Agnela trouvait beaucoup de plaisir à s'éveiller le dimanche matin. C'était une journée de repos qu'elle s'autorisait à prendre en partie, pour se détendre un peu avant de repartir dans sa semaine ; et ce matin-là, alors qu'elle s'éveillait sous la douce caresse de la lumière de l'astre doré, elle bailla avec enthousiasme et bonne humeur.

Il fallait dire que la perspective de voir son amie Nedylène aux Trois-Balais lui donnait du baume au cœur : après ses efforts pour mieux comprendre son grand-oncle Altair, l'apparition brève mais alarmante de Poudlard aux yeux des moldus et ses préparatifs à l'inauguration de sa salle de discussion - sans même parler de son travail scolaire quotidien et de ses devoirs de préfète - elle avait grandement besoin de se changer les idées.
Et pour cela, Nedylène Amara était la fille parfaite. c'était le genre de fille qui "ne se prenait pas la tête", et que son père détesterait. Elle se fichait bien réussir en cours, et semblait aussi flamboyante que son abondante chevelure carotte.

Ce fut pourquoi l'adolescente bondit de son lit avec entrain, s'habillant d'une robe d'un beau velours pervenche au col de dentelle, et qui lui arrivait aux genoux, dévoilant des jambes minces enroulées dans un seyant collant fantaisie dont les nœuds semblaient onduler avec grâce à chacun de ses mouvements.
Elle petit-déjeuna avec appétit de plusieurs toasts recouverts de confiture, d'oeufs, le tout copieusement arrosé de thé vert ; avant de repartir dans son dortoir méditer une bonne demi-heure.

Le reste de sa matinée fut consacré à ses leçons à la bibliothèque, avant que l'heure de la déloge. Enfin ! Bientôt Pré-au-Lard !

La Sang-Pur ne tenait plus en place. Ah, sortir de Poudlard et oublier quelques soucis le temps d'un après-midi lui ferait le plus grand bien !
Ainsi, elle avala son déjeuner en vitesse, en oubliant pas de laisser un petit mot de remerciement aux Elfes de Maison pour leur délicieuse pintade à la courge accompagnée de leurs pâtes à la sauce aux champignons ; et, enfin, après avoir pris sa cape d'hiver et une bourse emplie de gallions, fila directement au village sorcier.

Elle était ravie de passer enfin un peu de bon temps, et arriva en trottinant presque au Trois Balais, où elle prit une table près d'une fenêtre, un sac de chocolat dans les mains, qu'elle déposa devant elle.
Enfin, l'adolescente ouvrit un bon livre, et commença sa lecture : son amie arrivait souvent en retard. C'était ainsi, il fallait s'en accommoder. Ce n'était pas si grave !

Agnela soupira.

Elle avait finit par commander un bon thé chaud, à la saveur de mélasse, et le savourait en guettant l'arrivée de son amie par la fenêtre. Le temps se faisait décidément trop long ; et elle allait se redresser pour envoyer un hibou à Nedylène, lorsqu'elle la vit courir dans les rues, le visage rouge et la respiration hors de contrôle.
La jeune fille pouffa de rire, se rassit sagement à sa table, et lui fit un petit signe de la main, tandis que son amie entrait enfin dans l'établissement.

Elle écarquilla cependant les yeux, alors que cette dernière s'approcha, et ne put réprimer une moue amusée se dessiner sur son visage lisse et pâle, que les boucles noires de ses cheveux rendaient plus intenses encore. La cinquième année était habillée comme un véritable clown, complètement de travers, et ce, après midi ! Elle fixa les boutons de sa veste, sa coiffure totalement inexistante, le morceau de culotte qui dépassait de sa poche , avant de secouer sa tête. C'était tout Nedylène - parfois, elle avait l'air complètement folle, comme si elle sortait d'un asile.

- "Salut ! Assieds-toi, je t'attendais. J'ai pris du thé, mais tu peux prendre autre chose si tu as envie."

La moscovite garda le silence quelques secondes. Elle lui parlait de son accoutrement ou pas ? C'était un peu compliqué, car elle ne voulait pas non lus la vexer, mais... son père serait-il d'accord qu'elle fréquente la gryffondor s'il la voyait maintenant ... ou si on lui rapportait que sa fille trainait avec des filles ayant l'air de clochardes ?

- "Dis donc, qu'est-ce qui s'est passé ? Tu as eu des soucis ? ... tu n'as pas dû avoir le temps d'emmener ton linge à la laverie, c'est ça ? C'est vraiment horrible, cette grève ! Je n'aurai jamais imaginé que des Elfes de Maison puissent se rebeller comme ça... enfin, bref. C'est quoi cette tenue ?!"