A series of unfortunate events

"A series of unfortunate events"

Personne à qui dire je t’aime, mais tout le monde sur qui cracher ma haine… - Shae Warrens

         Malachi avait réussi à me trouver un type qui allait pouvoir me transplaner à Londres, je devais le rencontrer dans quatre jours à Pré-Au-Lard, soit dans la matinée du 2 mai 2023. J’étais pressée d’en finir avec cette histoire, à forcer de penser à tout ce que m’avait dit le professeur Nott, je commençais à imaginer des scénarios tout droit sortie des telenovelas mexicaines. Maman ne parlait jamais de mon père et je n’avais jamais cru devoir insister quand elle m’a dit qu’il a disparu dans les honneurs avant que ça ne devienne sérieuse. Un militaire mort au combat, je l’ai souvent imaginé comme une sorte de héros. Mais au fond, la présence de Maud me suffisait amplement dans ma vie. Pourtant, voilà que je remettais en doute tout ce qu’elle avait pu me dire sur mon père à cause de cet homme, ce Nott. Que pourrais-je lui dire si au final, c’était maman qui avait raison ? Pourrais-je encore la regarder en face, après avoir cherché à confirmer si oui ou non, mon père n’était pas un moldu, mais un Nott ?
         Parce que selon Theodore Nott, cette magie que je possédais soi-disant et qui restait à confirmer, ne pouvait s’expliquer que par un trait héréditaire. M’annoncer une telle chose tout en me faisant une démonstration du talent magique que j’étais supposée avoir moi-même, ne laissait aucun doute quant au fait que ce type croyait à priori que du sang de sa famille coulait dans mes veines. J’ai bien essayé de faire bouger des flammes via ma volonté et en cachette dans la salle commune, mais je n’avais concrètement réussi qu’à perdre patience. Paradoxalement, j’étais heureuse d’échouer à les faire bouger, si bien que je me demandais si psychologiquement, je ne faisais pas en sorte d’échouer à faire bouger les flammes, parce que je ne tenais pas à donner raison au professeur. Au final, tout aurait sans doute été facilement confirmé avec l’aide de professeur Nott qui semblait vouloir lui-même tester cette faculté, mais j'avais refusé sans doute par lâcheté.

         Bref, penser à tout ça était frustrant, stressant et surtout, agaçant. Alors très franchement, la seule chose que j’avais envie et besoin, c’était de m’en fumer une bien comme il le faut. Je m’étais trouvée un genre de spot que personne ne semblait fréquenter depuis quelque temps, j’y venais souvent. Parfois, quand j’avais besoin de sécher un cours ou deux, de leçon de vol. Très franchement, ce n’était pas le cours qui me fascinait le plus. Surtout que bon, je n’avais aucune intention de devenir joueuse de Quidditch. Des pas se firent entendre, avant qu’un élève de première année me surprenne la main dans le sac. Je l’observais un moment en me demandant ce qu’il comptait faire, fixant les couleurs de sa tenue et de son emblème. Un pouffy… Je l’imaginais déjà courir balancer à un prof ce qu’une élève de Serpentard, ces vilains, faisait au niveau de la Serre. Honnêtement, pas certaine que j’en avais quelque chose à cirer.
        Pourtant, surprise, ce dernier demanda à ce que je partage. Je levais alors un sourcil, silencieuse. Ce n'était foutrement pas le genre de réaction à laquelle je m’attendais de la part d’un gamin que je rencontrais pour la première fois. Quoi que j’avais dû le croiser peut-être une ou deux fois sans faire attention. « Tu sais comment fumer ça ? » Oui, pas certaine qu’une adulte responsable poserait ce genre de question à gamin qui n'avait sans doute même pas encore 12 ans, niveau prévention ce n'était pas gagner. Mais je ne voulais pas qu’il me vomisse dessus dès la première taffe. Mon bordel était fort, le machin allait assurément l’assommer, en plus de l’affamer.   

A series of unfortunate events

"A series of unfortunate events"

Personne à qui dire je t’aime, mais tout le monde sur qui cracher ma haine… - Shae Warrens

         Il avait l’air d’hésiter ? Est-ce que je m’étais trompée dans ce qu’il demandait à partager ? Nah, quoi d’autre pouvait-il bien vouloir que je partage avec lui. Il n’y avait que ce joint qui m’appartenait ici… S’il parlait de cette bonne vieille planque pour fumée, qui était au fond pour oser m’approprier ce qui de droit, appartenait à tout le monde faisant partir de Poudlard, élèves comme membres du personnel enseignant. Il pouvait aller et venir où bon lui semblait, c’était un pays libre après tout comme diraient les Américains à chaque fois qu’on leur demandait si la place était libre. ‘‘It’s free country’’… Ironiquement, j’ai toujours trouvé ce terme hypocrite contenu qu’il fallait payer pour recevoir des soins, même ceux à caractère urgent. Libre d’être mis de côté afin que le riche profite des meilleurs médecins, ou profiter de ce foie qui vient juste d’arriver, passant pareil au-dessus la liste sur tous ceux qui l’attendait depuis des années.
         Je fis claquer ma langue alors que je me perdais dans mes pensées, mais tendant toujours mon joint à ce camarade de fortune que je ne connaissais ni d’Adam, ni d’Eve. Il faut dire, qu’il était en premier année, moi bientôt en septième… Il n’y avait en vérité pas tellement de raison qui m’aurait poussé à aller à la rencontre d’un gamin, surtout que ce dernier n’était même pas de la maison Serpentard. Finalement, il annonçait qu’il voulait bien essayer. Ah. Ça va je ne m’étais alors probablement pas tromper, je crois… Je ne sais pas, je m’en fiche en vrai. Je n’avais pas trop envie de faire tourner mon cerveau. Je n’avais envie de penser à rien, sinon, c’était la colère qui allait encore une fois me ronger de l’intérieur. Bientôt, j’aurai les réponses à mes questions. Peut-être que tout n’était finalement qu’un piètre malentendu de ma part et que comme d’habitude, je m’étais faite sans doute, beaucoup trop de film.

         Je pouffais… Quand il disait que ce n’était pas le genre de truc qui allait le rendre malade. Je me souvenais aussi que la première fois, je ne voyais pas non plus comme ce petit truc allait bien pouvoir m’affecter. Mais au final… J’avais appris, j’avais compris. Et c’était le pied. C’était aussi une source de problème, fumer ou traiter avec des dealers c’était prendre le risque d’avoir affaire à la justice. Et il fut un temps où j’étais moi-même dealer… Aujourd’hui, je n’en vendais plus, mais je continuais à en acheter pour ma consommation personnelle, ce qui était toujours interdit par la loi… Ma foi, ce n’était qu’un pauvre détail auquel j’avais cessé de prêter attention depuis que j'en avais un peu beaucoup rien à foutre de ce qui pouvait m’arriver personnellement. Mon attention se reporta sur le gamin, qui avait véritablement eu le courage d’inspirer dans ma petite weed des familles. Et je fus surprise de constater qu’il savait comment fumer un joint, c’était pourtant différent du tabac.
       « Ouais et ce n'est pas le genre de truc que tu dois fumer devant un prof… Ça reste entre nous. » Dis-je au cas où… Avant de poursuivre et de rajouter. « Shae. »   

A series of unfortunate events

"A series of unfortunate events"

Personne à qui dire je t’aime, mais tout le monde sur qui cracher ma haine… - Shae Warrens

         On devrait tous naître avec le guide du survivant quand il s’agit de la vie elle-même, car cette dernière n’offrait rien et avait même tendance à se montrer cruel envers ceux qui étaient malheureusement trop naïfs à son existence. Ceux qui savaient comment se saisir des opportunités, était soit des acharnés ayant accepté l’idée de souffrir pour réussir, soit des individus aux intentions douteuses profitant des efforts de ces mêmes acharnées. Mais au final, que l’on souffre ou profite des autres, le chemin vers une existence confortable n’était aucunement garanti. Certains mourraient comme ils avaient vécu, trimant à leur dépend toute leur vie sans rien obtenir en échange. Dans tout ça, je me demandais pourquoi diable devais-je accepter de mourir en ayant vécu dans cette misère ? Oh, la mort était sans doute encore loin à ce point de mon existence et beaucoup penseraient qu’une gamine comme moi n’avait aucune raison de se questionner sur le sujet pour le moment. Pfff…
           Comme si la mort attendait un certain âge pour faucher son dû, laissez-moi rire. Quand on y réfléchissait, la mort était foutrement simple. Seuls ceux qui avaient vécu trop de temps sur terre étaient en mesure de comprendre ce fait, ces personnes âgées qui accueillaient leur dernier instant si paisiblement. N’était-ce pas la preuve finalement que c’était la vie qui était une épreuve en soit ? Sinon, pourquoi donner ‘‘repos éternel’’ comme sens à la fin de la vie. J’avais envie de pester contre moi-même à me perdre mentalement dans une pseudo-philosophie. Mon regard se pose sur le gamin, alors qu’il crache de cette pointe d’acidité ce que les profs pensaient. Je ne répondis rien, me contentant de lever mon regard vers le ciel. Ce n’était pas moi qui allais le contre-dire après tout. Mais je n’étais pas non plus celle qui pouvait critiquer les professeurs. Après tout, je leur ai toujours donné une occasion de cerner ma personnalité en manquant de respect à certains.

           Mais il faut croire que ce Pouffy avait aussi ses propres problèmes pour que ce genre de chose puisse ainsi sortie de sa bouche et de la sorte. « Je dirais... » Commençais-je alors que je fixais un nuage en particulier qui ressemblait à un étrange canidé, un chien vraiment horrible ou peut-être un loup. « Que ce sont les adultes en général… Qui pensent avoir la science infuse. » Seulement, la différence avec les professeurs, c’était que beaucoup ouvraient leur gueule pour dire des conneries hypocrites et pas forcément véridiques. C’était simplement ce que je pensais personnellement, mais venant d’une gamine qui s’était forgée dans la rue, je n’étais sans doute pas un exemple à suivre. Aussi, il me semblait préférable de garder pour moi les raisons de mon commentaire. Ce n’était sans doute pas une bonne idée de le monter contre les professeurs. Si j’avais peu d’estimer pour la plupart d’entre eux, ils restaient ceux qui nous permettaient d’avancer dans cet environnement scolaire.
           Alors qu’il me rendait le joint… Je voyais que ça faisait déjà effet. J’imaginais que le fait qu’il puisse être encore jeune et qu’il fumait cette merde pour la première fois, fut la raison pour laquelle l’herbe agissait rapidement sur son organisme. Mais je n’en étais pas certaine en fait… Ma première fois n’était pas aussi rapide et j’étais sans doute plus jeune que lui quand j’ai essayé par curiosité et pour impressionner la bande. Cela avait commencé à faire effet après de longues minutes, mais on n'était pas tous égaux physiquement cela dit. Et puis, il me remerciait, ses yeux déjà sur le point d’abattre, de quelques battements de paupières, les larmes qui s’étaient remplies à son bord. Portant ma cigarette à ma bouche un moment… Je restais silencieuse. Lui proposant à nouveau le joint sans rien dire, tendant l’objet dans sa direction alors que la fumer quittait mes lèvres dans un jet contrôlé. Chacun ses problèmes, chacun en droit d'en parler ou non. Mais pour sûr, s’il avait juste besoin de pleurer un coup, qu’il le fasse… Ce n’était pas moi qui allais le critiquer à ce sujet.  

           Était-ce inapproprié de lui tendre à nouveau le joint dans son état ? Sans doute… Mais je n’étais pas douée pour réconforter les gens et je n’avais pas le luxe de réparer le cœur des autres quand j’étais bien incapable de réparer le mien. Mais ce que je savais pour sûr, c’était que quand je sentais le monde s’effondrer autour de moi, il suffisait que je fume cette merde pour ne plus avoir à y penser ou à me soucier de mes tourments.   

A series of unfortunate events

"A series of unfortunate events"

Personne à qui dire je t’aime, mais tout le monde sur qui cracher ma haine… - Shae Warrens

         Le printemps était là, mais j’avais encore l’impression qu’il faisait encore un peu frisquet ou bien était-ce tout simplement moi qui étais frileuse pour je ne sais quelle raison ? Je n’en avais pas la moindre idée. Toujours est-il que je préférais le froid à la chaleur, c’est pourquoi cette sensation ne me dérangeait absolument pas. J’espérais seulement qu’il n’allait pas soudainement pleuvoir, c’était un peu compliquer de fumer avec un joint humide. Déjà qu’il fallait le rallumer occasionnellement au briquet même quand ce dernier était sec. C’était bon à foutre à la poubelle s'il venait à être trempé. Erik récupéra du coup le joint, tirant dedans avant de me le rendre. Cependant, comme prévu, ce dernier s’était rapidement éteint entre temps. Ce n’était pas comme la cigarette où le machin se consumait lentement même quand tu ne le fumais plus, restant ainsi toujours allumer, dans une certaine mesure du moins.
        Les joints eux n'étaient pas faits de la même matière et la résine à l'intérieur n’était pas aussi facile à consumer que le tabac, il fallait l'enflammer pour le travailler. Certains avaient la bonne idée de mélanger du tabac avec la résine, mais la différence était assez minime, surtout si le mélange entre les deux était mal réalisé. J’allumais le briquer et à l’apparition de la flamme, j’eus comme un blocage soudain, me remémorant les paroles du professeur Nott. Jusqu’à présent, j’ai préféré me dire qu’il se trompait à mon sujet, du moins, tant que je n’aurais pas confronté Maud. Je ne voulais pas le laisser continuer à influencer mon esprit plus qu’il n’avait déjà réussi à le faire jusqu’à maintenant. Pourtant, il y avait maintenant cette peur du feu à chaque fois que je posais à un regard sur une simple bougie. Oh. Ce n’était pas de l’angoisse, de la terreur ou une étrange phobie. Mais une simple petite peur quant à ce que je pouvais faire sans même m’en rendre compte.

         Le gamin reprit la parole, m’arrachant de mes songes, de ma détresse interne, de cet absurde blocage face à la simple lueur de la flamme de mon briquet. Je soupirais discrètement, avant d’approcher celle-ci de mon joint pour le rallumer, en prenant soin d’écouter le gosse. Je n’étais pas de bon conseil, mais je pouvais être une oreille à l’écoute. Et puis il venait de lâcher une bombe, le genre où c’est pour moi encore plus difficile de réagir. Il avait apparemment perdu sa mère. Le joint le mettait bien trop à l’aise pour annoncer ce genre de chose à une inconnue. Merde. Et il fallait que cette inconnue soit moi. J’ignorais ce que je devais dire, des condoléances ou un truc du genre ? J’avais une crampe au ventre, alors que je me rappelais que Maud était elle aussi en phase final de son cancer. Moi aussi, je risquais de la perdre si je ne faisais pas le nécessaire pour la forcer à aller à St. Mangouste, même si elle était moldu. Je n’avais pas envie de la perdre.
        D’ailleurs qu’elle serait ma propre réaction si j’étais dans le même cas que lui ? Je serais assurément dévastée, à un point que je doutais pouvoir l’imaginer à l’heure actuelle. Sans doute, si une meuf que je ne connaissais pas me présentait ses condoléances, ça ne ferait probablement que m’irriter un peu plus. Mais ce gosse n’était pas moi. « Désolé d’entendre ça pour ta mère. » Oui, désolé, je l’étais… Cependant, davantage pour n’être pas capable de trouver les mots justes dans ce genre de contexte. J’inspirais dans le joint… Il ne restait presque plus rien à fumer, si ce n’était que le mégot que je jetais au sol, avant de pointer ma baguette dans sa direction. « Reducto ! » Brisant alors le mégot, ce dernier parti en poussière. « Sans doute en Étude des Moldus, si le prof fait un chapitre dédier aux drogues de leur monde. » Répondis-je par rapport à sa seconde phrase, rajoutant tout de suite après. « Et il y a de fortes chances que si t’es relaxé, c’était dû à cette beuh. » Le gamin fini par s’excuser, soi-disant parce qu’il dérangeait ma paix. Je soupirais face à cette connerie qu'il ne fallait pas entendre.

        « Mec… Si ma paix était vraiment importante, je me serais simplement barrée quand t’es arrivé. » Je plaçais mes mains dans mes poches et je rajoutais. « Je suis pas douée pour raconter le genre de conneries qui remonte le moral. Mais si t’as besoin de déverser ta tirelire, te gêne pas. Je vais pas t’envoyer au tribunal pour ça. »   

A series of unfortunate events

"A series of unfortunate events"

Personne à qui dire je t’aime, mais tout le monde sur qui cracher ma haine… - Shae Warrens

         Je parie que vous ne pourriez jamais deviner ce que j’ai hais le plus, de par les problèmes qu’ils posaient et leur amoralité psychologique, le chichi. Oui, car ironiquement, je ne supportais pas les gosses. Est-ce que je considérais ce gamin comme un gosse ? Pas forcément, j’avais toutefois un à priori le concernant quand il a débarqué au début. Je m’étais alors demandé s’il allait être le genre de plaie à me poser des tonnes de questions qui n’intéresseraient nul autre que lui-même. Si elle m’agaçait avec une pseudo-morale enfantine et menacer de rapporter à un professeur mes activités, niquant au passage mon petit coin de paradis. Les plus jeunes avaient un don étrange pour agir de sorte à provoquer un pétage de nerf. Bref… Lui n’était rien de tout cela, ça restait un gamin, mais un gamin avec qui j’avais partagé un joint. Ce n’est pas le genre de chose que j’échangeais avec n’importe qui, puisque le n’importe qui pouvait facilement me poignarder dans le dos du jour au lendemain.
        À ses yeux, je n’avais pas à être désolée et c’était peut-être bien vrai. Au fond, c’était une attitude d’hypocrite que d’être gêné ou désolé pour un type que l’on venait de rencontrer deux secondes plus tôt. Et puis je n’étais pas vraiment connu pour avoir un cœur aussi gros. Et c’était pourquoi je préférais parler en peu de mots, car ces derniers manqueraient ici d’authenticité. Je n’étais en vérité même pas désolé pour lui ou pour sa mère, mais simplement parce que j’étais incapable de trouver quoi que ce soit pour le réconforter. Parce que malgré tout, je n’étais pas entièrement dénuée d’empathie pour ce petit homme qui se laissait aller à ce genre de confidence, j’avais le sentiment sans doute grotesque, qu’il fallait que je trouve les mots dans ce genre de contexte. Ce moment de faiblesse amené assurément par la fumette. Parce que, oui, je n’avais jamais les idées claires avec le cannabis et tant mieux en soit. Je manquais de bien trop de tact en temps normal, c’est pourquoi je n’avais pas tellement d’ami.

         Non, en réalité, je n’avais pas d’ami, parce que je n’aimais simplement pas l’idée d’en avoir. Et pourtant, voilà que je me retrouvais à me coltiner Malachi sans même m’en plaindre. Lui-même trouvait que l’amitié et l’amour étaient une invention du cœur dont il n’avait guère besoin, je me retrouvais en ses mots et pourtant, on était désormais inséparable. Paradoxe étrange. Quoi qu’il en soit, je gardais le silence, il n’y avait rien à ajouter concernant ce que j’avais pu lui dire pour ne pas paraître trop froide, trop détaché. Cela dit, il était plutôt résistant finalement aux influences de cette drogue. La première fois que j’ai fumé cette merde, c’était comme si le paysage bougeait, à l’image d’un navire en pleine mer qui tanguait au gré des vagues. Même en était immobile, j’avais l’impression que je pouvais tomber à tout moment, titubant comme si j’avais englouti plusieurs shots d’alcool. Tant mieux quelque part, s’il devait rentrer à Poudlard en Titubant, je serais bien emmerdée.
          J’écoutais la suite de ce qu’il disait… Alors qu’à côté, je ressentais déjà l’envie de me rouler un autre joint. Mais il ne valait mieux pas, sinon je ne tiendrais pas la semaine avant mon prochain achat. Lui aussi était traité de Sang-de-Bourde, est-ce que c'était par les gens de sa maison ? Si c’était le cas, alors être à Serpentard où ailleurs n’aurait sans doute rien changé pour moi. Quelle école de merde. « Sang-de-bourbe, hein… » Chuchotais-je à moi-même de ce ton las avant de rajouter. « À qui le dis-tu... » Ce racisme était encré dans le cœur de la plupart d'élèves de ma maison, s’il supportait l’idée que des sang-mêlées finissent à Serpentard, mais quand il était question d’une née-moldu telle que moi, c’était beaucoup trop pour eux. Il semblait apparemment ne pas aimer qu’on cherche à l’analyser. J’imagine que c’était normal, je n’étais pas certaine aussi de vouloir qu’on entre dans ma tête, on y trouverait bien trop de choses dépressives.

         Et puis ce moment chill… Fut, rapidement, refroidit l’instant suivant face à l’action soudaine d’Erik, celle qui avait lieu sous le besoin étrange de partager de l’affection. « Stop ! » L’arrêtais-je avant qu’il ne commette à mes yeux l’irréparable. Mon cœur s’était mis à battre plus vite sous l’adrénaline qui venait de monter en flèche. Je me remémorais tous ses moments douloureux, revenir comme un parasite que l'on croyait avoir détruit, des souvenirs issues d'expériences passées, raisons même pour laquelle j’avais fini par suivre des fréquentations douteuses avant mon entrée à Poudlard, et même pendant ma scolarité à Poudlard. Ses altercations, ses trahisons, ses mêlées qui avaient lieu pour des raisons sensiblement dérisoires et parfois malhonnêtes. Si je me retrouvais dans les propos de Malachi, c’était avant tout parce que la rue m’avait appris que l’amour ou l’amitié n’étaient qu’un prétexte à la souffrance et j’ai fini par en haïr le concept à force de brouter le sol à chaque fois que mon cœur était un peu plus ravager par ceux que je pensais être de vrais amis.
           Je ne ferais plus cette erreur… « J’ai rien contre toi, t’as l’air d’avoir tes problèmes et c’est dégueulasse que ça puisse t’arriver aussi tôt. Mais si t’as besoin de t’évader un peu, pas de souci, tu me trouveras toujours ici à cette heure-là pour partager ce que j'ai ou t'écouter. Mais… Évite ce genre de gestes affectueux avec moi, c’est la limite que je t’impose. » Je me redressais comme un besoin de me dégourdir… « Tu n’aimes pas que les gens t’analysent ou te jugent, moi je n’aime pas ce genre de chose et j’ai mes raisons. »   

A series of unfortunate events

"A series of unfortunate events"

Personne à qui dire je t’aime, mais tout le monde sur qui cracher ma haine… - Shae Warrens

         La situation peu plaisante passée, son petit geste maladroit était alors déjà derrière moi. Je n’allais pas en faire des caisses pour un geste finalement rien de plus qu’innocence. Et j’avais amplement conscience, que c’était sans doute uniquement moi qui avais un problème avec ce geste, principalement quand ça venait de quelqu'un d'autre que sa mère. Et simplement parce que je savais que l’amour que me portait Maud était sincère, qu’il n’allait pas se briser à cause de bêtise de quartier sans valeur et rien de plus éphémère. J’avais vécu beaucoup trop d’histoire briser souvent à cause de simples malentendus, ou de jalousies mal placées. Je n’en voulais pas à ce gosse de vouloir se montrer si tactile, bien que le geste était un peu trop précoce et inapproprié en l’état. Il n’était ni mon ami, ni même une connaissance de longues dates. L’on venait à peine de se rencontrer, je pense que même avec un effort de ma part, c’était trop soudain, trop tôt.
           « Je vais pas te mentir… Les gens que je connais et qui sont dans des foyers d’enfance, passé les huit ou neuf ans, n’ont jamais attiré de famille. J’ignore comment ça se passe pour des sorciers, mais je doute sincèrement qu’il y ait une grande différence. » Est-ce j’aurais dû trouver d’autres mots, au moins pour le rassurer. Franchement, je n’en savais que trop rien… Et au fond, je n’avais pas très envie de dire des mensonges soi-disant pour ‘‘épargner’’ sa sensibilité. On ne l’avait jamais fait avec moi et au final, ça m’avait rapidement fait grandir, même si… J’avais grandi sans doute, de la pire des manières. Mais pour lui, autant retirer le pincement d’un coup vif, la douleur serait pénible, mais tout aussi bref. Plus tôt, il digérait la vérité, qu’il l’acceptait, plus vite, il arrivera à passer à autre chose. Je fixais alors Erik qui semblait avoir compris l’un des effets du Shit. Au moins, sa curiosité n’était pas trop déconnante.

          « Ça donne faim, oui, ça fait aussi un peu maigrir si on fume tout le temps. » C’est d’ailleurs pourquoi je fais des brownies au cannabis parfois pour compenser la perte de poids. Et puis c’était un bon moyen d’accompagner la fumette. Cela dit, dans mon cas, ça faisait un moment que les effets liés à la faim s’étaient atténué. Je pouvais fumer plusieurs joints par jour sans pour autant avoir besoin de manger peu après. Mais pour lui, dont le corps n’était pas habitué aux nombreux effets du joint, c’était normal qu’il puisse ressentir de la faim. « Du calme… Je n’ai besoin de rien, t’inquiète. Et surtout, je veux pas t’entendre me parler de vole quand c’est moi qui partage volontiers un moment chill. Sinon je te donne plus rien la prochaine fois. » Il semblait grandement motiver à m’aider et ne pas être un boulet pour moi. Je ne voyais pas trop en quoi il voulait m’aider. Est-ce qu’il était au courant pour mon petit business d’échange ? Cela dit, ce n’était pas vraiment caché, donc ça faisait sens…
          Cependant, je ne savais pas trop comment l’utiliser dans ce que je faisais. À par pour jouer les messagers, je ne voyais pas trop d'utilité. Peut-être parlait-il toutefois d’autre chose… Je haussais simplement l'épaule. « Fais ce que tu veux. Quoi qu’il en soit, je serai ici, si besoin. » Je me déplaçais pour fixer l’allée menant vers le terrain de Quidditch, les joueurs semblaient arriver sur le terrain pour s’entraîner, cela voulait dire que l’heure de mon prochain cours approchait. Je sortis un parfum de mon sac m’aspergeant un peu et aspergeant les vêtements du gamin. « Ça sent fort cette merde, vaut mieux pas que tu attires la suspicion des profs… Sur ce, à plus. » D’un geste de la main, un balai sorti du buisson. La flemmarde que j’étais refusé de marcher comme les gens normaux.