sur le bois de mon bureau et Aurora qui était sur mon épaule à remuer ses petites jambes en regardant ce que je faisais s’arrêta, curieuse de mon changement soudain et incapable de comprendre pourquoi une atmosphère sérieuse venait de s’emparer des lieux. En me redressant lentement, j’avais fait un léger geste de mes doigts que la fée comprenait parfaitement, venant se poser sur un élément de ma bibliothèque et enclenchant un mécanisme qui avait été conçu pour réagir uniquement avec elle. Avoir une clé dotée d’une forme d’intelligence et de fidélité était une manière de s’assurer une certaine tranquillité. Bref, la bibliothèque c’était ouverte pour me donner accès à une cape noire épaisse ainsi qu’un masque.  En effet, l’ayant précisé plus d’une fois, je ne suis point un être qui offre sa confiance et même si Abadone a su me convaincre, ce n’était surement pas le cas des autres membres de cette assemblée, même si il serait certain que les « lieutenants » d’Abadone connaitrait mon identité. Mais pour moi, chaque être est capable de trahison donc actuellement ce masque serait de mise pour ce genre de réunion.

Equipé je n’avais point attendu pour transplaner jusqu’au lieu de rendez-vous, la demeure Abbot. C’est portant la cape noir autour de moi, non point pour cacher ma taille assez importante mais pour voiler ma corpulence, que je fis mon entré en ces lieux. Arborant un masque de bois tout ce qu’il y a de plus neutre… sans aucune gravure ni élégance, bien loin des traditionnels masques des Mangemorts d’un autre temps… Je fis mon entrée, ne prenant le temps que de saluer respectueusement Abadone d’un geste de la tète et d’une légère courbure du dos, sans mots. Mes pas me guidèrent vers une place semblant libre et d’un geste léger j’en recule le siège pour venir m’y installer. Mon regard se porte sur ceux présents sans perdre de temps à les détailler pour l’instant, écoutant Abadone s’exprimer sur les derniers évènements. « Le Ténébreux »… Pourquoi faire de tels pseudonymes ? Ca me rappelle Lord Voldemort et tous les noms qui lui étaient attribués, tous aussi redondant les uns que les autres. Franchement, un simple prénom est bien amplement suffisant pour dissimuler son identité qu’un terme en dévoilant bien trop sur comme se représente celui qui le porte.

Quand à son tour Alistair s’exprime, je me sens en désaccord avec ce dernier. Ce n’est point parce qu’il décidé de se montrer visage découvert que la confiance serait être instaurée, surtout alors qu’une trahison vient d’avoir lieu. Mais bon, pour être honnête obtenir ma confiance est une chose bien complexe et qui ne pourrait se faire avec de simples mots. Mes doigts vinrent effleurer le bois de cerisier de mon masque, et aucunement ce dernier ne quitte mon visage. Même si je n’apprécie pas spécialement de porter un tel artifice, il est nécessaire pour le moment ainsi que parfaitement symbolique de ma propre personne. Après tout, même sans cet artifice je n’ai fait que porter un masque tout au long de ma vie. De toute façon, à mes yeux la sécurité ne sera que quand celui qui a fait preuve de trahison ne sera plus de ce monde. Ou que son esprit ne soit pas plus développé que du mucus de Veracrasse.  Je reste pensif un instant, écoutant les paroles de celui qui s’exprime ensuite sur la confiance apportée à Alistair ne m’intéressant point à sa question actuellement. Il faut dire que « le recrutement » n’est pas réellement le genre de sujet qui pourrait ma passionner, le nombre ne faisant ni la force, ni l’intelligence.

Les paroles de Blake ne sont pas insensées. Même si je n’ai actuellement aucune progéniture et aucune attache, n’ayant pas encore pris le temps de réellement renouer avec la famille… Il est vrai que la logique voudrait que le ministère de la magie se tourne vers les noms d’anciennes familles ayant servi Voldemort tout comme ceux qui tiennent à ne point laisser d’impur souiller leur famille. Je suis même presque persuadé qu’avec une Sang-de-bourbe à la tête du Ministère, la logique s’instaurera rapidement dans les esprits qu’une famille refusant de se mêler ne sait être qu’une famille extrémiste. Attaquer les enfants serait le plus simple pour le Ministère, des jeunes qui inconsciemment pourrait trahir leur famille en parlant trop, ou justement en cherchant à se refermer de trop. Je n’interviens point à nouveau car de toute façon en dehors de proposer un grand feu de joie, qui ne serait qu’une solution bien éphémère et qui nous ferait tomber dans les erreurs du passé par son manque de subtilité, je n’avais rien à offrir à cet échange.

D’un geste de la main je refuse l’alcool proposé par l’elfe de maison, n’étant point ici pour me substanter mais bien pour avoir l’esprit totalement éveillé à ces converses. C’est seulement quand Alistair mis fin à sa réponse envers Blake que mon envie d’intervenir se fit sentir. Une simple question, une simple méfiance, mais quelque chose qui me semble logique sur le moment.  

« Est-il réellement prudent de parler de recrutement en un tel moment ?  » M’adressant à Alistair sous un ton des plus monocorde, considérant que si une enquête devrait se faire, une des premières actions entreprise serait l’infiltration. « Est-ce que pour vous le nombre de partisans représente une qualité ? L’histoire nous a montré que plus un groupe prend de l’importance, moins ce dernier se montre efficace, l’organisation se retrouvant à mal par les divergences d’opinions. » Un léger soupire étouffé par mon masque peut se faire entendre pour ceux se trouvant autour de moi alors que je reprends. « Plus nombreux nous serons, plus les égos mal placés se feront sentir, les désirs futiles d’avoir plus de pouvoir ou d’importance qu’un autre au sein de l’assemblé. Voir naitre des déviances comme celle de ce Andrew, à faire son propre groupe. » Je ne fais qu’énumérer des problèmes réels et existant depuis la nuit des temps dans notre société et dans toutes les formes de société. « Ne serait-il pas plus rentable pour notre efficacité de profiter justement de cette situation pour optimiser notre fonctionnement interne et créer une réelle harmonie entre les membres ici présents. » Ma main se pose simplement sur la table, mon visage se tournant vers Alistair puis Abadone. « Ceci n’est que mon humble avis, ne vous connaissant point assez pour vous juger… Mais ressentant du sarcasme dans certaines paroles, tout comme ayant difficile avec le mot confiance en période de trahison… ça me semble primordial d’améliorer ce que nous sommes déjà avant de laisser d’autres personnes s’installer. » Je n'ai laissé aucune place aux émotions dans ma voix, étant resté tout du long sur le contrôle. Certes j'expose mes paroles comme si cette assemblée n'était composée que d'enfants, mais il suffit que je replonge dans mes souvenirs pour me rappeler que finalement certains Mangemorts du temps passé ne valait pas mieux que des gamin capricieux.

Le silence est surement la meilleure réaction à avoir face à l’affaire Corban et face aussi à l’incapacité des Aurors à faire leur travail correctement. Je considère que même si le Ministère n’est composé que d’incompétents inutiles sous l’autorité d’une Sang-de-bourbe considérée comme héroïne d’une grande guerre… Il ne faut jamais sous-estimer un adversaire, ne jamais sous-estimer un groupe. Je considère qu’il suffit d’un homme, d’un seul homme avec un peu de talents, avec un don ou même un coup de chance pour faire bien des dégâts. Un seul homme sait faire un effet domino et d’ailleurs l’histoire a déjà prouvé qu’un seul homme a toujours su faire la différence.

Je ne réponds pas pour le port du masque, ce dernier étant bien sur mon visage. Déjà que même sans cet objet en bois, mon vrai visage est un masque, une façade qui cache ma vraie nature. Autour de cette table, seule Amara connait réellement mon vrai visage, elle sait exactement quel homme je suis en vérité car avec elle, depuis mon enfance, j’ai su être naturel. Blake même ne sait pas tout de moi et de ma nature. Bref, si je suis déjà de nature un homme qui se dissimule, autant dire que dans un milieu comme celui-ci, je ne suis point prêt de me dévoiler. Mais j’apprécie malgré tout les paroles d’Alastair qui fait preuve d’une étrange tolérance envers les paroles de chacun. Je suppose qu’il veut jouer la carte diplomatique et se montrer à l’écoute de tous pour tirer le meilleur du mélange de cette conversation.

J’éprouve un avis commun avec Blake, la magie pourrait être utile pour forcer une forme de loyauté. Point celle de l’Imperium qui rendrait trop rapidement les membres fous, détruisant leur esprit petit à petit. « Une forme de serment inviolable serait envisageable ? Il n’y aurait pas de destruction progressif du mental de ceux qui y sont liés et au moins ça prouve la conviction de ceux qui se joignent à nous. » De toute façon, les méthodes de Voldemort étaient basées sur un pouvoir égoïste et personnel. Rien de bon ne pouvait être retiré sur l’ancien système qui avait été mis en place car il suffisait de voir le nombre de partisans qui ont fuis, qui se sont détournés ou qui avaient juste perdu leur force d’antan. Je me souviens parfaitement du jour de la grande bataille à Poudlard et du visage de certains des sorciers qui étaient avec Voldemort… Ce n’étaient pas des serviteurs dévoués mais apeurés. Maintenant je doute bien que ce serait déjà trop demandé à beaucoup de sorciers de faire un tel serment, tous craintifs ou lâche face à la force d’un véritable engagement.

Mon intérêt s’éveille quand ça parle d’une forme de magie runique, bien curieux de ce qu’ils pourraient réussir à faire mais bien entendu il semblerait que le mystère sera encore présent un moment. Enfin, je reste silencieux pour le reste, réfléchissant à cette histoire de recrutement et sincèrement je ne vois personne qui pourrait être digne. Alors si on fouille, y aurait bien quelques personnes qui ont la haine dans leur cœur face aux décisions du Ministère mais cela ne veut pas dire qu’ils auront cette haine envers les moldus par exemple. Pour moi c’est là que tout devient complexe… En quoi un être est intéressant à recruter ? Quels sont les convictions qu’il doit accepter ? La guerre contre le Ministère ? Contre les Moldus ? La pureté de notre Sang ? C’est vaste et complexe car je suis certains que juste autour de cette table nous avons tous des convictions différentes.

Enfin, je ne vais pas lancer de grands débats sur la situation actuelle, préférant écouter en laissant juste mes doigts de la main droite tapoter sur la table silencieusement, suivant juste un rythme fixe et mécanique.