Tra Mancini

Impossible de se souvenir comment l’idée était née. Sans doute au détour d’une grappa pur feu ou d’un verre de vin. Enfin… plusieurs. Mais voilà, chose était décidée : la cousinade Mancini serait organisée au manoir Yaxley. Alors, bien sûr, quand l’idée avait germé dans les esprits à l’automne, on était loin de se douter de la tournure des changements au sein de la famille : entre nouveaux couples, nouveaux membres, mariages et sortie de prison, le cercle avait accumulé les changements.

- Rappelle moi l’objet de cette stupidité.

Amara releva les yeux de sa coiffeuse, observant dans le reflet du miroir, Corban, allongé sur le lit conjugal. La Mancini se remise à appliquer son blush, l’air de rien. Quelques jours plus tôt, Corban avait fait une crise cardiaque foudroyante et devait rester alité de part son âge avancé.

- Ce n’est qu’une petite soirée entre Mancini.
- Et à qui as-tu demandé la permission hein ? Est-ce que j’ai vraiment envie d’entendre ta foutue langue toute la soirée ? Rien que ton accent me donne la migraine. Merlin, un quart de siècle dans ce pays et tu ne parles toujours pas correctement. Tu n’as vraiment que ta beauté, toi.

Amara se crispa, essayant de garder toute contenance, quand bien-même l'envie d'enfoncer son pinceau dans la gorge de son époux était tentante et le regret qu’Amos n’ait pas fait une faute de calcule plus grande que celle qu’il avait commise en empoisonnant Corban était bien présente.

- Bill m’a donné la permission à l’époque. Je n’ai pas eu cœur à l’annuler après ta crise cardiaque. Après tout, il serait bien inconvenant d’annuler un événement si proche de la date.
- Annule. Je n’ai aucune envie de que ta famille me voit allité.

Amara se leva, laissant sa robe qui tombait jusqu’au bas de ses chevilles. Une robe d’époque, corset révélant une poitrine huuum… eh bien… qui aurait donné des sueurs froides à un jeune adolescent. Une robe vénitienne par excellence, mais plus légère qu’il n’y paraissait. Elle épousait chaque mouvement d’Amara comme une ombre.

- Je dirai que tu es absent. Ils doivent déjà être en chemin, dit-elle avant de quitter la chambre et de refermer la porte avec soin, ajoutant un sortilège d’insonorisation.

Elle descendit alors les escaliers de marbre du manoir et se dirigea vers la salle de réception, entièrement décorée sur le thème du carnaval de Venise. Amara n’avait pas lésiné. On se serait réellement cru dans une réception italienne. Un buffet de mets typiquement italiens avait été installé et ainsi que de nombreuses flûtes du meilleur Prosecco et des meilleurs vins disposées. Un bref instant, elle en oublia presque être toujours en Angleterre. Néanmoins, la voix de son elfe de maison la ramena à la réalité.

- Maîtresse. Votre premier invité est là.

Un immense sourire se dessina sur le visage de la matriarche alors qu’elle enchanta le piano pour se mettre à jouer un air traditionnel et plutôt rapide en tempo. Après tout, l’heure était à la fête, non ? D’un coup de baguette magique, elle ouvrit la double porte du salon pour ainsi inviter ce mystérieux premier arrivant. Oh Merlin, qu'elle avait hâte de pouvoir passer une soirée d'amusement et détente avec sa famille. Du moins, les membres tolérables de sa famille. Elle n'avait même pas dressé de liste d'invités formelle, chacun était libre de venir et d'inviter à son bras qui il voulait, à l'exception formelle des patriarches Mancini et aucun dress code n'avait été imposé.

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Tra Mancini

Comme toujours, Amos était d’une ponctualité irréprochable. Néanmoins… il était suivi par un des officiels du Ministère de la Magie qu’elle connaissait bien… Du moins, qu’elle avait bien connu le temps d’une nuit. Si Amara ne comprit pas tellement pourquoi Marcus était venue (était-ce bien son prénom ?...), à cet instant, elle ne dit rien. Après tout, elle avait laissé libre de venir accompagnée. Peut-être Amos affectionnait-il désormais la compagnie des hommes ? Soit, le fait qu’ils aient les mêmes goûts ne serait pas si surprenant.

Amos ne perdit pas de temps pour l'étreindre avec chaleur, comme à son habitude. Un tendresse entièrement rendue, bien que nettement plus maîtrisée puisqu’ils n’étaient pas en tête à tête.

- Oh, Amos, quel plaisir de te voir. Je craignais que tes nouveaux impératifs ne te retiennent à Poudlard. Et je t’en prie, ce n’est qu’une petite robe sans histoire.

Moui, moui… elle jouait les modestes, mais elle affectionnait toujours autant qu’on lui dise qu’elle était belle. Finalement, les prochaines paroles d’Amos lui plurent bien moins. Il présenta donc Magnus (Ah ! Magnus, pas Marcus), comme… le fils de leur oncle. Amara se figea totalement.  Pardon ? Son anglais lui faisait-il tant défaut ? Peut-être que Corban avait raison finalement, les compétences linguistiques étaient pires que ce qu’elle pensait.

- Le ? incita-t-elle à répéter, probablement en italien.

Mais Magnus confirma en s’excusant. Le sourire d’Amara se transforma alors en une grimace de dégoût, réalisant qu’elle avait passé une nuit de ferveur charnelle avec… son cousin. Sa lèvre supérieure retroussée en cette expression de dégoût et d’incrédulité, Amara passa son regard de Magnus à Amos. Était-ce un canular ?

- Amos, si c’est l’oeuvre de ton humour ce n’est absolument pas drôle, prévint-elle finalement.

Mais voilà que Sienna arrivait coupant presque net la conversation et… Merlin, merci, parce qu’Amara n’avait aucune envie d’entendre Amos confirmer la véracité des paroles prononcées. Elle vit pourtant Sienna écarquiller les yeux de stupeur et comprit immédiatement que cette dernière avait eu un bref accès aux pensées de Magnus. Mais Sienna était une femme pleine de classe qui vint lui faire la bise, complimentant son apparence.

- Et toi donc ! complimenta-t-elle en retour.

Profitant que Magnus soit accaparé par Sienna le temps de présentations, Amara se dirigea vers le buffet des boissons, récupérant alors la bouteille de grappa pur feu avant de s’en servir un généreux verre qu’elle descendit, une fois n’est pas coutume, cul sec. Ainsi. Soit. Combien de mariages y avait-il eu lieu entre cousins ? Beaucoup. Ce n’était pas comme si c’était avec lui qu’elle avait engendré Ottavia et ce n’était pas comme s’il s’avérait être un fils caché de son père. Un cousin. Cela restait un cousin et qui plus est, probablement un bâtard vu que personne n’avait entendu parler de lui.
Ramenant alors des boissons à ses invités via un sortilège de lévitation d’un plateau puisqu’il était hors de question de sommer l’elfe de maison dans cette conversation, Amara s’approcha de ses… ses… ses cousins.

- Nul d’entre nous ne savions. Restons-en là. Gardons qui plus est cette histoire entre nous, il est hors de question que mon époux entende parler de cela.

Elle lança un regard appuyé à chaque convive. Hors de question que Corban entende parler de cela. C’était des cours à ruiner tout leur plan et… probablement tuer Amara sur le champ.

- C’était une erreur, une erreur d’une nuit, dit-elle en prenant un nouveau verre de grappa sur plateau et en le vidant de nouveau cul sec. Vous avez vu mon mari ? Qui peut me reprocher d’être aller chercher plus jeune et fonctionnel ?

Oh. Elle avait vraiment dit cela ? Bon, d’accord, la grappa montait probablement un peu trop rapidement. Ou était-ce le choc ? Probablement les deux. Elle tenta alors un regard à Sienna, cherchant son appui en tant que femme libre et non mariée qui devait certainement profiter des plaisirs de la vie.

by aardbei

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