Pourquoi avais-je choisi de continuer le cours de droit ? Mmh. A vrai dire… La raison se tenait en trois points. Le premier point était que c’était si nul que je l’imaginais. On m’emmerdait pas trop quand je donnais mon avis, ce qui était un point positif. Ensuite, fallait avouer que ça faisait du positif dans un dossier merdique à souhait jusque-là. Autant dire, donc, que si je voulais remonter le niveau, il valait mieux que je prenne une option, en l’occurrence droit. Et puis en troisième point, c’était peut-être le truc le plus débile du monde que je me refusais d’avouer clairement. Ça tenait en un prénom : Jayden. Le Prof était son père. Or, vu comment j’étais, je pensais sérieusement que je risquais de partir avec un déficit de respect alors… Autant mettre toute les chances de mon côté. Même si… Je me connaissais. Evidemment. Je n’étais pas franchement une habituée du sérieux et de la bienséance à tout va. Au contraire. Alors, ok. Je me tenais. Plus ou moins. Mais cela ne m’empêchait pas de, comme dit au premier point, donner mon avis bien tranché sur certaines choses.

Ainsi m’étais-je, à nouveau comme le prévoyait mon emploi du temps, rendu dans la salle de classe beaucoup trop haute pour mes cuisses. Soufflant avant de passer les portes, j’arquai un sourcil en entendant la voix du Professeur Walker. L’Anarchiste ? Mmh. Ouais, ça pouvait m’aller. Esquissant un sourire amusé, j’haussai malgré tout les épaules.

- Quand même pas mal qu’une anarchiste assiste à vos cours, M’sieur. Vous risquez la révolution vous vous en rendez-compte ?

Quoi ? Qui disait sérieux disait pas manque d’humour après tout. M’installant à ma place, je sortis parchemin et livre pour observer Monsieur Walker, espérant qu’il avait pas prévu un sujet casse cacahuète… Bah si ! Evidemment ! Sérieusement, le besoin d’une administration magique. Ouais ouais mieux valait se concentrer sur le Royaume Uni parce que j’étais quand même pas sûre d’être masochiste au point de faire deux ans de suite moi.

- Je suis même pas sûre de survivre à ce cours là avec ce sujet. Soufflai-je, provoquant le ricanement de quelques élèves.

Un jour, peut être, devrais-je apprendre à ne pas dire tout haut ce que je pensais tout bas… Enfin ! Ce qui était fait, était fait après tout ! Croisant les bras en arquant un sourcil alors qu’il commençait à marcher à la récompense, je me mis à réfléchir sérieusement.

- Qu’il est con. Soufflai-je à mi-voix en entendant la réponse fausse.

Putain depuis quand je me mettais à juger ceux qui avaient faux ? D’habitude j’avais toujours faux. Je m’étais juste mise à bosser réellement depuis un mois alors… Alors j’avais la réponse en fait… Oh merde… Je connaissais la réponse… Levant la main, limite surprise de moi-même, je plissai les yeux.

- Alors déjà pour répondre je veux le dragée et la patacitrouille que vous avez promis au début. Sinon c’est hors-jeu. Ensuite me l’envoyez pas dans la tronche parce que je fais pas non plus partie de l’équipe de Quidditch et heureusement. Enfin… C’est 1707 espèce de buse. Et le nom c’est un truc du genre… Ulick … Ulick… Gump ? Nan… Gimp ?... Nan… AH OUI ! Gamp ! Ulick Gamp ! C’est ça m’sieur ! M’exclamai-je en tendant la main un peu trop fière de moi, sourire aux lèvres, pour réclamer mon dû. Et trahissez pas ma confiance ! Vous avez dit chocolat !

Hé ! J’étais peut-être jeune mais malgré tout, j’étais pas née de la dernière pluie alors mieux valait ne pas se jouer de moi ! Non mais.

- Ca serait quand même dommage qu'un juge soit jugé coupable. Ricanai-je. Pour ce qui est de votre humour je demande par contre un avocat.

Ok j'avais pas toujours un humour super construit. Rarement, même, quand on faisait la moyenne de mes blagues. Mais pour autant, ça réussissait toujours à faire ricaner quelques personnes autour de moi. Sûrement, d'ailleurs, dû au fait que c'était un humour assez vache... Mais bon ! Les ricanements étaient là. C'est donc que c'était gagné !

En attendant, plus que des ricanements, j'avais réussi à donner une réponse, ô joie et supra surprise. Parce que, clairement, ca faisait peut être partie des premières fois que je répondais de manière juste et surtout volontaire à une question. Bon. D'accord. J'avais insulté vite fait l'abruti qui s'était trompé. Et c'était clairement l'hôpital qui se foutait de la charité. Mais quand même ! J'avais eu la réponse ! Et... Une patacitrouille dans le front... Restée bouche bée quelques secondes, je clignai alors les yeux. Hé mais !

- Hé mais c'est à vous qu'on devrait retirer des points ! C'est de la violence sur élève ! J'vais faire un syndicat, moi !

C'était une blague ? Mmh... Ouais. Peut être un peu. Mais quand même ! J'étais vexée ! Ca va ! J'avais pas dit que c'était un connard ! J'avais dit que c'était une buse ! C'était pas grave ça ! Il avait jamais insulté personne lui ! Plissant les yeux, une moue mécontente aux lèvres alors que je mangeai malgré tout la patacitrouille, histoire de pas gâcher quand même, je fus néanmoins contente d'entendre un "bien joué" de la part d'un prof. C'est que c'était quand même gratifiant qu'on reconnaisse que j'faisais un truc bien... Ca changeait des points en moins et des retenues, effectivement.
Piochant dans le paquet, je me surprenais à être attentive au cours plus qu'habituellement. Sûrement parce que le chocolat aidait. Evidemment. Bon. Pas répondre. Hé mais c'était plus dur que prévu ! Ca je savais aussi ! Bordel que j'étais devenue surdouée - ou pas. Aaaah ! Encore un peu et j'aurais même plus à réviser tellement ça serait facile pour moi !
Bon, si je voyais peut être un peu trop la facilité avant même le travail que je fournissais, je plissai néanmoins les yeux. Zoé s'était débrouillé mais voilà que j'étais à nouveau visée.

- De toutes façons vous avez la tête d'un sadique. Dis-je nonchalamment en me redressant. Donc. Vous voulez savoir comment la création du Ministère a été reçue par la communauté magique et si ça a été facile... Reformulai-je.

Sérieusement... C'était pas sadique c'était dégueulasse ! Je savais le reste ! Pourquoi il m'interrogeait pas sur le reste ! J'avais d'ailleurs reformulé sa question pour gagner du temps et simplement... Gagner du temps le temps, au moins, de rassembler mes idées.

- Bah... Je dirais que c'était super compliqué. Enfin fallait les faire marcher droit tous les sorciers en fait donc ça a du être compliqué. En plus on sait tous que les gens aiment pas le changement, alors tout changer c'était super hard. Donc parce que je dis que c'était super compliqué de faire ça, bah je dis forcément que ça a été mal pris. Les sorciers ont du faire la grève comme en France. Il y a eu des fermetures de boutiques et tout, l'industrie s'est complètement arrêté et ça a provoqué une crise économique mais comme le Ministère était "trop bien", hop il a tout géré. Sauf que si y avait pas eu de Ministère y aurait pas eu de crise donc là, je me demande si c'était bien nécessaire ! CQFD Monsieur ! Déclamai-je fière de mon histoire totalement inventée.

Haaaa... Au moins, à défaut de connaissance, je pouvais toujours compter sur mon imagination plus que fertile !

Ah ouais ? Il me défiait le prof ? Non mais… Il savait pas à qui il avait à faire celui-là ! J’allais le lui constituer son syndicat et on allait réclamer au moins trois O par personne tient ! Juste pour le faire chier ! Quoique est-ce que ça le ferait vraiment chier ? Bref ! C’était pas la question ! La question c’était plutôt le fait que ce prof était un vrai sadique à m’interroger comme ça là ! Comme si je le méritais moi, petit ange adorable. Ou pas. Bon ok. En attendant, je répondis à sa foutue question de manière… Kathleenesque on pourrait dire. J’inventai. Tout simplement. De manière éhontée en plus ! Et évidemment, ce fut faux quoiqu’avec un fond de plus ou moins vérité.

- Je savais que j’avais raison. Grommelai-je malgré tout, posant mon dos contre l’arrière de la chaise, bras croisés, pour m’affaler un peu plus alors que le professeur commençait sa tirade.

Bon. Souci. J’arrivai pas à tout écouter. Il fallait dire qu’à force de dormir en cours jusque là, ma concentration était devenir celle d’une petite cuillère amnésique alors… Autant dire qu’elle était nulle. Une chose, néanmoins, attira son attention. Des noms de famille qu’elle connaissait. Tient tient… Des vieilles familles… Me redressant légèrement pour tenter de porter plus attention aux paroles du Haut Juge que je fixai désormais de manière certainement plus flippante que concentrée, je plissai les yeux pour lever la main dès lors qu’il eut terminé ses phrases que je croyais sans fin.

- Je veux bien répondre à votre question, Monsieur mais avant j’ai une question super intéressante ! Commençai-je, sourcils froncés, l’air particulièrement sérieuse. Comment est-ce que des gars qui en sont venus à supplier un moldu sont devenus des petites putes comme Yaxley et Gaunt ? Demandai-je alors avant de souffler. Franchement, incompréhensible la génétique. Repris-je, presque « soucieuse » quoique trop exagérément pour que ce soit réellement pris au sérieux. Par contre pour ce qui est de mon avis… Les pour étaient pour parce que oh là là les Moldus sont des méchants et il faut nous protéger et les contre étaient contre parce que… Bah franchement… Là…

Pourquoi des sorciers pouvaient être contre ce truc ? Enfin c’était clair que ça avait protégé les sorciers en fait. Mais d’un autre côté… Sans ce secret là… On aurait pu plus facilement se débarrasser des gusses là… S’ils avaient eu connaissance de la magie, est-ce que Papa serait alors aussi longtemps à Azkaban ? Peut être pas. Parce qu’il n’y aurait pas eu besoin d’Oubliators sûrement. Le fait qu’il ait tué ? Bagatelle. Alors… Le regard soudain bien plus sombre, les sourcils froncés, je relevai le regard vers le Professeur afin de terminer cette réponse que j’avais laissé en suspens.

- Les contre ont du se dire que ça serait plus facile de massacrer les moldus. Supposai-je soudainement en accord avec eux. Qu’un secret c’était chiant à maintenir quand on voulait juste se débarrasser d’une vermine.

Mes mots étaient durs mais j’avouai que penser à mon père, mon pauvre père enfermé là-bas, m’avait soudainement mise en colère. Alors quitte à répondre, autant répondre avec tout mon cœur. Même enragé sur ce coup.