L’Allée des Embrumes… Un endroit où j’évitais, en général, de me rendre au risque d’être vu. Voilà bien une situation qui ne devait pas arriver. Médecin désormais respecté, jeune sorcier sorti des ombres de son passé, j’avais bien assez vécu les accusations et l’injustice pour me risquer à me faire cataloguer pour mage noir. C’était pourtant la vérité. J’étais un mage noir, un “néomangemort”, comme certains nous appelaient. Et j’étais fier d’avoir trouvé un groupe correspondant à mes valeurs.
La peur de me faire de nouveau “avoir” ? Elle avait été présente, je devais bien l’admettre. Mais nous n’étions pas un groupe qui nous battions pour la mort à tout prix. Nous nous battions pour notre liberté d’exister et notre pouvoir. Rien d’autre. La mort, ici, n’était que l’une des fins possibles de nos détracteurs. Obligatoire pour certains, ce n’était ainsi pas le cas pour tous.
Dans tous les cas, c’était aujourd’hui à l’Allée des Embrumes que je me devais d’aller. Sombre histoire de manque d’ingrédients pour quelques potions toutes aussi sombres que l’histoire elle-même. J’en profiterais, d’ailleurs, pour aller imprimer quelques tracts à destination de la population. Rôle de porte-parole oblige, il me fallait répondre à tous les aspects de la communication afin de prévenir des nouvelles apparitions d’Abadone dans le ciel magique.

Ma cape noire sur la tête, descendant jusqu’au bas de mes chevilles, j’avançai ainsi, la tête basse, d’un pas rapide à travers les allées pour prendre la direction de chez Barjow & Beurk sans réellement faire attention aux personnes qui pouvaient m'entourer lorsqu’une voix m’obligea à lever les yeux. Plissant ces derniers, le visage sévère, je fronçai les sourcils.

- Suis moi.

Pas un bonjour. Pas ici. Je n’avais pas le temps de m’attarder dans une telle allée à l’extérieur. Et mes emplettes allaient donc devoir être reculées. Une chance que l’après-midi avait été pris à Ste Mangouste.
Entraînant le jeune sorcier devant moi, je le fis pénétrer dans un pub bien particulier sans même prendre la peine d’enlever ma capuche. Jetant un coup d’oeil au tenancier, je grondai légèrement.

- Quintaped.
- Entrez. Grinça le vieil homme patibulaire en nous indiquant une porte dérobée.

Poussant Evans à l’intérieur de la pièce, je plissai alors les yeux en l’installant sur une chaise dans l’un des box. Fermant les rideaux, je retirais enfin ma capuche pour lui faire face. Le regard froid, les bras croisés, je fronçai les sourcils.

- Bonjour, William. Dis-je enfin. Combien de fois je vais devoir te rappeler que tu ne devrais pas montrer ton visage ? Soufflai-je en m’installant, non sans commander deux whiskys. Qu’est-ce que tu fais là ? Tu ne devrais pas être à Poudlard ?

Nos boissons arrivèrent rapidement, servies par un elfe de maison que je renvoyai brutalement d’un regard froid.

- Bien. Soufflai-je un fois une gorgée d’alcool avalée. Commençons par le commencement. Comment vas-tu ?

Mon ton froid et ma posture agressive n'étaient pas uniquement ce qui me caractérisait. William Evans était un jeune homme que j’avais pris sous mon aile il y a de cela quelques temps. Pourquoi ? La raison avait été simple. Outre ses capacités magiques qu’il fallait être aveugle pour ne pas remarquer, j’avais été le témoin malheureux de la mort de son père et… Il fallait avouer que cet événement m’avait poussé à le comprendre et à l’aider. Si je n’avais pas pu sauver son père, mon premier patient mort à la fin de mes études, je pourrais au moins aider le fils.

- Un objet de travail. C’est ce que tu réponds quand on te demande pourquoi un étudiant de Poudlard se promène ici ? Demandai-je gravement.

Non. Je n’approuvais pas cette façon ouverte de faire. Ayant été victime d’accusations, je savais à quel point celles-ci, fondées ou non d’ailleurs, pouvaient détruire une vie entière. Et si le jeune âge - quoique pas tellement éloigné du mien - d’Evans ne le lui avait pas encore prouvé, je craignais fortement que cela soit un jour le cas. Malheureusement. Je ne pouvais néanmoins faire pour lui et me contentais donc de remarques bien placées dès lors que je le pouvais.
Enfin… Passé cette remarque et nos verres servis, je m’étais enfin assis pour m'enquérir de la santé de William. Il allait bien. Cela, en un sens, me rassurait. Si j’étais toujours - ou presque - froid et difficile, force était de constater que je prenais soins de mes proches et William… A défaut d’être un proche réel, était une personne importante à qui je devais la vie de son père. Le prendre sous mon aile était donc une façon de me racheter et de l’aider du mieux que je pouvais à avancer dans cette vie… Même si j’avais bien vite compris l'entêtement du jeune homme qui lui servirait autant qu’il le desservirait.

- Toujours. Répondis-je alors.

Oui. J’allais de toutes les manières toujours bien. Que j’aille mal ou bien. J’allais toujours bien. Et avec l’immense majorité des gens. Seule ma sœur avait “l’honneur” d’avoir certains de mes états d’esprit. Et encore.
Marquant un sourcil alors que le garçon venait à se remettre à parler, j’attrapai mon verre pour en boire une gorgée, observant la pièce qui était poussée vers moi. Une pièce ensorcelée donc pour semer la discorde. Mmh. C’était une idée qui avait déjà fait ses preuves, effectivement. Une idée intelligente, je devais l’admettre mais je ne doutais pas de ce genre de chose. William était intelligent. Peut-être même un peu trop. En un sens, je dirais même qu’il était un peu trop confiant sur ses capacités. A juste titre en un sens au vu du potentiel qu’avait le jeune homme, mais mieux valait qu’il fasse attention…

- Je suppose que la demande est implicite. Dis-je en remontant les yeux vers William.

Sortant ma baguette, je murmurai quelques mots pour créer autour de nous une bulle de discretion. Cachés par les rideaux et dans la discrétion la plus totale, je croisai alors les jambes, sévèrement.

- Explique-moi ton plan de A à Z. En détail. Ma sœur m’a effectivement prévenu d’un bal à Poudlard auquel elle participe. Vois-tu… Si je dois t’aider… J’aimerais être sûr qu’il ne lui arrivera rien.

La famille. Elle était, pour moi, ma seule raison de vivre. Ma petite sœur avait été l’image à laquelle je m’étais raccroché dans les pires moments. Ainsi avais-je et prendrais-je toujours la peine et la réflexion de la sauver de tous les risques possibles et inimaginables. Dont ceux créés par mon poulain. Les précisions apportées, je soufflai alors, réfléchissant.

- Tu veux donc que la personne touchant le galion attaque un né moldu… Mmh. Ce que tu demandes est ardu. Il ne s’agit pas seulement de faire souffrir le possesseur de la pièce mais d’aller à l’encontre même de ce qu’il ferait de son propre chef. As-tu l’idée du sort qui serait efficace ?

La question était toute trouvée. Si j’avais la réponse, je voulais que William la trouve par elle même car il était une chose que de demander à faire les choses mais il en était une autre de comprendre ce qu’il en était vraiment. Et s’il faisait désormais partie des membres à part entière des Néo-Mangemorts… Cela ne faisait pas assez longtemps pour que j’admette qu’il savait exactement ce qu’il faisait. J’avais moi même été embrigadé dans un groupe sans le vouloir, ce n’était donc qu’un juste retour des choses que de vérifier que William était en total accord avec ses propres demandes.

- L’Imperium. Repris-je qu’il ait tort ou raison. C’est ce qu’il faut ici. Réfléchissant un instant, j’attrapai la pièce dans ma main libre. Tu as de quoi la transporter ? Ok… Un nouvel instant, je me mis à réfléchir. Pourquoi cette idée ? Demandai-je alors. Quel est ton but en faisant ça ? Seulement emmerder le monde ou il y a autre chose ?

Voilà une autre question intéressante : quelles étaient les motivations de William ? Et en fonction de sa réponse… Je l’aiderais peut être… Ou pas.

Il avait donc pensé à tout, enfin du moins était-ce ce qu’il me semblait. Le sort était connu. Une boite de transport avait été prévue… Bien. Ne me restait plus qu’à connaître les motivations exactes de l’étudiant car il était bien beau de prévoir des plans X ou Y, mais il était encore mieux d’avoir une raison à ces derniers. Ainsi l’écoutai-je attentivement, sans le couper. Il était vrai que j’avais déjà eu vent de quelques rumeurs suggérant qu’Abadone allait bientôt devenir la nouvelle Vous-Savez-Qui. Des rumeurs dont je n’avais pas tenu compte, à vrai dire, prenant cela pour des allégations de pauvre fou perdu. Néanmoins, si William en venait à m’en parler… C’était qu’il s’agissait là plus que de rumeurs mais bien d’une façon de penser partagée par plusieurs. Ainsi, plissant les yeux, je croisai les bras.

- Et tu penses que stresser les adultes pourrait permettre plus d’anonymat ? Dis-je alors.

Je comprenais sa façon de penser et, à vrai dire, je l’approuvais. Mais je désirais avant tout le faire aller au bout de sa réflexion car dans ce genre de choses, il ne fallait rien laisser au hasard au risque de se faire rattraper par ce que bien des gens appelaient la justice… Et ce que j’appelais personnellement la mascarade.

- Je comprend ton plan et… Je fronçai alors les sourcils, me penchant pour prendre la boîte et la fermer d’un coup sec pour la mettre dans ma poche. Je l’approuve. Il est en revanche risqué. Poudlard a bien trop souvent été une forteresse infranchissable. Mais si tu prends toutes les précautions, et je n’en doute pas, je suis sûr que tu y arriveras.

J’avais toute confiance à William Evans, jeune homme que j’avais bien souvent observé de loin depuis notre rencontre. Intelligent, malin et réfléchi, il avait effectivement tous les atouts pour réussir ce coup de maître et nul doute que cela lui ferait marquer de bons points auprès des grands Partisans. Mais je préférais, malgré tout, prévenir plutôt que guérir. Il était question d’un sort puissant et d’un « tour de passe-passe » particulièrement dur pour son collège.
Mais alors que j’observai le jeune homme de manière plutôt intéressée, mon regard vint soudain à se transformer, mes iris rougissante. Que venait-il de dire ? Avec qui Roxie allait-elle être ? Serrant les dents, je mis quelques secondes avant de me ramener à la raison, me pinçant l’arête du nez. Mieux valait que je me calme… Fermant les yeux un instant, ces derniers reprirent leur couleur habituelle dès lors que je les rouvris.

- Ma sœur n’a pas besoin d’être veillée. Que cela soit par toi ou ce... Mackenna. Grondai-je malgré tout plus gravement qu’à la normale. Ne la mêle seulement pas à ça et tout ira bien. Elle n’est pas encore assez idiote pour se mêler d’elle-même à un problème de ce type.

Du moins l’espérais-je sincèrement au risque que je l’accroche moi-même par le col au plafonnier de sa boutique.

- En attendant. Grondai-je de nouveau. Explique moi comment tu comptes t’y prendre pour mettre cette pièce dans les mains d’un innocent ?