Ft Sebastian Carrow & Merindah Kareela

Début juin 2023, Département de la Justice Magique

La vie de Merindah s’était complètement effondrée en l’espace d’un mois. D’abord, il y avait eu cette fameuse patiente, enceinte de jumeaux, qui était décédée lors de ses soins, sous sa garde. Patiente, qui était morte en même temps que ses jumeaux et dont l’époux avait blâmé Merindah. Peu important que son maître de stage soit arrivé en trombe pour mettre un terme à la catastrophe, le mal était fait. Un congé lui avait été offert, au même titre qu’elle avait bénéficié de l'indéfectible soutient d’Henry McCoy. Il n’empêche que… aujourd’hui, elle en était certaine, plus jamais elle ne voudrait travailler de nouveau dans un hôpital. Plus jamais. Elle pouvait, étrangement, compter sur un soutien inattendu : celui de l’infirmier Meyer qui, dans un style un brin différent de celui d’Henry, tentait lui aussi de lui redonner goût à la profession. Les deux médicomages avaient beau arborer des stratégies différentes, l’une avec l'autre, elles semblaient peu à peu fonctionner. Meyer lui avait conseillé la profession d'infirmière ou de médicomage généraliste, et Henry semblait approuver cette option, guidant la jeune interne dans ce changement de carrière. Cela allait donc un peu mieux. Enfin… si on oubliait que Poudlard avait été pris d’assaut par ses hybrides. Et que… son petit ami les avait abandonnés, là, à leur sort. Difficile à encaisser, pour Merindah, qui ne comprenait pas comment on pouvait faillir à ce point à son devoir. Était-ce donc vraiment le genre d’homme avec lequel elle voulait fonder sa vie ? Pas sûr. Merindah avait besoin d’un homme solide qui ne dérogeait pas à ses obligations. Parce que, outre le fait d’avoir vu Amos l’abandonner là bas, il avait abandonné tous ses élèves. Ses élèves étaient sous sa protection. Merindah, elle, n’abandonnerait jamais un patient. Preuve était, elle s’était adonné à sa patiente au point d’être brisée par sa mort. Amos avait-il même eu la présence d’esprit de venir corriger la situation ? Non. Une lettre de démission. Une lettre de rupture. En plus… il semblait que, sonnée elle avait révélé la nature de leur relation. Était-ce pour cela qu’il ne revenait pas ? Il savait qu’il avait bien trop merdé ? Mais ne méritait-elle pas mieux qu’un bout de papier ? Ses élèves, qui le considéraient souvent comme un deuxième père, ne méritaient-ils pas mieux qu’un bout de papier ? C’était écoeurant. Véritablement écoeurant.

Pourtant… tout ne s’était pas arrêté là. Non. La veille de cette fameuse lettre de rupture, le professeur de soins aux créatures magiques, l’avait trouvée, lui demandant de la suivre. Si au début elle avait cru à une erreur (et honnêtement, elle l’avait espéré, parce qu’elle avait rarement vu un homme aussi froid de sa vie), son inquiétude n’avait fait que s’accroître lorsqu’il l’avait fait entrer via une porte dérobée, lui faisant découvrir ses propres affaires, celles d’Amos et… ses potions. Apprenant avoir été oubliettée pour sa sécurité, Nott lui avait demandé de préparer deux autres potions… très différentes, demandées par Amos. Merindah s’était exécutée… ressentant malgré tout cet amour pour cet homme en qui, à ce moment là, elle refusait de complètement croire en les mauvaises intentions.

Aujourd’hui…. oh, aujourd’hui, ce n’était pas le cas. Elle avait était larguée comme une moins que rien après avoir été poussée à préparer des potions illégales. Des potions qui, ironiquement, étaient servies et ce, deux jours après quoi, un homme était mort. Un homme… marié à la cousine d’Amos. Hasard ? Probablement pas, non. Elle avait fait profil bas, luttant contre sa culpabilité, essayant d’éviter le Nott autant qu’elle le pouvait quand… une après-midi à Ste Mangouste, elle reçu une convocation pour des “questions”. Merlin. Merlin. Merlin. Merlin.

Prévenant le service juridique de son père (parce que oui, indépendance, tout ça tout ça, mais là, cela allait trop loin, elle avait besoin de l’aide de son père), elle s’était rendu sur les lieux du rendez-vous, la boule au ventre, demandant à voir son avocat quand… tout à coup, un homme entra. Un homme qu’elle avait déjà vu quelque part, mais où ?...

Ouvrant de grands yeux, elle l’entendit se présenter comme “Maître Carrow” et cela fit tilt. Carrow. Une de ces familles de sang-pur a la réputation assez marquée. Il avait probablement été présent lors des fiançailles d’Heather. Mais pourquoi son père lui envoyait-il un Carrow et pas leur avocat habituel ? Bizarre… enfin… peut-être pas. Quoi de mieux qu’un anglais pour gérer le droit anglais après tout ? Bon. Soit. Elle avait appelé papa à l’aide, elle ne cracherait pas sur cette aide.

De toutes manières, Carrow ou pas, joli regard ou pas, les policiers quittèrent la salle sous son baratin. Merindah expira profondément de soulagement, les voyant s’en aller non sans ronchonner. Peut-importait qui il était, il était là, tel un chevalier sur son cheval blanc. Il lui proposa alors son aide et, désespérée et honnêtement effrayée, elle accepta.

- Merci… souffla-t-elle.

Bon. Et maintenant ? Était-elle supposée dire la vérité ? Tout lui raconter pour qu’il puisse la sortir de là ? Certes, elle était soulagée de le voir, d’autant plus qu’il avait l’air compétent mais… pouvait-elle lui dire la vérité ? Probablement pas pour le moment.

- Je ne sais pas ce que je fais là, menti-t-elle (très mal). Ils ont dit… enfin… je ne sais pas. Ils m’ont parlé de la mort d’un homme que je ne connais pas. Ils veulent me poser des questions là dessus mais… je ne l’ai jamais rencontré, j’ai juste brièvement été amie avec sa fille et encore… on ne s’est pas parlé depuis mars.

Ft Sebastian Carrow & Merindah Kareela

Début juin 2023, Département de la Justice Magique

Sebastian Carrow avait un charme… hypnotisant. Rien que là, installé à la table, avec son regard pénétrant, Merindah n’avait aucun mal à l’imaginer déambuler dans un tribunal et conquérir l’assemblée en un sourire en coin énigmatique. Il avait l’air si à l’aise… s’en était étrangement… rassurant. Oui parce que, de son point de vue, si l’avocat avait fait une crise de stress à cet instant, elle aurait été totalement terrifiée.

Il disait voir la situation… mais ce qu’il résuma lui glaça le sang. Comment avait-il lu ainsi en elle ? Était-elle donc si transparente ? Peut-être. Après tout, ce n’était pas comme si elle avait eu vraiment à apprendre à mentir. A donner une bonne image… oui. Mais… ça n’était pas compliqué quand… le fond était à peu près similaire. Piètre menteuse qu’elle était, ses joues s’empourprèrent en entendant la vérité sortir de la bouche du Carrow. Elle ne répondit pas.. elle n’en avait pas besoin. Ses pommettes et son regard fuyant parlaient à voix haute à sa place.

Entendant le poids d’Azkaban peser et tous ces possibles desseins négatifs… la gorge de Merindah se serra. Ses mains tremblaient alors que sa gorge se noua sous l’anxiété. Bien-sûr, son père la sortirait de là. Mais à quel prix ? Un incident diplomatique ? Ça ne pardonnait pas pour un Ministre de la Magie.

- Ils ont mentionné le nom d’un homme, mais ça n’a pas le moindre sens. Je ne sais même pas si c’est vrai, ou si c’était… une stratégie. Ils m’ont surtout… poussée à avouer quelque chose. Mais… ils n’avaient pas l’air de se soucier de la victime en soit, finit-elle enfin par admettre.

Elle se crispa un peu. Tout était si étrange récemment. Si elle s’était attendu à être questionnée un jour, c’était pour la disparition d’Amos, qui avait coupé court à tout contact. Pas… ça. Alors.. elle passa aux aveux :

- Ils ont uniquement brièvement mentionné la mort de Corban Yaxley. Ils ont dit qu’il avait été harcelé par des lettres de menaces à tel point que sa femme était partie, craignant pour la sécurité de leurs enfants. Mais… Je… je ne sais rien. Je ne l’ai jamais vu de ma vie, juste sa fille, Bella. Mais… elle ne vit même plus ici.

Il y avait bien cette chose… qu’Amos l’avait oubliettée. Une chose illégale. Mais quel rapport entre Amos et Corban Yaxley ?... Il n’y avait aucun, aucun rapport. Pourquoi un homme, lié de loin aux cousins d'Amos, était mort ? Pourquoi on voulait la questionner elle ? Et puis… Amos lui avait confié tant de choses terribles sur les Mancini, qu’il lui avait fait jurer de ne pas répéter, pourquoi n’aurait-il rien dit sur cela ? Il lui avait confié tant de choses sur sa famille, sur ses parents… pourquoi pas ça ? Ca n’avait aucun sens. Aucun.

- C’est la vérité Monsieur Carrow… Je… je suis sincère, ils ne m’ont pas vraiment dit d’avantage. Je ne suis même pas sûre si c’est bien de lui qu’ils voulaient me parler… Ils n’ont jamais formulé de question directe vis à vis de ça. Avant que vous arriviez, il me posaient seulement des questions sur… mes études, sur mes spécialités. Et puis… ils ont mentionné Yaxley là, disant que récemment un homme était mort. Et qu’ils avaient des questions dessus. C’est tout… si c’est un genre d’expertise, mon maître de stage devrait être présent, non ?

Pas sûre mais… Non. Ça n'avait aucun sens. La théorie d’être amené ici pour une expertise était plus logique. C’était la SEULE chose logique. Elle n'aurait JAMAIS accepté de tuer un homme. Jamais. Ja-mais. Elle observa Sebastian Carrow, implorant presque du regard qu’il valide son raisonnement. Parce que… mettre fin volontairement aux jours de quelqu’un c’était impossible. C’était contraire à tout ce que les guérisseurs Ngangkari croyaient. Cela allait à l’opposition même de qui elle était, dans son cœur, dans son âme. Jamais elle n’aurait déçu sa mère à ce point là, elle qui lui avait tout appris. Qui lui avait montré, dès l’enfance, la beauté et la puissance de la vie. Il n’y avait pas crime plus fort que celui de tuer. Elle n’était pas même certaine qu’un guérisseur Ngangkari pouvait prêter serment de devenir guérisseur s’il avait tué. C’était comme… une tâche, qui ne part jamais. Indélébile, honteuse, terrible. Elle doutait sur la médicomagie, oui, mais pas au point de renoncer à ses croyances.

- S’il vous plaît… je veux seulement rentrer à Poudlard… hoqueta-t-elle.

Ft Sebastian Carrow & Merindah Kareela

Début juin 2023, Département de la Justice Magique

Merindah tentait d’inspirer profondément, essayant de se souvenir de la manière dont la police avait posé ses questions. Merlin, tout était allé si vite…

- Ils n’arrêtaient pas de répéter “il faut nous le dire”, “quelqu’un est mort, alors il faut nous le dire”. C’est quand j’ai finis par demander qui est mort qu’ils m’ont expliqué que Corban Yaxley avait été harcelé pendant des mois, que je connais sa fille, que sa femme travaille dans mon école… c’est tout. Puis ils ont commencé à me poser des questions sur la guérissologie. Depuis quand je l’étudie, si l’Australienne est la même que l’Européenne, en quoi elle consiste, quels effets cela peut avoir, est-ce que c’est vérifiable… Et puis vous êtes arrivé.

Puis, Carrow affirma la croire. Merindah ferma les yeux un instant, inspirant profondément. Au moins, lui la croyait. S’il la croyait il la sortirait d’ici non ? C’est alors qu’elle apprit par l’avocat que Corban Yaxley était effectivement mort. L’avait-elle tué ? Amos lui avait-elle demandé de tuer un homme ? Non.. il n’aurait pas fait cela ? Il n’aurait pas fait cela ! Il savait combien la vie était importante chez les Ngangkari. Combien elle représentait une énergie sacrée qu’on ne peut toucher. Comment aurait-il pu la convaincre ? Pourquoi l’avoir oubliettée ? Pourquoi Theodore Nott la tenait donc au silence ? Les deux étaient-ils donc liés ? Oui, elle voyait comment Amos pouvait être lié à Yaxley. Mais… Nott ? Pas vraiment. Loin de se douter que Sebastian avait exactement l’autre moitié de l’histoire et que leurs versions dessineraient le tableau entier, Merindah continua de respecter ses engagements envers Nott. Du moins… pour l’heure. Elle n’irait pas en prison pour Amos.

- Le problème, Monsieur Carrow, c’est que je n’en vois pas non plus.

Elle voulait quitter cet endroit, entrer à Poudlard et aller dormir parce que ça ne pouvait être qu’un mauvais rêve dont elle se réveillerait. Ca ne pouvait pas être réel. Demandant à ce qu’il la fasse regagner l’école, non, suppliant, Merindah fut de nouveau prise de quelques larmes d’épuisement. Elle n’avait pas plus d’informations à lui donner. Ormis Amos. Mais… elle ne pouvait pas partager cela, pas pour l’heure. Pas tant qu’elle sache exactement ce qu’il se passait. Peut-être avait-il laissé une sorte de code, dans sa lettre de rupture ? Une manière cachée de lui expliquer les choses ? Merlin, était-elle en train d’espérer ?

- Je n’ai rien de plus, Monsieur Carrow. Vous en savez autant que moi.

Elle hoqueta de nouveau, les larmes coulant le long de ses joues. De toute évidence, elle était à bout. Épuisée physiquement et mentalement par tout ce qu’il s’était passé dans sa vie ces derniers temps. Et puis… elle avait encore sa fichue thèse à travailler. Oh merlin. Comment allait-elle pouvoir bosser sa thèse maintenant ? La soirée à la bibliothèque risquait d’être très longue. Ses coudes sur la table, elle enfouit son visage dans ses mains, écroulée sous les sanglots, s'effondrant totalement. Comment allait-elle faire ? Dans quoi avait-elle mit les pieds ? Pourquoi Amos l'avait abandonnée avec tout ça ? Il fallait qu'elle rentre à Poudlard et cherche. Dans sa lettre, dans la salle sur demande... peut-être même dans son bureau si elle y parvenait. Mais il fallait qu'elle rentre à Poudlard où elle trouverait ses réponses. Elle en était convaincue.

... A tord, malheureusement.