J'ai détruit mon monde, ce qu'il en restait... pour en créer un nouveau, c'est ainsi que j'aurai pu résumer ma vie à la mort de ma femme et de ma fille. Plus rien avait de sens. Rien. Mon travail me rappelait sans cesse mon épouse et ma fille, je la voyais en chaque enfant que je croisais. Alors j'avais arrêté d'être un brigadier de la police magique, j'avais quitté le Ministère, j'avais quitté et vendu notre maison à Londres, j'avais voyagé avec des souvenirs plein la tête avant d'entreprendre de nouvelles études et formations pour me retrouver. Retrouver une raison à tout cela. Une envie de ne pas me foutre davantage en l'air. De respirer à nouveau tout simplement. Un nouveau moi pour un nouveau départ, sans pour autant tirer un trait sur mes amours perdus, juste réapprendre à marcher, à avancer, sans eux.
Et puis j'étais devenu garde-Chasse. À Poudlard. Une place en or avec à la fois des contacts et une pointe de retrait pour respirer, parce que j'avais appris à vivre sans, au calme, perdu, égaré tant dans mes pensées que largué en pleine nature que cela m'avait plu. Et ce poste, celui que j'occupais à présent, me permettait de faire tout ce que j'aimais et plus encore. Je repensais à ma fille... qui n'irait jamais à Poudlard, je revoyais ma femme dans quelques sourires, mais cela ne me faisait plus souffrir ou je n'en pleurais plus à en crever à tout bout de champ. Le départ du demi-géant m'avait offert un logis, car je reprenais pour moi la cabane du garde-Chasse pour y vivre. J'avais d'ailleurs déposé bagage deux semaines avant la rentrée pour me faire à l'idée que j'allais reprendre ma vie en main, mais aussi pour prendre possession de ce que je recevais. L'intérieur de la cabane, je la décorais de façon médiocre, le stricte minimum pour commencer, je l'habillerais avec le temps, la chambre pareil, un confort spartiate et puis... et puis j'avais projeté aussi une extension pour m'adonner à mes passions dans le calme ; la sculpture, l'écriture et le dessin. J'avais ensuite et naturellement fait la connaissance de mes nouveaux collègues, brièvement, mais nous aurions le temps d'apprendre à nous connaître avec le temps. Enfin la rentrée était arrivée et le chahut avait envahi le domaine, domaine que j'entretenais et surveillais farouchement.
Surveillance maximale, j'avais opté cette fois pour celle depuis le ciel afin de m'éloigner par la suite et de prendre mes repères pour cartographier au maximum possible les zones entourant Poudlard. Ce fut donc sous ma forme animagus, chouette effraie, que je pris mon envol... et qui ce serait penché sur mon envol ou s'y connaitrait en oiseaux se serait vite posé des questions. Car les chouettes effraies sont censées dormir durant la journée. Soit. Je filais donc à tire d'ailes, silencieux parmi le mystère que couve la foret interdite. Je n'eu pas parcouru dix mètres que mon ouïe m'alerta une présence dans la foret qui n'aurait pas du y être ; une présence humaine. Changeant de direction, je parvins à bonne hauteur à découvrir l'intrus qui ne s'était pas encore suffisamment avancé dans cette zone interdite que pour être caché physiquement par la frondaison des arbres. Je piquais du bec vers le sol, à quelques mètres au nord de la cible, bien plus enfoui que cette dernière et je repris forme humaine. Agile mais moins discret qu'un animal, je fondis sur ma proie dans des craquements de branches inquiétants avant de poser ma main sur l'épaule de la jeune fille qui ne s'était pas encore retournée malgré le bruit que j'avais engendré.
« La foret interdite ne porte pas son nom pour rien, gamine... alors que fais-tu là ? »
Gamine. Oui. C'était une enfant à mes yeux. Une enfant que, naturellement, je rabrouais quelque peu et que je couvais d'un regard de rapace et d'une attitude tant ferme qu'impressionnante par ma stature. Et si elle souhaitait être appelée différemment, elle devrait agir hors des zones interdites de l'enceinte de l'école. Ici, là, maintenant, je décidais. Un coup d'œil à mon aspect vestimentaire, manteau long et large de cuir, bottes hautes toujours de cuir, pantalon brun sali de terre aux genoux et chemise au dessus élimée, et j'étais soit à ses yeux un bandit soit le Garde-Chasse du château. Le second était évidement la bonne réponse.