Jour de congé après une très longue garde. Enfin. Je devais admettre que j’étais épuisé et que l’envie de dormir était forte, très forte. Pourtant, ce n’était pas chez moi que j’allais aller aujourd’hui. Non. J’avais un autre projet comprenant une personne qui n’était absolument pas au courant de ma visite.

Ma blouse rangée dans mon bureau, je venais de me changer lorsque ma secrétaire passa le bout de son nez.

- Vous avez un patient en attente. Il vient d’arriver.

Levant les yeux au ciel, je secouai la tête, attrapant ma blouse de nouveau. Triste sort de médicomage. J’avais prévenu Roxanne que j’arriverais à 9h00… Elle allait devoir attendre.

Et elle attendit. Ce fut seulement à 11h00 que je pus enfin transplaner tranquillement vers Pré-Au-Lard, encore plus épuisé que je ne l’étais au préalable. Bien ! Pas le temps de m’en inquiéter. Les cernes descendant sous mes yeux, j’avançais dans les rues de Pré-Au-Lard pour m’arrêter acheter deux cafés et un thé sucré avant de reprendre ma route. Trois boissons ? Oui trois. Et certainement pas pour son abruti d’ami Serpentard. Non. Il y avait deux cafés pour moi et un thé pour elle. Rien d’autre.
Ainsi entrai-je dans sa boutique, grimaçant légèrement face à autant de sucrerie. Je me demandais réellement comment elle réussissait à ne pas être diabétique, entourée de toutes ces choses. Enfin…

- Roxy ? Demandai-je fortement de ma voix grave. T’es où ? Parce que j’te jure que si t’es en retard je bois ton thé dégueulasse !

C’était Ste Mangouste qui se foutait de la charité, clairement. Vu mes deux heures de retard, j’avais strictement rien à dire. Mais ce n’était pas grave, elle était ma soeur et j’avais effectivement tous les droits - ou pas. Posant les boissons sur son comptoir, j’esquissai un sourire plus sincère. Elle était peut être la seule qui avait le droit à de tels sourires de ma part, doux et tendres. L’embrassant sur le front je lui tendis son thé.

- T’as vu ? J’ai pensé à toi… Sortant les deux cafés, je ricanai alors. Et à moi. Désolé pour le retard, d’ailleurs. J’ai cru que j’avais le droit de partir à l’heure mais j’ai des patients qui en ont décidé autrement. Pour rien en plus, ils avaient à peine des rhumes. La prochaine fois je leur enfoncerai des mouchoirs dans le nez, tiens. Ca ira plus vite que de discuter.

L’empaquoi ? L'empathie ? Non. Je ne connaissais pas. Sûrement le nom d’une des friandises que vendait ma sœur.

- BON ! Donc ! Tu vas du coup fermer ta boutique, virer tes clients là, et je t’emmène quelque part… A Stockholm.

Pourquoi Stockholm ? Parce que même si je n’aimais pas du tout les bonbons et que je ne comprenais franchement pas l’amour de ma sœur pour ces trucs-là, je savais, après renseignement, qu’il y avait là bas une foire à la friandise moldue. Et… Par Merlin… J’allais me retrouver entouré de saleté de rats mais… Si ça pouvait lui faire plaisir… Soit… J’allais me contenir et ne tuer personne.

Au moins, j’arrivais à faire rire Roxanne. J’aimais le rire de ma sœur, c’était un fait. Sûrement parce qu’elle était tout pour moi depuis le décès de nos parents. En tout cas, son rire était bien le moyen, pour moi, de m’arracher un sourire sincère. Mais la faire rire n’était pas le but de ma visite. Non. Mon but premier était tout autre et se résumait en une ville : Stockholm.

Malheureusement pour moi – quoique je devais bien m’y attendre malgré tout – ma sœur ne sembla pas tout à fait emballée par mon idée. Pour cause ! Elle n’avait pas encore ouvert sa boutique et risquait donc de perdre tout une journée de chiffre d’affaires. Difficile, je l’entendais, mais certainement pas inéluctable ! Oh que non ! Je n’avais qu’à lui reverser son salaire manquant. Ou ! A lui acheter sa dose quotidienne de friandises trop sucrées. Oui ! Je lui achetais, je lui laissais, elle le revendait et hop ! Mais d’ailleurs… Pourquoi, par tous les sombrals du monde, n’avait-elle pas ouvert sa boutique qui était pourtant son bébé ? Plissant les yeux, j’entendis malgré moi son explication.

- Comment ça tu « n’étais pas toute seule ? » Soufflai-je en l’observant.

Elle plongea son nez dans le gobelet. Ca ne valait strictement rien qui vaille et il ne fallait pas être un devin pour comprendre ce qu’elle était en train de me dire. QUI était l’espèce de petit connard qui avait osé la toucher ? Mes yeux jetant des éclairs, je croisai les bras en attendant la suite. Une suite qui ne vint pas comme je le désirais.

- James… Ton Serpentard ? Grognai-je un peu plus sourdement en serrant mon gobelet de café qui déjà se déformait sous mes doigts.

Ce sale petit rat. C’était donc avec lui qu’elle avait passé la nuit. Putain mais… Soufflant furieusement, je posai mon café, en renversant une partie sur le comptoir avant de l’observer avec intensité.

- Dis moi que tu te fous de moi. Grondai-je fortement. T’as pas fait ça ?

Fait ça oui. Coucher avec cette petite pute de Serpentard. Franchement. Non. Elle valait mieux que ça. C’était évident. Je me trompais. Evidemment. Bien s…

Je ne me trompais pas. Elle n’allait pas le mettre dehors. Si. Elle aurait dû. Tentant de me calmer en passant la main sur mon visage, je restai plus de deux minutes silencieux avant de rouvrir les yeux pour la fixer, mes cheveux devenus rouges de colère.

- C’est un PUTAIN de Serpentard, Roxanne. Grondai-je fortement. Je m’en fous de ta vente de bonbon à Poudlard ! J’ai besoin de te répéter encore ce que font ces connards ?! M’énervai-je enfin. T’as pas encore compris ?! Que s’ils avaient pas existé papa et maman seraient encore envie ?!

Ok, j’allais un peu loin, mais en un sens, c’était aussi vrai. Si les Serpentards n’avaient pas existé, jamais je n’aurais été approché par ce groupe pro moldus. Et jamais ce qui était arrivé aurait pu arrivé puisque jamais je les aurais mené jusqu’à chez nous.

- Je voulais t’emmener à la foire internationale des bonbons moldus à Stockholm mais c’est bon. T’as qu’à retourner avec ton connard. Grondai-je particulièrement fortement.

Les yeux de ma sœur devenaient bleus… J’avais été trop loin et je le savais. Mais je ne pouvais pas revenir en arrière. Serrant les dents et les poings, je fusillai Rox du regard. J’avais envie de la prendre dans mes bras et m’excuser, oui, mais… Je n’y arrivais pas. J’avais merdé, ok, mais visiblement, je m’enfonçais encore.

La boutique fut bientôt plongée dans la pénombre. Sans aucun sursaut, je gardai mes yeux rivés sur la jeune sorcière. James n’était pas comme eux… C’est ce qu’elle disait. Mais en avait-elle réellement la preuve ? C’était un Serpentard. Et tous les Serpentard se ressemblaient à plus ou moins tous les égards. Du moins était-ce réellement ma façon de penser.
Et un bocal explosa, m’obligeant à tourner la tête vers ce dernier, oubliant, un instant, ma colère. Mes cheveux redevenus bruns, signe que l’explosion avait cassé, en moi, cette fureur grandissante, je me retournai vers ma sœur. Froide et visiblement plus fière que je ne l’avais connue. Fronçant les sourcils, je l’écoutai alors attentivement. Elle aimait cet homme. Mmh.

Deux choses n’allaient pas dans cette phrase. J’avais tout d’abord peur pour elle. La savoir auprès d’un homme qui n’était pas moi… Comment pouvais-je être sûr que rien n’allait lui arriver ? Je ne pouvais pas en être sûr. Par ailleurs… James était un Serpentard. Ce qui me rendait encore moins sûr pour la sécurité de ma sœur. Par contre…

Clignant des yeux, j’observai Roxanne sans être réellement certain de ce qu’elle venait de me dire. Non… J’avais dû rêver ? Oui… Impossible autrement… Et ainsi ne la coupai-je pas, la laissant parler avant qu’elle ne se taise. Maman l’adorait oui. Mais maman adorait tout le monde. Maman était une lumière dans ce monde de merde. Alors…

- Tu as vraiment dit que tu allais me bouder ? Répétai-je un peu perplexe. Rox… Tu vas… Me bouder ?

Secouant négativement la tête, je soupirai alors, sortant ma baguette sans un autre mot que les sortilèges pour réparer les dégâts qu’avaient fait notre colère respective. Dès lors que la boutique et le comptoir furent remis à neuf, je soupirai, dos à Roxanne.

- Ecoute… Soupirai-je fortement avant de me retourner, bien plus calme.

Je n’aimais pas faire du mal à ma sœur. Je ne supportais pas la voir malheureuse et au jour où nos parents étaient morts, je m’étais promis, je m’étais absolument juré que jamais je ne reverrais un tel désespoir ou même la moindre tristesse sur son magnifique visage. Ainsi… Doucement, je m’approchai de nouveau d’elle pour la prendre dans mes bras, la serrant fortement contre moi.

- Je suis désolé Rox… Soufflai-je. Je… Je pourrais pas l’apprécier. J’peux… Potentiellement… Faire un petit effort… Tout petit… Peut-être… Mais… Je fronçai les sourcils, venant embrasser son front. J’suis désolé d’avoir mêlé papa et maman à ça… J’aurais pas dû. C’était trop.

J’en étais conscient et si j’avais pas fait marche arrière dès le début – alors même que j’aurais dû – au moins tentai-je de rattraper un peu les choses.

- Tu sais ce que je pense de cette maison et de ces élèves Rox… Repris-je. Je t’aime plus que tout… Mais… J’veux bien faire un effort. J’te promet rien. Et seulement parce que… Cette fois, je ne pus pas m’empêcher de ricaner. Parce que je veux pas que tu me boudes, bien sûr…

Le meilleur, j’en étais pas convaincue. Je faisais ce que je pouvais en tout cas pour lui faire plaisir même si je devais bien avouer que j’étais pas franchement le plus doué là-dedans.  Mais là… C’était aussi vrai que je faisais quand même un sacré putain d’effort. On était dans un endroit rempli de putains de Moldus. C’est sales sangs impurs. Mmh. Il allait falloir que je me contrôle et que je les assassine pas tous. Bien… Donc… Se concentrer… Se concentrer putain et pas répondre aux questions pourries de ma sœur… Un parfum de fille… Sérieux… j’aurais vraiment dû prendre une douche… C’est d’ailleurs pour ça que je répondis du tac au tac de manière absolument pas sérieuse. Une réponse qui, visiblement, ne convenu pas à Roxanne. Evidemment. Plissant les yeux à sa remarque, je levai les yeux au ciel en la suivant jusqu’à un stand encore une fois beaucoup trop sucré. Evidemment. A quoi je m’attendais dans une foire aux bonbons ?

Soupirant, bras croisés alors que je toisais les gens nous entourant en tentant, malgré tout, de me faire discret, je regardai le truc tendu en plissant les yeux. Voilà un truc que je connaissais pas et qui m’inspirait rien de bon. Déjà que j’étais pas fan du sucre… Et ce fut une nouvelle question. Sérieusement, elle allait pas lâcher l’affaire ?

Question con quand on connaissait ma sœur. Bien sûr qu’elle n’allait pas lâcher l’affaire. Au contraire. Elle allait continuer et continuer et continuer jusqu’à ce que je lâche le morc… Voilà qu’elle voulait m’étouffer maintenant avec son truc qu’elle me fourra dans la bouche. Le mâchant avec une suspicion claire et nette quant au produit, je l’observai alors.

- Mmh… Ouais… Pas mauvais…

Ce qui voulait dire, chez moi, que c’était quand même VRAIMENT pas mauvais. Mieux valait pour Roxy qu’elle s’attende à rien de plus de ma part. C’était déjà pas mal que je bouffe du sucre pour lui faire plaisir entouré de moldu avec un vendeur débile comme tout – dans un avis absolument pas objectif, je devais l’accorder.

- J’suppose que si je te dis « oui » tu vas me poser une autre question. Soupirai-je lorsque j’eus enfin avalé son motif d’étouffement. Bon. J’vais le dire une fois si t’entends pas (et j’espérais effectivement que le bruit couvre un peu ma voix puisque je n’allais pas faire d’efforts) ça sera de ta faute. Dis-je doucement. Oui elle l’est. Elle s’appelle Amalia. Elle a trente quatre ans et c’est une ancienne de l’hôpital.

Voilà. Elle avait tout ce qu’il fallait savoir. Enfin presque. Autant taire le fait qu’elle était désormais l’infirmière de Poudlard. Ancienne de Ste Mangouste, c’était aussi un bon titre à mon sens.

- Bon. Dis-moi le nom des trucs bizarres que tu veux goûter, je t’achète un stock pour ta boutique si t’en as envie. Soufflai-je alors en m’étirant.

Je n’étais pas franchement doué en cadeau, je devais l’admettre, mais au moins, ça, je savais que ça lui ferait plaisir. J’étais d’ailleurs prêt à prendre sur mes fonds propres tous ses stocks si ça pouvait lui faire plaisir. Malheureusement, ma sœur était une jeune femme indépendante – à mon grand dam, soyons sérieux – et elle avait déjà refusé une fois cette possibilité.

- D’ailleurs ça marche bien les affaires ? Demandai-je malgré tout toujours aussi inquiet pour elle.

Bien ! Elle acceptait ! Parfait. Au moins un cadeau que je pouvais lui faire, comme pour m’excuser de mon caractère de merde. Faible présent, je devais l’accorder, mais… C’était déjà ça. Et de toutes façons Roxy savait pertinemment que je faisais mon maximum alors elle allait certainement pas râler. Enfin. Au moins, je fus soulagé de savoir que son affaire fonctionnait bien… Et que le cadeau que je venais de lui faire était même pas pour l’aider. Ainsi, plissant les yeux, je lui mis un gentil taquet derrière la tête.

- T’es casse couille quand tu t’y mets petite sœur. Grondai-je malgré tout. Quand je te disais un stock, tu savais très bien de quoi je voulais parler.

Est-ce que j’allais laisser cet « affront » ? Bien sûr que non. C’était très mal me connaître. Oh que oui. J’allais trouver le moyen de la coincer celle-là et elle allait pas s’y attendre. En attendant, elle désirait visiblement goûter tout ce qui lui passait devant les yeux… Boarf. Cela dit. Si elle prenait vingt kilos et que son abruti de gars la plaquait je… Grimaçant contre moi-même, je secouai la tête de droite à gauche pour tenter de m’enlever cette idée de la tête. Des efforts qu’on avait dit. Pas le malheur de ma sœur de se faire plaquer, même si c’était par un abruti et que ça vaudrait mieux comme ç… Bon. Henry. Ta gueule. Voilà. Ça valait mieux.

Arquant un sourcil au vu de la grimace qu’elle tirait avec ce bonbon-là, j’écoutai l’explication du vendeur sans grande conviction en observant franchement perplexe ce truc-là, tendu par Roxanne. Mouais. J’étais vraiment pas convaincu de vouloir m’intoxiquer putain… J’étais médecin, alors je savais reconnaître ce qui était du poison. Et ça. C’était plus que du poison.

- Des bonbons trop bien pour vous. Grommelai-je malgré tout à l’encontre du vendeur qui, par chance à vrai dire, n’entendit pas ce que je déblatterait. Genre. Toi. Tu vas plus me poser de question ? Soufflai-je en observant alors ma sœur. Tu vas tenir deux jours et m’envoyer un hibou avec trente questions je te connais.
- Un hibou ?

Putains de moldus… Franchement. Levant les yeux au ciel, je soupirai profondément. Je n’avais aucune idée de comment se passait l’envoi de lettre ici dans ce monde infâme ainsi n’esquissai-je qu’un sourire faussement désolé à cet abruti de vendeur qui commençait à me taper sur le système avant de revenir à Roxanne.

- Et elle s’appelle Amalia. Pas A-Ma-Lia. Enfin appelle la comme tu veux en soi, c’est pas mon problème. Mais…

Sérieusement… Saleté de gamine. Voilà. Comme d’habitude. Je craquais face à elle, et j’attrapais son bonbon de la mort pour le prendre en bouche… Grimaçant sérieusement. C’était infâme, comme je m’en doutais. Frissonnant de toute part face à cette acidité puis ce côté trop sucré, la grimace ne s’en alla qu’une fois le bonbon terminé. Et Merlin que ce fut long !

- Je te hais. Grondai-je alors.

Et oui. Ce n’était même pas pour éviter les questions que j’avais fait ça. Mais seulement pour les yeux de chiot de ma sœur. D’ailleurs un jour je devrais lui dire de se faire un museau de cocker. Ca lui irait franchement bien. Enfin. J’avais ma vengeance. Et c’était le plus important.

- Hé. Regarde les bonbons là bas. Soufflai-je l’air nonchalant habituel en lui montrant un stand plus loin rempli de trucs colorés qui ne me donnait pas envie.

Et en quelques instants, je pus alors glisser le montant de son achat dans sa poche, discrètement. Voilà. J’avais indirectement payer son stock de boutique. Et je n’eus trop le temps de faire autre chose qu’elle remarqua un autre stand… Des glaces. Non mais elle voulait faire exploser notre glycémie et nous faire devenir des sorciers diabétiques ? Arquant un sourcil en me laissant entraîné, je soufflai alors.

- Ok. Seulement si y a goût chocogrenouille ou... Tient. Savon pour que je te lave la bouche avec. Ricanai-je en observant le stand. Tu veux quoi ? Je te le paie.

Nos glaces commandées, je la conduisis vers une table pour nous y installer afin de manger tout cela convenablement.

- Merci d’avoir accepté de fermer ta boutique pour passer du temps avec ton vieux frère. Soufflai-je alors en grignotant ma seule boule vanille du bout de la cuillère. Alors… Qu’est-ce que tu racontes de beau ? T’as vu Alistair récemment ?

Qu’on avait réussi à avancer hein… Mmh. Oui. Potentiellement. Quoique son copain soit, à mon sens, pas une franche avancée mais bref. J’allais garder cela pour moi, il valait mieux. En attendant, elle n’avait pas non plus entièrement tort. Nous avions tout deux un emploi, fini nos études, et même avions un appartement chacun quoique je passe pas mal de temps chez elle. Pour autant, est-ce qu’il fallait en venir à fêter Noël, comme avant, en « famille » ? J’avais fait attention à ce que je doive travailler chaque année depuis l’obtention de mon diplôme pour les fêtes. Rien que pour ne pas penser à cette soi-disant fête familiale. Ça m’évitait de déprimer et de gâcher les fêtes de tout le monde alors… ça valait mieux comme ça. Mais… Mais je voyais le désir de Roxanne de retrouver l’esprit des fêtes cette année et… ça m’emmerdait. Il n’y avait pas d’autres mots. J’arrivais même pas à lui dire non. Quoique je ne lui dise pas oui non plus.

Plongeant ma cuillère dans la glace de ma sœur, je soufflai alors, sans un mot, en l’écoutant. Elle aimait cet abruti de Serpentard. Evidemment. Sinon elle chercherait pas à m’imposer sa présence et elle m’écouterait quand je lui disais qu’il ne pouvait définitivement pas être fait pour elle.
Laissant ma sœur s’installer contre moi, je soupirai alors, profondément.

- Un cadeau ? Tu penses qu’un cadeau me fera venir ? Mmh… Tu penses bien.

Elle avait gagné. Encore une fois, comme trop souvent, je lui avais cédé. Evidemment. A croire que je n’étais pas un homme face à ma petite sœur. Mais son bonheur m’important beaucoup trop pour que je puisse ne pas en tenir compte et… Et elle semblait véritablement avoir envie que nous passions les fêtes en famille… Alors… Soit… Nous les passerions en famille…

- Je te promet pas la venue d’Amy. Elle devra peut-être restée à Poudlard, lâchai-je avant de grogner contre moi-même et cet « indice » lâché sans faire attention avant de reprendre comme si de rien n’était. Par contre je ferais en sorte de venir. Mais il faudra pas m’en vouloir si je suis appelé en urgence à Sainte Mangouste. Tu sais que le vingt quatre y a toujours un manque de personnel et je ne veux pas les laisser dans le mal.

On savait jamais, si ça se passait mal, j’aurais au moins une porte de sortie, même si ça m’obligeait à mentir. J’allais, au moins, faire l’effort de venir, effectivement, ce qui était un sacrément grand pas pour moi, elle le savait.

- Bien fringué ou mon vieux jean suffira ? Plaisantai-je alors avant de reprendre plus sérieusement. Je ferais un effort pour supporter ton Serpentard, Roxy. Mais j’espère que ses paroles resteront dans le domaine du politiquement correct et du respect. Grimaçant alors que mes paroles ressemblaient plus à des menaces qu’un dépôt d’arme je secouai négativement la tête pour me reprendre. Enfin… Ce que je veux dire c’est que… Ok. D’accord, je ne ferais rien et ne dirais rien contre lui. A moins d’un coup d’éclat. Mais… Enfin de toutes façons tu me connais. Mieux vaut qu’il reste tranquille. Et je veux pas vous voir vous rouler des pelles. D’ailleurs il aura une chambre d’amis. C’est clair ?

Là-dessus, je serais intransigeant. Ne serait-ce que pour ma tranquillité d’esprit.

- Bon. T’as d’autres bonbons à voir avant que je fasse un pic de glycémie qui me donne ensuite envie de dormir ? Ricanai-je finalement.

- Je te promet de tenir au moins deux heures. Plaisantai-je ainsi en retour.

Roxanne savait. Je n’avais pas besoin de le lui dire. Je n’aimais pas Noël. Enfin. Non. Je n’aimais plus Noël. Depuis que nos parents avaient trouvé la mort par ma faute, je n’aimais plus Noël. Ça me rappelait beaucoup trop de souvenirs, de bons souvenirs à vrai dire. Mais aussi, par la force des choses, de mauvais souvenirs et surtout un rappel que nous étions orphelins. Par ma faute et uniquement ma faute. J’avais privé ma sœur de ses parents par ma bêtise et ma naïveté et cela… Comment pourrais-je un jour me le pardonner ?

Mais mieux valait que je ne m’enfonce pas dans ce genre de pensées obscures. Ainsi préférai-je parler mode, la questionnant sur le style que je devrais alors adopter alors qu’elle me répondait de la manière la plus moqueuse qu’il soit à vrai dire.

- Pour toi, je dirais pilou-pilou avec supplément bonnet ridicule et pull clignotant, histoire que tu sois couverte. Soufflai-je.

Oh il s’agissait bien là d’une plaisanterie… A moins que cela ne fasse qu’écho à mes demandes concernant son « petit ami ». Chambre à part et aucune réflexion sur rien du tout. A croire que je demandais à ce qu’il n’ouvre même pas les lèvres, à vrai dire. Mouais. Bon. C’était impossible ça, je l’entendais, mais je pouvais, après tout, toujours rêver, ça m’était encore autorisé. D’autant que Roxy ne sembla pas réellement très en accord avec mes demandes. Son regard ne mentait pas. Et ses paroles non plus, d’ailleurs.

- Majeur mais pas raisonnable pour autant. Notai-je en arquant un sourcil. Et je sais que ce que je vois. Je ne l’ai pas vu. J’en sais rien. D’autant que je pars sur une note négative si j’en ai envie.

Ok. Là, ma répartie frôlait les pâquerettes, je l’entendais. Mais à vrai dire… Il était un peu vrai que cette haine à m’en faire pousser des furoncles contre le moindre Serpentard était exagérée. Je le comprenais, ou plutôt je l’admettais. Mais c’était plus fort que moi. Comme vacciné à vie, mon corps même repoussait l’idée d’alliance avec cette maison des enfers. Je travaillais pourtant avec des Serpentard. Je me liais avec des personnes de cette maison peut être même sans le savoir. Mais dès lors que je le savais, dès lors que je l’apprenais, tout changeait alors. C’était seulement un automatisme contre lequel je n’arrivais pas à me battre, déjà bien trop en prise avec d’autres démons.

- S’il dort avec toi, met au moins un traversin entre vous. Sinon je te jure que je vous sépare par un sortilège.

Mon sourire du coin des lèvres ne trompait pas. C’était une plaisanterie… Une demi plaisanterie, d’accord. Mais une chose que, de toutes les manières, je ne mettrais pas à exécution. Je savais qu’il fallait que j’apprenne à faire confiance en le jugement de ma sœur, à défaut d’avoir confiance entièrement en mon propre jugement. Et si elle pensait qu’il était bien pour elle… Hé bien je n’aurais qu’à attendre le moindre de ses faux pas pour que les mots Avada Kedavra ne sortent de mes lèvres. Ni plus. Ni moins.

Dans tous les cas, nous avions terminé nos glaces et elle avait visiblement terminé son tour. Il ne restait donc plus qu’à aller chercher ses bonbons à l’accueil. Soit. Cela, au moins, me permettrait de respirer un air bien moins pollué par ses sous créatures qu’étaient les Moldus… Ou pas. L’arrêt net de ma sœur ne m’indiqua rien qui vaille et j’observai rapidement le stand. Un stand de chocolat… Evidemment… Nous n’en avions encore pas eu… Et vu comme je connaissais ma sœur…

- Attend deux secondes. Soupirai-je profondément en me retenant de passer ma main sur mon visage.

Lui lâchant la main, je n’eus le temps de rien faire qu’elle fonça en avant. Par tous les mages des enfers… Non… En fait, c’était moi qui l’avait amené dans cet enfer moldus… Bordel quelle idée…

- Tu vas faire une indigestion si tu prends tout ça. Soufflai-je comme lorsqu’elle avait 10 ans alors qu'elle ne m'écoutait sûrement même pas. Hé ! Le Mold… Grimaçant je secouai la tête. Vendeur ! Mettez lui deux cent grammes de chaque. Soupirai-je en comptant l’argent moldu qu’il me restait.

Bon. J’allais avoir assez. Parfait. Payant moi-même le chocolat de ma petite sœur, j’attrapai cette dernière par le cou en l’attirant vers moi et SURTOUT vers l’accueil et la sortie.

- Je te jure. Si t’as une indigestion ou que tu te sens malade, je viendrais pas t’ausculter ou te filer une ordonnance. Je te regarderais souffrir avec un grand sourire, t’as compris ? Ricanai-je alors. Bon… C’est où cette connerie d’accueil en vrai ? Grimaçai-je, trop entouré de Moldu.

Putain et l’affluence avait vachement augmenté en plus… On commençait à étouffer là dedans et je devais bien avouer ne pas trop me sentir à mon aise entourés de tout ces non mages dont la mort ne m’aurait paru que plus douce à cet instant.

- Ca te dérange si on sort rapidement ? Soufflai-je ainsi à mi-voix en attirant un peu plus Roxanne contre moi, signe que je n’étais vraiment pas à mon aise. Parce que là je vais faire un meurtre.

Au moins étais-je honnête, même si cela avait été dit sur un fond de plaisanterie puisque je doutais que Roxanne m’imagine capable d’une telle chose… Pourtant déjà fait.