SON HISTOIRE EN BREF

Au crépuscule d'une nuit d'automne, le manoir Blackwood était enveloppé d'une atmosphère lourde et électrique, comme si les arcanes de la magie murmuraient des secrets à travers les parois centenaires. Serafina Fleming, la mère de Sephora, était étendue sur un lit à baldaquin drapé de velours pourpre, entourée de chandelles vacillantes. Le silence était presque tangible, percé seulement par le doux murmure des potions préparées avec soin par les elfes de maison.
Les sages-femmes sorcières s'affairaient avec expertise, leurs baguettes entrelacées dans des danses mystiques. Archibald Blackwood, le père, arpentait le couloir adjacent, serrant les poings à chaque cri étouffé qui traversait les murs épais. Les heures s'étiraient, mêlant l'attente à l'angoisse, comme si le temps lui-même retenait son souffle.

La naissance de Sephora fut une symphonie de douleur et de jubilation. Lorsque le cri du nourrisson emplit enfin la pièce, la joie éclata sur le visage d'Archibald, illuminant ses traits fatigués. Cependant, cette nouvelle vie était également le prélude à une obscurité inattendue. Ce jour-là, dans le manoir Blackwood, la famille fut à jamais marquée par la dualité du bonheur que provoque l'arrivée d'une nouvelle vie sur terre et de la douleur d'une mère hantée par les démons de son passé, par la magie qui pouvait être à la fois une bénédiction et une malédiction. L'histoire de Sephora, entre ombres et lumières, allait prendre un tournant imprévu.

Quelques années passèrent, plongeant la maisonnée dans l'apparente quiétude de la routine, puis vint le jour où les ombres s'éveillèrent à nouveau. Un soir d'hiver, Serafina brossait la belle chevelure de Sephora, devenu alors une enfant de 6 ans. Assise devant elle, elle caressait doucement ses mèches brunes d’une façon presque léthargiques, ses yeux plongés dans cette dernière, vides de toute lueur. Dans cette quiétude, une querelle tissée de non-dits et d'amertumes refoulés, brisa le calme glacé de ce moment.

Serafina, épuisée par les souffrances endurées depuis son accouchement, laissa échapper des paroles cruelles, susurrant des regrets sombres et des désirs déchirants. Elle proféra des phrases qui atteignirent le cœur même de Sephora, des paroles dont les cicatrices allaient perdurer. Dans un moment de folie, la mère confessa qu'elle aurait préféré que Sephora meure dans son ventre plutôt que de devenir le fardeau de sa vie. Sous l'effet du choc, le visage de Sephora se décomposa, et sa magie fit sa première apparition sous l’afflux de sentiments bien trop lourds pour son âme d’enfant. Les objets autour d'elles vibrèrent dans un écho discordant, reflétant la tempête intérieure qui faisait rage. Les tableaux aux murs semblaient déformer leurs visages dans une grimace de douloureuse, tandis que les flammes des bougies dansaient de manière erratique.

La manifestation de magie était à la fois belle et désolante. De légères étincelles d'énergie magique éclatèrent autour d’elle tandis qu'elle libérait involontairement le flux de son pouvoir. Archibald, alerté par le tumulte, entra précipitamment dans la chambre, découvrant le chaos qui régnait. Il s'avança vers Serafina, cherchant à la protéger de la tornade magique, avant de se rendre compte qu’elle provenait de son enfant.

Cela ne dura que quelques secondes, mais les paroles blessantes allaient résonner dans l'air pendant encore de nombreuses années, laissant une empreinte indélébile sur l'âme de Sephora. La jeune sorcière, tremblante et choquée par l’effusion de sa propre magie, regarda sa mère avec des yeux empreints d'une tristesse profonde, une tristesse qui transcenderait les années à venir.

Ainsi, l'enfance de Sephora au sein du manoir Blackwood fut comme une partition jouée en mineur, avec des notes de douleur mêlées à des éclats de bonheur rares. Dès son plus jeune âge, elle fut soumise à l'éducation stricte de sa mère, Serafina, une femme élégante mais exigeante, qui aspirait à forger une aristocrate parfaite. Pourtant, les leçons de maintien et les protocoles étaient entrecoupés de paroles glaciales, comme des rafales de vent froid dans les couloirs majestueux du manoir.

Sa mère, elle-même élevée par une femme impitoyable, projetait ses propres blessures sur sa jeune fille. Les journées de l'enfant étaient rythmées par les reproches incessants, laissant des cicatrices invisibles sur son âme en formation. "Tu n'es pas assez bien", "Tu ne seras jamais à la hauteur", autant de sentences qui résonnaient comme des malédictions dans l'esprit de Sephora. Sa mère ne manquait jamais de lui rappeler que ses efforts pour en faire une femme digne étaient vains, que ses réussites n'étaient que des ombres pâles comparées à l'éclat qu'elle attendait.

Au fil des années, la petite fille devint une jeune fille froide, solitaire et méfiante envers les inconnus. Les murs de sa chambre étaient les seuls témoins des larmes qu'elle refusait de verser devant les autres. Elle apprit à dissimuler ses émotions derrière un masque impassible, une armure forgée dans les flammes des critiques maternelles.

Pourtant, parmi les nuages sombres, il y avait un éclat de lumière dans la vie de Sephora : son père, Archibald Blackwood. Homme d'affaires respecté, il tenta d'adoucir les rigueurs de l'éducation maternelle. Ensemble, ils partageaient des moments de bonheur authentique, loin des contraintes de la société sorcière. Les après-midis à voler en balais à deux, les passes de souaffles dans le ciel azur, étaient autant d'instants magiques qui brisaient les chaînes de la rigidité imposée par Serafina. Il fut celui qui l’imprégna de l’amour inconditionnel des livres, qui en fit une passionnée de potion. Archibald, ayant lui-même rêver de devenir maître des potions avant de se voir obliger de reprendre les affaires familiales, fit découvrir à sa fille ce domaine qui l’emplissait de joie depuis son plus jeune âge. Les balades dans les jardins magnifiques de la propriété étaient une échappatoire où le cœur de Sephora s'ouvrait difficilement à son père. Elle lui confiait le poids du mauvais traitement de sa mère, les mots qui résonnaient encore dans son esprit comme des échos d'une malédiction persistante. Archibald, comprenant la détresse de sa fille, tentait de lui apporter réconfort et de l’encourager à affronter le comportement de sa mère avec sagesse et compassion.
Un jour, pendant l'une de leurs balades, il lui révéla l'ombre qui planait sur la famille de Serafina. Il expliqua que sa grand-mère maternelle était une personne horrible, dont l'influence toxique s'était infiltrée dans l'âme de Serafina. La famille de sa mère, attirée par les éclats de l'héritage Blackwood et ayant en tête de sombres desseins envers l’unique héritière des deux familles, tentait de se rapprocher d'eux, mais Archibald, protecteur, interdisait tout contact. Il considérait la famille de Serafina comme néfaste et indigne de confiance, un danger dont il devait protéger sa fille.

Entre l'étau de l'éducation maternelle et les moments de complicité avec son père, l'enfance de Sephora était une équation complexe, où l'amour et la douleur s'entremêlaient. Chaque jour sculptait sa personnalité, forgée dans la dualité de l'ombre et de la lumière, jusqu’à son entrée à Poudlard l’année de ses 11 ans, qui marqua le début d’un tout nouveau chapitre de sa vie, où elle se verrait pour la première fois libérée de l’emprise de sa mère.

La rentrée à Poudlard fut pour Sephora à la fois une promesse de bonheur et une séparation déchirante. Quittant le manoir Blackwood, elle se sentait libérée des chaînes maternelles, mais en même temps, l'angoisse de se séparer de son père la saisissait au plus profond de son être. Archibald, l'amour de sa vie et la seule présence réconfortante qu’elle n’ait jamais connue, était son seul rempart contre la solitude.

Le Poudlard Express s'ébranla lentement, emportant Sephora vers un nouveau chapitre de sa vie. Alors qu'elle observait par la fenêtre du train, les paysages défilaient, comme les souvenirs d'une enfance troublée. Les collines verdoyantes, les rivières scintillantes, tout semblait prendre une teinte différente, imprégné de la promesse de liberté qui flottait dans l'air.
Installée dans un compartiment vide, Sephora se préparait à savourer la tranquillité du voyage, loin des regards froids de sa mère et de l'étreinte protectrice de son père. Cependant, le destin en décida autrement. Un petit garçon aux cheveux ébouriffés et aux yeux pleins de curiosité fit irruption dans le compartiment, porteur d'une innocence qu'elle n'avait jamais connue.

"Salut ! Je t’ai vu toute seule et je me suis dit que ce n’était pas très agréable de passer ce long trajet seul. Tu ne voudrais pas nous rejoindre dans notre compartiment ? On entre tous en première année, autant faire connaissance dès maintenant." déclara-t-il avec une énergie débordante. Sephora, loin d’être enchantée par l’idée de se faire aborder avec autant de familiarité, leva un regard froid vers lui. "Tu ferais mieux de rebrousser chemin avant que cela ne devienne désagréable pour toi." Mais le petit garçon, loin d'être intimidé, resta planté devant elle. "Ma maman dit que même les gens méchants ont souvent juste besoin d'un ami. Tu veux être mon amie ?" Sephora, perplexe et moqueuse face à une telle innocence, ne put retenir un rictus ironique. Elle le menaça de manière feinte, pensant qu'il partirait en pleurs, mais à sa grande surprise, il revint quelques instants plus tard avec une phrase qui laissa une empreinte indélébile dans son esprit. "Ma maman dit aussi que les gens méchants sont souvent les plus tristes. Et toi, t'as l'air très triste." Le silence s’installa dans le compartiment. Les mots du petit garçon percutèrent Sephora bien plus qu’elle ne l’aurait admis, résonnant comme une mélodie dissonante dans son monde de glace. Elle ne laissa cependant rien paraitre du tumulte que cela provoqua en elle. "Si tu ne fiches pas le camp dans la seconde, je me verrais obliger de te faire comprendre que je n’autorise pas les présomptions à mon sujet, et je doute que cela puisse bien finir pour toi. Dégage." Sephora laissa cet incident derrière elle.

L'arrivée à Poudlard fut un spectacle magique. Le château majestueux se dressait devant eux, dégageant une aura mystique. Les tours, les créneaux, tout était imprégné de magie. Malgré elle, un éclat de fascination illumina le regard de Sephora. Ce lieu promettait un refuge, une échappatoire aux tourments qui emplissait la demeure dans laquelle elle avait toujours vécu.
Lorsqu'elle fut répartie à Serpentard, un sourire malicieux étira les lèvres de Sephora. Elle se leva avec élégance du tabouret, prête à explorer les secrets et les défis que Poudlard lui réservait. Les murmures des élèves, les regards curieux, tout cela était comme une partition qu'elle s'apprêtait à jouer avec maestria. La jeune sorcière était prête à tracer son propre chemin dans l'univers enchanteur de Poudlard, où chaque recoin était une invitation à la découverte.