S'il y avait un cours dans lequel Anne était à son affaire et où elle ne se montrer ni dissipée, ni inattentive, c'était bien le cours de potion. Depuis toujours, elle était passionnée par cet art et elle s’efforçait de donner le meilleur d'elle-même dans cette matière, en espérant pouvoir en faire son métier un jour. L’apothicaire qui employait son père lui avait déjà fait comprendre qu'elle avait tous les atouts pour devenir une potioniste de talent mais qu'il fallait qu'elle travaille. Elle l'avait pris au pied de la lettre et était toujours la première à essayer de trouver réponse pour se cours.

Le philtre de paix était suffisamment souvent réalisé à l'officine où son père travaillait pour que la jeune fille soit capable d'en parler. Elle avait aussi lu et relu son livre et c'était une des potions qui étaient les plus souvent demandées aux BUSEs. Anne s'était donc fait fort d'apprendre un maximum de choses à ce sujet. Quand le professeur demanda de s'exprimer à ce sujet, elle n'hésita donc pas une seule seconde avant de lever la main bien haut afin de participer et peut-être de montrer à son professeur qu'elle était déterminée à réussir.

« Le philtre de paix permet de calmer l'anxiété et le stress chez la personne qui le boit, du moins quand il est bien préparé. Il faut faire très attention parce que, mal préparé, la personne qui le boit peut se retrouver plongée dans un sommeil irréversible. Parmi les ingrédients les plus connus, on trouve du sirop d'ellébore, de la mandragore et de la poudre de pierre de lune. »

Il y avait aussi quelques ingrédients plus communs qui étaient présents dans un grand nombre de potions mais que Anne ne voyait pas vraiment d'intérêt à mentionner, compte tenu du fait qu'ils n'étaient pas très spécifiques.

Anne était heureuse de voir que sa réponse avait été bien accueillie par le professeur. Elle avait à cœur de progresser dans ce domaine tout particulier et elle avait bien l’intention de mettre en avant tout ce qui serait nécessaire pour y arriver. Mais répondre aux questions n’étaient pas de son seul fait et elle ne pouvait prétendre à ce que le professeur l’interroge constamment, même si elle était probablement l’une des meilleures élèves dans cette matière. Ca lui faisait une compensation pour toutes les autres matières où elle était plutôt à l’arrière du peloton. Mais c’était que ça ne l’intéressait pas vraiment.

C’était Zoé qui venait de décrire les différentes étapes de couleur de la potion et Anne lui répondit en pointant des deux pouces. Ce ne serait peut-être pas super bien vu par le professeur, mais elle avait vraiment géré, et en tant que meilleure amie, Anne ne pouvait pas faire autrement que de la féliciter. Elle était loyale et en plus, elle était fière d’être amie d’une personne aussi futée que Zoé. Quand elle galérait à faire ses devoirs, c’était elle qui lui venait en aide et ce n’était pas négligeable. Elle ne pouvait que lui en être reconnaissante, et puis, elle protégeait Rosette et Bubus, bien souvent.

Anne se demanda s’ils allaient préparer le philtre de paix à un moment ou à un autre. Elle avait vraiment envie de mettre les mains dans le cambouis. Si elle ne pouvait pas le faire pendant le cours, elle irait voir le professeur pour lui demander d’accepter de le faire avec elle en dehors des cours. Il ne rechignait pas, la plupart du temps, à lui faire quelques cours en particulier, du fait de son potentiel. Elle devait reconnaître qu’elle en était fière, mais il fallait qu’elle continue à y faire honneur. Elle savait combien son père serait fier si elle arrivait à prendre assez d’avance.

Les potions n’étaient pas quelque chose de trop compliqué, pour une personne qui était normalement capable de suivre une recette et de respecter un protocole. Albus aurait pu être un bon potioniste s’il n’avait pas une faculté particulièrement exacerbée à laisser ses pensées s’enfuir vers un autre univers où n’existaient que ses rêves et ses pensées. Combien de potions avaient explosé pendant qu’il s’imaginait être Merlin, concoctant un philtre pour augmenter la force ou la dextérité, destiné à Arthur ou à n’importe lequel des chevaliers de la Table Ronde. Le point précis était néanmoins que Merlin ne faisait pas exploser ses concoctions.

Il aurait dû se réjouir, en venant s’asseoir à-côté de Zoé de ce que les cours de ce premier mois soient théoriques. Mais il était capable de rêvasser tout aussi bien en théorie qu’en pratique. Piquer les cours de sa cousine ou de Zoé serait un bon moyen de pallier à ce qu’il oublierait d’écouter. D’habitude, les notes d’Anne n’étaient pas précisément une bonne solution, mais en potion, c’était différent. Elle était très douée dans cette matière. Du coup, il pourrait lui demander à lui aussi. Il sourit à Zoé quand elle répondit à son tour. Elle avait toujours plein de bonnes réponses, sa Zoé.

« Tu as encore appris la recette par cœur, nan ? »

Son sourire faisait chavirer son cœur et il s’imagina que c’était exactement ce que devait faire ressentir le philtre de paix. Cette sensation de bien-être qu’il éprouvait en présence de Zoé correspondait exactement à l’idée que Albus se faisait de la paix. Cette sensation d’être parfaitement à sa place, en harmonie avec tout ce qui l’entourait et surtout sa jolie voisine. Albus s’imagina un monde peuplé de nuages et de coton dans lequel Zoé et lui évolueraient, légers comme des plumes et toujours le cœur doux. Ce serait tellement merveilleux de voleter tels des anges et de profiter de leur complicité. Quand il reporta son attention sur le cours, il n’avait aucune idée de combien de temps avait passé ni de ce qu’il avait pu manquer.

Elle sourit à la réaction de ses deux amis vis à vis de ses bonnes réponses. Elle adore Anne car celle -ci ne va pas lui faire la tête car elle a donné la bonne réponse. Au contraire, elle va plutôt etre contente pour elle et cela vaut aussi dans le sens inverse. Elle a de la chance de les avoir comme amis. Elle est très contente d'être Assise à côté d Albus. Plus elle peut être avec lui plus elle est heureuse. Elle lui murmure en souriant :
-J'ai avalé le manuel.

Zoé est une bonne élève et se montre respectueuse des professeurs. Elle n'est pas insolente mais aujourd'hui son coeur bondit en entendant la réflexion du professeur a Albus. Elle trouve cela terriblement injuste. Depuis quand rêvasser ou regarder un autre élève est interdit. Albus est un bon élève alors oui parfois il est un peu dans la lune mais c est ce qui fait son charme. Elle ne supporte pas que quelqu'un s'en prenne à lui et son coeur désire ardemment le défendre. Pour une fois sa raison semble se taire ou être totalement dominée par le coeur mais en tout cas elle ne dit rien. Alors Zoé lève la main pour demander la parole. Oui elle reste un minimum polie:

-Professeur pouvez vous m'indiquer quel article du règlement interdit de regarder un autre élève s'il vous plaît ?

Son ton est calme et pas du tout insolent. Il brûle juste de l amour qu'elle ressent pour lui et dont elle n'a pas encore conscience. Elle ne dit rien de mal mais elle aimerait comprendre pourquoi il reproche cela à Albus. Elle a épluché les règlements de Poudlard et une pareille règle ne lui dit rien.Quand la cloche sonne, elle range ses affaires et sort du cours.

Albus se prit encore une remarque de la part du professeur. Ce n’était pas la première fois et ce n’était sûrement pas la dernière qu'il se laissait aller à la rêverie. Certains pourraient penser que c’étaient les beaux yeux d'une fille qui préoccupaient le Poufsouffle. Mais Anne avait bien conscience qu’il n'avait pas besoin du trouble émotionnel provoqué par des sentiments amoureux pour se montrer inattentif et rêveur en classe. C’était une caractéristique première de Albus qui faisait qu'il était amené à emprunter le cours de ses amis comme Anne le faisait dans différentes matières, quand elle avait oublié de prendre des notes.

Mais là où la Sullivan était inattentive parce que cela ne l'intéressait pas, Albus était intéressé par à peu près tous les sujets mais il avait tendance à imaginer immédiatement comment il pourrait les inclure dans une histoire. Elle connaissait ce petit travers de sa part et elle trouva ça indélicat de la part du professeur de réagir de cette façon. Ce n'était pas très bien de sa part de chercher à mettre un élève mal à l'aise, même s'il avait raison dans le fait que Albus aurait dû se montrer plus attentif à ce qui se passait en classe.

Si Anne ne réagit pas aussitôt à la remarque faite par le professeur, ce fut pour deux raisons. La première et la plus importante était que Zoé y était déjà allé de son petit commentaire et qu'il ne servait à rien de jeter encore un peu plus d'huile sur le feu. La seconde était que les potions étaient l'une de ses matières préférées, tout comme le professeur l'était également. Anne avait donc tendance à se montrer plus mesurée avec lui. Même si elle ne dit rien, le regard qu'elle échangea avec Zoé était significatif. Elle était d'accord avec le fait que le professeur n'aurait pas dû dire ça.

Il était difficile de faire redescendre Albus quand celui-ci était plongé dans ses rêveries. Mais le professeur de potion était capable de le faire d'une manière tellement efficace que le réveil fut particulièrement désagréable pour le jeune Poufsouffle. Cela dit, il l'avait bien cherché et ne pouvait que se faire le reproche de n'avoir pas réussi à rester concentré. Il piqua aussitôt un fard ce qui fit qu'il n'entendit qu’à moitié Zoé prendre sa défense. S’il l'avait entendue totalement, il en aurait certainement été touché. Mais il était absolument incapable de comprendre qu’elle avait pris des risques pour lui manifester son soutien.

« Heu… rose ? »

Oui, Albus venait d'essayer de donner la réponse à une question que non seulement il ne connaissait pas et qu'il n'était même pas certain d'avoir entendu poser. C’était le meilleur moyen d'après lui pour essayer de rattraper ses rêveries. Mais étant donné que le prof venait de conclure le cours, c'était suffisamment dépourvu de sens pour que plusieurs de ses camarades pouffent de rire. Albus ne s'en offusqua pas car il avait l'habitude d'amuser la galerie avec ses réveils un peu perturbés. Ce ne fut qu'en voyant Anne ranger ses affaires qu'il comprit la nature de la plaisanterie.

Il se mit alors aussi à ranger ses affaires, échangeant un regard avec Zoé, qui put observer la rougeur de ses joues, du fait d'avoir été surpris en pleine rêvasserie, mais aussi pour la rassurer sur le fait qu'il ne se sentait pas du tout offensé. Il savait parfaitement que ses amies avaient parfois très envie de frapper leurs camarades pour s'être moqués de lui. Il n'avait pas l'intention de provoquer ça, alors qu'il n'y avait aucune raison. Finalement, il y avait bien pire que d'amuser la galerie. Au moins était-ce quelque chose dont il avait l'habitude et il préférait être gentil et faire rire plutôt que brutal et cruel et faire pleurer quelqu'un.