I'm a stranger now

Mon oncle et ma tante opposés au mariage ? Haha… Non, quand c’est un coup de folie comme Matthew a pu faire avec la fille Gaunt, on dirait que cela ne les dérange pas vraiment. Zack est celui qui a le plus l’esprit de notre famille en tous cas, qui est fier d’être Sang Pur. Et celui qui serait le moins opposé à un mariage arrangé et prestigieux pour le bien de sa famille. « Mon oncle s’est beaucoup occidentalisé au contact de sa femme. » Une façon de justifier que cela puisse, éventuellement, coincer un peu une union alors qu’ils sont encore jeunes. Et ma tante adore son petit dernier si fragile… Qui ne l’est plus du tout d’ailleurs, au passage. Mais si les deux y trouvent leur compte, en quoi cela concerne-t-il les parents finalement ? Deux Sang Purs qui s’unissent, c’est plutôt une aubaine. La suite ne m’échappe pas. Cet appel du pied de la part d’Eun-Ae pour ne pas être seule si d’aventure sa sœur se marie. Je ne sais que répondre sur le coup. D’ici là, elle sera peut-être mariée et n’aura donc pas à choisir un cavalier. Il serait logique qu’elle se marie en premier, mais elle n’a pas l’air pressé. « Ton père marierait ta sœur avant toi ? » Il a les moyens de repousser l’union de la cadette au profit de l’aînée. Une question très logique, mais que j’ai mis un temps à poser. Et dont la réponse m’importe davantage que cela n’aurait dû. Je n’ai aucun droit sur Eun-Ae, pas après l’avoir lâchée pendant un an. Sans explication. Et je n’en ai toujours pas maintenant alors qu’il ne m’est pas possible de lui promettre quoique ce soit. Un avenir en commun n’est plus vraiment envisageable. Elle est brillante, douce, prévenante, posée, elle fera une excellente épouse, mais pas avec un être maudit dont la place est plus que précaire si cela se sait un jour.

La place qu’elle choisit dans la salle sur demande est emplie de souvenirs et de nostalgie, pour nous deux. Mais j’ai sans doute moins de regrets à avoir quitté mon pays qu’elle. Je n’ai pas eu le choix. Elle, elle a décidé de venir ici… Pour me suivre ? Possiblement. Mais je connais le sentiment du mal du pays. Même si fuir mes parents a été une priorité absolue cet été, après avoir vu comment ils remplaçaient Ho-Seok… Enfin, Eun-Ae est même prête à rester avec moi si je m’assoupis. C’est non sans ironie que je réplique : « Tu as 24h devant toi ? » Parce qu’il faudrait au moins un coma d’autant de temps pour être en forme après la nuit de pleine lune que j’ai passé. Et encore, en étant optimisme. Je devrais faire attention cela dit, qu’elle ne se pose pas de questions sur cette asthénie assez inhabituelle chez moi. Je n’étais pas si facilement fatigué au Japon. Même si elle peut comprendre que des insomnies fréquentes depuis un an puissent me mettre à mal. L’insouciance relative dans laquelle j’étais en tant qu’héritier d’une puissante famille a volé en éclat cette nuit là.

Et je confie ce genre de pensée à Eun-Ae. Ce qui la fait tiquer. « Tu appréciais une version de moi qui n’existe plus. » Qui sait si elle appréciera celui que je suis devenu. Et ce serait même plus simple que ce ne soit pas le cas. Je ne pousserais pas la goujaterie jusqu’à insinuer qu’elle ne me courait après que pour ma situation. Il y a sans doute une partie de cela qui est vrai alors que j’étais un célibataire très convoité, mais Eun-Ae vaut un peu mieux que cela, du moins j’ose l’espérer. Et jamais je n’irais insinuer ce genre de chose auprès d’elle, ce serait un manque de respect certain. Surtout quand elle demande d’oublier nos familles. Pour n’être que nous, Hyun-Su et Eun-Ae. « Si tu veux. » On peut essayer, même si je doute que cela change quoique ce soit.

Elle évoque alors notre rendez-vous sur les berges de ce fleuve, me faisant rire à ce souvenir. Même si je ne l’aurais jamais qualifiée d’inintéressante. Elle s’était démarquée du lot. J’ignore encore pourquoi et comment. Elle est jolie, mais il y a plus jolie. Peut-être ce qu’elle dégage ? Très probablement. Et elle me confie alors ce qui l’a attirée chez moi. L’assurance. L’intelligence. La confiance. Je cille sur ce dernier point. « Je le pensais aussi… » Mon regard se détourne vers le fleuve alors que je lâche d’une voix blanche : « La mort de Ho-Seok a tout fait voler en éclat… » Je me fige quand sa main se pose sur la mienne, alors que je baisse les yeux et la laisse entremêler ses doigts aux miens. Ce contact… Je ne peux pas l’avouer, mais j’en ai besoin et il m’ancre dans le présent alors que j’ai tendance à basculer dans le passé… Si elle pouvait chasser les fantômes qui me hantent… Si seulement. « Ce n’est pas en toi que je n’ai pas confiance. C’est en moi. » Le reflet d’insécurités nouvelles nées des pleines lunes. Des fragilités ainsi exposées. « J’ai cru faire ce qu’il fallait pour t’éloigner de mes ombres… » J’aurais du continuer, me montrer odieux avec elle… Mais sa chaleur perce lentement le froid qui me gèle jusqu’à l’âme. Je serre ses doigts entre les miens. Je suis tellement fatigué.

ft. Eun-Ae

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Je ne cautionne pas vraiment la façon dont mon oncle a décidé de mener sa vie, ni sa mentalité, qui s'éloigne bien trop de l'éducation qu'il a pu recevoir. Alors, il est possible qu'une union entre sa sœur et mon cousin ne se passe pas tout à fait comme prévu. Pourtant, c'est un beau mariage, à n'en pas douter, mais... ma tante est un genre de maman lionne qui couve bien trop ses enfants et leur laisse trop de liberté. Et avec son petit dernier, c'est encore pire, vu son enfance. Cependant, cela ne me regarde pas, quand bien même je trouve étrange qu'une Hwang épouse un Gimhae... Est-ce la façon des Hwang de tout de même s'attacher à notre famille alors que l'aînée a échoué à garder un Jeon ? Ce n'est pas sa faute, mais il ne serait pas étonnant de raisonner comme ça pourtant. Avaient-ils reporté toute leur attention sur la cadette, déçus par l'aîné, à cause de moi ? Cette idée me déplaisait réellement, alors que ce n'était vraiment pas sa faute... Mais elle ne serait pourtant pas la première à se marier... Alors que chez nous, Min-Ho attendrait que j'ai la bague au doigt pour faire de même avec la Fawley. « Une alliance avec les Gimhae est très avantageuse, tes parents savent rebondir... » J'avoue que j'aurais mal vécu de voir Eun-Ae mariée à mon jeune cousin... Quand bien même c'est moi qui tout jeté aux orties, la voir avec un autre aurait été très malaisant. Et sa petite sœur a en effet davantage l'âge de mon cousin.

La discussion se fait facilement, alors que les lieux familiers recréés magiquement me plongent dans une sensation douce amère et me détendent bien malgré moi. Le cadre est parfait. La compagnie également, alors que je suis dans une sorte de torpeur post pleine lune qui me pousse à baisser ma garde et lui parler davantage à cœur ouvert. Ma compagnie semble réellement lui plaire tandis qu'elle est même prête à rester là si je m'endors. Une sieste qui risquerait de durer cela dit, au vu de mon état de fatigue.

Et je me retrouve à lui avouer que je ne suis plus du tout celui qu'elle a pu connaître. Celui auquel elle a pu s'attacher... J'ai bien peur qu'elle ne courre après un mirage, tout simplement. Parce que je ne suis pas dupe, elle n'est pas venue à Poudlard que pour le prestige e son enseignement. Ou juste pour se venger de son abandon. Elle cherche trop ma présence pour cela, souhaitant nouer ou renouer des liens. Mais la repousser me demande trop d'énergie quand je n'aspire qu'à sa présence apaisante. Je hausse une épaule, nonchalant, quand elle me demande ce qui me dit que je n'apprécierais pas la version actuelle. Une version maudite et sans avenir... « Dans tous les cas, cela implique qu'on passe encore du temps ensemble. » Je lâche cela avec un petit sourire en coin, peu dupe concernant sa manœuvre.

Mais l'anecdote qu'elle évoque me plonge dans un passé pas si lointain et pourtant tellement différent de maintenant. Je me rappelle très bien de ce rendez-vous, de la façon dont il s'est déroulé et de ce que j'ai pu ressentir à ce moment là pour elle. Elle n'avait vraiment pas besoin d'un faire-valoir, elle avait tout ce qu'il fallait pour briller et capter mon attention. Et je le lui avoue. Nous aurions eu un bel avenir, c'est indéniable... La tristesse broie mon cœur à cet instant, si fort et si visible, qu'Eun-Ae pose sa main sur la mienne, m'assurant que je continue à lui insuffler ce sentiment d'assurance. Il serait bien plus simple de lui avouer la vérité, surtout alors qu'elle parle d'accepter toutes mes facettes, même pour un mariage de convenance. Mes doigts se crispent sur les siens, alors que je sens une boule de chagrin enfler et menacer de m'étouffer.

Après que ma famille ai passé sous silence a mort de Ho-Seok, que ce soit devenu un sujet presque tabou et que nous avons tous fait semblant que tout allait bien, je me rend compte que j'aurais eu besoin d'entendre ces mots, d'avoir ce soutien, au lieu d'essayer de tout gérer seul... De repousser les autres, de faire le vide, pour ne laisser personne découvrir la vérité... Suis-je devenu faible à ce point ? « Ton sens du devoir t'honore. » Parce que cela aurait été son devoir d'épouse n'est-ce pas ? Et cela aurait possiblement gangrené notre relation... « Mais ce n'est pas ce genre d'avenir que tu mérites. » Je devrais retirer ma main pour couper les ponts, pour signifier qu'il n'y a plus aucun espoir d'union. Je devrais. Mais mon corps refuse d'obéir et je ne peux que sentir sa douce chaleur et m'y accrocher.

ft. Eun-Ae

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« Ils le savent tous. » Les parents comme les nôtres sont des calculateurs qui souhaitent seulement étendre l'influence de la famille, asseoir leur puissance ou engranger davantage de richesses. Dans ma position, il n'y avait aucune alliance qui soit supérieure à celle avec ma famille, mais épouser une jeune fille d'une noble famille bien née et riche, c'était déjà un avantage certain et Eun-Ae avait rempli ces conditions. Elle était du même page que moi, de la même culture, elle était cultivée et intelligente, élevée pour un jour être l'épouse d'un homme puissant. Une alliée parfaite. Elle avait été introduite auprès de moi dans ce but seulement, c'était toujours la même rengaine. Je n'avais jamais été dupe de mon succès à Mahoukotoro. Mon statut social était ce qu'on voyait en premier chez moi et je m'en fichais. C'était ce qu'on me demandait. Comme je n'avais aucune ambition sérieuse envers les femmes de plus basse naissance que moi, qu'importent leurs qualités.

Et pourtant, le rendez-vous avec Eun-Ae s'était étonnamment bien passé. Loin d'être une potiche gloussante, elle avait su me montrer mon esprit, sa gentillesse et sa bienveillance, ainsi que son éducation parfaite. Et le temps était passé rapidement en sa compagnie. C'est encore le cas maintenant, alors que ma langue se délie bien trop facilement à son contact, alors que j'ai besoin... envie, de lui parler. Sans pour autant pouvoir me montrer totalement honnête avec elle, ne pouvant lui confier le lourd poids de ma lycanthropie maintenant... Cela ne faisait que deux mois qu'elle était revenue dans ma vie et je n'avais pas l'intention de l'y intégrer de nouveau. Ce n'était pas juste pour elle.

Malgré son assurance que je pouvais lui faire confiance, appuyé par ses doigts entrelacés aux miens. Cela serait tellement plus simple de juste lui dire... Si tentant. Juste me débarrasser de ce poids, qu'elle comprenne tous les enjeux... Et s'en aille. Me trahirait-elle ? Serait-elle capable de le colporter ? Une grande part de moi pense que non. Mais il reste cette méfiance que l'on m'a enseigné depuis tout petit, qui me murmure qu'on ne peut pas faire confiance en jeu, qu'on ne peut pas prédire leurs réactions. J'ignore même ce qu'elle pense des loup-garous, si elle s'en fiche, si cela la dégoûte, si elle ne voit en eux que des animaux... Je pousse un long soupir quand elle avoue qu'elle n'a pas besoin de faire son devoir avec moi. Qu'elle serait restée à mes côtés quoiqu'il arrive...

Quand je lui assure que je l'ai éloignée parce qu'elle mérite mieux, elle objecte que c'est à elle de décider. Naturellement... Mais je ne suis pas encore prêt à remettre ma vie entre ses mains. « Et si je te disais que ma position est précaire au sein de ma famille ? Que ma position pourrait être remise en cause ? Que tu pourrais passer de la gloire à la chute ? Serais-tu toujours aussi assurée ? Voudrais-tu toujours te tenir à mes côtés pour le meilleur et le pire ? »

ft. Eun-Ae

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J'en disais trop, j'en avais conscience. Cela ne pouvait que soulever de nouvelles questions. Et Eun-Ae n'était pas du genre à laisser tomer si facilement, elle était déterminée et intelligente. Est-ce que ce serait plus facile si elle trouvait la vérité elle-même par déductions et grâce à quelques indices décimés ça et là ? Mais n'était-ce pas juste une façon plus lâche de la mettre dans la confidence, mais prendre le même risque que de le lui avouer directement. Le résultat serait le même. Elle saurait et elle pourrait nous mettre en danger. Elle ne se rendait pas compte des efforts que je faisais pour lui expliquer la situation au mieux, malgré le secret que je ne pouvais lui confier. Je lui en avais davantage dit qu'à tous les autres. Min-Ho, Hyun-Ki ou même Adelaï, ils n'avaient su que parce qu'ils avaient vu. Elle répond avec beaucoup de prudence que cela dépendrait de la raison de cette chute... Je cille devant cette foi presque aveugle en moi, cette assurance que je ne ferais rien de mauvais ou répréhensible, rien qu'elle ne pourrait désapprouver selon ses propres valeurs. Non vraiment, cette confiance, me laisse complètement sans voix, désarmé, alors qu'elle continue, venant se glisser devant moi, sa main toujours agrippée à la mienne, comme une ancre, une façon de raffermir un lien entre nous.

Et la tentation de lui dire est tellement grande que je sens mes lèvres s'entrouvrir. « Eun-Ae... Je... » Je ne peux pas. Je dois garder mes lèvres closes. « Nous avons beaucoup d'ennemis. Je ne vais pas t'apprendre commence cela fonctionne, même si je pense que c'est encore plus féroce au sein de ma famille. Il y a bien des façons de faire tomber quelqu'un... Rumeurs, scandales, fausses preuves, calomnies... Peu importe. Avec ce qui est arrivé, je sais juste que ma position n'a jamais été aussi précaire, que la vie est fragile... Que Ho-Seok n'était pas le seul visé cette nuit là. Min-Ho et moi aurions du mourir également. Notre branche s'éteindre ainsi... » Je noie le poisson je le sais. Normalement, elle est consciente de tout cela, mais peut-être pas de sa réalité cruelle. Nous n'avions jamais subi une attaque aussi frontale et brutale. Mais les tentatives de ternir notre réputation étaient légion, comme de descendre nos actions.

Mon regard plonge dans celui d'Eun-Ae. Encore un lendemain de pleine lune qui me laisse vulnérable et dans une situation difficile. Mes barrières sont basses et pas encore reconstruites, mon corps endolori... Elles pourraient être plus douces avec quelqu'un comme elle à mes côtés... Combien encore de pleines lunes douloureuses et honteuses avant la fin de ma vie ? Mes parents le sauront sans doute avant. La femme qu'on me fera épouser aussi. Parce que Père ne me laissera pas forcément tranquille avec ça. Il va revenir à la charge dés qu'il aurait trouvé un intérêt... Je pourrais lui damer le pion. Eun Ae serait un bon choix, il l'a été, il le serait toujours mais... Une part de moi a toujours peur de son jugement. De la perdre. Incapable de répondre, je souffle et m'approche d'elle : « Je ne peux pas...La raison me dit que je devrais te tenir éloignée mais... » Avant de laisser tomber mon front sur son épaule, le dos crispé de douleur, de tension : « Je n'y arrive pas... »

ft. Eun-Ae

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C'est vrai. Nous sommes toujours là. Mais dans quel état... Cette donnée échappe naturellement à Eun-Ae alors que je refuse de lui confier ce secret, que je refuse de la laisser de nouveau entrer dans ma vie... Vraiment ? Alors que nous nous retrouvons en tête à tête dans un lieu nous rappelant notre premier rendez-vous ? Est-elle vraiment revenue simplement pour se venger de mon abandon et pour s'assurer que j'aille bien, parce que nous sommes amis ? N'y a-t-il vraiment que cela ? C'est de plus en plus ambigu alors que les confessions se font des deux côtés. Il aurait été doux de l'épouser finalement. De pouvoir me reposer sur elle. Si elle pense que je suis un roc sur lequel s'appuyer, je ne sais pas si elle a conscience d'être tout aussi solide. Ou du moins... Rassurante. Comme une présence chaude et enveloppante, me donnant l'assurance qui me manque depuis ma morsure.

Je devrais la repousser.

Je ne fais que m'approcher.

Comme l'enfant qui sait qu'approcher ses doigts d'une flamme va le brûler, mais qui est incapable d'y résister. Et sa flamme est si intense et pure qu'il est difficile d'en détourner le regard. Ou même de relâcher ses doigts ou de redresser ma tête. J'ai simplement envie e lâcher prise et la laisser être mon rocher.

Juste cette fois.

Je lui avoue cette faiblesse. Cette dualité entre cœur et raison. Entre besoin et nécessité. Et elle ne m'aide pas vraiment, me demandant de ne pas l'éloigner. Qu'elle ne voulait pas l'être. Je me raidis quand elle s'approche, quand ses bras entourent mon corps, encore douloureux de la transformation de cette nuit... Quand sa chaleur m'enveloppe littéralement cette fois. Un instant, je sens la faiblesse menacer de briser mes barrières, comme une vague puissante qui souhaite tout ravager. Un instant, elle peut sentir mon corps trembler dans ses bras, mais je me ressaisis, refusant de me laisser totalement aller.

Dans un effort qui me semble surhumain, je m'écarte d'elle, le visage aussi inexpressif qu'une statue de cire, mes émotions soigneusement verrouillées après cet incartade. Je ne sais même pas où j'ai trouvé ces réserves de volonté à vrai dire et je me demande si je ne vais pas le payer cher plus tard. Je me permets tout de même un sourire, qui tient davantage du rictus, même si le regard que je pose sur elle vient contredire le sarcasme, se faisant beaucoup plus doux : « J'ai l'impression que tu me poursuivras où que j'aille. » Une façon de lui dire que j'abandonne, ne ne m'enfuirais plus... Que sa détermination a eu raison de la mienne. Pour autant mon attitude physique, mon éloignement, envoie des signaux quelque peu contraires...

Le chemin est encore long.

Mais mes défenses ont vacillé aujourd'hui. Et lentement, mais irrémédiablement, Eun-Ae s'insinue dans mes veines... Je dois pourtant l'arrêter avant qu'elle n'aille jusqu'au cœur...

ft. Eun-Ae