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#15170 -


Dernière édition par Altair Dolohov le Sam 28 Oct - 2:41, édité 1 fois

Et bien... vous savez où est mon bureau, n'est-ce pas ?
Deux semaines plus tôt

Toc, toc, toc

La plume à papote d'Altair s'arrêta en l'air alors que le sorcier se taisait à l'annonce d'un élève. L'écartant pour qu'elle retourne dans l'encrier, le sorcier invita la personne à entrer. La porte était entrouverte, comme chaque fois qu'il était dans son bureau, prêt à accueillir des élèves en mal de conseils ou en besoin d'aide, mais cette fois-ci, aucun bruit de porte ne suivit son invitation. Après une seconde de silence, il réitéra son appel mais sans plus de réaction. Pariant sur un petit plaisantin, et n'ayant aucun désir d'en faire la chasse, Altair se remit à la tâche de corriger les devoirs de ses deuxièmes années de Droit et Sécurité.

Les minutes défilèrent au rythme des enchantements de parchemin pour qu'il puisse lire les devoirs et de l'élévation de sa voix pour attribuer une correction via sa plume à papote jusqu'à ce que...

Toc, toc, toc

Altair termina sa dictée orale -juste finir sa phrase- avant d'inviter la personne qui frappait à entrer. Cette fois-ci, la porte s'ouvrit.

- Excusez-moi professeur Dolohov, il y a une cage avec un chat devant votre bureau.

Altair haussa un sourcil puis les fronça.

- Je vous demande pardon ?
- Un chat, un petit, dans une cage. C'était devant votre porte.

- Ca doit être une erreur.
- Je ne pense pas monsieur, le chat porte un collier avec votre nom et y a un papier avec.

- Montrez-moi.

L'élève, l'un de ses anciens élèves de M2 journalisme de mémoire, lui donna le papier qu'il ensorcela pour lire ce qui était écrit dessus. Chacun a droit à une seconde chance, professeur Dolohov ! Une seconde chance ? Qui ? le chat ou lui ? Se levant, Altair activa son Sonarcier, captant la disposition de son bureau et l'attitude nonchalante de l'étudiant.

- Je vois. Pouvez-vous le rentrer à l'intérieur Mr Fawkes ?
- Ouais, bien sûr professeur.


Contournant son bureau, Altair rejoint le garçon qui avait rentrer la cage du chat dans son bureau. Il le remercia avant qu'il ne s'en aille puis s'accroupit face à la cage. Une seconde chance... Il ne savait toujours pas à qui cela faisait référence mais il commençait à avoir ses soupçons sur la personne qui lui avait offert cette boule de poil. C'était une situation assez étrange dans laquelle il se trouvait. Il avait eu des cadeaux à une époque, et une chouette quand il était allé à Poudlard. Elle était morte il y a bien longtemps et cela faisait un moment que des cadeaux n'avaient pas obscurcit sa porte. Il recevait toujours quelque chose pour Noël, de la part de ses neveux & nièces mais jamais de cadeau de cet acabit ou de ce genre particulier. Offrir un animal, ce n'était pas un cadeau à la légère et il ne savait comment le traiter.

Pragmatique - et en occlusion permanente- il décida d'ouvrir la cage avant de présenter sa main. Une petite truffe humide vint effleurer sa main avant de s'y coller avec insistance. Retournant sa main, il montra sa paume à la petite bête qui se frotta aussitôt dessus, roulant presque sur elle-même. L'affection du chat lui était manifestement assuré.

- Qu'est-ce que je vais bien pouvoir faire de toi ?


Miou

Ron, ron, ron.

L'ambiance sonore était la même depuis deux semaines, hormis quand Altair faisait mine de s'éloigner et où un concert de miaulements juvéniles succédaient au ronronnement de fond. L'apprivoisement mutuel n'avait pas été aisé. Peu habitué à vivre en compagnie de qui que ce soit, Altair devait désormais se résigner à emmener la petite chatte de son lit à son lavabo tous les matins au risque de subir des miaulements plaintifs et désespéré pendant le temps de sa douche, dormait définitivement avec une bouillotte toutes les nuits, et était accaparé chaque fois qu'il avait malheur de s'assoir par une petite chatte venant se rouler en boule sur ses jambes.

Ron, ron, ron.

Aller faire cours avait été véritable parcours du combattant, il avait dû l'enfermer dans sa chambre le premier jour pour pouvoir réussir à sortir, avait mesuré le soir à quel point ça avait été une mauvaise idée. Après une discussion à sens unique où il avait été question du respect des biens d'autrui et de la menace de privation de thon en boite dont les elfes adoraient la gaver, la suite avait été plus tranquille. Elle semblait accepter petit à petit l'idée qu'il s'en aille tous les matins et reviennent chaque soir après le diner, avec un petit quelque chose pour elle, et le collait jusqu'au matin. Quand elle n'avait pas de quart d'heure de folie, il l'emmenait dans son bureau pour les heures de bureau, comptant sur un sortilège de silence pour la faire taire dès l'arrivée d'un élève et éviter l'humiliation d'être vu caliné par un chat.

Ron, ron, ron.

Evidemment, quand sa petite-nièce Dolohov avait eu vent de l'existence de son chat, elle avait envoyé un nombre disproportionné de jouet pour chat qui contraignait Altair à ne plus jamais désactiver son Sonarcier -sommeil excepté- au risque de trébucher ou de glisser sur quelque chose au détour d'un canapé, et un nombre encore plus conséquent, si ça voulait dire quelque chose, de propositions de prénoms pour le chaton. Pour éviter un déluge supplémentaire de prénoms, Altair avait arrêté son choix sur le premier nom de la liste, Cléopâtre.

Ron, ron, ron.

Au fond de lui-même, il ne pouvait s'empêcher de s'attendre à une fin proche. Il n'avait pas l'habitude des cadeaux désintéressés, pas depuis longtemps, pas en dehors de sa petite-nièce, encore moins de gens extérieurs à sa famille. Cependant, si ses soupçons étaient fondés -et il avait eu beau chercher, il ne voyait pas qui cela pourrait être d'autre- la dite personne s'estimait faire parti de la famille après tout. Qui sait si ce n'était pas elle qui demandait une seconde chance ? Mais il ne pouvait s'empêcher de s'attendre à ce qu'elle vienne la réclamer, la récupérer. Il ne pouvait même pas prendre ses distances pour ne pas trop s'attacher, Cléopâtre ne le lâchait jamais. Il s'était donc résigné à sa présence et au vide indubitable dont il souffrirait à son départ. Pour le moment, il en profitait un peu. Si la lettre du Seigneur Wellington était exacte, il ne comprenait certainement pas pourquoi elle n'était pas déjà venu la sauver de lui. Mais qui savait exactement ce qu'il lui avait raconté. Lui qui s'était attendu à une série de reproches en règle et à l'expression de son dégoût et de sa haine, n'aurait jamais parié sur l'offre d'un chaton et un silence retentissant. Quelque part, il valait mieux que cela reste ainsi. Il appréciait son geste mais les secondes chances n'étaient assurémment pas pour lui - Cléopatre était définitivement trop jeune pour avoir fait quoi que ce soit qui méritait de réclamer une seconde chance- et elle en était manifestement arrivée à la même conclusion si le vide de son bureau était une réponse. C'était mieux ainsi. Elle lui avait offert une compagne de paix, plus qu'il n'en méritait sans aucun doute, et lui épargnait ses récriminations et ainsi chacun faisait sa vie de son côté avec sérénité. C'était bien plus qu'il ne s'attendait de la part de qui que ce soit.

Ron, ron, ron.
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#15192 -

Et bien... vous savez où est mon bureau, n'est-ce pas ?
Dans le présent...



Agnela soupira.

Accoudée au mur qui jouxtait l'entrée du bureau de son grand-oncle depuis cinq bonnes minutes, elle se redemanda pour la énième fois ce qu'elle faisait ici.
La cause en était simple en apparence, puisque la jeune fille avait dû manquer le cours de droit hebdomadaire en raison de son incident ; mais elle savait en son fort intérieur que ce n'était qu'un prétexte.

La vérité était toute autre. Après avoir fini par écrire à son père, la réponse qu'elle en avait reçu le lendemain ne l'avait pas véritablement surprise. Elle n'était pas sans connaitre la sinistre histoire de son propre nom, du passé sanglant et intransigeant de ses ancêtres, grand-père compris. Et si elle savait qu'Antonin avait péri à Azkaban, Altair était, lui, plus méconnu des annales.
Apprendre qu'il avait été mangemort, qu'il avait été, lui aussi, en prison, que sa tante avait plaidé sa cause auprès du magenmagot était évidemment troublant, voir effarant ; et puis l'adolescente avait réfléchi, sans pouvoir trouver le sommeil dans son dortoir.

Madame McGonagall l'avait employé.

Plus que n'importe quel témoignage, ce simple fait suffisait à la tranquilliser. Bien que cette dernière n'avait pas accepté de lui dire en quoi son professeur était digne de confiance -ce qu'elle pouvait comprendre, mais ce qui était un peu frustrant-, il fallait reconnaitre que la Directrice de Poudlard avait accordé à son grand oncle cette seconde chance, cette vie honorable et respectée de professeur de la jeunesse sorcière ; ce qui était évidemment le premier des gages de sécurité.

Alors la jeune préfète s'était demandée comment créer un lien entre eux deux. Comment mieux le connaitre, comment connaitre son histoire sans le harceler, sans se heurter au mur de pierre qu'il lui avait exposé à sa première tentative. Il avait dû vivre des choses affreusement difficiles, et peut-être redoutait-il l'ire de ceux qui étaient prompts à le juger pour ses actes ? Cela expliquerait sa méfiance, et sans doute sa réticence à lui parler. Son père n'était pas enthousiaste, par ailleurs, à l'idée qu'elle rencontre à nouveau son grand-oncle ; ce qui rendait la chose d'autant plus compliquée.
Finalement, la jeune fille avait essayé de se mettre à la place de son père. Un Ambassadeur savait envoyer un message de paix, un symbole à même d'offrir peut-être un peu de joie à cet homme qui lui avait paru si froid ; et elle fila dans la première boutique de Pré-au-Lard qui vendait d'adorables animaux de compagnie que l'école acceptait. La moscovite trouva rapidement un adorable petit chaton gris et blanc, au caractère extrêmement câlin. A coup sûr, il lui serait d'une agréable compagnie, sans aucune méfiance possible - un être doux et pur, qui ne pourrait jamais le trahir, lui qui avait traversé tant de terribles épreuves avec un monstre.

Elle acheta le plus ravissant des rubans dorés, lequel était calligraphié au nom de son professeur de droit, rajouta, de son écriture élégante, un bref message qu'elle ne signa pas.

"Chacun a droit à une seconde chance, professeur Dolohov !"

Vite, Agnela déposa la cage du chaton, en lui jetant un regard tendre, frappa à la porte austère, et fila à petits pas, en restant espionner au détour du couloir, pour vérifier que l'animal arrivait bien à destination.

Puis la vie reprit son cours. A dire vrai, aller en cours de droit était particulièrement difficile ; mais il suffisait de se plonger dans les études, dans les devoirs, dans ses habituelles tournées de surveillance du dortoir et des couloirs, en soirée durant le couvre-feu. Mais bien que la vie la happa, elle ne pouvait tirer un trait sur toute cette histoire.
Par delà la mort, par delà la souffrance qu'il avait causé, Vous-Savez-Qui détruisait encore des familles entières !
En faisant régner la méfiance et la peur, en forçant des enfants à se méfier de leur grands-parents, il était toujours vivant, d'une certaine manière.

Et il était temps que sa propre famille en fasse le deuil, et qu'ils apprennent enfin à se tourner vers le futur. Toute la question était comment, car elle ne pouvait pas faire irruption à nouveau pour exiger de le connaitre. Il avait des raisons d'en vouloir à sa famille qui lui avait tourné le dos ; comme il avait gagné le droit au repos. Plus clairement, la jeune Serdaigle se rendait compte qu'elle s'y était mal prit ; que peut-être, jamais, il ne verrait en elle une quelconque parente.
C'était un constat douloureux, mais à nouveau, les jours passèrent, et sa chute lui fit oublier momentanément toutes ces histoires qui la dépassaient un peu.

Agnela dut passer quatre jours à l'infirmerie, où elle put enfin recouvrir ses souvenirs et soigner sa cheville cassée. Tout se terminait bien - ou pas tout à fait. Si tôt dans l'année, voilà qu'elle avait raté un de ses cours les plus importants, ce qu'elle ne pouvait se permettre.

Ce fut donc avec un peu d'embarras qu'elle se résigna, à nouveau, à venir frapper à la porte de son professeur de droit, les joues empourprées d'une rougeur vive, qui couvrait même ses oreilles.

La porte était entrouverte, et elle entra à petits pas.

- "Professeur Dolohov ? Pardonnez-moi de vous déranger. J'ai été absente durant votre derniers cours, et je crois bien que j'aurai besoin de rattrapage. Est-ce que vous pouvez m'aider, s'il vous plait..?"

D'un oeil un peu distrait, la moscovite chercha le chaton du regard, et son doux ronronnement l'apaisa presque instantanément. Il avait gardé le chat et semblait bien s'en occuper ; tout était alors pour le mieux.




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#15376 -

Et bien... vous savez où est mon bureau, n'est-ce pas ?
S'attendre à ce que les bonnes choses ne restent pas, cela s'apprend.

L'ambiance apaisante qu'émettait Cléopâtre fut soudainement par une voix retentissant dans son bureau, lui faisant brutalement relever la tête. Trop absorbé par ce qu'il faisait et bercé par le ronronnement apaisant de Cléopâtre, il avait oublié la possibilité qu'un élève puisse entrer... et avait-il vraiment pas perçu le frappement à la porte ou son intruse s'en était-elle passé ? Qui oublie de frapper avant de s'annoncer ? Surtout lorsque le professeur est aveugle. Une inspiration profonde fut prise pour abaisser la tension suscité par l'intrusion surprise de la jeune Agnela Wellington, puisque c'était elle. Comme par hasard, au moment où il ne s'attendait plus à sa visite, elle venait lui rendre visite. Pour les cours évidemment. Il avait, en effet, reçu une note de l'infirmier justifiant son absence lors de son dernier cours mais n'y avait guère prêté attention. Son Occlumencie prenait toutes ses émotions ses derniers temps, il avait l'impression de sombrer chaque fois qu'il relâchait la pression, cela faisait longtemps qu'il ne s'était pas senti aussi déstabilisé sans, il évitait donc complètement de se relâcher, même avec Cléopâtre même si elle lui rendait ses journées douces. Il s'était interrogé sur ce qui avait pu causer une telle blessure qu'elle entraine son absence en cours, mais entre les mains de l'infirmier de Poudlard, Altair n'avait guère de doutes qu'elle serait présente à son prochain cours. Dans le cas contraire, il aurait certainement vent de la gravité et des circonstances de la dite blessure. Sa présence, cependant, prouvait qu'il avait eu raison de ne pas s'inquiéter outre mesure.

Fermant la porte de sa baguette magique, Altair prit conscience que sous la surprise, il avait oublié de jeter un sortilège de mutisme sur le chat. Trop tard sans doute, elle avait déjà dû l'entendre et si, comme il le soupçonnait, elle était à l'origine de sa présence dans sa vie, alors elle connaissait déjà son existence auparavant, aucune raison de la cacher. Soupirant, il passa une main sur son dos, car elle avait planté ses griffes dans sa jambe sous le coup de son mouvement brusque, pour la détendre de nouveau. Puis il fit signe à la jeune fille de s'installer en face de lui. Rattraper son retard. S'attendait-elle à ce qu'il lui donne ses notes de cours ? N'avait-elle pas de camarades chez qui se renseigner ? Le dernier cours était, après tout, la suite de ses cours traitant du Code International du Secret Magique, rien qu'elle n'aurait pas pu elle-même rattraper. La pensée le figea brièvement avant de décaler complètement le devoir qui se tenait devant lui. Etait-ce une excuse pour venir le voir et réclamer de récupérer Cléopâtre après tout ? Ses lèvres se pincèrent à cette perspective mais il lui laissa le bénéfice du doute.

- Nous avons traité de la question du Code du Secret, Miss Wellington, au travers des conséquences qu'il a eu sur les politiques de différents pays. Je suis sûr que vos camarades ont prit des notes là-dessus, n'ont-il pas pu vous les passer pour vous permettre de rattraper votre retard ?
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#15385 -

Et bien... vous savez où est mon bureau, n'est-ce pas ?
Dans le présent...



Agnela se mordit la lèvre en voyant le professeur aveugle sursauter.

Elle pensa, un peu tard, qu'elle aurait certainement dû frapper, et finalement, s'avança d'un pas hésitant jusqu'à la chaise en face du bureau, où elle s'assit en silence. Elle avait le sentiment d'avoir fait une terrible erreur en se permettant de revenir : il n'y avait qu'à en voir le visage fermé et tendu de son grand-oncle pour en déduire qu'il la détestait purement et simplement.

Et elle ? Avait-elle droit à une seconde chance ?

La réponse de son interlocuteur l'assombrit un peu plus. La préfète sentait son cœur battre la chamade, l'amertume et la déception l'envahir lentement, et elle s'autorisa quelques instants pour fermer ses yeux, et laisser l'occlumencie masquer ses émotions, les recouvrir d'un voile de magie et de calme superficiel.
Que faire d'autre ?

La jeune fille finit par reprendre la parole, déposant son parchemin sur la table, comme pour justifier désespérément sa présence.

- "Eh bien... Les autres élèves n'ont pas de notes de qualité, et vous aviez dit que étiez disponible pour aider ceux qui en avaient besoin en droit. J'ai conscience que je ne dois pas rater un cours, et je voudrais vraiment faire de mon mieux pour exceller en droit, professeur. Mais..."

Il fallait dire la vérité. Cela ne servait à rien de chercher à se dissimuler sous des faux-semblants ; une préfète ne devait pas s'y abaisser, et encore moins une Wellington et une Dolohov.
Elle serra doucement ses lèvres, très droite contre le dossier de sa chaise, la respiration encombrée d'un asthme naissant, et serra sa baguette entre ses doigts.

- "Mais je ne suis pas venue que pour ça. Je sais que vous êtes en heure de travail, alors, je vous demande juste quelques minutes, au milieu de ce que vous jugerez bon de m'indiquer comme lecture à faire pour rattraper mon retard, si vous voulez pas perdre plus de temps avec moi. Je... Père m'a raconté votre passé, même s'il n'a pas donné beaucoup de détails. Mais je sais... Je me doute qu'Azkaban a dû être un moment terrible, et je sais aussi que si la directrice vous a demandé d'être professeur ici, c'est qu'elle vous faisait confiance. Je viens juste vous demander... si vous pouviez me dire ... votre version de l'histoire. Comment... vous l'avez vécu. Les professeurs nous disent toujours d'être curieux et de nous renseigner... Et c'est ce que... j'aimerais faire, si vous le permettez. Tout le monde a le droit.. à une seconde chance."

L'adolescente baissa la tête. En réalité, la vérité ne l'avait pas changer d'avis, même apprendre que son grand-oncle avait été mangemort et avait mérité ses années à Azkaban l'avait touché.
Néanmoins, cela renforçait sa détermination à redevenir une Dolohov, à faire briller à nouveau ce nom de la pureté des justes, et à se battre pour qu'il redevienne un nom synonyme de bonté et de loyauté.

- "Père m'a autorisé à venir vous voir, professeur. Je vous le promets. Je crois qu'il n'y a pas de bonne manière de poser des questions, mais j'aimerai vous dire que ça ne change rien à mes yeux. Le passé est derrière nous maintenant."

Agnela reprit son souffle. C'était sans doute vain, idiot, stupide : mais peu importait ce que les autres en pensaient, ce que son père et son oncle en disait.
Elle était aussi obstinée que ses géniteurs ; mais peut-être un peu plus naïve.

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#15390 -

Et bien... vous savez où est mon bureau, n'est-ce pas ?
Attendre le pire permet d'apprécier le meilleur. Ou de douter de son existence.

Si ça, ce n'était pas un retour de bâton en règle, Altair ne savait pas ce que c'est. Il se retrouvait correctement et justement châtié pour sa méfiance. Son bureau était, en effet, ouvert à tout élève qui en avait besoin et il s'enorgueillissait d'être disponible pour tout problème d'ordre scolaire. Il était donc parfaitement justifié qu'elle soit présente ici. Elle semblait presque peu sûre d'elle, peu sûre de son accueil. C'était en parti justifié pour des raisons privés, mais son intégrité professionnel était fâché que sa méfiance naturelle ait mis la jeune fille dans une telle position de gêne. C'était son droit, après tout, de vouloir des notes de la source des cours et pas une version qu'elle estimait manifestement biaisée de ses camarades. C'est-à-dire jusqu'à ce que sa voix se suspende sur un "mais", toute son attention se dirigeant vers l'attente de la suite, comme si un couperet allait venir lui trancher la tête.

Pas venue que pour ça. Son cerveau sauta immédiatement sur la présence de Cléopâtre sur ses genoux. A moins qu'elle ne souhaite lui faire comprendre de manière plus verbale qu'elle retirait sa proposition d'apprendre à le connaitre... Sa prévenance concernant son propre temps normalement consacrés aux travaux scolaires résonna presque sourdement. Il était vrai qu'il l'avait corrigé là-dessus la dernière fois et si cela était toujours... valide, cela avait été surtout brandi comme une manière de la faire reculer, ne pas exiger de lui des réponses qui n'étaient pas de son ressort de formuler. Mais depuis, les choses avaient changés, si la lettre de son paternel était quelque chose à prendre en compte. Une autorisation à lui parler, la demande de la considérer comme toute élève et, parce qu'il restait un bâtard de Wellington jusqu'au bout, une menace. C'était de bonne guerre à défaut d'être de bon goût. Il laissa, cependant, la jeune fille poursuivre, croyant à peine ses oreilles en comprenant que sa confiance en lui se basait sur sa confiance en la directrice -dont il était certain d'être très éloigné en terme de croyances idéologiques- et qu'elle avait comme... de la compassion pour lui. C'était sa jeunesse qui parlait, sa naïveté, sa croyance qu'il avait changé depuis ce temps-là. Elle pouvait difficilement avoir plus tort. Il y avait bien peu de choses qu'il ferait différemment s'il pouvait refaire sa vie et sa position dans la guerre n'en faisait pas parti. Il avait fait de son mieux pour survivre en jouant un équilibre fin entre le soutien et l'absence de fanatisme, et il n'aurait pas eu sa place dans aucune résistance possible, notamment parce qu'ils se défendaient pour un monde qui n'était pas le sien.

La supplique de la jeune Wellington clôtura son plaidoyer. Non pas qu'elle en aurait eu besoin. Il la croyait, bien évidemment, d'autant plus qu'elle ne semblait pas savoir que son père lui avait écrit. Ou elle jouait particulièrement bien l'ignorance. Une partie de lui ne pouvait se débarrasser de l'impression que tout ceci était orchestré par les Wellington même s'il ne pouvait voir ce qu'ils auraient à gagner à part l'atteindre lui. Il ne ferait jamais rien qui ne mettrait en péril sa famille après tout. Il leva la main pour l'empêcher d'en dire davantage, il l'avait certainement pas besoin qu'elle s'humilie devant lui, mais il semblait qu'elle avait déjà terminé. Inspirant profondément, Altair baissa la main et s'arma de sa baguette pour accomplir un sortilège d'attraction sur ses fiches du dernier cours qu'il retourna pour qu'elles soient lisibles pour la jeune fille.

- Une chose après l'autre, cela fait longtemps que je n'ai pas fait d'heures supplémentaires après tout. Comme vous le pouvez le voir, nous avons surtout étudier la manière de s'adapter de la Chine à travers la gestion des dragons, celui des Etats-Unis qui se sont construits essentiellement sur le Code, et le Brésil où les communautés ont eu beaucoup de mal à tracer une frontière entre moldus et sorciers, c'est encore le cas aujourd'hui. Les références dont vous pouvez avoir besoin se trouvent en bas de la page, vous devriez pouvoir les trouver assez facilement à la bibliothèque. Je vous laisse copier ce dont vous avez besoin, j'ai une plume à papote si vous préférez la laisser travailler pendant que nous discutons de sujets plus... personnels.

Altair se laissa aller contre le dossier de son siège, sa main gauche caressant le bas de son menton, envisageant différentes manières de prendre les choses. Il balaya immédiatement la possibilité de confirmer qu'elle n'était pas là pour reprendre Cléopâtre, ce serait trop d'informations à donner, son soulagement, le nom, son attachement, ses insécurités. Elle était une gamine, trop de pouvoir, trop de responsabilités et il se retrouverait submergé. Il n'était pas question non plus de débuter par Azkaban. Malgré sa supposition, elle ne pouvait comprendre son vécu là-bas, lui-même n'était pas certain de le comprendre, son ressenti était différent des autres condamnés de par son handicap, mais même sans, si personne ne sortait indemne de cette prison, chacun survivait de manière bien différente. D'autres n'y survivaient pas.

- Votre père.

Il n'y avait pas de bonne manière de commencer. Mais c'est le bout qu'il prendrait, permettant à la jeune fille de lui offrir une réaction de son choix. Tout dépendait de son talent d'occlusion. Il n'avait pas l'impression qu'elle l'utilisait beaucoup, mais sait-on jamais. Mettre carte sur table comme on dit et regarder les feux d'artifices. Il reprit après une brève hésitation.

- Votre père m'a écrit, le saviez-vous ? Rien que je ne m'attendais pas sur la forme, mais sur le fond... je n'ai pas besoin de vous croire, Miss Wellington, votre père m'a autorisé noir sur blanc à offrir ma version des faits. J'ai bien peur, cependant, que même une après-midi ne suffise à répondre à toutes vos curiosités. Alors convenons de trois questions pour aujourd'hui, Miss, et nous nous retrouvons à l'avenir pour discuter si vous le souhaitez, hors des temps scolaires. Je vous écoute, que souhaitez-vous savoir ?
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#15397 -

Et bien... vous savez où est mon bureau, n'est-ce pas ?
Dans le présent...



Agnela fixa son interlocuteur lever, puis baisser sa main, avant de lever sa baguette. L'espace d'un instant, elle crut qu'il allait se mettre en colère et lui jeter un sort, et une onde de terreur et d'adrénaline traversa son estomac et son ventre brusquement.
Pourtant, elle ne bougea pas, trop certaine que son grand-oncle ne pourrait pas véritablement lui faire du mal. Elle déglutit cependant de soulagement, tandis que des parchemins  voletèrent jusqu'au bureau. Aussitôt, la jeune fille s'en voulut de s'être sentie méfiante : c'était un professeur. Un homme de sa famille. Ils étaient partis du mauvais pieds, et c'était entièrement sa faute - maintenant, peut-être que le chemin était enfin ouvert pour mieux se connaitre.

Néanmoins, la moscovite saisit sa plume, et se reprit de son mieux. L'heure était aux devoirs, ce qu'elle devait placer par-dessus tout. En forçant son occlumencie pour retrouver sa concentration, expirant et inspirant calmement, elle commença rapidement à recopier les références sur ses propres papiers, de son écriture élégante et presque calligraphiée.
Les propos de son maitre de droit l'intriguait, et des questions naissaient naturellement de ses propos scolaires.

Qu'en était-il de l'Asie ? De toutes ces peuplades qui n'avaient pas connus les persécutions sorcières au Moyen-Age ?
Pourquoi avaient-ils accepté le Secret Magique ?

- "Merci, professeur. Je peux recopier en même temps, ça m'aide à me concentrer."

Ce n'était pas vrai. Écrire était comme un acte méditatif qui aidait son occlumencie à rester en place, à occulter ses pensées aux autres. Sauf qu'il n'était pas un ennemi : et elle ne voulait pas se dissimuler à lui. Sinon, comment la connaitrait-il ?

La mention de son père lui fit cependant cesser son geste, relever son nez. Elle haussa un sourcil étonné, intrigué de savoir pourquoi il lui avait écrit, avant de hocher la tête avec un sourire naïf qu'elle ne chercha pas à cacher. Ainsi, Père lui avait dit qu'elle avait le droit de venir ? Qu'ils avaient le droit d'en discuter ? C'était bien de sa part, mais inattendu, et Agnela se demanda si ce n'était pas le signe qu'une réconciliation était potentiellement possible.

Ses joues rosirent à la mention d'autres après-midi où ils pourraient parler sans empiéter sur le temps scolaire, ce qu'elle approuvait entièrement.

- "Oui, bien sûr, professeur. Nous pourrons parler à Pré-au-Lard la prochaine fois, si vous voulez. Je suis vraiment contente que Père soit d'accord... même si je trouve un peu injuste qu'il dicte tout ce que je dois faire. Je l'aime, mais parfois, je trouve que ce n'est pas très juste de devoir agir pour la famille, et pas comme un individu indépendant.. C'est la loi des familles Sang-Pur."

La jeune fille songea à Nicholas Selwyn, à la liberté qu'il avait décidé de prendre, au champ d'action d'Engel. Pourquoi, ne pourrait-elle pas faire ses propres choix, surtout en ce qui concernait sa famille ?

- "Bref. Euh.. trois questions alors..."

Est-ce qu'elle avait envie de savoir s'il avait fait du mal à autrui ? S'il avait abandonné ses idées criminelles, s'il en avait jamais eu ?
C'était beaucoup moins facile que ce qu'elle avait imaginé, et l'adolescente reprit d'une voix plus douce et plus hésitante encore.

- "Pourquoi est-ce que vous n'avez jamais cherché à revoir un membre de la... "Wellington" ? Est-ce que vous avez voulu savoir pourquoi ils avaient renié celui de Dolohov ?"

Cela faisait deux questions, mais pour elle aussi, c'était un peu trop compliqué. Brusquement, Agnela se sentait dépassée et très petite face à qui semblait en réalité un gigantesque mur. Elle ne voulait pas imposer une peine supplémentaire à un homme qui avait dû beaucoup endurer, et ne connaissait pas la limite de ce qui était acceptable pour lui ou non.
Mieux valait sûrement le lui demander ; ce serait beaucoup plus respectueux ainsi, parce qu'elle ne désirait pas lui faire le moindre mal.

- "Est-ce qu'il y a des choses dont vous ne voulez pas du tout parler ? Parce que je ne veux pas que vous vous sentiez triste, professeur, ou trop mal à l'aise. Peut-être que les Wellington peuvent faire mieux les choses, même si ... même si c'est pas forcément ceux qui sont importants à vos yeux. Et si vous voulez, vous pourrez poser des questions sur moi, un jour. Même s'il n'y a pas grand-chose d'intéressant à dire."

La Serdaigle reprit doucement son écriture, les yeux posés sur le cours de droit couché sur le vélin. Effectivement, le cours était moins compliqué que les rapports familiaux, mais... Agnela n'était pas déçue d'être venue. Ce n'était pas si embarrassant que ça pour le moment...


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#15444 -


Et bien... vous savez où est mon bureau, n'est-ce pas ?
Trois questions. Ou presque.

Il y avait beaucoup de choses que pouvait être Altair, mais il y avait une chose qu'il n'était assurémment pas : un homme d'action. Il n'agissait jamais le premier, ne prenait jamais d'initiatives, pas dans le cadre des relations informelles ou sociales. Il était bien plus facile de laisser quelque chose se perdre que de se battre pour le garder et le perdre quoi qu'il arrive, car la perte était assurémment une constante de sa vie. La volonté de la jeune Serdaigle à vouloir en savoir plus n'aurait, cependant, dû être que la moitié d'une surprise. Après tout, elle lui avait offert un chat et elle était indubitablement curieuse et intéressée par celle qui aurait dû être sa famille si ses parents ne leur avaient pas tournés le dos. Une partie de lui ne pouvait s'empêcher d'apprécier ce moment de contact humain malgré les risques qu'il comportait. Elle semblait gentille, sans conteste, et ne lui avait, pour le moment, donné aucune raison de se méfier de ses intentions. La possibilité était toujours là, en fond, mais Altair, s'il ne se permettait pas de penser que toute cette histoire se terminerait bien, se laissait à accepter et apprécier la bonne volonté de sa petite-nièce.

La laissant écrire, il parlait. La laissant répondre, il écoutait. Il devait se rappeler que la jeune fille n'avait pas été élevé dans la dureté des Dolohov. Et en laissant croire à sa fille qu'elle était une personne avant quelqu'un de la famille, Altair comprenait qu'ils avaient transmis à leurs enfants la continuité des actes qu'ils avaient commis : Abandonner le collectif pour se sauver en individuel. Peu importait les conséquences sur autrui, du moment qu'ils s'en tiraient. De la même manière, Agnela prononçait des mots qui n'auraient jamais pu avoir sa place dans sa famille. On respectait le patriarche, on suivait ses ordres. On servait la Famille et la Famille veillait au mieux de nos intérêts. Quelque part, en lui demandant d'être juste et en le menaçant, Nestor avait fait son devoir et Agnela le remerciait bien mal en remettant ainsi en question son autorité devant un étranger. Mais il comprenait aussi que la jeune fille avait une manière bien à elle de voir les choses. Elle ne souhaitait sans doute pas lui manquer de respect et ne le considérait pas comme un étranger. Ou plutôt un étranger mais appartenant à sa famille. Il lui faudrait sans doute un peu de temps pour qu'elle comprenne à quel point sa notion de famille, purement émotionnel, posé sur le sang, ne valait rien face aux réalités de la vie, mais ce n'était pas à lui de faire son éducation, et il appréciait pouvoir profiter de ses failles. Après tout, si elle n'était pas si naïve, elle ne lui adresserait certainement pas la parole ainsi.

- Vous avez la chance d'avoir un chef de famille qui a vos meilleurs intérêts à coeur, croyez-moi que tout le monde n'a pas cette chance.

Sa ton était doux, presque pensif, sans récrimination. Elle était adolescente, obéir n'était pas amusant pour tout le monde à cet âge. Certains y voyaient la nécessité, d'autres non. Faisant parti de la première catégorie, Altair avait veillé à ne jamais manquer de respect aux patriarches qui avaient succédés dans sa famille avant que le titre ne lui revienne. Probablement le premier depuis leur père à avoir véritablement l'intérêt de la Famille à coeur, Antonin les avait plongé dans son fanatisme et Archibald dans la violence. Il se souvenait crument de toutes les fois où il avait dû supporter leurs humiliations au nom de la hiérarchie. Comme beaucoup de choses dans sa vie, il ne changerait rien même s'il le pouvait, pas sur son comportement. Il avait gardé la tête haute autant que possible, jonglant entre l'intérêt de la Famille et courber l'échine devant ses frères. La pirouette n'avait pas été aisée. Le choix d'une rebellion pure et simple ne lui avait simplement jamais effleuré l'esprit. Encore moins après la désertion des enfants d'Altair. Le coup de poignard était trop violent. Il fallait quelqu'un pour les maintenir ensemble. Peu importe qu'il en porte encore les stigmates.

- Si cela ne vous dérange pas, je préférais éviter les lieux publiques. Je pensais davantage à... une réunion autour d'un thé dans mes appartements si cela vous convient.

On ne pouvait pas dire qu'il était à l'aise à l'idée d'ouvrir ses quartiers à une jeune adolescente imprévisible et qu'il connaissait encore mal mais la perspective d'afficher une relation amicale avec une élève, ou une relation amicale avec une Wellington en publique était inenvisageable, tant au regard de son poste de professeur que de son rôle de patriarche. Raconter sa version ne voulait certainement pas dire sympathiser. Et si -quand- tout ceci exploserait, il préférait éviter d'en faire un spectacle. Il valait mieux d'être rejeté par une colère d'adolescente dans le cadre de ses appartements que devant les yeux d'étrangers. Il savait qu'il ne réagirait pas très bien face à une telle action publique. Encore faudrait-il que cela convienne à la jeune fille. Sinon, il pouvait fort bien ouvrir son bureau un dimanche, juste pour elle si elle le désirait.

Les doigts encrecroisés, coudes sur son bureau, Altair écouta très attentivement les questions qu'elle souhaitait lui poser. Il ne devait pas oublier son âge et sa naïveté. Elle semblait du genre à vouloir tout arranger et il faudrait sans doute la dissuader d'une telle idée très vite mais sans la faire se sentir repousser. Ne pas faire parti de la même Famille ne niait pas leur lien sanguin et si elle voulait le côtoyer, Altair se voyait mal refuser. Pas sans raison valable. Qui sait si Agnela ne pourrait pas devenir la deuxième exception des Wellington avec Anastasia. Mais il ne pouvait prévoir aussi loin. Evidemment, ses questions ciblèrent la cassure entre leur famille et ce qu'elle considérait sans doute comme un rejet de la Famille Wellington. Ses lèvres se pincèrent légèrement avant qu'elle ne lui montre une considération bienvenue. Des choses dont il ne voulait pas parler. Beaucoup trop de choses. Des choses qui ne la regardait pas. Des choses dont il valait mieux qu'elle ne sache rien. Des choses qu'elle ne comprendrait pas. Mais ce n'était pas tant un sujet qu'un ensemble de détails, d'émotions, de failles, qu'il contournerait le moment venu.

Expirant, il relâcha sa posture en l'entendant se dévaluer. D'un point de vue hiérarchique, elle n'était assurémment pas la personne la plus importante de la famille, mais en abordant ses relations avec elle d'une manière purement officiel, il lui avait fait comprendre, bien malgré lui, qu'elle n'avait aucun intérêt à ses yeux. Trop jeune encore pour faire la différence entre l'officiel et l'officieux, mais vraisemblablement surtout peu habitué aux discutions à plusieurs niveaux. Une erreur de sa part, une mauvaise compréhension d'Agnela, et en contre-partie, un besoin de rectifier le cours. Qui fut réprimander sans pitié, son Occlumencie toujours activé, sa raison parlant, le protégeant. Lui avant les autres. Survivre. Et glissant ses bras de ses coudes à ses avant-bras sur la table, les doigts toujours entre-croisés, baissant symboliquement l'armure, Altair débuta :

- Mettons-nous d'accord de ne pas parler de mon vécu à Azkaban. Au-delà de ceci, je vous préviendrais le moment venu s'il y a certaines choses dont je ne souhaite pas parler.

Il y avait peu de choses réellement fiables dans ses souvenirs vis-à-vis d'Azkaban. Il ne savait toujours pas si son Occlumencie l'avait plongé tellement profondément pour se protéger que tout semblait détracté ou s'il l'avait merdé et déconnecté et plongé tout aussi profondément mais du même côté de l'absence de soi. Il n'était pas sûr qu'il aurait la réponse un jour. Il n'était pas sûr de vouloir la réponse un jour.

- Quant à vos questions...

Altair inclina la tête sur le côté. Aussi libre qu'il soit, il ne serait pas du bon effet de mal parler des trois neveux Wellington en des termes peu poli. Elle semblait avoir une vision des choses simpliste, comme si ce n'était qu'un simple malentendu, une simple brouille, mais les choses étaient bien plus profondes. Cela s'attaquait aux fondements de ce qu'il était en tant qu'individu. Il avait voué son existence à la Famille quand les enfants d'Antonin avaient pris la poudre d'escampette. Le terme de trahison serait à peine adéquat pour décrire l'absolu dégoût face à une telle lâcheté, allant à l'encontre de tout ce qu'il avait appris, si ce n'était qu'il fallait prendre en compte le vol du manoir des Dolohov encore en Russie. Il était difficile d'expliquer tout ceci à une jeune fille qui arrivait devant les faits accompli sans être passé par tout le chemin psychologique et émotionnels qu'ils avaient traversés.

- Avez-vous déjà été trahit, Miss Wellington ? Même quelque chose de minime. Un secret que vous aviez confié qui a été divulgué, un camarade qui assure de bosser avec vous et qui vous lâche, une amie qui vous promet son amitié pour repartir avec votre... *geste de la main en moulinet avant que les doigts s'entrecroisent de nouveau* autre significatif. Imaginez-vous maintenant... que vous êtes dans un moment particulièrement important de votre vie, *les pouces s'écartent, les mains s'inclinent comme pour présenter quelque chose* un moment d'intense vulnérabilité, comme... *les pouces se rejoignent, les mains revenant à leur inclination d'aujourd'hui* être enceinte, avoir une terrible maladie...[/color][/i]*les pouces s'écartent et se rejoignent brièvement* perdre un proche. Et vous avez *les mains s'écartent l'une de l'autre, les doigts écartés, paumes vers le haut* ces gens autour de vous, vous n'avez pas forcément une relation proche avec eux, mais ils font parti de votre entourage, ils font parti de la Famille, ils comptent. Mais voilà, *les doigts s'entrecroisent de nouveau, les mains dans la position d'aujourd'hui* au moment où ils devraient être là pour vous, pour vous soutenir, pour vous aider, pour vous assurer leur... affection, ils ne sont pas là. Pire que pas là, ils vous enfoncent. En privé. Public. Humiliations. Reproches. Ils vous renient. Pire que rien ne vouloir avoir affaire avec vous, ils vous attaquent.

Altair s'adossa au dossier de sa chaise, ses bras se croisent sur sa poitrine, ses dents se serrent dans une moue d'amertume avant se relâcher dans un soupir.

- Je ne dis pas ça pour vous faire du mal ou vous blâmer. Je vous dis cela parce que si vous arrivez à vous représenter une telle émotion, peut-être arriverez-vous à comprendre ma position et celle de mes frères. En vérité, mon petit frère est même devenu fou de rage après ça. Rien n'aurait pu nous inciter à essayer de les approcher. Quand on vous met à terre de cette manière, Miss, ou quand on essaye à ce point, on ne se relève pas en tendant l'autre joue dans l'espoir d'arrêter les coups. On prends acte de la déclaration de guerre et on riposte.

Archibald avait riposté. Autant qu'il avait pu, aussi fort qu'il avait pu. L'enfermement d'Antonin à Azkaban avait été l'explosion de leur Famille. Le vol du manoir et l'adoption du nom des Wellington n'étaient que la consécration d'une trahison qui ne pourrait jamais être pardonné. Pas pour Altair. Il aurait pu comprendre l'acharnement sur Antonin. Contrairement à Archibald, il n'avait jamais apprécié leur frère ainé. On s'attaque à l'un, on s'attaque à tous, c'était quelque chose qui ne fonctionnait pas vraiment pour lui, il n'était pas vraiment concerné par cette protection, aussi avait-il été capable de comprendre que si ses neveux s'en prenaient à Antonin, ce n'était pas une attaque aux Dolohov, mais uniquement à leur père. Mais pas le reste. Le reste, il ne pouvait pardonner. Le rejet du nom des Dolohov n'était pas quelque chose qu'il pensait pouvoir pardonner un jour. Pas quand la Famille primait sur tout.

Soupirant, Altair détendit volontairement ses épaules avant de reprendre, décroisant ses bras :

- Je n'ai pas besoin de chercher à savoir pourquoi ils ont reniés le nom des Dolohov, Miss, c'est assez évident. Ca s'appelle la lâcheté. Les rats quittent le navire quand le bateau coule. Je n'ai pas besoin d'explications supplémentaires.

Un silence plus tard, considérant la dureté de ses propos, sachant que son ton s'était durcir et que son discours était assez peu dans la dentelle, il décida de revenir sur sa première question. Il avait mis un certain temps à lui expliquer pourquoi il n'avait pas cherché à renouer avec les Wellington, alors que la deuxième réponse était évidente, il souhaitait cependant adoucir son discours. Moins dur, il ajouta donc :

- Je serais, cependant, injuste de ne pas considérer les... actions de votre tante. Des années se sont écoulés, et je suis le dernier Dolohov encore en vie de ma fratrie. Le plus censé si vous me permettez ce petit jet de fleurs *petit sourire narquois* mais rien de tout cela n'aurait permis un certain... relâchement dans nos relations si ce n'était votre tante. Elle a...

Altair fronça légèrement les sourcils. La période était trop flou dans sa mémoire pour se souvenir exactement ce qu'il s'était passé et il ne souhaitait pas revenir sur ce qu'il avait dit plus tôt : ne pas aborder son séjour en prison.

- Elle a décidé de...

Pinçant les lèvres, Altair releva la tête comme s'il regardait le plafond, ruminant sur les éléments qu'il donnerait et ceux qu'il gardait, expirant. Baissant lentement la tête jusqu'à la tenir droite, légèrement inclinée sur la droite, il entrecroisa ses doigts de nouveau avec ses avant-bras sur le rebord de la table.

- Elle a investit du temps et de l'argent pour m'offrir les moyens de me défendre devant le magenmagot au cour d'un deuxième procès après avoir estimé que je ne méritais pas de finir mes jours à Azkaban.

Son Occlumencie était si forte qu'elle reflétait presque dans son esprit, comme si mille miroirs se renvoyaient de la lumière sans origine, sans silhouettes, sans visages. Il resta stoïque, laissant la jeune fille digérer ce qu'il venait de dire. Il était difficile de choisir pour lui entre rendre grâce aux actions d'Anastasia, dont il avait bien conscience de l'importance et de la force de son caractère pour en arriver là, ou les synthétiser assez pour ne pas faire croire qu'une telle action pouvait amorter une réconciliation comme elle semblait le croire. Il avait choisit de rester intègre sur les actions d'Anastasia. Il avait bien conscience d'avoir une dette envers elle et, n'en déplaise à Nestor, mais c'était à elle de décider ce qu'elle en ferait un jour, pas à ses frères de la lui voler. Ce serait lui rendre un bien mauvais service que de le dévaluer.

- Ce n'est pas quelque chose que je prends à la légère, ne vous y trompez pas. Mais si précieux soit son geste, cela n'efface pas le passé. Rien n'effacera leur affront vis-à-vis des Dolohov et rien n'effacera la dette que je dois à votre tante jusqu'au jour où je pourrais lui donner quelque chose qui est en mon pouvoir. Ce sont des choses bien distinctes. Cela nous a permis avec les années et l'enfermement de mes frères puis leur mort, d'avoir des relations sans hostilité avec vos parents. Je ne cherche pas l'affrontement, Miss, il y a simplement des choses que je ne peux oublier ou pardonner.

Sans doute, Altair avait plus parlé qu'il ne le faisait couramment, mais il lui semblait important de prendre le temps de s'exprimer pour que la jeune fille saisisse, perçoive les contours d'un conflit plus vieux que son existence ou ceux de sa génération, qu'elle en saisisse l'impact moral, émotionnel sur les Dolohov, la claque politique, mais surtout le touché personnel qu'il avait reçu. Après tout, il était le patriarche maintenant, bien malgré lui, c'était à lui de prendre des décisions. La guerre avec les Wellington n'avait aucun intérêt. Il actait juste la séparation de leurs lignées et la suite de leur histoire commune s'écrierait séparément. Etait-ce si grave ? Ce ne serait pas différent de leur relation avec les Yaxley ou les Bulstrode. Non, les Bulstrode, c'était différent. Pas intéressant, mais différent.
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#15529 -

Et bien... vous savez où est mon bureau, n'est-ce pas ?
Dans le présent...



Elle garda le silence, alors que son interlocuteur parlait. Parlait encore, de choses intimes et personnelles, de trahison, de dettes, de regrets et de haine.

Elle baissa la tête, sans dire un mot, en se rappelant de la trahison de sa grande sœur. Nadejda l'avait empêché de faire ce récital en l'enfermant dans ce placard, puis en transformant sa première année en véritable enfer. Elle avait été profondément reconnaissante à son père de l'avoir fait transférer à Poudlard ; et si elle comprenait les motivations de sa branche de la famille à avoir tourné le dos à ceux qui avaient été des mangemorts, peut-être pour tenter de survivre, et se dédouaner de leurs péchés, Agnela sentait naitre, malgré tout, un profond sentiment de honte. La jeune fille ne pouvait cependant pas dire qu'elle en voulait à son père, et à ses oncles et tantes d'agir de même - seulement, il était évident que le conflit la dépassait largement.

Maintenant qu'elle possédait ces informations, elle se rendait subitement compte que reprendre le nom de Dolohov ne serait pas aisé. Non en raison des autres élèves, ou d'autres familles que les Dolohov pourraient avoir lésés, car elle n'était ni une mangemort, ni une traitresse quelconque au Ministère, mais parce qu'elle comprenait enfin qu'il était légitime que son interlocuteur s'y oppose.
Sans doute même le prendrait-il comme une provocation de plus de la part des Wellington, ce qu'elle était à mille lieux de désirer.

- "Je... je comprends mieux, maintenant. Je comprends ce que vous ressentez, mais... le même sang coule dans nos veines. Je sais que Père ne sera pas forcément d'accord, et vous non plus, d'ailleurs... Mais sachez que je suis venue non pas par rébellion, parce que j'aime profondément ma mère et mon père, comme mon oncle Alastor, et Anastasia. Je sais que ça a été une période tourmentée et terrible, où beaucoup de décisions douloureuses ont dû être prises. Je n'ai pas vécu ça, même si tout le monde en est encore traumatisé."

Se jeter à l'eau ? C'était une possibilité. Elle n'était pas une Gryffondor, et elle n'était pas spécialement téméraire, pas plus qu'elle n'était une Serpentard, prête à tout pour satisfaire ses ambitions. Il fallait le faire en accord avec ses valeurs et ses convictions, garder la tête haute, même lorsque le doute l'assaillait, et rester honnête avec soi-même.

Le passé hantait cette famille. Ils avaient trop fait de mal à autrui, et s'en étaient même fait entre eux.

- "Je sais ce que c'est de se sentir trahi, oui, c'est vrai, même si... ça ne doit pas être... aussi terrible, bien sûr. Je ne peux pas donner des excuses pour Père, et Oncle Alastor, mais je peux simplement vous dire que je crois... qu'ils voulaient trancher avec le passé. Dire qu'ils n'étaient pas d'accord avec la magie noire, et tous ces actes horribles qui ont été commis. Mais je... Je voudrais savoir, professeur..."

Agnela déglutit. Elle se rendait bien compte que la question qu'elle allait poser ferait sans doute souffrir son interlocuteur, qui se trouvait, sans nul doute, dans une position de faiblesse. Du fait de sa cécité, évidemment, mais sans doute aussi de sa position.

Elle utilisait ainsi sa dernière question ; mais au moins, tout serait clair. Sauf qu'elle ramènerait son interlocuteur à des souvenirs douloureux, difficiles, et qu'elle ne désirait pas spécialement lui faire du mal. La question avait-elle tellement d'importance, puisque la Directrice l'avait embauché ? Mais il fallait se libérer du passé - ce qui amener à le connaitre, pour savoir réellement quelle devrait être sa conduite à tenir.
La jeune fille garda sa phrase en suspens quelques secondes.

- "Je sais que votre passé doit être douloureux, et j'aimerai que vous compreniez que je ne cherche pas à vous faire du tort. Vous êtes mon parent, même si vous ne le voulez pas, ou si Père ne le désire pas. Je ne cherche pas à faire du mal à qui que ce soit, mais ... je crois que nous pouvons offrir quelque chose de meilleur pour nous tous que la haine et la rancune. Je voudrais savoir si vous pourriez m'aider à construire cela. C'est pour ça que j'ai décidé d'être Juge plus tard. Pour rendre mon Père fier de moi, pour honorer la famille, mais aussi pour démontrer que nous pouvons nous améliorer, apprendre des erreurs du passé. Briller par notre sens de la justice, de la moralité, et de notre bienveillance. C'est ce chemin que je veux emprunter, Professeur. C'est pour cela que je suis devenue préfète... c'est... c'est un premier pas, en tout cas. Je me suis solennellement juré de ne jamais utiliser de magie noire, et c'est pour ça que je suis si soulagée de ne pas être à Durmstrang."

L'adolescente se trouvait décidément un peu lâche. Elle ne pouvait que se juger avec sévérité, alors qu'elle repoussait, encore et encore, l'instant de demander à son grand-oncle l'autorisation de porter le nom de Dolohov à nouveau, qu'elle désirait retourner à ses origines.
Une part d'elle-même se trouvait terrifiée de tourner le dos à son père, de l'injurier en suggérant qu'il s'était montré lâche, tout simplement parce que si c'était effectivement ce qu'elle pensait, les circonstances étaient si particulières à l'époque, qu'elle ne pouvait que le comprendre.

- "Je vous trouve courageux d'avoir enduré toutes ces épreuves, même si certaines... vous ont été imposées. Avez-vous... véritablement été un mangemort ?"

C'était dit. Prononcé. La jeune Serdaigle s'était crispée, et avait un peu de mal à respirer. Les prémices d'une crise d'asthme, mais peu lui importait... elle ne fléchirait certes pas devant l'épreuve. Il fallait aller jusqu'au bout, pour enfin se libérer.

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#15550 -

Et bien, vous savez où est mon bureau, n'est-ce pas ?
La meilleure volonté du monde ne peut combler les failles des hommes.

Devoir se justifier n'était pas exactement la manière préféré d'Altair de passer ses après-midi, encore moins vis-à-vis d'une jeune fille de 16 ans. A sa décharge, la jeune fille en question semblait plus intéressée par la réponse et moins prompte à lui sauter au cou que nombres de ceux qui avaient exigés qu'ils justifient la moindre de ses actions depuis longtemps. Au moins n'avait-il pas l'impression que chacune de ses paroles ne seraient pas utilisées pour le descendre la seconde suivante. Pas tout de suite. Peut-être dans un an ou deux. Quelques mois en cas de caprice d'adolescente. Non pas qu'il n'ait jamais fait face à ce genre de situation, il savait les gérer, mais ça n'en restait pas moins désagréable. Il ne doutait pas qu'elle essayerait de trouver une faille pour justifier de son grand espoir de réunification des familles, mais là-dessus, seul le temps et des paroles répétés de ses parents et de lui-même dans le sens inverse aurait raison de son entêtement. On ne pouvait guère lui reprocher sa bonne volonté, aussi déconnecté fut-elle à entendre.

Droit, les avant-bras sur le bureau, les mains entrecroisés, Altair laissa le silence s'installer à la suite de son monologue. Il aurait pu exprimé ce qu'il avait ressenti, expliqué l'importance de la loyauté à la Famille, décrire les ennuis qu'il avait traversé, parler de leur expulsion du manoir ou de l'enfermement d'Antonin appuyé par ses enfants, mais en vérité, rien ne tout cela n'aurait été pertinent dans la situation. Son but avait été de répondre aux questions de la jeune fille de la manière la plus compréhensive possible. Entrer dans les détails de ce qu'il avait vécu n'aurait été d'aucune pertinence. Il n'avait pas vraiment envie de dévoiler sa vie plus que nécessaire également, il devait bien l'admettre mais, depuis que la jeune fille était passé, il avait également anticipé leur conversation. Il y avait évidemment la version la plus probable qui consistait à son arrivée, sa condamnation verbale, l'expression de son dégoût et de son rejet, et son envol de son bureau comme si un dragon la coursait. Mais il avait également envisagé qu'elle exige des explications. Bien sûr, dans la plupart des cas, ce n'était qu'une manière de se défouler donc ne nécessitait aucune réponse, mais parfois, il avait envisagé la possibilité de se faire comprendre. Après tout, il était question de donner "sa" version. Le meilleur moyen de convaincre ou persuader autrui était généralement de le prendre par les sentiments. Pas n'importe lesquels, ceux qui lui parlaient. Faire un parrallèle avec sa vie, lui permettre d'envisager prendre sa place, subir son vécu était la bonne technique pour persuader de la justification de sa position. Il s'était retrouvé là où il était, et il n'aurait pas été possible d'en être autrement. Evidemment, la chose était plus compliquée ici, puisque des décennies s'étaient écoulés depuis, mais le simple aveu de ses propres failles devrait suffire à enfoncer le clou sur le cercueil de ses espoirs de réconciliations familiales, peu importait à quel point il lui avait offert un levier avec l'aide de sa tante, ce levier se trouvait désormais hors de portée.

Du moins était-ce la théorie. L'impact réel, maintenant... semblait convaincant. Nul cri, nul reproche, plutôt une tentative de compréhension et de compassion entrecoupé de justifications maladroites. Pour tout dire, la jeune fille ne semblait pas vraiment savoir sur quel pied danser. Elle exprimait l'amour pour sa fatigue, sa compréhension -toute relative- du "traumatisme", tentait de justifier avec des mots polis la lâcheté de ses parents, tout en essayant de dire qu'elle voulait elle-même redresser la barre pour l'honneur de sa famille -et Altair ne croyait pas faire d'erreur en supposant qu'elle ne parlait pas seulement des Wellington. Beaucoup de choses finalement. Beaucoup auxquels Altair aurait pu répondre s'il en avait eu l'occasion ou le besoin, mais à l'entendre patauger, s'expliquer, presque s'excuser, Altair comprenait surtout que malgré les apparences, tout ces paroles devaient aller quelque part, elle était simplement en train de broder autour. La couper dans son élan n'aurait certainement pas été lui rendre service, même s'il était légèrement amusé de voir qu'elle semblait prendre la voix qu'il avait tenté de prendre également : restaurer l'honneur par le travail professionnel. Etonnant comme elle prenait une voix que sa famille avait évité. Altair avait presque de la peine pour elle, mais c'était le lot de tous, porter le poids des erreurs de leurs ainés, faire mieux ou essayer. Lui-même avait fait avec ceux de ses frères et soeurs, et Merlin savait qu'il y en avait, et la jeune fille semblait vouloir faire de même. Son esprit ne pouvait s'empêcher de faire le parrallèle.

Le patriarche des Dolohov ne commenta pas davantage sa position sur la magie noire ou sur Durmstrang, persuadé qu'ils auraient, là aussi, des opinions divergentes non-nécessaires d'énoncer. Pas plus que l'énonciation de son courage dont il était certain qu'il n'existait pas. En revanche, sa dernière question sonna comme un couperet. Il devait bien l'admettre, il ne l'avait pas vu venir. Et il devait bien l'admettre, il aurait peut-être dû. Après tout, ses questions tournaient autour de la rupture entre Dolohov et Wellington, motivé par l'enrôlement d'Antonin auprès du Seigneur des Ténèbres. Mais rien dans les divagations, explications, justifications, compréhension, excuses, de la jeune fille ne lui avait permis de supposer un tel point d'arrivé. Il pouvait comprendre qu'elle ait du mal à poser la question, surtout si, au vu de la formulation de sa question, elle pensait que c'était le cas. Le silence resta chargé de tension pendant quelques secondes alors qu'il digérait les implications avant de répondre, la voix rauque :

- Non.

Rauque et grave, comme s'il n'avait pas parlé depuis longtemps. Mauvais timing, mauvais souvenirs. Ils étaient si lointain, cependant, qu'Altair se détendit imperceptiblement alors qu'il expirait doucement.

- Je ne l'ai pas été.

Et pourtant. L'avait-il vraiment été ? Pas été ? Etre un mangemort, était-ce juste la marque, la promesse de la servitude, l'alliance aux mangemorts, la collaboration au gouvernement, la condamnation des nés-moldus, l'instruction de lois pro-sang-pur ? Ou commençait la limite ? Et qu'en était-il de son désir ? L'avait-il vraiment voulu ? Avait-il vraiment essayé de l'éviter ? Aurait-il été possible d'être marqué s'il avait agit autrement ? S'il avait fait plus ? Ou moins ? Ou mieux ?

Son ton avait une note de finalité. Peut-être de regret. Peut-être de soulagement. Assurémment de fermeté. Même pour lui, il était difficile, certains jours, de savoir exactement ce qu'il avait souhaité. Ou plutôt, il ne se souvenait que d'une chose : garder la tête hors de l'eau, survivre. Ne pas finir broyer entre ses convictions et ce que ses frères exigeaient de lui, entre mériter son rôle et l'exécuter, activer son Occlumencie et faire ce qu'il devait faire pour rester intact. Comme s'il était sorti de cette période intact. Il l'ignorait, en vérité, il était sortit d'Azkaban dans un état pitoyable, mais il n'avait jamais pu se poser après la guerre, il avait presque immédiatement enfermé en prison après tout. Lui rappelant douloureusement le même destin qu'avait connu son grand-frère quand il avait été condamné, cette fois-ci. Non sans raison selon les nouvelles normes gouvernementales.
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#15671 -

Et bien... vous savez où est mon bureau, n'est-ce pas ?
Dans le présent...


Agnela se tut. Il n'avait pas été mangemort, mais ne donnait aucune autre explication.

Sans doute son interlocuteur ne voulait-il pas se justifier devant elle, mais que penser ? Son père pensait l'inverse ; et il fallait décider qui croire. A nouveau, il fallait se raccrocher à ce qu'avait choisi la Directrice de Poudlard pour décider quoi faire - de plus, il n'avait pas l'air d'un homme mauvais, d'un homme qui ne désirait pas la réussite de tous ces élèves.
Elle-même n'était pas mieux que ceux qui, à l'époque, avait défendu la suprématie Sang-Pur. Si elle ne se croyait pas "de meilleure qualité" qu'un Sang-Mêlé, ou qu'un Né-Moldu, la jeune fille ne pouvait nier qu'elle se sentait plus de responsabilité envers autrui avec son nom, que cela l'obligeait à réussir plus que les autres. Et qu'elle ne pouvait épouser qu'un autre Sang-Pur, pour préserver sa lignée, comme son père et le reste de sa famille.
Etais-ce mal ?

Mais ce n'était pas la question pour le moment. Peut-être qu'il était réellement trop tard, et que leur relation ne pouvait pas se développer, que ses parents avaient décidé pour les générations à venir. Pouvait-on obliger quelqu'un à avoir une vraie relation, à vous considérer autrement qu'en élève, même s'il était de votre sang ?

La réponse était évidemment non, même si c'était peut-être la plus dure conclusion à laquelle elle avait dû faire face dans sa jeune vie.

- "Merci d'avoir été honnête. Je... me dis qu'on part peut-être du mauvais pied. Quand vous en aurez envie, vous n'aurez qu'à m'inviter dans votre chambre si vous voulez, ou à Pré-au-Lard. Tout le monde sait qu'on est de la même fa... enfin, du même sang, alors je ne crois que vous pourriez avoir peur des ragots. Je sais que vous prendrez bien soin du petit chat. J'en avais très envie, mais je sais qu'il sera heureux avec vous. Il ne vous trahira jamais, et je voulais vous faire ce cadeau."

L'adolescente se redressa. Elle offrit un sourire à son professeur et grand-oncle, ramassant ses affaires avec soin avant de les remettre dans son sac.

- "Je ne peux rien faire au passé, vous savez. Alors la prochaine fois qu'on se reverra, si ce n'est pas pour les cours, je propose qu'on parle de sujets plus légers, simplement pour mieux se connaitre. Pour vous dire la vérité, même avant de savoir que vous seriez mon professeur, j'avais décidé de reprendre le nom de Dolohov, parce que je veux assumer ce que je suis. Et aussi parce que je ne veux plus que ce nom soit synonyme de malheur et de torture. Ce n'est pas cet héritage que je veux laisser au monde. Je préfèrerai votre accord, et vous déciderez si vous me le donnez."

Mais le cas échéant, même si ce serait douloureux, la jeune fille tracerait sa route. Les propos de la psycholage était très juste : il était probable que de nombreuses personnes s'opposent à elle. Mais si elle devait renoncer maintenant, ce serait certainement la pire des lâchetés possibles.

- "Prenez soin de vous, Grand-Oncle. Bonne journée."

Elle lui offrit un sourire sincère et naïf ; et enfin, elle se retira, après lui avoir laissé quelques secondes pour répondre. Espérant ardemment, au fond d'elle-même qu'il la recontacterait un jour. Elle l'espérait très fort.

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