Le monde tourne, tourne, tourne. Rapidement une semaine est terminée, la clémence des gens cessant d'être alors que la réalité reprend sa progression dans un monde qui est bien plus vide. Autant le dire, j'ai passé une semaine à fuir les gens et je n'en étais véritablement mieux. Est-ce qu'on peut véritablement se sentir un jour mieux de la perte d'un des piliers de notre existence? J'ai mes doutes, mais le fait est que je n'ai plus le loisir de m'appitoyer sur le tout. Je dois continuer. Est-ce que je refoule les crises de larmes soudaines qui s'emparent de mon corps et âme? De mon mieux. Mais les enseignants semblent ne pas m'en vouloir d'un trop grand point.

Ce matin, le cours de sortilège entamait enfin les premiers sorts. La lévitation... Est-ce que c'était affilié aux balais? Oui et non, puisque le balais ne demandait une concentration aigue sur ce dernier pour voler, l'enchantement était là et non pas un sortilège qui était d'une durée reliée à la concentration. Silencieux, j'écoute les explications de l'enseignant quant à ce qui nous attend pour les mois à venir. Lévitation, lumière et ténèbres... Un programme qui peut bien être intéressant. Le vote sera passé sans que je participe cela dit avant qu'un bol d'eau et une plume viennent vers mon bureau, me laissant perplexe alors que je regarde l'enseignant. Une syllabe mal formée est donc la différence entre léviter une plume et enflammer celle-ci? Les explications viennent, la menace aussi mais je ne vais en faire cas alors que mon attention se pose sur la plume.

De premier temps, je visualise et pratique le mouvement de poignet pour inciter la plume à léviter, d'autres se lançant dans une flagrante démonstration de force. Certains réussissent rapidement et une pauvre plume connaîtra les flammes. Je garde pour ma part le silence, me concentrant sur la fluidité du mouvement avant d'arrêter et me concentrer. Wingardium leviosa. Sans bouger la baguette, je murmure sous mon souffle l'incantation sans agiter la baguette, identifiant chaque partie de ce sortilège jusqu'à le sentir comme une seconde nature. Un exercice qui doit bien être futile dans certains sens... Mais je le fais avec une énergie proche du désespoir avant d'enfin prendre ma baguette et l'agiter, le mouvement fluide de mon poignet et d'une voix claire et basse j'énonce la formule. La plume s'agite avant de lentement s'élever de sur mon bureau, mes yeux suivant sa progression ainsi que la pointe de ma baguette, la faisant monter jusqu'aux poutres du plafond de la salle de classe avant de la descendre tranquillement et la poser... Dans le bol d'eau. Bon, j'ai perdu ma concentration sur le dernier instant et elle m'a échappée mais au moins elle n'a pas connue une fin pyrée.

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Le monde autour de moi reprends ses formes rapidement alors que je cesse de me concentrer sur la plume, j'entends les gens qui parlent de nouveau malgré le bourdonnement de mes oreilles et je lève les yeux vers le professeur Mancini. Celui-ci semblait vouloir bien m'encourager et je réalise qu'il pense que j'ai perdu le contrôle de la plume... JE ne vais le détromper mais hocher la tête. L'homme approche et se penche pour être à ma hauteur, je ne suis pas dupe de ce que ce veut dire. JE reste petit malgré tout et j'hoche la tête de la suite des directives.

Un sortilège pour allumer l'embout de la baguette. J'avais eu le "loisir" de lire la manoeuvre nécessaire dans mon guide d'école par le passé et j'étais donc entièrement conscient de ce qu'il fallait. Certes, je ne l'avais pratiqué puisque c'était interdit mais je connaissais la théorie... Et mine de rien? C'est de la volonté surtout. La volonté d'éclairer tout ce qui est au bout de la baguette. De nouveau ma gestuelle sera faite mais je fronce les sourcils en me reprenant. Quelque chose ne semblait bien aller et je corrige, les instants suivants seront la différence entre le succès et l'échec. Ensuite je pose ma baguette sur la table et parle doucement, trouvant la prononciation qui me semble la meilleure dans cet instant. Lumos... LumOs... Lumoos... Lumos. Simplement Lumos. Avec la froide certitude, je vais reprendre ma baguette et jeter ma volonté dans ce combat.

Si la plume avait résistée par la force de la gravité, rien ne va occulter le sort qui ne dépend que de ma baguette et lorsque je laisse franchir un simple "Lumos", l'embout de ma baguette prendra une vie bien à elle et une vive lumière brillera. Heureusement que la salle n'étais plongée dans le noir ou tous auraient eus de brillants points devant les yeux, je garde ma concentration pour une dizaine de secondes encore avant que je sentes un poids se faire... Je cesse le sort alors, et pose la baguette sur la table, celle-ci avait une odeur vaguement brûlée... Trop d'énergie dans un sort minuscule.

"Désolé."

Mon ton était encore amorphe, vide... La théorie reste facile et je ne me sens l'envie de lancer encore ce sort sous peine de voir ma baguette prendre feu.

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Le sortilège semble être en bonne voie d'être une réussite malgré tout, mais je sentais une pointe de douleur à la tête alors que j'incline celle-ci en remerciement du compliment venant de l'enseignant, mais une partie de moi refusait d'y croire. Je n'étais pas plus talentueux ni spécial que quiconque dans cette classe, sinon que j'avais écouté et mis à exécution les consignes claires et précises de l'enseignant... Bien que je ne comprends pourquoi non plus la lumière a été si éclatante. Je me mets entier dans chaque sortilège, occultant tout ce qui est autour de moi et ce qui est moi pour atteindre le but.

Le professeur prendra ma baguette et je la lui abadonne volontiers bien qu'une partie de moi sent le manquement de la rassurance physique de cet objet. La permanence que je sentais alors que je la brandissais et pliais la réalité à ma volonté, au mépris de ce qui avait été dit comme naturel. Oh, les sorciers sont dans l'ordre mais je sais aussi que certaines choses ne devraient être. Il fera briller la pointe de ma baguette comme il semblait avoir désiré avant de me la rendre et m'incite à voix basse à l'éteindre. Le contresort du sort de lumière, Lumos. est Nox.

La gestielle est absente dans ce sort, puisque de lancer un sort qui est d'éteindre sa baguette en la brandissant ne serait très brillant, c'était donc un test de volonté puisque le mot de la formule est bien simple. Nox. Mettre la volonté derrière ce mot, vouloir voir une lumière disparaître de ce monde.

Les choses sont bien plus faciles à souffler que créer, et toute chandelle peut être soufflée en un seul instant. Est-ce que c'est des pensées plaisantes à avoir? Non, du tout. Je sens le sang battre dans mes tempes mais j'ai eu ma consigne et je ne veux non plus voir l'échec. Si je peux plier le monde à ma volonté, alors... Alors peut-être vais-je pouvoir changer les choses. Peut-être vais-je pouvoir changer ce que les gens disent être définitifs.

"Nox." Ma volonté est mobilisée mais la lumière, alors qu'elle vacille un peu, reste là. Insultante. Moqueuse. Je suis maintenant habitué d'être pointé du doigt, certains ont même eu la bonne volonté de m'aider et d'autres de rire de moi. Ma main tremble alors que je serre un peu plus les phalanges sur ce bout de bois, voulant plier celui-ci. Ma voix sera plus ferme, plus décisive alors que je réitère la formule et, obéissante, pliante, la lumière sera soufflée. Le soulagement ne sera, cela dit, alors que je sens la douleur qui me vrille le crane et une violente nausée. Je sens mon nez couler et la pointe de ma langue viendra humecter mes lèvres mais aussi trouver le goût de sang. Je saigne du nez, ma tête tourne mais mon résultat a été accompli alors que je sens mon équilibre jouer.. Mais je me reprends sans tomber, levant la manche de ma robe de sorcier pour endiguer le flot de sang.

"Puis-je être excusé, professeur Mancini?"

Je ne vais fuir, mais le fait est que dans cette salle de classe, l'enseignant demeure le roi.

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