Ce fait maintenant plus d'un mois que mon monde a été détruit, et c'est sans compter d'avoir appris que je ne suis guère comme les autres garçons de mon âge. Une semaine m'avait été donnée pour trouver un brin de soulagement mais celui-ci n'est jamais venu. Les envies de faire des folies sont de moins en moins présentes et je sens bien que les enseignants semblent tenter de me couver et m'encourager mais je sais bien que je suis surveillé, c'est immanquable.

Je n'ai envie de rien sinon qu'on me laisse tranquille et je fais ce qui est attendu de moi dans mes cours, je ne dérange plus comme avant, je ne réponds que si on me pose les questions, alors pourquoi, POURQUOI ne me laisse-t-on simplement pas être? Pourquoi est-ce que tout le monde me regarde avec dédain ou une compassion que personne ne peut véritablement ressentir? J'ai envie de hurler chaque fois que l'on me parle de ma mère, que l'on m'offre des condoléances puisque personne, aucun d'eux, ne sait rien de ma mère. "Elle te regarde de là-haut" non, elle ne le fait. Ma mère est morte et rien ne changera cela, et même de son vivant elle prenait bien davantage plaisir de me laisser faire ce que je voulais dans les limites du possible et ensuite lui raconter mes mésaventures et les désastres qui en ont découlés.

Mais je ne l'ai fait. Je n'ai hurlé, je n'ai pleuré en présence de qui que ce soit, alors autant dire que je ne suis non plus ravi d'avoir une convocation avec une personne de l'école qui allait m'aider avec ce que je vis. La colère bouille de plus en plus vivement mais je ne veux non plus la laisser éclater sur quelqu'un qui ne le mérite. Je me rendais au rez-de-chaussé, donc, pour aller rencontrer madame Carter, une psychomage... Autant dire, je vais attendre après avoir cogné d'être convoqué avant d'entrer.

Autant dire, j'entre une fois sommé et trouve le premier endroit où m'assoir pour pouvoir regarder la personne que l'on me contraint de rencontrer et mon ton? Hostile, mais froid autant que je peux alors que je ne veux laisser ma colère déborder. Déjà c'est arrivé quelques fois, et c'était de trop.

"Bonjour, je suis Erik Winter, on m'a demandé de me présenter ici bien que je ne sais pourquoi?"

Courtois malgré tout, mère n'a élevé un sauvage... Mais autant dire que j'espère être libéré au plus tôt.

Codage par Libella sur Graphiorum

La vie de sorcier n'était pas toujours simple, parfois destructrice même. Que devenaient les enfants de parents qui avaient décidé de rejoindre le côté obscur ? Venus en voyait des tas dans son bureau, sommer d'aller la rencontrer car ils commençaient à suivre le même chemin. Il y avait aussi les victimes de ces sorciers, combien était morts pour s'être simplement défendu ou parce qu'ils pensaient différemment ? Sans compter les harcelés, les déprimés, les dissipés… La jeune femme peinait à réellement s'en rendre compte, ses parents étaient "normaux" après tout mais une chose était sûre, toute âme quelle qu'elle soit avait le droit à un peu de réconfort dès lors qu'il passait la porte de son bureau.

Cette fois, c’était au tour du jeune Erik Winters, un Poufsouffle comme elle l’avait été autrefois, c’est du moins ce que disait son dossier. En effet, elle ne l’avait jamais vu, le rendez-vous ayant été fixé par une autorité plus haute que lui. Elle détenait très peu d’informations à son sujet si ce n’est qu’il était perturbé mais par quoi ? C’était à Erik de raconter son histoire, après tout il y avait peut-être des choses qu’il souhaitait garder secrètes, elle n’était pas là pour forcer quelqu’un à parler.

L’heure approcha et quelqu’un toqua à la porte. Venus se leva pour ouvrir et invita le petit brun à s’asseoir.

« Bonjour jeune homme, entre donc, fais comme chez toi. » Il était important de mettre à l’aise les enfants. Des bonbons étaient d'ailleurs en libre-service sur son bureau.

Il la salua à son tour, il était calme, plutôt poli, rien d’extraordinaire jusque-là. C’est alors qu’il s’enquit d’une drôle de question. Apparemment, le sorcier n’avait pas choisi d’être là, ce qui prouvait qu'on lui avait forcé la main. Ce genre de situation était délicate car les jeunes n'osaient pas toujours s'exprimer ou prétextaient qu'ils allaient bien. La pédagogie et la patience étaient donc primordiale pour installer un climat de confiance.

"Si tu es là c'est pour faire connaissance et échanger, rien de terrifiant, je ne lirai pas dans tes pensées." Dit-elle avec le sourire pour dédramatiser la situation. "Est-ce que les cours se passent bien ? Comment te sens-tu ici à Poudlard ? Est-ce que quelque chose a changé récemment ? Tu n'es pas obligé de répondre si tu ne te sens pas à l'aise avec mes questions."
Elle commençait fort mais il fallait qu'elle aussi comprenne pourquoi il était là.

Tous les cris les SOS partent dans les airs, dans l'eau laissent une trace dont les écumes font la beauté

Pando

Mon regard passe tranquillement sur les lieux que je viens d'investir, mon esprit notant les différents chemins de sortie d'un lieu. Je n'aime ce sentiment, celui d'être un animal qui est pris au piège dans quelque chose qui le dépasse grandement. Est-ce que je savais ce qui m'attendait? Non. Peut-être bien va-t-on me sonder l'esprit et tenter de me chambouler la tête ou que sais-je. La demoiselle qui est dans cette petite office ne semble pas être très vieille mais montre un calme qui est presque rassurant... Ou condescendant. Je fais de mon mieux pour tenter de donner le bénéfice d'un doute mais tout de moi voit les railleries et le fait est que je ne suis pas bien.

J'en ai conscience, mais personne ne peut rien pour ce qui me ronge, j'en ai conscience.

Après avoir annoncé que je ne sais pourquoi on m'envoie, je capte de suite le petit changement de mon interlocutrice, comme si celle-ci voulait se montrer plus calme, rassemblant son calme. Une expression qui est presque douloureuse puisque j'ai vu ma mère prendre sur elle quand je faisais des bêtises et qu'elle ne voulait me punir alors que parfois mes folies pouvaient être expliquées. Je regarde vers le bocal de friandises, mon estomac voulant dévorer de celles-ci mais je prends sur moi alors que j'écoute les explications de celle qu'on m'envoie consulter. Cela dit, elle me dit ne pas être en train de lire dans mes pensées... Ce qui me fait penser qu'elle en serait sans doutes très capable. La magie peut être terrifiante.

Les questions commencent... Oh, je vois. C'était donc cela que le professeur Mancini voulait. Il souhaitait que je parle de ce qui ne va pas, mais cette fois un petit sourire me vient au coin des lèvres alors que mes yeux se closent brièvement, me laissant tranquillement rassembler mes idées mais surtout refroidir mes humeurs. Mademoiselle Carter n'était pas responsable de quoi que ce soit. Mes yeux s'ouvrent lorsque je suis certain que je ne risque de lui faire violence d'un regard ou que mes yeux s'emplissent de larmes que je refuse de laisser couler de nouveau.

"Mes cours se produisent très bien, malgré l'incident d'aujourd'hui dans la classe du professeur Mancini qui est aussi le responsable de ma maison. J'ai abusé un peu de ce que j'avais et il semble être inquiet de mon état. Je reviens de l'infirmerie, comme vous le savez sans doutes déjà." Car les adultes, dans leur grande sagesse, ne savaient quand on ne veut d'aide...

"Poudlard est... Imposant. Savoir que je suis sorcier est quelque chose de troublant et mes recherches indiquent que si je viens d'une famille, ce remonte à quelques générations. J'aurais bien voulu poser davantage de questions mais j'aurais bien cru que ma mère ne passerait de ce monde il y a moins de deux mois."

La demoiselle voulait être brusque et moi, je ne souhaitais rester ici véritablement. Autant faire comprendre que je venais de perdre ma famille. Je tente de faire un effort (bien vain) de paraître ne pas être atteint par ce que je viens de dire, mon regard fuyant celui de la femme pour se poser sur mes mains afin de ne laisser mes larmes monter.

"Je dirais bien que je suis inquiet mais je ne suis qu'un enfant, je vais devoir me plier à ce que l'on me dit de faire. Mes parents sont morts, je n'ai d'oncles ni tantes, pas de grands-parents alors je suis orphelin depuis janvier, lorsque je suis revenu à l'école. Donc j'avoue être un brin à peau de nerfs, mademoiselle Carter."

Je tente de faire une bonne façade mais ce n'est que cela. J'ai de nouveau envie de frapper, de crier, de détruire mais je ne veux m'humilier de la sorte... Ni devoir expliquer, une fois dans l'au-delà, à ma mère combien je l'aurais déçue. Car elle ne me regarderait pas... Pas avant que je lui parle.

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Le jeune garçon restait étonnamment calme, peut-être même trop et Venus pouvait sentir qu'il se contenait, après tout il s'était concentré pour lui répondre. Cependant, elle ne pouvait le forcer à parler, après tout ce n'était pas un exercice facile car il ne la connaissait pas. Ainsi, la psychomage comptait y aller pas à pas et le laisser prendre le temps de trouver ses mots. Apparemment un incident s'était produit, un fait qui lui avait été effectivement rapporté, sans mentionner les détails.

"Peux-tu m'en dire plus ? J'aimerais que tu me racontes ce qu'il s'est passé avec tes mots à toi et ton ressenti. Il n'est pas question ici de savoir qui a tort et qui a raison ni de juger mais de mettre des mots sur des émotions."

Et puis le couperet tomba d'un seul coup, Erik annonça rapidement le drame qu'il avait récemment vécu : la mort de sa mère. C'était terrible à entendre mais un psychologue n'avait pas le droit de partager ses ressentis et devait garder de la distance. Néanmoins, Venus avait en face d'elle un enfant et pas un adulte, elle devait donc se comporter un peu différemment.

"J'en suis désolée..."

Venus comprenait mieux le pourquoi du comment. Une chose était sûre, gérer un deuil n'était simple pour personne et il n'y avait pas de recette magique car chaque individu percevait la mort différemment. Surtout les enfants qui pensaient parfois qu'elle était éphémère et que l'être aimé allait revenir à un moment à un autre. La douleur devenait d'autant plus forte avec l'âge car il ou elle ne revenait jamais. Comble de malheur, le petit Erik se retrouvait orphelin à seulement 11 ans et selon ses dires, il n'avait pas d'autre famille. Un cas compliqué en somme mais ce n'était pas le premier et encore le moins le dernier, hélas.

"Il est vrai que tes nerfs sont mis à rude épreuve, c'est comme si tu étais un verre plein d'eau et que chaque contrariété de la journée sont des gouttes qui s'ajoutent, que se passe-t-il donc ? Et bien, ça déborde." La jeune femme décida de schématiser plutôt que d'utiliser un vocabulaire qu'il ne comprendrait pas et elle marqua une pause pour que le sorcier assimile ses paroles. "Ce que nous pouvons tenter de faire aujourd'hui c'est de vider un peu cette eau. Tu as dit être inquiet, de quoi donc ?"

Une séance n'allait certainement pas suffire, peut-être même que le brun allait mettre plusieurs années à s'en sortir mais il était important qu'il sache qu'il était bien entouré. Venus cherchait à lui faire sortir ce qu'il ressentait plutôt qu'il garde pour lui ses peurs et devienne une cocotte minute. Bien sûr, rien n'allait remplacer l'amour de ses parents et la jeune femme se demandait déjà qui allait le prendre en charge à la fin de son cursus. Une chose était sûre, il ne fallait pas qu'il finisse seul et désœuvré. Il n'y avait pas non plus de honte à demander de l'aide et il fallait qu'il le sache afin de s'entourer de personnes bienveillantes.

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Pando

Je sais que je ne suis plaisant, mais j'ai compris ce qui se passe. Une personne qui va m'écouter et dire que tout va bien aller, des histoires que l'on raconte aux enfants. Et la marmotte... Au moins mademoiselle Carter n'est pas du genre à sembler me prendre de haut alors qu'elle me demande ce que je pense et elle se prendra pour la peine la réflection de ce qui découle de ma vie. Et comme bon nombre, elle semble mettre un moment à trouver des mots et ces mots... "désolée", elle peut bien l'être mais ce ne m'apporte rien, n'est-ce pas? Rien ne me rendra ce que je n'ai pas.

Mes pensées vont vers un endroit bien noir et je préfère autant me lever de ce siège pourtant bien confortable, mes mains allant vers mon sac où se trouve ma baguette. Est-ce que je veux lancer une malédiction? Non, loin s'en faut et mon talent ainsi que le résultat dans le cours de sortilège sont bien évocateur que je ne pourrai plus lancer le plus petit sort aujourd'hui. Je vais prendre sur moi et faire un haussement d'épaules, comme si ce que je venais de dire n'était pas une accumulation de colère et ressentiment qui bouille là, juste sous la surface... Avoir la rage au ventre ne rend rien et ma voix tremble, mais je fais un effort que ce ne paraisse trop.

"Ce n'est rien, mademoiselle. Ce va passer." Mais il ne faut pas être plus qu'ayant des oreilles et des yeux pour voir que non, je ne vais pas bien. J'ai envie de fuir et frapper de nouveau, ma main touchant le bois de ma baguette avant que je n'arrête de la toucher pour revenir et... tenter un sourire à l'enseignante.

"Merci de n'avoir dit mes condoléances... Parce que personne ici ne connait la personne qu'a été ma mère et personne ne pourra y remédier. Oui, tout semble... énorme en ce moment."

Je sens les larmes venir et recule, allant vers l'un des fauteuils et y grimpe après avoir rageusement tenté de rembourrer le coussin qui, au final, sera délogé. Vider l'eau... Elle me pose une question et elle aura, pour la peine, droit à un regard qui est... presque amusé?

"Je suis orphelin. Je n'ai de famille. J'ai 11 ans, presque 12 et je n'ai plus de maison vraiment. Je ne sais qui va me dire bonjour quand je vais rentrer... En fait, je ne sais même pas où je vais rentrer. Je ne peux pas rester à l'école en tout temps alors... où vais-je aller? Qu'est-il arrivé à ma mère? Je ne crois pas qu'elle soit encore dans notre petite maison, le conseil aurait voulu la ravoir..."

Les larmes viennent et je vais passer mon bras sur mes yeux, ramenant mes jambes près de moi, talons contre les fesses alors que j'enfouie le visage pour qu'on ne me voit pas pleurer.

"Pourquoi..?"

Une question qui est bien basique, mais c'est là la question qui me fait le plus mal. Pourquoi? Pourquoi quoi? Oh, tant de réponses...

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Le spectacle était difficile à regarder mais Venus ne pouvait pas y mettre fin en un claquement de baguette. Elle savait que la magie pouvait permettre de revoir les êtres disparus mais ça n'effaçait pas la douleur de leur perte. Rien ne le pouvait à vrai dire si ce n'était le retour en chair et en os de la personne décédée mais même la magie avait ses limites. Il fallait qu'Erik apprenne désormais à vivre sans sa mère, ce qui était extrêmement difficile à un si jeune âge, ça l'était déjà pour un adulte alors un enfant... Elle pouvait imaginer sa peine et elle le laissa d'ailleurs prendre sa baguette et s'installer comme il le souhaitait. S'il voulait pleurer ou casser quelque chose, il le pouvait car cela permettait parfois de se décharger. Néanmoins, la jeune femme ne l'invita pas à le faire car elle préférait qu'il lui dise ce qu'il ressentait avec ses propres mots. Il semblait bien mature pour son âge et s'exprimait clairement, peut-être parce que la vie ne lui avait pas fait de cadeau, en tout cas il fallait préserver le peu d'humanité qu'il lui restait.

"Un jour, quand tu te sentiras prêt, tu pourras parler de ta mère à ceux qui ne l'ont pas connu et dire comment elle était, ça permettra à son souvenir de subsister."

Les questions de Venus pouvaient paraître étrange car les réponses étaient parfois évidentes et elle savait qu'Erik était complètement perdu mais elle voulait sa version à lui. Son approche restait professionnelle et même si l'envie ne manquait pas, elle ne pouvait pas simplement lui faire un câlin et lui dire que tout allait s'arranger. Ce n'était pas son amie mais elle pouvait lui donner quelques clés qui pouvaient lui permettre d'avancer. La réalité était bien plus sombre, qui sait ce qu'il pouvait se passer dans la tête d'un adolescent en plein développement.

"Tu ne seras pas seul, le ministère de la magie prendra le relais jusqu'à ta majorité, en attendant... Le personnel de Poudlard restera à tes côtés, je sais que ça ne remplacera pas ta famille mais dès que tu ressentiras l'envie de parler ou dès que tu te sentiras seul, n'hésites pas à revenir ici ou à voir le chef de ta maison. As-tu des amis sur lesquels tu peux compter ?"

Ne jamais rester seul, c'était le maître mot lorsqu'on déprimait. Malheureusement, beaucoup se sentaient honteux ou avaient peur de déranger, ce qui les poussaient à se retrancher. Venus tenait à faire savoir au jeune sorcier que toute l'école était là pour l'aider.

Ces quelques mots n'empêchèrent pas le Poufsouffle de pleurer, il faut dire qu'il retenait ses larmes depuis un moment déjà. C'était l'effet escompté, ici il pouvait pleurer sans être jugé et cela pouvait lui redonner un peu de baume au coeur par la suite.

"C'est une question qui revient souvent..." Souffla-t-elle face au désarroi d'Erik. "Mais elle n'a pas de réponse et c'est parfois ce qui empêche de vivre, certains se rassurent en se disant qu'ils l'ont peut-être mérité, qu'un être tout puissant a décidé pour eux et qu'il avait ses raisons mais non. Cependant, si je comprends bien tu ne sais pas comment ta mère est dé... Est partie ? Si le savoir te permettrait d'avancer alors je t'invite à entreprendre des recherches, tu as le droit d'être au courant."

La situation était assez étonnante, c'était comme si on lui avait caché la cause et les circonstances du décès, peut-être parce qu'il était jeune ? C'était pourtant important qu'il le sache pour faire son deuil. Il ne faisait que de se poser les mêmes questions en boucle présentement et ce n'était pas bon.

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Pando

La colère est sans doutes l'une des pires conseillères dans ce monde et celle-ci bouillait. Un blaireau furieux n'est joli à voir et je sais que personne n'est responsable de ce qui arrive, que c'est l'acte d'un Dieu que Mère avait dit être bon et miséricordieux pendant toute sa vie ou, du moins, toute la mienne. La sorcière qui tentait d'être là pour moi me parle de pouvoir parler de ma mère un jour et partager ces souvenirs mais je ne vois cela comme une possibilité. Comment évoquer ma mère alors que c'était tellement douloureux. Un sanglot vient mais je l'étrangle dans ma gorge, je ne veux plus pleurer. Je ne suis pas un bébé après tout, je suis un garçon de bientôt 12 ans et puis oui, j'ai perdu ma mère mais ce n'est rien que d'autres n'ont connus.

Mais le sujet n'est pas un point que je souhaite discuter alors que je tente de reprendre le dessus sur mes émotions qui sont mises dans un sale état. Pourquoi est-ce que je me retrouve ici? Personne ne peut m'aider mais mademoiselle Carter dit quelque chose qui me fait figer. Oh, ce n'est bon signe alors que je l'écoute. Elle me parle d'amis, j'en ai quelques-uns mais le fait le pire reste... Ce ministère. Les sorciers... Est-ce que ces gens, qui peuvent savoir quand nait un sorcier, ne pourraient pas aider la famille de ces derniers? Elle tente de m'expliquer le pourquoi mais je ne l'écoute presque plus. La douleur et la tristesse sont remplacés par une colère alors que tranquillement je déplie les jambes. Mes yeux sont vides, mais la colère suinte de moi comme de la poudre d'un baril.

"Je sais très bien comment ma mère est morte. Les détails m'ont été donnés, que ce soit en me traitant comme un enfant comme quand on me parle comme un adulte. Ma mère est décédée, pas partie. Elle ne reviendra pas. Elle est morte seule dans notre maison et ils ne l'ont trouvée que des jours plus tard. Elle était seule sans moi et personne n'a songé aller la voir. Personne n'a songé à l'aider." Mon ton montait avec ma colère. "Un ministère entier de sorciers qui savent quand je suis né et sont venus se présenter à moi comme ma mère il y a moins d'un an. Un monde entier de magie et ils ne sont même pas capable de..." Je réalise que j'étais sur le point de commencer à crier, mes mains tremblaient et je me recule pour m'assoir, tentant de reprendre le dessus et fermant la bouche pour ne pas hurler de douleur.

J'avais toute la grâce d'un animal pris au piège...

"Je n'ai que mes amis. Et je vais devoir les regarder rejoindre leurs parents l'été. Je vais devoir savoir que je n'ai rien en-dehors de ces murs."

Ma voix craque une nouvelle fois, alors que je baisse les yeux.

"Puis-je partir?"

Car je ne veux pas confronter ceci. Je ne veux le voir. Je refuse...

Codage par Libella sur Graphiorum

La psychomage continuait de creuser, d'interroger doucement le jeune garçon tout en essayant de trouver quel angle aborder pour qu'il se sente en sécurité. A vrai dire, elle n'eut droit qu'à de la colère et du désespoir, ce qui était normal. Elle ne broncha pas, après tout elle n'était pas là pour juger ou pour remettre en cause ses émotions. Elles étaient présentes et elle voulait qu'il les exprime justement plutôt que de les garder. Cependant, il tentait malgré tout de ne pas se laisser submerger, elle pouvait le voir. Ses paroles étaient terribles, l'histoire de sa mère l'était, morte seule, sans son fils et ce dernier était au courant de tout. Peut-être culpablisait-il. Venus comprit alors que sa colère était tournée vers le ministère qu'elle avait mentionné plus tôt. Elle comprenait ce sentiment, il lui était arrivé la même chose. Comme beaucoup d'enfants nés-moldus, elle avait eu conscience de ses pouvoirs que lorsqu'elle avait reçu la fameuse lettre et elle n'avait pas d'avantage été suivie que les autres qui arrivaient avec une longueur d'avance.

"Je comprends ce que tu veux dire... Je pense néanmoins qu'ils n'interfèrent pas pour protéger les enfants dont les parents sont au courant de rien. Ils oublient tout de même que de se retrouver ici du jour au lendemain est vertigineux voir effrayant."

Erik fut ensuite part d'une autre douleur, celle de voir ses amis quitter l'école l'été avec leurs parents. La jeune femme prit des notes, les vacances allaient arriver à grands pas et il était important de faire savoir au Poufsouffle dès maintenant ce que l'avenir lui réservait. Monsieur Mancini souhaitait un rapport alors il allait l'avoir. Venus avait beau dire qu'il n'était pas seul, il lui fallait du concret.
Au moment où la brune allait répondre, Erik demanda à quitter la séance, il était à bout. Il était inutile de le forcer à être là mais cet échange avait tout de même dépassé les espérances de Venus.

"Bien sûr, tu as été très courageux Erik." Dit-elle calmement avant de refermer son carnet.

Elle se leva et posa gentiment sa main sur son épaule avant de chercher son regard.

"Tu peux revenir ici quand tu veux ou je peux venir à toi en cas de besoin."

Elle ne disait pas cela car c'était son travail et elle aurait pu simplement le mettre à la porte mais avant d'être psychomage, elle était humaine et il était difficile de rester dans le cadre professionnel. Il y avait des élèves qui parfois avaient davantage besoin d'une figure parentale que d'un membre du personnel. Venus ne pouvait pas jouer ce rôle mais elle voulait vraiment épauler ce jeune garçon et cela allait passer par la direction qui devait prendre ses responsabilités.

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Pando

Les bonnes intentions, ne dit-on pas que la route jusqu'aux enfers en est pavée? Je comprends enfin pourquoi le professeur Mancini avait demandé que je vienne parler à mademoiselle Carter. Visiblement j'étais un danger ou je ne sais, pourtant mes pouvoirs sont toujours au beau fixe sinon que j'avais mis un peu trop de zèle dans ce que je faisais mais je vais m'adapter, n'est-ce pas? Visiblement il pensait que je ne savais ce que je faisais, que j'avais besoin d'être pris par la main, materné et guidé vers... Quoi, exactement? Accepter que ma mère était morte? C'était chose faite. Accepter que le monde entier était moins clair maintenant qu'elle n'était plus là? Aussi. Je venais d'offrir à la psychomage de comprendre exactement ce que je pense, ce que je sens au plus profond de moi mais clairement ce n'était pas toujours ce qu'on voulait.

J'écoute ce que dit la dame, courtois et poli malgré tout alors qu'elle me dit ce qui est une évidence. Un petit rire m'échappe, désabusé alors que je secoue la tête tranquillement.

"Le ministère pourrait voir avec les parents en premier, leur parler... Mais ils n'en font rien. Si seulement il existait quelque chose pour pouvoir effacer un souvenir si ce devient désastreux d'exposer aux parents qu'ils ont des sorciers dans leur famille et les faire entrer doucement dans ce monde plutôt que de venir les voir et arracher à leur foyer un enfant et laisser une vieille dame seule."

Je serre les poings. La colère montait et je sentais une vague de celle qui est plus violente venir alors que je lui avais aussi parlé des vacances... Je ne peux retourner à la maison du conseil, qu'était-il advenu des biens de ma mère? Des questions laissées en suspens mais... Que me reste-t-il maintenant? Je veux fuir et la sorcière ne me retient et je vais aller vers la porte sans demander mon reste, écoutant ce que celle-ci dit. Ma main s'arrête sur la poignée et je sens la chaleur des larmes couler sur mes joues alors que j'arrête avant de prendre mes jambes à mon cou...

"Mademoiselle Carter... J'ai une... J'ai une seule question, et je voudrais que ce reste notre secret..." Je pourrais attendre qu'elle me réponde, mais ce coule autant de mes yeux que de ma bouche alors que ce m'échappe.

"Ma mère est morte... Mon père est mort... Je n'ai plus de famille alors... QU'est-ce qui m'attend? Je vais continuer de me battre mais... combien de temps est-ce que je vais avoir mal? Combien de temps vais-je espérer que je me réveille et que ceci... Tout ceci n'ait été qu'un mauvais rêve?"

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La façon dont Erik voyait l'entrée à Poudlard était bien sombre et Venus ne s'était d'ailleurs jamais demandé si c'était effectivement une mauvaise chose de ne pas prévenir les parents en amont. Elle avait tellement été émerveillée de recevoir sa lettre qu'elle n'avait même pas réalisé que ses parents pouvaient être tristes ou inquiets de la laisser partir dans un monde inconnu. C'était une discussion qu'elle devait peut-être avoir avec eux pour mieux comprendre le jeune sorcier. Le plus gros problème ici était que sa mère était morte seule, son fils loin d'elle, ce qui trottait dans la tête d'Erik. La situation lui paraissait sûrement injuste à cause de cela. En tout cas, il avait su poser bouche-bée Venus par sa maturité.

"Je ne sais pas..." Souffla-t-elle. "On ne saura jamais si les choses auraient été différentes, en tout cas si le ministère de la magie a toujours agi comme ça c'est qu'il doit considérer que c'est la bonne chose à faire mais ça ne veut pas dire qu'ils ont raison sur tout et tu pourrais être d'ailleurs celui qui ferait changer les mentalités à l'avenir."

En effet, peut-être qu'une place au ministère attendait Erik dans le futur s'il en avait les moyens, c'était parfois un bon moyen de changer les choses de l'intérieur et cela pourrait lui donner un but, quelque chose auquel se raccrocher.

Le Poufsouffle voulut ensuite partir et même s'il essayait de se cacher, la jeune femme savait qu'il pleurait en silence, il y avait des signes qui ne trompaient pas. C'était terrible, un vrai crève-coeur, c'était certain et elle n'avait pu offrir qu'un geste de la main réconfortant, sans dépasser les limites. Ses questions étaient légitimes et Venus ne savait pas exactement ce qui allait lui arriver. Allait-il rester ici jusqu'à la fin de son cursus ou pouvait-il être adopté par des sorciers ? Elle l'ignorait.

"Et bien... Je ne pense pas que tu seras lâché dans la nature, tu ne seras pas seul."

Quant au reste de ses interrogations, malheureusement... Il n'y avait pas de réponse toute faite. Chaque individu faisait son deuil à son rythme, parfois jamais tant la douleur était insoutenable. Une chose était sûre, on ne s'en remettait jamais vraiment. Sa baguette magique ne pouvait hélas pas faire disparaître son sentiment de solitude.

"On dit que seul le temps guérit mais... Je mentirai si je te disais que tu n'auras plus mal un jour. La douleur s'amoindra mais elle sera toujours présente et je suis justement là pour t'aider à vivre avec mais surtout à accepter leur mort. " Ce qui lui paraissait sûrement insurmontable présentement mais c'était possible à l'avenir.

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Pando

J'écoute comme il se doit les réponses aux questions que je pose mais je sens un nouvel accès de fureur monter douloureusement, mon coeur battant follement et un voile occultant doucement mes yeux mais je fais tout pour ne rien montrer, bien qu'un petit tréssaut passe dans ma main que je veux fermer et serrer. Le monde est injuste, les sorciers ne peuvent rien pour personne et pire encore, ils ne sont en rien capable de comprendre la réalité de la vie en tant que personne qui ne connait tout de leur petit monde secret..?

"Donc... C'est le choix des sorciers de savoir ce qui est le mieux pour ceux qui ne sont pas sorciers..? Même si des sorciers découlent et surgissent de la nature de ceux qui ne peuvent être prêts? Je vois là la sagesse de nos ancètres sorciers, puisque les gens disent que je dois avoir du sang de ceux-ci de plusieurs générations dissoutes, n'est-ce pas?"

Elle veut me rassurer ensuite sur ce qui m'attend hors de ces murs mais le fait est que son manque de réponse me fait tout aussi bien savoir qu'elle ne sait ce qui m'attend. Je soupire et hoche la tête tranquillement avant de la laisser répondre à cette dernière question. Une question qui me fait un bien grand mal mais sa réponse... Elle ne me rend pas vraiment mieux. Au contraire pour dire vrai, puisque je voudrais savoir... quand je n'aurai plus mal. J'aimerais savoir combien de temps je vais sentir mon coeur éclater comme du verre soufflé à la simple pensée de ma mère... L'inconnu me plaisait bien avant mais maintenant, il me fait un véritable mal. Je la regarde en silence quelques secondes après ceci avant de fermer les yeux.

"Je sais que vous voulez m'aider, je le comprends et vous en remercie mais... Je doute que vous pouviez vraiment faire ce que je voudrais faire. Je voudrais au moins avoir été avec elle. Au moins pu lui dire au-revoir et sentir sa main dans mes cheveux une nouvelle fois. Je voudrais la revoir mais rien de ce que j'ai lu dans les livres ne donne de solution pour discuter avec une personne morte... Je vais devoir m'y faire, mais merci d'être là. Je ne veux pas être ingrat envers vous, vous faites de votre mieux mais... Je ne sais ce que vous pouvez vraiment faire pour aider, n'est-ce pas?"

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C'était assez facile de dire que les choses étaient faites "comme ça et pas autrement" mais Venus était face à quelqu'un qui ne comprenait pas pourquoi et il était difficile de lui expliquer. Garder un équilibre dans le monde des sorciers tout en voyant naître certains d'entre eux parmi ceux qui ne pratiquent pas la magie devait être un véritable casse-tête, peut-être même que c'était un phénomène qu'ils n'avaient pas prévu au départ, d'où ce sentiment de façon de faire mal maîtrisée. Néanmoins, cela faisait réfléchir Venus qui commençait à avoir peur pour ses parents Moldus car elle savait que certains sorciers souhaitaient leurs morts. Ainsi, ils n'auraient plus besoin de se cacher.

"C'est dans la nature humaine de vouloir préserver ce que l'on a acquis, ce pour quoi nous nous sommes battus, sorcier ou non."

Magiciens, non-magiques, même combat, chacun voulait sa part du gâteau, voir plus alors si des Moldus savaient que leur enfant allait devenir sorcier, qui sait ce qu'il pouvait se passer.
La psychomage observa ensuite Erik qui se contractait et luttait contre les émotions qui l'accablaient. Elle l'écouta ensuite et elle pouvait maintenant comprendre où il était dans son processus de deuil. En effet, même si chaque personne vivait la mort différemment, elles passaient le plus souvent par les mêmes phases et ce n'était sûrement pas en une séance qu'elle allait le faire avancer vers l'acceptation.

"Si pour toi t'aider serait de faire revenir ta mère alors non, je ne peux pas mais le but de nos séances serait justement de t'apprendre à pouvoir vivre sans elle. Ce sera toujours douloureux mais tu arriveras à penser à elle avec le sourire et à honorer sa mémoire sans pleurer." Elle marqua une pause et reprit avec plus de douceur. "Quand bien même si tu trouvais un moyen de la voir en chair et en os, ça ne ferait que retarder le problème. Tu la verrais un instant et elle repartirait... Cependant, il est possible de dire au revoir à quelqu'un sans forcément qu'il soit en face de nous mais c'est encore trop tôt."

Le jeune sorcier allait encore essayer de marchander un temps avec la mort et Venus espérait qu'il revienne vers elle lorsqu'il allait se rendre compte que c'était définitivement impossible. Elle ne pouvait néanmoins pas le forcer à trouver cette séance ou une autre utile, ce n'était pas un échec pour elle car cela pouvait arriver.

Tous les cris les SOS partent dans les airs, dans l'eau laissent une trace dont les écumes font la beauté

Pando

Est-ce là la réalité de ce qui est? J'ai eu le "plaisir" de voir avec les mois la différence de traitement que les gens ont envers ceux qui sont nés sorciers et la fierté qui en découle. Mes recherches n'avaient donnés de résultats quant à mon héritage sorcier et j'étais donc bien simplement un îlot perdu dans le monde moldu qui surgissait de nulle part... Les sorciers disant être sang-pur... J'avoue que je suis gonflé. Les adultes qui savent mieux que moi ce qui en découle de tout dans ce monde, qui pensent toujours si bien faire alors qu'il n'en est rien. La psychomage avait bien raison, les sorciers s'étaient battus pour préserver ce qui était bien à eux au détriment de qui que ce soit d'autre...

Moi comprit.

La douleur dans mon torse montait de nouveau et la douleur laissait place à la colère qui m'était bien davantage acceptable car la colère évitait que je craque en larmes de nouveau. Certes, j'avais les yeux qui brûlaient alors que la sorcière me dit que ce que je souhaite est impossible et que ce ne serait que temporaire mais.. Non, elle ne comprennait pas. Elle ne pouvait véritablement comprendre, n'est-ce pas? Je vais hocher la tête en ravalant mes paroles qui auraient été déplacées, mais pour le moment...

"Pourriez-vous dire au professeur que je suis bien venu? Je ne doute pas que vous avez à faire un rapport sur ce qui s'est produit mais je vais m'excuser, je n'ai plus envie de parler."

Mon ton était tendu, près de craquer, je n'ai envie de balancer ma rage au visage de qui que ce soit... Si je n'ai droit de pratiquer mes sortilèges, soit, mais je ne veux plus voir personne, quitte à utiliser mon talent pour trouver un chemin dans la forêt interdite et être loin de tout.

Codage par Libella sur Graphiorum