Les liens du sang

J'avais assez repoussé le moment non ? D'autant plus que quelques indices m'annonçaient déjà que Damian se doutait que quelque chose me travaillait. Quelques insinuations ou remarques, je les avais ignoré d'un haussement d'épaule en attendant d'être parfaitement sûr de moi et de ce que j'avais a dire. Évidemment, cela n'incluait pas vraiment la forme de l'aveu on va dire, j'avais réfléchis a pas mal de scénarios mais on ne va pas se mentir, aucun ne me satisfaisait. Y allez franco ne fonctionnerait pas, comme sans doute prendre des chemins détournés. Mon frère était loin d'être débile et il n'aimerait sans doute pas que je tourne autour de la cheminée. Et puis, je ne pouvais pas non plus mener ce genre de double vie éternellement, d'autant plus que je détestais cacher quoique ce soit a mon frère. Juste que...c'était tout de même un virage assez violent dans ma vie et sans doute dans ce qu'il imaginait de ma vie on va dire. Mais comme je l'avais affirmé a Mara, il m'en voudrait sans doute pour le lui avoir caché et c'était tout, il ne resterait plus qu'a me faire pardonner et voilà.

Bon, on allait pas se mentir non plus, c'était un gros morceau a lui faire avaler mais je ne voyais pas vraiment sous quel angle aborder le sujet autrement qu'en y allant franchement. Enfin en y mettant des formes quand même. Rha, je ne savais même pas comment m'y prendre pour que la potion passe sans trop de casse. Croisant mon regard dans le miroir, je soupirai puis me passai le visage a l'eau. Bon de toute façon, il n'y avait pas trente six façon de le dire si ? Non, évidemment. Ne rien dire était aussi une solution, si j'étais un peu plus lâche, mais franchement, l'intuition de Damian me concernant était déjà assez terrifiante comme ça. Et puis, je sais pas, j'avais aussi envie de m'ouvrir a lui là dessus, sans forcément rentrer dans les détails bien sûr, mais juste un peu, comme je l'aurais fait si Mara avait été une femme. En soi, je ne trouvais rien de différent dans les faits, après tout, c'était juste s'épancher sur sa vie amoureuse, un truc que des tas de frères et sœurs partagent. Même les amis. Or Damian était autant mon meilleur ami que mon frère, garder tout les chamboulements de ma vie pour moi seul me paraissait...Etrange et impossible. C'était juste que...Ben ce ne serait sans doute pas facile a dire, même si je n'avais honte de rien, Damian n'aimait déjà pas Mara et j'avais cru sentir que l'homosexualité lui posait quelques soucis aussi. En somme, je n'avais pas l'impression de marcher dans un champ odorant et rempli de fleur des champs. Ca ressemblait plus a une traversée du désert avec une fourrure sur le dos.

Je sortis de la salle de bain que nous partagions au manoir et, vêtu d'un bas de pyjama et d'un t-shirt, j'allais poser une épaule sur le chambranle de la porte qui séparait nos deux chambres. Levant une main, je toquais sur la porte ouverte, voyant déjà mon frère penché sur un truc a son bureau. « T'es occupé ? » Alors qu'il levait la tête et la tournai vers moi. Je fourrai mes mains dans les poches de mon pantalon, histoire de cacher le fait qu'elles devaient un peu trembler, avant d'avancer plus avant dans sa chambre. « Faudrait que je te parle d'un truc. » Oui, un truc, disons le comme ça...

ft. Damian

Les liens du sang

« Je révise. » Est-ce que c’est une réponse à sa question ? Plus ou moins. Elle demeure assez vague cependant, alors que je le dévisage ? Ca, ça sent la conversation… sérieuse. Suffit de voir son regard sombre sur moi. Et il n’a pas l’air aussi nonchalant qu’il veut le laisser penser. Allons, Keith, pas à moi quoi… Je pense qu’on a passé le cap de tenter de nous tromper l’un l’autre quand même… Mais au moins, peut-être qu’il va enfin cracher le morceau de ce qui semble le ronger depuis plusieurs semaines. J’en ignore vraiment la nature, mais mon instinct ne m’a jamais fait défaut concernant ce que peut ressentir mon frère. Et un changement de comportement de sa part n’est jamais anodin.

Je tourne mon fauteuil vers lui, les mains croisées. « Faudrait ? » Je tique sur la façon dont il entame la discussion. Et sur ce terme plus spécifiquement, comment ça il faudrait ? Genre il se sent obligé de me parler de quelque chose. On va dire que cela ne me dise rien qui vaille en fait. Qu’est-ce qu’il a fait encore ? Je me dis que tout est lié là… Entre son comportement bizarre des derniers temps, l’irruption de Mara dans sa vie… Bref. « Ok, je t’écoute. Les potions peuvent attendre… » Pour que je dise ça, c’est vraiment qu’il m’intrigue. Mais en même temps, c’est mon frère, évidemment que j’ai toujours du temps à lui accorder, même quand je suis occupé. Même quand je n’ai pas de temps… Je me demande si je devrais lui parler de Bella, mais on verra si j’en ai l’occasion. Comme je ne sais toujours pas quoi faire de cette… aventure. Et que je n’ai pas envie de me prendre la tête à l’analyser. Je vais rester tranquille.

Mollement, Quietus déroule ses anneaux sur le lit à côté, venant serpenter jusqu’à moi. Je le récupère avec un sourire, tandis qu’il passe sur mes épaules, s’installant confortablement comme ça. Je me demande si il est sensible à mes humeurs, ou à celles de mon frère. A notre lien. La preuve, il adore le lit de mon frère. Comme pour l’emmerder… Ou manifester son affection pour cette autre partie de moi, ce reflet.

ft. Keith

Les liens du sang

Il révisait. Oui évidemment. Mais pour autant, je savais qu'il était capable de laisser tomber ce qu'il faisait pour porter son attention sur moi. Comment ? Parce que je faisais exactement pareil. Par contre, je tiquai légèrement devant son attitude. Ouais, il était plus que temps, il ne m'aurait pas laissé m'en sortir longtemps. Il avait ce petit air qui ne trompait pas, celui qui disait, je le savais maintenant crache ta dragibus. J'esquissai un demi sourire discret, pas très dupe de sa comédie. Tout comme il me connaissait, je le connaissais. Il devait tout de même avoir rongé son hippogriffe pour ne pas m'avoir poussé dans mes retranchements. « Faudrait oui, maintenant que je suis arrivé au bout de ma réflexion. » parce que j'étais arrivé a une conclusion tout simplement. Par contre, il est vrai que c'était étonnant que je n'ai pas parlé de mes doutes avant, peut être parce que je ne l'avais pas sentit réceptif sur le moment ou plus probablement, que je ne savais pas vraiment comment entamer le sujet. Le peu que j'avais dis ou sous entendu était resté lettre morte, ou plutôt, je n'avais pas vraiment tenté non plus, c'était peut être trop personnel ou que j'étais sous simplement trop confus pour le faire. Aucune idée. Et en ça, je n'avais sans doute pas d'excuse.

Je m'adossais a une colonne de son lit quand un sifflement m'indiqua que Quietus était dans les parages. Je fixai un instant le serpent tandis que celui ci ondulait jusqu'à mon frère pour finir sur ses épaules. Maintenant que j'avais toute son attention, j'eus un blanc sévère et ça, ça ne me ressemblait pas, j'étais toujours a l'aise avec les mots d'habitude mais là, dans l'instant même alors que le regard de mon frère pesait sur moi, j'avoue que ces foutus mots semblaient s'envoler par tout les vents. Et ben c'était pratique tiens. J'aurais presque ris de moi même si je n'avais pas sentis mes ongles pénétrer ma paume.  Finalement, je lâchai un énorme soupir. Allons c'était mon frère. Depuis quand j'hésitais a lui parler hein ? C'était n'importe quoi ce début de panique, vraiment n'importe quoi. « Tu te souviens quand on a parlé filles la dernière fois ? » Et que je finissais vieux garçon avec un hibou débile accessoirement. «  En fait, ça m'a fait un peu réfléchir du coup. » Un peu ? Bon beaucoup en fait et j'avais pris assez de recul sur moi même pour analyser mes propres attitudes et envies. Évidemment ça pouvait sembler arriver de nul part, mais quelque part il y avait peut être déjà des signes annonciateurs que ni lui ni moi n'avions vu venir. « Vraiment réfléchir même. » J'inspirai rapidement, ça c'était la partie facile, je crois et puis je lâchais. « Je n'aime définitivement pas les filles, Damian. » Pouvait on faire plus clair que ça ? Sans doute oui, mais je doutais qu'il ai besoin que je précise. J'aurais pu utiliser le mot croire, mais ce n'était plus une hésitation, ni même un questionnement. C'était juste une affirmation. « Quand j'y pense, je ne les ai jamais regardé, ou je ne t'ai jamais envié une petite amie. Jamais eu envie de les toucher ou de les embrasser non plus. Finalement, c'était assez flagrant mais je n'y pensais juste pas. Ce n'est pas qu'elles n'étaient pas assez belles ou attirantes, c'est juste que ce n'est pas elles qui m'intéresse. » Seulement il était vrai aussi que je n'avais pas vraiment ressenti d'attirance non plus pour les hommes, du moins, pas franchement on va dire. Mara avait juste pointé son doigt sur quelque chose que j'ignorais facilement la plus part du temps.

J'eus un demi sourire légèrement contrit. « J'aurais peut être dût t'en parler plus tôt, mais j'avais besoin de savoir exactement ce qu'il en était moi même. » Autrement dit, je voulais me faire ma propre opinion et prendre ma propre décision. Quand je disais que personne ne pouvait vraiment m'influencer, c'était vrai la plupart du temps, mais quand je doutais, mon frère pouvait aisément faire pencher la balance. Là j'avais surtout eu besoin de savoir exactement ce que je voulais, qui je voulais être et comment je voulais l'être. Un peu comme quand nous étions plus jeune et qu'on cherchait pas tout les moyens a se dissocier l'un de l'autre. « Je sais que ce n'est pas le truc le plus facile du monde a encaisser non plus mais ce n'est pas non plus quelque chose que j'ai envie de te cacher. » je ne savais pas très bien comment il prenait mes paroles en fait et je ne m'attendais pas non plus a une acceptation pleine et entière sans difficulté. Mon frère resterait fidèle a lui même et je n'étais pas sûr qu'il réagisse très bien sur le moment...Peut être plus tard, mais en attendant, c'était dit et...je me sentais terriblement mieux. Plus léger sans doute, comme un poids qui glisse de mes épaules, un poids que je ne pensais pas aussi lourd et, par Merlin, ça faisait du bien.  

ft. Damian

Les liens du sang

Au bout de sa réflexion ? L’air tranquille mais curieux que j’affiche se fait beaucoup plus incertain. Parce que là, je ne le suis pas et j’ai un sombre pressentiment qui se loge au fond de mon estomac. Comme si… Comme si ce qu’il allait dire aujourd’hui, allait changer quelque chose. Je ne sais pas si c’est à cause de sa nervosité latente, de ses paroles… D’un ensemble de petits signes que je ne sais même pas identifier mais qui entretiennent mon instinct. Et donc, je lui accorde toute mon attention. Et il ne dit rien. Et c’est très mauvais signe. Hormis quand il fait une connerie, il n’hésite jamais à me parler. Mais ça fait longtemps qu’il n’en a pas faite. Cela n’arrive plus comment quand nous étions gamins. Ou en compétition pour nous démarquer. Je retiens une remarque acerbe sur le suspens qu’il entretient et qui est insoutenable, même si je risque d’être moins conciliant si il n’ouvre pas la bouche dans les 5 prochaines minutes.

Et le sujet abordé est pour le moins… Surprenant. Les filles ? Je marque ma surprise en changeant d’expression. Attends, attends, tout ce cinéma parce qu’il a trouvé une nana ? Et beh, elle doit avoir un soucis pour qu’il mette autant de temps à me le dire. Pour autant, un début de sourire commence à fleurir même si j’attends la suite quand même avec appréhension. Pourquoi il y aurait besoin de réfléchir ? Mon regard se trouble. Et là… Le coup de massue. Le début de sourire se fige, alors que c’est le choc et la stupéfaction. J’ai du mal comprendre ou il s’est mal exprimé non ? Je reste sans voix. J’ai envie qu’il arrête de parler en fait. Parce que la suite ne laisse plus aucune place au doute alors qu’il explique qu’il n’a jamais été attiré par une fille. Qu’elles ne l’intéressent pas.

Je le laisse continuer. Un peu assommé. M’en parler plus tôt… Ouais ouais… Mais le moment de stupéfaction passé… Je reprends calmement. Trop calmement : « Donc… Tu es en train de me dire que tu es… gay ? » J'aurais aimé que ma voix soit plus... neutre, mais là, il y a clairement une note de... mépris au terme. En plus de l'incrédulité. Un mélange dérangeant. Mes doigts tapotent nerveusement les accoudoirs… Avant que je ne me lève brutalement, tandis que Quietus se met à siffler, ou sensible à mes humeurs ou dérangé par le mouvement soudain. « Tu te fous de ma gueule ? Keith, enfin ! On… On est jumeaux, on partage tout, tu… Tu peux pas ne pas aimer les filles… » J’oscille entre la colère et la détresse. C’est pourtant lui qui a pleuré quand on s’est rendus comptes que nous étions différents, quand nos baguettes nous l’ont rappelé. Et cela ne m’a jamais vraiment dérangé au final. Mais pour ça… vraiment, pour ça, j’aurais voulu qu’on soit semblables. « C’est peut-être juste… une phase ? Ou je t’ai peut-être dégouté avec mes histoires sans lendemain et ce n’est pas ce qu’il te faut… » Je me suis rapproché de lui pour lui attraper les épaules. J’ai encore un peu d’espoir. Juste un peu. Les goûts ça peut changer. Il ne peut pas faire ça. Que vont dire les parents ? Et toute la famille ? Et les gens ? Ce n’est pas un truc qu’on tolère vraiment chez les Sang-Purs.

Et puis je plisse les yeux, alors qu’une idée me passe par la tête. Si il pense aimer les hommes… C’est bien qu’il s’est retrouvé attiré par certains non ? Ou au moins un ? « C’est qui ? » Cette fois, ma voix vibre de colère. Mon regard s’est assombri. « Et ne me dis pas qu’il n’y a personne ! Il y a quelques mois, tu t’en foutais royalement d’avoir une copine et là, tu as… » Je le lâche pour mimer des guillemets « RÉFLÉCHI »… Qui est venu te donner cette putain de certitude Keith ? » Quietus est toujours sur moi, dressé et sifflant. J’entreprends de le redéposer sur le lit de ma main libre, mais je ne quitte quasiment pas Keith du regard… Mon frère, mon jumeau… Mon reflet… préférer les hommes… Je refuse. C’est impossible… Il y a une erreur, il ne peut pas faire ça, il va tout gâcher…

ft. Keith

Les liens du sang

Je ne m'attendais pas a ce qu'il saute de joie, évidemment et sa première réaction était étrange d'une certaine façon. Je ne m'étais peut être pas a attendu a la pointe de mépris qui filtra dans sa voix mais je savais passer outre. Je ne pouvais pas espérer qu'il réagisse avec entrain et compréhension. J'avais bien conscience des difficulté qu'il aurait a accepter le fait que je sois gay. Après l'incrédulité, il y eu le déni alors qu'il bondissait en assurant que je devais me tromper ou tout du moins m'égarer. Je le fixai sans reculer d'un pouce. Si je n'avais pas été sûr de moi, je ne lui aurais rien dit et quelque part, il le savait parfaitement.  Il refusait juste de l'accepter. Je pinçai un peu les lèvres lorsqu'il fit appelle a nos liens, arguant que je ne POUVAIS pas aimer les hommes, posant ses mains sur mes épaules.  « Damian. J'aime le bleu, toi le vert. J'aime que mon steak soit bien cuit et toi saignant. Tu aime l'épicé, je préfère le sucré. Je suis gay, tu ne l'es pas. Ce n'est pas la première fois que nous n'aimons pas forcément la même chose et tu le sais très bien. » J'avais parlé calmement, contrastant avec sa colère émergeant. Mais cela avait toujours été ainsi, j'affichais toujours un calme olympien lorsque lui explosait froidement. Mais ce calme olympien est loin d'être le même a l'intérieur. En vérité, je suis terrifié.

Je ne peux pas le forcer a tout accepter avec le sourire évidemment et je ne le lui demandais pas non plus, mais les arguments qu'il m'opposait étaient aussi percutants qu'un coup d'épée dans l'eau, il cherchait des justificatifs a ce que j'étais alors qu'il n'y en avait pas. Il aurait sans doute aimé que ce ne soit qu'une phase comme il le disait, en fait il l'espérait même comme si l'idée que je sois gay lui était insupportable. Je ne sais pas vraiment comment réagir a ça, ni a ce que je lisais dans son regard. L'incrédulité, l'angoisse, le déni. « Damian... » commençais je dans un soupir, au fond de lui, il savait très bien que je n'aurais rien dit si je n'avais pas été sûr de moi et de ce que je voulais. En ça, on se ressemblait même si ce qu'il sous entendait pouvait faire mal quelque part, comme si il cherchait tout et n'importe quoi pour se persuader lui même que j'étais dans l'erreur. En quoi était ce une erreur en fait ? C'était comme ça, il n'y avait aucune raison de chercher une cause ou autre.

Et sa colère changea de cible et je secouai légèrement la tête.  Alors je ne pouvais pas nier que Mara avait été un déclencheur certes, mais dans le fond, que ce soit lui ou un autre, ça n'aurait rien changé. Damian ne cherchait qu'une excuse pour pouvoir rejeter en bloc ma propre décision ou en accuser quelqu'un d'autre, tant que ce n'était pas ma décision. Etait il si inconcevable que je puisse décider par moi même de mes goûts ? En même temps, je ne pouvais pas mentir en assurant qu'il n'y avait personne, ce n'était pas la chose a faire, surtout dans l'instant. Mon frère ne me pardonnerait pas un mensonge maintenant. « Qu'il y ai quelqu'un ou pas n'est pas le propos, Damian. » fis je doucement, contrastant avec la rage qui nageait dans sa voix a lui, avant de reprendre. « Que ce soit maintenant ou plus tard, j'aurais fini par ouvrir les yeux sur moi même, tu sais que je ne t'aurais rien dit si je n'avais pas été sûr de moi, surtout pas sur ce sujet. » Je cherchais son regard, faisant fi de la colère qui y luisait, du déni sous-jacent qui me blessait un peu mais qui, si j'y réfléchissais était normal je suppose. « Je ne m'attends pas a ce que tu l'accepte avec le sourire non plus, mais je ne peux pas te mentir, pas a toi, même si je pense que tu aurais préféré sans aucun doute que je le fasse, je peux mentir a tout le monde mais pas a mon frère » Ca je pouvais le concevoir. « Il n'y a pas de raison, pas de pourquoi et pas plus de cause non plus, c'est ce que je suis c'est tout. Et je ne t'ai jamais caché qui j'étais.»  Il était celui qui me connaissait le mieux après tout, celui a qui je ne cachais rien, qui avait assisté a tout, mes erreurs, mes choix justes ou non. Ca ne changerait jamais parce que j'aurais toujours besoin de l'avoir prêt de moi tout simplement.

ft. Damian

Les liens du sang

« Ce n’est pas la même chose… » Je réplique, braqué, agacé aussi. Comment il peut comparer le goût pour une couleur ou une saveur avec des préférences sexuelles ? Le pire ? C’est qu’il reste complètement calme et statique alors que je tempête. Je déteste quand il fait ça. Aucun de nous n’a un caractère particulièrement emporté, même si nous avons déjà essuyé les colères de l’autre par le passé, c’est normal, nous sommes jumeaux, toutes nos émotions sont exacerbées l’un avec l’autre mais… Mince, on parle de quelque chose de grave là ! Inconsciemment, j’ai grimacé quand le mot « gay » est sorti de sa bouche, aussi naturellement et calmement… J’ai l’impression de me heurter à un mur et je me surprends à regarder vraiment mon frère… A me demander si je le connais si bien que ça, alors qu’il a réussi à me cacher ça jusque maintenant. Alors que je n’ai rien vu… Bien sûr, il n’a jamais eu de copine, mais je ne l’ai jamais vu regarder un homme non plus. Je fouille dans ma mémoire à toute vitesse… Je cherche des regards, des paroles, mais non, rien. Keith a toujours été amical avec les autres, mais rien de suspect finalement. Mon cœur s’alourdit dans ma poitrine. Parce qu’il n’a rien besoin de dire pour que la certitude vienne me vriller l’âme. J’ai beau refuser l’évidence, lui, il l’accepte pleinement. Trop…

Et puis, il y a une idée, sournoise, qui me détourne de lui. Pour l’autre. Parce que je suis convaincu qu’il y a quelqu’un. Et sa façon de rejeter la chose me conforte dans cette idée. « Arrête. » Je coupe, froidement, mais la rage luit dans mes yeux. Mon regard est planté dans le sien. Je ne sais plus trop quoi penser ou ressentir. Je lui en veux. Je lui en veux de faire voler en éclats son avenir. Parce que cela va forcément éclabousser sa réputation, son nom, celui de nos parents. Comment peut-il être aussi serein ? Comment peut-il accepter ça comme ça ? J’aurais été mortifié de découvrir aimer les hommes pour ma part et j’aurais lutté contre, c’est certain. Même si je ne me pose aucune question sur ce sujet, j’aime définitivement les femmes. Mais le fossé se creuse avec mon frère et je déteste ça. Je me sens moins à l’aise avec lui soudainement… J’ai l’impression qu’il m’échappe complètement et emprunte une voie où je ne pourrais pas le suivre. Sait-il seulement les embûches qu’il va devoir franchir en suivant ce chemin ? Probablement, il n’est pas stupide, même si je pourrais en douter. Mon cœur se serre, car il y a de la tristesse. Une tristesse infinie, j’ignore pourquoi. Et au-delà de tout ça, au dessus de ce marasme, je sais que je l’aime par-dessus tout… Mais cela ne suffit pas à passer l’éponge sur tout et à tout accepter… « Non… je ne veux pas que tu me mentes… » Je murmure, la voix chargée d’émotions.

J’ai pourtant un rire un peu amer quand il conclut qu’il ne m’a jamais caché qui il était… « Vraiment ? » La question est surtout rhétorique. « J’ai l’impression de ne pas te connaître finalement… » Je voudrais… je voudrais lui dire que c’est pas grave… Mais ce n’est pas le cas. Je sais ce qu’il attend de moi. Mais je ne peux pas lui offrir. « J’peux pas, Keith. » Je secoue la tête, avant de froncer les sourcils. Ce sont des vagues qui me submergent : amour, tristesse, dépit, colère. Et elle revient, elle enfle. « Je demande une dernière fois : qui c’est ? » Il peut voir les muscles de ma mâchoire se contracter sous l’effet de la contrariété. Je réalise. Je crois. Mon frère aime les hommes… Et il y en a un qui lui a permis cette révélation. « Joue pas à ça. Je le saurais, que ce soit par toi… Ou par d’autres. » Je serre les poings à m’enfoncer les ongles dans les paumes. Et puis, impulsivement, je tape dans le mur à côté de lui, avec force, alors qu’une vive douleur me traverse la main et que je hurle : « PUTAIN DIS MOI QUI C’EST ! » Je ne me souviens pas avoir déjà été dans cet état de rage... Ni avoir voulu frapper quelqu'un avec autant de violence. Pas mon frère. L'autre.

ft. Keith

Les liens du sang

Ah... Il n'avait pas compris ce que je voulais dire hein ? Évidemment. Ce n'était pas une question de simple goût ou de simple préférence, c'était juste que, oui, nous étions jumeaux, nous partagions bien plus que n'importe quel fratrie au monde, mais nous étions aussi deux personnes différentes, c'était tout. Mais Damian restait braqué. Dans ses yeux, je pouvais contempler le chemin de ses pensées ou du moins les deviner. Il y avait de tout, de la colère, de la tristesse, de la peur aussi. Ca je pouvais les accepter, je l'avais choqué moi qui ne posait généralement aucun problème, voilà que je prenais un virage serré et définitif qu'il ne comprenait pas. Quelque part, je peux comprendre qu'il s'inquiète, pour le moment ma réflexion s'est surtout arrêtée a lui. Ce qu'il dirait, ce qu'il ressentirait, ce qu'il...Accepterait. Pour moi, le reste était secondaire et c'était peut être une erreur dans un sens. Mais il n'y avait rien de plus important que ce que mon frère était prêt ou non a accepter et au vu de ses réactions... Mais surtout c'était la tempête d'émotions violentes qui s'agitait dans ses yeux, chacune d'entre elles me faisait mal parce que j'en étais responsable et si il y a une chose que je n'aurais jamais souhaité faire, c'était le heurter assez fort pour le blesser irrémédiablement. Mais même, pouvais je continuer a mentir pour autant ? Le faire aurait sans doute eu le même résultat ou peut être que cela aurait été pire. Alors j'encaissais sans rien dire ce qu'il déversait a gros bouillons. Je ne pouvais pas lui en vouloir pour ça, vraiment pas.

Cependant, je me raidis un peu lorsque sa colère changea de direction. Je connaissais cette manœuvre et ça ne me plaisait pas. On ne parlait d'un autre, on parlait de moi, il n'y avait pas besoin d'y mêler Mara, c'était entre mon frère et moi...Seulement Damian ne se laissait pas aisément manipuler évidemment. Et son murmure est un véritable crève cœur qui me perce profondément. Si il y avait une chose que je n'aurais jamais voulu lui infliger, c'était bien cette douleur que je percevais au delà de la colère. « Ce n'est pas le cas et tu le sais. Rien n'a véritablement changé chez moi. » murmurais je un peu blessé qu'il puisse penser ainsi. C'était toujours moi, il n'y avait rien de différent, sauf peut être que j'avais trouvé quelqu'un que j'aimais assez pour franchir le plus gros obstacle mais pour le reste...Et puis il m'assène une fatalité qui noie mon regard d'ombres douloureuses. Il ne peut pas. Je le savais, évidemment que je le savais, peut être qu'il avait besoin de temps, je ne pouvais pas vraiment lui reprocher ça hein. « Je vois. » Etais je déçu ? Peut être, en vérité, je n'en savais rien, ce qui m'agitait était un peu trop intense pour que je m'y retrouve et je voulais quand même me raccrocher a l'espoir qu'il disait ça sous le choc et que lui donner un peu de temps pour s'y faire serait suffisant. Ca faisait mal quand même...Vraiment mal.

Et puis, il me jette sa colère au visage, exigeant de savoir qui avait osé m'influencer assez pour que j'en arrive là. Je serrai les mâchoires sous sa menace alors que tout mon corps se fige de colère. Il n'a pas le droit de tourner la sienne sur quelqu'un d'autre que moi ! Ca je ne le permettrais pas ! Mara n'avait absolument rien fait pour ça et il n'était, au final, que coupable de m'avoir poser une question. Juste une foutue question, le reste, c'était moi et uniquement moi ! « Ca suffit ! » je rugis ces deux mots comme un claquement alors que son poing s'écrase sur le mur, frôlant ma joue. Je pouvais comprendre sa rage mais elle devait être sur moi, pas sur Mara. Et surtout j'étais choqué qu'il aille jusqu'à se blesser pour arracher une réponse que je ne voulais pas lui donner. « Qu'est ce que ça changerait hein Damian ?! Que je te le dise ou non ça changerait quoi ?! » Mon flegme s’effrite lentement, je le sens et je ne suis pas sûr d'aimer ça. « Tu peux me crier dessus, m'insulter, me frapper même si ça te soulage, pas de problème, mais tu ne le mêleras pas a ça ! C'est entre toi et moi, uniquement toi et moi ! » sifflais je avec colère, les poings serrés, enfoncé au fond de mes poches, il n'aimait pas Mara, il ne l'accepterait jamais et il était hors de question qu'il s'en prenne a lui, là je ne le laisserais pas faire. « Laisses le en dehors de ça ! »

ft. Damian

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Je ne réponds rien quand il se défend. Il n’a pas changé… Je ne suis pas d’accord. C’est avec un œil neuf que je le regarde et autant dire que mon jugement n’est pas très clément… Et je le regrette. Profondément. J’aurais aimé pouvoir faire abstraction de tout avec lui, mais ce n’est malheureusement pas le cas… Je lui avoue, sans détour. Je lui dois au moins la vérité. Je ne ferais pas semblant que tout va bien avec mon frère, je ne me permettrais pas ce genre d’hypocrisie avec mon reflet. De toute façon, il sentirait la fausseté de ma part, j’en suis convaincu. Mais à quel point préférerait-il cette illusion, au rejet de la réalité finalement. Je ne le saurais jamais… Parce que la douleur se mue de nouveau en colère.

Contre l’autre.

Keith tient bon, il refuse de me livrer le nom que j’exige et cela me fait complètement lâcher prise. C’est rare, vraiment, que je perde patience comme ça, que je perde totalement mon sang froid. A défaut de pouvoir frapper ce type, je passe ma rage sur le mur. Cela ne me défoule pas, alors que j’entends, et surtout, sens, un crac dans ma main, signe que mes os n’ont pas du tout apprécié la rencontre avec la surface dure du mur. Mais je m’en fiche. Cette douleur là a au moins le bénéfice d’engourdir celle qui m’agite bien plus profondément et insidieusement. Keith perd enfin son calme. Et cela me fait du bien. Je déteste quand il reste de marbre alors que je tempête. Et paradoxalement, cela me remet les idées en place. Il y a bien quelqu’un. Le doute était infime, mais il confirme. « Tu crois ? Que c’est juste toi et moi ? Tu as tort… Cela va impacter beaucoup plus de monde que ta petite personne. Ou la mienne. » Toute la famille, qu’il va éclabousser de déshonneur par ses actes inconsidérés.

Machinalement, j’ai ramené ma main blessé contre moi, passant l’autre dessus. J'ai un coup de chaud et je serre les dents alors que mon regard s'humidifie à cause de la douleur. Quel crétin. Comment je vais expliquer ça au juste ? Que j’ai frappé un mur au lieu de frapper mon frère, à défaut d’avoir le sale connard qui l’a fait dévier ? Et puis, soudain, j’ai comme une révélation. Mon regard se trouble, alors qu’un nom jaillit bien dans mon esprit. Doucement, des pièces de puzzle se mettent en place… Plusieurs petites phrases, des situations, qui lentement, mènent à cet instant. Oh non… J’aimerais vraiment avoir tôt mais… Je pense qu’au contraire, j’ai trouvé la vérité, cette vérité qu’il refuse de me confier. Et c’est pire que tout. Un instant décomposé, après la colère, vient… le calme. Froid, arrogant… Cynique, alors que je l’observe.« Pas la peine que tu me le dises. J’aurais préféré, mais c’est pas grave… Ce n’est pas la première cachotterie entre nous. Et ce ne sera plus la dernière. » J’ai un léger sourire, dénué de toute joie. Il est plutôt emprunt de tristesse alors que je fossé se creuse entre nous… Ou qu’un mur se dresse, peu importe. « Tu penses vraiment que tu vas pouvoir dissimuler ça ? Je pourrais te dire que je ne vais pas te lâcher d’une semelle. Tu finiras bien par te trahir. Et les gens parlent. Mais en vérité, j’ai même pas besoin de ça… Qu’est-ce qui a changé depuis la rentrée hum ? De qui t’es-tu subitement rapproché, au point qu’il me tombe dessus en pensant te parler, beaucoup trop plein d’enthousiasme et soucieux pour toi, au point de connaître ton emploi du temps pour mieux te croiser ? » Mon expression se teinte de mépris. C’est toujours mieux que cette envie stupide de pleurer sur… ce gâchis.

ft. Keith

Les liens du sang

La colère enflait un peu trop en moi, peut être une réaction plus salutaire que l'espèce de marasme affectif qui tentait de me submerger. J'avais l'impression d'être...désavoué...Nié...Voir renié et je ne savais pas comment y réagir autrement que par une colère qui me permettait de rendre sourde la douleur.  « Ca je le sais, mais là, ce n'est pas aux parents que je parle, c'est a toi. Parce que j'espérais que toi, au moins toi...Même sans l'accepter tu ne me regarderais pas de cette façon. » j'ai fini sur un murmure quand je comprends enfin de quelle manière il me regarde maintenant. Je crois que jusqu'à présent j'avais sciemment occulté cette partie là, mais je n'étais pas vraiment du genre a me foutre la tête dans un cratère de dragon pour me cacher. J'eus envie de rire avec tout l'amertume du monde...Et dire que j'avais assuré a Mara que mon frère saurait faire la part des choses et qu'il finirait par me soutenir. Un beau plantage. Sur toute la ligne, a croire que moi non plus, au final, je ne connaissais pas mon frère si bien que ça et c'était une douleur atroce.

Seulement, j'étais tellement pris par mes sentiments tumultueux que je ne vis absolument pas le piège et j'y plongeais tête la première. Non pas que je le lui aurais caché, mais je ne lui aurais pas dit dans ces conditions. Son changement d'attitude m'alerta aussi sec. Et merde ! Je le connaissais assez pour savoir qu'il savait additionner un plus un. « A qui la faute hein ? » Parce que là c'était trop facile, beaucoup trop facile de m'accuser de tout. Il pouvait ne pas être d'accord, ne pas l'accepter, mais il ne pouvait pas m'accuser de lui avoir caché l'existence de Mara. Du moins dans un premier temps, il passait son temps a le dénigrer sans même le connaître.  Là encore, il ne cachait pas son mépris pour le poufsouffle et ça avait le don de rallumer ma colère, mais cette fois elle fut beaucoup moins explosive, nageant comme de la glace dans mes iris.  « Il te faut a ce point un responsable Damian ? Tu ne peux pas accepter le fait que je sois assez grand pour faire mes propres choix ? Et quoi ? Bientôt tu vas dire qu'il m'a violé aussi tant qu'on y est ? » J'évitais sciemment de regarder l'état de sa main parce que si je le faisais, je risquais de craquer et je ne pouvais pas me le permettre maintenant. « Passe tes nerfs sur moi, mais lui, je t'interdis de le toucher. Voiles toi la face tant que tu le veux si ça peut te faire te sentir mieux mais ne vas pas chercher ailleurs un responsable que tu as déjà devant toi. »

Mara était capable de se défendre, mais je savais aussi que mon frère pouvait faire beaucoup plus de mal avec les mots qu'avec ses poings. Je ne lui demandais pas qu'il nous bénisse, ça, quelque chose me disait que ça ne viendrait jamais, que j'avais perdu le peu de soutien et d'encouragement que j'avais espéré avoir. Je ne savais vraiment pas comment j'allais pouvoir affronter le reste sans lui, vraiment pas mais...Me laisserait il le choix ? Pour une fois...Je serais vraiment seul et c'était terrifiant. Mais c'était mon choix, et le sien, je devais l'assumer comme on disait, j'espérais juste en avoir la force. Finalement, une grande lassitude s'empara de moi et je fermai un instant les yeux en inspirant profondément avant de relever les paupières sur un regard sans doute éteint. « Laisse le tranquille, c'est tout ce que je te demande. Pour le reste...Tu...Fais ce que tu veux. » repris je d'une voix terne. Mon regard tomba finalement sur sa main, déjà enflée avant que je ne le dépasse pour me diriger vers ma chambre. « Va te faire soigner avant de te coucher, c'est pas très beau a voir. Bonne nuit Damian.» jetais je par dessus mon épaule avant de, pour la première fois en 17 ans peut être, fermer la porte qui liait nos deux chambres. Un beau gâchis.

ft. Damian

Les liens du sang

Le reproche de Keith est comme une gifle… Un sentiment de culpabilité m’envahit alors qu’il s’attendait à ce que je me comporte autrement… Je crois que de lui, j’aurais pu tout accepter. J’aurais pu l’aider à tuer quelqu’un et faire disparaître le corps, j’aurais pu mentir… Mais ça… Bien des fois je me suis demandé jusqu’où j’irais pour lui, sans jamais trouver de réponses. Sans jamais trouver de limites en fait. Keith l’a trouvée pour moi. Ca… Sa… sexualité… C’est un truc qui me fait complètement vriller. Rien que de l’imaginer embrasser un homme j’ai l’estomac qui se tord. C’est terrible. Est-ce que c’est si affreux pourtant ? Je n’ai pas le temps d’y réfléchir. J’aurais du… J’aurais du ne rien dire et tourner les talons. Juste… Digérer. Réfléchir posément. J’aurais du… Mais c’est trop tard, alors que le ton monte, que le jugement tombe. Je lui reproche de me faire des cachotteries alors qu’il refuse de me donner le nom de son… copain. « La mienne, évidemment. » Je réplique avec sarcasme.

Sauf que la lumière se fait finalement. Mara. C’est une évidence. Je pince les lèvres quand il enchaine les questions, parlant même de viol. Mais ce qu’il peut être con quand il s’y met, c’est pas possible. « Des choix de merde. » Je siffle entre mes dents. Bien sûr qu’on ne lui a pas forcer la main, il ne manquerait plus que ça. Qu’il s’égare, c’est une chose, mais qu’il se fasse manipuler, non. Il n’est pas si bête. Cela n’empêche que j’en veux à ce crétin de blaireau d’avoir provoqué ce déclic chez mon frère… J’ai un rictus et un éclat mauvais dans le regard quand il m’interdit de toucher à Mara. Il me l’interdit ? Vraiment ? La moquerie et l’arrogance sont bien présentes dans mes yeux. Si je veux lui faire du mal, je le ferais et je serais curieux de voir mon frère tenter de m’en empêcher. Cependant, un instant, une fraction de seconde, mon regard se voile alors qu’il parle de trouver le responsable. Lui. « Toi, je peux pas te haïr. » C’est aussi simple que ça. Et ça, Keith ne pourrait rien y changer.

Je ne réponds rien quand il me demande de laisser Mara tranquille. Non. Le Poufsouffle ne perd rien pour attendre, c’est une certitude. Il aura à faire à moi. Ils se sont bien foutus de ma gueule tous les deux. La lassitude dans sa voix m’interpelle pourtant, avant qu’il ne décide de mettre fin à la conversation, tout simplement. Il… se détourne de moi. Il me tourne le dos… Et quand la porte claque… Je tressaille. « Keith… » Juste un murmure. « Abruti… Pourquoi tu fous tout en l’air ? » Ma tête s’est posée contre la porte… Et avec stupéfaction, je sens une larme rouler le long de ma joue. Je me retourne et m’assoit contre cette porte close. Pour la première fois en 17 ans, je me sens seul… Terriblement seul. Et je ne sens plus la présence de Keith.

ft. Keith