because it will be less painful than to blame you

Ne plus réellement se reconnaitre, ne plus savoir exactement qui on est. Quelque soit les raisons, elle avait réussi à m’ébranler, à me faire m’isoler, douter de moi. J’avais eu besoin de lui prouver quelque chose qui n’avait pourtant aucune forme d’importance. Était-ce simplement un signe de la conscience de mes limites, ou un signe que je n’étais plus ce gars là ? Qu’avec le temps, ma mentalité avait évolué ? Je ne pouvais pas le reconnaitre, ou je ne le voulais pas. Alors c’était plus simple d’ignorer tout simplement, de me plonger encore plus dans ce qui restait, mes études.

Trois fois, je lui avais cédé trois fois et je ne pouvais pas nier le fait que l’une d’entre elle avait été salvatrice, terriblement. Comme ignorer la violence de cette dernière fois, cette haine, cette brutalité qui m’avait guidé alors que je n’avais jamais été ce genre d’homme. Elle m’avait déconstruit pour me reforger d’une façon bien différente… Sombrant bien malgré moi, je n’avais pas su me relever, pas su accepter. Elle avait changé ma vie, elle avait réussi à la marquer. Elle avait fait ce qu’elle voulait de moi.

Et tout ça à cause de Leticia en quelque sorte. Si elle avait joué carte sur table, on aurait pas eu cette discussion et je n’aurais pas eu besoin d’être… Comme ça… Elle plus que quiconque, je l’avais évité, jusqu’aux vacances, jusqu’à ce que je n’ai plus besoin de penser à elle. Du moins jusqu’au retour, jusqu’au début de cette nouvelle année. Revenir avait au moins eu le mérite de m’apporter une rumeur dont je pouvais me réjouir. Si Alix n’était pas trop toxique, elle se calmerait avec ces fiançailles… Comment elle avait pu accepter cela dit ? Comment faire sans aimer l’autre ?! Si j’avais appris à mes dépends qu’on pouvait coucher et finalement ressentir quelque chose, même si c’était fragile, comment on pouvait accepter de passer sa vie avec un homme qu’on aimait pas ? Enfin… Je n’étais pas là pour juger et je n’en avais pas envie.

N’ayant par ailleurs pas faim, j’avais évité le banquet de la rentrée, préférant rejoindre mon dortoir, la sécurité relative du silence des lieux… Jusqu’à rentrer dans quelqu’un dans un escalier, quelqu’un qui manqua de tomber. À Poudlard, il était préférable de ne pas le faire, il était préférable d’éviter ce genre de chute, souvent grave. La retenant par le poignet, je l’attirais à moi avant de la reconnaitre. Qu’est-ce qu’elle faisait là ? Pourquoi elle précisément ? Son silence m’avait poussé à l’orgueil et… « Je te plais toujours ? », demandais-je sans la moindre forme d’introduction, sans une politesse, sans même l’avoir lâché. Ma voix était blanche, mon regard éteint… Rien de ce qui s’était passé avec Alix s’effaçait, alors peut-être qu’elle, si elle m’aimait… Ça rattraperait non ? « Pourquoi ? », demandais-je simplement en lâchant son poignet et en reculant d’une marche. Je n’étais même pas sûr que ce soit une question pour comprendre la nature de ses sentiments pour moi, mais plus une question sur les raisons qui l’avait poussé au silence. Cela dit elle ne pouvait pas le deviner, imaginer, clairement pas…

ft. Leticia

because it will be less painful than to blame you

Je lui plaisais énormément… Alors Alix avait bien raison depuis le début. Elle avait tenu une place à côté de moi, eut des intentions, sans jamais rien dire et au final, elle n’avait rien dit, attendant presque cinq mois pour me le dire et encore, j’avais du le faire. Alors pourquoi ? Pourquoi n’avoir rien dit ? Même si je me doutais qu’elle ne saurait y répondre. Elle aimait mon calme, être en ma présence… Elle ne connaissait rien de moi, absolument rien de moi… Et comment pouvait-elle aimer ça alors que j’étais déjà plus le même, alors qu’une autre avait imprimé ma faiblesse sur ma peau. L’éviter ? Comment j’étais censé lui faire face ? Comment j’étais censé me faire face ? « Qu’est-ce qui t’as empêché de me le dire en cinq mois ? » demandais-je, blessé, non pas par elle, mais par ce que son silence m’a fait faire. J’avais bafoué celui que je pensais être pour ça… Pourtant c’était injuste de lui en faire porter la responsabilité. Elle n’y était pour rien. J’étais celui qui avait été piqué à vif, celui qui n’avait pas su dépasser ça…

« Tu ne me connais toujours pas, mon calme… Y’a sérieusement que ça ? Je te plais pour ça, car je suis une mec calme ?! », j’étais un peu plus agacé que je ne l’aurais voulu, brisé par cette part d’ombre qui avait prit naissance en moi, « Si tu me l’avais dis dès le début, quand c’était encore normal de penser que j’étais juste ça, tu aurais vu que j’étais plus qu’un mec calme, pas juste ça. », et j’aurais pu éviter le pire, ne pas me haïr d’avoir traité quelqu’un comme ça. « Je te plais sur du vent… T’aimes une image qui a été balayé… », par une autre, par une… « Tout le monde n’arrête pas de dire que t’es solaire, que t’es franche, honnête, protectrice et il ne faut pas être stupide pour le confirmer, il suffit de te regarder plus de cinq minutes pour savoir ça. Mais toi tu m’as tourné autour pendant cinq mois et je suis juste calme… Rien d’autre ? Juste calme… », passant une main dans mes cheveux, elle me réduisait à une fonction elle aussi ?

J’étais piqué à vif, réellement, « Sors avec moi, pas comme petite amie, mais sors de l’école avec moi et juste… Vois que je suis autre chose, pas juste ça, pas juste une fonction… », efface l’encre indélébile qu’une autres avait glissé sur mon corps en me possédant. Efface juste ce souvenir, rends moi celui que j’étais, donne moi juste une chance d’être autre chose, d’être plus que ça… Je voulais exister, à nouveau, je ne voulais plus simplement devoir prouver que j’étais quelqu’un, je voulais l’être, de nouveau, je voulais l’être et si je lui plaisais, si elle réussissait à se contenter de ça, peut-être que je pourrais revenir, peut-être qu’une seule pensée positive de sa part pourrait me soigner… Ça n’allait pas, elle était responsable, mais si elle pouvait ne pas remarquer l’ombre dans mon coeur, alors peut-être que je pourrais renaitre. Ma perte et ma renaissance, elle pouvait être les deux.

ft. Leticia

because it will be less painful than to blame you

Elle avait douze ans ? Non car comment elle pouvait sincèrement dire ça, ressentir ça alors qu’elle ne connaissait rien de moi ? Et surtout à quel moment c’était possible au vu de comment je lui avais parlé. Cette fille était une ado, bien loin de ce qu’on pouvait me dire sur elle… « L’amour au premier regard ça n’existe pas… Tu t’es fait des idées à mon sujet… », alors comment elle pouvait encore s’excité à mon sujet ? Comment elle pouvait vouloir passer du temps avec moi ? Elle avait soit un sixième sens, soit elle était aveuglé, dans les deux cas, je doutais que ce soit bon pour elle. Les désillusions seraient grande… Mettons ça sur le fait qu’elle était bien trop sociable pour se laisser avoir par une façade…

Dégageant mon poignet du sien, je sortis de mon silence, malgré la tension, l’agacement, « Dimanche, à 10h, devant la grande porte… Sois pas en retard. », soufflais-je avant de reprendre ma route et rester bien loin d’elle. Elle était gentille, terriblement niaise à n’en pas douter, mais gentille. Elle… Elle serait toujours mieux qu’Alix et ça suffirait peut-être à me rappeler qui j’étais… Seulement dimanche n’arriva jamais, car Alix était Alix, car elle était là, car elle existait et que quoi que je fasse, il m’était impossible d’oublier. Je n’avais aucun sentiment pour elle, enfin si, mais rien de positif, rien d’autre que de la colère. Elle avait brisé mes certitudes, elle avait brisé ce en quoi je croyais, qui je pensais être. Juste, sa trace ne s’effaçait pas et…

Je ne le supportais plus. Je n’y arrivais plus. J’avais besoin de changer, besoin de quelqu’un qui avait une meilleure image de moi. Quelqu’un dont les émotions serait aussi irrationnelle que les miennes. Une balance, un poids pour contre balancé et… Elle passa… Elle voulait être avec moi, elle s’en ficherait des raisons, pas si je lui donnais ce qu’elle voulait et… Ça s’était moi. Elle me voulait comme Alix avait voulu me plier à sa volonté… Elle ne me repousserait pas, elle n’avait aucune raison de le faire….

M’approchant d’elle, je m’excuse auprès de ses amis, un sourire faux, blanc, sur le visage, avant de l’emmener avec moi plus loin, bien plus loin. Ma main dans la sienne, je finis par nous isoler, par nous arrêter là où personne ne nous verrait avant de glisser ma main libre sur sa joue pour capturer son visage et l’embrasser. Je voulais simplement ressentir quelque chose, quelque chose qui ne soit pas sombre et… Soit il restait une part de moi ayant besoin d’aimer l’autre pour m’enflammer ainsi, soit elle m’avait complètement éteinte, car si je sentais sa chaleur, son impatience, mon coeur ne s’emballait pas. Mon corps restait inerte. Je me détestais, je détestais abuser d’une fille comme elle, d’abuser de ses sentiments, de ses émotions pour me réparer, elle ne méritait pas ça.

Que je m’inquiète d’elle était cela dit un bon point, une raison de croire que tout n’était pas perdu et que j’avais peut-être simplement besoin d’une franchise bienveillante. Lâchant sa main pour glisser la mienne sur ses hanches, sur la chute de ses reins, je l’attirais à moi, contre moi, refusant de réellement lâcher ses lèvres, pas tant qu’il n’y avait rien pas tant que… Mon envie d’un corps féminin fut la première chose à prendre racine dans mon coeur, la première chose à sortir mon âme de ce vide… Depuis quand ? Depuis quand j’étais devenu comme ça et… La lâchant brusquement, je fis un pas en arrière pour étouffer ça, ce sentiment, cette réalité que je refusais, « Excuses moi. », soufflais-je finalement, coupable d’être ce genre d’homme à présent.

ft. Leticia