Ft Athenais Wheeler & Merindah Kareela

Début juin 2023, salle commune et dortoirs

C’était assez ironique. Merindah avait demandé une année d’échange universitaire pour respirer, faire une pause et partir à zéro. Elle avait espéré que Poudlard serait ainsi un nouveau départ où elle pourrait terminer ses études en paix, loin de tout problème. Pourtant… ça n’avait aucunement été le cas. Entre sa soeur qui avait profité de son absence, la solitude face à son deuil, puis le décès de sa patiente qui avait ébranlé tout ce en quoi elle croyait, l’attaque des hybrides, le départ d’Amos qui l’avait abandonné dans une lettre, et maintenant la police magique qui l’avait interrogée pour la mort d’un certain Corban Yaxley. Les deux derniers points étaient restés discrets, presque secrets. Le pire dans tout cela, c’était qu’elle devait rendre sa thèse d’ici une semaine et passer sa soutenance à la fin du mois. Une véritable catastrophe. Elle ne se sentait ni prête, ni la tête à cela. Elle n’avait qu’une seule envie : disparaître sous sa couette jusqu’à ce que l’orage passe. Pourtant, ça ne serait à rien. Fini l'âge où un simple drap semble le plus puissant bouclier contre tout. Elle pourrait bâtir autant de forts dans les dortoirs qu’elle le voulait, ses responsabilités viendraient frapper à sa porte. Peu importe leur forme. Alors, Merindah tentait de garder la tête haute. Si Athenais avait été quasi absente là-dedans, elle avait pu compter sur le soutien d'autres personnes : Heather, Meghan, Ted, Mika, Morgan, Meyer, Carlin. Des amitiés importantes, dans une telle tourmente.

Après une journée à la bibliothèque, pour travailler sur sa thèse, Merindah rejoignit la salle commune des Poufsouffle. Sauter le dîner et terminer son chapitre un paquet de lamingtons au chocolat envoyés par les parents Mika en guise de repas, avant de tomber dans les bras de Morphée pour recommencer le lendemain matin, dès 6 heures. Sauf que, alors qu’elle pénétrait dans la salle commune de Poufsouffle, elle fut interpellée par un “Hey”. Chose non inhabituelle, en soit, ce fut la personne proférant ce salut qui fut un peu plus inhabituel. Athenaïs. Merindah se stoppa, observant un instant son amie, affichant un léger sourire en dépit de sa fatigue. La demi-vélane semblait avoir quelque chose, quelque chose qui “ne pouvait plus attendre”. Merindah arqua un sourcil, ne voyant pas trop où elle voulait en venir. Une dispute ? Pitié non. Elle n’était pas en état de supporter un conflit. Allait-elle enfin savoir pourquoi Athenais était aussi distante ? Peut-être. Elle se mit alors à pleurer. Le coeur de Merindah se serra. Certes, elle n’était plus vraiment proche d’Athenais depuis des mois, mais voir quelqu’un peine n’était jamais quelque chose qu’elle supportait, peut importe la personne. Elle entrouvrit légèrement la bouche pour parler, mais Athenais prit la parole, se lançant dans des excuses.

Merindah baissa les yeux, se crispant légèrement. Oui, l’Anglaise avait été rivée sur ses problèmes, sans ne plus faire attention à ce qui l'entourait. Pendant un moment, Merindah s’était demandé ce qu’elle avait fait de mal, puisque tout avait commencé en décembre. Elle avait passé énormément de temps à Ste Mangouste, pour Erin, pour les Wheeler. A sa sortie, elle lui avait même offert quelques soins Ngangkari pour l’aider à trouver un peu de sommeil. Au début, elle avait accusé le coup, jugeant Athenaïs sous le choc. Pourtant, le temps avait défilé et… toujours rien.

- Allons parler ailleurs, souffla-t-elle.

Oui parce que… les Poufsouffle avaient beau être dotés d’une incroyable compassion, elles n’avaient aucunement besoin de régler leurs comptes au milieu de la salle commune, surtout quand elles partageaient une chambre. Prenant doucement la main d’Athenais, elle l’entraîna jusqu’à leur chambre, non loin d’ici, fermant la porte derrière elles. Athenais continuait de parler, disant ne pas vouloir la perdre et ne pas avoir été à la hauteur.

Elle la fit alors asseoir sur le bord du lit et s’assit à côté d’elle, ne sachant pas vraiment quoi dire. La blonde baissa les yeux, observant le tapis sur le plancher, ne trouvant pas les mots. Pourtant, elle le savait, son silence devait être terrible pour Athenais.

- Je ne peux pas vraiment juger de ce qu’il s’est passé chez toi pendant des mois. Je sais que l’agression d’Erin t’a secouée, finit-elle par parvenir à dire. J’ai essayé d’être là pour toi, pour Erin, mais c’était bizarre de te voir t’éloigner comme ça. Je ne savais pas vraiment ce que j’avais fait de mal. Ca a été une année de merde, Athe. Une année vraiment vraiment merdique, t’imagines pas à quel point.

Elle avait eu besoin d’Athenais, de son soutien, de son aura solaire et sa gentillesse.

- J’ai préféré prendre sur moi, et te laisser digérer. T’avais pas non plus l’air d’avoir particulièrement besoin d’entendre tout ce qu’il se passait de mon côté. Peut-être que j’aurais aussi dû mettre les pieds dans le plat à un moment, mais je voulais pas te brusquer.

Était-ce son coté protecteur qui ressortait ? Ou non tempérament bien plus Ngangkari qu’elle ne l’admettait ? Difficile à dire. Mais Merindah savait reconnaître un verre trop plein. Elle soupira, et se laissa retomber en arrière, sur le matelas. Posant ses mains sur son ventre, elle riva son regard bleuté sur le plafond.

- Personne nous dit, quand on est enfant, combien la vie adulte c’est de la merde, soupira-t-elle.

Ft Athenais Wheeler & Merindah Kareela

Début juin 2023, salle commune et dortoirs

Merindah laissa échapper un soupir aux paroles d’Athenais qui parlait de sa culpabilité vis à vis de sa sœur. Néanmoins, le fait de se sentir ainsi coupable ne justifiait pas vraiment l’absence. Au contraire. Dans de tels moments, on se rapproche des êtres qui comptent. Mais soit… fait était fait. Au fond, Merindah pouvait comprendre la culpabilité que son amie avait ressentie, elle aurait probablement éprouvé la même.

Basculant en arrière pour retomber en position allongée sur le matelas et fixer le plafond, elle avait fait fait comprendre à Athenais que son manque d’explication lui avait donné une impression d’avoir fait quelque chose de mal. La demie-vélane lui rétorqua que ça n’était pas le cas, qu’elle aurait dû prendre des initiatives.

- Mh. Peut-être. En étant colocataires, on a quand même fait fort pour s’éviter aussi longtemps, tenta-t-elle donc de lâcher dans un esprit de légèreté.

Mais Athenais prit sa main, la serrant doucement. Un geste affectueux, rendu par Merindah. Athenais lui avait manqué tous ces mois, c’était clair. Elle était prête à retrouver son amie, jusqu’à… eh bien, jusqu’à ce qu’Athenais prononcèrent des mots qui eurent un effet probablement tout autre que ceux qu’elle escomptait. Merindah lâcha alors sa main et se redressa, se retrouvant assise, le buste tournée vers la demi-vélane.

- J’espère que tu plaisantes. Ça c’est pas une excuse, Athe, c’est de la connerie. Pardon mais si c'est ce que tu penses de moi, je vois pas ce qu'on fait à être amies alors, parce que ça veut dire qu'en fait tu me connais pas et tu ne m'as jamais connue. Ne te réfugie pas derrière cette excuse parce que tu sais que je me fiche du sang et je me fiche que tu sois hybride. Et être entourée de Heather et Meghan ne fait pas de moi quelqu’un qui vas me transformer en raciste. Le fait que tu penses ça, honnêtement, c’est écoeurant. Alors oui, flashnews, je suis sang-pur. Heather est sang-pur. Oh et tu sais quoi ? Quand je me suis fait plaquée par lettre par Amos, elle, elle était là. Le fait que deux personnes de mon entourage soit sang-pur, c’est ton excuse ? Oui, tu peux avoir peur pour tes proches, mais ça, devine quoi, c’est tout le monde.

Merindah aurait largement préféré qu’elle ne prononce pas ses mots. Cette justification n’avait pas lieu. Personne ne savait ce qui était arrivé aux hybrides, tout le monde avait peur pour les êtres aimés. Alors s’éloigner, par peur, parce qu’elle est entourée de “sang pur” ? Merindah ne voyait pas vraiment ce qu’il s’était passé dans la tête d’Athenais pour se faire un jugement aussi négatif de l’Australienne. Les larmes lui montaient aux yeux. Probablement un surplus d’être blessée, épuisée mentalement et physiquement.

- Tu sais que je t’ai jamais jugée. Jamais. Je veux bien te pardonner, mais franchement c’est ce genre de trucs que tu as en tête je ne comprends pas. Je vois pas en quoi le fait qu’avoir des amis qui ont été présents a été un frein pour toi. D’ailleurs, Mika, même si je ne vois pas ce que ça fait dans ton raisonnement, n’étant pas sang-pur, mais oui, quelqu’un que je connais depuis longtemps puisque je le considère comme un petit frère, m’entourait. Donc non, désolée Athe, mais tout ça, c’est pas une excuse.

Au moins… elles parlaient honnêtement, communiquaient. C’était déjà en soit un énorme pas en avant comparé à la situation passée. Merindah n’avait rien révélé de ce qu’il lui arrivait ces derniers temps, ni Amos, ni sa patiente morte, ni l’accident de Mika… rien du tout. Peut-être fallait-il que les choses sortent, soient dites, pour pouvoir avancer.

- Si tu veux vraiment te racheter… sois la. Simplement là.

Ft Athenais Wheeler & Merindah Kareela

Début juin 2023, salle commune et dortoirs

Voilà qu’Athenais revenait sur ses propos, Merindah la toisait. Ne comprenant toujours pas d’où ce genre de vocabulaire revenait. Ça ne représentait pas vraiment Athenais de parler de gens par leur sang. Du moins… de toute leur fréquentation, Merindah ne s’était pas souvenue être qualifiée par son sang par son amie. Mais soit… l’Australienne décida de mettre cela sur le coup de la tension et de l’émotion. Sa justification, vis à vis de sa sœur, lui fit presque lever les yeux au ciel.

- Merlin Athe, tu sais que tu n’y pouvais rien. Ta soeur a été agressée dans des toilettes, vides, c’était probablement justement pour que tu n’interviennes pas.

Ironique de voir qu’en essayant de s’éloigner pour sa protection, Merindah avait été terriblement blessée, indépendamment d’elle. Au contraire… de part son absence, qu’elle avouait désormais être délibérée, Athenais n’avait fait que la blesser d’aventage. Pour autant… Merindah restait Merindah et voir la souffrance chez quelqu’un n’était pas quelque chose qu’elle pouvait supporter.

- Oui tu es une hybride, et alors ? Arrête de penser aux “et si”. Tu n’y peux rien d’être demi-vélane. C’est ta nature. Une nature qui est merveilleuse, soit dit en passant et ni toi ni personne n’a à t’en donner honte ou t’en faire douter. On s’en fiche, de ce qui aurait pu arriver ce soir-là. J’étais même pas chez les Poufsouffle, j’y ai même pas mis un pied, je rentrais du travail et je suis allé les Serdaigle en entendant les crus d’Heather et Gabriel. Est-ce que c’est toi qui m’a donné une violente commotion cérébrale ce soir-là ? Non. Est-ce que tu m’en aurais donnée une si tu avais été là ? Peut-être qu’il ne te serais rien arrivé, ou peut-être que tu aurais détruit notre chambre. Et alors ? On a beau ignorer ce qu’il s’est passé, il existe nombre de variables qui peuvent faire vriller quelqu’un. Pourquoi seuls des hybrides ont été touchés, on en sait encore rien, mais ça aurait très bien pu être autre chose.

Elle soupira, sachant que son discours était probablement un peu direct mais Merlin, elle voulait ôter ces fichues pensées de son esprit, parce que ça ne menait à rien et que se flageller de la sorte ne l’aiderait absolument jamais. Voyant les larmes d’Athenais couler, Merindah secoua légèrement la tête et leva la main pour les lui essuyer d’un geste doux, comme elle l’aurait fait avec sa propre petite sœur, même au milieu de la pire des disputes. Et Merlin… il y en avait eu. A vrai dire, à sa prochaine venue en Australie, il y en aurait probablement une nouvelle, bien plus grosses que les futilité concernant lesquelles elles avaient pu se disputer jusqu’à maintenant.

- Je te pardonne Athe, tu m’as manqué toi aussi. Tu m’as manqué plus que tu le crois. Tu n’imagines pas à quel point c’était dur ces derniers mois, tout ce qu’elle dû affronter, tout ce que j’ai dû vivre. C’était affreux de pas pouvoir t’en parler. Tu te souviens quand je venais me glisser dans ton lit après une garde difficile à Ste Mangouste ? T’imagines pas comment je mourrais d’envie de le faire. Mais… t’étais simplement là, sans pour autant être là. Je n’aurais pas pu mettre cela sur toi.

Elle laissa échapper un soupir, ayant bien vu qu’Athenais avait totalement ignoré sa rupture avec Amos. Pourtant, les choses n’avaient pas été simples. Il n’y avait qu’à voir ses cernes, ses traits tirés et son teint un peu plus blême que d’habitude pour le voir : les derniers mois avaient été compliqués. Bien trop compliqués.

- Tu sais… mon père m’a envoyé un hibou pour me demander de rentrer en Australie, quitte à abuser de son influence pour que je passe mes examens en Australie, au lieu d’être ici. Mais… je peux même pas. Je crois que je ne veux même pas. Alors… enfin… si t’as vraiment envie de te rattraper… j’ai la soirée, et une bouteille de bièreaubeurre, probablement quelques trucs pas super sain pour la santé qui trainent aussi dans ma malle quelque part. Même si j’avoue, du rhum ou du whisky serait un peu plus tentant.

Au moins, elle resterait en Europe, c’était sûr. Elle était venue chercher son indépendance et sa liberté, elle ne courrait pas se réfugier derrière son père.