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"Say meow ; Act I"

Personne à qui dire je t’aime, mais tout le monde sur qui cracher ma haine… - Shae Warrens

         Je pensais comprendre ce qu’était la colère, je pensais l’avoir expérimenté à plusieurs reprises, je croyais avoir été tant de fois consumé par elle que je pensais que sa morsure n’avait guère plus de secret pour moi. Mais je savais désormais, qu’en réalité, je ne savais rien de la véritable colère. Et aujourd’hui, je la sentais, en une douleur qui m’en rendait muette comme si j’étais privée de tout oxygène. Je pensais qu’en retournant à l’école tout serait comme avant, comme si rien ne s’était passé. Pour autant, toute agitation autour de moi semblait s’étioler en une illusion me donnant l'impression que la réalité elle-même n’était qu’une sombre mascarade. Soumise à la sensation ignoble que ce que je vivais, n’était guère réel dans cette attente sans fin d'un réveil aux bras de Maud qui n'arrivera jamais. Brisant peu à peu l’espoir que cette cruelle réalité, n’avait rien d’un cauchemar, transformant un peu plus mes peines, en un embrasement alimenté par la haine, corrosive et acide, mais assurément destructrice pour moi, comme pour les autres.
       La vie a toujours été dure, mes expériences dans la rue, où même à Poudlard m'avaient plusieurs fois fait désirer la mort à la vie sans doute comme tous ceux qui étaient las de subir le mépris et le harcèlement des autres. Mais c’était bien la première fois aujourd'hui que je désirais autant la mort des autres, je ne reconnaissais même plus mon regard d’un miroir tant la haine le déformait. Le monde semblait plus le même en sachant que je respirais sous un ciel qui avait vu Maud s’éteindre brutalement. Rongée par la folie et la détresse, je voyais désormais des choses qui n’existaient pas aux yeux des autres. Dont ces étranges chevaux sombres ailés, semblant cadavérique tirant des carrosses que je croyais autrefois enchanté pour se déplacer seul. Ces monstres m’avaient arraché à un monde qui me suffisait en tuant sous mes yeux ma mère et je sentais mon cœur brûlé en moi comme un incendie dévastant des forêts sous les vents ardents. Et je ne pouvais m’empêcher de me demander, pourquoi diable Maud n’avait-elle pas choisi la protection du Ministère dès le départ ? C’était la question que je me posais depuis maintenant plus d’un mois. Je n’arrivais plus à dormir hanté par tout ce qu’on aurait pu éviter, si elle avait eu le courage d’affronter ses crimes auprès de la justice.

         Sa décision avait fait de moi une orpheline en deuil… Non. Par sa faute, elle m’avait abandonné aux mains d’une famille de néo-mangemort qui n’essayait même pas de cacher les horribles personnages qu’ils étaient réellement. Et… Voilà que je devais accepter d'être la fille d’une entre elle, accepter que dans mon sang coulait ce fameux sang impie que j’avais tant haï depuis la première année. Je me dégoûtais, autant que je répugnais l’idée d’accepter simplement ma condition. Et que devais-je dire à Malachi que j’évitais depuis mon retour à Poudlard ? Ses plans pour se faire renier par sa famille tombait à l’eau. Oui. Comment lui dire sa fausse fiancée n’était finalement pas une née-moldue. Il fallait qu’on annule, qu’on rende les documents avant que sa famille ne puisse découvrir mes origines, qu’il ait ainsi le temps d’épouser une autre née-moldu qui accepterait comme moi de jouer le jeu le temps que sa famille le renie. Je devais lui parler, mais je n’arrivais à rien tant mes émotions me rendaient sourde, muette et aveugle à la fois.
        Mon seul espoir de retrouver un semblant de paix intérieur, était de focaliser tous mes efforts dans mes études et mes révisions. Dans mon état mental actuel, je me surprenais à faire des choses ou à penser à des choses qui pouvaient provoquer plus qu’un simple renvoi de Poudlard… Le seul plaisir que j'avais à être bonne dans toutes les matières, était pour rassurer Maud quant à mon avenir. Et je me demandais à présent quel intérêt avais-je à ne pas de nouveau sombrer au fond du trou humide et putride de la délinquance ? J’observais la convocation du professeur Avery avec une pointe de perplexité. Mieux valait lui que les autres Nott, j’avais l’impression que ces derniers surveillaient tout ce que je faisais, c'était sans doute de la paranoïa, j'en savais rien. Il était possible qu'ils puissent avoir peur que je fugue et disparaisse dans la nature sans jamais revenir à Poudlard ? Et quelque part, ils avaient peut-être raison de se méfier. Après tout, j’avais 17 ans maintenant, ce qui veut dire que je n’avais plus la trace sur moi, ni même l'obligation de rester à Poudlard. Mais je savais que je n’irais pas loin si j’essayais de fuir seul…

           Malgré les ressources de Maud et de l’aide qu’elle avait reçu, ces connards avaient réussi à nous retrouver à l’autre bout du monde. Alors je n’avais même pas chercher à envisager une nouvelle fois la fuite. D’autres idées émergeaient comme tout raconter au ministère, me venger, me suicider. Mais au final, je retenais aucune des idées qui collaient pas vraiment à ce que je ressentais. J’étais à l’image d’une épave sombrant jusqu’au abysse, ruminant dans une colère toujours plus lacérante à mesure que le temps passait. Je frappais à la porte du bureau du professeur après avoir traversée une salle de classe vide, baignant dans une lueur tamisée. Je me demandais tout de même ce qu'il me voulait. La paranoïa qui commençait à gangrener mon esprit, me faisait me demander si lui aussi ne rapportait pas toutes mes actions à cette femme qui prétendait être ma mère aujourd’hui. A qui donc faire confiance quand deux des professeurs de Poudlard, ainsi que la psychomage avaient participé à la traque ayant causant la mort de Maud ? Qui ?
         J’entrais quand il me l’autorisa, je devais avoir une expression qui n’invitait guère au sourire. Mais je m’en foutais à l’heure actuelle de sembler ouvertement sociale ou non. « Vous vouliez me voir, Professeur ? » Même ma voix sonnait différente… Je n’avais plus cette intonation provocatrice de cette fille rebelle qui caractérisait mon immaturité. Ma voix était à l’image d’un gouffre sans fond, dépourvue de couleur et de sensation. Une voix vide d’émotion, indifférente et froide.  

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"Say meow ; Act I"

Personne à qui dire je t’aime, mais tout le monde sur qui cracher ma haine… - Shae Warrens

         J’étais confuse quant à ma présence ici, légèrement dubitative sur les circonstances qui avaient pu amener à cette convocation quasi-soudaine. Est-ce que j’avais fait quelque chose de mal ? Avais-je tellement perdu l’esprit que j’étais désormais incapable de me remémorer ou d'avoir conscience de mes potentiels comportements inappropriés ? Je n’avais pourtant parlé à personne ces derniers temps, murer dans un silence que je trouvais salvatrice. Pourtant, était-il possible que dû aux traumatismes de l'exécution de Maud, j’avais développé une sorte de dissociation ? Non… Je ne croyais pas avoir été brisé à ce point. Du moins, je l’espérais. J’avais toujours l’impression d’avoir toute ma tête. Oui, j’étais même certaine de n’avoir aucun alter-ego morbide né du désastre qui rongeait ce cœur inconsolable, battant comme les notes d’une mélodie qui touchait à sa fin. Je fixais le professeur sans vraiment plus savoir comment exprimer ce qui me semblait inexprimable désormais.
          Pouvais-je encore sourire, même pour prétendre que tout allait bien ? Cela me semblait être un effort insurmontable, si bien que je commençais à réaliser Ô combien pathétique, j’étais et pourtant, c’était-là une faiblesse que j’acceptais volontiers. Je n’avais pas envie de prétendre que tout allait bien, comme si la personne que j’avais perdue était aussi insignifiante. Elle était probablement pour les autres, mais pour moi, c’était mon monde. J’étais devenue une élève avec les meilleures notes, parce qu’elle voulait que je réussisse mes études. Quand derrière, une vie même de débauche me suffisait tant que j’étais à ses côtés. Je voulais être la meilleure pour lui donner le sourire et la rassurer quant à mon avenir… Mais quelle raison avais-je à présent de continuer tous ses efforts ? Je m’asseyais quand il me le proposa, silencieuse, mais attentive. Et cette incapacité à surmonter la détresse quand il le fallait, se manifesta à nouveau quand je l’entendis faire ses condoléances.    

            Et voilà qu'il suffisait de simples mots pour me replonger dans la réalité, celle d’une disparition définitive. J’eus alors soudainement beaucoup de peine à garder ma respiration calme, comme si je me débattais de toutes mes forces pour rester à la surface d’une eau si agité qu’elle remuait en d’immenses vagues déchaînées. « Mer… ci. » Ma voix me trahit, se brisant et s’étouffant sous la pression et le poids d’une émotion qui continuait à me déchirer de l’intérieur. Et pourtant, sans doute par fierté mal placé, je restais droite sur mon siège, le regard inchangé, dure, comme si ce moment de faiblesse n’était qu’un écho mystérieux issue d’une fantaisie quelconque déjà oubliée. Il sortit une lettre, je l’écoutais. Levant un sourcil, intriguée. Je sentis un frisson lorsqu’il annonça m’avoir observé. Puis lorsqu’il posa enfin sa question, je compris qu’il avait forcément saisi ce que je comptais faire en cherchant à apprendre les informulés en métamorphose.
           Je connaissais, du moins, je le pensais, assez bien notre directeur de maison pour savoir qu’il arrivait rapidement à cerner ses élèves et surtout ceux de sa maison. Il n’était pas né de la dernière pluie. Jouer la carte du secret pouvait sans doute me coûter cher. Je soupirais alors résignée… « Je cherchais… Je cherchais sans doute à gagner une forme de liberté. Les informulés, ainsi que la magie sans baguette, m’auraient permis d’avoir accès à l’usage de la métamorphose animal sans craindre de rester coincer sous cette même forme. Et ainsi, pouvoir me transformer à volonté, à l’image des animagi, je suppose. » 

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"Say meow ; Act I"

Personne à qui dire je t’aime, mais tout le monde sur qui cracher ma haine… - Shae Warrens

         « Je l’ignore. » Dis-je simplement, fixant un plan dans le vide alors que le professeur faisait le tour de son bureau. « Je sais juste que si un jour, je deviens Auror, l’informulé et la manumagi seront des qualités qui me donneront, quoi qu’il arrive, un certain avantage sur le terrain. » Réponse sans un éclat de désir réel, mais qui se voulait pragmatique. Est-ce que je voulais devenir Auror, j’en parlais souvent avec Lestrange. Au début, comme une simple blague, mais ensuite l’humour laissa peu à peu place à quelque chose de plus sincère, motivé certes par des ambitions encore non-partagées. Lestrange était mué d’une détermination qui lui était propre, tandis que pour moi, je me posais encore simplement des questions sur mon avenir de carrière. Bien sûr, au début, c’était pour faire plaisir à ma mère. Mais à présent, plus rien n’avait vraiment de sens à mes yeux. Mais au fond, ce n’était qu’une excuse, ce n'était pas tant pour avoir plus de facilité au niveau de ma carrière que je m’intéressais à cette forme de magie.  

Après avoir écouté le professeur sans l’interrompre, je relevais les yeux vers lui à sa dernière question. Et au fond, je n’avais aucune réponse précise. Non. Ce n'était peut-être pas tellement vrai. « Ma mère et moi n’avions rien, mais elle travaillait dur pour ne serait-ce que me nourrir quand j’étais petite. » Je détournais à nouveau les yeux qui étaient les miens, comme à nouveau intéressée par cet objet invisible en second plan. « Quand on m’a appris que j’étais une sorcière, c’est ma mère qui m’a poussé vers Poudlard, parce que tout ce que je voulais, c’était déjà subvenir à ses besoins et par conséquent, rester avec elle. » Même si, cela voulait dire, passer par des choses douteuses et illégales. La rue était cruelle et dangereuse, mais elle était aussi facile financièrement. Peut-être que Maud le savait et que c’était pourquoi elle voulait absolument que je réussisse dans mes études, afin que je ne finisse pas comme la délinquance locale.  

« Pour ma mère, l’avenir, c’étaient les connaissances... Tout ce que j’ai fait jusqu’à présent, c’était pour elle. C’était pour la rassurer sur mon avenir. Mais... » Je pris un temps à la réflexion et rajoutais. « Vouloir changer de forme, ça... Oui, ça, ça vient bien de moi, de ma propre curiosité. Là où rien d'autre n’a vraiment pu motiver une quelconque passion. » Puisque je n’étais pas comme ces gamins les yeux remplis d’étoiles en découvrant que la magie existait. Je m'en foutais un peu de tous, sauf de ce qui pouvait potentiellement arriver à Maud. « Si je devais me demander pourquoi devenir une animagi... Parce que je le veux simplement, là où pour le reste, je le peux et je le dois. » Le reste étant ce qui était enseigné à travers les cours, une obligation pour avoir nos diplômes, ce n’était pas forcément quelque chose que je voulais pour moi.