Le décès d’Amadeus, tout comme la rumeur de sa fausse couche s’était répandue chez les sangs purs comme une lignée de poudre. Les raisons de son décès étaient nébuleuses, mais il avait été établi qu’un accident était survenu. Blake avait participé aux funérailles, recevant des condoléances de diverses personnes du ministère… De plusieurs familles sang pur… De sa famille et ses proches… Mais malgré toute l’attention qu’elle avait reçue en si peu de temps, elle ne pouvait effacer son départ aussi facilement. Sa main se posait encore souvent sur son ventre, lieu qui avait hébergé pendant quelques mois la progéniture d’Amadeus. Elle ressentait comme un manque, un vide… Autant dans son cœur, que dans son ventre. Ho, Blake ne se laissait pas abattre! Elle n’était pas le type de femme à succomber aussi facilement. Dès qu’elle fut physiquement stable et apte à pouvoir de nouveau agir comme bon lui semblait… Elle commençait un grand ménage de ses biens.

Ayant habité quelques mois dans le manoir Avery de son défunt mari, Blake ramenait tous ses biens dans sa demeure. Le manoir revenait aux enfants d’Amadeus et la sorcière ne s’était pas séparée de son manoir personnel, ayant préféré conserver sa demeure. Après tout, Ivy y avait sa chambre et pouvait se réfugier au besoin… Chris y avait encore une chambre, lorsqu’il décidait de revenir… Le manoir Nott devait rester dans la famille et Blake se consolidait dans cette idée, alors qu’elle y était revenue pour de bon. Triant ses biens dans les boîtes ramenées, un soupir s’échappait de ses lèvres, alors que son regard se posait sur une photo d’elle et Amadeus. Récente, peu après qu’ils se soient retrouvés. Les sourires sur leurs lèvres n’exprimant que joie, bonheur… Ressentant un pincement au cœur, la brune déviait alors son regard de la photo, pour poser cette dernière sur le sommet de sa cheminée. Et c’est ainsi qu’elle continuait ce ménage forcé, tombant après un certain temps sur une boîte noire. Cette boîte dans laquelle la sorcière avait dissimulé les biens à disposer d’Amadeus… Oui, cette boîte devait disparaître… Elle contenait la baguette que son mari avait utilisée pour user de sort interdit, des objets s’apparentant à de la magie noire, des souvenirs de ce dernier exécutant des actes interdits… Oui, il n’était pas blanc comme neige, mais avait toujours été prudent lorsqu’il avait recours à ce type de méthode. Ne voulant ternir le nom des Avery, son propre nom de famille d’ailleurs, Blake avait pris la décision que ces objets devaient disparaître.

Samael Rosier avait été contacté par la mangemort. Elle avait appris par certains contacts son champ d’expertise et… Ne pouvait nier en avoir de besoin présentement. Sans parler, qu’elle avait préparé le terrain en le rencontrant pour les funérailles de Alix Rosier. Désirant éventuellement créer une alliance avec les Rosier, voilà qu’une seconde opportunité se présentait pour jouer d’un peu de politique. Portant une robe noire avec un léger décolleté, la veuve avait attaché ses cheveux de façon à mettre son visage en valeur et caressait sa bague d’un doigt, dans l’attente de l’arrivée du Sorcier. Elle ne pouvait se résoudre à la retirer. Un signe de faiblesse? Elle en était bien consciente, mais pour une fois dans sa vie… Elle s’autorisait un peu de vulnérabilité. On cognait à la porte, mais la sorcière ne bougeait pas d’un centimètre. Ses elfes de maison avaient été avisés de la visite de son invité et savaient déjà qu’ils devaient reconduire Samael au salon principale.

Le salon était grand, confortable. Portant des couleurs sombres et reposantes pour les yeux. Les canapés étaient rouge vermeil, idéaux pour compléter les murs noirs. Un feu était allumé dans le foyer, rassurant, alors que sa chaleur caressait la peau de la sorcière. Sur la table basse était posé un Bourbon d’excellente qualité, avec deux verres… Puis une bouteille de vin rouge, avec deux coupes. Elle avait tout prévu, comme il se devait. Parce qu’après tout, elle avait été éduquée ainsi! Lorsque le Sorcier faisait son entrée dans la pièce, la brune se redressait avec un sourire des plus aimable sur les lèvres. Son ton était alors doux, confiant, alors qu’elle soufflait,

-Bienvenue dans ma demeure, Monsieur Rosier. J’espère que vous n’avez pas eu trop de difficulté à trouver. Je vous remercie d’avoir accepté mon invitation de prime abord. Puis-je vous offrir un verre de Bourbon ou une coupe de vin, avant que nous ne tombions dans le vif du sujet?

L’invitant à s’asseoir d’un mouvement de main, comme une bonne hôte, elle lui souriait en lui laissant le temps de s’installer. Son regard se posait brièvement sur la main de ce dernier, alors qu’elle remarquait une chose… Lui aussi d’autorisait un peu de vulnérabilité, intéressant. Il faisait un métier risqué, dangereux… Donc il devait être pourvu d’une certaine intelligence et méthodologie. Que cachait Samael Rosier derrière ce visage harmonieux et superficiel?

Il s’installait avec une familiarité déconcertante sur le canapé, comme si le monde lui appartenait. Cela offrait un sourire des plus amusé à la sorcière, qui était habituée d’avoir des personnes prudentes face à elle… Nerveuse du moindre faux pas, du moindre écart de conduite… Comme si elle était une menace ambulante qui brûlerait tout sur son passage! Ils avaient peut-être un peu raison… Mais elle restait une femme intelligente et éloquente, pas uniquement une pyromaniaque! Il y avait plus d’une façon de parvenir à ses objectifs et sans faire usage de la violence bien souvent! Il lui avait même pris la main, caressant le sommet de cette dernière chastement d’un baiser… Sous l’amusement du sorcier, le sourire de Blake n’en était devenu que plus amical, taquin également. Un Gentleman en prime. Bien à savoir! Il ne semblait avoir peur d’elle, ce qui lui faisait un bien fou, elle qui s’était isolée un certain temps après le départ d’Amadeus,

- Samaël ce sera alors. Blake suffira également de mon côté.

Se penchant vers la table basse, la sorcière déposait alors une glace dans l’un des deux verres, puis y glissait du bourbon qu’elle avait acheté. C’était un type d’alcool qui lui était moins familier que le vin, mais on lui avait assuré que c’était une bouteille de bonne qualité! Tendant le verre au sorcier, elle se préparait alors un verre de vin rouge, puis s’installait confortablement à son tour. Croisant une jambe sur l’autre, conservant un dos droit, une posture fière. Le sorcier entrait directement dans le sujet, ce qui provoquait un léger amusement chez la femme. Perspicace, il avait bien compris qu’elle ne l’avait pas fait venir uniquement pour boire le thé… Pour dire vrai, elle avait deux raisons derrière cette invitation. Prenant une gorgée de vin, elle fixait un moment sa coupe, avant de redresser le regard, pour confronter celui du sorcier. Dans son regard brillait une certaine assurance, un contrôle complet… Souffrait-il autant qu’elle à ce moment? Elle ne pouvait le certifier, il semblait si maître de ses émotions que cela en était presque déconcertant. Tendant la main vers sa droite, elle sortait de sous un oreiller une boîte noire. Boîte qu’elle déposait alors sur la table basse, face au sorcier,

-Bel homme et perspicace en prime. Si j’avais eu connaissance de vos traits, je vous aurais invité pour le thé plus tôt.

Un sourire parfaitement charmant s’installait sur ses lèvres, suivi d’un petit rire. Elle relevait le couvercle de la boîte, pour dévoiler une baguette, des fioles contenant des souvenirs, des objets de magies noires… Laissant un petit silence s’installer, le temps de laisser à l’homme le temps d’en comprendre le contenu, Blake prenait finalement la peine d’expliquer,

-J’ai trouvé cette boîte en triant les biens d’Amadeus… Mon précédent Mari a toujours su faire ce qu’il fallait en temps et en lieu… Il avait beau travailler au ministère, il possédait également la capacité d’agir dans l’ombre. Par respect pour son image et la famille Avery, ma famille maintenant… J’aimerais que ces biens disparaissent sans laisser de trace.

Fixant les traits du sorcier, les analysants, elle arborait un air léger. Comme si elle était simplement en train de boire un verre de vin en bonne compagnie, sans plus! Si elle n’avait pas été mariée à Amadeus et ne portait pas le nom d’Avery, aurait-elle fait disparaître les biens? Non, clairement pas… Elle les aurait cachés et conservés précieusement pour utiliser le tout comme un moyen de pression au besoin… Mais puisque son nom contenait désormais Avery, autant conserver de bonne relation, puisque cela influencerait sa propre réputation par la même occasion.

-Est-ce une situation pour laquelle vous pouvez m’aider?

L’homme face à elle faisait encore preuve d’intelligence. Il observait attentivement le contenu de la boite, Blake guettant chacun de ses mouvements… Il n’approchait en aucun cas sa main du matériel et après un court instant, prenait une gorgée de son bourbon. Bien! Les objets étaient tous enchantés, prêts à maudire un être qui n’avait pas la permission de les manipuler. Amadeus avait toujours été un homme prudent, après tout! La sorcière aurait-elle retenu la main de Samael s’il s’était risqué à les manipuler? Peut-être… Qui sait? Elle-même ne pouvait répondre à cette question. Ses émotions étaient encore instables depuis le décès de son mari, ses pensées volatiles… Comme si elle avançait dans l’ombre en se laissant guider par les vibrations sur le sol. Elle ne se sentait pas toute à fait elle-même, comme un spectre parmi les vivants… C’était une étrange sensation… Toutefois, elle était heureuse de constater que le Rosier connaissait effectivement son domaine!

-Vous connaissez votre domaine, Monsieur Rosier… J’en suis satisfaite… Ne manipuler aucun de ces objets sans les protections nécessaires.

Elle avait alors un léger sourire en coin, un brin amusé, dangereux? Le ton était suave, doux, contrôlé… Mais l’amusement un court instant dans ses pupilles pouvait porter à la confusion quant à ses intentions. Blake restait après tout une femme dangereuse et elle ne l’avait jamais caché à qui que ce soit. Sa demande tombait pile dans les compétences de l’homme, bien! Elle avait reçu de nombreux commentaires à son égard, avant de faire appel à ses services… Des informations que la sorcière avait reçues, son travail avait toujours été sans faille et c’est exactement ce dont elle avait besoin. Mais… Pourquoi y avait-il toujours un mais? Son doigt pointait alors la baguette, inerte…

Était-elle certaine de vouloir détruire la baguette d’Amadeus? Elle l’avait accompagné depuis son enfance, autant dans les bons coups, que les mauvais… Une baguette était effectivement le trésor le plus précieux d’un sorcier. Mais voulait-elle détruire Amadeus, son essence? Fixant la baguette qui semblait à cet instant si innocente, sans valeur, elle se mordait la lèvre inférieure, offrant une réaction autre que la fierté. Une hésitation, une première. Dans la souffrance, Blake avait souvent à tendance à être noir, loin de la zone grise et c’est pour cette raison qu’elle avait choisi initialement de tout détruire. Samael verbalisait ne pas avoir pu détruire celle de sa femme, mais promettait que si c’était son désir, cela serait accompli. Relevant son regard sur le sorcier, de la tristesse traversait l’instant d’une seconde son regard, avant qu’elle n’agrippe son verre bourbon pour en consommer une gorgée. Chassant la tristesse de ses traits, elle demandait alors d’un ton en contrôle, curieux,

-Qu’est-ce qui vous a empêché de la détruire, ou de la conserver? Pardonnez-moi si ma question manque de délicatesse.

Elle voulait comprendre ce sentiment, cette hésitation, sa propre souffrance! Pourquoi cela faisait-il aussi mal, même après de nombreuses semaines? Reprenant une petite gorgée, elle osait alors également demander, un voile d’espoir dissimulé dans sa voix, pendant qu’elle caressait la chevalière qu’Amadeus lui avait offerte lorsqu’il l’avait demandé en mariage,

-J’entends encore son rire parfois… Sa voix… Je me surprends à le chercher de la main, dans notre lit au matin… J’ai la crainte que de conserver ses objets ne soit qu’une contribution supplémentaire à ma souffrance.

Pourquoi Samael? Pourquoi s’ouvrir à lui? Parce qu’il avait fait preuve de faiblesse en premier, en avouant sa difficulté par rapport à la baguette de sa femme. La fierté de la sorcière était ainsi moins blessée en admettant ses propres difficultés. Sous la mélancolie de la mangemort, le feu dans la cheminée entamait une douce danse… Les flammes se regroupant et bougeant dans un rythme hypnotisant.

Samael avait donc affronté le même dilemme qu’elle. Être confronté aux objets de sa femme aujourd’hui décédé lui avait apporté un lot de tristesse… Mais les souvenirs positifs reliés à ces derniers apportaient à la fois du bonheur. Contradiction cruelle, qui amenait de l’incompréhension et de l’hésitation. Depuis quand Blake hésitait-elle à ce point? Depuis quand avait-elle perdu cette confiance aveugle en son jugement et ressentie? La réponse du sorcier et le raisonnement qui avait amené son choix étaient intéressants. Il faisait hausser les sourcils de la sorcière, qui posait alors de nouveau on regard sur la boîte… Ces objets toutefois, étaient reliés à des activités illicites et qui pouvait amener les Avery, tout comme les Nott, dans l’embarras… Se mordant la lèvre inférieure, elle hésitait de nouveau, mais finissait par secouer la tête en soufflant avec une certaine confiance,

-Les objets qui sont dans cette boîte pourraient être un problème pour les Avery… Les faire disparaître me semble plus sage… Mais j’entends vos mots, je pense conserver d’autres objets qui lui ont appartenu, sans les laisser à vu forcément.

Chantage émotif? Très brièvement, puisqu’elle était consciente de l’amitié entre Marcus Avery et Samael Rosier. Mentionner que cela pourrait être dommageable pour ce dernier allait forcément entrainer le sorcier à travailler au meilleur de ses capacités. En même temps, de protéger les Avery ainsi était-il de l’altruisme? Non, pas complètement… Elle voulait sauver sa peau et sa propre famille en premier lieu, mais elle avait une pensée secondaire pour le Rosier. En maintenant l’harmonie chez les Avery, le Rosier s’en porterait mieux. Sans parler que Blake restait respectueuse de la mort malgré son tempérament. Étonnant. La matriarche considérait que les deux familles avaient suffisamment souffert de ce départ et méritait un certain répit.

L’homme avait ensuite de sages paroles. Qui pouvait se vanter de comprendre le ressenti des autres, sans arriver à entrer pleinement dans la position de la personne qu’il jugeait? La douleur était quelque chose de très personnel et intime. Réponse à des stimuli douloureux, variant selon les expériences, le vécu et la capacité d’adaptation de chacun. Lâcheté? Non, elle était d’accord avec Samael, chacun vivait son deuil à sa façon et avec les conséquences des moyens employés pour l’affronter était propre à l’individu. Mais disposer des objets de nos aimés apportait-il l’oublie en retour au gré du temps? Blake ne vivait pas avec cette crainte, puisqu’elle avait pris la disposition de garder des photos… Mais maintenant qu’elle y réfléchissait avec plus de concentration, comment retiendrait-elle le ton de sa voix? Ses doigts oublieraient-ils la douceur de son épiderme au toucher? Oui, forcément, ses sens finiraient par oublier et elle ne pouvait nier que cela venait de lui créer une nouvelle peur. Regardant brièvement son verre, la sorcière venait boire une gorgée de Whisky et relevait le regard en répondant calmement,

-J’avais cru qu’avec des photos, je préserverais ce type de souvenir… Mais maintenant que j’y réfléchis… Vous n’avez pas tort. Le temps arrive à nous faire oublier les plus grandes douleurs, alors le souvenir d’une caresse n’est rien pour ce dernier.

Posant son regard plus intensément dans celui du sorcier, elle avait alors un sourire en coin, tout en ajoutant d’un ton à la fois attristé et suave,

-Je crois que notre seule option pour l’avenir, mon ami… Sera d’apprendre à vivre sans eux… D’apprendre à vivre avec la douleur et leurs souvenirs le temps qu’il sera possible de le faire… Puis éventuellement?  De s’en construire de nouveau. Tels des phénix, nous renaitrons de nos cendres pour mieux briller.  

Sa décision était prise et la sorcière revenait rarement sur ces dernières. Samael acceptait de s’occuper des objets et voilà qu’un poids était en quelque sorte retiré de sur ses épaules. Léger, minime, mais c’était déjà un bon pas dans la direction qui lui permettrait d’évoluer et de travers les premières étapes du deuil. Elle s’accordait le temps de le faire, de vivre ses émotions, mais en même temps pas trop. Le temps. La sorcière restait réaliste quant à ce dernier du haut de ses 42 ans. Car en ce monde, rien ne valait aussi cher que le temps, puisqu’il ne se remboursait pas, ne se rattrapait pas. Oui, le temps était un ennemi qu’elle avait toujours cherché à vaincre, mais qu’elle avait du se résoudre à accepter comme maître.

-Le temps est maître de tout. Même les plus puissants sorciers n’ont pas encore trouvé le moyen pour le maîtriser et il nous amène dans la tombe avant de parvenir à ce résultat. J’ai longtemps cherché une façon de le déjouer, mais la magie noire semble à ce moment la seule avenue…

Elle ne soufflait si elle allait vers ce médium, ni ne mentionnait sa position sur le sujet. Après tout, sa réaction au contact des objets d’Amadeus pouvait déjà être assez évoquant sur le sujet en soi, mais cela n’impliquait pas qu’elle usait de magie noire pour autant. Souriant de façon douce à son compère, elle secouait doucement sa tête avec désinvolte en ajoutant,

-Le temps… Encore fautif de nos tragédies… J’ai dû l’accepter comme maître de mon destin après un certain temps, car à quoi bon m’opposer à cette fatalité?

Touchés, ses mots avaient touché l’homme, peut-être? L’instant fut tellement court qu’elle n’en était pas certaine. Une chose était certaine toutefois, Samael Rosier était un homme des plus intéressants… Surtout sur le plan psychologique et social. Les femmes avaient souvent fait les éloges de sa beauté et de son potentiel, là oui Blake inclinait la tête devant son esprit perspicace et son intelligence. Retrouver l’étincelle était difficile et maintenant qu’elle y réfléchissait, la sorcière ne pensait pas pouvoir la retrouver un jour. Dramatique. Encore dans l’émotion, cela lui semblait inconcevable du haut de son cœur brisé. Mais il ne fallait pas perdre espoir… Le retour de sa fille Rayne lui avait appris cette nouvelle notion, 20 ans après sa disparition.

-Il faut perdre quelqu’un pour comprendre la douleur d’un deuil. J’ai ces mots en horreur également. Je pense que c’est le bagage de ceux qui ne savent pas quoi dire face à la mort. De ceux qui n’ont pas souffert réellement. Il faut pardonner leurs idioties, jusqu’à un certain point…

Les moldus pouvaient brûler sans préavis ou avertissement, clairement. Toutefois, la mangemort conservait cette pensée pour elle-même et se contentant de prendre une gorgée de son bourbon avec un sourire parfaitement charmant, inoffensif. Oui, elle l’aimait bien! La conversation était intéressante, distrayante et partagée. Le dernier questionnement du sorcier la forçait à fixer son verre un moment pour trouver une réponse adéquate. Après quelques secondes de réflexion, elle soufflait en relevant son regard sur Samael, avec une certaine confiance,

-Je ne pense pas que cela fasse de vous une personne ingrate. La vie et la mort sont un cycle qu’il faut honorer. Magie blanche, magie noire. Notre monde fonctionne dans un équilibre précaire et le moindre débalancement entraîne des conséquences. Toutefois… La mort est parfois injuste… Déclenché par des évènements hors du contrôle des individus et sans raison d’être. Je pense que la colère, la tristesse ou la déception de ne pouvoir partager la vie d’une personne, son bonheur, est un sentiment tout à fait légitime.

Elle prenait une seconde de silence, avant d’avouer dans un soupir des plus las,

-J’ai moi-même créé plusieurs débalancements au gré des années et si… Si je n’avais pas été aussi impulsive, aussi… Incendiaire… Amadeus serait encore en vie aujourd’hui.

La magie noire avait un lourd prix, mais elle offrait des résultats non négligeables. L’utiliser se résumait souvent à jouer avec le feu, mais cela était un art que la mangemort maitrisait à la perfection. Que l’on parle des flammes qui avait consumé ses parents ou dévoré son amour pour Amadeus… La sorcière avait toujours aimé jongler avec ces dernières, aimé ressentir leurs chaleurs sur sa peau, au risque de se brûler… C’était un élément apaisant, du quotidien… Une lueur réconfortante, réchauffant, du moins pour elle! Elle ne pouvait avouer à un étranger qu’elle pratiquait cette magie avec finesse. Après tout, elle se confiait au Rosier, mais elle ne pouvait garantir qu’il ne la vendrait pas au ministère ensuite. Il semblait de bonne volonté, de confiance, mais qui pouvait se venter de réellement connaître quelqu’un après une seule rencontre? Non, peut-être était-il un manipulateur des plus aisés qui l’a trahirait dès qu’il transplanerait hors de son domaine. Autant ne pas prendre trop de risque pour le moment. Ainsi, elle s’était contentée d’un sourire mutin et entendu, sans en dévoiler plus.

-Tout.

La réponse lui avait échappé, à peine avait-il prononcé à voix haute son interrogation. Oui, elle serait prête à tout donner pour obtenir un sortilège d’immortalité ou de résurrection. Avare de pouvoir, de puissance… Elle ne pouvait passer outre le potentiel d’armes aussi puissantes, de magie de l’ordre du miracle. Mais avouer qu’elle voulait le pouvoir? Non, elle devait paraître bienveillante… Ainsi, elle soufflait avec un sourire des plus suave,

-Il y a bien une question de puissance dans ma réponse… Mais aussi le désir d’être présente pour ma famille, peu importe les évènements. Je serais prête à payer fortement pour l’immortalité… Quant à la Résurrection? J’aime penser qu’il ne faut pas trop jouer avec le cycle de la vie et de la mort. Vaut mieux travailler sur notre résilience et l’accepter. Cette dernière est après tout, inévitable.

Elle avait alors un sourire amusé à la suite. Les mots avaient tous leurs significations. Certaines personnes les maniaient maladroitement. D’autres adéquatement. Certains sorciers offraient des discours vides de sens pour boucler les conversations et Blake était complètement d’accord avec Samael sur ce point. Mieux valait le silence à un paquet de connerie. Elle n’avait pas eu un discours vide de sens à l’enterrement de la femme du Rosier, même si elle ne pouvait prétendre se souvenir à la perfection des mots qu’elle avait employés. Quelque chose en lien avec la paix d’esprit et le sommeil.

-Mes mots sont rarement démunis de sens. Lorsque j’ai proposé mon aide à Marcus Avery au besoin, je le pensais également. Tout comme je serais prête à vous aider, si jamais vous avez besoin d’un service.

Elle posait alors un regard sincère et sérieux sur le Sorcier. La mort d’Alix Rosier était suspecte à ses yeux, étranges… Elle était jeune… Amadeus lui avait déjà parlé de la dynamique chez les Avery, sans aller dans les détails… La sorcière n’était pas dupe également! Le monde des sangs purs était une question de pouvoir et de contrôle, un électron libre comme cette dernière devait avoir attiré les mauvais regards. Arrogante. Elle l’avait été et n’avait pas possédé la sagesse pour reconnaître les dangers en temps voulu. Du moins, c’était l’hypothèse de Blake! Parce qu’elle avait été elle-même dans cette position, mais elle avait vécu! Les mots du sorcier toutefois, sans même qu’il ne le réalise, apaisait la douleur de son cœur. Avec un sourire triste et heureux à la fois, elle hochait la tête. Se ressaisissant presque aussitôt derrière un masque d’amusement, Blake soufflait,

-Je peux comprendre pourquoi elle vous tenait en affection également. Vous êtes un homme des plus mystérieux et intéressant Monsieur Rosier… Un autre Bourbon?