Le château s’était effondré, emportant avec lui des centaines de corps de pauvres élèves et enseignants. C’était l’incompréhension, le choc alors que Willow et d’autres de ses camarades avaient lutté pour leur survie. Son esprit était déconnecté, sa peau écorchée au niveau des genoux et des mains mais elle restait debout. Hors de question de vaciller ni de pleurer alors que tout le monde autour paniquait et s’affairait à venir en aide aux blessés. Son regard se porta une dernière fois sur Poudlard, sa deuxième maison, son havre de paix où elle aimait étudier. Ce n’était maintenant qu’une énorme tombe. Les cris et les visages terrorisés des Serpentard qui tombaient à l’eau, il n’y avait plus que cela qui résonnaient dans sa tête. Elle avait pensé aux personnes qu’elle appréciait, le peu d’amis qu’elle avait pu se faire. Etaient-ils encore en vie ? C’était si douloureux… Et ce fut le noir complet alors que la jeune femme fut levée du sol. Elle n’avait pas encore dit son dernier mot, ses défenses étant au maximum pour ne pas sombrer.

“Ne savez-vous pas donc qui je suis ?! Relâchez-moi !”

La surprise la gagna ensuite alors qu’elle entendit Maxens et les larmes commencèrent à monter. Il était toujours là au bon moment, toujours là pour la rassurer et il n’avait pas fait exception. Même si la kidnapper était une drôle de méthode, il savait sûrement ce qu’il faisait ceci dit. Willow resta muette et resserra simplement sa prise autour de son cou, heureuse qu’il aille bien. Elle savait qu’il n’était pas présent à l’école ce soir-là et elle ne s’était donc pas fait de soucis pour le jeune homme mais cela ne l’avait pas empêché de penser à lui à certains moments.

Posée sur le lit, elle passa ses bras autour d’elle-même, le tissu de son sweat étant doux et elle avait maintenant un peu plus chaud. Maxens était naturellement réconfortant, il savait l’apaiser de sa présence, ce qui lui avait permis de revenir à la réalité mais… Cela devait être difficile pour lui de devoir la soigner. Elle n’aurait tout de même pas pu rêver mieux, elle était rassurée que ce soit lui qui s’occupe d’elle et pas un autre. Son pyjama était légèrement déchiré au niveau des genoux et un bouton du haut avait été arraché, un peu de sang coulait de son front et son chignon étant également à moitié défait. Elle retira alors l’élastique pour le refaire et avoir l’air à peu près présentable. Elle n’allait pas changer là-dessus…

“Un peu ici et là…” Répondit-elle faiblement en montrant ses blessures.“Je n’ai rien de cassé.”

La Serpentard observa l’asiatique et il avait beau tenter de faire bonne figure, on voyait bien qu’il était épuisé lui aussi. D’autant plus qu’il avait eu peur de ne pas la voir arriver. Son coeur se serra et elle attrapa sa main dans la sienne pour le faire asseoir sur le lit, main qu’elle ne relâcha pas.

“Beaucoup sont morts… C’était… C’était horrible.” Les larmes étaient trop difficiles à retenir maintenant. “Pourquoi ai-je pu m’en sortir et… Pas les autres… ? Pourquoi ?...” Ses yeux humides se posèrent sur Maxens, elle n’aimait pas pleurer devant quelqu’un mais ce n’était pas n’importe qui, il n’y avait rien à lui cacher.

"Certains criaient à l'aide mais je ne pouvais pas revenir en arrière, il fallait que je me sauve avant tout... Ai-je été égoïste ?..." Cela devait être difficile à entendre pour le Gryffondor mais cela lui faisait du bien d'en parler.

“Merci d’être là, je ne sais pas ce que…” Souffla-t-elle avant de fermer les yeux un instant et de les rouvrir. “Heureusement que tu n’étais pas là-bas...” L’annonce de sa mort aurait en effet été insupportable.

EPSILON

La mort était injuste mais elle faisait partie de la vie et personne ne pouvait prédire lorsqu’elle allait frapper. Il fallait juste vivre avec et l’accepter, après bien sûr être passé par plusieurs états tous aussi désagréables les uns que les autres. Willow ne le savait que trop peu pour avoir connu ce sentiment jeune et elle avait l’impression de replonger. Pourtant, ce n’était pas ses amis mais elle côtoyait les Serpentard tous les jours, elles croisaient les mêmes visages et elles entendaient les mêmes voix. Ils faisaient partie de son quotidien et ils n’étaient maintenant plus qu’un écho du passé. Heureusement, Maxens était là avec elle et ses paroles toujours pleines de sagesse résonnèrent en son être. Elle hocha la tête, interdite, il était en effet inutile de se poser des questions… C’était comme ça.

Le jeune homme lui expliqua ensuite que la première règle lors d’une catastrophe était de ne pas jouer les héros et de laisser les secours faire leur travail. Elle avait donc bien agi, c’était rassurant et en même temps, terriblement triste. C’était une réalité, c’était elle ou un autre.

“Oui, tu as raison…” Répondit-elle sobrement en baissant la tête.

La brune avait ensuite exprimé le fait qu’elle était rassurée que Maxens était loin de l’école, un sentiment qu’il partagea et elle se retrouva dans ses bras dans la seconde qui suivit. Son souffle s’arrêta, surprise… Quand est-ce qu’on lui avait fait un câlin pour la dernière fois ? Jamais, sûrement. Il lui exprimait non seulement de l’affection mais aussi le fait qu’elle comptait pour lui. Il s’était aussi inquiété et il était heureux de la voir en un seul morceau, il lui avait même fait un bisou… C’était inédit pour la Sang-Pure mais pas désagréable alors elle passa ses bras autour de son dos avant de cacher son visage rougit par les larmes dans son cou. Il avait le chic pour lui faire ressentir d nouvelles émotions mais depuis le temps, elle s'y était accommodée, contrairement au début où elle refusait de retirer sa carapace. A vrai dire, elle ne regrettait pas du tout de s'être ouverte à lui et ce qu'il ressortait de leur relation était même très plaisant.

Le Gryffondor s’adressa à elle mais il ne bougea pas pour autant et elle non plus. Elle commença même à s’habituer à cette douce chaleur et elle ferma les yeux, manquant presque de s’endormir. La soigner ? Oui, oui… Cela pouvait attendre une minute ou deux, non ?

“D’accord, je te laisse faire… Et toi, comment tu te sens ?” Marmonna-t-elle le visage encore contre Maxens. Elle finit par reculer et passa ses doigts sur ses joues, elle était un peu plus calmée maintenant. “Est-ce que… Tu comptes repartir après ça ?...” S’enquit-elle l’air triste.

La jeune femme ignorait encore s’il souhaitait retourner s’occuper des blessés ou même vérifier si ses amis allaient bien, ce qui était normal d’ailleurs mais elle espérait qu’il revienne ensuite. C'était peut-être égoïste mais elle avait encore envie de profiter de sa présence.

EPSILON

Willow était blessée et meurtrie en son être mais il n’y avait pas qu’elle qui souffrait et elle avait donc demandé à Maxens comment il allait. Pas très bien, sans nul doute et elle baissa les yeux lorsqu’il évoqua le mot “passé”. Elle savait très bien de quoi il parlait et elle comprenait donc ce qu’il ressentait. Peut-être l’avait-elle senti, d’où son envie de le réconforter à son tour. La situation était en effet particulière pour eux qui n’avaient jamais été tactiles auparavant. Est-ce que cela signifiait qu’il fallait être dans une situation critique pour que cela se reproduise ? La jeune femme avait bien apprécié être dans ses bras mais elle imagina que les choses allaient presque redevenir normales le lendemain…

Pour l’heure, le Gryffondor continua d’être doux avec elle et embrassa de nouveau son front, ce qui la surprit l’espace d’un instant et elle finit par resserrer sa main encore une fois comme s’il était sa bouée de sauvetage. Il comptait rester, ce qui était finalement le mieux pour lui au vu de son état de fatigue et cela arrangeait Willow qui voulait le garder près d’elle.

“Je suis toujours impressionnée par ta gentillesse, tu t’es dépassé pour venir en aide aux blessés et maintenant tu me soignes… Tu es vraiment quelqu’un de bien Maxens et…” Les larmes montèrent de nouveau. “Ça m’a poussé à devenir meilleure moi aussi…”

La Serpentard repensa alors au fait que c’était bientôt Noël et qu’elle avait prévu un cadeau pour lui. Elle se faisait une joie de lui donner mais ils n’allaient sûrement pas se voir pendant un moment et puis, la saveur n’allait pas être la même.

“Je n’appréciais déjà pas Noël mais c’est pire désormais… J’avais tout de même trouvé un peu de réconfort, je souhaitais en effet t’offrir quelque chose pour te remercier d’être aussi patient et gentil avec moi alors que je ne le suis pas toujours moi-même…”

C’était bien la première fois de sa vie qu’elle était aussi sincère avec quelqu’un mais elle aurait pu perdre la vie et ne jamais avouer à Maxens ce qu’elle pensait de lui, cela l’avait donc poussé à s’exprimer plus librement. Il était encore difficile de se montrer si vulnérable mais d’un autre côté, la sorcière savait qu’elle ne risquait rien. Se comporter comme une princesse gâtée revenait à cacher sa véritable nature, à lui mentir et ce n’était pas ce qu’elle voulait.

EPSILON

Maxens devait essayer de minimiser le ressenti de Willow vis à vis de lui mais cela ne faisait que renforcer ses pensées. Au moins, sa tentative avait eu le mérite de la faire sourire. Il avait sûrement des défauts oui, comme tout le monde mais pour le moment, soit elle n’avait vu que le positif, soit il cachait effectivement son côté sombre. Elle avait grandi entourée de personnes pas forcément très avenantes ou bien intentionnées alors le moindre acte de gentillesse était remarquable.

“J’aimerais bien les voir, ne dit-on pas que les défauts font le charme de quelqu’un ?”

Bien sûr, la jeune femme avait elle-même décidé de changer mais l’aurait-elle fait sans les personnes qui s’étaient mises sur sa route ? Il ne voulait peut-être pas qu’elle croit que ce pas en avant était seulement dû à sa personne mais il y avait contribué. Elle perdit néanmoins son sourire lorsque le brun évoqua cette histoire d’elfe de maison et elle répondit tristement.

“Je suis désolée d’avoir dit ça, je ne le pensais même pas…” Elle aurait pu en rire dans un autre contexte.

La Serpentard écouta ensuite Maxens sans l’interrompre tant elle était surprise qu’il parle autant. C’était la force tranquille mais là, il semblait vraiment tenir à balayer ses doutes une bonne fois pour toute, comme si elle avait activé un levier. Maxens ne recevait pas de cadeau et de son côté, elle se plaignait d’en avoir eu parce qu’ils ne servaient qu’à compenser le fait que ses parents lui accordaient peu de temps. Leurs vies avaient été différentes et pourtant, ils s’accordaient sur certains points. Elle posa sa main sur celle du jeune homme qui caressait sa joue et croisa son regard avant de hocher la tête, il avait toujours raison. Cela lui permettait de sortir du cercle vicieux dans lequel elle s’était enfermée même s’il fallait encore qu’elle digère cette terrible nuit, beaucoup de choses s’entremêlaient dans sa tête.

“Ils me manquent…” Murmura-t-elle en regardant ailleurs.

Le Gryffondor réussit tout de même à la faire sourire de nouveau en parlant de ses abdos, enfin d’une partie.

“Tu n’es pas obligé de m’offrir quelque chose en retour mais… J’accepte la photo du demi-abdo… et ta superbe personnalité évidemment.” Chacun ses priorités.

Et ce fut la surprise de nouveau. Lui écrire une chanson ? Ce n’était peut-être pas grand chose pour certains mais cela signifiait beaucoup pour elle, personne n’avait eu la prétention de lui faire un aussi beau cadeau. Elle connaissait son talent et son amour pour la musique, ce n’était donc pas des paroles en l’air. Il ne pouvait donc pas lui faire plus plaisir et cela se voyait.

“Ce sera une ode à ma perfection ?” Et à sa modestie. “C’est vraiment gentil, ça me touche beaucoup…” Dit-elle plus sérieusement. Elle eut alors une idée qui réchauffa son visage.

“Si tu arrives à être hébergé ici, nous pourrions organiser un repas de fête ensemble, qu’en dis-tu ? J’apporterai de quoi faire un pique-nique. Ce sera simple mais comme tu l’as dit… Le contexte n’est pas vraiment important, ce qui compte c’est de passer un bon moment.” Et allait pouvoir lui offrir son premier cadeau.

Willow se sentait maintenant un peu plus calme et elle se mit à bailler discrètement. Elle ignorait l’heure qu’il était mais sûrement très tard ou tôt, en tout cas la fatigue n’allait pas tarder à avoir raison d’elle.

EPSILON

Heureusement que Maxens était là pour lui redonner le sourire alors que lui-même était épuisé et touché par la catastrophe. Il n’en était pas obligé et Willow ne lui aurait jamais reproché de ne pas l’avoir fait mais il était là. Elle ne le voyait pas comme un être inférieur ou un elfe de maison non mais il est vrai qu’il devait cravacher pour son créancier, pour son rêve. Il ne s’en plaignait d’ailleurs jamais.

L’idée d’un pique-nique s’était donc naturellement imposée, à la fois pour passer un bon moment avec lui mais aussi pour continuer de célébrer la vie malgré les événements tragiques qu’elle avait connus. Elle était donc contente que le Gryffondor accepte. La jeune femme hocha la tête à sa remarque sur le délai d’écriture, elle ne doutait pas du tout que la chanson allait lui plaire. Déjà parce que cela venait de lui mais aussi parce que son talent était indéniable.

“Bien sûr, prends ton temps, ce sera bien dans tous les cas.” Répondit-elle avec un sourire sincère.

La sorcière s’était ensuite mise à bailler, son corps n’arrivait plus à tenir ou alors était-ce grâce au réconfort qu’on lui offrait. Willow vit le jeune homme s’allonger et elle songea au fait qu’ils allaient partager le même lit. C’est donc avec une légère appréhension qu’elle prit place près de lui, un peu intimidée par la proximité. Son regard croisa le sien et elle baissa finalement les yeux avant de les fermer complètement. Là encore, il aurait pu la laisser là mais il voulait veiller à ce qu’elle dorme, une attention vraiment touchante.

Elle prit alors son avant bras libre et elle le serra contre elle, comme un doudou et celle-ci finit par rejoindre le pays des rêves. Du moins des cauchemars car la Serpentard se réveilla en sursaut au bout d’une heure et elle se mit à trembler, son esprit étant à moitié éveillé et en même temps assailli d’images du drame.

EPSILON

Maxens avait découvert ce soir une autre Willow, une part plus fragile, celle qu’elle cachait derrière une attitude hautaine et froide. Au fond, elle n’en menait pas large et même si elle était capable d’encaisser certains coups, passer près de la mort avait été une épreuve particulièrement difficile. Elle aurait pu sombrer complètement tant cela lui rappelait de mauvais souvenirs si Maxens n’avait pas été là pour elle. C’était la première fois qu’elle laissait quelqu’un l’approcher dans cet état de faiblesse. Cela allait forcément renforcer leurs liens et peut-être que le jeune homme pouvait lui aussi lui montrer une autre partie de lui, ses fameux défauts, un jour.

La Serpentard se sentait tellement à l’aise qu’elle avait réussi à s’endormir près de lui, dans un endroit qu’elle ne connaissait pourtant pas. Malheureusement, l’angoisse la rattrapa et la réveilla, ce n’était sans compter Maxens qui tenta de la calmer de par ses gestes et de sa voix. Cela eut l’effet escompté puisque les tremblements cessèrent et elle passa son bras dans son dos avant de resserrer doucement son haut comme s’y accrocher.

Le fait qu’il chante pour l’apaiser fit monter les larmes qu’elle réfréna parce qu’elle n’avait pas l’habitude d’un tel traitement. En y pensant, le jeune homme avait déjà joué du piano pour elle quand leurs corps avaient été échangés parce qu’elle n’arrivait pas à dormir. C’était peut-être dans sa nature, il appréciait apporter du réconfort aux gens et cela n’avait rien à voir avec le fait que Willow était peut-être spéciale selon elle. A vrai dire, elle devait sûrement plus lui faire pitié qu’autre chose. Cela devait être cela, oui…

“Merci…” Marmonna-t-elle toujours contre lui.

Sentir sa chaleur, être bercée par sa voix, un cocktail efficace qui apaisa tout son corps et son esprit. La sorcière réussit à se rendormir et pu au moins se reposer quelques heures.

La lumière du soleil entra par la fenêtre et chatouilla son visage, l’obligeant à ouvrir les yeux. Maxens était toujours près d’elle, il n’avait pas menti et était resté jusqu'au bout. Elle l’observa alors dormir avec un air attendrissant et elle approcha sa main de son visage, hésitante et elle caressa sa joue avec l’index avant de vite ramener sa main vers elle. Celle-ci ravala sa salive, toujours gênée d’être proche de lui. Il faut dire qu’elle était bien réveillée cette fois et elle se rappela la scène du câlin et du bisou. Son visage devint alors rouge et elle tourna le dos à l’asiatique. Pourquoi réagissait-elle cette façon ? C’était ridicule selon elle, il fallait se ressaisir, d’autant plus qu’il y avait bien plus important. Willow releva le buste et attendit que Maxens ouvre les yeux pour s’adresser à lui.

“Bonjour, as-tu réussi à dormir ?”

EPSILON

Le réveil avait été assez étrange et cette sensation ne voulait pas disparaître, il faut dire que Maxens continuait d’être prévenant. Etait-ce mal ? Non au contraire mais Willow peinait encore à s’y habituer. Les premières questions s’orientaient vers son état à elle alors qu’on voyait bien qu’il était épuisé. La sorcière fit la moue comme s’il n’était pas contente du fait qu’il aurait préféré ne pas dormir.

“De cauchemar ?” S’enquit-elle ensuite, surprise avant que des flashs traversent son esprit. La berceuse, la chaleur ressentie d’être dans les bras de Maxens… C’était donc réel. Sa bouche était ouverte mais aucun son ne sortit, telle une carpe et elle finit par secouer la tête.

“Hum… Non, je… J’ai plutôt bien dormi, grâce à toi… Mais tu dois penser à toi aussi.”

Elle ne souffrait pas non plus, ses blessures ayant été guéries par le Gryffondor et elle se sentait également mieux que la veille. Comme quoi il y avait du bon à être chouchoutée. Willow fit non de la tête et remarqua la gêne de son interlocuteur. Il n’avait pas vraiment prévu non plus d’être aussi tactile, ce qu’il confirma par la suite. Les choses s’étaient faites naturellement et à aucun moment elle n’avait pensé que Maxens voulait profiter de la situation.

“Je le sais, ne t’inquiète pas pour ça, ce n’est pas comme si c’était pour une autre raison…” Et elle rit jaune. “Je veux dire, nous sommes amis et nous nous faisons confiance, j’imagine que nous pouvons être là l’un pour l’autre sans que ce soit étrange.”

Mais aurait-elle pu dormir avec un autre ami ? Cette question la percuta et elle se sentit encore plus perdue. La jeune femme se leva alors et alla regarder par la fenêtre afin de s'aérer l'esprit, on ne voyait pas grand chose du château et cela lui provoqua un pincement au coeur.

“Ce doit être l’agitation encore, j’espère que nous aurons bientôt des nouvelles de nos camarades toujours en vie.” C’était terrible de ne pas savoir qui l’était encore dans ses connaissances. “Mon oncle doit aussi s’inquiéter, il faudrait que je rentre.” Et elle se tourna vers Maxens, l’air triste.

“Nous nous reverrons vite, d’accord ?”

EPSILON

Willow comprenait maintenant un peu mieux pourquoi Maxens prétendait avoir des défauts. Il avait été plus simple de s’occuper de Willow que des autres dehors selon lui et être resté près d’elle avait pu lui donner la sensation de ne pas être entièrement un lâche. Elle resta silencieuse un instant, tout ça pour ça ? Non… Même s'il était vrai qu'ils avaient pu être dans une sorte de cocon, il en avait fait beaucoup pour elle au point d'avoir l'impression d'avoir dépassé les limites et elle n'allait pas lui enlever.

“Sauver ne serait-ce qu’une seule personne est déjà beaucoup, c’est une grosse responsabilité alors ne te blâme pas pour ça, qui le pourrait ? Personne ne te demande non plus d’être un super héros.” Et elle pinça doucement sa joue et finit par lui sourire. “Tu aurais pu quitter la ville dès les premières agitations et tu es resté malgré tes peurs, je n’appelle pas ça un manque de courage... Et puis, j'ai beaucoup pleuré, j'étais en sang... Ce n'était pas plus facile de t'occuper de moi, quelqu'un que tu connais bien."

Les deux sorciers purent ensuite mettre les choses au clair quant à leur nuit passée collés serrés, ce qui avait fait baisser la pression. Un autre sentiment étrange s’était tout de même installé, un doute silencieux quant à leur relation et c’est elle qui avait choisi la fuite cette fois en changeant de sujet. Chacun ses défauts ! En tout cas, la jeune femme espérait revoir rapidement Maxens et sa remarque la fit sourire. Ils devaient en effet passer une sorte de Noël improvisé et… En retard.

“Je t’enverrai un hibou pour la date mais je n’ai pas oublié le fait qu’il te faut du temps pour écrire une certaine chanson.” Répondit-elle avec amusement.

La brune fut ensuite surprise qu’il connaisse Samaël mais en y réfléchissant, ce n’était pas étonnant qu’il l’ait aperçu au bar. L’asiatique savait même qu’il avait perdu Alix, comme quoi il venait beaucoup trop souvent ici…

“Oh, oui… Je ne l’aimais pas beaucoup, c’est horrible de dire ça mais je ne compte pas avoir plus d’empathie pour elle parce qu’elle n’est plus là, ce serait assez hypocrite mais j'ai tout de même été attristée pour mon oncle.” Souffla-t-elle avant de reprendre l’air plus enjouée. “Je sens que s’il te voit avec moi il me posera un millier de questions… Mais ce n’est pas un problème, je lui dirai que tu es le nouveau elfe de maison.” Elle était un peu plus d’humeur à plaisanter cette fois.

“Plus sérieusement, si tu as besoin de quoique ce soit, d’une chambre, de vêtements ou d’un bon repas… N’hésite pas, je pense qu’il serait aussi ravi de t’accueillir.” Son tonton n’était pas aussi fermé qu’elle concernant les Nés-Moldus après tout.

EPSILON

Willow n’était pas forcément la meilleure épaule pour pleurer mais si elle avait quelque chose à dire, elle ne se gênait pas pour le faire savoir. Cela lui avait peut-être donné un air sage mais ce n’était pas voulu. Néanmoins, elle sourit à la remarque de Maxens et hocha la tête avec fierté.

“J’ai donc raison.” C’était tout de même inhabituel en effet mais les états d’âme du Né-Moldu étaient importants pour elle.

Tout comme ses futures créations, dont cette fameuse chanson et la jeune femme avait hâte de l’écouter. Peu importe ce que cela pouvait être, c’était son cadeau et elle allait apprécier. C’était tout de même mignon qu’il y accorde autant d’importance.

La conversation avait dérivé sur un sujet moins reluisant, à savoir l’ex-femme de tonton Samaël. Même si elle était détestable, l’héritier des Rosier s’y était attaché et les deux sorciers respectaient ce point. Willow retrouva tout de même le sourire, contente que Maxens apprécie son oncle et reconnaisse ses qualités. En tout cas, sa petite plaisanterie sur le fait qu’il était de nouveau un elfe de maison le fit rire et cela lui faisait plaisir que la tension redescende un peu bien que la réalité n’était pas bien loin pour les rattraper.

“Quand ça m’arrange voyons.” Répondit-elle avant de rire à son tour.

La Serpentard avait ensuite proposé à Maxens un endroit où dormir le temps de trouver une solution mais il déclina, ce dont elle se doutait. Cette dernière baissa la tête en écoutant le mot “dette”, il devait en effet rembourser un prêt et travaillait dur pour cela. Un sacrifice qu’elle n’oubliait pas puisqu’elle comptait l’aider d’une autre manière. Cependant, le jeune homme trouvait toujours un moyen de plaisanter comme pour vouloir atténuer le négatif et elle finit par sourire tant le sien était communicatif.

“Bien sûr, j’ai parlé d’une chambre mais je n’ai pas dit qu’il y avait un lit.”

Finalement ce qu’elle pensait réellement des Moldus autrefois était devenue une blague récurrente entre eux et cette légèreté la réconfortait. Il aurait pourtant pu la rejeter et la juger à cause de ses propos mais il avait préféré lui laisser une chance, ce qui était précieux pour elle. Il était maintenant temps de quitter cette chambre qui leur avait servi de refuge, ce qui provoqua tout de même un pincement au coeur et c’était bien la première fois qu’il allait autant lui manquer…

EPSILON