Une semaine était passée depuis la rentrée scolaire, il fallait bien le reconnaître, j'avais encore beaucoup de mal à dormir depuis que j'ai été kidnappé pendant les grandes vacances au chemin de traverse. Depuis lors, j'avais le sentiment que je ne savais pas me défendre, car cette fois-là, Zoé avait été là, mais si ça se reproduisait et que je serais seul, comment allai-je faire ? Je ne pouvais pas le nier, ça me travaillait énormément du coup, je réfléchissais à d'éventuelles solutions.

C'est lors du premier cours de défense contre les forces du mal qu'une idée me vint à l'esprit certes ce n'était pas mon genre, mais une personne qui pourrait m'apprendre cela, c'était bien l'institutrice de cette matière. Nous étions samedi et comme je n'avais pas tellement de devoir, c'était l'occasion pour me rendre au bureau du professeur Zaig afin de pouvoir parler dans un premier temps avec elle. Evidemment, je ne comptais pas lui demander directement, je devais lui expliquer le pourquoi et en même temps, j'avais besoin de vider mon sac comme on dit.

Il était environ dix heures du matin lorsque je me suis réveillé et encore une fois, je n'avais pas passé une très bonne nuit d'ailleurs, je n'étais même pas étonné que mes yeux sois cernés. Une fois que j'eus finis de prendre mon petit-déjeuner, je me rendis donc au bureau du professeur Zaig comme je ne l'avais pas vu dans la grande salle. Une fois arrivé devant, je soupirai afin de déstresser avant de toquer à la porte puis j'entrai lorsqu'on me l'autorisa.

- Bonjour professeur, dis-je timidement. Excusez-moi de vous déranger, je souhaiterais si c'est possible de vous parler de ... De quelque chose.

Je remarquai que depuis quelque temps, je devenais de plus en plus timide cependant, j'ignorais si ça venais de ce que j'avais subi pendant les grandes vacances.

La rentrée a eu lieu une semaine auparavant et a marqué le début de la carrière d’enseignant de Maïwenn. Elle a pris ses marques et donné ses premiers cours. Elle a décidé de s’entraîner quotidiennement pour garder sa forme physique. Alors tous les matins, elle court. Elle a découvert au fur et à mesure les élèves et tente de retenir leurs prénoms. Elle sait qu’en tant que professeur elle a des responsabilités et est curieuse de découvrir les personnalités des élèves qu’elle doit accompagner. C’est cela en tant que professeur, elle doit leur apprendre les notions nécessaires mais elle a aussi un rôle d’accompagnement. Les élèves la sollicitent régulièrement et elle se montre à leur écoute. Ce jour, elle était dans son bureau en train de faire des pompes afin de se mettre en forme dès le matin quand elle entend toquer à la porte. Elle indique d’entrer et regarde qui arrive. Elle voit un jeune élève qu’elle a déjà eu en cours. De mémoire, il s’appelle Natan. Elle l’invite à venir s’asseoir et fait apparaitre son gros ballon pour s’asseoir dessus en face de lui. Elle le sent stressé et inquiet mais pas seulement par le fait de venir la voir. Elle sent qu’il y a autre chose qui le perturbe. Elle ne compte pas utiliser son don et veut voir ce qu’il est venu lui dire. Elle l’observe et lui dit d’une voix chaleureuse et douce :

-Bonjour Natan. Ne vous inquiétez pas vous ne me déranger pas. Je suis à votre écoute. De quoi souhaitez-vous me parler ?

Elle sort des confiseries qu’elle met sur la table et lui fait signe qu’il peut se servir. Les douceurs aident toujours lorsqu’il faut parler ou se confier. Elle a envie qu’il se sente en confiance car il a l’air d’avoir besoin de se confier. Cela fait partit de son rôle de professeur.

La professeure de défense contre les forces du mal M'invita dans un premier temps à m'asseoir ce que fit avant de prendre la parole pour lui indiquer le pourquoi j'étais là. Celle-ci me salua à son tour tout en me rassurant que je ne devais pas m’inquiéter en ce qui concernait le dérangement et elle me demanda alors de quoi je voulais lui parler. Je lui répondis :

- Il... Il m'est arrivé quelque... Quelque chose sur le chemin de traverse en compagnie de ma sœur Zoé.

Alors que je venais de dire cela, l'institutrice me proposa d'un signe que je pouvais prendre dans les sucreries qu'elle avait posées quelques secondes avant sur la table instinctivement, j'en pris une et la remercier. C'était l’occasion en la mangeant de réfléchir un peu comment je pouvais démarrer mon explication sur ce que j'avais vécu à ce moment-là puis je repris à nouveau la parole en disant :

- Lors de mes achats au chemin de traverse, à un moment donné, ma maman nous a autorisés à rester tous les deux ma sœur Zoé et moi et ... Et...

Les images du kidnapping me revinrent à l'esprit ce qui me glaça le sang et fut incapable de dire quoi que ce soit de plus pour le moment.

J'étais complètement pétrifié de peur à revivre tous ses souvenirs toutefois, il fallait absolument que je me ressaisisse afin de passer au dessus de ça si je voulais continuer à me confier. Visiblement, la professeure avait comprit que parler de cet événement, c'était assez compliqué pour moi alors celle-ci essaya de me rassura en disant qu'elle était à mon écoute et me demanda donc ce qui s'était passé.

- Je ... J'ai été kidnappé par... Par un homme, je crois, répondis-je. Enfin, mes souvenirs reste floue et je ... Je n'ai pas su me défendre.

Je fis une petite pause afin de me servir une confiserie et un verre de jus de citrouille que l'institutrice venait de me proposer à nouveau de prendre si je le voulais. Je pris donc quelques minutes afin de boire et manger afin de me détendre un peu pour savoir trouver mes mots de ce fait, après avoir posé mon verre encore à moitié rempli, je repris la parole en disant :

- Zoé m'a défendu et j'ai réussi à m'en sortir, mais depuis, je fais beaucoup de cauchemar et... Et je m'en veux de pas savoir me défendre seul.

J'avais réussi à parler de tout ça à quelqu'un d'externe à ma famille, autrement dit, un premier pas avait été franchi, on ne pouvait pas le nier même si ça n'avait pas été facile. Une fois que j'eus terminé de parler, je bus à mon verre et mangeai une friandise, car c'était tout de même assez compliqué de parler de tout ça et si je ne faisais pas une pause, j'allai sûrement craquer et pleurer.

Le professeur de défense contre les forces du mal essaya de me rassurer en me disant qu'il était normal que je ne savais pas me défendre vu mon jeune âge qu'elle ne se souvenais pas. L'institutrice m'expliqua alors que même un adulte entraîné n'aurait pas su quoi faire dans ma situation bien que je ne comprenais pas vraiment où elle voulait en venir puisque Zoé n'en est pas une.

- Professeur, dis-je hésitant. Je ne comprends pas trop... Ma grande sœur n'a que quinze ans alors comment a-t-elle fait si même un adulte n'en serait pas capable ? J'ai treize ans, professeur.

J'aurais dû m'y attendre que celle-ci me demande si mes parents sont au courant de cet événement du coup, je lui fis simplement un signe affirmatif de la tête tout en reprenant la parole :

- Oui, même si j'aurais préféré que non parce que... Parce que ça m'a rapproché de Zoé et du coup, on a pas pu vraiment être à nous tous les deux dehors.

Je baissai la tête, car depuis le kidnapping, maman et papa ne nous laissaient plus sortir tous les deux et j'arrivais pas à comprendre.

La professeure de défense contre les forces du mal me fit comprendre que je comparais deux choses qui ne pouvaient pas être comparées puisque j'avais été la victime et Zoé quant à elle, elle était le témoin. Je ne devais pas culpabiliser, car je n'étais pas responsable de ce qui m'était arrivé et vu mon jeune âge, il était normal que je ne sache pas comment réagir. Peu de temps auparavant, elle m'avait posé une question à laquelle je devais réfléchir avant d'y répondre et c'est ce que je fis pendant quelques minutes avant de dire :

- Je ne pense pas non, je n'en ai pas le souvenir en tout cas. Mais... J'aimerais bien apprendre à savoir comment réagir justement et c'est pour ça que je suis venu vous voir.

J'avais également confié mon rapprochement que j'avais avec ma grande sœur et les regrets que j’éprouvais à l'avoir dit à mes parents suite à quoi, mon interlocutrice me demanda comment je me sentais depuis et si j'étais suivi par un psychomage.

- Les premiers jours, ça a été vraiment très difficile et depuis lors, je fais pas mal de cauchemars, dis-je en baissant la tête. Dans les débuts oui, mais... rien ne change, j'ai l'impression.