Depuis le mois de septembre, elle l’entraîne autant physiquement que mentalement. Elle sent que c’est dur pour lui mais il ne lui en parle pas. Elle pourrait mettre un stop mais il doit atteindre ses limites pour comprendre. Cela peut paraître dur mais si elle l’arrête, il le fera peut-être pour l’écouter et non pas parce qu’il comprendra intrinsèquement le sens de ce qu’elle dit. Ou alors il pensera que c’est encore une parole d’un adulte qui ne comprend rien. Dans les deux cas, ce ne sera pas efficace. Alors elle est tout de même attentive à ce qu’il ne soit pas dans un état de santé grave ou qu’il se mette réellement en danger. Elle ne remarque rien de ce style mais jour après jour, il se rapproche de plus en plus de ses limites. Elle observe sa fatigue et sa volonté à ne rien lui dire malgré ses questions innocentes. Enfin si Maïwenn peut avoir réellement des questions innocentes. Mais il fait le choix de ne pas lui parler malgré sa demande lors de leur première rencontre hors cours. Elle choisit de le pousser un peu plus chaque jour. Elle sait qu’à un moment il craquera d’une manière ou d’une autre et que cela ne devrait plus tarder. Il n’est pas surhumain et malgré sa volonté de fer reste encore qu’un adolescent. Elle se montre donc très attentive à lui et le surveille même en dehors des cours. Elle est discrète afin qu’il ne la repère pas mais elle ne veut pas qu’il se blesse réellement. Les jours passent ainsi et elle le sent de plus en plus au bord de craquer. Elle se demande juste quelle forme cela prendra. Ce qu’elle n’apprécie pas du tout par contre c’est qu’il maigrit. Il va l’entendre avant que cela ne devienne trop grave. Mais pour l’instant, elle attend encore. Il doit comprendre ce que c’est d’atteindre réellement ses limites et de jouer avec sa santé.

Il est six heure du matin, heure de l’entraînement prévu. Elle arrive tranquillement et est surprise car elle ne voit pas dans un premier temps. Mais elle sent sa présence, alors elle le cherche et finit par le trouver endormi. Et bah voilà, il a fini par craqué. Elle a un petit sourire sadique. Elle a pleins d’idées qui lui trottent en tête pour le réveiller. Elle l’observe quelques secondes puis se décide. Elle chope ses mains et le traîne ainsi jusqu’à son bureau. Il ne va pas avoir de grosses blessures mais des égratignures oui et ses vêtements risquent d’être abîmés. Cela va avoir au moins l’avantage de le réveiller. Oui elle n’est pas douce mais en même temps c’est bien pour cela qu’il est venu la voir elle. Il ne voulait pas quelqu’un qui s’apitoie sur son sort. Elle le traîne ainsi d’abord jusqu’à la cuisine où elle demande quelque chose à un elfe de maison puis le traîne ainsi jusqu’à son bureau. Elle le met sans aucune douceur dans un fauteuil. L’elfe de maison apparaît au bout de quelques minutes et amène ce qui ressemble à un gros petit déjeuner très complet. Il y a des oeufs, du bacon, du jus de citrouille, des pâtisseries. Il y a des fruits aussi. Les proportions sont généreuses mais correspondent à ce qu’une personne peut manger. Elle attend qu’il soit réveillé ou en tout cas qu’il ouvre les yeux et lui dis d’une voix dure:

-Tu manges tout et je ne veux entendre aucune remarque. On parlera quand tu auras fini de manger

Son ton est sec et dur. Son visage n’exprime aucune émotion. Clairement, elle ne lui laisse pas le choix. Il doit manger pour reprendre des forces sinon il ne va pas tenir sur le long terme. Ils parleront après.

Elle l’a trainé et mis dans le fauteuil sans grande précaution. Il est temps qu’il prenne conscience de son état qu’il a atteint ses limites. Elle a mis à manger devant lui en lui ordonnant de manger. Il doit manger pour récupérer. Ce n’est pas réellement une option sinon il ne pourra pas tenir. Elle sent tout son esprit de rebéllion en plus de son non clairement énoncé. Il est en colère et dans l’incompréhension. Il ne semble toujours pas avoir conscience de son état et d’avoir atteint ses limites. Elle reste totalement froide et l’écoute lui dire qu’il a déjà mangé. Elle sait qu’il dit la vérité mais ce n’est clairement pas suffisant. Il est à bout de force et pourtant il abat ses dernières forces pour lui répondre et lui tenir tête. Il s’entête à ne pas admettre. Il lui assène qu’il s’est juste endormi tout en lui demandant quel est le problème. Elle ne l’a jamais vu aussi énervé et agacé mais c’est justement un signe de ses limites presque atteintes. Il ressemble à un animal blessé qui se défend en attaquant. Elle reste parfaitement maitre de ses émotions et ne montre rien. Elle le voit se redresser et ses jambes flagoller. Elle l’entend l’accuser d’être responsable car elle l’a pris par surprise. Elle s’approche de lui d’un pas tranquille :

-D’après toi, si je t’attaque la maintenant il se passe quoi ? Réfléchis sérieusement à la question avant de me répondre.

Elle se met juste devant lui prête à le mettre au sol si cela s’avère nécessaire. Mais elle n’en montre rien et tout son corps est parfaitement détendu. Il doit prendre conscience de ce qui se passe par lui-même et elle a tout son temps pour lui permettre. Elle ne compte pas le lâcher dans cet état là quitte à ce qu’il manque tous les cours de la journée. De toute manière, il n’est pas en état de partir très loin. Elle fera un mot d’excuse aux autres professeurs si nécessaire mais elle ne le laissera pas partir. Elle a promis de l’entraîner et de l’aider à se dépasser. Une des leçons les plus importantes est de connaître ses limites. Et c’est le moment de lui enseigner. Elle utilisera tous les moyens nécessaires pour y parvenir. Elle continue d’une voix toujours aussi posée :

-Une des plus grandes qualités est de connaître ses limites et de savoir admettre lorsque celles-ci sont atteintes.

Elle a lancé cette phrase pour observer comment il va s’en saisir. Elle n’a pas oublié qu’elle compte le faire manger mais diffère cela à plus tard. Elle ne se met pas en colère parce qu’elle comprend pourquoi il réagit ainsi. Cela devait forcément arriver à un moment donné quand on a autant d’exigence envers soi-même. L’exigence est une qualité mais comme toute qualité elle a ses travers. Il ne faut pas tomber dans les extrêmes. Elle attend sa réponse pour observer comment il va réagir. Elle est aussi à l’affut des signes corporels et non verbaux.

Elle l’observe et l’écoute. Il est à bout et au bord de ses limites. Une forme de point de non rupture. Autant elle l’a laissé aller jusque-là, autant elle ne le laissera pas aller plus loin. Si elle doit lui mettre une raclée pour qu’il comprenne elle le fera mais ce n’est pas son intention pour le moment. Vu son état, il est probable que ce soit surtout inefficace et contreproductif. Elle va devoir user de patience pour qu’il comprenne. Elle espère qu’il ne sera pas lent car la patience n’est pas sa plus grande qualité. Elle va être rapidement démangée par l’envie de le secouer avec toute la douceur dont elle est capable. Elle suit son cheminement de pensée avec grande attention faisant fi de sa première réponse. Oui en cas d’affrontement, il finirait au sol et bien plus aisément qu’habituellement. Il n’est pas en état de lui opposer une résistance sérieuse. Bien la preuve d’ailleurs de son épuisement. Elle écoute ses pensées défilées et se dit qu’heureusement qu’il a diminué les entraînements avec Zoé. Il a bien mieux à faire que de servir d’entraîneur personnel à une élève. Elle le sait depuis un moment mais ne lui en a jamais parlé. Il n’a jamais souhaité l’évoquer avec elle et elle respecte cela. En même temps, peu de personnes sont au courant de son don et elle compte bien que cela reste ainsi. Mais son emploi du temps est bien trop chargé et il semble en difficulté pour en prendre conscience. Elle le sent sur la défensive. Elle le regarde avec un air froid et lui laisse le temps de réfléchir. Elle ne réagit pas quand il lui dit que ses limites ne sont pas atteintes. Il s’enfonce dans son déni mais elle le laisse continuer. Elle ne montre rien à l’extérieur mais ses limites à elle de patience vont bientôt être atteintes et elle en est parfaitement conscience. Lui taper dessus ne servira à rien et elle doit donc trouver comment l’aider à prendre conscience de ses propres limites. Le silence s’installe quelques minutes, les réflexions défilant dans la tête de Mara. Il finit par accepter de manger. Un premier pas même s’il ne semble pas décidé à manger le bacon et les pâtisseries. Elle lui dit simplement :

-Tant que tu manges tout le reste, je ne dirais rien.

Elle comprend que c’est trop pour lui de manger le bacon et les pâtisseries mais il a intérêt à manger le reste. Il continue à nier d’avoir atteint ses limites en se trouvant de fausses excuses : le sommeil, trop de choses à penser. Il est plus facile de penser cela que de faire face à la réalité même si c’est un processus qui demande du temps. Elle va devoir intervenir mais avant, elle va attendre qu’il ait fini de manger. Cela lui laisse le temps de réfléchir à comment s’y prendre et il va pouvoir continuer à cheminer. Elle sent que son état d’esprit évolue légèrement. Déjà, il s’est mis à manger alors qu’il a refusé en bloc au départ. Un premier point de progression. Elle le regarde manger et attend qu’il ait fini. Le silence s’installe ainsi, brisé de temps en temps par des bruits de mastication. Elle continue de suivre ses réflexions puis une fois qu’il a avalé la dernière bouchée, elle prend la parole :

-Pourquoi as-tu du mal à dormir et trop de choses à penser ?

Pour l’instant, elle en est simplement à poser des questions pour qu’il continue son raisonnement et arrive à ses propres conclusions. Elle pourrait lui asséner ce qu’elle pense mais ce n’est que son avis et tant qu’il n’en prendra pas conscience par lui-même, cela ne fera pas sens pour lui. Elle ne peut que l’accompagner même si cela démanger fortement de le secouer. Elle doit juste soulever un autre point important. Elle lui avait demandé une parfaite honnêteté envers elle. Il lui avait promis d’essayer et il est évident qu’il n’a pas réussi. Il est temps de le questionner également à ce sujet. Elle doit comprendre et surtout le faire réfléchir. Elle a bien des hypothèses sur le pourquoi mais ce qui l’intéresse c’est les siennes.

-Pourquoi ne m’as-tu pas informé de ton état ?

Son ton est froid et son visage impassible. Elle ne veut rien révéler qui pourrait refléter ce qu’il pense. Elle ne souhaite pas se montrer compréhensive et empathique même si au fond elle comprend.

Il mange même si clairement il n’en a pas envie. Mais elle ne lui laisse pas le choix. Elle entend son désaccord qu’il n’ose pas exprimer face à elle. Au moins il mange plus sérieusement et cela lui permettra de reprendre un peu de forces. Même si cela ne sera évidemment pas suffisant. Il va devoir accepter de réduire son emploi du temps mais il n’en est pas là. Elle l’observe et l’écoute parler. Après une ultime rebiffade, il semble enfin décidé à coopérer. Son visage devient alors moins dur. Elle n’exprime pas de compassion mais au moins une écoute plus douce. Il se décide enfin à lui dire ce qui ne va pas et ce qui se passe. Elle aura dû aller le chercher surtout qu’il ne semble pas avoir envie du tout de lui exprimer. Il estime même que cela est inutile et semble avoir peur de souffrir encore plus. Il agit pour ne pas penser. Mais malheureusement son corps ne va pas être en accord avec ce principe. Il admet tout de même ne plus arriver à suivre et qu’il ne peut relâcher plus tard. Elle comprend l’importance du cursus moldu et de ses raisons de le suivre. Même si clairement, il ne pourra pas tenir le double cursus sur le long terme. Il va être temps de faire des choix même si cela lui semble très compliqué comme décision. Elle le laisse continuer jusqu’au bout de son discours pour bien tout comprendre. Elle comprend un peu mieux pourquoi il ne dort pas et pourquoi son emploi du temps est aussi chargé.

-Et en même temps si tu continues ainsi, tu échoueras partout. Tu n’es pas surhumain et tu as tes limites. Même si c’est difficile, tu vas devoir faire un choix pour toi, pour ton avenir. Ce ne sont pas tes grands-parents qui suivent tes études et qui plus tard exerceront ton métier. Mais c’est toi et donc c’est à toi de décider ce que tu veux faire. Et si ton choix est assumé et clair, ils finiront par comprendre. Par contre si tu doutes, ils s’en inquiéteront. Tu l’as dit toi-même tu n’arrives plus à suivre alors je te dis le clairement, à continuer ainsi, tu vas droit dans le mur.

Il est rare que Maïwenn parle autant mais il est temps qu’il prenne conscience. Elle a une responsabilité aussi la-dedans et elle ne compte pas le laisser se débrouiller seul. Ses mots ne sont pas faciles mais pour une fois elle a une voix plutôt douce. Enfin elle n’est pas aussi douce que celle d’Erin. Mais elle fait tout de même un effort. Il ne veut que personne ne prenne de décisions à sa place et elle ne compte pas le faire.

-Je ne prendrais aucune décision à ta place. Il n’y a que toi qui dois faire tes choix. Par contre, en parler est primordial. Je t’avais demandé d’être honnête avec moi. Ce sont des données importantes pour ton entraînement et pour toi. Ta santé physique et psychique est prioritaire sur tout. Et les réponses tu les trouveras mais il est nécessaire d’avoir du temps pour réfléchir. Comment veux-tu les trouver si tu cours partout ? Elles ne te tomberont pas toutes cuites dans la bouche.

Elle l’écoute avec beaucoup de douceur ce qui est assez rare chez elle. Ce n’est pas de la compassion mais il mérite que pour une fois, elle ne soit pas aussi dur, maintenant qu’il est décidé à parler et à raconter. Ce qu’il traverse lui rappelle son histoire après sa carrière d’auror. Son refuge au sommet d’une montagne, l’impossibilité de prendre une décision pour son avenir et de prendre une décision. Elle ne s’est pas surmenée mais elle s’est cachée. Elle s’est enfermée dans la recherche d’adrénaline en grimpant tous les sommets les plus hauts. Elle ne pensait pas en marchant ainsi et elle ne faisait pas face à elle-même. Le plus dur a été d’accepter de se retrouver face à elle-même pour prendre une décision. Si elle ne l’avait pas fait, elle ne serait pas là aujourd’hui. Mais elle se souvient parfaitement : chaque fois qu’elle pensait, elle revivait la scène et se disait qu’elle aurait pu prendre des décisions différentes. Impossible de dépasser le traumatisme et de faire face à son avenir. Alors elle comprend Mara. Mais justement, elle ne le laissera pas être seul face à cela. Elle ne veut pas qu’il ait à vivre ce qu’elle a vécu. Il lui dit vouloir tenir jusqu’aux vacances mais cela ne sera pas possible. Il est bien trop épuisé pour tenir encore. Il est près de ses limites mais ne l’accepte pas. Elle entend qu’il attend les vacances pour se reposer et réfléchir. Que là il aura le temps. Mais il n’a vraiment pas conscience de son état réel ou ne veut pas en avoir conscience. Il est encore dans le déni mais elle sent qu’il accepte au fur et à mesure. Elle entend qu’il n’en parle même pas à Keith. Il s’isole tout seul dans ses difficultés ce qui n’est pas très bon.

-Il va être dur de l’accepter pour toi mais tu ne tiendras pas jusqu’aux vacances. Tu es épuisé et tu vas devoir te décider sinon tu vas sombrer.

Continuer à ce rythme ne serait pas bon et il est hors de question qu’elle le laisse ainsi. Elle comprend que son passé lui trotte toujours en tête et qu’il n’arrive pas à passer à autre chose. Elle comprend qu’il cherche à correspondre aux attentes des autres. Elle s’accroupit et se met à sa hauteur. Elle pose une main douce sur son épaule.

- Mais est ce que tu es toi ? C’est bien de correspondre aux exigences des autres mais toi que veux-tu ? C’est la seule question à laquelle tu vas devoir sérieusement réfléchir et m’en donner la réponse. Je ne te demande pas ce que veulent les autres mais si tu t’écoutais toi, que ferais-tu ? Le doute t’habitera toujours car c’est ce qui permet de ne pas prendre de décisions inconscientes. Le doute est une qualité tant qu’il n’est pas envahissant. Et tu es capable de prendre la décision qui te correspond si tu acceptes de te laisser cette chance.

Ce ne sont pas des questions faciles mais il va devoir y faire face et faire un choix. Elle l’observe avec un regard très doux.

Elle l’écoute alors que clairement il va devoir faire un choix. Il atteint ses limites même s’il est difficile de le reconnaître et de l’admettre. Elle le sent totalement paralysé et pourtant, il va devoir faire un choix. Il n’aura pas d’autres alternatives sinon il s’effondrera totalement. Il semble sur la voie pour finir par prendre une décision même si cela est encore difficile pour lui. Elle glisse d’une voix plus dure « et pourtant tu vas devoir. Tu vas devoir faire un choix. Et tu vas devoir faire ce choix rapidement ». Elle ne compte pas le laisser repartir sans lui donner un ultimatum mais elle n’en est pas encore là. Elle ne peut pas le laisser errer ainsi dans Poudlard alors qu’il est au bout du rouleau et demande encore du temps. Mais là, il n’en a pas. Elle pourrait être beaucoup plus dure et lui imposer des choses mais pour l’instant ce n’est pas la méthode qu’elle utilise. Elle entend tout son discours, qu’il ne peut pas et qu’il lui faut du temps avec une impression que cela tourne en rond. Elle le regarde alors « qu’est ce qui ferais que tu pourrais prendre une décision ? Tu vas devoir prendre cette décision et rapidement" . Il s’entête dans un discours qui ne plait pas à Maïwenn. Elle reprend d’une voix plus dure « Je suspends nos entraînements tant que tu n’as pas pris une décision sur ton avenir et que tu n’as pas alléger ton emploi du temps. Tu useras de ce temps pour te reposer et récupérer et pour réfléchir à la décision que tu veux prendre. Je t'interdits de faire des entraînements physiques durant ce temps ». Elle doit mettre un stop sinon n’arrivera pas au bout de l’année civile à ce rythme. Il en est de sa responsabilité de professeur et d’adulte de veiller à ce que sa sécurité physique et psychique soit assurée. « Tu n’es pas surhumain Mara, tu as le droit d’avoir des faiblesses et de les accepter. Tu dois en prendre conscience et il n’y a que dans ce cas que l’entraînement pourra t’être bénéfique. »