Les choses avaient repris leur cours. Plus ou moins. Disons que si les cours avaient repris, en ce qui me concernait, je ne me sentais pas encore à ma place, pas encore rétablie de tout cela. Pourtant, les choses se passaient bien. Peut-être mieux que je ne l’aurais imaginé alors que mes songes m’avait fait rêver d’élèves refusant de suivre mes cours. Il n’en avait rien été… Et tout avait repris sa place. Des cours aux devoirs que j’avais corrigé ce soir jusqu’à près d’une heure du matin. Une heure tardive, pour sûr. Mais une douche et mon pyjama en pilou rose à motifs cerises enfilé plus tard, j’avais enfin pu retrouver mon lit.

Cela ne faisait que quelques jours que les cauchemars avaient plus ou moins cessés, du moins… que je ne me réveillais plus toutes les heures. Quelques jours seulement que j’arrivais à me reposer suffisamment pour ne pas m’endormir une fois midi venu, en salle des professeurs. Et ce fut avec de la musique douce, apaisante, que j’avais fini par m’endormir, profondément. Un sommeil qui ne dura pas alors qu’un bruit à ma porte venait de me sortir de mes songes. Un bruit léger m’indiquant que mon sommeil n’était finalement pas si profond que cela. Il me fallut malgré tout de longues minutes pour revenir à la réalité, pour m’extirper de mon lit et attraper ma robe de chambre blanche ornée de cerises afin d’enfin ouvrir la porte, les yeux à moitié clos.

- Oui… ?

Min-Hwan… Que… Que faisait-il là et… Pieds nus ? C’était la première chose que j’avais remarqué alors que mes yeux remontaient jusqu’à son visage et… Il n’était pas comme d’habitude. Et surtout… Pourquoi était-il là ? J’avais cligné les yeux alors qu’il s’inclinait, surprise et… Cela lui allait bien finalement mais… Secouant la tête, je n’avais même pas fait attention au fait qu’il venait d’entrer chez moi. Mais… C’était… Non effectivement ce n’était pas correct mais… Sortir tout ça de la tête ? Si c’était correct ? Clignant des yeux, je l’avais suivi jusqu’au petit salon où il s’était assis, prenant Binka sur ses genoux qui en profitait visiblement pour réclamer des caresses. Soit… Mais… De quoi parlait-il par tous les mages ?
D’abord… Du café. Secouant la tête, j’avais attrapé et agité ma baguette pour en faire couler, nous servant deux tasses alors que je l’écoutai. Avancer sur son dossier de fin d’étude. D’accord. Et il avait besoin d’aide sur son projet pédagogique ? M’installant en face de lui, plus réveillée après deux bonnes gorgées de café, j’avais hoché la tête.

- Vous voulez déjà boire quelque chose d’autre que du café ? Avais-je proposé alors que j’avais l’impression que cette boisson ne ferait que le rendre encore plus animé qu’il ne l’était, et ce n’était certainement pas une bonne idée à 2h45 du matin…

Alors, pour être sûre de ne rien manqué, j’avais fait venir sur la table toute sorte de jus, de tisane relaxante et d’eau plus ou moins plate. Là, il aurait tout ce qu’il faudrait pour se calmer. Quoique le sucre… Bon. Nous n’allions pas nous concentrer sur cela. Mais j’étais si fatiguée que mon esprit peinait à s’accrocher à quelque chose… Secouant la tête, j’avais relevé les yeux vers lui.

- Déjà… Expliquez-moi votre projet. En fait… L’important est que vous soyez un tant soit peu rattaché à votre matière, mais ce n’est pas nécessairement quelque chose qui doit être uniquement axé sur votre matière. Il faut juste… Que vous l’expliquiez. Par exemple… Mon projet a été d’emmener une fois par an les septièmes années en voyage scolaire pour ouvrir leur horizon et leur faire découvrir une autre culture, une autre histoire. Ce n’était pas basé uniquement sur l’Histoire de la Magie, mais ça en fait partie. Vous comprenez ?

Est-ce que cela allait lui suffire ? Je venais d’aligner beaucoup trop de mots pour mon état de réveil, alors je n’étais pas sûre d’avoir été particulièrement claire… Mais au moins avais-je tenté et de comprendre ses quelques mots, et de poser une base à ce qu’il allait me dire…

Du café donc… Soit. Rangeant tout ce qui n’était pas du café, j’avais fait plutôt venir la cafetière entière. De toutes les manières, j’allais certainement en avoir besoin pour rester concentrée à cette heure-là… Pourquoi diable n’avait-il pas attendu demain ?! Enfin… Il était là et semblait avoir besoin de mon aide et… J’admettais que cela m’avait presque fait plaisir qu’il pense à moi, qu’il ne préfère pas fuir et qu’il ose venir jusqu’ici… Mais passons. Avant tout, j’avais besoin de comprendre. Lui expliquant plus ou moins ce qui pouvait être attendu, j’avais observé sa tasse se faire vider avec un peu de surprise. Il buvait vite. Très vite. Et surtout…

Il avait parlé.

Pas un peu. Pas comme d’habitude, il avait beaucoup parlé. Humant discrètement avant de boire une gorgée de mon café pour m’assurer qu’aucun produit inconnu n’était à l’origine de cela, je l’avais alors écouté, hochant la tête à ses mots.
Oui… Il n’était pas étonnant que les élèves aient du mal à monter dans la tour. Il en avait été de même pour retourner aux dortoirs de Serdaigle… Mais il avait effectivement bien agi, une preuve supplémentaire de sa réflexion et de la raison de sa présence ici. En déportant au maximum dans la cour intérieure, il avait trouvé une bonne idée. Pour autant… Certes. Cela ne résoudrait pas tout. Sa recherche était donc louable. Et je supposais qu’il s’agissait là de son projet, de son idée.

Un club d’astronomie le samedi donc. Oui, mais ce n’était pas là son idée. Son idée était venue alors que je me redressai, un peu plus attentive à ses mots. Partir une fois par mois pour observer le ciel quelque part dans le monde ? C’était… J’avais esquissé un large sourire en hochant la tête.

- C’est une idée parfaite ! M’exclamai-je un peu trop enthousiaste pour un projet qui n’avait rien à voir avec moi et surtout qui était édictée par une personne qui craignait ma façon habituelle d’agir.

Et à vrai dire… J’admettais que je n’avais pas ressenti tel enthousiasme depuis les événements de décembre et… Et j’avais secoué la tête, revenant à la réalité.

- Je ne m’y connais pas en étoile, admis-je, mais j’ai énormément voyagé avant de devenir professeur et… De ce que je me souviens, le ciel était toujours différent selon la partie du monde que je visitais… Alors… Je suis certaine que votre idée plaira au Professeur McGonagall et à Miss Carter ! Moins d’enthousiasme Erin… Pardon… et donc… C’est un projet pédagogique absolument génial. Vous prenez en compte les besoins des étudiants, votre matière et vous adaptez le tout pour en faire cette idée. Vous allez pouvoir montrer aux élèves combien le monde est magnifique ! Et… Moins. D’enthousiasme. Erin. Enfin… Enfin oui, c’est une très bonne idée.

Sauf que cela impliquait des choses. Beaucoup de choses. Des choses qui semblaient soudain l’inquiéter alors qu’il se remettait en mouvement. Pire. Qu’il marchait en rond et… Mais… Pourquoi doutait-il face à une idée aussi géniale ? Et… Et j’allais avoir le tournis à force de le regarder ainsi marcher… Mais…

- Min-Hwan ? Appelai-je doucement pour tenter de capter son attention alors qu’il continuait à parler, qu’il… Ah non ! Il ne pouvait pas dire que cette idée était mauvaise ou qu’il n’était pas la personne pour la mettre en place.

Doucement, tentant d’être la plus discrète possible et surtout tentant de prendre le moins de place possible, je m’étais glissé dans son cercle de marche, le stoppant soudainement en posant mes mains sur ses bras avant de… Le contact. Pas de contact. J’avais reculé de deux pas.

- Pardon !! M’exclamai-je en fronçant les sourcils. Mais… Soufflez. Enfin… On va reprendre depuis le début, même si je n’avais pas tout retenu. De quoi est-ce que vous vous inquiétez ? L’invitant à se rasseoir, je lui avais servi une nouvelle tasse de café pour reprendre. Pour ce qui est des enseignants, je peux vous aider à en trouver, car j’admettais que si son idée me plaisait, je n’imaginais pas qu’il puisse vouloir me supporter en voyage scolaire, le pauvre… ensuite… les heures non fixes ne seront pas un problème, il faudra juste bien prévenir les élèves et leurs parents, il y a des parchemins pour cela. Et… Mince il y avait quoi d’autre déjà ? Ah oui. Le plus important. Min-Hwan… Vous ne serez pas seul. Et pour ce qui est du respect… Cela… C’était un peu plus compliqué. J’aurais bien une idée mais ça vous obligerait à me supporter certaines heures de cours… Alors… Enfin… Est-ce que vous voudriez que je vienne un jour pendant vos cours pour vous donner quelques astuces ? Enfin… C’est une proposition en l’air, évidemment, vous n’êtes certainement pas obligé de dire oui ! Et puis de toutes façons je ne suis pas quelqu’un de très doué avec les élèves non plus ! Des fois je me dis que les garçons tiennent juste par mon charme et…

Ah. Je m’empêtrais dans les paroles par peur de le gêner… Tout en risquant de le gêner d’autant plus en parlant de la sorte…

- Pardooon… Avais-je gémis en grimaçant. Enfin… Du coup… Votre idée est vraiment bien et elle est à vous… Personne d’autre que vous ne peut et ne doit la mettre en place. C’est votre projet, ayez confiance. Même si c’était bien plus dur à faire qu’à dire.

J’avais souri à ses propos. Il avait envie de rester. C’était un bon point, un très bon point, une preuve qu’il s’était attaché à l’école. Alors oui, si je ne pouvais pas venir avec lui au risque de le perturber comme je l’avais fait en le touchant, alors même que je craignais presque de l’approcher, peut être pourrais-je au moins l’aider à trouver les personnes qui viendraient avec lui.
J’avais alors tenté de rationnaliser toutes ses craintes ou du moins celle dont j’avais pu me rappeler tant il avait parlé. Je n’étais pas convaincue de tout ce que je pouvais dire mais… Mais j’essayai. Véritablement, j’essayai, de le calmer, de l’apaiser. Il avait une bonne idée, il avait une très bonne idée. Il ne devait pas douter de lui. Bien au contraire et… Quelque chose qui n’allait pas ? Clignant des yeux, je penchai doucement la tête.

Avant de comprendre.

Il pensait que… Mais… Levant les mains devant moi, je les avais secoués autant que ma tête. Pourquoi… mais…

- N… Non ! Avais-je tenté de l’arrêter alors qu’il se relevait et… La tasse était déjà vide ?! Mais…

Et voilà qu’il recommençait. Il était nerveux, inutile de le nier, il aurait fallu être inhumain pour ne pas le sentir, et il… Mais… Ah ! Il allait finir par me rendre nerveuse aussi ! Quoiqu’il me semblait l’être aussi à vrai dire en sa présence tant je craignais un faux pas et de le faire à nouveau fuir.
Bien. Déjà… L’arrêter. Par pitié, l’arrêter. Il était trop tard pour que j’arrive à capter tous les mots qui sortaient de sa bouche. Alors, doucement, je m’étais relevé, remplissant sa tasse que je reposais sur la table basse et… Ne pas le toucher mais le guider jusqu’au fauteuil. Alors… Bien… A deux pas de lui, je m’étais positionné, avançant d’un pas en espérant le faire reculer d’un. Non. Bon. Alors ici ? J’avais essayé à nouveau, encore jusqu’à m’arrêter à quelques centimètres, l’accident évité de justesse alors que je me reculai de nouveau en secouant la tête.

- Min-Hwan, vous allez trop vite pour moi ! Avais-je légèrement gémi en secouant la tête. Je…

M’approchant de nouveau, j’avais positionné ma main dans son dos sans le toucher pour le faire avancer de nouveau vers le fauteuil.

- Je… Ce n’est pas que… J’avais de nouveau secoué la tête. Votre projet est parfait, Min-Hwan ! Vraiment parfait ! Enfin… Je n’avais pas compris que… Je ne veux pas vous importuner ou… Enfin si je viens avec vous… Vous devrez me supporter plus que lors de réunion ou par hasard ou… Enfin… Je suis réellement heureuse que… ça me fait plaisir que vous soyez venu chez moi, vraiment plaisir que vous pensiez que je peux vous aider ! Et… Et je ne voudrais pas que vous ne reveniez plus seulement parce que vous devez me supporter…

Je me sentais idiote. Je me sentais réellement idiote alors que je me rasseyais face à lui, un peu honteuse de ce que je disais.

- Mais votre projet en lui-même suffit et… Enfin je ne dis pas qu’il ne faudra pas faire de planning ou de liste des lieux, non, au contraire ! Il faut que… Il faut que tout soit fait pour le présenter au Professeur McGonagall et je peux aussi vous aider si vous avez besoin ! Enfin non, pas pour les lieux en fonction du ciel… Ni pour le planning vu que je n’y connais rien… enfin je pourrais vous relire si vous en avez besoin ! Repris-je en secouant la tête. Mais votre projet est déjà parfait ! Enfin… C’est une très bonne idée et… Et j’aurais réellement aimé vous accompagner et vous aider mais… Mais je ne veux pas m’imposer davantage enfin… Vous faites déjà tant d’efforts pour être en ma présence alors… Alors je peux au moins vous délester un peu de ma personnalité en vous trouvant des professeurs plus calme… Je crois.

Et voilà qu’à son instar, je me perdais dans les mots, dans les phrases, incapable de réfléchir correctement tant je me sentais réellement plus qu’idiote.

- Le… Le Professeur Morgane par exemple ! Elle est moins impulsive que moi ! Même Miss Carter ! Elle est douce ! Très douce ! Ou… Ou le Professeur Nott ! Il ne parle pas beaucoup, c’est facile ! Ou même Monsieur Baudelaire ! Je suis sûre qu’il a des histoires à raconter sur les étoiles en plus !

J’avais des noms, beaucoup de noms, en fait, j’aurais été capable de lui citer toute l’école pour lui prouver que je voulais réellement l’aider avec des gens qui pourraient le mettre à l’aise.

- Bon... Pas... D'accord, je ne vous proposerais pas le Professeur Avery. Je me souvenais bien trop que comme moi, Min-Hwan le craignait un tant soit peu. Mais ils vous... Enfin... Je ne veux juste pas vous envahir.

Là. Il s’était rassit. Et j’avais pu parler, heureusement. J’avais pu lui expliquer le malentendu que j’avais moi-même provoqué car non, évidemment, ce n’était pas parce que son projet était mauvais que je n’avais pas sauté sur une occasion qui pourtant me plaisait réellement. C’était seulement parce que j’avais peur de m’imposer, peur d’être de trop pour lui alors qu’il faisait déjà des efforts que je savais important.  Alors je pourrais l’aider, à la place. Autrement. Comme en lui trouvant d’autres professeurs avec qui mettre en œuvre son projet.

Pour autant… J’avais penché à la tête à ses mots, attentive alors qu’il me répondait, qu’il affirmait bien ce qui était trop criard. J’étais son opposé. Totalement, oui. Mais il avait malgré tout davantage sociabilisé avec moi que d’autres et… J’en étais désolée pour lui alors que je me retenais de faire le moindre commentaire, me contenant d’hocher la tête, de me montrer aussi attentive que je pouvais l’être réellement. Mais oui. Nous partagions les mêmes craintes. Mais était-ce réellement plus simple avec moi ? Et…
J’avais cligné les yeux en l’observant. Il préférait que cela soit moi parce que… Parce que j’étais un peu sa seule amie ? Je… Mes lèvres s’étaient entrouvertes. Pas forcément de surprise, malheureusement, mais plus d’émotion. De cette émotion vive qui pouvait me caractériser parfois, une émotion qui s’était pourtant étiolée avec les derniers événements et qui revenaient aujourd’hui.

- Je ne vous supporte pas. Avais-je néanmoins tenu à préciser, secouant la tête. Enfin… Vous n’êtes pas très sociable, d’accord, mais… Vous êtes quelqu’un de bien, Min-Hwan. Lui avais-je soufflé dans un sourire. C’est agréable de discuter avec vous, d’échanger et… Et vous venez de me montrer que vous pouvez être passionné et… Enfin… Ça me fait plaisir si vous me considérez comme une amie. Mais ce n’était certainement pas le but de la conversation. Et dans ce cas je viendrais avec le plus grand des plaisirs. Et ce n’était clairement pas dit seulement pour lui faire plaisir. J’étais réellement plus qu’heureuse de pouvoir l’accompagner. Mais… Car il y avait un petit mais. Si je suis votre amie, que diriez-vous de sortir un soir à Pré-Au-Lard ? Proposai-je. Pas aux Trois Balais ! Il y a trop de monde pour travailler, mais… Chez Madame Pieddodu par exemple. C’est plus petit et en journée ou à midi il n’y a pas grand monde. Je pourrais vous aider à finir votre dossier et…

Non. C’était peut être un peu trop pour lui… Sûrement. J’étais en train de m’avancer, trop heureuse d’avoir un nouvel ami et… Ok. Du calme. Encore.

- Enfin… Avais-je ainsi reculé. Vous pouvez aussi travailler seul dans la tour et vous n’aurez qu’à me faire parvenir la copie finale. Oui. Oui, faisons comme ça ! Vous n’aurez pas à sortir. Et de toutes les manières les sorties sont fatigantes ! Surtout que vous travaillez le soir, tard, vous avez sûrement besoin de dormir alors oubliez cette proposition ! Je n’ai rien dit ! M’exclamai-je en secouant la tête. Je dis de ces choses des fois ! Riant nerveusement, j’avais soufflé, grimaçant à l’encontre de mon comportement si… Spécial. Pardon… Je… Enfin à part Elora et Venus je n’ai pas grand monde avec qui sortir ou « d’amis » en fait et… Encore moins des hommes alors… Je m’emporte. Désolée…

Toujours ce satané sang qui m’empêchait de me lier, qui me faisait suffisamment peur pour me faire reculer, pour me faire penser que je ne valais pas mieux que la créature que j’étais et rien d’autre. Au moins les femmes, elles, étaient-elles en paix avec mon sang… Lui… Je commençais presqu’à m’en vouloir d’être son amie en sachant ce que je l’obligeais à vivre au final. Mais… Pourquoi pensai-je à cela maintenant ?!

- Vous voulez encore du café ?! M’étais-je alors exclamé comme pour noyer un poisson déjà mort.

Être désolé d’être aussi distant ? J’avais rapidement secoué la tête, refusant ce fait alors même qu’il n’y avait rien à se reprocher. Ce serait même sûrement à moi d’être désolée de ne pas faire attention à mon envahissement parfois. Mais nous étions donc amis. Et j’avais évidemment accepté de venir avec lui lors des sorties et… Je dus admettre que son sourire me surpris autant qu’il me plut tandis qu’il étendait mes propres lèvres. Il m’avait plu oui. Au point qu’un instant, j’en avais oublié qu’il s’agissait de Min-Hwan Park. Et que j’avais fait des plans sur la comète ce qui, malgré le fait d’être cocasse face à un astronome, n’était pas la meilleure idée à en voir sa tête. Alors… J’avais reculé. Réellement reculé, lui demandant jusqu’à oublier cette idée un peu nulle. Oui. Il n’aurait qu’à travailler à son rythme, seul, comme il l’aimait puis à m’envoyer les parchemins. Ainsi, pas d’interaction sociale. Voilà. Ce serait bien mieux pour lui. Quelle boulette avais-je encore fait…
Une boulette qui entraîna pour autant une réaction de sa part alors que je l’observai, un peu surprise. Il n’était réellement jamais allé à Pré-Au-Lard ? Il… Il n’avait jamais goûté aux chouquettes goût surprise de la boulangerie ? Et il n’avait jamais vu la librairie ? Mais… Mais c’était… Non. Non certainement pas. Je ne pouvais pas lui proposer de sortir faire un tour. Pauvre homme et… Il trouvait une explication logique à travailler dehors ? Clignant les yeux, je l’avais observé sans trop savoir comment me positionner jusqu’à ce qu’il ne parle de découverte, de mutualité et…

- C’est un peu de la triche. Avais-je soufflé avec un léger sourire. J’ai toujours aimé voyager, moi… Alors que lui, j’allais l’obliger à sortir de sa zone de confort… Mais… Je vous promets dans ce cas que je privatiserais tout le salon de th… Non, cela allait le gêner et mes moyens restaient un peu limités. Bon, non, d’accord, mais je demanderais à Madame Pieddodu de nous garder la table la plus isolée ! Là, ce serait certainement mieux.

Oui. Définitivement. Je n’avais pas l’habitude. Les amis… Je n’en avais jamais beaucoup eu. Encore moins des hommes d’ailleurs. Un fait qui sembla l’étonner alors que sa logique m’arrachait un léger sourire. Oui… Un milieu masculin. Une vélane dans un milieu masculin. J’avais choisi la meilleure voie et… Désolé ? J’avais battu la tête de gauche à droite.

- Ne le soyez pas ! Avais-je voulu rattraper. Vous n’avez pas à l’être !

Il n’avait rien fait de mal et… J’avais cette fois baissé la tête à ses mots. Mon sang le déstabilisait à chaque fois… Evidemment. Il n’était ni Andrew, ni Ayden. Ils n’y avaient eu qu’eux pour ne pas être déstabilisés et… Et à vrai dire ne l’étaient-ils pas vraiment ou disaient-ils cela pour me donner confiance ? J’avais fini apr en douter. Enfin. Peut-être pas pour Andrew qui n’avait été qu’un sombre conna… Bref. Mes pensées s’étaient à nouveau fixées sur Min-Hwan alors que ses paroles, ses confidences me surprenaient. Aucune relation à cause du harcèlement, à cause… De son sang ? Je m’étais soudain senti mal de lui imposer mes états d’âmes alors qu’il souffrait sûrement davantage que moi. Et j’avais rougi à ses mots. Honte certains matins… Il… Je… D’accord.

- Il ne faut pas avoir honte… Avais-je articulé à mi-voix, gênée.

Mais ce n’était pas mon sang en tant que tel qui venait le rendre mal à l’aise, seulement ce qu’il ne maîtrisait pas, ce qu’il ne comprenait pas et… C’était pour ça les confidences ? Pour m’expliquer ça ? J’avais fini par relever la tête, ne sachant pas quoi répondre alors que ses yeux croisaient enfin les miens. Et… Je ne savais pas quoi répondre mais il m’avait semblé soudain ressentir une bouffée de soulagement à ses mots, comme s’il venait de m’enlever un poids des épaules en sa présence…

- Vous savez… Avais-je repris en baissant de nouveau la tête. Je n’avais pas eu de relation avant il y a deux ans. J’avais embrassé une fois un garçon, quand j’avais dix huit ans, mais c’était seulement parce qu’il voulait embrasser une vélane. Un rire nerveux s’était fait entendre. Et puis… Il y a eu le Professeur Mackelled. Il était mon Professeur de Potions à Poudlard et il a été mon tout premier petit ami. Et… Il s’est avéré que c’était un Mangemort qui a… Il m’a… J’avais frissonné, secouant la tête. Et puis il y a eu… Ayden, il y avait eu Ayden, mais lui dire, lui avouer que j’avais été la pire des personnes avec un élève ? Un autre qui… Il disait qu’il savait faire abstraction de mon charme et je l’ai cru et… Nous avons dû… Il a fallu nous séparer mais… Je suis sûre qu’il mentait. Je suis sûre que tout ce qu’il s’est passé est à cause de moi et… J’avais froncé les sourcils. Merci de… D’être honnête. Finis-je par soupirer.

Cela me convainquait davantage que je ne devais pas le toucher ou trop l’approcher, certes, mais… J’avais l’impression de me sentir plus à l’aise en sachant ce qu’il ressentait. Définitivement.

- Mais… Vous ne devez pas… Avoir honte de… De ce que vous êtes. Il faut… Apprendre à vous connaître, je suppose… Avant toute chose. Enfin, sauf si les femmes ne vous intéressent pas. Ou les hommes d’ailleurs ! Enfin ce n’est pas un problème, je n’ai pas de problème avec ça je veux dire, j’ai des amis homosexuels très gentils et… Je m’embourbais, les joues devenues rouges alors que je m’enfonçais dans mon fauteuil. Pardoon…

Mais il venait d’accepter réellement. Il venait d’approuver l’idée d’aller à Pré-Au-Lard et cela avait rendu sa lumière à mon visage alors que je l’observai, presque surprise, à nouveau. Il faisait des efforts, sûrement même trop mais… J’avais souri, réellement souri.

- Ou si un jour vous ne vous sentez pas de sortir, je vous apporterais du thé et des gâteaux dans votre tour. Seule ou avec Elora ou Venus, je suis sûre qu’elles ne diront jamais non à un piquenique improvisé. Soufflai-je alors que je voulais être rassurante, ne pas le forcer. Et… Merci, vraiment, Min-Hwan. Enfin… D’être vous. Vous êtes quelqu’un de bien, vraiment. Alors… Merci.

Parce qu’il venait de me soulager, parce qu’il faisait des efforts et aussi un peu parce qu’il me permettait de voyager et de me confier à quelqu’un qui semblait me comprendre un tant soit peu.

- En hiver… Avais-je répété alors que je baissai les yeux sur ma tenue, bien trop explicite quant à ma frilosité. Je mettrais cinq manteaux dans ce cas. Avais-je décrété.

Autant qu’il en faudrait, en tout cas, pour que je sois à l’aise. Mais le froid ne me dérangeait pas vraiment. Surtout si cela me permettait de voyager et encore plus avec un ami… Et les élèves. Evidemment. Mais il était vrai que je n’avais pas beaucoup d’amis, encore moins des hommes et… Min-Hwan avait fini par comprendre alors qu’il s’excusait, qu’il m’expliquait son ressenti. Un ressenti qui, à vrai dire, paradoxalement à ce qu’il pouvait l’être, m’avait presque fait du bien à entendre. Du moins… Oui, presque. Car je craignis davantage alors les choses que je pouvais lui faire ressentir, les choses qui pourraient le gêner. Un fait que je refusais. Je ne voulais pas qu’il soit gêné, au contraire et… Enfin il n’y avait aucune honte à avoir, surtout sur ce genre de faits là, naturels…

- Je… Je suppose que l’important est surtout de ne rien faire. Les réactions sont naturelles. Tentai-je de rétorquer, plus gênée encore.

Et puis j’avais fini par me confier, comme un juste retour des choses, comme pour essayer de lui prouver qu’il n’était pas vraiment seul sur le plan des relations. Oui. J’en avais eu. Seulement deux. Et pas franchement les plus glorieuses quand bien même parler d’Ayden me blessait. Deux qui m’avaient menti alors… oui. Que Min-Hwan ait été franc m’avait surpris autant que fait du bien. Il existait encore des personnes honnêtes. Au moins un peu…

- Faut-il trouver les personnes de confiance. Avais-je malgré tout soufflé dans un léger sourire.

Car à qui faire réellement confiance lorsque l’on passait son temps à se tromper ? Enfin… Cela ne changerait pas les faits. Il n’avait rien à avoir honte. Encore moins lorsque l’on ne connaissait pas. Il fallait seulement apprendre à se connaître, à connaître l’autre, homme comme femme d’ailleurs. Chose qui m’embourba alors, provoquant son rire et ma surprise. L’avais-je déjà réellement entendu rire ?

- Désolée… Avais-je repris un peu boudeuse malgré tout alors que mes yeux l’épinglaient du regard, presque ravie malgré tout d’avoir pu le faire rire.

Pour autant, il n’avait pas honte de ce qu’il était, il ne savait juste pas. C’était là ce que j’avais pu traduire de ses mots alors que je secouai doucement la tête, l’air sincèrement désolée pour tout ce qu’il avait pu vivre.

- Personne n’aurait dû vous faire subir ce genre de choses. Soupirai-je, sérieusement. Mais vous êtes un très bon sorcier, Min-Hwan, vous l’avez prouvé lorsque… J’avais secoué la tête, préférant passer ce sujet pour le moment, trop sensible encore. Et… J’avais rapidement froncé les sourcils, fallait-il réellement que je dise ça en réponse ?... Oui. C’était la réponse normale mais… Bon. Ne fuyez pas ce que je vais vous dire ! Commençai-je, levant les mains devant moi. Je ne fais qu’être objective ! Mais vous êtes un… C’était gênant. Très gênant alors que je soupirai à nouveau. Vous êtes un très bel homme, vous savez. Et la personne qui vous intéressera aura une chance inouïe de vous avoir, j’en suis persuadée. Quant aux réactions… Peut-être ce sujet était-il réellement encore plus gênant que le précédent. Il suffit… Enfin je suppose qu’il suffit juste de… D’apprendre à en faire quelque chose… et… Oui, voilà…

Mais tout cela n’avait qu’un but. Celui de me faire comprendre un fait particulièrement juste qui m’arracha un léger sourire. Oui… Les réactions ne manqueraient pas. Quelle que soit ma vie… Certains seraient bienveillants, d’autres non alors… Mieux valait sûrement que je me concentre sur la bienveillance plus que sur le reste… Plus facile à dire qu’à faire et… Et il venait de me surprendre. Sur un tout autre sujet d’ailleurs.

Min-Hwan Park venait de proposer de sortir avec Elora et Venus. Un pas plus que conséquent pour lui, je n’en doutais pas, et un pas que je ne voulais pas voir reculer. Ainsi avais-je tenté de nuancer, de proposer autres choses, pour quand il ne voudrait pas sortir. Nous nous adapterions dans ce cas, si c’était réellement ce qu’il désirait mais… Une chose était sûre. Il était quelqu’un de bienveillant. Et je l’avais ainsi remercié, sa remarque m’arrachant un sourire.

- Devenir Professeur est une ambition assez élevée pour que je vous empêche de dire que vous manquez d’ambition, Monsieur Park. Soufflai-je avec un certain amusement. D’autant plus lorsqu’on voit le courage dont vous faite preuve. Se battre contre soi-même est la chose la plus difficile qu’il soit. Et j’en savais quelque chose. Alors… Si un jour les choses deviennent trop effrayantes, appelez-moi. Je ne viendrais pas, mais je vous promets de vous faire monter une couverture et des cookies que j’aurais été chercher à Pré-Au-Lard. Et… Et je ferais condamner la porte de la tour d’Astronomie jusqu’à ce que vous vous sentiez mieux ! Plaisantai-je même dans un rire.

Je n’irais pas jusque là mais… Si je n’avais pas beaucoup d’amis, je prenais grand soin de ceux que j’avais. Il ne ferait donc pas exception. A l’instar de Venus et Elora, il venait d’entrer dans le cercle très fermé de mes proches. Enfin plus ou moins proches. Oui, nous étions amis mais pas proches. Pas encore. Les sorties nous aideraient. Et surtout lorsqu’il aurait goûté aux pâtisseries de Madame Pieddodu et… Mon esprit retrouvait sa liberté alors que je fixai le jeune homme sans but le temps de quelques instants, perdue dans ms pensées, jusqu’à ce que je ne secoue la tête, baillant.

- Pardon… Je crois qu’il me faut du café… Avais-je articulé en m’étirant un peu. C’est une raison pour laquelle je ne pourrais jamais faire Professeur d’Astronomie… Et… aussi parce que je ne comprends toujours pas pourquoi on appelle Ourse une casserole… Ris-je un coup. Vous voulez quelque chose d’autre à borie ? Ou à manger ? Et… Et peut-être que vous pourriez me tutoyer pour commencer ? Proposai-je de but en blanc. Comme des amis je veux dire.

Je l’avais cherché… Mais non ! Et… Oui. Bon. Un peu. Je m’étais embourbée. Seulement embourbée. D’ailleurs avais-je fait une moue, plissant les yeux en grimaçant pour la peine avant de tousser. Du sérieux. Mieux valait être sérieuse avec lui, ne pas lui faire peur, quand bien même il semblait plus… naturel, ce soir.
Un naturel qui avait été visiblement mis à rude épreuve par le temps et surtout par les autres… Non… jamais il n’aurait dû subir tout cela et… Comme moi… J’avais légèrement baissé les yeux. Peut-être mais… Ce n’était tout de même pas pareil. Pas vraiment. D’ailleurs avais-je tenté de lui faire un compliment, lui demandant expressément de ne pas fuir avant. Alors oui. C’était un très bel homme. Oui, j’étais persuadée que sa petite amie ou son petit ami aurait de la chance et qu’il devait simplement apprendre à se connaître. Des faits qu’il réfuta alors que je plissai les yeux. A un hamster ?

- A-t-on besoin d’être dans des critères de beauté pour être beau ? Et… Les hamsters sont mignons. Ça ne change rien. Enfin… Je trouve. Et… Enfin dans ce cas vous êtes un bel hamster ? Avais-je proposé.

C’était une phrase assez étrange, mais… Pourquoi pas après tout. Je n’étais plus à ça près après mes « homosexuels gentils » pour me rattraper. D’autant que Min-Hwan venait de faire un effort en acceptant de sortir avec mes amies et moi… Un geste particulièrement gentil mais que je ne voulais pas forcé. Alors… J’avais proposé de l’aider, de condamner la tour même, ce qui le fit à nouveau rire, m’arrachant un sourire sincère.

- Vous devriez rire plus souvent. Avais-je soufflé en secouant la tête.

Une chose qu’il suivit visiblement, ou que je l’obligeai à suivre peut-être car il rit de nouveau à ma question. Il y avait bien une forme d’ourse ?...

- Je demande à ce que vous me prouviez la forme d’ourse. Répondis-je. Parce que, là, dans ma tête, la seule chose que j’imagine, c’est une casserole avec des lumières autour.

En attendant… Il allait réellement me falloir quelque chose si je désirais tenir éveillée. Je n’étais pas un oiseau de nuit, loin de là. Alors que voulait-il, lui ? A boire ? A manger ou… Me tutoyer.

- Noona ? Avais-je répété avant que je ne secoue la tête alors qu’il me disait essayer. Vous… Non… Tu… Du coup devais-je le faire ? Tu n’es pas obligé quand même. Tranchai-je mon hésitation. Enfin… Tu fais comme tu en as envie, même m’appeler… Comment déjà ? Noona ? Enfin… Même si j’admet ne pas avoir envie de penser que je deviens vieille. J’allais avoir 31 ans. J’étais dépassée, une vieille peau, ma date de péremption était déjà oubliée.

Pour l’heure, Min-Hwan préférait rentrer et… Travailler ? Mais… Oui ! Il était tard ! Alors, comme montée sur un ressort, je m’étais levé, lui demandant d’attendre pour revenir quelques secondes plus tard, une boîte fermée entre mes mains que je lui tendis.

- Je suppose que vous… TE dire de dormir est inutile alors… Tiens ! Il me reste des muffins. Je les ai acheté hier, ils sont encore frais alors… Ca t’aidera peut-être à te concentrer. Ou au moins ça te nourrira un peu… A défaut de café, cela serait au moins ça. Et puis… Si tu as une question ou… Enfin… N’hésite pas à revenir… De toutes façons je ne sors pas beaucoup donc… Si je ne suis pas en salle des professeurs ou dans mon bureau… J’avais rapidement secoué les mains devant moi. Enfin pas pour dire que je veux te voir ! Enfin si bien sûr mais… J’avais soupiré. J’abandonne. Grognai-je. Passe une bonne nuit alors ?

J’avais fini par le raccompagner… Et par m’arrêter un instant.

- Attend !

Fuyant de nouveau, j’étais revenue avec des pantoufles au main que je déposai devant lui.

- J’en ai toujours pour mes rares invités alors prends les. Tu vas avoir froid à remonter comme ça dans les couloirs. Assurai-je avant de tenter de m’incliner comme en Asie, sans trop savoir si cela se faisait pour dire bonne nuit. Bon courage pour ton projet !