Visite de courtoise

J’étais crevé, vraiment et le fait qu’il n’y ait personne à la boutique n’aidait pas. J’avais pourtant tout nettoyé à fond, remis en rayon les choses. Je tournais en rond et l’absence du gérant n’aidait pas à m’occuper l’esprit. Assis derrière le comptoir, j’avais donc rangé ce dernier, réorganisant la caisse avant qu’enfin, la porte de la boutique ne s’ouvre. Me redressant, j’avais légèrement froncé les sourcils en ne voyant s’avancer personne. Bizarre. Craignant un voleur, j’avais donc finit par faire le tour pour rejoindre l’entrée et le voir lui.

Dans la catégorie, j’ai eu une idée de génie, celle d’emprunter de l’argent à cet homme pour m’en sortir quand j’avais pas encore vraiment de travail, ça avait été pas mal. Mais après, j’avais pu continuer et ne pas finir à la rue, j’avais encore une chance d’avenir, mais… C’était toujours un peu stressant de le voir. Inclinant donc la tête pour le saluer aussi, j’étais déjà plus nerveux, moins à mon aise car sa venue voulait dire une chose, mais ça voulait aussi dire que j’avais pas assez d’argent à cet instant pour payer.

« Monsieur Pete… » soufflais-je alors qu’il s’avançait et le regardant faire. Il passait par là, jouant de chance à me trouver au travaille aujourd’hui. Ce n’était pas une coïncidence, jamais avec cet homme. Il était venu, volontairement. « J’ai eu… J’ai eu quelques déconvenues dernièrement qui m’ont fait louper des jours de travail… » commençais-je refusant de lui mentir, n’ayant de toute façon aucun moyen de le tromper. « Je n’ai pas réalisé qu’on était déjà aujourd’hui, j’ai… J’ai qu’une partie de la somme, je peux prendre des heures en plus cette semaine pour vous donner le complément dimanche ? », mais de là à savoir si je pourrais vraiment avoir ce qu’il faut à temps ?

« J’ai conscience que c’est… C’est pas normal, j’en suis désolé, mais c’est mon premier retard et… Je suis vraiment désolé. », mais de là à ce que ça convienne… Revenant au comptoir, j’avais fini par me baisser pour prendre mon sac et sortir une enveloppe et la poser. Comme à chaque fois, il y avait les montant d’inscrit, avec la date de chaque ajout, « Est-ce que je peux avoir un délais s’il vous plait ? », j’essayais de rester calme, mais en réalité, j’étais vraiment nerveux. Je ne savais pas ce qu’il pourrait faire en cas de retard. Je n’avais jamais voulus savoir.

ft. Hyun-Ki

Visite de courtoise

J’avais une somme, mais pas tout, je pouvais trouver l’argent, mais il me faudrait un peu de temps, vraiment qu’un peu. Sauf qu’un de ses hommes s’approcha pour vérifier, affirmant qu’il manquait un quart de la somme. Conséquent ? J’en doutais pour lui mais pour moi… Reprenant, il affirmait que si il accordait un délai à chaque débiteur il serait à sec depuis longtemps. Alors quoi ? Me redressant légèrement en voyant l’homme de main s’approcher, je fixais le mouvement, l’arrêt qui lui avait été imposé par l’homme d’affaire. Il était d’humeur généreuse, possiblement touché par mes déconvenues, ou y trouvant un intérêt. Demandant alors combien de temps il me faudrait pour compléter, il finit par décider, me laissant jusqu’à la prochaine échéance, une offre qui serait à double tranchant.

Car il y aurait des pénalités et… « Des pénalités de combien ? Ne… Ne serait-il pas possible que je vous rembourse à la fin de la semaine ? Pour limiter les pénalités ? » demandais-je un peu plus inquiet quand à comment je pourrais réunir autant si j’en suivais sa logique. « Je sais que vous ne pouvez pas faire crédit à tout le monde et je suis désolé, mais… Je… S’il vous plait je peux vous rembourser à la fin de la semaine ? », car je voyais les choses venir et je ne pourrais pas, pas autant. J’avais pas les reins solides et…

« Je cumule déjà deux travailles… Est-ce… Si je m’arrange avec l’école, je pourrais me libérer plus de temps et peut-être que je pourrais dépanner pour vous ? Pour vous payer directement. Mais… Un incident peut déjà me mettre dans le rouge, alors un mois de pénalité… », ça reviendrait à… « Je serais obligé de quitter l’école pour rembourser. Je pourrais pas à ce rythme. Ou faire un contrat pour quand je serais vétérinaire… Mais pas un mois d’intérêt. Je vous assure que ça ne recommencera plus. », j’avais… J’avais juste merder et j’avais besoin de finir mes études, sinon je ne pourrais pas vivre de ma passion après, sinon je serais condamné à toujours galérer.

ft. Hyun-Ki

Visite de courtoise

Ok, pas obliger de quitter Poudlard, c’était déjà une bonne chose, mais ça voulait dire quoi et comment ? Avec lui j’avais peur de ces réalités, peur de ce qu’il pourrait attendre et espérer. Car je doutais qu’il soit si généreux qu’il puisse le dire. J’en doutais vraiment. Il pouvait donc me proposer deux choses. La première était une question de perte occasionné… Comme si ça pouvait vraiment exister, mais passons. Il me parlait donc d’une pénalité à 30 pour-cent de ce qui me rester à payer et… Paniquer, oui, bien évidemment, mes yeux s’était complètement dilaté, mes doigts s’agitant comme pour compter à combien ça me reviendrait, pour combien de temps aussi. Et l’idée de juste payer plus longtemps ne me rassurait pas, car ça me faisait prendre des risques pendant encore trop longtemps avec lui.

Et puis il voulait que je remplace des employées malades lors de réceptions quelques heures par mois, mais qui ne changerait rien au final. Il voulait juste des mains, mais ça ne réduirait rien. Trente pour-cent de plus et plus de travail… « Bien monsieur. » soufflais-je en baissant les yeux. J’allais devoir payer encore longtemps ? Ma liberté, mon droit de vivre allait me couter cher pendant combien d’année ? Car qu’adviendrait-il si j’étais moi-même malade sur un jour qu’il voulait ? Combien de pénalité j’allais générer ? Est-ce qu’il y avait une chance que je m’en sorte un jour ?

Non.

J’étais pas plus malin qu’un autre, même en empruntant peu, je ne m’en sortirais jamais.

Alors aller vers une entente ? J’avais horreur de cette idée, celle d’avoir une corde autour du coup, mais ça valait toujours mieux que la mort. Que la violence. « Oui. » soufflais-je simplement en serrant sa main avant de m’en libérer pour le voir regarder la boutique. Lui conseiller un livre sur la comptabilité ? Le commerce ? Fronçant un instant les yeux, j’avais regardé le comptable à côté de lui avant de dépasser le comptoir pour rejoindre le rayon adéquat. « Nous avons ces deux ouvrages assez avancés qui traitent de l’économie moldue et sorcière et la façon de les entre mêler pour avoir un meilleur rendement dans vos affaires. », tendant un premier livre, j’avais prit un autre tout aussi épais, « Et ici la balance des intérêts entre la pierre et le vivant… C’est un essaie économique paru cette année avec les tendances actuelles. », mais reposant sur des façons de faire honnête…

ft. Hyun-Ki

Visite de courtoise

Les bases de l’économies ? Pour des novices ? Fixant à nouveau son comptable, je ne comprenais vraiment pas pourquoi il avait besoin de ça, mais je le fis, car il me le demandait et je ne voulais pas le provoquer en lui demandant pourquoi. De toute façon ça ne me regardait pas. Lui conseillant donc l’un des ouvrages les plus basique, tellement qu’il était utilisé en cours, je finis par l’encaisser, regardant les gallions en plus sans oser vraiment les prendre. Je n’arrivais pas à saisir cet homme, je n’arrivais pas à comprendre ses intentions, mais je devais m’y faire, je n’avais pas le choix.

Il se devait de payer mes services, mes conseils éclairés, appréciant de faire face à de bon employé. C’était donc vraiment pour moi et… Voyant le livre se faire reposer sur le comptoir, je compris enfin. C’était une menace sous couvert de bienveillance. Je devais lire ce livre pour comprendre les conséquences d’un retard. Il… Les yeux baissaient, j’avais envie de m’insulter d’être aussi friable dans ses mains, mais je ne devais pas bouger, j’avais assez lutté pour ma vie pour craindre une réaction de sa part. « Merci… », dire que ça ne recommencerait serait sans doute une provocation, car c’était à la fois le message, mais aussi un espoir chez lui je suppose. Provoquer ces situations pour appuyer chaque jour un peu plus la dette et ne jamais m’en libérer.

Et puis deux questions. Est-ce que je savais faire autre chose que servir ? Il pourrait me trouver un poste plus agréable et… Je voulais le voir mettre le nez dans la musique ? Oui et non. Car j’avais peur qu’il m’en prive autant qu’elle rendrait ça plus facile. Tout comme mentir serait mal avisé, il devait déjà parfaitement savoir si il savait que j’étais serveur. C’était qu’il savait aussi ce que je faisais avant mes services. Quant à la suite ? Elle me fit relever les yeux. Il voulait vraiment que… Je pourrais jeter quelqu’un dans ses griffes ? Non. Absolument pas et un rapide état des lieux de mes connaissances me fit réaliser que je n’avais heureusement, personne dans le besoin, personne à présenter. « J’y penserais quand quelqu’un évoquera son besoin de travailler… », ce qui voulait bien dire que je n’avais personne pour l’heure.

Quant à moi ? « Et je pense que vous savez que je joue et chante régulièrement pour les Trois balais ou à la demande d’autres clients… Je sais jouer de nombreux instruments… Je sais m’occuper d’animaux. », mais il savait tout ça, il en savait bien plus. Mais… « Et j’apprends au besoin. », car j’avais nécessairement fini par commencer de zéro. Je n’étais rien, je ne savais rien faire avant de commencer, mais j’avais toujours su mettre tous les moyens en oeuvre pour ça. Quitte à finir avec une corde autour du cou comme ici. Je ne voulais simplement pas de violence, car je ne saurais pas faire avec elle, car je ne pouvais pas faire avec elle sans revivre des choses qui me paralysaient. Que pervertirait-il ?

ft. Hyun-Ki

Visite de courtoise

Il remerciait bien ses recruteurs… C’était définitivement ça et je ne pouvais pas, vraiment pas faire ça. Même pour m’en sortir. J’étais hors des conflits, mais prendre le risque de condamner quelqu’un ? En pleine conscience ? Non. Je n’étais pas cruelle et je refusais de faire tomber d’autres dans ma chute car j’avais choisi cela. C’était mon problème, uniquement le mien. Et puis, mes autres talents ? Il savait déjà, j’en étais sur et ce même si il disait le contraire. Mais il allait y mettre le nez, c’était une évidence.

Il aimait les gens qui apprenaient vite, et il allait me faire envoyer des partitions à apprendre pour les différentes soirées puisque je pouvais le faire. Rien de difficile, mais dans sa bouche ça me promettait des nuits blanches. Des soirées longues aussi, car en plus de faire la musique, j’allais bien assurer le service après. L’art ne remplaçait pas la main d’oeuvre et personne ne pourrait s’occuper des invités à ma place. « Bien sûr. », mais avec lui…

Guitare et violon donc ? J’aurais été plus à l’aise avec un piano et après une seconde, je me permis ce constat, « Je… Je ne connais pas la nature de vos réceptions, mais le piano ne… Enfin ne s’y prête pas davantage ? », quant à chanter avec du violon… J’avais aucune idée de comment j’allais m’en sortir, la position de jeu bloquant presque naturellement les cordes vocales, mais pourrait-il m’entendre ? « Mais je joue des deux… », soufflais-je finalement en baissant la tête. Mes problèmes n’étaient pas les siens, il faudrait être idiot pour ne pas l’avoir comprit.

Un de ses hommes se glissa alors derrière le comptoir, me faisant froncer les sourcils alors que lui reprenait. Quand serais-je prêt ? Et ne pas m’inquiéter du passage de l’homme ? « Ça dépendra du nombre de partition… » soufflais-je sans défaire mon regard et… Deux semaines ? Aussi possible qu’impossible en fonction de ces demandes. « D’accord… », il me fournirait le costume, on viendrait me chercher ici et… Ne pas oublier avec qui il était le plus généreux. J’avais compris, c’est bon, mais… Non, je ne pouvais pas et heureusement, je ne connaissais personne dans cette situation.

Quant aux questions ? Je doutais qu’il puisse vraiment être disponible à quoi que ce soit. Je doutais qu’il puisse vraiment avoir du temps ou la patience pour qui que ce soit, mais il devait compter sur ma compréhension. « Non monsieur… », mais au vu du prix que je venais de payer, je ne pourrais plus jamais faire la moindre erreur. Je ne devrais plus oublier qui j’étais et comment j’étais arrivé là. La musique était mon avenir, mais tout perdre serait stupide, surtout comme ça. Surtout aussi prêt de toute libération. Il ne devait pas, il ne pouvait pas. Je lui avais laisser trop de largueurs, trop de possibilités déjà. Il n’aurait rien de plus… Il ne devait pas avoir plus, car je ne pouvais pas passer ma vie attacher à lui…

Même si il saurait comment faire, même si je savais qu’il finirait par resserrer d’une façon ou d’une autre la corde autour de mon cou.

ft. Hyun-Ki

Visite de courtoise

Son pianiste était trop bon pour qu’il puisse vouloir le remplacer, ça serait donc sur un instrument que je maitrisais, mais pas celui de coeur que je devrais travailler, bien, hochant la tête, je repoussais une nouvelle fois sa proposition de vendre une connaissance à lui. Mais j’étais un brave garçon et dans sa bouche ça ne pouvait que sonner mal… Mais je n’étais pas en position de répondre, de me battre. Je devais juste baisser la tête et l’écouter me dire que je m’en sortirais, ce qui ne serait pas si simple avec lui dans mon sillage. Pas aussi facile quand il était dans mon ombre, capable de me poignarder à tout moment. « J’espère. » soufflais-je malgré tout avant qu’il initie un départ.

Une bonne journée… Oui, elle ne pourrait que s’améliorer avec lui en moins, ça ne pourrait que s’arranger. « Ça ne saurait tarder. » assurais-je alors qu’il quittait les lieux et que… Sérieusement ? Il… Reculant légèrement en sentant mon coeur se serrer, je regardais les lieux se faire saccager avant qu’il ne quitte la boutique… « Faut être sacrément con… » soufflais-je en réparant tout d’un coup de baguette magique. Oui. Il fallait être con et limité, mais dans les faits, j’avais peur, peur que cette violence puisse un jour m’atteindre et me mettre à terre.

J'avais un sursit, aucune idée de si la menace avait été validée ou non, mais elle demeurait réelle. Je ne pouvais pas recommencer, ou si je le faisais, je gagnerais les deux. Car il ne pouvait pas souhaiter que je m'en sorte, que je rembourse sans me vautrer. C'était justement dans les intérêts qu'il y gagnait le plus. Dans eux et dans ce qu'ils pouvaient générer.

ft. Hyun-Ki