Novembre. C’était particulièrement tard pour organiser un dîner de rentrée et je l’avais d’ailleurs fait outrageusement remarquer au Professeur Mackelled l’avant-veille. Mais soit. Puisque cela était ainsi. Cela serait ainsi fait. J’avais, de toutes les manières, l’habitude de ce genre de soirée, mes parents nous poussant, ma sœur, mon frère et moi à nous montrer dans la bonne société depuis notre plus jeune âge. Habillée comme à mon habitude dès lors que je n’étais pas en uniforme, mes talons hauts enfilés, je quittai ainsi la tour de Serdaigle pour prendre la direction des sous-sols par ce chemin que je ne connaissais que trop pour le faire chaque jour depuis le début de mes études supérieures.

Prenant mon air le plus amical, comme sur une scène de théâtre, je frappai ainsi doucement à la porte de la salle de classe où devait se dérouler notre repas.

- Bonsoir Professeur. Saluai-je dans un sourire entendu le sous-directeur en entrant dans la salle.

Deux élèves étaient déjà présentes. Anne Sullivan, élève de cinquième année à Gryffondor, cette maison peuplée d’imbécile et Bella Yaxley qui avait au moins le mérite d’être plus intéressante socialement parlant.

- Anne. Isabella. Saluai-je alors chacune d’entre elles plus amicalement que la réalité ne l’était.

C’était là la chose la plus difficile de toute soirée, quelle qu’elle soit. Je devais faire semblant d’apprécier chaque personne, de m’intéresser à leur pathétique vie et à ce qu’ils racontaient. Autant dire que cela ne m’intéressait pas. J’avais bien mieux à faire que de paraître attentive quoique l’expérience m’avait appris à n’écouter que d’une oreille. Une chance.

- J’espère ne pas être en retard. Soufflai-je en m’installant dans l’un des fauteuils, remarquablement droite. Comment allez-vous ? Bella, comment vas ta famille ?

L’avantage des sangs purs étaient que beaucoup se connaissaient plus ou moins et tout du moins de loin. De quoi permettre quelques sujets de conversation banals et sans aucun intérêt.

- Professeur Mackelled, remarquai-je alors toujours aussi douce et polie, ma mère me faisait remarquer qu’il y avait bien longtemps que l’on ne vous avez pas vu dans une soirée mondaine. J’ai donc oublié de vous passer ses salutations. Mais c'est maintenant chose faite. Excusez ce retard.

D’où ma mère pouvait connaître le Professeur Mackelled, je n’en savais rien et je m’en moquais éperdument. J’aurais évidemment pu faire se commentaire lors de l’un de nos rendez-vous d’apprentissage mais… Non. N’étions-nous pas là pour parler de manière moins protocolaire ? Mmph.

Dans tous les cas, au moins, allions-nous manger correctement, comme souvent à Poudlard, je devais l’admettre. Cela restait bien loin des repas que nous faisions chez nous mais je devais malgré tout avouer que cela restait satisfaisant. Ce dernier servi lorsque chacun fut installer, j’écoutai d’une oreille plus ou moins attentive – seulement afin de capter ce que je devais retenir de chacun à vrai dire – les réponses des élèves, esquissant, malgré moi, un sourire amusé à la réponse d’Isabella.
A bien y penser, il n’y avait peut-être qu’un sang pur pour comprendre que le comportement de la jeune femme était identique au mien. Un regard discret mais amusé à cette dernière et je repris alors à sa suite.

- Une rentrée des plus normales, devrais-je dire. J’ai la chance d’avoir un excellent professeur pour mes études, je ne risque donc pas de me plaindre. Lançai-je en plaisantant avant de continuer sur ma lancée. Quant au Quidditch… Je suis certaine que les autres maisons triompheront de Gryffondor. Peut-être avez-vous seulement une chance contre Poufsouffle… Et encore. Soufflai-je avec un sourire paradoxalement amical alors même que la pique était à peine masquée sous ce masque de plaisanterie.

Oh. Oui. Elle était présidente du club… Et alors ? Cela lui donnait-il plus d’importance ? Absolument pas. Evidemment.

- Mais comme l’a si bien dit Isabella, chaque équipe fera bien sûr de son mieux. Répétai-je dans une hypocrisie parfaitement masquée sous mes airs doux. J’espère que nous aurons une saison pleine de rebondissements. Mais en parlant de rebondissement…D’ailleurs… Anne… Comment va donc Miss Moreau ?

Oh. Oui. Evidemment que je connaissais plus ou moins les liens autour des membres de ce club. Surtout quand ces liens pouvaient lancer des conversation piquantes et difficiles de la manière la plus gentille qu’il soit. Après tout, je ne faisais que m’inquiéter pour une pauvre élève de ma maison…

Esquissant un sourire amusé, au coin des lèvres, je toisai le professeur quoique dans un air des plus faussement respectueux.

- Ma « maman » sera ravie de le savoir. Soufflai-je bien peu habituée à user de ce terme pour parler de ma génitrice. A croire que vous êtes plus sérieux que le professeur Avery. Piquai-je alors avant de m’installer à table et saluer l’arrivée de Damian d’un sourire « chaleureux ».

Ah la chaleur… Un sentiment dont je manquais étonnamment, je devais l’admettre. Mais un sentiment que j’imitais à la perfection faisant transpirer l’hypocrisie pour quiconque me connaissait un minimum. Enfin. Au moins étions-nous presque qu’entre sang pur. C’était déjà cela de pris. Et cela m’évitait quelques contrariétés, je devais aussi l’admettre.

Voilà alors que le Professeur Mackelled tente de mettre un terme à une discussion des plus passionnante. Oh… Pas parce que le sujet m’intéressait. C’était même plutôt le contraire. Je me moquais de ce qui pouvait arriver à cette sang mêlée. Mais les réactions de son amie, elles… auraient été certainement des plus plaisantes. Les sangs impurs avaient cette faculté à vouloir s’entraider pour des broutilles. Très amusants. Ils en oubliaient presque que le plus important était de vivre pour eux. Une légère moue au visage, me servant moi-même des mets présents sur la table, je soufflai doucement.

- Ce sont pourtant les « sujets qui fâchent » qui sont les plus intéressants. N’est-ce pas Professeur ? Comme… Je ne sais pas… Comment tester les potions négatives par exemple. Quel type de créature ou personne voire quel type de demi-personne utiliser ?

C’était ainsi que je voyais, en quelque sorte, les hybrides. Des moitiés d’êtres humains. A peine assez humains pour mériter un regard. Bien peu assez pour mériter le respect.
Mais le Directeur de Serpentard sembla d’avis de changer de sujet. Soit. Tant pis pour mon sujet polémique. Il attendrait. D’autant plus que mes propres tests ne regardaient que moi, bien évidemment. Je n’avais lancé ce sujet que pour piquer de nouveau notre cher professeur et sa nouvelle petite amie. Oups.

- J’approuve votre idée autant qu’Isabella. Dis-je néanmoins, mon verre de jus de citrouille à la main. Je pourrais proposer une potion permettant de métamorphoser certaines créatures en humains le temps de quelques heures ? Esquissant un sourire amusé, je secouai la tête au bout d’une seconde ou deux. Allons. Ne montez pas au créneau. Je plaisante. Personne n’est sans savoir que ma potion d’étude est la potion de haine, permettant de faire haïr la personne visée. Alors pourquoi ne pas partir sur un autre sentiment ? Nous avons l’amour, la haine, pourquoi pas l’envie ou la colère ?