Être mariée avait bien des significations dans chacun de nos mondes. Par amour pour certain, ce n’était qu’une question de politique pour d’autres. Mais dans les deux cas, une chose ne changeait pas : il s’agissait d’une union de deux familles. Et cette union… Je l’avais désiré. Peut-être pas aussi vite, il fallait l’admettre. Les choses avaient été précipitées. J’aurais certainement préféré attendre, connaître encore davantage Matthew avant de prendre son nom mais… C’était ainsi fait et je ne m’estimais pas malchanceuse. Bien loin de là. J’avais épousé l’homme dont j’étais tombée amoureuse. Un homme respectueux, aimant et intelligent. De quoi me combler. Evidemment. Mais aussi de quoi m’inquiéter. Nous n’avions pas eu la même éducation et si nous nous retrouvions malgré tout sur bien des points… J’allais aussi devoir apprendre à composer avec sa famille, ma famille d’alliance, désormais.
Ainsi son père m’avait-il invité afin de « faire davantage connaissance ». Nous avions eu beau passer du temps ensemble afin de me faire apprendre tout le nécessaire pour le mariage, tous les us et coutumes de Corée autant que la langue, il était vrai que jamais nous n’avions réellement parlé d’autre chose, nous concentrant sur ce qui était le plus important : l’union à venir et ma position face aux grands parents de Matt. Ainsi était-ce peut-être l’occasion.

Un rendez-vous au cœur même de Londres m’avait été adressé. Soit. Habillée d’une robe noire Chanel accessoirisée comme il se devait, j’avais ainsi quitté Matt et Poudlard le matin même pour me rendre au lieu de rendez-vous y retrouver celui qui était devenu mon beau-père. Souriante, je l’avais ainsi salué en m’approchant de lui.

- Bonjour Monsieur Gimhae. Soufflai-je poliment, toujours aussi respectueuse – presque même plus qu’avec d’autres. Le plaisir est partagé. Et la rentrée s’est disons… Passée…

Il fallait dire qu’entre le changement de corps et la folie des nouveaux collégiens… Cela n’avait pas été de tout repos. Mais les choses s’étaient effectivement passées. Et tant mieux. L’invitant à faire quelques pas, j’avais alors repris parole.

- Puisque vous m’aviez laissé le choix des activités, repris-je, je me suis dit que commencer par un brunch typiquement anglais pouvait être une bonne idée. Je ne connais pas vraiment le Londres moldu, mais je me suis renseignée au préalable alors… Suivez-moi ?

Ainsi nous dirigeai-je vers un salon de thé typiquement britannique et particulièrement verdoyant – et riche – pour nous y installer.

- Je ne savais pas vraiment vos habitudes… Alors… Puisqu’en Corée vous semblez manger salé tout le temps, cela m’a semblait être une bonne idée. Expliquai-je avant que nous ne commandions ce qu’il fallait. Alors... A vrai dire, j’ai eu du mal à trouver des activités pouvant vous plaire complètement. Je voulais donc avoir votre avis. Nous pourrions aller au jardin botanique, mais aussi dans certains musée… Que préférez-vous ?

Pas de shopping, bien évidemment. Je doutais fermement que cela lui plaise.

Un sourire étira mes lèvres à la réponse de mon beau-père. Hyo-Jin, donc, ce serait. Je n’avais pas grand mal à cela. Habituée à me présenter et à jongler parmi les sangs-purs, l’adaptation faisait partie de mes capacités, c’était un fait.

- Oh, ne vous en faites pas. Avais-je malgré tout tenu à le rassurer en secouant la tête. Un malencontreux sort lancé par deux élèves inconséquents ont entraîné un certain chaos. Mais tout est rentré dans l’ordre. Cela a juste été compliqué de tout gérer.

Pour sûr. Je n’avais strictement rien géré. Perdue dans le corps d’une créature, j’avais dû prendre sur moi pour rester sereine, en vain. Et bien que je n’aille pas crier sur tous les toits avoir été souillée par ce sang hybride… Il n’en restait pas moins que la rentrée avait effectivement été chaotique.
Proposant alors de commencer cette journée par un brunch typiquement anglais, je fus ravie d’avoir pu toucher juste alors qu’une question m’était posée pendant notre marche.

- Hé bien… Vous avez pu rencontrer mon frère. Je suppose donc que c’est un trait familial comme vous avez pu le remarquer chez lui.

Il fallait dire que l’éducation de mes parents ne portaient que peu sur la minutie. Du moins… Certainement pas celle que pouvait entendre Hyo-Jin. Celle qui m’avait été inculquée tenait bien plus de ma position dans la société que de toute autre chose. Une poupée de porcelaine bien éduquée et attentive, c’était là ce que je devais être.

Le salon atteint, nous nous étions alors installés à table alors que le père de famille me confirmait mon choix.

- J’admet avoir un peu de mal, encore, à m’habituer à la cuisine coréenne. Soufflai-je dans une légère grimace. Matthew a bien essayé certaines choses mais… Ce n’est pas encore ça. Et peut-être cela ne le serait jamais, mais si Madame Gimhae avait pu survivre autant d’années, sûrement le pourrais-je aussi.

La commande passée, je lui avais alors proposé plusieurs choix. Il avait fallu que je prépare cette journée et… J’admettais que je n’avais pas réellement pris de décision, de peur qu’une seule ne permette pas à mon beau-père d’apprécier le temps avec moi à sa juste valeur. Ainsi allait-il, finalement, choisir. Mais quoi ? Le msurée ou le jardin botanique ?
Ce fut une troisième option qui me fut alors donnée, les deux autres rapidement approuvées quoique tendant davantage vers un simple musée. Les boutiques… Surprise, j’arquai un sourcil en l’observant.

- Oh mais… Commençai-je avant que nos plats n’arrivent. Mais ne vous dérangez pas pour moi. Les boutiques ne sont qu’un passetemps, rien de plus.

Non. C’était bien plus. J’aimais la mode. Je suivais la mode. Et les boutiques faisaient effectivement parti intégrante de ma vie.
Mais Hyo-Jin ne semblait pas l’entendre de cette oreille alors qu’il insistait rapidement, me demandant de l’aider à s’habiller aussi bien que Matt…

- Sans vouloir manquer de respect à votre fils… Avais-je soufflé dans un sourire amusé. Ce n’était pas très difficile d’améliorer son style.

Il fallait admettre que Matt avait toujours eu tendance à préféré le confortable à la mode alors… Oui. Cela n’avait pas été difficile. Quant à son père…

- Mais il est assez présomptueux de ma part de vous faire croire que je suis une professionnelle…

Une fausse modestie, très certainement, car j’étais une professionnelle de la mode. D’ailleurs… Si je n’avais pas fait enseignement, il aurait très certainement fallu que je me reconvertisse dans la mode magique. Il s’agissait donc là seulement de l’une de mes habitudes : j’étais une femme, fragile, qui ne voulait pas s’imposer en société. C’était ce que l’on m’avait appris et si j’apprenais aussi l’inverse, le naturel revenait bien encore souvent.

- Enfin… Si vous le désirez réellement… Mais seulement si vous le désirez, repris-je alors même que l’idée de faire les boutiques me tendaient fortement les bras, il faut que je sache ce que vous aimez portez et n’aimez pas. Les matières, les couleurs… Enfin tout ce qui pourrait nous aider.

Mmh. Peut-être, cette fois, ma voix avait-elle démontré un peu trop d’enthousiasme à l’idée de rhabiller Monsieur Gimhae, certes.

Au moins Matt et moi répondions-nous à la définition de force de son père. Depuis le début nous nous étions acceptés sans chercher à nous changer. Il ne m’avait jamais reproché mes mots, mes comportements. Nous en avions pourtant parlé, et j’admettais même être plus calme que je ne l’avais été auparavant mais jamais il ne m’avait forcé à rien. J’étais moi. Il était lui et c’était ensemble que nous réussissions à nous sentir bien, en sécurité. La cuisine ferait donc sûrement parti, aussi, de l’équation.

Et puis il y avait aussi les passetemps, comme ma passion pour la mode, par exemple, qui m’avait poussé à admettre qu’il n’avait pas été très difficile de rhabiller Matthew convenablement. AU moins cela avait-il d’ailleurs plu à sa mère, m’arrachant presque un soupir de soulagement tant je craignais déplaire à ma belle-mère.

- C’était le but. Admis-je. Matt est un très bel homme, soufflai-je un peu gênée d’admettre cela fasse à son père. Le mettre en valeur n’est pas non plus quelque chose de difficile.

Je n’étais pourtant pas une professionnelle. Et si je devais aussi admettre que l’envie de pouvoir faire les boutique, même avec mon beau-père, était importante, je ne pouvais me le permettre sans qu’il n’en émette l’idée et l’envie claire. Je n’avais pas à m’imposer. On me l’avait appris toute ma vie et si les choses évoluaient doucement, certaines façons d’être risquaient bien de ne pas me quitter avant un bon moment.
Mais il en avait envie. Un sourire sincère étira mes lèvres alors que j’hochai la tête, témoignant de mon enthousiasme tandis que nos plats arrivés.

- Merci, Monsieur Gimhae. Avais-je renvoyé avant de lui en demander un peu plus sur ses goûts.

Des pantalons grands et des t-shirts aux dessins de groupe ? Ah non… Pas un deuxième qui n’aimait que le confort… Clignant les yeux, je l’avais observé un peu interdite avant de soupirer de soulagement. Non. Il plaisantait. Merci Merlin.
Donc les tons blanc et beige, confortable, sans démangeaison et le moins de plis possibles. Il fallait donc oublier les soies et autres broderies. Mais j’avais déjà une idée de la marque qui pourrait lui convenir.
Reprenant notre repas, j’avais alors réfléchi quelques secondes avant de reprendre, ce sujet attirant bien trop toute mon attention pour que j’en change, malheureusement pour lui tant je ne m’en rendais presque pas compte.

- Et… Avez-vous des marques que vous préférez ? Moldues comme sorcières, évidemment. Mais j’admet que les marques moldues ont un quelque chose de bien plus élégant que celles sorcières. Nous sommes malheureusement en retard en ce qui concerne la mode. Pour ne pas dire que la mode sorcière était très souvent catastrophique. Connaissez-vous Versace ? Je pense qu’ils auront exactement ce que vous cherchez. Ou peut-être Alexander McQueen… Ou… Ou Dior. Oui. Dior pourrait aussi être un bon choix…

J’étais affreusement perdue dans mes pensées alors que notre plan de marche se m’était déjà en route. Pauvre Monsieur Gimhae… Il ne savait pas dans quoi il s’était lancé.

- Vous aussi. Avais- soufflé dans un sourire.

Voilà une chose que je maîtrisais parfaitement, revenant à la charge dans une habitude parfaite de compliments. Une chose dont j'usais beaucoup lors des soirées Sang Purs et qui me valait une réputation presque charmante auprès des hommes plus âgés. Tout comme la mode était quelque chose que je maîtrisais aussi. Quoique sur ce point, il me semblait avoir perdu mon beau-père. Il n'y connaissait rien, c'était presqu'évident alors qu'il désirait désormais que je lui parle de chacun des marques, ce qui m'arracha un léger rire.

- Je pense que le mieux sera de vous montrer. Admis-je. Car vous en parler... Je vous ferais une dissertation jusqu'à l'historique de chaque marque. Je me connaissais bien trop pour le faire. Alors... Oui, dès lors que ce repas serait terminé, je lui montrerais ce que je pensais être acceptable pour lui et pour sa stature.

A sa question, j'avais esquissé un léger sourire, avant de réfléchir. D'où cette passion me venait-elle ?... Quant à ouvrir quelque chose...

- Petite, je voulais être créatrice de mode mais je doute avoir le talent pour. M'amusai-je un instant avant de reprendre plus sérieusement. En fait, je ne sais pas trop d'où cela me vient. Depuis que je suis enfant, j'aime la mode, les beaux vêtements, les accessoires, le maquillage, les chaussures... Je pense que cela me vient un peu des soirées dans lesquelles mes parents nous amenaient, mon frère, ma soeur et moi. Je voyais ces femmes idolâtrées, toujours parfaitement habillée et... Ma marraine est l'une des plus belles sorcières que je connaisse, Madame Yaxley. Alors... Je pense qu'elle a aussi beaucoup joué.

Mais de là à savoir d'où cela venait...
Enfin. Nous avions pu finir de manger et le tout payé, je l'avais entraîné à l'extérieur, une première boutique bien en tête.

- Nous allons commencé par Versace. Des tendances géométriques, très épurées et clairs. Je pense que cela pourra vous plaire.

Nous fûmes d'ailleurs particulièrement bien accueillis dans la boutique, les moldues étant toujours les plus agréables ici. Donnant mes instructions, j'avais rapidement laissé mon beau-père entre les mains de la vendeuse. Elle saurait et je jugerais. C'était ainsi... A commencé par un costume blanc que je jaugeais de haut en bas.

- Mmh... Cela fait mariage... Mais à vous de juger, Monsieur Gimhae. Car je peinais malgré tout à ne pas suivre l'avis de celui qui était le père de mon mari. Définitivement.

- Je vous remercie. Avais-je soufflé avec un certain amusement alors que je secouai doucement la tête. Mais croyez-moi, je ne pense pas être assez créative pour cela. Je sais seulement arranger les choses pour les associer entre elle. Quant à transformer Matthew… Il n’a pas non plus été très difficile à convaincre. Admis-je dans un sourire.

Ainsi avions nous rejoint une première boutique. Versace pour commencer. Une marque emblématique de l’Italie qui nous avait particulièrement bien accueillie alors que Monsieur Gimhae se retrouvait à devoir essayer bien rapidement une première tenue… Trop blanche. Beaucoup trop blanche. L’on aurait dit qu’il se préparait à un mariage.

- Effectivement, approuvais-je sans oser rebondir sur la moindre plaisanterie malgré tout.

Renvoyé en cabine, un second costume avait été essayé et… Que dire… A vrai dire, le costume en lui-même n’était pas laid. Chargé, certes, mais loin d’être laid. Mais sur le père de Matthew… J’avais pourtant gardé un air neutre, refusant de me « laisser aller ». La neutralité avait été dans mon éducation, quelle que soit la situation… Comme dans la situation actuelle, donc…

- Je dirais que votre style habituel et votre personnalité ne correspondent pas exactement à ce motif. Réussis-je à prononcer en secouant la tête.

Je ne lui avais pas dit que cela ne lui allait pas. C’était mieux ainsi. A la place, j’avais préféré me concentrer sur ce qui pouvait lui correspondre. Moins parlant, certes, mais plus socialement acceptable qu’un refus net et direct.

- Par contre… Je pense que le costume droit en jacquard barocco pourrait vous aller. Repris-je presqu’immédiatement en demandant les articles en question à la vendeuse.

Une vendeuse très efficace qui revint rapidement avec les vêtements, laissant Hyo-Jin se changer avant que je n’approuve la tenue.

- Beaucoup plus élégants et discret en ajoutant une touche d’originalité. Approuvai-je en hochant la tête. Mais j’admet que le sac… Mmh… Je sais ! Il faut que nous allions chez Prada. Ils auront des sacs pouvant correspondre à votre emploi. M’emportai-je.

Le laissant choisir de prendre ou non la tenue car le prix était, je l’admettais, élevé avec ses £3.500, je l’avais alors entraîné à travers les rues moldues jusqu’à une nouvelle boutique de luxe dans laquelle nous fûmes tout aussi bien accueillis, me permettant, à nouveau, de donner mes instructions alors que cinq sacs lui étaient présentés.

- J’ai demandé à ce qu’ils vous présentent des sacs confortables, grands et s’adaptant à différentes situations. Expliquai-je. Et tout cela en blanc ou en noir. Rien d’autre, pour que cela puisse faire une unité avec le reste. Il faudra alors vous trouver une chemise colorée pour donner un peu de peps à tout ça. Assurai-je, sûre de moi, approuvée par la vendeuse. Le but est que vous puissiez changer de style avec une simple chemise, cela sera plus simple pour vous qui n’aimez pas la mode et… J’avais secoué la tête. Pardon… Je m’emporte encore.