Il était à peine huit heures lorsqu’Ariadné sortit enfin de sa chambre après s’être enfin préparée pour rejoindre son frère, sa sœur et sa nièce dans la salle à manger pour prendre le petit-déjeuner. Cela faisait déjà deux heures qu’elle était levée selon le programme instauré par son père depuis quelques années déjà, qui consistait en deux heures de révision sur tous les sujets qui avaient été abordés durant l’année scolaire précédente ainsi que d’autres qui n’étaient pas inscrits au programme de Poudlard et qui, pourtant, la passionnaient tout autant si ce n’était plus que ce qu’elle apprenait à l’école de sorcellerie.

Comme à son habitude depuis deux années, la jeune femme ne passait qu’une heure le nez dans les livres, à parcourir du regard les maintes et maintes lignes s’étendant sous ses grands yeux bleus curieux avant de quitter la pièce emplie de livres pour partir se dégourdir les jambes et courir un peu dans le jardin, histoire de se défouler et de repasser ce qu’elle venait de lire en boucle dans son esprit plutôt qu’essayer de se le vider. Chose qu’elle ferait plus tard, certainement dans le courant de la soirée avant d’aller se coucher, comme elle en avait pris l’habitude depuis ses douze ans, depuis la mort de sa mère et les séances d’entraînement à l’Occlumancie qu’elle passait en compagnie de son paternel, Alastor Wellington.

Courir lui faisait un bien fou. Cela lui permettait de relâcher des tensions qu’elle ne pensait pas avoir, de délier ses muscles rigidifiés par une station trop immobile pendant un laps de temps trop long. Si son paraître pouvait laisser les autres croire qu’elle était quelqu’un de modéré et de placide, il n’en était rien. Elle avait toujours été une enfant plutôt vive et qui avait un grand besoin de se défouler, autant physiquement que mentalement. Probablement une des raisons qui la poussait assez souvent à partir explorer l’immense château qu’était Poudlard une fois qu’elle y eût mis les pieds. Puis entendre le son feutré de ses pas claqué sourdement à un rythme régulier sur l’herbe scintillante de rosée en ce début de matinée sous les chants enchanteur d’une myriade d’oiseaux avait quelque chose de reposant malgré tout.

Une heure de révision, quarante-cinq minutes de sport et quinze minutes dans la salle de bain. C’était tout ce qui lui fallait pour descendre à l’heure pour prendre son petit-déjeuner en compagnie de ses familiers. Et par cette chaude journée, c’est affublé d’un large short en lin de couleur rouge resserré à la taille par une ceinture de la même couleur et d’un débardeur crème qu’elle pénétra dans la salle à manger, sa longue chevelure bouclée d’un doux châtain rapidement attachée en un chignon lâche brinquebalant sur le sommet de crâne.

Elle contourna d’abord la table pour embrasser Thalia sur le front alors que celle-ci arboré un grand sourire ; attrapa sa sœur au vol qui était, comme à son habitude, encore en train de parler sans que personne ne l’écoute vraiment, pour l’embrasser sur la joue, recevant ainsi la même chose en retour. Elle poursuivit sa tournée jusqu’à son jeune frère qu’elle gratifia d’un décoiffage intensif avant de déposer un baiser sur son front comme elle le faisait lorsqu’il était plus jeune et, surtout, encore plus petit qu’elle avant de rejoindre sa place à côté de celui-ci, se faisant servir sans attendre par l’aînée de la fratrie Wellington. Il ne manquait plus que sa cousine Agnela et leur père pour compléter le tableau familial.

À peine eut-elle pensé à ça que le son caractéristique de la canne d’Alastor frappant le sol se fit entendre, voyant quelques secondes seulement après, celui-ci entrer de son pas coutumier dans la pièce, saluant tous les présents comme à l’accoutumée. Si la plus jeune des deux sœurs Wellington n’écoutait que d’une oreille parfaitement distraite la conversation qui se déroulait autour d’elle pendant qu’elle entreprenait savamment de vider le contenu copieux de son assiette préparé par Olympe, elle fût néanmoins surprise de par la question posée par son père. Prête ? Pour la rentrée ? C’était une question piège ?

Il fallait bien avouer qu’elle n’y avait pas vraiment songé, et même sans ça, elle était un peu mitigée sur la réponse à donner. Retourner à Poudlard pour une nouvelle année était quelque chose qu’elle attendait, comme beaucoup d’élèves mais avoir son père comme professeur ? Pas vraiment. En revanche, pouvoir le voir à longueur d’année et passer le plus de temps possible en famille, cela l’enchantait bien plus. Mais que pouvait-elle bien répondre à ça ?

« Je suis prête à démarrer une nouvelle année, comme chaque année depuis ma première rentrée. Mais… » La jeune femme se mordit légèrement la lèvre inférieure tandis qu’elle réfléchissait à la façon de formuler sa phrase sans s’avérer trop blessante, ses sourcils fins en ailes d’oiseaux se fronçant imperceptiblement. « Le changement dû à ton arrivée en tant que Professeur de Sortilèges peut potentiellement être plus difficile à gérer une fois entre les murs du château. » La jeune femme se saisit de sa cuillère d’une main, de l’anse de sa tasse de thé Oolong de l’autre, s’ingéniant à remuer sereinement le liquide orangé alors qu’elle levait ses yeux d’azurs vers le visage de son père. « Et toi ? Pour ta première rentrée à Poudlard, comment te sens-tu ? Fin prêt ? »