Albus avait toujours eu un lien particulier avec sa cousine Victoire. C’était peut-être parce que c'était l'aînée de ses cousins et que c'était donc elle qui s'était le plus occupée de lui. Il se souvenait encore de sa tendresse bienveillante quand il était tout petit et que le moindre bruit suspect lui faisait faire des cauchemars. Elle n'était pas la seule personne vers qui il pouvait se tourner quand ça n'allait pas, mais il y avait réellement un côté de petite maman chez elle qui donnait envie de se confier et de lui faire des câlins. Cela faisait longtemps qu'il en était ainsi pour Albus, depuis toujours probablement.

Ils n'arrivaient pas à se voir à l'école, alors Albus lui avait demandé si elle serait d'accord pour se parler lors du week-end à Pré-au-Lard. Il avait demandé à ce qu'ils ne soient que tous les deux pour pouvoir lui révéler sa relation avec Zoé, mais aussi pour lui demander des conseils sur le comportement actuel de la jeune fille, qui était un peu étrange à son goût. Il ne comprenait pas pour quelle raison elle avait décidé de se couper soudainement de lui alors qu'il avait été gentil, bienveillant et qu'il n'avait pas manqué de la soutenir depuis le début. Il était persuadé que sa cousine saurait l'éclairer sur le comportement étrange de sa petite amie.

« Vickyyyyyyy ! »

C'était ainsi qu'il l'avait toujours appelée depuis qu'il était tout petit et cela n'avait jamais changé. Elle le prit dans ses bras et il la serra en retour en profitant de la tendresse de sa cousine. Cela faisait du bien d'avoir quelqu'un d'aussi chaleureux que sa mamie Molly qu'il puisse voir aussi souvent qu'il en avait envie quand il était à l'école. Il pouffa de rire quand elle prétendit qu'elle était en dépression parce qu'elle ne pouvait pas passer de temps avec lui. Il savait pertinemment que c'était exagéré mais c'était une façon tellement mignonne de lui dire qu'il lui manquait qu'il acceptait bien volontiers l'exagération.

« Moi aussi, tu me manques. C’est fou le nombre de choses qu'on a à faire quand on est à Poudlard. J'ai plein de choses à te raconter, alors autant qu'on se mette à l'aise avant. »

Il savait qu'elle n’allait pas le lâcher avant de savoir tout ce qu'il avait à lui dire, mais étant donné qu'il avait besoin d'une longue et sérieuse discussion, il était mieux de la laisser l'entraîner en direction des Trois Balais et de prendre quelque chose à boire pendant qu'ils discuteraient. Ce ne fut qu'une fois installé devant sa bièraubeurre qu'il se décida en sachant très bien la réaction que sa cousine allait avoir à la grande nouvelle. Il la connaissait par cœur et c'était pour cette raison que c'était précisément à elle qu'il avait décidé d'en parler en premier, en dehors du carré d'as bien-sûr.

« Voilà, je sors avec Zoé. Tu sais, Zoé Moreau, une des filles avec qui je passe quasiment tout mon temps depuis que je suis à Poudlard. Je sors avec elle depuis le jour d'Halloween. »

Albus crut pendant un instant que ce n’était pas une bonne chose qu’il soit tombé amoureux de Zoé et qu’il sorte avec elle et il ne pouvait pas s’empêcher de se demander pourquoi il ne pourrait pas sortir avec elle. Elle était gentille, elle était douce, elle était bienveillante. Elle était sincère et lui apportait beaucoup de bien-être dans sa vie. Il était heureux avec elle et il redoutait que sa cousine ne voit pas ce bonheur d’une bonne augure. De ce fait, il fut un peu anxieux pendant les quelques secondes où elle resta muette de stupeur et visiblement décontenancée.

Et puis, un sourire franchit ses lèvres et elle se montra aussitôt ravie. Elle semblait trouver qu’ils étaient un peu jeune pour sortir ensemble. Albus fronça les sourcils en entendant cette remarque. Il avait l’impression que la plupart de ses camarades étaient en couple. Chaque fois qu’il tournait la tête, ce n’était que minauderies, main dans la main et baiser volés à l’intercours. Comparé à eux, il avait l’impression d’être en retard et en plus, ce qui se passait entre eux, en privé, il n’en avait aucune idée. Il se demandait vraiment si sa cousine était sérieuse, peut-être le voyait-elle toujours comme son bébé cousin.

« Je sais pas. La plupart des gens de ma classe ont des amoureux. Tu sais, on fait pas grand-chose, en vrai. »

Ils ne faisaient même plus rien du tout. Depuis ce fameux jour de Halloween où elle lui avait dit qu’elle avait envie qu’il soit son petit-ami, il ne se passait plus rien. Elle l’évitait, même. Albus ne comprenait pas ce qu’il avait fait de mal. Il avait été aussi gentil que possible, il avait accepté de lui offrir son amour et son attention. Il avait même accepté de la laisser pourfendre des dragons avec lui. Objectivement, elle était de toute façon plus douée pour les pourfendre qu’il ne le serait jamais. Mais il ne lui semblait pas avoir fait preuve d’un comportement inadéquat envers elle.

Et pourtant, le fait était là, elle avait pris de la distance. Il avait essayé de lui parler au début, sans se rendre compte qu’elle l’évitait. Et puis, c’était devenu évident. Et là, il avait été complètement démuni. D’ordinaire, quand quelqu’un ne voulait pas de lui et refusait de lui parler, il se contentait de l’ignorer, mais il ne pouvait pas en arriver à cette solution avec quelqu’un qu’il aimait autant que la jeune fille. Il était donc démuni, perdu et malheureux, et il ne comprenait où il avait commis une erreur. Merlin, que c’était compliqué les filles, alors qu’il n’avait jamais eu l’impression que Zoé l’était.

Mais avant qu’il n’ait pu en parler à Victoire, celle-ci se mit en mode nostalgique en mentionnant le fait qu’il était un bébé remuant réclamant son biberon en piaillant, et Albus piqua un fard en plongeant dans son verre. Ce n’était pas vraiment le moment de parler de ses langes alors qu’il ne pensait qu’à celle qu’il aimait et qui l’évitait depuis si longtemps. Il leva le nez vers Victoire quand elle mentionna James en disant qu’elle le gronderait si jamais il se moquait de lui. Les joues encore rosies par la gêne que la situation provoquait chez lui, il se mordit la lèvre.

« Merci, mais… il faudrait qu’il se passe des chose pour qu’il trouve de quoi se moquer. Depuis que j’ai accepté de sortir avec elle, Zoé me fuit, et j’arriva pas à comprendre pourquoi. Je ne sais plus où j’en suis, Vic. »