La réaction de Mee-Na m’avait fait rire, je l’admettais. Je n’étais certainement pas moins innocente qu’elle sur ce sujet mais au moins pouvais-je en parler un peu plus « ouvertement ». Du moins… Plus ou moins. Enfin… Il ne fallait pas non plus forcer mais… Bref. Au moins avais-je ri doucement, la rassurant alors d’un mouvement de tête.

- Je plaisantais. Lui soufflai-je.

Quant à Hyun-Su… Je n’étais pas convaincue qu’il ne me repousserait pas encore et encore. Mais cela valait au moins la peine d’essayer. Pas pour me marier mais… Enfin… Je n’arrivais pas réellement à tourner la page, à admettre avoir pu être laissée de la sorte. Pas pour des broutilles. Il y avait quelque chose qui nous dépassait en son geste alors… Je devais l’aider.

- Une lourde charge. Soupirai-je presque malgré moi. Il est assez… Entêté dans son genre.

Et le mot était encore faible alors… Oui. Je n’allais pas laisser tomber. Pas ainsi. Je n’étais pas venue en Angleterre pour en repartir bredouille aussitôt. Et puis, de toutes les manières, je pourrais toujours bien me marier avec un riche coréen et le fuir par la suite s’il ne me plaisait pas. Il n’y avait pas de problèmes. Que des solutions. Mais épouser quelqu’un que je pourrais découvrir comme quelqu’un de bien… Un instant, je m’étais tu. Il y avait d’autres personnes, oui mais…

- Merci. Répondis-je dans un léger sourire.

Oui. Juste merci. Car… A vrai dire… J’avais du mal à imaginer une autre personne que Hyun-Su à mes côtés. La faute aux négociations d’avant son départ sûrement. Je n’étais pas sentimentale. Juste… Attachée à ce qui devait être fait. Oui. Voilà.

- De toutes les manières, nous n’en sommes pas là. Décrétai-je comme pour changer de sujet. Je suis encore en sursis. Tant que cela durera, autant me concentrer sur un seul objectif. Tu sais que je n’aime pas papillonner. Plaisantai-je alors. Et puis… J’ai encore des études à mener ! Je suis officiellement ici pour prendre ce que l’Angleterre peut m’apporter. Rien d’autre.

Souriant, j’avais secoué la tête. Cette excuse ne tenait évidemment pas face à ma course au Hyun-Su. Mais au moins pouvais-je faire semblant auprès des autres, de ceux qui ne me connaissaient pas.

- En tout cas… Si tu as le moindre problème, si tu as envie de parler ou de n’importe quoi… N’hésite pas à venir me trouver, d’accord ? Souris-je alors à ma sœur.

C’était là le plus important malgré tout. Plus que Hyun-Su, plus que Zackary, je voulais qu’elle se porte bien, qu’elle soit heureuse malgré nos devoirs, nos responsabilités.

- Tu me promets que tu viendras me trouver, n’est-ce pas ? Insistai-je dans un nouveau sourire. Sinon… Je te promets de te renvoyer illico en Corée.

C’était une plaisanterie, évidemment. Je n’en avais pas le pouvoir et surtout l’envie. Que ma sœur soit avec moi ici était un réconfort certain malgré tout. Je n’étais pas seule, j’avais un soutien, une épaule en qui j’avais confiance.

Oui. Moi aussi. Moi aussi je pouvais être particulièrement entêtée. C’était vrai et cela m’arracha un sourire. Oui. J’allais l’être. Je le serais aussi longtemps qu’il me faudrait pour atteindre mon objectif. Fallait-il encore que je réfléchisse sérieusement à ce qu’était véritablement mon objectif. Mais cela… Je le verrais plus tard. D’autant que j’avais un sursis grâce à Mee-Na. Je n’allais donc pas m’en plaindre. Je me concentrerais sur lui et uniquement sur lui… Enfin non. J’étais évidemment là pour les études. Pour rien d’autre. Comme elle n’était là que pour me suivre, notre frère restant à la maison pour représenter notre famille à Mahoutokoro.

- Je suis pourtant certaine qu’il aimerait être avec nous. Soufflai-je dans un léger rire.

Nous n’avions jamais réellement été séparé. Le savoir seul ne me plaisait à vrai dire pas vraiment. Mais nous n’avions pas le choix. Vraiment pas le choix. Et j’étais à l’origine de tout cela. Mieux valait donc que je ne m’en plaigne pas. A la place, je préférai encore me concentrer sur ma petite sœur, pour l’aider, pour la soutenir si elle ressentait le besoin.
Et cela n’était pas encore le cas. Tant mieux, en un sens.

- Il vient d’une famille spéciale mais pas mauvaise. Admis-je en hochant la tête.

Alors oui. Zackary devait être quelqu’un de bien. Je l’espérais sincèrement à vrai dire. Mais elle acceptait d’appeler à l’aide… Pour un SOS Hanbok, ce qui m’arracha un nouveau rire avant qu’elle n’accède réellement à ma demande. Que ce soit vers moi ou vers notre frère, elle aurait toujours quelqu’un vers qui se tourner…

- On reste des Hwang. Approuvai-je donc dans un sourire. A nous de leur montrer que nous sommes les meilleurs, c’est ça ?

Riant à nouveau, j’avais fini par m’étirer, me relevant en époussetant ma jupe.

- Je demanderais à Seung-Woo s’il veut nous rendre visite à Pré-Au-Lard un de ces jours. Proposai-je alors. Je suis sûre que les pâtisseries de Madame Pieddodu lui plairaient beaucoup. Et je ne cautionnerais aucune bièraubeurre de toutes les manières.

Une plaisanterie certaine alors que j’étais bien loin d’être aussi guindée que je pouvais le montrer en général.

- Et il faudra que l’on sorte toutes les deux si tu en as envie. Après les cours, un jour… Plusieurs jours même. Soufflai-je dans un rire. Si tu en as envie. Mais je n’en doutais pas vraiment. Je ne douterais jamais d’elle.