Venir à la roseraie de Pré-Au-Lard à 18h00… Soit. L’invitation était étrange, assez mystérieuse d’ailleurs mais… Bien. J’allais évidemment m’y rendre. Imaginer un instant que je ne vienne pas aurait été idiot et mal me connaître. De toutes les manières… La signature de ce contrat avait eu un avantage certain : nous n’avions plus à nous cacher. Ainsi pouvais-je désormais me rendre à la serre ou dans n’importe quel autre endroit en sa compagnie sans craindre d’être prise sur le fait. Ce soir serait donc… La roseraie.
Mes cours terminés à 17h00 j’avais eu le temps de me changer troquant mes affaires de professeur de potions pour quelque chose de plus élégant. Je n’avais pas vu Matthew de la journée et je devais admettre que la hâte de retrouver ses bras se faisait sentir plus de raison. Ainsi m’étais-je préparée, bien décidée à ne pas terminer la soirée seule après un simple baiser de bonjour et une bièraubeurre partagée à Pré-Au-Lard. Il en était bien hors de question.

Il était 18h00 lorsqu’enfin je pénétrai dans les lieux, fronçant les sourcils à la vue de l’endroit. Oh, je connaissais la roseraie pour y être passée des centaines de fois depuis mon arrivée à Poudlard mais… Observant autour de moi alors que le manteau neigeux rendait les lieux féériques, que les fleurs qui n’auraient certainement pas dû être là à cette époque de l’année et la lumière qui accompagnait le tout créaient une ambiance bien plus douce et romantique que je ne l’avais vu auparavant… Matthew me fit bientôt face, dans un costume qui lui allait merveilleusement bien. Un sourire des plus ravis aux lèvres lorsque le vis, j’ouvris ces dernières pour lui demander ce que nous faisions là lorsqu’il me coupa, tendant sa main vers moi.

Surprise, je glissai mes doigts entre les siens, le regard cette fois interrogateur, quoique mon sourire ne m’ait pas quitté, pour le suivre alors jusqu’au centre de la roseraie. L’observant avec toute l’attention provoquée par ma curiosité mordante, je l’écoutai alors, sans rien y comprendre. Était-il en train de me faire une déclaration ? Mais… Enfin… Oui, je savais qu’il m’aimait. Il m’aimait assez pour avoir signé le contrat de fiançailles en compagnie de son père. Alors… Pourquoi me répéter ça maintenant ?

Ma main retombant doucement le long de mon corps lorsqu’il la lâcha, je paraissais de plus en plus surprise. Qu’étaient donc ses plans ? Depuis une semaine ? Mon cerveau fonctionnait à plein régime sans arriver à imbriquer les liens logiques entre eux. Quelque chose m’échappait, mais quoi ?...

- Matt, tu…

Mais je m’arrêtai net. Tout simplement. Mon cerveau freeza et mon sourire s’effaça pour laisser place à une expression de surprise pure et dure. Pourquoi, par tous les mages, mettait-il un genou à terre ? Et pourquoi avait-il une… Tilt. Une lumière sembla soudain éclairer mon regard alors que ce dernier se posait sur la bague avant de se relever dans celui de Matthew qui reprenait parole. En une fraction de seconde, j’en avais oublié ce foutu contrat. J’avais oublié le pourquoi Matt avait été obligé de faire cela maintenant « selon ses plans » que j’arrivais désormais à comprendre. Et si mes yeux trahissaient mon étonnement, une lueur bien plus tendre y prit alors place tandis que mon sourire revenait à la charge. Plus que cela, ce furent d’autres émotions tout aussi fortes qui me traversèrent. Et, mes mains se plaquant sur ma bouche pour étouffer un léger sanglot autant de surprise que de joie et d’autres choses que je ne saurais décrire. La question m’avait déjà été posée, dans la serre, il y avait de cela presque deux semaines. Mais… Cette fois… C’était différent.

Sûrement ma réaction était-elle exagérée pour n’importe quelle personne extérieure à nos vies mais… Pour une femme qui n’avait été élevée qu’à la signature de contrats d’union, pour moi qui n’attendais rien d’autre qu’un mariage formel… C’était… Inespéré. Oui. Voilà. C’était le mot : inespéré. Quelle Sang Pur pouvait se targuer d’avoir eu ce genre de demande dont les livres même pouvaient être jaloux ? Quelle Sang Pur pouvait avoir le droit d’être romantique ?

Ainsi, me penchant vers lui sans même attendre la moindre seconde, sans qu’un seul temps de silence ne se fasse, ma main se posa sur sa joue et je l’embrassai avec toute la tendresse que j’avais à son égard et Merlin seul savait combien j’en avais en réserve.

- Bien sûr que je le veux. Soufflai-je alors que deux larmes s’échappaient de mes yeux, mon sourire éclairant pourtant ces derniers. Evidemment que je veux t’épouser… Encore un peu plus chaque jour, je crois. Etouffai-je dans un léger rire alors que je l’aidai à se relever pour mieux l’embrasser. Je t’aime Matthew Gimhae… Par tous les mages, je t’aime… Répétai-je dans un sourire qui ne mentait pas tant la surprise, toujours plus que présente, me rendait heureuse. Mais pourquoi avoir fait tout ça ? Demandai-je doucement dès lors que l’émotion la plus fort fut passée. Pourquoi une demande de roman ?

Car si j’aimais ce genre de roman, si j’avais toujours rêvé de ce genre de choses en sachant pertinemment que ça ne serait jamais le cas, cela était, toujours, pour moi, resté des histoires, romantiques, certes, mais des histoires malgré tout. Des romans à l’eau de rose qui ne pouvaient pas exister dans notre monde.

C’est avec attention que j’observais la bague. Pas que je la détaillais réellement, elle aurait pu être une bague en friandises que je l’aurais aimé, contrairement à ce que beaucoup pouvaient penser de par mon côté quelque peu superficiel mais seulement parce qu’elle signifiait quelque chose de plus grand, quelque chose qui, à cet instant me dépassait. Et ainsi eut-il cette question : pourquoi ? Sa réponse eut au moins le mérite de me faire sourire alors qu’il me semblait avoir un pied dans deux mondes diamétralement opposés.

- Ton monde a de bons côtés… Soufflai-je doucement, embrassant la paume de sa main avant de rire légèrement à sa remarque.

Sa mère était… Vraiment un cas, si je pouvais le dire ainsi. Une femme amusante, forte et maternelle comme je n’en avais jamais réellement vu. Qu’il dise la vérité était donc… Largement possible, je devais l’admettre quoique d’un point de vue personnel, cela ne m’aurait pas réellement choqué puisque contrairement à elle.
Fermant les yeux au contact de ses lèvres sur mon front, je soupirai doucement, esquissant un nouveau sourire alors que ma main se glissait dans la sienne. C’était un fait que ni Thomas ni personne d’autre ne pourrait effectivement nous enlever. Au moins y avait-il plus que n’importe quel contrat. Des sentiments bien plus forts que ce que nous étions obligés à faire et cela rassurait, cela me permettait d’être bien plus sereine quant à l’avenir. Je l’avais lui. C’était tout ce qui importait.

Sa veste sur mes épaules, j’arquai alors un sourire avant d’étouffer un rire, répondant à ses baisers avec une lenteur lascive autant qu’amoureuse.

- Tu as été jusqu’à demandé de l’aide à Alix… Murmurai-je contre ses lèvres. Tu n’as donc reculé devant rien…

Je connaissais Alix. Beaucoup trop bien pour ne pas imaginer le pire et tout ce qu’elle avait pu lui dire d’ailleurs. Mais en un sens… Je savais aussi qu’il avait bien fait car si je la connaissais, elle me connaissait peut-être encore mieux et je ne doutais certainement pas des idées qu’elle avait pu avoir, comme en témoigna la résidence et le chef qui m’arrachèrent un nouveau sourire. Mais plus que ça…

- Une maison à nous ?...

Ne soyons pas idiots, lui comme moi avions une idée derrière la tête. Et elle n’était pas réellement la plus pure, peut être la plus romantique, mais le reste…
Prenant ses lèvres en otage, profitant de son contact, de sa proximité, de lui, tout simplement, je soupirai doucement d’aise. Tout était… Parfait. Est-ce que je le méritais ? Si la question s’était un jour imposée à moi, elle n’était plus qu’une vague passée s’échouant sur cette plage que lui seul savait créer.

- Oui. Admis-je alors. Disons que… J’ai beau faire semblant, beaucoup de choses que vous faites chez vous me semble encore… Mmh… Surprenant. Et ça… ça en fait partie. Sans compter Alix ou Amara… Tu es la première personne à faire attention à ce qui me ferait plaisir ou du bien. Alors…

C’était presque triste à dire, mais cela ne me faisait ni chaud, ni froid. Enfin… Pas de le dire. Cela me permettait de vivre plus intensément encore la moindre marque qu’il pouvait m’offrir, comme si celle-ci pouvait être la dernière, comme si c’était la première.

- Ajoute à ça que ça s’est passé tellement vite, que c’était pas prévu et… Enfin je dois admettre que j’imaginais des fiançailles publiques comme on en a l’habitude et… C’est tout. Mais… Observant autour de moi, je me mordis la lèvres, secouant négativement la tête. J’aurais pas pu rêver mieux. Ni meilleur fiancé. Soufflai-je en reprenant possession de ses lèvres. Merci…

- Je suis longue à la détente. Plaisantai-je dans un très léger sourire.

Non, évidemment, je ne le remarquais pas seulement « maintenant ». Son monde m’apportait plus de liberté que je n’en avais eu, comme s’il savait vivre là où je n’avais appris qu’à survivre et tout cela me procurait un sentiment grisant qui commençait à me devenir indispensable. Et sûrement, d’ailleurs, le savait-il. Il n’y avait qu’à observer mes façons de faire pour s’en apercevoir… Même sa présence dans mon dortoir chaque soir prouvait que j’avais cessé de suivre les règles à la lettre.

Et le reste de la soirée n’allait très certainement faire que confirmer ce qui était désormais vrai : j’avais mis un pas définitif dans son monde. Et même si je dus avouer m’inquiéter légèrement de la présence d’Alix dans ses plans, cette dernière étant capable du meilleur comme du pire, je fus soulagée de savoir ce qu’elle avait fait, notant évidemment que la soirée ne serait que pour nous sans personne d’autres.

- Ca m’étonne pas d’elle. Soufflai-je dans un rire. Je lui apprendrais à parler correctement un jour, promis.

Mais plus qu’Alix et son vocabulaire de charretière, j’avais envie de penser à autre chose. Je m’occuperais du cas de ma meilleure amie demain. Ou plus tard… Oui… Plus tard. Avant, je voulais profiter de lui, de ses lèvres, de sa peau. Souriante, refusant de me séparer de lui du moindre centimètre, je soufflai, sereine. Ce n’était que le début. Il avait raison. Ce n’était le début de ce que nous pourrions vivre. Tous les deux. Ensemble. Et à cet instant, silencieusement, je lui fis une promesse sans même la lui donner. Il serait heureux. Je ferais tout pour le rendre heureux, pour continuer à voir ce sourire sur son visage qui me ravissait.

Prenant la route à ses côtés, serrant sa main dans la mienne, le cœur léger, j’hochai doucement la tête.

- Et ces fiançailles doivent être maintenant officielles.

De quoi affirmer que le contrat signé la semaine précédente n’était rien comparé à cette demande. Ce qui était réel… C’était aujourd’hui. C’était demain. C’était tous les autres jours que je passerais à ses côtés. Pas ce que l’on nous imposerait. Et quoique l’on puisse ainsi nous imposer, nous trouverions un moyen de l’utiliser, de le rendre réel. Un sourire apposé sur mon visage, aussi doux que serein, je laissai mes yeux reposer sur le sol alors que le monde autour de nous ne me paraissait plus que vague et sans importance. Je ne relevai les yeux vers lui que lorsqu’il se montra curieux. Riant doucement, j’haussai les épaules, nonchalamment.

- Mis à part mes livres de potions, tu veux dire ? Plaisantai-je en sachant pertinemment ce qu’il voulait dire. T’auras pas de mal à savoir ce que je lis, j’adore ça. Imagine que tous les soirs en hiver, quand mon père était de sortie, je m’enfermais dans le petit salon devant la cheminée, emmitouflée dans un plaid et je lisais jusqu’à ce que je l’entende rentrer.

Puis je m’échappai avant de croiser sa route, tentant d’éviter la moindre remarque ou le moindre coup parce qu’une chose ne lui aurait pas plu, comme ma simple présence dans son champs de vision. Enfin… Au moins n’aurais-je pas à me cacher avec lui. Enfin peut être pourrais-je profiter d’une soirée d’hiver complète face à la cheminée alors même que cette idée n’avait été, jusque-là, qu’un rêve idiot.

Arrivés face à la porte de la résidence qui allait nous accueillir pour la soirée et la nuit, je soupirai alors avant que la porte ne soit poussée.

- Prions pour qu’Alix ne t’ai pas poussé à transformer cet endroit en maison close. Plaisantai-je alors malgré une légère tension.

Mais ce ne fut pas le cas. Tout semblait avoir été calculé au millimètre et c’était… Magique. Me mordant la lèvre inférieure dans un sourire qui ne pouvait pas tromper mon fiancé, j’observai autour de moi avec les yeux d’une petite fille découvrant pour la première fois son monde intérieur fait de ses plus beaux rêves.
Alix n’était effectivement et définitivement pas étrangère à tout ça. Elle connaissait mes goûts mieux que quiconque et avait sûrement su quelle dose indiquer à Matthew entre luxe et cocooning. La cheminée allumée dans le salon, les plaids pliés sur le canapé, les bougies allumées, la bouteille de vin ouverte sur la table basse… Un salon luxueux, certes, mais dont le cozy le rendait diamétralement opposé à l’endroit où j’avais grandi.

- J’ai de la chance… Soufflai-je à mi-voix en me tournant enfin vers Matthew. J’ai de la chance de vous avoir. Toi comme Alix. Enroulant mes bras autour de sa nuque que je caressai alors distraitement, j’esquissai un sourire sincère, ému. C’est parfait…

Il n’avait pas tort et je le savais pertinemment. Alix était impossible à dresser, et ce n’était pas faute d’avoir essayé. Même mon père avait tenté par plusieurs fois de la reprendre. Impossible. C’était un esprit libre, et c’était peut-être ça que j’aimais chez elle. Sa façon libre de pensée, loin de toute bienséance, de toute règle. Une façon de penser que j’enviais, je devais l’admettre. Enfin… Si j’acquiesçai à cela, je n’avais pas non plus envie de tergiverser sur ce point. Ce n’était pas important.

Ce qui l’était, néanmoins, et qui ne tomba certainement pas dans l’oreille d’une sourde, fut sa proposition. Un coin de lecture dans sa serre ? C’était une chose que j’avais appris à aimer en été : lire loin de la demeure de mes parents, là où personne ne me trouvait, en pleine forêt, en général. Ainsi esquissai-je un sourire, ravie de cette idée.

- Tant que je ne te gêne pas, tempérai-je néanmoins mon enthousiasme. Lire dans la nature a tendance à m’apaiser. Je ne dirais pas non.

Et même si je ne doutais pas que la présence de Matthew, l’environnement dans lequel j’allais bientôt évoluer serait bien moins anxiogène que celui que j’avais connu jusque lors… Savoir qu’il resterait un coin de nature où je pourrais me réfugier sans pour autant m’éloigner d’une demeure que je ne connaissais pas m’allait parfaitement.

- J’ai peur que tu détestes quand même tous mes livres. Plaisantai-je alors. Avec le piano, c’était la seule distraction que je pouvais plus ou moins avoir. Et encore, même le piano, j’allais beaucoup chez les Yaxley pour m’entraîner. Ce qui fait que j’ai… Beaucoup de livres. Prévins peut-être un peu exagérément pour le taquiner.

Mais déjà, nous arrivions à notre destination. Qu’avait donc pu faire Alix… Hé bien tout ce qu’il fallait avec le concours de Matthew… Et tout était juste… Magnifique. Je n’avais pas réellement d’autres mots pour décrire ce que je voyais. J’avais de la chance… J’avais énormément de chance d’avoir une amie comme ça et un fiancé aussi attentif… Et je ne me gênai pas pour le lui dire, bien trop heureuse pour cacher cette vérité. Vérité qu’il me rendit, m’arrachant un sourire en enroulant mes bras autour de sa nuque.

- Et tu mérites encore plus… Soufflai-je contre ses lèvres, suivant son mouvement jusqu’à basculer sur le canapé.

L’observant avec une intensité qui ne mentais pas, un nouveau sourire illumina mon visage alors que l’idée de suivre le plan d’Alix était particulièrement tentante. Et cette fois… Nous avions le droit. Nous pouvions être ensemble sans risquer de nous faire prendre. Quoique… Emettant un léger rire, je me redressai lentement, l’observant non sans envie, déboutonner sa chemise.

- Que ça soit maintenant ou demain dans la chambre, tu crois que je te dirais un jour non ? Plaisantai-je en frôlant doucement son torse nu de mes lèvres pour lever de nouveau les yeux sur son visage. C’est mal me connaître…

Moi qui, il y a encore un mois et demi, n’osait pas prononcer le moindre mot ni même imaginé que je puisse un jour partager mon lit avec un autre homme que mon mari… Hé bien… Je n’étais pas loin de la vérité au vue de la bague que je portais désormais au doigt. Mais même sans cela, à vrai dire… Me glissant hors du canapé, je poussai alors l’étudiant sur ce dernier, grimpant sur ses genoux non sans me dégager de mon haut, plongeant mon regard dans le sien le temps de quelques courtes secondes avant de fondre sur ses lèvres dans une envie dont il ne pouvait douter, lui offrant les baisers les plus passionnés, les plus tendres que je pouvais alors lui donner avant de dévier ses derniers dans son cou, libéré de sa chemise que j’avais envoyé plus loin.

- Dis moi ce dont tu as envie… Murmurai-je sensuellement à son oreille. J’ai envie de commencer les choses « bien ».

Et par bien, j’entendais que j’avais effectivement une envie certaine de m’occuper de lui et seulement de lui. Pas parce que je m’y sentais obligée, contrairement à tout ce que j’aurais pu faire lorsque nous nous étions rencontré, mais bien parce que c’était là mon envie propre. Pas mon devoir. Mon souhait. Le voir me céder. C’était là tout ce que je désirai.

Les deux ne seraient certainement pas incompatibles. Il était inutile de se mentir. Voilà désormais plus de deux semaines que Matthew avait l’occasion de me rejoindre dans le dortoir des Serdaigle… Et voilà plus de deux semaines que j’avais oublié ce que le mot « chaste » pouvait vouloir dire, pour mon plus grand plaisir, je devais bien l’admettre. De plus en plus à l’aise et de plus en plus désireuse, j’apprenais à jouer de mon corps contre le sien, à le provoquer, à me laisser aller.
Oh, cela n’avait pas été la chose la plus simple à faire. Les croyances que je pouvais avoir sur ce « sport » n’étaient visiblement pas les meilleures que l’on pouvait espérer. Et une à une, Matthew, patiemment, avait tenté de me les faire oublier, de les remplacer par d’autres plus… Disons plus égalitaires voire même, en un sens, égoïste. J’avais ainsi appris à m’écouter autant qu’à l’écouter, à profiter et à me concentrer sur moi… Pour le mieux, je devais l’admettre. Ou pas. Je finissais par craindre que mon envie insatiable ou presque allait finir par le lasser.
Mais pas aujourd’hui, visiblement. Assise sur ses genoux, face à lui, je lui avais souffler quelques mots bien choisis. J’avais envie de lui. Mais plus que tout… J’avais envie de le voir céder. De le sentir se tendre sous mes mains autant que sous mes lèvres.

- Ce serait presque tentant. Plaisantai-je à mi-voix, frôlant ses lèvres des miennes, me retenant difficilement de m’y perdre avant d’esquisser un sourire mutin. Et tu m’auras… Répondis-je alors dans un murmure tandis que mes lèvres, enfin, prenait possession de ses jumelles dans un souffle d’envie.

L’envie… C’était ce que je peinais le plus à refreiner, à calmer, pour ne pas céder trop vite, pour ne pas précipiter cette chose dont je voulais profiter encore et encore. Et son bassin contre le mien, ce mouvement pourtant doux ne m’y aidait pas. Bien loin de là.

- Mais si c’est moi qui décide…

Alors je mènerais. Je n’étais certainement pas encore parfaitement sûre de moi, pas même dans une totale confiance de mes gestes, de mes décisions mais… J’en avais envie. Ne serait-ce que parce que les regards que je pouvais obtenir valaient certainement tous les mots du monde. Alors, presqu’à contre cœur, je me dégageai de son corps, ce sentiment de manque se faisant presqu’immédiatement ressentir, pour reculer de quelques pas, le regard perdu dans le sien.

- Vu que nous sommes fiancés… Je peux au moins faire ça… Soufflai-je à mi-voix.

- La meilleure. Assurai-je dans un sourire réellement convaincu.

Ça oui. Alix était la meilleure des amies que j’aurais pu espérer avoir. Nous avions vécu et vu bien assez de choses pour que l’une comme l’autre nous soyons inséparable et il était clair qu’elle était une personne sur qui nous pouvions compter. Cela ne faisait aucun doute.
Dans tous les cas, sa potion était réellement la bienvenue et avait été des plus utiles, m’évitant de devoir aller à l’infirmerie dès le lendemain… Tant mieux. Cela nous ferait un stress de moins et nous permettrait de profiter davantage alors que je refusais de le voir comme seul et unique coupable. Lui qui était obligé de penser pour moi, il était bien hors de question qu’il prenne la faute sur lui… Sauf peut-être cette faute-là, je l’admettais. Esquissant un sourire amusé, mes lèvres profitèrent des siennes sans la moindre honte avant que je n’arrive enfin à me lever, pas franchement très stable mais au moins sur mes pieds.

- Ils devraient y penser pourtant… Soufflai-je avec amusement avant que je ne répare le vase, effaçant le témoin de nos ébats.

Il y avait une chose que j’avais désormais envie de faire, très envie : une douche. Et s’il était hors de question de m’éloigner de lui, je n’allais pas non plus prévaloir de mes forces. Lui indiquant ainsi que la douche se devrait d’être chaste pour éviter tout problème de mort subite… Je ne pus qu’esquisser un sourire à sa remarque tout aussi pertinente quoique peut être un peu moins glauque avant que mes doigts ne se referment sur les siens pour que nous puissions ensemble partir à la recherche de la salle de bain.
Et comme convenu, ce fut une douche des plus chastes que nous prîmes alors, profitant de la tendresse que nous avions l’un pour l’autre, de la sensualité autant que de tout ces sentiments qui nous réunissaient désormais. Et cette douche ne dura pas assez longtemps pour me satisfaire de ses baisers, ne faisant que me rendre devant l’évidence certaine faisant que je le ne serais jamais. Et pire… Matthew me quitta en recherche de la cuisine. Plissant les yeux, je relâchai sa main malgré tout, soufflant doucement.

- J’arrive vite.

Avait-on dit qu’Alix était une bonne amie ? Enfin non. La meilleure ? Cela fut bientôt vérifiable. N’étant pas vraiment préparée à cette surprise, je n’avais strictement rien pris d’autres sur moi que mon sac habituel ne comprenant pas de tenue de rechange, chose que ma meilleure amie avait visiblement anticipé alors qu’un sac se trouvait dans un coin de la salle de bain, portant mes initiales. Plissant les yeux, j’avais eu la « joie » d’y trouver tout ce qu’il ne fallait pas pour une femme censée être respectable. Et si je n’allais certainement pas immédiatement faire étalage des sous-vêtements bien trop affriolants pour être montrés qu’elle m’avait préparé, la tenue elle-même était… Soit. Je n’avais de toutes les manières que ça si je ne voulais pas remettre mes vêtements encore étalés dans le salon. Ainsi enfilai-je cette robe bien plus courte que celles que j’avais l’habitude de porter au-dessus de ces dessous que Matthew finirait par voir, attachant les jarretelles aux bas en pestant légèrement malgré tout contre mon amie, bien trop prévoyante sur ce coup.

Redescendant enfin je rejoignis Matt dans le salon, un sourire en passant le pas de la porte avant de tourner sur moi-même dans un léger rire.

- Présent d’Alix. Ça te plait ?

M’approchant de la table, j’arquai alors un sourcil. C’était… Réellement grandiose. Tout avait été pensé dans les moindres détails.

- Hé bien… Murmurai-je. Je dois admettre que je m’attendais à bien moins que ça… Enfin pas que je ne te fais pas confiance pour préparer ça, rectifiai-je en me tournant vers le Gryffondor. Mais j’en demandais définitivement pas tant. Répétai-je. Même si j’admet que… J’adore. Et que j’ai beaucoup trop faim pour ne pas adorer aussi… Plaisantai-je en prenant place. Je vais difficilement pouvoir rivaliser avec ce que tu as préparé… Il va me falloir t’emmener dans la jungle voir des plantes extrêmement rare pour réussir cet exploit.

Et le pire était que j’en serais très certainement capable si cela pouvait lui plaire et le faire sourire. A croire que seul son bonheur m’intéressait alors… Ce qui n’était pas si éloigné de la vérité que ça. Là où j’avais toujours vécu pour moi et pour ma sauvegarde autant que celle de ma famille, gardant une place pour quelques rares amis, ces derniers prenant d’ailleurs souvent la place de ce qu’était ma famille, Matthew, lui, avait su se créer une place différente, une place à part. Comme si au lieu de modifier mon monde pour le faire à son image, il l’avait agrandi. Rien ne changeait. Ni ma façon d’être, ni l’entourage que j’avais. Juste… Lui, sa présence et le regard que je lui portais.

- Des fois je me dis que j’aimerais bien retrouver cet abruti du pub qui nous a poussé a discuter la première fois. Soufflai-je alors en souriant. Je crois que je n’ai jamais autant apprécié un abruti que celui-ci d’ailleurs…

Ce qui était un exploit mais au vu du botaniste… Apprécier un abruti qui m’avait pousser à le rencontrer en valait largement la peine.

Une moue amusée au visage, je me mis à réfléchir le temps de quelques courtes secondes.

- Mmh… En un sens, elle a effectivement agi dans mon intérêt. Soufflai-je en souriant.

Après tout, si être sexy ne me dérangeait pas si je ne faisais face qu’à ses yeux, je devais admettre que lui, nu, était particulièrement plaisant à imaginer autant qu’à voir. Mais je ne devais pas encore penser à ça. Pas maintenant. Manger nous était certainement plus nécessaire que toute autre chose… Quoiqu’à bien y penser… Non. Ne pas y penser. Me répétai-je fermement.
A la place, je me concentrai sur le repas qui nous était alors servi. Un repas des plus copieux et des mieux préparé, c’était certain. Et dont nous allions allègrement profiter. Prenant un bout de canapé, je me mis à rire, doucement, tout en secouant la tête.

- Je sais. Répondis-je avant que je ne morde dedans avec plaisir. Mais sans que ça ne soit une course, j’aimerais te rendre aussi heureux que je ne le suis…

Cela pouvait paraître gentillet, idiot et terriblement niais mais la réalité était pourtant bien celle-ci. Une réalité que j’appréciais particulièrement et dont je ne me laissais pas, les semaines et les mois défilant bien plus vite que je l’aurais imaginé. Qui plus est… Je n’avais eu, jusque-là, que des bons moments en sa compagnie. Rien d’autre. Excepté peut être le jour de la soirée de mon père, je l’admettais aisément.
A vrai dire, à cet instant, même le jour de notre rencontre me semblait parfait, quand bien même un abruti alcoolisé l’avait mal démarré. Trinquant avec lui, je me mis alors à rire.

- Evitons que tu ne montres à tout le monde ta prise du nez. Ils voudraient tous connaître ton « secret ». Soufflai-je en buvant une gorgée de la boisson pétillante. Et entre tes proches et les miens… Je suppose qu’il y aura bien assez d’ambiance.

C’était un fait. Tous étaient si différents, si… opposés les uns des autres… Au point que j’admettais craindre tout événement qui les réunirait. Quand bien même les pires – à savoir ma famille – n’y participerait pas ou très peu. A cette pensée, mon regard s’assombrit, le temps de quelques secondes. Ma famille… En avais-je vraiment encore une, après tout ça ? Je n’avais pas réellement envie de me poser la question, à vrai dire… Une chance, la voix de Matthew me permit de ne pas me poser plus cette question, m’arrachant même un sourire alors que mon visage s’éclaircissait à nouveau.

- Je penserais à les remercier tous deux dans ce cas. Quoique… Je doute que Ted puisse un jour accepter la moindre de mes paroles. Soufflai-je, amusée malgré la situation. En un sens, je le comprend.

Oh oui. Je le comprenais. Je n’avais que rarement été tendre avec lui ces dernières années, et notre rôle commun de préfet en chef n’avait en rien aidé à une entente pacifique. A vrai dire… Seul Matthew avait réussi cet exploit, m’obligeant à plus de retenue, à plus de contenance face à une personne que j’avais pourtant toujours méprisé. Une prouesse dont il ne se doutait même pas, paradoxalement.

- Oh ! J’admets effectivement que ce qui m’a le plus attiré chez toi a été la terre sur tes mains et tes vêtements tachés. J’ai toujours trouvé ça sexy chez un homme. Plaisantai-je. Cela dit… Même si ce que je viens de dire est un peu éloigné de la vérité… Je dois admettre que j’adore te regarder travailler.

Sa concentration, sa façon de prendre soin de ses plantes, ou même lorsqu’il en parlait, lorsque je lui posais des questions… J’aimais tout ça, me noyant dans ses mots autant que dans l’observation que je faisais. A vrai dire, cela avait quelque chose d’apaisant de le voir travailler. Aussi étrange que cela puisse paraître.

- Cela dit je suis sûre que plus que nos discussion c’est ma position de préfète en chef à Poudlard qui t’a attiré. Avoue-le, toi qui es attiré par la puissance.

C’était faux et entièrement faux, évidemment. Ça l’était au point qu’il ne m’avait même pas mis au courant de sa famille qui, de toutes les manières, n’aurait pas changé grand-chose quoiqu’il puisse en être. Mais puisque nous étions dans les choses fausses, autant en rajouter.

- Dis-moi, ajoutai-je alors finalement. C’est une question un peu bête mais… Quand est-ce que tu t’es dit que tu voulais être avec moi ? Enfin... Quand est-ce que tu t'es décidé à me dire que je te plaisais ?

Attrapant de nouveau de quoi manger, je soufflai doucement. Non. Vraiment. C’était délicieux.

- Je note quand même qu’Alix est plutôt du genre douée pour aider à organiser ce genre de choses. J’avoue que je n’aurais pas pensé…

Pas que je ne lui faisais pas confiance, bien sûr mais… Ce genre de choses… Je n’y aurais pas penser, c’était un fait.

Être avec moi était assez… Certes… A vrai dire, cela faisait écho à mes propres pensées. Là où j’avais toujours aimé avoir « plus », Matthew se suffisait à lui-même. Sa présence seule suffisait à m’arracher des sourires là où personne n’avait su le faire. Un exploit, c’était certain. Malgré nos différences, nos mondes diamétralement opposés, nous avions su nous trouver et nous créer notre propre monde… Un monde qui en faisait coexister deux autres, bien que cela puisse s’annoncer quelque peu… Difficile, en témoigna notre accord sur l’ambiance risquant d’être mis par nos proches lors de notre mariage. Esquissant un sourire à sa proposition, j’hochai doucement la tête.

- Il faudra aussi prévoir un mur entre les deux, au cas où.

Disons que… Je connaissais bien trop certains de mes proches pour admettre la présence de sang mêlé, ou pire, d’hybride, dans la même pièce qu’eux et de façon volontaire. Du moins si ces derniers étaient présents… Ce dont je doutais malgré tout. Tant mieux en un sens et… Tant pis pour moi car je pus alors me demander s’il m’était réellement donné d’avoir des proches, de la famille.
Mes pensées arrêtées par les dires de Matt, je ne pus alors qu’admettre devoir remercier Ted sans même compter sur l’acceptation qu’il aurait de tout remerciement.

- Nous avons déjà essayé. Soufflai-je doucement. Il est venu me voir et… Nous nous sommes serrés la main pour nous accorder sur une entente cordiale à défaut d’être une amitié.

Ce qui était un pas énorme, il était vrai. Un pas gigantesque, même, pour moi. Là où je n’avais fait que le mépriser durant toutes ces années à devoir le côtoyer, j’avais accepter de m’entendre avec lui, à faire preuve de tolérance, à l’encontre même de ce qu’avait été mon éducation et les valeurs qui m’avaient été transmises par mes parents. Preuve que j’étais capable de réfléchir, d’admettre et d’accepter l’autre, à défaut de véritablement changer – cela me semblant tout à fait impossible pour le moment.

- Tu as visiblement une influence que certains jugeraient positive sur moi. Repris-je en riant doucement. Quoique la plupart risquent de ne pas croire en cette entente avec un… Ted.

Oh, ce n’était pas « un Ted » que j’allais dire, non. C’était plutôt « un fils de monstre ». Expression que je me refusais de prononcer malgré l’habitude de cette dernière. Un Ted me semblait donc bien plus approprié à cet instant.

Et la conversation continua alors, penchant bientôt sur l’attirance que nous avions eu l’un pour l’autre, lui pour sa tenue pleine de terre, moi pour la clé de la salle de bain des préfets qui m’arracha un rire avant que je n’arque un sourcil.

- Mon amour des potions ? M’enquis-je alors. Tu veux dire que tu aimes savoir que je suis capable de t’empoisonner sans que tu ne le saches ? Ou seulement que tu aimes ma collection de fiole colorée en tout genre ?

Sûrement ni l’un, ni l’autre, quoique le premier puisse être particulièrement utile dans certains cas, je l’entendais. Mais à vrai dire, je ne voyais pas réellement en quoi mon amour des potions pouvait être attirant pour quelqu’un. Il ne s’agissait là que d’une passion dévorante que je peinais à masquer dès lors que le sujet venait sur la table. Une honte, lorsque l’on savait que toute femme se devait d’être mesurée, discrète et rationnelle.
J’en vins ainsi à lui poser une question : quand ? Quand avait-il su qu’il voulait être avec moi ? Et sa réponse me fit sourire. Pas de coup de foudre. Et c’était tant mieux. Je n’y croyais pas vraiment. Trop impulsif pour moi, trop irréfléchi là où je cherchais toujours à comprendre et à rationaliser tout ce qui m’entourait… La question m’étant retournée, je baissai doucement la tête.

- Je ne dirais pas mieux. Au début tu m’énervais. J’avais beau essayer d’aller sur des sujets polémiques, tu n’y répondais pas ou seulement en admettant mon point de vue sans même chercher à imposer le tien pourtant contraire… Admis-je. Et parce que tu n’y répondais pas, parce que je n’ai jamais eu de réelle discussion polémique sans que l’autre ne monte au créneau, j’avais envie de creuser encore et encore et… Et je n’ai plus eu envie de m’arrêter. J’avais juste envie de te parler, alors j’admets que ma potion m’a bien servi pour ça… Puis au lieu de te parler, seul le fait de te voir me suffisait jusqu’à ce que tu me dises que je te plaisais… De là… Ma seule envie a été d’aller plus loin. Enfin… J’ai compris ce que voulait dire « ressentir le besoin de quelqu’un ». Soufflai-je en souriant.

Un besoin qui s’était alors développé jusqu’à devenir ce qu’il était aujourd’hui. Une relation qui nous apportait à l’un comme à l’autre, dans laquelle nous nous complétions autant que nous nous opposions mais toujours dans une bienveillance que je ne trouvais chez aucun autre homme. Il m’apaisait, il me stimulait et m’apportait ce dont j’avais besoin sans que je n’ai la nécessité de le lui dire… Jusqu’à ces fiançailles qu’il avait organisées… Avec l’aide d’une certaine personne que je remercierais de vive voix dès lors qu’elle reviendrait, pour sûr.

- Pour les fêtes et les anniversaires surprises, appelez Alix Avery en utilisant le réseau cheminette… Plaisantai-je alors, étouffant d’un léger rire. Enfin… Alix Rosier maintenant… Ca va faire un brin bizarre. Admis-je en soupirant. Ca fait des années qu’on était dans le même dortoir, au Journal aussi… On a fondé les Queens et… L’année prochaine elle sera partie, elle va fonder une famille et je vais certainement devoir me coltiner je ne sais quelle autre Serdaigle.

Grimaçant, je soupirai alors, secouant la tête de gauche à droite avant de me tourner vers Matt, les yeux plissés, une idée en tête.

- Est-ce que tu penses qu’on pourrait demander à McGonagall de t’installer dans mon dortoir l’année prochaine ? Plaisantai-je en connaissant malheureusement la réponse. Des fiançailles, ça devrait ouvrir ce genre de possibilité ! Je devrais en faire une pétition au Journal !

Une fausse bonne idée, sûrement, mais malgré tout tentante, il fallait l’admettre. Plus besoin de se cacher pour partager notre lit… Plus besoin, non plus, de dormir seul, car à défaut d’être collée à lui toute la journée – tenant malgré tout à une certaine indépendance que mes cours m’apportaient – j’appréciais particulièrement le retrouver la nuit tombée, sans forcément un échange plus passionnel, juste… Le retrouver, lui, sa peau, sa voix et tout ce qui faisait qu’il était lui.

- Au fait… Repris-je alors en reposant ma coupe. Je sais que ce n’est ni le lieu ni le moment pour te demander ça mais… ça te dirait de venir faire une apparition pour un cours de potion ? J’aimerais que les collégiens sachent une fois pour toute comment extraire l’essence d’une plante et j’ai l’impression que Mackelled n’a pas fait son travail. Ils sont nuls en tout point. Et vu que j’ai une forte tendance à faire les yeux doux aux botanistes pour qu’ils le fassent… Tu serais peut être le mieux placé pour leur faire la démonstration...

- Inutile. Répondis-je en secouant la tête. J’admet qu’hormis ce qui l’entoure. Ted n’est pas si horrible que ça. Soufflai-je, alors même que cette concession m’arrachait la gorge.

Je ne pousserais pas plus que cela, certes, mais c’était déjà particulièrement fort que de dire cela vis-à-vis d’un fils de lycanthrope. Une avancée notable, en soit, de ma part autant que de la part de Lupin qui était venu me trouver. Entendant parfaitement que cela avait dû lui être tout aussi compliqué que pour moi, voire plus, cela ne faisait ainsi que m’apporter une preuve de sa capacité intellectuelle quelque peu plus développée que dans mes songes.

Dans tous les cas, ce n’était certainement pas à cause de nos proches que nous nous étions finalement rapproché à ce point, mais bien pour ce que nous étions. Et quand bien même nous étions tout deux plutôt dangereux, il avait raison. Esquissant un sourire, je secouai la tête. Au moins n’avais-je aucune crainte quant au fait qu’il m’offrirait une mort douce s’il voulait un jour me tuer… Non ? Mmh… Mieux valait que j’évite de le mettre en colère après tout. Fort heureusement, ce n’était pas mon intérêt ni mon envie, bien au contraire.

- Tu n’es qu’amour ? Répétai-je quelque peu perplexe avant d’arquer un sourcil. Si d’un point de vue personnel tu ne m’as jamais prouvé le contraire, je suis désolée de te ramener à la réalité mon cœur… Parce que j’aime autant ta part d’ombre que ta lumière. Soufflai-je avec une certaine nonchalance avant qu’il ne note un fait que je venais de lui apprendre. Qui ne voudrait pas t’avoir ? Tu es aussi cultivé que tu es intelligent et j’admet avoir toujours craint ce genre de personne.

Pourquoi les craindre ? Question très simple : ils étaient les plus à même de comprendre les choses, de me dire des vérités que je ne voulais pas entendre et dont je me cachais, pour la plupart de ces dernières. Mais là où Matthew aurait pu être blessant… Il n’en avait jamais rien été, bien au contraire. Nous n’avions fait que discuter, réfléchir, nous opposer et surtout nous respecter mutuellement.

C’était un peu ce qui m’avait rapprocher d’Alix. Le respect mutuel. Celui qui faisait qu’elle était plus que ma meilleure, comme une sœur, à vrai dire. Une sœur que j’allais « perdre », du moins dans mon quotidien. Esquissant un léger sourire à la remarque de Matt, je soufflai doucement avant d’étouffer un léger rire.

- Comme si je refuserais un jour de garder les enfants de ma meilleure amie. Tu peux rêver et tu auras qu’à t’entraîner sur eux. Tu auras le temps comme ça et… S’ils ont leur couche à l’envers on en paiera pas le prix. Plaisantai-je alors.

Parler d’enfants n’était pas ce qui m’inquiétait le plus. Pourquoi ? Parce que je savais que lui comme moi nous n’en voulions pas maintenant, parce que cela serait un futur certain, oui, mais pas maintenant. Et personne ne pourrait nous y obliger. Ce qui rendait la chose bien plus légère, je l’admettais.
Cela, cependant, ne nous empêchait certainement pas « d’essayer » et pourquoi pas à Poudlard ? L’idée me semblait aussi bonne qu’irréalisable, ce que vint me confirmer Matt me faisant exagérément soupirer alors même que je connaissais sa réponse.

Alors plutôt que de continuer sur un sujet impossible, à savoir une « vie de couple » comme tout le monde, je préférai lui poser une question travail avant d’hausser les épaules.

- En tant que tel… Ils n’ont pas le droit de me demander de faire cours non plus quand on y pense. Je n’ai ni doctorat ni année d’expertise. Et je me suis un peu sentie comme jetée dans la fosse au lion… Alors je doute qu’il ne me laisse pas cette carte supplémentaire. Quant au fait que Mackelled ait été bon… Soit. Admis-je alors même que je n’avais jamais été très tendre avec lui. Peut-être. Alors ce sont ses élèves qui sont des ânes. Mais il faut choisir entre l’un et l’autre… Je te jure que certains sont catastrophiques. Allister m’a carrément fait exploser sa potion de ratatinage… Grimaçai-je. Et pourtant je te promets que je ne leur ai pas mis la pression ! Enfin… Pas trop…

Bon. Peut être un peu. Je ne devais certainement pas être la professeur la plus « cool » de Poudlard. Laissant cela au Professeur Mancini notamment, je préférais le rôle de la méchante, j’étais bien plus douée là-dedans.

- Je ne crains que les personnes bienveillantes. Répondis-je dans un souffle, continuant le repas de manière distraite. Celles qui savent où frapper sans même le vouloir réellement. Et celles qui sauraient deviner les failles que chacun d’entre nous a en faisant juste… Attention.

Et Matthew faisait partie de ces personnes, des personnes que je craignais habituellement, que j’évitais, même, pour la plupart. Mais lui… Lui avait su apprivoiser mes doutes sans même s’en rendre compte, il avait su comment converser, comment échanger sans que je ne me braque et sans me laisser la moindre possibilité de l’attaquer de front pour lui faire « payer » cette bienveillance naturelle. En cela, je pourrais presque le remercier de m’avoir fait comprendre que tout n’était pas que risques et périls dans l’échange bienveillant. Que certains savaient être sans arrière-pensée. Et que j’avais la possibilité de faire confiance à d’autres personnes que moi-même et quelques proches qui en avaient trop vu pour que cela soit différent. Que faire attention ne signifiait pas creuser là où il ne fallait pas jusqu’à blesser.

Et en parlant de proches… La pensée qu’Alix puisse avoir des enfants me fit d’autant plus étrange. Evidemment, c’était une chose qui allait arriver. Quoique l’on puisse en dire, les femmes étaient élevées pour cela : donner des héritiers et les élever dans les traditions propres à leur famille. Et si j’échappais quelque peu à cette dernière règle par mes fiançailles avec un homme bien plus libre que ne l’étaient la majorité des Sangs Purs, Alix, elle, n’avait pas eu cette « chance » (quoique je ne l’imagine pas réellement malheureuse avec son mari au vu des détails bien trop intimes que j’avais eu durant notre « leçon »). Pour autant, si cela allait arriver, Matthew ne semblait pas tout à fait prêt à jouer les nounous, me faisant esquisser un sourire amusé.

- Ma meilleure amie que tu risques de voir assez souvent. Soulignai-je alors parfaitement transparente quant au fait qu’Alix était presque comme une sœur pour moi. Et as-tu déjà fait tomber une de tes plantes ? Non ? Ça sera pareil… Sauf que ça bouge, que ça pleure et que tu dois le nourrir et changer la couche toutes les trois heures. Plaisantai-je alors, bien consciente que ça n’avait strictement rien à voir.

Et d’ailleurs, je ne lui imposerais rien. Jamais. Si je voulais être présente pour Alix, pour ses enfants, je le serais seule s’il ne le désirait pas. Jamais je ne le forcerais à une telle chose. Ce n’était ni mon envie ni même envisageable.

- Je te commanderais une poupée de chiffon pour que tu t’exerces à ne pas le faire tomber. Repris-je, légèrement moqueuse avant que la conversation ne dévie de nouveau.

C’était une chose que j’aimais avec Matt. Nous pouvions parler de tout et de rien sans que cela ne nous pose de problème, ni à l’un, ni à l’autre. Ainsi, parler des cours me parut comme naturel, quand bien même j’admettais, sans le faire véritablement et distinctement, être particulièrement stressée par ces derniers.

- J’admet… Soufflai-je, que certains ne sont pas si mauvais. Quelques-uns. Mais je crois que de toutes façons je passe assez difficilement pour une professeur.

J’étais dure, c’était un fait certain. J’étais rigoureuse. Et surtout, je n’étais pas réellement appréciée par la plupart de mes élèves. Cela, sûrement, devait beaucoup jouer. Oh… ce n’était pas une chose très dérangeante pour quelqu’un ayant eu l’habitude de toutes les rumeurs qui courraient sur sa famille. Mais malgré tout… Enseigner dans ces conditions, sans même avoir été réellement préparée à cette fonction… C’était du suicide assisté. Alors en un sens, peut être qu’avoir Matthew à mes côtés le temps d’un cours me permettrait aussi de relâcher la pression, de leur faire voir un visage plus familier et donc de les rattraper avant qu’ils ne se mettent à me jeter de la poudre de mandragore au visage.

- Faire exploser des choses en botanique ? M’étonnai-je néanmoins en arquant un sourcil. Je… Comment ? Vous utilisez des explosifs pour vos plantes ou vous les chauffez au feu de bois ?

J’exagérais, évidemment, mais la question restait tout de même présente : comment diable pouvaient-ils avoir fait exploser la moindre chose dans la serre ? Rien ne me venait à l’idée…

Enfin… Matt acceptait, et je dus admettre que j’en fus quelque peu soulagée avant que je n’esquisse à mon tour un sourire. Un enfer certain, oui. Surtout pour une personne aussi minutieuse et maniaque que moi.

- Tu te diras peut-être que je suis une mauvaise professeur qui ne mérite pas sa place. Plaisantai-je cependant dans un sérieux qui pouvait faire douter de cela. Je dois admettre qu’ils m’ont quand même bien eu avec cette « promotion ». Enfin… ça sert nos intérêts dans le sens où j’ai un salaire fixe le temps du nouveau recrutement qui me permet de mettre de côté comme on avait convenu mais c’était assez abrupte quand même. D’autant que le Professeur Mackelled restait assez apprécié, admis-je (quoiqu’un poil difficilement). Je le suis « étonnamment » beaucoup moins.

Plissant les yeux, je terminai mon assiette avant de me mettre à rire, sincèrement, soupirant malgré tout.

- Des fois, je m’imagine tout plaquer et devenir vendeuse de potions. J’accueillerais les clients dans ma magnifique boutique et je leur dirais comment empoisonner leur mari sans qu’il s’en aperçoive. Plaisantai-je avant qu’un sourire au coin de mes lèvres ne réapparaisse, amusé. Je serais la briseuse de ménage la plus heureuse en couple qu’on ait connu. Quoique… Je ne suis pas très convaincue que ça me fasse une bonne publicité ça…