Adria Carrow passa ses mains sur sa robe de soie pour en chasser les derniers faux-plis. En cette période d’août, impossible de nier ses gênes Shafiq. Sa peau avait pris une teinte dorée naturelle qui révélait d’autant plus la blondeur de ses cheveux et ses yeux émeraudes. Il fallait l’avouer, ce n’était pas le soleil de Londres qui la faisait bronzer de la sorte. La semaine passée à Bali avec Thomas avait été bien plus efficace en ce sens. Mais le résultat des courses était tel qu’à cet instant, Adria ressemblait bien plus à un mannequin moldu Instagram qu’à une archéomage (étraaaaaaaaange, n’est-ce pas ?). Cela dit, pour ce qu’elle avait à faire en ce jour, c’était bien mieux ainsi. On ne lui demandait pas de tenir une conférence sur les runes. Loin de là. On lui demandait d’être belle. Très très belle. Mais ça tombait bien parce qu’elle n’avait aucun problème éthique à être utilisée pour ses talents de ficus. Aujourd’hui, ça n’était pas Thomas qui avait besoin de ses compétences de jolie potiche, mais son frère, Sebastian. Alors que la soie glissait sur les courbes avantageuses de son corps, révélant avec subtilité des formes enviable, elle enfila une paire de sandales à talons hauts qu’elle haït immédiatement.
- Sebastian ? Tu es prêt ? héla-t-elle en arrivant dans le petit salon de la suite privée réservée par l’avocat.
Pas de réponse. Avait-il était pris par un hibou de dernière minute à gérer ? Ça n'aurait pas été surprenant. Pourtant, ils étaient actuellement dans une partie du monde où la ponctualité était hautement estimée. S’ils avaient été en Italie, ou en Espagne, Adria l’aurait laissé être autant en retard qu’il le souhaitait, mais ils étaient en Corée du Sud et le devoir d’un bon ficus ne s’arrêtait pas à être jolie et sourire à tout, il incluait aussi le respect des apparences et des convenances.
- Seb, on va être en retard, signala-t-elle.
Toujours pas de réponse. L’héritière soupira et décida de se rendre directement à la chambre de son frère. Elle frappa rapidement et entra. Sebastian était bien là, mais… pas spécialement prêt.
- Il est presque vingt heures, informa-t-elle, se doutant qu’il avait été retenu par des obligations et avait ainsi perdu le fil du temps.
Elle s’approcha, observant son frère de haut en bas, marquant un sourcil, l’air peut-être un peu trop inquisiteur.
- Tu vas vraiment porter ça ?
Bon, c’était une question en peu directe. Elle n’y avait mis aucune forme, mais tout était question d’apparences, non ? Parfois, les Carrow manquaient cruellement de touche féminine… combien de fois avait-elle corrigé Elegius sur des petits détails de son costume.
- Retire ta cravate et ta ceinture, c’est pas la bonne teinte.
Ainsi, sans demander son reste, elle ouvrit la porte de la penderie de son frère et commença à fouiller dans ses affaires, en recherche de quelque chose qui lui semblerait bien plus convenable. Finalement, elle trouva son bonheur : une nouvelle ceinture, une nouvelle cravate et un mouchoir de soie pour orner la poche de sa veste. Elle le plia de la bonne manière et le glissa dans ladite poche, le regard bien plus satisfait de son œuvre. Prenant la nouvelle cravate qu’elle enroula elle même autour du cou de Sebastian, elle s’enquit :
- Qu’est-ce qu’il s’est passé ? Encore l’affaire Kareela ? demanda-t-elle avec douceur en opérant le nœud de cravate à la manière d’un double Windsor.
Pas difficile de comprendre que cette affaire avait pris beaucoup de temps. Entre les horaires à rallonge et les agents australiens qui avaient déboulés au manoir en pleine nuit…